Sunteți pe pagina 1din 24

Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

Introduction à la psychologie Sociale

I. La construction de la réalité sociale: des notions d’attitudes et


d’opinions à celle de représentations sociales
1.1. Attitudes, opinions
1.1.1. Introduction l’origine du concept d’attitude
1.1.2. Définitions et caractéristiques des attitudes
1.2. Stéréotypes et préjugés
1.2.1. Définitions
1.2.2. La formation des stéréotypes:
1.2.3. Les effets des stéréotypes sur les relations inter-groupes et
interindividuelles

1.3. La Catégorisation sociale


1.3.1. Définition
1.3.2. Quelques recherches expérimentales mettant en évidence des phénomènes
de catégorisation sociale
1.3.3. Description du phénomène de catégorisation par Tajfel (1972)
1.3.4. Conclusion sur la catégorisation sociale
1.4. Les Représentations sociales
1.4.1. Définition
1.4.2. Méthodes d'investigation et exemples d'études des représentations sociales
1.4.3. Analyses de documents et enquêtes
1.4.4. Recherches expérimentales
1.4.5. Conclusion sur les représentations sociales

II. La gestion de la réalité sociale: les modèles du fonctionnement


sociocognitif
2.1. Les théories de la consistance cognitive
2.2. La théorie de la dissonance cognitive
2.3. La théorie de l’équilibre cognitif
2.4. La théorie de l’attribution causale et ses développements

-------------------------------------------------------------------------------------------------

Créé par Carnegie 1/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

1.1. Attitudes, opinions


1.1.1. Introduction l’origine du concept d’attitude
Si au début du siècle, la psychologie «générale» s’est constituée en discipline scientifique et expérimentale en
éliminant de son champ d’étude l’analyse des états mentaux, ce point de vue ne restera dominant que jusque vers
les années 50. Dès le début des années 60, le grand paradigme métathéorique de la psychologie scientifique : le
comportementalisme (ou béhaviorisme) laissera place au cognitivisme. Pour ce qui concerne plus
particulièrement la psychologie sociale, la prise de conscience de l’importance des états mentaux se fera très tôt
(c’est-à-dire au début du siècle). Elle remonte aux travaux de Thomas et Znaniecki (1918-1920)1 deux
sociologues qui amorceront un changement radical des recherches en psychologie sociale. Ces deux sociologues
sont en effet à l’origine de l’étude du concept d’attitude qui saturera les études en psychologie sociale des années
25-30 aux années 60. A l’origine, ces deux auteurs ont réalisé une étude sur la façon dont les paysans polonais
s’intégraient aux Etats-Unis ou en Europe. Durant cette gigantesque étude, les auteurs notent (entre autres) que
pour rendre compte des comportements d’une population comme celle-ci il est nécessaire de savoir comment ces
personnes définissent les situations auxquelles elles peuvent être confrontées, cette définition dépend également
des attitudes que ces individus ont à l’égard des objets qui constituent leur environnement.
L’attitude sera ainsi définie comme un état d’esprit qui détermine un individu à formuler une opinion, à
agir d’une certaine façon à l’égard d ‘un objet social Cet objet social pouvant recouvrir des aspects
différents (l’argent, la gloire, les hommes politiques, les étrangers, etc.)
Le concept d’attitude apparut au départ si important que Thomas et Znaniecki proposeront de définir la
psychologie sociale comme l’étude scientifique des attitudes.
1.1.2. Définitions et caractéristiques des attitudes
1- Le concept d’attitude a reçu de multiples définitions, celle qui est la plus communément acceptée est celle
proposée par Allport (1935)2 qui définit l’attitude comme « un état mental de préparation à l’action organisé
à travers l’expérience, exerçant une influence directive et dynamique sur le comportement »,c’est-à-dire un
état mental organisé à travers l’expérience du sujet qui détermine le comportement du sujet vis-à-vis d’un objet ;
d’autres auteurs proposeront des définitions plus brèves. Oskamp (l977)3 la définit ainsi « disposition à réagir
de façon favorable ou défavorable à un objet particulier ou à une classe d’objets ».
L’attitude peut s’appliquer à des objets très divers (étrangers, peine de mort, parti politique, etc.).
Elle a une valence (elle peut être positive ou négative)
Elle a une force (une intensité) variable, c’est le degré d’implication du sujet : il y a un continuum, pouvant
partir par exemple d’une force absolument défavorable à une force absolument favorable, en passant par
« moyen », « légèrement favorable », etc.
Ainsi, pour les enquêtes et les sondages, on essaie dans un premier temps de construire des outils, des échelles
d’attitudes.

2- Rosenberg et Hovland (1960)4 : la théorie tri-componentielle des attitudes. Les auteurs distingueront trois
dimensions dans les attitudes ils les appellent composantes. une composante affective (qui concerne les émotions
positives ou négatives que l’individu a à l’égard de l’objet attitudinel, la prédisposition à évaluer cet objet
comme étant bon ou mauvais, intéressant ou inintéressant, etc.), une composante cognitive (qui fait référence
aux connaissances et croyances présentes et passées que l’individu a concernant cet objet ainsi qu’à la crédibilité
que l’individu accorde à ces informations) et une composante conative (qui est une composante énergétique en
ce sens qu’elle est relative aux comportements passés et présents de l’individu face à cet objet et à ses intentions
comportementales (futur).Précédemment, la plupart des études ne prenaient en compte qu’un seul de ces aspects.
3- Eagly et Chaiken (1995, 1998)5 travaillent sur les liens inter-attitudes. Les attitudes sont organisées en réseaux
ce qui implique cohérence et stabilité. Au sein du réseau, les attitudes entretiennent différentes relations
(d’emboîtement, des attitudes générales vont englober d’autres attitudes plus spécifiques, de causalité, si on
modifie le prémisses, les conclusions sont changées ou de simple contiguïté, attitudes coexistant sans qu’il y ait
de liens logique d’emboîtement ou de causalité). Les attitudes sont caractérisées par leur centralité.
L’attitude peut se construire par relais social ( congénères, c’est la plus répandue ), par relation directe à l’objet
ou par inférence ( le sujet élabore un raisonnement, relie une connaissance à une information nouvelle afin d’en
tirer une nouvelle connaissance ). Le gouvernement, la publicité, … souhaitaient amener à changer les attitudes,
on a alors surtout étudié comment on pouvait changer ces attitudes : pour cela, il faut amener le sujet à une
dissonance cognitive ou à une contradiction, cela créé chez le sujet des incohérences et des conflit, dont un
moyen de les régler est de changer d’attitudes.

1.2. Stéréotypes et préjugés

Créé par Carnegie 2/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

1.2.1. Définitions
Le préjugé peut être défini comme une « attitude de l’individu comportant une dimension évaluative,
souvent négative, à l’égard de types de personnes ou de groupes, en fonction de sa propre appartenance
sociale. C ‘est donc une disposition acquise dont le but est d’établir une différenciation sociale » (Fischer,
1987 : 104)6
Le préjugé a deux dimensions essentielles : l’une cognitive, l’autre comportementale. En général le préjugé est
négatif et a donc pour conséquence une discrimination.
Le stéréotype «désigne les catégories descriptives simplifiées par lesquelles nous cherchons à situer autrui
ou des groupes d’individus » (Fischer, 1987: 105)
Les stéréotypes correspondent donc à des traits ou des comportements que l’on attribue à autrui de façon
arbitraire. En ce sens, les stéréotypes sont une manifestation des préjugés.
1.2.2. La formation des stéréotypes:
Les stéréotypes sont indissociablement liés à la constitution des groupes sociaux. Ils contribuent à surestimer les
différences entre les groupes (et notamment pour l’individu, les différences entre son propre groupe
d’appartenance et les autres groupes), et à sous-estimer les variations à l’intérieur de chaque groupe (et pour
l’individu 1/ à sous-estimer les différences entre lui et les autres membres de son groupe; et 2/ à sous-estimer les
différences existant à l’intérieur des autres groupes).
Ainsi, dès lors que se crée un groupe, une différence se fait entre l’endogroupe et l’exogroupe. L’endogroupe fait
référence au sentiment d’identité collective (qui repose sur l’intégration des normes et des valeurs que défend le
groupe) que chaque individu partage avec les autres membres de son groupe. L’exogroupe fait référence au
sentiment de différence que chaque individu développe vis-à-vis des membres des autres groupes.
Le sentiment d’appartenance à un groupe et de différence avec les autres groupes se traduit par des
autostéréotypes ( groupe vis-à-vis de lui-même, souvent positifs, quelques neutres et très rarement négatifs )et
des hétérostéréotypes( parfois négatifs, parfois « pas positifs ».
Les stéréotypes se forment à partir de quatre processus distincts:
1/ la surgénéralisation; les sujets ont tendance à généraliser un trait perçu chez un membre du groupe à tous les
membres constituant le groupe en question.
2/1es biais négatifs dans le souvenir et la distorsion de la réalité; on aura tendance à retenir les traits négatifs.
3/ les jugements polarisés; ne sont retenus que les trais très marqués et rarement nuancés ( les traits neutres
disparaissent )
4/ la corrélation illusoire. Les traits qui restent semblent former un ensemble cohérent.

1.2.3. Les effets des stéréotypes sur les relations inter-groupes et interindividuelles
Les stéréotypes ont donc des conséquences positives et négatives

1/ Pour ce qui concerne les conséquences positives, les stéréotypes permettent à l'individu de fonctionner de
façon économique car ils ont une fonction de simplification de la réalité. En opérant une catégorisation, les
stéréotypes permettent ainsi à l'individu de gérer de façon économique ses relations sociales avec les autres
individus, par exemple en anticipant les réactions d’autrui..

2/ Pour ce qui concerne les conséquences négatives, les stéréotypes ont parfois un effet pervers sur les catégories
sociales visées. Il apparaît en effet, que les stéréotypes négatifs peuvent être source de discrimination, ce qui se
traduit par une mise à distance des individus visés. Nous ne traiterons ici que les conséquences psychologiques
de la discrimination bien qu'il soit évident que la discrimination aie des conséquences directes sur les aspects
matériels (conditions sociales, pécuniaires, etc.)
Les effets psychologiques de la discrimination seront envisagés à travers la présentation de deux recherches
expérimentales
1/ Le premier effet est relatif à « l'estime de soi », la recherche présentée par Clark et Clark, (1947)7 montre que
la discrimination contribue à une dévalorisation de l'image de soi chez les « victimes » de cette discrimination.
Exp. : Clark et Clark : les sujets sont des enfants de 3 à 7 ans, qui doivent répondre à des questions
visant à mesurer les VD opérationnelles « jugement ( préférences) » et « traits prêtés à la poupée (
typique des stéréotype ) », il y a eu un groupe contrôle d’enfants blancs. VI : couleur de peau des
poupées. l’hypothèse est que les victimes de la discrimination (enfants noirs) préféreront les poupées de
couleur de peau blanches (qui appartiennent pour eux à l’exogroupe.
Les principaux résultats : les enfants noirs préfèrent les poupées de couleur blanche ( ils disent vouloir
jouer avec la blanches plus qu’avec la noire, et attribuent de meilleurs traits à la blanche ) il y a ici du
favoritisme exogroupe. Les enfants blancs préfèrent aussi les poupées blanches ( favoritisme
endogroupe )

Créé par Carnegie 3/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

Le favoritisme n’est donc pas toujours en faveur de l’endogroupe ! la population noire est minoritaire
et donc plus ou moins dominée, elle développe un favoritisme inverse : le groupe dominé endosse le
stéréotype et s’identifie alors ainsi à la majorité. Ce faisant, ils s’approprient les caractéristiques de la
majorité.
Le favoritisme est endogroupe lorsque les populations sont symétriques. A l’inverse, s’il y a une
asymétrie, il n y a plus les mêmes règles : ceux qui sont en bas de la hiérarchie ont souvent une
dévalorisation de soi et une valorisation des autres. Il y a ici deux VD théoriques, évaluation de soi et
évaluation des autres.

