Stage Enseignement agricole

L’AMENAGEMENT DU CDI
REFLEXIONS DE PORTEE GENERALE

INTRODUCTION

L’objectif de cet exposé par rapport à notre réflexion sur l’aménagement du CDI est de poser
les termes du débat et de nous faire prendre un peu de recul. Nous pourrons ensuite entrer
dans le concret du thème car la mise en œuvre de la pédagogie de l’enseignant-e
documentaliste s’exprime avant tout par ce qu’elle-il donne à voir en premier : l’aménagement
du centre dont elle-il est la-le gestionnaire.

D’un projet de CDI on est passé à une demande d’engager une politique documentaire qui
prend sa place dans le projet d’établissement. Les e-documentalistes sont les maîtres d’œuvre
de cette politique documentaire et je pense qu’ils-elles doivent y prendre toute leur part s’ils-
elles ne veulent pas être contourné-e-s puisqu’avec le déploiement des technologies de
l’information et de la communication dans les établissements scolaires, les ressources
deviennent accessibles où que l’on se trouve.

Dans un premier temps, nous allons redéfinir l'activité documentaire à la lumière des réflexions
actuelles. Ce qui nous amènera à préciser les nouvelles missions que l’on va assigner au CDI :
lieu de gestion de l'information documentation et lieu de médiation. Cette dernière partie nous
permettra de faire le lien avec le sujet de ce matin : le web 2.0

1. L'ACTIVITE DOCUMENTAIRE

1.1 Les nouveaux enjeux de l’information

En 2004, Nicolas Curien et Pierre-Alain Muet publient à la Documentation française un rapport
intitulé « La société de l’information ». On peut le trouver en ligne (voir la documentographie).
Ils considèrent la révolution numérique comme une « troisième révolution industrielle » qui va
« régir à terme une part importante des activités socioéconomiques. Ils notent que les usages
du système internet vont engendrer des changements non seulement dans l’entreprise mais
aussi plus largement dans tous les secteurs comme l’éducation, les pratiques culturelles… Ils la
qualifient de «révolution informationnelle ». Ils attirent l’attention sur le risque de fracture
numérique.
L’information n’est pas un concept neuf mais il a évolué et avec lui les pratiques documentaires.
Elle est présente implicitement d’abord dès le début du 20ème siècle. De façon explicite, des
définitions sont nées dans le domaine scientifique, machines à calculer, cybernétique. Au milieu
du 20ème siècle, on distingue information et communication. Un concept difficile à définir.

En établissement scolaire, on est passé en trente ans d’une mise à disposition de ressources
choisies sur des supports physiques variés avec une gestion appropriée, dans un lieu repérable,
le CDI, à une dématérialisation qui a entraîné une évolution de la circulation de l’information par
de nouvelles modalités de leur communication. Les élèves peuvent trouver de l’information
venue de l’extérieur alors même qu’ils sont eux-mêmes dans le CDI.
Là où il y avait dépendance (connaissance du lieu, de l’utilisation des outils de recherche,
apprentissage des différentes lectures…), il y a impression d’autonomie : « on trouve tout sur
Internet ».

Alexandre Serres pointe qu’avec Internet on est passé de la maîtrise des stocks à la
surabondance des flux avec
Î un changement d’échelle dans la production documentaire (se mesure en milliards
de documents)

1 CRDP du Limousin
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Î un changement de support avec la numérisation généralisée des textes, des sons,
des images et de tous les types de traces
Î un changement de système éditorial, avec la possibilité offerte à chacun de
publier ce qu’il veut. Le meilleur y côtoie le pire.

1.2 Redéfinition de l’activité documentaire

Les documentalistes avant d’être reconnus des enseignants se préoccupaient déjà de

l’appropriation des informations trouvées sur les différents supports présents dans le CDI. Mais
on a du mal à faire comprendre aux autres enseignants que le fait d’apprendre aux élèves à
utiliser le logiciel documentaire ou les principes de rangement ne suffit pas à faire qu’ils vont
trouver ce qu’ils cherchent. Ceci est une vision techniciste de la recherche documentaire contre
laquelle s’élevait Hubert Fondin (voir documentographie).

Hubert Fondin plaide pour une autre vision de l’activité documentaire c’est-à-dire comme une
rencontre entre l’auteur, le « rechercheur » et le médiateur. Cette vision de l’activité
documentaire est basée sur le fait que la science de l’information (SI) est « la science qui
étudie la façon dont on crée, diffuse, stocke et retrouve cette information, à partir du moment
où il y a une trace quelle qu’elle soit ». L’information en elle-même n’est pas un objet
scientifique. Mais la SI est « la science qui étudie le processus de recherche informationnelle par
l’homme, la diffusion du savoir quel que soit son support, quel que soit le cadre, quel que soit
le public, quelle que soit la raison…
C’est une approche communicationnelle de la recherche documentaire.

C’est le changement d’échelle et les nouveaux supports qui obligent à revoir complètement les
méthodes. On parle donc maintenant de maîtrise de l’information et sous ce vocable se cachent
un nombre important de savoirs, savoir-faire et savoir-être.

Si, effectivement le document est le lieu d’une rencontre et si ce document peut

prendre des formes très variées bien au-delà des murs du CDI, il nous faut
inévitablement redéfinir le CDI.

2. LE CDI : LIEU DE GESTION DE L'INFORMATION DOCUMENTATION

Le CDI, centre de gravité, point de stabilité

Jean Michel, avec une bonne longueur d’avance, au cours d’un stage national sur les nouvelles
technologies en 1997 : Le nouvel espace numérique de l’information documentation : un
nouveau barycentre professionnel éducatif et documentaire, intervention de Jean Michel au
cours d’un stage national organisé au CRDP de Reims (voir documentographie) en 1997,
remettait en cause le terme de centre de documentation qu’il trouvait complètement
anachronique puisqu’il contient une logique de concentration - qui pouvait prévaloir avant l’ère
du numérique - là où le numérique contient une logique de déconcentration.

