CURT Florent

CALOUD Fabien
Groupe 20/28 INTRODUCTION

Fondée bien avant l’Empire romain, la ville de Lepcis Magna, par ses monuments, illustre
parfaitement le phénomène d’acculturation ayant eu lieu entre les puniques et les romains. En
effet on retrouve des traces d’installation sur le vieux forum dès le VIIeme siècle av J-C. Son
emplacement reflète un choix stratégique de contrôle des ressources locales et du commerce
caravanier. De plus, la ville se trouve à l’embouchure du Wadi Lebdah ainsi qu’au débouché
de la Jeffara, une grande plaine fertile parsemée d’oasis et enclose par le Djebel Nefousa.
Contrairement à ses voisins, elle est au débouché du chemin le plus court et le mieux
approvisionné en eau pour se rendre en Afrique noire d’où provenaient les métaux précieux,
l’ivoire et les animaux destinés aux jeux de l’amphithéâtre. C’est donc ce site exceptionnel
qui explique en partie la fortune de la ville. En partie seulement car il ne faut pas négliger
l’indépendance politique acquise progressivement. En effet d’abord sous l’Egide de Carthage,
elle a su distinguer son destin politique lors de la destruction de cette dernière. Par la suite,
elle était également relativement autonome par rapport au royaume numide trop éloigné pour
y imposer son joug. Pendant la guerre que le numide Jugurtha livra à Rome (112-105 av. J-C.)
Lepcis obtint même l’alliance avec Rome et devint une cité amie et alliée de Rome (civitas
faederata ) alors en pleine conquête du bassin méditerranéen. Le nom donné à cette cité
devenue colonie en 110 Sous le règne de Trajan de Colonia Ulpia Augusta Fidelis Lepcis
Magna illustre bien ce rapprochement. Ainsi les notables lepcitains vont peu à peu se tourner
vers Rome, siège d’une intense activité édilitaire. Cette période de renouveau coïncide avec la
mise en place d’un nouvel ordre romain bien avant que la cité ne devienne colonie : le
Principat. En 23 av. J-C. Auguste rattache la ville à la province d’Afrique Proconsulaire. Mais
cette dernière conserve ses institutions d’origine punique. A partir de 30BC on peut donc
avoir la présence d’une part un parti pro romain et d’autre part un parti traditionaliste aux
mains d’une étroite et richissime aristocratie terrienne et commerçante qui fait le voyage de
Rome et qui est bien informée des nouveautés politiques, idéologiques, culturelles et
architecturales et va engager ainsi une action locale dans le sens de la modernité tout en ayant
la sagesse de ne pas rompre avec les traditions culturelles religieuses et linguistiques. Un
homme entre autre incarne ces mérites. Il s’agit de Annobal Tapapius Rufus, un lepcitain
d’une immense richesse qui a géré la plus haute magistrature, le sufetat ainsi que des prêtrises
locales ou nouvelle. Lors de ses voyages, il a assimilé les leçons d’auguste en matière de
publicité et de propagande. Sensible au pouvoir sur les esprits de la politique des grands
travaux il jouera en Afrique proconsulaire le même rôle qu’Auguste au sein de l’Empire.
C’est ainsi qu’il nous gratifie d’un Splendide Macellum dont une inscription nous renseigne
sur la date de sa construction en 8av. J-C.
De cette façon à travers notre analyse nous étudierons en quoi l’architecture de ce monument
est révélatrice de ce phénomène d’acculturation qui continueras bien après la vie de notre
évergète et dont le paroxysme sera l’accession au pouvoir d’un enfant de la cité, à savoir
Septime Sévère et ce 82 ans après que la cité ait été faite colonie romaine. Ainsi nous verrons
dans un premier temps l’importance du commerce à Lepcis Magna et les règles le régissant
avant de voir comment cette importance se manifeste dans le plan du marché puis dans un
dernier temps nous commenterons les élévations. Nous n’oublierons pas bien entendu de
remarquer les modifications successives faites au plan et aux élévations et qui témoignent
bien de cette romanisation de la société lepcitaine.