2/ la deuxième effet est relatif au fait que les individus victimes de la discrimination ont tendance à développer
des dispositions à échouer, la recherche présentée (Rosenthal et Jacobson, 1968)8 élargit le problème en montrant
que les individus ont tendance à s'ajuster à la perception qu'ils ont des attentes d'autrui à leur égard. Cet effet sera
désigné sous le nom d' « EFFET PYGMALION » : il désigne le fait de créer chez les autres ce que l'on
attend d'eux.
Exp. : le stéréotype engendre des conduites qui se conforment au stéréotype. L’effet Pygmalion est
démontré par l’expérience de Rosenthal et Jacobson. On ne pouvait observer que des aspects jugés à
l’avance positifs, car les effets négatifs se montrent moins dans les expériences. Dans les expériences,
une affabulation sur le but de l’étude est souvent nécessaires pour que les sujets répondent
naturellement.
Pré-test :l’étude s’effectue sur des enseignants : en début d’année, le prétexte choisi est que l’on essaie
de révéler les enfants dont le potentiel est important : on annonce la liste des élèves retenus comme
étant précoces aux professeurs ( ces élèves sont en fait pris au hasard, certains sont bons, d’autres
moyens ou mauvais ). Ce faisant, on créé chez les professeurs des VI « attente » : modalités « attente
positive » et « pas d’attente ».
Au début du 3ème trimestre, on refait passer le test aux enfants ( post-test ). La VD est la différence de
performance entre pré et post-test. L’hypothèse est que l’attente positive du professeur sur un élève
entraînera une augmentation des résultats de cet élève. On constate :
 Que tous les élèves de la liste ont progressé significativement
 Des relations préférentielles entre ces élèves et les enseignants
 Des systèmes de communication dans lesquels les enfants désignés ont un rôle plus
important
 Une homogénéisation des résultats de ces élèves ( les erreurs sont minorées )
L’explication est simple : les attentes portées sur les élèves sont plus importantes et ils s’y raccrochent.

3/ Les stéréotypes ne restent pas toutefois figés, ils peuvent évoluer. Cela dépend notamment des relations
(positives ou négatives) entre les groupes sociaux concernés. Nous présenterons une recherche de Sherif (1966,
1971)9 qui montre cette évolution.
Exp :il s’agit ici d’une étude longitudinale, sur des enfants : ils sont séparé en deux groupes, les jaunes
et les verts. Dans une 1ère phase, les enfants réalisent des activités communes, mais non collaboratives (
c-à-d sans que les uns dépendent des autres ). On effectue une première mesure des stéréotypes vis-à-
vis de l’exogroupe et de l’endogroupe, en demandant aux enfants d’évaluer par échelle de traits de
caractère ( 3 sortes d’adjectifs, positifs, négatifs et neutres ). Dans la 2ème phase, on refait la mesure
après avoir organisé des activités compétitives ( tournoi ). Durant la 3ème phase, on leur refait effectuer
des activités communes non collaboratives, puis une troisième mesure. La 4ème phase comporte des
activités communes et collaboratives, à l’issue desquelles on refait une mesure.

Résultats :
1ère phase 2ème phase 3ème phase 4ème phase
Positif endogroupe Positif endogroupe Positif endogroupe Positif endogroupe
Pas franchement négatif Négatif exogroupe Négatif exogroupe Négatif exogroupe a
exogroupe disparu

Dans la 4ème phase, on a créé des situations d’interdépendance : seul ce sentiment d’interdépendance
fait disparaître les stéréotypes négatifs. Les stéréotypes évoluent en fonction de la rivalité explicite.

1.3. La catégorisation sociale


Le concept de catégorisation est emprunté aux études sur la perception. Ces recherches montrent qu'il y a une
accentuation des ressemblances entre des stimuli appartenant à une même catégorie, et une accentuation des

Créé par Carnegie 4/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

différences entre des stimuli appartenant à des catégories différentes. Ces résultats seront par la suite appliqués à
l'étude des relations entre les groupes sociaux.

1.3.1. Définition
Le mécanisme de catégorisation consiste à classer et donc à regrouper au sein de catégories, des individus,
des groupes ou bien des événements et ce en exagérant les ressemblances entre les éléments classés à
l'intérieur d'une même catégorie.
Le mécanisme de catégorisation permet de simplifier la réalité sociale, de la structurer et donc de mieux la
comprendre. Les stéréotypes sont à la base de la catégorisation car bien souvent les traits censés être
caractéristiques d'une catégorie sont issus des stéréotypes qui sont véhiculés, à propos de cette catégorie.

1.3.2. Quelques recherches expérimentales mettant en évidence des phénomènes de


catégorisation sociale
On présentera dans un premier temps l'expérimentation de Tajfel et Wilkes (1963, 1979)10 qui porte sur la perception de stimuli. Par la suite,
Tajfel et ses collaborateurs mais également d'autres auteurs comme Doise (1976)11 élargiront l'étendue du phénomène à l'étude des relations
entre groupes, ce qui les conduira à définir les effets de contrastes et d'assimilation. Dans un premier temps, on verra plus précisément 2
recherches expérimentales, celle de Rabbie et Horwitz (1969,1979)12 , nous conclurons en présentant l'apport des recherches de Doise (1976)
sur les groupes, puis nous présenterons l'expérimentation de Deschamps, J.C., Doise, W., (1978)13.
Le phénomène de catégorisation a au départ été mis en évidence par TAJFEL (1959) dans les mécanismes de
perception. Il introduit l'idée que notre jugement perceptif relativement à des objets physiques dépend de la
catégorie à laquelle on les a affectés subjectivement.

En 1963, Tajfel et Wilkes montrent expérimentalement le processus de catégorisation dans la perception.


Exp : 8 stimuli représentant des barres de taille variables mais en continuum ( 5% de différences entre
eux ). On travaille sur la VI « type d’appariement » ( on associe à chaque barre une lettre ). Il y a 3
condition :
1. Condition d’appariement systématique : les 4 plus grandes barres sont associées à la
lettre A, les 4 plus courtes à la lettre B
2. Conditions d’appariement aléatoire ( A et B avec n’importe quelle barre )
3. Appariement absent ( groupe contrôle )
Les barres sont présentées une par une aléatoirement. Les sujets doivent estimer la taille (VD).
La 1ère condition fait apparaître un biais de contraste ( il y a une maximisation des différences. Les
sujets voient plus différents des stimuli qui ne le sont que peu ) et un biais d’assimilation inverse ( il y a
maximisation des égalités : les sujets voient plus égaux des stimuli appartenant pour eux à la même
catégorie.). il y a donc partition : Grands et Petits. Cela va être appliqué aux relations entre groupes.

Par la suite le mécanisme de catégorisation s’est étendu aux relations sociales. C’est en 1976 que Doise avance
l’idée selon laquelle on retrouve les biais d’assimilation et de contraste dans les relations inter-groupes. A la
différence des catégories perceptives, la catégorie groupale implique l’adhésion personnelle du sujet : Il
découvre le favoritisme pro-endogroupe. Maintenant, on fait la différence entre endofavoritisme et
allodéfavoritisme ( dire du mal des autres ). Une manière de discriminer est aussi de ne dire ni bien ni mal : c’est
la discrimination privative ( on prive les autres de leurs bons cotés, mais aussi de leurs mauvais ) On a ainsi pu
démontrer expérimentalement :
1/ que l'on a tendance à classer les individus dans des catégories sociales et à leur attribuer automatiquement les
traits caractéristiques de leur catégorie.
2/ que l'on a tendance à estimer qu'une personne est fondamentalement différente de nous à partir du moment où
elle appartient à une catégorie différente.
3/ à l'opposé que l'on a tendance à trouver des ressemblances entre nous et cette personne à partir du moment où
l'on sait qu'elle appartient à la même catégorie que nous.
4/ que ces phénomènes de différenciation s'estompent dès lors que l'on est dans des situations mettant enjeu
l'appartenance à plusieurs catégories différentes (catégorisation croisée) : c’est ce que Deschamps et Doise ont
voulut montrer avec l’expérimentation suivante :
Exp : des enfants de 9 et 10 ans sont répartis au sein de 10 groupes de 12 enfants ( 6 garçons et 6 filles,
à cet âge, la différence de sexe est vécue comme très importante ). 5 groupes sont en catégorisation
simple, les 5 autres sont en catégorisation croisée : on introduit un 2ème critère volontairement dénué de
caractères sociaux ( 3 filles et 3 garçons ont un stylo rouge pour faire l’exercice, les 6 autres ont un
stylo bleu). La VI est le type de catégorisation (croisée ou simple). Les enfants doivent réaliser une série
de 4 exercices ( papier-crayons ).
Après cela, on demande aux enfants d’estimer le nombre d’exercices réussi par son propre groupe (
même sexe ) et par l’autre groupe ( VD 1)

Créé par Carnegie 5/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

* Résultats Deschamps, J.C., et W., Doise (1978)14: pour la VD « estimation du taux de réussite » (cf Doise,
et al. Psychologie sociale expérimentale, Colin, p.27)
Moyenne des estimations de la performance d'autrui (échelle de 0 à 4)
Sexe/catégorisation Catégorisation simple catégorisation croisée
même sexe autre sexe même sexe autre sexe
garçons 3.32 3.18 3.19 3.21
filles 3.19 2,66 3.2 3.18
On demande aussi aux enfants, en leur présentant une liste de 33 adjectifs, de décrire les membres de
l’autre groupe ( VD 2 ).
On a mis en saillance les caractères sexuel et de couleur. Lors de la situation de catégorisation simple,
on voit apparaître du favoritisme endogroupe et du « défavoritisme » exogroupe. Par contre, la
situation de catégorisation croisée empêche l’apparition de ces biais.
Dès lors que les sujets sont en situation de catégorisation croisée, laquelle apparaît s’il y a plus d’1 critère de
catégorisation, les phénomène de favoritisme et de discrimination disparaissent : les sujets appartiennent à un
groupe s’ils considèrent un critère, et à un autre groupe s’ils considèrent un autre critère. Dans un conflit, le
médiateur doit mettre l’accent sur ce qui est commun. Ces lois sont valables sur des situations simples.