Le travail professionnel documentaire et pédagogique est un travail de traçage des lignes du

terrain de jeu, un repérage des points singuliers utiles. Les enseignants documentalistes sont
les nouveaux géomètres de cet espace de l’information et de la connaissance, disait-il. Et il
considérait le CDI non comme un centre mais comme un barycentre c’est-à-dire le centre de
gravité, point où s’équilibrent les forces en présence, point de stabilité qui n’a pas plus de poids
qu’un autre.

Cela ne signifie pas que le CDI doit disparaître mais il doit devenir « une plateforme
pédagogique indispensable » (B.Devauchelle). Si les outils se développent, la culture d’usage de

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ces outils est en création et c’est à quoi l’ensemble des enseignants doit s’atteler. Cela signifie
pour l’e-documentaliste maîtriser nombre des aspects techniques et se mettre en capacité de
créer un cadre d’apprentissage cohérent pour les élèves.

Dans cette perspective, l’enseignant documentaliste doit passer d’une gestion de stocks à une
gestion de flux. Il doit s’intéresser tout autant à la circulation des info-documents et à la
communication inter-personnelle et inter-groupes qu’à la compilation documentaire.

Car les ressources utiles n’ont plus besoin d’être physiquement présentes sur le lieu de la
formation. Il faut individualiser, pratiquer des démarches collectives de partage et d’échange.

Pour Jean Michel, il faut donc exercer autrement le métier de documentaliste. Sa valeur ajoutée
consiste en
- sélectionner
- évaluer
- recommander les sources et ressources pertinentes
- créer les outils d’orientation efficaces
- créer des liens entre les multiples documents et constituer des hyper documents
de référence
- mettre en relation

ce qui présuppose de

- connaître de mieux en mieux les besoins des hommes et des groupes

- connaître de mieux en mieux les multiples sources et ressources utiles
- maîtriser les méthodes et les techniques de la médiation

Voir dans la sitographie l’intervention d’A.Serres aux assises nationales de mars 2003 sur la
triple dialectique des contenus de formation à la maîtrise de l’information dans laquelle il
présente les clivages qu’il faut aborder : délimitation des formations à l’information, degré
d’autonomie des savoirs informationnels, contenus documentaires eux-mêmes (formation aux
procédures ou formation aux principes de l’information.) On sait bien que ce débat traverse la
profession dans le second degré.

Pascal Duplessis, collègue d’Indre et Loire, réalise un gros travail de recherche en didactique de
l’information. Voir la documentographie.

Est-ce à dire que l’on va vider les CDI de leurs documents et considérer que le travail technique
de conception et de gestion d’un espace documentaire n’a plus lieu d’être ? Certainement pas
mais il faut faire des choix et se soulager de certaines tâches fastidieuses au profit d’autres plus
importantes pour les élèves. Nous détaillerons cela tout à l’heure.

3. LE CDI : LIEU DE MEDIATION

La recherche d'information en ligne met en lumière la complexité de l'activité qui pouvait être
masquée à l'époque où l'on avait l'impression que tout se trouvant dans les murs du CDI, il
aurait pu suffire d'immerger l'élève dedans pour que, par osmose en quelque sorte, il trouve les
réponses à ses questions. C'est finalement la démarche adoptée encore aujourd'hui par nombre
d'enseignants de discipline qui envoient leurs élèves au CDI avec différentes interrogations. Le
groupe de recherche de Nantes s'est aperçu de l'insuffisance des référentiels de compétences
pour "modéliser l'activité de recherche d'informations en ligne"
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ll y oppose l'approche méthodique à l'approche stratégique, l'approche méthodique des
"référentiels de compétences présentant les inconvénients d'une présentation linéaire, d'une
utilisation normative et d'un positionnement centré sur le comportement".
Cette posture peut induire que si l'on ne parvient pas à réaliser le travail c'est que l'on n'a pas
bien suivi les étapes recommandées. L'approche stratégique impose la "construction de choix".
Elle est centrée sur l'élève qui décide de son propre parcours.

Ces remarques me semblent tout à fait fondées et le travail d'accompagnement que peuvent
mener conjointement l'enseignant documentaliste et l'enseignant de discipline se trouve enrichi
d'un nouvel outil : l'ENT car, espace de mutualisation, de stockage et de publication, il va
permettre l'apprentissage collaboratif.

C'est de toute façon l'orientation que prend le web dans sa version 2.0 qui permet aux
internautes de devenir auteur et acteur sur le réseau. A ce sujet on pourra consulter
l'intervention de Marie-France Blanquet, maître de conférence en sciences de l'information et de
la communication à l'IUT Bordeaux III assurée lors de la formation des personnes ressources en
documentation tenue le 12 janvier 2007 au CRDP d'Aix-Marseille à l'adresse
http://eprofsdocs.crdp-aix-marseille.fr/-Web-collaboratif-Web-cooperatif-.html
intitulée Web collaboratif, web coopératif, web 2.0 : quelles interrogations pour l'enseignant
documentaliste ?

CONCLUSION

Tous ces sujets mériteraient qu’on s’y attarde. C’est un chantier qui s’ouvre. Nous nous rendons
compte que nous vivons une véritable révolution technique qui aura des répercussions
profondes sur la pédagogie. Et c’est, à mon avis, une réelle opportunité pour les enseignant-e-s
documentalistes car elle touche justement au cœur de notre métier : l’information. Mais nous
allons revenir à la réalité de vos CDI pour voir comment les faire évoluer vers ce CDI à venir.

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