1.3.3. Description du phénomène de catégorisation par Tajfel (1972)

Pour cet auteur trois principaux mécanismes sont enjeu dans la catégorisation : 1/ l'induction opposée à la
déduction ; 2/ la surinclusion opposée à la surexclusion ; 3/ le mécanisme de perception sélective (ou sélection
perceptive) complémentaire au mécanisme de distorsion perceptive.
 Induction/déduction : induire signifie partir d’un cas particulier pour en arriver au cas général (on tire des
règles générales à partir d’un seul cas). On peut par exemple affecter un individu dans une catégorie sur la
base d’un seul trait de sa personnalité. L’induction joue au moment de l’élaboration d’une catégorie, ou
d’ajout de complément à une catégorie. Déduire signifie tirer une conclusion concernant un événement
particulier à partir d’une loi générale. Appliqué à un individu : un individu appartenant à une catégorie se
verra attribuer tous les traits stéréotypiques de ce groupe.
 Surinclusion/surexclusion :
Exp : des sujets américains sont départagés en deux catégories, ceux qui se déclarent antisémites et
ceux qui se déclarent non-antisémites ( groupe témoin ). Ils sont mis face à une pile de photos de
visages, la tâche consiste à répartir les photos en deux groupes, les juifs et les non juifs.
Tajfel a mis dans les photos autant de juifs que de non juifs, il savait la tâche très difficile, et partait du
principe qu’on ne va pas classer pareillement selon les préjugés que l’on a. le matériel est inclassable
objectivement, les sujets vont avoir recours à leur subjectivité.
Les résultats indiquent des tas égaux en nombre pour les sujets non antisémites, alors que les
antisémites mettent beaucoup plus de photos dans le classement « juifs ». cela peut prouver qu’ils en
ont une vision plus précise , la catégorie « non juifs » est valorisée et inversement. Si lors de l’examen
d’une photo, il y a incertitude, la photo est mise dans la catégorie « juifs », les antisémites essaient de
garder la « pureté » de leur groupe.
Quand un sujet doit affecter des individus dans une catégorie, il ne le fait pas sur la base d’une prise en compte
objective des traits qui caractérisent ces individus : contrairement aux objets, le sujet prend en compte la valeur
des catégories-cibles, positive ou négative.
Pour les catégories jugées négativement, les sujets ont tendances à mettre plus d’individus (surinclusion) que
pour les catégories jugées valorisantes (surexclusion). Le sujet prend plus en compte la valeur de la catégorie-
cible.
 Perception sélective ( complémentaire de la ) distorsion perceptive :
Exp : Duncan (1976). Les sujets sont des étudiants blancs américains (ils se disent exempts de préjugés
vis-à-vis des personnes noires, mais le premier traits qu’ils leur attribuent est la violence). On leur
projette un film : c’est une discussion entre deux personnages : à la fin du dialogue, l’un d’entre eux
donne une tape dans le dos de l’autre, le geste est volontairement ambigu, et peut être vu comme une
marque amicale ou une marque d’agression. l’idée est qu’il sera perçu de façon à conforter les
stéréotypes. Dans le film, plusieurs acteurs noirs et blancs ont joué, chacun le rôle d’«agresseur » et
d’«agressé ». la tâche des sujets est d’estimer le degré d’agressivité du geste sur une échelle d’attitude.
les deux VI sont la couleur de peau et la position ( agressé ou agresseur ). Les résultats montrent que
les gens adhèrent au stéréotypes même s’ils s’en disent exempts :

« agressé » Noir Blanc Noir Blanc


« agresseur » Noir Blanc Blanc Noir
% des sujets qui considèrent le 69% 13% 75% 17%

Créé par Carnegie 6/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

geste agressif

1.3.4. Conclusion sur la catégorisation sociale


Nos rapports sociaux sont liés au phénomène de catégorisation sociale. Nous ajustons nos comportements à
autrui en fonction de l'appartenance catégorielle que nous lui prêtons. A partir de là, nous inférons ces
caractéristiques, sur la seule base que cet individu appartient à une catégorie donnée grâce à un raisonnement par
induction ou par déduction.
L'affectation d'un individu dans une catégorie est loin d'être objective, en effet cela dépend fondamentalement de
la valeur (positive ou négative) que nous accordons à cette catégorie. Si celle-ci est valorisée positivement, on
note un phénomène de surexclusion, si elle est valorisée négativement, on note un phénomène de surinclusion.
Nos relations intergroupes sont également liées à ce phénomène. Lorsqu'un individu fait partie de notre propre
catégorie d'appartenance, nous avons tendance estimer qu'il nous est ressemblant sur bien des points (effet
d'assimilation). Par contre, si cet individu fait partie d'une autre catégorie, nous avons tendance à estimer qu'il
est très différent de nous (effet de contraste). L'effet de contraste est d'autant plus accentué que les relations
entre les groupes considérés est conflictuelle.
Une fois que nous avons affecté un individu à une catégorie, nous lui attribuons les traits de sa catégorie, et il est
difficile de nous faire changer d'avis le concernant : ceci est dû aux phénomènes de distorsion perceptive, et de
perception sélective.

1.4. Les représentations sociales


1.4.1. Définition

Les représentations sociales sont des phénomènes complexes, toujours activés et agissant dans la vie
sociale. Elles sont composées d'éléments divers qui ont longtemps été étudiés de façon isolée : attitudes,
opinions, croyances, valeurs, idéologies, etc.
D. Jodelet (1993)16 propose une définition des représentations sociales «la représentation sociale est une forme
de connaissance socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction
d'une réalité commune à un ensemble social ». Cette forme de connaissance, parce qu'elle se distingue de la
connaissance scientifique, est parfois appelée « savoir de sens commun » ou «savoir naïf ».
1. Savoir de sens commun, par opposition aux savoir scientifique : les représentations sociales
déforment la réalité scientifique des faits
2. Ces connaissances permettent aux sujets de gérer la réalité, de savoir comment ils vont se
comporter vis-à-vis de l’objet de la représentation sociale ( ce qu’il faut faire, comprendre, …)
3. Socialement élaborées : Elles sont construites en commun par relais social, les individus se
transmettent les connaissances
4. concourant à la construction d'une réalité commune :l’ensemble des individus du groupe aura la
même image de l’objet, cela facilite la communication, évite les conflits,…
5. spécifique d’un groupe social : on ne met en évidence une représentation sociale que par rapport à
un groupe concerné : la représentation sociale qu’il a est liée à un ensemble de pré-acquis du
groupe (histoire, évolution,…)

1.4.2. Méthodes d'investigation et exemples d'études des représentations sociales

L'étude des représentations sociales s'est considérablement développée depuis une dizaine d'années, mais elle
remonte à Moscovici en 196117 . On trouve un aperçu assez complet de ces recherches dans l'ouvrage de Jodelet
(1989)18
Pour mettre en évidence, on compare les différentes représentations sociales d’un objet.
Seront exposés dans cette partie quelques exemples précis comme la recherche de Moscovici (1961) sur « la
psychanalyse, son image et son public », ou celle de Marokova et Wilkie (1987) sur le sida ou encore celle de
Jodelet (1989) sur la folie; mais également des recherches expérimentales sur la structuration des représentations
et sur leurs modifications (Abric, 1984, 1989)19.
On présentera ces recherches en distinguant :
1/ celles qui reposent sur l'analyse de documents (étude d'archives) et l'enquête; elles n’ont pas permis de
généraliser, mais ont fournis des éléments précis.
2/ celles qui reposent sur la méthode expérimentale. On s’est basé sur l’organisation ( structure ) : que trouve-
t-on toujours dans les représentations sociales, quel que soit le contenu ?

Créé par Carnegie 7/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

1.4.3. Analyses de documents et enquêtes

La notion de représentation occupe une place particulière en psychologie sociale car il s'agit d'un concept
introduit récemment dans cette discipline. (Durkheim avait introduit la notion de représentations collectives et
avait assigné son étude à la psychologie sociale).

Mais l'étude des représentations sociales ne débute réellement qu'avec la recherche de Moscovici (1961) dans
laquelle l'auteur analyse la façon dont un discours dit « savant » se transforme en discours de « sens commun »
c'est-à-dire la façon dont on passe d'un système de concepts théoriques à un système de représentations. Pour ce
faire, l'auteur analyse divers documents (documents produits par la presse liée au PC, ceux produits par la presse
liée à l'église, et ceux produits par des journaux à grande diffusion qui ne sont liés ni au PC ni à l'église) de
manière à étudier la représentation sociale de la psychanalyse ( elle est choisie car c'est un objet peu courant, c-à-
d émergeant et très abstrait.
L'auteur mettra en évidence la façon dont ces médias présentent les informations et construisent des
représentations particulières de la psychanalyse chez leurs lecteurs. On cherche ici à définir quelle image est
véhiculée. Moscovici, dans un premier temps, analyse des extraits ( 240 supports sur 3 ans avec son équipe ) puis
dans un second temps, enquête auprès d'individus lecteurs afin de connaître l'image qu'ils ont de la psychanalyse,
et ce au moyen d'entretiens.
Exp :Dans les journaux à grande diffusion, la psychanalyse est présentée de manière diverse allant du
sérieux à l'ironie mais toujours présentée avec un souci de confronter des opinions divergentes et de
relier la psychanalyse aux intérêts (et au quotidien) du public. On présente la psychanalyse comme un
outil, tout cela est détaillé. Pour ce mode de diffusion de l'information, Moscovici parlera de
DIFFUSION
Dans les journaux liés à l'église, la psychanalyse est présentée commune une discipline qui doit être
regardée avec prudence et modération. On cherche surtout ici à donner une place importante au
symbolisme et à préparer le retour à une vision spiritualiste. On présente la psychanalyse comme une
discipline qui met l'accent sur certains points et l'on fait en sorte que le lecteur voie bien que ces points
peuvent être résolus si on se réfère au message religieux. Moscovici appellera se mode de transmission
de l'information de la PROPAGATION.
Dans les journaux liés au PC, on s'aperçoit que la psychanalyse est rejetée, on la présente comme étant
néfaste (science bourgeoise ou pseudo bourgeoise) on lui conteste toute utilité sociale réelle parce
qu'elle est sans rapport avec les problèmes concrets de l'individu. Il y a très peu d'information sur la
psychanalyse, mais beaucoup sur sa valeur. Moscovici appelle se mode de transmission de
l'information de la PROPAGANDE.
Cela montre, outre que les médias sont influents ( ce n'est pas l'objet de l'étude ), que l'image véhiculée se
retrouve dans le discours de la population interrogée. Moscovici clame que le sujet ne perçoit pas objectivement
l'objet : le sujet verra toujours l'objet à travers le filtre des représentations sociales.

D'autres recherches plus récentes comme celle de Markova et Wilkie 20(1987) ont permis d'analyser les
représentations du SIDA véhiculées à travers la presse.
Exp :Ces auteurs notent que le SIDA est essentiellement considéré aux Etats-Unis comme une maladie
punition conséquence d'une société permissive laissant place aux conduites dégénérées et à une
irresponsabilité sexuelle.
Corrélativement, elles notent un repliement sur les valeurs familiales traditionnelles qui est à la fois un
garant de la protection contre la maladie et une défense d'un ordre moral et conservateur. D'où la
dénonciation des mesures visant à assurer une vie sexuelle libre mais saine grâce à l'usage des
préservatifs par exemple. Cette interprétation morale fut largement encouragée par les instances
religieuses.
Cette interprétation morale spontanée, a d'ailleurs été relevée au Brésil par Pollack (1988) qui fait
référence à une conférence réunissant des évêques durant laquelle les participants se sont élevés contre
les campagnes gouvernementales visant à développer l'utilisation du préservatif : ce châtiment divin
doit être accepté, et ce sont les pratiques que l'on doit changer.
Une "théorie explicative" a également vu le jour. Ainsi, un ancien combattant du vietnam atteint du
SIDA déclarait à un journaliste que cette maladie est le fruit d'une conspiration gouvernementale, pour
exterminer les individus indésirables. Il s'agit bien là d'une représentation d'une victime sociale qui
prend appui sur un précédent historique : le génocide.
Une "représentation biologique" a également vu le jour. Etant donné que les moyens de transmission
de la maladie étaient le sperme et le sang, rapidement, un phénomène de généralisation s'est déployé :

Créé par Carnegie 8/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

certains individus étant convaincus que cette maladie se transmettait également par le biais des autres
"humeurs" c’est-à-dire la sueur ou la salive.
Cette résurgence de croyances archaïques s'opère à la faveur d'un manque d'information. Mais sa force
tient aussi à sa valeur symbolique : le danger du contact corporel est, depuis l'Antiquité, un thème
récurrent du discours raciste qui utilise la référence biologique pour fonder l'exclusion des autres. Il n
'y a rien d'étonnant dès lors de voir un parti comme le front national partir en guerre contre les
"immigrés" et les "sidaïques ", proposer des mesures de prévention draconiennes, allant jusqu'à la
création de "sidatoriums " qui rappellent des moments terribles de l'histoire.
On a ainsi un événement qui est source de peur. Cette peur est accentuée par un manque d'information,
et relayée en partie par les rumeurs (le bouche à oreille) et par les médias qui relaient des informations
parfois contradictoires. Ces représentations sont donc élaborées à partir d'informations incomplètes et
s'inscrivent dans des schémas réprésentationnels préexistants. Des représentations "biologiques"
naissent, Des représentations "morales" mêlant la religion aux vertus de la tradition se font jour. Des
"théories explicatives" sont élaborées concernant les causes de la maladie (punition divine ou
conspiration gouvernementale). Des mots "véhiculant" ces représentations sont employés qui ont une
certaine connotation, ainsi "sidaïques" qui sonne comme "Judaïques" et "sidatorium " comme
"crématorium ". Ces mots ont un tel pouvoir d'évocation, qu'ils conduisent les individus à catégoriser
les malades, à les stigmatiser, et à justifier leurs conduites discriminatoire.
Pour qu'il y ait représentation sociale et qu'elle soit fonctionnelle, il faut 2 mécanismes:
• l'objectivation consiste à réduire, transformer ce qui est abstrait en concret, et à lui assigner une fonction (
par exemple, considérer la psychanalyse comme un objet ).
• La phase d'ancrage de la représentation sociale consiste à relier cet objet aux autres représentations.
L'exemple du SIDA en est révélateur : au début, il s'agissait d'une maladie très abstraite ( peu d'information
et dans tous les sens ). Les gens ont commencé par faire des liens entre le SIDA et d'autres maladies, comme
les cancers, ils ont comparé en quoi cette maladie se différencie, et ressemble à d'autres maladies ( lien par
contraste ou assimilation ). Par exemple, le SIDA a très longtemps été lié au cancer…les cancers se sont vus
assigner des caractères négatifs.
Les représentations sociales ont une importance réelles : par exemple, la campagne sur le port de préservatif fut
un échec aux USA car la représentation sociale du SIDA était liée à celle de la religion ( comme on l'a vu
précédemment ) le préservatif était associé à des mœurs dépravées. En France, comme le montrent Herslisch et
Perret, l'information était diffusée de manière incohérente, on a souvent associé le SIDA aux homosexuels, aux
prostituées et aux toxicomanes ( c'est la chose qui apparaissait le plus souvent ). On a aussi pensé qu'il pouvait se
transmettre par les humeurs.

Un autre exemple de recherche (observation participante, enquête par entretiens) montre que les représentations
et les discours des individus à propos de ces représentations sont des formes d'expression culturelle. En somme
les représentations mentales s'actualisent à travers des indicateurs langagiers des expressions qui traduisent un
rapport de l'individu à la réalité. C'est ainsi que Jodelet, (1985)21 a réalisé une étude dans un milieu rural où des
malades mentaux étaient placés en liberté chez l'habitant. Elle a pu montrer que la représentation de la maladie
mentale s'actualisait à travers des expressions particulières.
Exp : Elle note que des paysans qui hébergent des malades mentaux qui ne sont pas de la famille, dans
certains foyers le malade est intégré, alors que dans d'autres au contraire il est victime d'une
ségrégation. L'opposition de ces deux pratiques s'avéra si nette, qu'au départ l'auteur émit l'hypothèse
de deux représentations rivales de la maladie mentale pour cette même population. Mais une analyse
plus fine montra qu'il s'agissait bien d'une seule et même représentation, seulement la cohérence de la
représentation (malgré la diversité des pratiques) était assurée par une "théorie psychiatrique naïve"
adoptée par ces paysans. Cette théorie met enjeu deux éléments essentiels dans la maladie mentale : le
cerveau et les nerfs. Pour cette population , un malade atteint du cerveau sont inoffensifs et peuvent être
intégrés, les malades des nerfs sont par contre dangereux et doivent être écartés. Les individus
établissent donc des catégories de malades, qui se retrouvent à travers des expressions particulières et
qui traduisent une théorie scientifique naïve concernant les causes de la maladie. Le malade mental est
désigné sous l'appellation de "Bredin" qui s'oppose au groupe d'accueil "les civils". Cette différence de
terminologie exprime une différenciation sociale entre les malades et les bien portants. La catégorie des
"Bredins" se subdivise en cinq catégories qui permettent de ranger d'emblée tout nouveau venu et
d'adapter son comportement par rapport à lui: on a ainsi "l'innocent'' dont le cerveau ne s'est pas
développé, "le maboul" qui correspond à un détraquement cérébral et qui n'est donc pas dangereux, "le
fou mental" dont on ne voit pas de signe visible de folie, mais dont le regard et le comportement
"sournois" indiquent une méchanceté imputable au détraquement des nerfs, le "gars de cabanon" sans
signe visible non plus, sinon une déviance affirmée et une méchanceté imputée au nerfs. Ces catégories
sont présentées par ordre croissant d'importance et par ordre de dangerosité. On a ainsi un classement

Créé par Carnegie 9/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

par prototype "Le Bredin " qui est le mot générique pour désigner celui qui est atteint d'une maladie
mentale et les autres mots plus spécifiques qui renvoient à des états mentaux plus ou moins confus et à
un certain degré de dangerosité. L'explication de la maladie mentale se fait à travers des expressions
particulières "un détraquement des nerfs" du à "un choc" "peur de guerre" "c'est cette peur qu'il a eu et
qu'est ici" ou encore "sa femme l'a quitté, c'est quelque chose qui est resté là dans le cerveau et qui a
tourné". Il y a ici la visée principale et pratique de la représentation sociale de la folie, consistant à
savoir le comportement qu'il faut tenir en fonction du "classement" de l'hôte.

1.4.4. Recherches expérimentales

Des recherches expérimentales ont également été réalisées, elles portent notamment sur la structure des
représentations et sur les conditions de transformation d'une représentation. Elle reposent sur la théorie du noyau
central ( Flament, 1979, puis développée plus tard par Abric, 1984 ).
Pour ce qui. concerne le premier point, il apparaît que toute représentation s'organise autour d'un Noyau Central
et d'éléments périphériques. Moscovici avait pressenti leur existence, et les avait appelé système ( noyau )
figuratif et système ( éléments ) périphériques. Ceux-ci formaient un réseau.
1/ Toute RS a des éléments partagés par l’ensemble du groupe considéré. Le noyau central est un sous-ensemble
de la représentation composé d'un ou de quelques éléments dont l'absence déstructurerait ou donnerait une
signification radicalement différente à la représentation dans son ensemble. Le Noyau Central de la
représentation est celui qui résiste le plus au changement. Il est constitué d'éléments non-négociables, stables et
cohérents entre eux.

Les éléments centraux ont une fonction organisatrice et générative, ils vont donner une orientation générale à la
représentation sociale ( valeur de l'objet, bien ou mal ). Pour l'exemple du sida, un des éléments centraux est le
mode de contraction de la maladie : seront bien considérés les malades transfusés et hémophile, mal pour les
toxicomanes…Si les éléments centraux changent, ce n’est plus la même représentation.
2/ Les éléments périphériques sont des éléments moins centraux de la représentation sociales. Ils jouent
néanmoins deux rôles essentiels : celui de décryptage de la réalité, et celui de tampon. Pour ce qui concerne le
premier rôle ils permettent à l'individu de comprendre et de mieux maîtriser les événements qui surviennent en
leur assignant une signification. Par exemple le mot « psychanalyse » activera une série de significations et
l'individu saura comment réagir dans une situation où la psychanalyse est en question. Pour ce qui concerne le
deuxième rôle (rôle de tampon), cette fonction apparaît dès lors que l'individu est confronté à des événements qui
viennent contredire son système de représentation (ex : le sujet s'aperçoit que la psychanalyse qu'il croyait se
résumer à des ineptie, est décrite sur la base de son expérience propre, par un individu en qui il a une grande
confiance (pour son sérieux) comme étant finalement une science qui permet de mieux comprendre le
fonctionnement de l'être humain). Les éléments périphériques se « déforment » « changent» mais cela n'affecte
en rien le contenu global et l'orientation générale de la représentation sociale touchée (dans le cas présent
l'individu risque d'ajouter un élément dans sa représentation périphérique : « dans certains cas elle peut-être utile
»).les éléments périphériques sont en étroite relation entre eux, ils sont négociables ( =non spécifiques ou
caractéristiques de la représentation sociale ), peuvent évoluer ( instables ), être incohérents et parfois
individuels.
Il y a quand même des liens forts entre éléments du noyau et éléments périphériques, la périphérie permet au
système central de rester stable. En effet, toute la représentation sociale est affectée si un ( même seul ) élément
central change, il se produit une propagation dans le système entier. Si un élément périphérique est changé, il se
produit la plupart du temps une diffusion sans réelle conséquence : les éléments périphériques permettent de
déchiffrer la réalité, ils donnent une grille de lecture, ont un rôle de défense du système central : pourquoi ? une
loi de fonctionnement de l'individu indique que l'individu aime la stabilité, il ne supporte pas de ne pas pouvoir
prédire les évènements. Il a donc tendance à chercher des causes, conséquences, à créer des chaînes causales…
cela permet un système de défense pour conserver les croyances, les représentations sociales, en fait de préserver
le système central alors même que dans la réalité, certains événements viennent le contredire.
Chaque cognition est alors composée d'un système central, organisateur ( stable ) et disposant d'une orientation,
puis d'un système périphérique qui sert au décryptage et fait office de tampon entre réalité extérieure et
représentation sociale ( réalité intérieure ).

ABRIC (1984) (1989): La théorie du noyau central :


Mise en évidence du noyau central et de son caractère stable et organisateur : le noyau central a une fonction
organisatrice : si on ne donne pas aux sujets des informations portant sur le système du noyau central, ils
retiennent moins de choses. Abric (1984 puis 1989)22 réalise une expérimentation en deux phases.

Créé par Carnegie 10/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

1ère phase : 1. Il s'agit de mettre en évidence le contenu et le groupe de la représentation sociale de


l'Artisan : pour cela, Abric réalise des entretiens ( 100 personnes à travers toute la France ). De ces
entretiens, on extrait des items qui sont des éléments du champs de la représentation sociale.
2. 103 personnes passent ensuite une épreuve d'association verbale ( quels mots viennent directement à
l'esprit lorsqu'on leur présente le mot "artisan". On en extrait des items, dont certains sont fréquents, et
donc partagés…donc centraux.
3. 160 sujets passent une épreuve de tri successif hiérarchisé ( assez spécifique de la représentation
sociale ) : sur 64 items, on demande aux sujets d'en choisir les 32 plus représentatifs. Sur les 32
restants, on demande à nouveau aux sujets de choisir la moitié ( 16 ) la plus représentative de l'objet.
on regarde les derniers résultats obtenus pour en tirer les items centraux, ceux qui sont le plus
fréquemment retenus par une large partie de la population.
Ces items sont : « travailleur manuel », « amour du métier », « travail personnalisé », « travail de
qualité » et « apprenti ». ces cinq expressions pourraient former le noyau central de « l’artisan ».

2ème phase : ces items ont-ils une fonction organisatrice ? cette phase vise à démontrer le rôle central :
92 sujets doivent mémoriser une liste de 30 items. VD 1 : restitution immédiate ; VD 2 restitution
différée ( 15 minutes après ) : il y a 2 VI : VI 1 absence ou présence d’élément central donné dans la
liste ( les 5 éléments centraux sont donnés en même temps ). VI 2 : indications données aux sujets avant
de leur présenter la liste :représentation invoquée ( l’expérimentateur dit au sujet quel est l’objet
auquel les items se réfèrent : ce faisant, on active la représentation sociale de l’artisan.) ou
représentation non-invoquée ( on ne dit rien ). L’hypothèse est que les éléments centraux devraient être
mieux restitués que les éléments périphériques : on obtiendra de meilleures restitutions lorsque la
représentation sociale est invoquée
Résultats
Mémoire immédiate (proportion des mots mémorisés)
Représentation
Invoquée Non invoquée
éléments centraux .73 .78
Déments périphériques .61 .65
Mémoire différée (proportion des mots mémorisés)

Représentation
invoquée Non invoquée
éléments centraux .77 .76
Déments périphériques .55 .53

On constate que la première hypothèse est validée : les éléments centraux sont mieux restitués, que ce soit en
mémoire immédiate ou en mémoire différée. Par contre, la 2ème VI n’a aucun effet.

Conditions de transformation :
Pour dire qu’une représentation sociale a changée, il faut un changement au niveau du noyau central, sinon, on
parle juste de petites évolutions. En 1989, Claude Flament prédit dans la théorie que, pour qu’il y ait une
transformation de la représentation sociale :
• Il faut qu’il y ait incompatibilité entre le noyau central et la réalité ( incohérence, informations
contradictoires)
• Cela ne suffit pas, l’incompatibilité doit être suffisamment forte, très marquée afin que le système
périphérique ne puissent l’absorber totalement.
• Il faut en outre une fréquence importante des informations non-cohérentes avec le système central.
Exp : Guimelli rédige en 1985 une thèse qui sera publiée en 1989 : il étudie la transformation de la
représentation sociale pour les chasseurs du Languedoc. La transformation de la représentation sociale
pour les chasseurs est due à un changement de pratique liée à la chasse : ces nouvelles pratiques
rentraient en contradiction avec le système central, qui plus est une contradiction très importante :
avant, on chassait pour prélever du gibier. Dans les années 70, les lapins ont été victimes de la
mixomatose, qui en a tué entre 80 et 90%. Les chasseurs se sont donc rabattus sur d’autres gibiers…
1) Raréfaction du gibier
2) Les chasseurs tuent d’autres gibiers, mais ceux-ci ne se reproduisent pas aussi vite que les
lapins
3) Raréfactions du nouveau gibier
4) Les chasseurs décident d’introduire du gibier d’élevage

Créé par Carnegie 11/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

5) Gestion du territoire : finalement, les chasseurs cultivent de la nourriture pour le gibier et


contribuent à leur préservation, d’où une incohérence flagrante avec le but originel qui
était de tuer le gibier.
La nouvelle représentation de la chasse comporte deux schèmes : prélèvement du gibier et gestion du
territoire…Guimelli interroge alors des chasseurs, des anciens ( + de 40 ans) et des jeunes. Les anciens
ne mettent pas ou peu en œuvre ces nouvelles pratiques, leur système central ne contient qu’un élément,
leur but est de prélever du gibier ; les jeunes, qui ont connu la récession, disent aimer l’aspect convivial
et sportif, leur représentation comporte les deux éléments.
Cette transformation a été progressive, ce qui est assez rare : dans d’autres cas, la transformation est
brutale ( à partir du moment ou le système périphérique ne peut plus absorber ). Si cela se résout au
niveau du système périphérique, il y a peu de personnes changées et pas de changement de
représentation sociale ; si cela se résout au niveau du système central, beaucoup de personnes
changent, et la représentation avec.

1.4.5. Conclusion sur les représentations sociales


Notre vision du monde, nos comportements nos relations avec autrui sont guidées par nos
représentations, c'est-à-dire nos attitudes, nos savoirs et nos croyances à l'égard des objets qui nous
entourent.
Nos représentations ont plusieurs caractéristiques :
Elles sont hiérarchisées et s'organisent autour d'un NC (élément pivot) et d'éléments périphériques.
Elles sont susceptibles de modifications mais pour cela il faut (en général) qu'un élément du NC soit
remis en question.

II. gestion de la réalité sociale. le fonctionnement sociocognitif


2.1. Introduction : La notion de consistance cognitive
La notion de consistance cognitive repose sur le point de vue assez intuitif que nos cognitions
(connaissances que nous avons de nos opinions, savoirs, comportements etc.) sont consistants de même que
le sont les relations entre ces cognitions. L’individu est donc sensé fonctionner selon une certaine cohérence.
Cette intuition de consistance se traduit à plusieurs niveaux :
1/ consistance comportementale; nous avons l’impression que les comportements d’autrui ainsi que
les nôtres sont cohérents entre eux, qu’ils relèvent d’une tendance globale : par exemple, si un individu a un
comportement A puis un comportement B, on va chercher et y trouver de la cohérence. Cela permettra
ensuite des prédictions et de l’anticipation. de plus, cela implique que chaque sujet va rétablir une cohérence
entre les comportements qui paraissent inconsistants, et qu’il aura des attentes comportementales qui reposent
sur cette même cohérence. Au début, on avait l’idée que ça fonctionnait comme ça au niveau des
comportements.
2/ consistance entre l'être, le dire et le faire; c’est le niveau discursif.
3/ consistance en matière de croyance et d'attitudes ; c’est le niveau cognitif, entre attitudes,
croyances, connaissances…(très important).
Cela se joue au niveau de l’explication que l’on donne ainsi que dans les prédictions.
Ce postulat selon lequel nos cognitions sont consistantes (en réalité, il y a quelques incohérences
supportables par l’individu) donneront lieu à deux grandes théories en psychologie sociale La théorie
de la dissonance cognitive de Festinger (1957)23, 2/ la théorie de l'équilibre cognitif de Heider (1946)24

2.2. La théorie de la dissonance cognitive (Festinger, 1957)


La théorie de Festinger sur la dissonance cognitive et les processus mis en œuvre par le sujet pour rétablir
la consonance ( elle va étudier ces processus mis en jeu pour réduire les inconsistances )
Cette théorie repose sur la notion de consistance. Elle suppose 1/ qu'il existe des états privilégiés (cohérence) des
systèmes cognitifs et que ces états tendent vers la stabilité; 2/ que tout écart par rapport à la stabilité du
système entraîne un état de dissonance cognitive et suscite par contrecoup un travail cognitif orienté vers la
réduction de cet écart. Ce travail est appelé « réduction de la dissonance » ou encore « rationalisation ». le
système cognitif serait instable à chaque fois que le sujet serait confronté à une cognition dissonante
(information contradictoire) : la force dissonante dépend du nombre de cognitions affectées par la dissonance
ainsi que de l’importance de ces cognitions (centrales, périphériques) ; l’état de dissonance est d’autant plus

Créé par Carnegie 12/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

grand que ces cognitions sont nombreuses et importantes. Il entraîne de la part de l’individu une tentative de
réduction de dissonance.

La réduction de la dissonance peut se faire selon quatre modes différents :


1/ déni (scotomisation) de la cognition dissonante ; le sujet nie la véracité des nouvelles cognitions (par
exemple, un fumeur entend que fumer provoque le cancer du poumon : il dira : «ce n’est pas prouvé, pas
vrai… »
2/ Etayage : ajout de nouvelles cognitions (consonantes) pour rétablir le rapport entre cognitions consistantes et
inconsistantes en faveur des cognitions consonantes; l’étayage joue sur les proportions des cognitions : le sujet
va trouver de bonnes raison pour expliquer ces comportements. Par exemple, s’il possède une seule cognition
pour expliquer qu’il fume, et qu’on lui apporte une nouvelle en sa défaveur, il va trouver une seconde cognitions
en sa faveur (« fumer me détend… » cela devient plus important que les risques de cancer encourus).
3/ rééquilibrage (différentiation cognitive) modification de l'importance de la cognition dissonante; le sujet
atténue la portée de la cognition dissonante (« il faut bien mourir de quelque chose », « il y a 1 chance sur
1000000 qu’il y ait une influence du tabac… »)
4/ changement radical de la cognition initiale concernée en procédant d'ailleurs par étayage. Dans l’exemple
choisis, le sujet s’arrête tout simplement de fumer.

Les principales variables manipulées : quelques exemples de recherches expérimentales


Pour Festinger, le changement de convictions est donc une conséquence d'un état de dissonance entre un
comportement et une attitude, entre des attitudes différentes, ou entre une opinion émise et un comportement.
Cette théorie donnera lieu à de nombreuses recherches expérimentales. Ces recherches expérimentales
permettront de mieux appréhender l'ensemble des paramètres qui entrent en ligne de compte dans ce phénomène
de réduction de dissonance. La plupart, sinon toutes les recherches effectuées visent à savoir comment on peut
changer les attitudes.

Hypothèses théoriques sur lesquelles reposent ces expérimentations

Paradigme expérimental utilisé


Les recherches expérimentales sur la dissonance cognitive reposent sur des paradigmes expérimentaux assez
semblables (c’est presque toujours le même paradigme utilisé). L'expérimentation se déroule généralement en
trois grandes phases
1/ mesure de l'attitude des sujets concernant un objet social donné; on repère les cognitions cohérentes,
consonantes. Cette mesure d’attitude se fait de manière incidente (le sujet ne sait pas que l’on observe cette
attitude)
2/ les sujets sont amenés à avoir un comportement (ou à tenir des propos) contraire à leurs convictions qui
entraîne un état de dissonance; plusieurs jours, mois après, ou avec un autre groupe, on va mettre les sujets dans
une dissonance cognitive, soit une confrontation avec une cognition dissonante, soit une confrontation avec un
comportement dissonant
3/ les sujets sont supposés opérer un travail de réduction de la dissonance et l'expérimentateur mesure des effets
de ce travail (mesure de l'ampleur et des caractéristiques du réaménagement de l'univers cognitif des sujets). S’il
y a une variation ( encore plus si elle est grande ), c’est qu’il y a eu un changement d’attitude entre la 1ère et la
2ème mesure. Parfois, on effectue une 3ème mesure voire une 4ème, plus ou moins éloignée dans le temps, afin
d’évaluer la stabilité de ce changement
la 1ère mesure se doit d’être réalisée de manière incidente pour éviter un biais de cohérence : le sujet, s’il sait être
évalué sur un aspect de son psychisme, essaiera de garder une cohérence dans ses réponses. Ainsi, après un
événement qui aurait du le faire changer d’attitude s’il n y avait pas prêté attention, il se forcera à rester sur ces
réponses précédentes. Il y a plusieurs façons de compenser ce biais :
• On créé une affabulation : on dit aux sujets que l’étude a un autre but que le vrai, ou on leur dit qu’ils
peuvent changer d’avis (en insistant bien sur ce point).
• Méthode Split-half : l’échantillon est partagé en 2 groupes, et chacun passe une des deux mesures.
L’inconvénient majeur est que l’on a ici deux groupes différents, on a donc une variation de groupe, et non
intra-individuelle. Pour pallier à ceci, on peut plutôt faire les deux mesures à des moments très éloignés dans
le temps, pour que les sujets ne se souviennent plus de leurs réponses précédentes.
Trois grands types de paradigmes expérimentaux sont utilisés
1- Recherches dans lesquelles on invite un sujet à faire ou à dire le contraire de ce qu'il ferait ou dirait
spontanément. C'est le paradigme de « la soumission forcée ». Plusieurs variantes ont été envisagées
2- Recherches dans lesquelles on conduit le sujet à prendre une décision, à faire un choix entre des
éventualités également désirables. C'est le paradigme de « la décision ».

Créé par Carnegie 13/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

3- Recherches dans lesquelles on conduit le sujet à émettre un comportement coûteux pour se trouver dans
une situation qu'il estime être attractive. Dans ces expérimentations, l'attente du sujet n'est pas confirmée. C'est le
paradigme de « l'initiation » ou de « l'attente non confirmée »

Le paradigme de « la soumission forcée »

1- Recherches dans lesquelles on manipule le degré d'implication du sujet: émission d'un discours
contraire à ses convictions / simple exposition à ce discours
L'expérimentation réalisée par Janis et Mann (l 965)25 dans laquelle les sujets sont amenés à tenir des propos qui
vont à l'encontre de leur comportement est une des plus classique (c’est la première).
Exp : l’expérimentation porte sur le tabac (comportement et attitude vis-à-vis de celui-ci).
Dans un 1ère phase, on mesure l’attitude, sous forme d’enquête, à 3 niveaux : cognitif (le sujet explique
ce qu’est le tabac), conatif (comportement : combien ils consomment) et affectif ( y prennent-ils du
plaisir ?). pour l’expérience, on ne garde que des fumeurs dont la consommation est importante (ici,
que des filles). Pour éviter le biais de cohérence, on laissera passer beaucoup de temps.
2ème phase, on met les sujets en état de dissonance, dont on manipule la force : on répartit les sujets
dans 3 groupes.
Le groupe 1 effectue un jeu de rôle : on sollicite les sujets pour jouer le rôle d’une patiente qui
a un cancer du poumon et vient de l’apprendre ( on ne les force pas à accepter ). Elles le font
publiquement, d’où une dissonance importante entre les cognitions et l’attitude qui les remet en cause.
Le groupe 2 doit visionner un film dans lequel on voit la prestation d’une personne du groupe
1. La tâche des sujets est d’évaluer la prestation, d’où une dissonance moyenne.
Le groupe 3 est le groupe contrôle qui effectue uniquement les 2 mesures (pendant la période
entre ces deux mesures, il y avait eu une campagne anti-tabac du gouvernement). La dissonance est ici
faible voire quasi-inexistante.
3ème phase, on mesure l’intention des sujets (combien de cigarettes comptent-ils fumer ?). on effectue
des mesures jusqu’à 18 mois après, par questionnaire.
VIth : force dissonante. VIop : degré d’implication. L'hypothèse générale est que plus le sujet est
impliqué plus la dissonance sera forte. Les hypothèses théoriques sont les suivantes : les personnes
ayant jouer le jeu de rôle seront plus impliquées (libre, de façon publique). Les sujet du groupe 2 seront
moins impliquées, celles du groupe 3 ne seront presque pas impliquées. On manipule la force de la
dissonance cognitive (opérationnalisée, elle devient le degré d’implication du sujet)
Résultats : les effets sont faibles et instables pour le groupe contrôle. Pour le groupe 2, la
consommation est moyenne mais stable (légère diminution). Après 18 mois, les habitudes durent encore.
Pour le groupe 1, la diminution est forte et stable (une dizaine de cigarettes en moins par jours, et
l’effet dure. La dissonance est forte, mais surtout visible ! ! le sujet s’est engagé. Si le sujet est
contraint, cela ne marche pas.
D'autres expériences ont été réalisées sur le même principe. Ainsi, Culbertson (1957)26 avait-il provoqué un
changement d'attitude en ce qui concerne les préjugés raciaux.
Exp : se déroulait en trois phases.
Phase 1 : mesure d'attitude des sujets vis-à-vis de la communauté noire. La population visée était une
population d'étudiants (N=95).
Les sujets ont été invités à remplir une première échelle d'attitude en 6 points relativement à un objet
donné « position vis-à-vis de l'éventualité que des membres de la communauté noire s'installent dans
des logements du quartiers qui étaient auparavant occupés par des blancs ». L'échelle proposée allait
de « tout à fait opposé » à « tout à fait d'accord d'autoriser les noirs à occuper les logements de
blancs». Sur les 95 sujets interrogés, 87 avaient l'attitude requise (extrémisée « contre »). Les sujets
extrémisés « pour » ont été éliminés de l'analyse des résultats (sujets déjà convaincus). Cette première
échelle permettait de mesurer l'attitude vis-à-vis d'un objet spécifique.
Une deuxième échelle d'attitude leur a été proposée. Il s'agit d'une échelle de type Lykert qui permettait
de mesurer l'attitude générale vis-à-vis des membres de la communauté noire. Tout comme la première
mesure, seuls les sujets ayant une attitude de rejet vis-à-vis de cette communauté ont été retenus pour
l'analyse des résultats. Sur les 95 sujets interrogés, 90 avaient l'attitude requise.
Phase 2 : deux semaines après, sous le prétexte d'une étude sur les relations ines, ces sujets (ayant des
préjugés raciaux) ont été invités à participer à un jeu de rôle : plus précisément sur les 90 sujets (en
tout) qui avaient l'attitude requise, 46 ont dû jouer durant 15 minutes le rôle d'un individu qui défend la
cause des noirs, et 44 ont dû regarder quelqu'un d'autre jouer cette simulation .
Phase 3 : nouvelle mesure d'attitude (de 7 à 10 jours plus tard). Les sujets répondu aux mêmes
questions que lors de la première phase. Quelques questions ont néanmoins été rajoutées concernant la
perception de l'expérience par les sujets (avaient-ils compris quel était le but réel de cette

Créé par Carnegie 14/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

expérimentation ? si oui cela avait-il affecté leur comportement). Bien que les réponses à ces dernières
questions sont à prendre avec précaution, elles permettent de s'assurer de la plausibilité perçue de la
recherche.
Cadre théorique : théorie de la dissonance cognitive
VI : implication (dissonance) des sujets, deux modalités : forte (groupe de sujets « acteurs »), faible
(groupe de sujets « spectateurs »). VD : nombre de sujets ayant changé d'attitude entre les deux
mesures
Résultats : comparativement au groupe contrôle (groupe de sujets (N=20) n'ayant participé qu'à la
première et à la dernière phase de l'étude (mesure d'attitude) les sujets expérimentaux (« acteurs » et «
observateurs ») ont plus changé leur attitude dans le sens de la tolérance vis-à-vis des noirs et ce que ce
soit pour l'attitude relative à l'objet spécifique ou que ce soit l'attitude générale.
Le deuxième résultat concerne la comparaison du nombre de changement d'attitude en fonction du
degré d'implication. Les sujets du groupe « acteur » ont davantage réduits leurs préjugés que ne l'ont
fait les sujets du groupe « spectateurs ».

2- recherches dans lesquelles on manipule la hauteur des récompenses attribuées au sujet pour émettre un
discours contraire à ses convictions. On étudie l'expérimentation de Brehm et Cohen (1962)27 dans laquelle des
étudiants de l'université de Yale sont rémunérés pour tenir des discours contraires à leurs convictions.
Exp : on amène les sujets à avoir des discours contredisant leurs cognitions, mais en plus, on les
payent, la situation semble donc naturelle. A l’époque durant laquelle se passe l’expérience, les
étudiants ont manifesté au sein du campus, la police est intervenue est a exercée une répression.
Phase 1 : l’attitude est mesurée par une enquête et se révèle globalement négative vis-à-vis de la police.
Les sujets ayant répondu ne participe pas à la deuxième phase (dissonance)
Phase 2 : on créé une affabulation : l’expérimentateur contacte les étudiants : il dit être délégué par les
services des ressources humaines pour recueillir les opinion des étudiants, positifs et négatifs. « j’ai
déjà beaucoup d’opinions négatifs ; accepteriez-vous de me donner des arguments en faveur de la
police ? »l’étudiant était donc libre d’accepter ou de refuser (c’est très important).Re-proposition : on
ajoute qu’il y aura une rémunération selon la participation (on dit à certains qu’ils seront payé 10$, à
d’autres 5$, à d’autres 1$, et enfin aux derniers ½$). La hauteur de la rémunération sert à enclencher
différents processus de dissonance. Chaque sujet ne sait pas ce que les autres ont. La tâche du sujet
consiste à rédiger son argumentaire par écrit. En haut de la feuille est écrit « voilà pourquoi je suis en
faveur de la police ».par la suite, on lui demande d’évaluer son argumentaire (pour qu’il intègre ce
qu’il a dit). Après cela, on lui demande de noter combien il a accepter pour le faire (il faut qu’il
comprenne combien il a été payé.
Phase 3 : ? L'hypothèse générale de cette expérimentation est que la dissonance dépend de la
rémunération : plus la rémunération est forte, et moins la dissonance est grande.
Résultats :ceux qui ont été payés le moins sont ceux qui ont le plus changé d’attitude :
A 10$, il y a un rééquilibrage par atténuation de la portée du comportement réalisé : quand on est bien
payé, on peut invoquer cet élément pour expliquer et atténuer le comportement contre-attitudinel (ils
l’ont fait car ils étaient payés, pas parce qu’ils le pensaient, puisqu’ils ne le pensaient pas). A l’inverse,
ceux qui ont été payé ½$ ne peuvent expliquer ce comportement par le fait qu’ils aient été payé, car la
somme était dérisoire. Ils ont émis un comportement contraire à leurs cognitions et doivent trouver des
raisons pour cela (il n’y avait aucune raison de le faire).

3- recherches dans lesquelles on manipule la formulation de l'interdiction au sujet d'émettre un


comportement qu'il aurait souhaité avoir. L'expérimentation est réalisée par Aronson et Carlsmith (1962)28 .
Exp : les sujets sont des enfants de quatre ans environ (22 enfants), dans cette expérimentation est
manipulée l'importance de la punition qu’encourent les sujets.
Phase 1 :les 22 enfants sont constitués de 11 filles et de 11 garçons. On leur présentent 5 jouets dont on
leur demande de faire un classement de préférence (pour cela, l’expérimentateur demande à chaque
enfants quel jouet il préfère, en lui en montrant seulement 2, il réitère sa questions plusieurs fois afin
d’obtenir un classement des 5 jouets). Cette mesure sert en fait à cerner le jouet qui sera placé en 2ème
position par l’enfant. le sujet n’entre pas immédiatement en dissonance : l’expérimentateur joue un peu
avec l’enfant, puis dit qu’il doit s’absenter quelques minutes. Avant de sortir, il dit à l’enfant de ne pas
jouer avec le jouet N°2. il emploi alors soit une menace légère (« je ne serais pas content si tu joues
avec ce jouet »), soit une menace forte. L’expérimentateur s’en va puis observe l’enfant. (au départ,
l’attitude A devait entraîner un comportement B, on menace l’enfant de punition s’il a ce
comportement.)
Phase 2 : si l’enfant a obéit, il est alors entré en dissonance. Pour qu’il n y ait pas de biais, les enfants
passent les deux modalités (menace forte et menace faible)

Créé par Carnegie 15/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

Phase 3 : on effectue une nouvelle mesure d’attitude (nouveau classement). On s’attarde sur le
classement du jouet N°2. VI : menace (forte ou faible), VD : position du jouet N°2 par rapport à la 1ère
mesure (différence de classement) Les auteurs partent de l'hypothèse générale suivante : « chez une
personne que l'on amène à abandonner l'exécution d'un acte qui lui plaît, et ce sous l'effet d'une menace
de punition, il devrait y avoir dissonance entre le souhait de cette personne et l'interdiction posée. Cette
dissonance devrait être d'autant plus importante que l'action n'a pas été réalisée alors que la punition
annoncée était légère. Dans ces conditions la personne sera amenée à trouver des justifications
supplémentaires à l'abandon de son projet ce qui devrait l'amener à considérer que finalement ce projet
n'était pas si important pour elle »
Résultats
Force de la menace De 2ème à 1ère position Pas de changement de De 2ème à 3ème, 4ème ou 5ème
position position
Faible 4 10 8
Forte 14 8 0
Plus la menace est forte, plus ce que l’enfant a envie de faire devient attractif. A contrario, c’est à
condition que la menace soit faible que l’on obtient le plus souvent un changement d’attitude : si
l’enfant encourt un moindre risque, c’est plus efficace. Le sujet constate qu’il a un comportement
incohérent avec son attitude. Si la menace est forte, il se servent de cela, si elle est faible, ils se disent
que l’objet ne les intéressait pas tant que ça. C’est le même processus que pour l’expérience
précédente.

Le paradigme de « la décision »

recherches dans lesquelles on manipule le degré de liberté de choix effectué par le degré de liberté de
choix effectué par le sujet
l’expérimentation est réalisées par Brehm (1956)29
Exp : les sujets sont des étudiantes recrutées sous le prétexte d’une étude Marketing (vente de produits)
Phase 1 : elles doivent classer des produits d’utilisation courante (8 objets), du plus au moins attractif.
Phase 2 : l’expérimentateur dit aux étudiantes qu’elles recevront en cadeau l’un des objets. La VI est la
liberté de choix qu’elles ont : dans la 1ère condition, elles ont le choix entre deux objets également
attractifs (dissonance forte), dans la 2ème condition, elles ont le choix entre deux objets inégalement
attractifs (dissonance faible). Dans la dernière condition (contrôle), elles reçoivent d’office un objet
bien côté.
Phase 3 : on effectue un nouveau test et l’on observe la variation de classement pour l’objet choisis
dans les deux mesures. La VD est cette variation. Dans cette expérimentation, l’auteur met à l’épreuve
les hypothèses suivantes : H1 (Lorsque l’individu est placé devant un choix face à deux éventualités,
cela entraîne une dissonance. Lorsque le choix est effectué, l’individu va entamer un processus de
réduction de dissonance ce qui le conduira à considérer l’éventualité choisie comme étant plus
désirable et à déprécier l’éventualité rejetée »; H2 «La dissonance sera d’autant plus importante que
les deux éventualités au départ étaient également désirables ».
Résultats : dans la condition 1, on obtient un surclassement plus important de l’objet choisis
comparativement à la condition 2. On n’observe pas de différences pour la condition 3.
Les sujets sont amenés à faire un choix entre deux options. Le taux de dissonance va varier selon l’attractivité de
ces deux produits : s’ils sont également attractifs, le taux de dissonance sera fort. Cependant, il y aura une
dissonance dans tous les cas : le sujet va surévaluer l’intérêt de l’objet qu’il a choisis. Le sujet achète et trouve
son produit encore mieux une fois qu’il l’a acheté. La dissonance vient du fait que l’on s’enlève les moyens de
faire autre chose : c’est le fait de choisir l’un plutôt que l’autre qui entraîne une dissonance : on choisis l’objet A,
de ce fait, on entre en dissonance avec l’objet B, et on renforce notre choix par de nouvelles justifications en
faveur de notre choix.

Le paradigme de l’initiation ou de l’attente non confirmée

recherche dans laquelle on manipule le coût du comportement du sujet pour accéder à une situation qu’il
estime désirable:
L’expérimentation est réalisée par Aronson et Mills (1959)30 . ils sont partis d’études réalisées en Ethnologie : ils
ont constaté qu’ils existe des rituels d’initiation, par exemple pour le passage de l’étape adolescente à l’âge
adulte. Certains de ces rituels sont d’ailleurs très violents ! quelle en est leur signification ? L’importance de ce
rituel donne la conscience de ce nouveau statut (le but est de le faire ressentir), les initiés vont accorder plus de
valeur à ce statut, d’autant plus qu’il aura été dur…plus le rituel est marquant, plus la dissonance est forte (
l’initié a fait d’énormes effort pour un résultat qui n’est pas si important). il y a une surévaluation du statut

Créé par Carnegie 16/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

adulte, compte-tenu de la dissonance entre le bénéfice du statut acquis et l’effort réalisé pour atteindre ce but. En
fait, le sujet réduit justement cette dissonance en surévaluant l’intérêt du nouveau statut. Dans cette
expérimentation, les auteurs conduisent des étudiantes à émettre un comportement coûteux pour accéder à une
situation qu’elles estiment source d’intérêt. L’hypothèse générale est que pour les sujets la dissonance cognitive
sera d’autant plus forte qu’un comportement coûteux a été émis alors même que la situation visée n’était pas
conforme aux attentes. Dans ce cas, comparativement aux sujets n’ayant pas eu à émettre de comportement
coûteux, ces sujets devaient entamer un processus de réduction de la dissonance qui devait les conduire à juger
plus favorablement la situation visée. La VI est l’importance de l’épreuve que les sujets auront à passer : la VIop
est la force du rituel.
Exp : des étudiantes sont recrutées sous le prétexte d’une participation à des groupes de discussion (il y
en a souvent aux USA)
On leur dit que c’est un groupe de discussion de Psychologie sexuelle, et que pour y participer, les
étudiantes doivent savoir parler de sexe en public. Il y a 3 conditions : dans la 1ère, les étudiantes
doivent lire en public une liste de mots obscènes et lire le récit de 2 actes sexuels (à l’époque, ça devait
être terrible, l’initiation est donc sévère). Dans la 2ème condition, elles doivent lire une liste de mots de
sens sexuel mais non obscène (initiation légère). Pour la 3ème condition (contrôle), il n y a pas
d’initiation.
On leur annonce qu’elles sont aptes et vont participer à la première séance, dont on fait en sorte qu’elle
soit totalement inintéressante. Elles doivent visionner un film sur le comportement sexuel des animaux,
suivi d’un débat. On demande ensuite à tout le monde de noter l’intérêt de la discussion : elles doivent
attribuer un score à chacun des débattants. La VD est la différence de score entre les trois conditions.
La VI est l’initiation (rituel d’initiation) L’hypothèse est que les sujets ayant subit une dissonance
sévère devraient trouver plus intéressant la séance.
Résultats : ils sont conformes aux hypothèses : lorsque la dissonance est sévère, les étudiantes disent de
la séance qu’elle est plus intéressante, que les débattants sont plus intéressants comparativement à la
condition à faible dissonance (l’effet est encore plus flagrant lorsqu’il n y a pas de dissonance). Si
l’effort est disproportionné, la réduction de dissonance se traduit par une surévaluation.

Conclusion sur la dissonance cognitive


La théorie de la dissonance cognitive de Festinger est une théorie qui permet d’envisager l’étude du changement
d’attitude d’un point de vue cognitiviste. En ce sens, elle s’oppose aux études classiques d’inspiration
béhavioriste qui prenaient en compte l’émetteur, le message et les caractéristiques du récepteur sans mettre
l’accent sur les processus cognitifs du récepteur.
La théorie de Festinger permet d’expliquer le changement d’attitude en se référant à la notion de réduction de
dissonance et donc aux processus de rationalisation.
Cette théorie, et les expérimentations qui s’en sont inspirées ont permis de mettre en évidence les principaux
résultats suivants:
1/ Lorsqu’un individu adopte publiquement un rôle qui est en contradiction avec son point de vue, il peut en
résulter de la dissonance. La dissonance peut être réduite par le changement d’attitude personnelle dans la
direction du point de vue publiquement défendu.
2/ Lorsqu’un individu est amené à tenir des propos contraires à son point de vue et qu’il est récompensé pour le
faire, la dissonance est d’autant plus forte que la récompense est faible. La dissonance est là aussi réduite par un
changement d’attitude en direction des propos tenus.
3/ Le phénomène est analogue pour ce qui concerne les punitions. La dissonance est d’autant plus importante
que l’obéissance a été obtenue alors que la punition encourue était faible.
4/ Lorsque les individus peuvent effectuer un choix, ils changent ultérieurement leurs attitudes pour appuyer leur
choix en faveur de l’option pour laquelle ils ont opté et pour dévaloriser l’option rejetée.
5/ Lorsque le sujet est conduit à émettre un comportement coûteux pour accéder à un statut (une fonction) qu’il
estime prestigieux au départ, il sera en état de dissonance cognitive, si ce statut ne correspond pas à ses attentes,
dans ce cas, l’opération de réduction de dissonance se soldera par une surévaluation du statut atteint.
La théorie de Festinger rend compte d’un changement d’attitude essentiellement postcomportemental.
La théorie de Heider que nous allons maintenant introduire, traite également d’une modification des cognitions
et attitudes, mais cette modification n’est pas consécutive à un comportement. IL s’agit le plus souvent de rendre
compte de la façon dont l’individu organise et réorganise ses cognitions en fonction des informations qui lui
proviennent du milieu extérieur. Cette réorganisation des cognition tend vers une restauration de l’équilibre et un
retour vers la cohérence, ou comme le formule Heider, un retour vers « les bonnes formes ».

2.3. La théorie de l’équilibre cognitif (Heider 1946)

Créé par Carnegie 17/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

Heider est un théoricien issu du courant gestaltiste. Il a énormément influencé la psychologie sociale car il lui a
permis de dépasser les conceptions béhavioristes. Heider se démarque de Festinger en ce sens qu’il met l’accent
sur les processus cognitifs du sujet et sur la façon dont l’individu se construit une représentation du monde qui
l’entoure. La réflexion de Heider trouve son origine dans l’étude des relations interindividuelles. Il conçoit ces
relations comme des réseaux caractérisés par un certain équilibre. L’individu serait toujours à la recherche d’un
équilibre dans ses relations avec autrui. Dans le cas où l’un des réseaux relationnel serait en état de déséquilibre,
une dynamique s’exercerait afin de retrouver l’équilibre (c’est-à-dire l’harmonie).
Nous exposerons dans un premier temps la théorie de l’équilibre et dans un deuxième temps, les
expérimentations qui s’en sont inspirées.
Principes sur lesquels repose la théorie de l’équilibre cognitif
Dans la théorie de la dissonance, c’est la venue d’une cognition dissonante qui entraîne la réorganisation de
l’univers cognitif ; dans la théorie de l’équilibre cognitif, le sujet anticipe un déséquilibre et effectue alors une
réorganisation. Une autre différence est que les événements produisent un déséquilibre dans la théorie de la
dissonance, alors que dans la théorie de l’équilibre, cela ne s’applique qu’aux relations inter-personnelles. Pour
cette théorie de l’équilibre, Heider postule 1/ que les liens qui existent entre les individus, mais également entre
les personnes et les objets sociaux, doivent (selon la conception de l’individu) constituer de « bonnes formes »
c’est-à-dire être équilibrées;
2/lorsque l’individu est confronté à des liens qui s’écartent des bonnes formes, et donc de l’équilibre, il est tenté
de les modifier afin de les faire tendre vers une position plus satisfaisante (c’est-à-dire équilibrée).
Les conceptions de Heider concernant les relations entre les individus peuvent être symbolisées sous la forme de
«triades» qui prennent en compte : le sujet (Perceiver), l’autre (Other) et l’objet (X) Ces trois éléments peuvent
être liés entre eux par des relations positives ou négatives. Les relations sont de deux ordres:
Les liens affectifs (Like) où l’on retrouve les relations d’amitié (L+) d’amour (L+) mais également des relations
opposées comme la haine (L-);
2/ Les liens d’Union (Unit) où l’on retrouve la possession (U+), l’appartenance (U+), la similarité (U+) la
proximité (U+) mais également leurs contraires (l’éloignement, la différence, la non possession, etc.) qui seront
quant à eux notés U-.
A partir de la définition des entités P, O et x et des liens qui les unissent, L et U, Heider décrit ce qu’il nomme
des bonnes formes qu’il représente de façon schématisée à l’aide de triades. Les bonnes formes sont en fait les
formes équilibrées entre les trois entités, équilibrées en ce qui concerne les liens qui les unissent.
Exemple de Triade décrivant des relations équilibrées entre les trois entités
+ +
P anticipe et rétablit l’équilibre (ex : élève)
O est en relation avec P (camarades)
P + x
X est l’objet ( psychologie sociale)

La théorie de Heider a donc trois caractéristiques principales:


1/ Elle porte sur les cognitions
2/ Elle postule l’existence d’un état privilégié de ces cognitions : l’équilibre
3/ Elle prédit des changements cognitifs ou de comportements en cas de déséquilibre
le sujet est en satisfaction si la relation est équilibrée, en insatisfaction à l’inverse, et dans ce cas, il va tenter de
rétablir l’équilibre, réorganiser les relations pour qu’elles soient en équilibre. C’est la nature de cette
réorganisation qui va être étudiée ; il y a deux solution : modifier sa relation avec autrui ou avec l’objet. (pour
reconnaître si les relations sont équilibrées, ils suffit de multiplier tous les signes ).
Heider postule que chacun a ce type de fonctionnement et sait que les autres l’ont.

quelques exemples d’expérimentations


La théorie de l’équilibre de Heider donnera lieu à de nombreuses vérifications expérimentales. On limitera la
présentation à l’expérimentation de Horowitz, Lyons et Perlmutter (1951)32 qui porte sur la présomption de
similitude des croyances ou des jugements en fonction de l’amitié interpersonnelle et à celle de Morissette (1958,
1971) porte sur des prédictions de relations présentées de façon incomplète. On présentera dans un deuxième
temps l’expérimentation de Jordan (1953) dans laquelle les sujets doivent juger huit situations différentes à l’aide
d’une échelle en 90 points. Nous conclurons ensuite sur la théorie de l’équilibre.

1/ Expérimentations portant sur l’Induction de relations

Exp : les sujets ne se connaissaient pas avant le début de l’expérience, on les fait discuter entre eux
pendant 1H30 de sujets actuels, puis on effectue un test : les sujets doivent évaluer chaque personne du
groupe (sympa,…), puis doit donner son opinion vis-à-vis des thèmes de discussion imposés. Enfin,

Créé par Carnegie 18/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

chaque sujets doit dire (en le devinant) quel est l’opinion de chacun des membres du groupe (on utilise
le même genre d’échelle d’attitude pour la 1ère et la 3èmé tâche). L’hypothèse est que les sujets,
lorsqu’ils vont attribuer les opinions aux membres du groupe, vont le faire en observant un certain
équilibre ( quelqu’un qu’ils auront jugé bien aura, selon eux, une opinion proche du leur).
En fait, dans la première partie de l’expérience, ils établissent des relations P-O et P-x. le but de la
troisième tâche est de leur faire inférer la relation O-x. s’il y a de la sympathie, selon la théorie de
l’équilibre, il y aura une similarité d’opinion et inversement. Les sujets ne prennent pas en compte les
faits objectifs (mais on ne sait pas quels critères ils fixent)
Conclusion sur l’expérimentation de Horowitz et al. (1951): Les sujets ont plus souvent tendance à
inférer une similitude d’opinion entre eux et un autre membre du groupe lorsqu’ils éprouvent de
l’attrait pour celui-ci que lorsqu’ils ne se sentent pas attiré par lui.

Morissette (1958, 1971) dans une des six expérimentations présentées, montre ainsi aux sujets des structures de
relations incomplètes (il manque par exemple le signe d’une relation dans une triade et ils doivent prédire la
relation manquante. Les sujets sont invités à se mettre à la place d’un personnage dont «l’histoire» est mise en
scène à travers des récits.

Exemple: Situation de base « setting » donnée aux sujets


« Trois étudiantes, pour essayer de réduire leur train de vie, partagèrent un appartement durant
plusieurs mois. Conmie cela se produit d’ordinaire, lorsque deux ou plusieurs personnes vivent
ensemble, elles durent affronter de nombreux problèmes tels que la répartition des tâches
domestiques et les problèmes délicats de l’adaptation aux manières de faire de chacune. Elles
surmontèrent bon nombre de ces problèmes. Au cours de ces quelques mois, elles prirent
l’habitude de faire beaucoup de choses ensemble: achats, études, sorties ... Cependant, l’une des
étudiantes dut abandonner ses études en raison d’une maladie contractée par une personne de sa
famille. Pour ne pas augmenter leurs dépenses courantes, et pour restaurer des relations sociales
à présent désorganisées, les deux étudiantes qui restaient mirent une annonce afin de trouver une
camarade susceptible de partager l’appartement.»
« Lorsque vous avez rencontré les étudiantes de ce groupe, Carole et Hélène, Carole vous fit
bonne impression. Selon vous, elle semblait sociable, adaptable et franche. Vous n’avez pas pu
vous faire une opinion sur Hélène, car un engagement important l’obligea à vous quitter aussitôt
que le problème du partage de l’appartement fit décidé.
En parlant à Carole, il était manifeste qu’elle avait beaucoup d’affection pour Hélène.»
Tâche des sujets : faire une prédiction
Consigne : «Essayez de prédire de façon aussi précise que possible quels seront, selon vous, vos sentiments
envers Hélène après deux semaines de cohabitation.»
Note:(extrait d’un livret expérimental adapté aux sujets de sexe féminin, pour les sujets de sexe masculin,
l’histoire mettait en scène des personnages de sexe masculin. Les récits sont toujours ajustés à la population
estudiantine)
Morissette fixe ici expérimentalement P-O et P-x, les sujets doivent inférer sur la relation O-x. ces sujets sont
mis dans une situation d’implication. les résultats obtenus sont conformes aux prédictions, ils vont dans le sens
d’un équilibre (les sujets ont tendance à inférer une relation de rapport à l’objet similaire s’il y a une relation de
sympathie avec autrui.

2/ Expérimentations portant sur le jugement de relations

Exp : Jordan (1953) présente aux sujets 8 situations-type dont 4 sont équilibrées ( les 4 autres sont
déséquilibrées). Ces situations ont un scénario du type de celles de l’expérimentation de Morissette. La
tâche des sujets est de juger (grâce à ne échelle en continuum) le degré de satisfaction ( la situation est-
elle satisfaisante ou non ?). la VI est le type de situation, la VD est le score.
Résultats : globalement et conformément à la théorie de l’équilibre, les situation équilibrées sont jugées
plus satisfaisantes que les situations non-équilibrées. Cependant, les situations comprenant une relation
P-O positives, quelles soient équilibrées ou non, sont jugées plus satisfaisantes que les autres situations.
On appelle cela un biais de positivité, on trouve satisfaisant une situation d’amitié.
Conclusion sur l’expérimentation de Jordan (1953): Pour Jordan il est nécessaire de faire une
distinction entre la relation L et la relation U. La relation L est beaucoup plus puissante. Il y aurait
ainsi un biais de positivité, les relations positives entre P et O seraient globalement jugées plus

Créé par Carnegie 19/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

plaisantes que les relations négatives (quelles que soient par ailleurs les relations entre O et X et entre
P et X).

3/ Recherches portant sur la mémorisation de relations

Enfin, d’autres recherches ont porté sur la mémorisation de relations (DeSoto, I 96O) On constate que lorsqu’on
demande aux sujets de mémoriser des structures plus ou moins équilibrées, lors du rappel les sujets font un plus
grand nombre d’erreurs dans le sens de l’équilibre.
De la même manière, lorsqu’on demande (Zajonc et Burnstein 196536) à des sujets de mémoriser des relations,
ils mémorisent mieux les relations équilibrées que les relations déséquilibrées. Ce qui irait la aussi dans le sens
des hypothèses de Heider concernant le taux de satisfaction inhérent aux relations équilibrées (aux bonnes
formes).

Conclusion sur la théorie de l’équilibre structural :


Les recherches de Heider sur l’équilibre cognitif ont donc donné lieu à une validation expérimentale mais
également à des développements théoriques de la part de Cartwright et Harary (1956) : le terme de Théorie des
graphes. Cette théorie correspond à une généralisation d’un modèle à plus de trois éléments et s’énonce sous la
forme d’une série d’axiomes (cf. Polycopié).
Ce développement théorique donnera également lieu à des recherches empiriques. Ces recherches corroboreront
en partie les hypothèses énoncées au départ par Heider puis développées par Cartwright et Harary.
Toutefois l’œuvre de Heider sera essentiellement connue pour les développements que l’auteur a apporté à sa
théorie de l’équilibre. En effet Heider développera sa théorie par une théorie de l’attribution causale. Plus
précisément, pour Heider il s’agissait essentiellement de décrire la façon dont l’individu qui manque
d’information est spontanément amené à compléter ce manque en effectuant un raisonnement qui le conduira à
inférer des informations à partir de celles qu’il possède déjà. Grâce à ce raisonnement, l’individu est capable
d’expliquer la cause de ses comportements et de ceux d’autrui puis de les interpréter.
2.4. La théorie des attributions causales (Heider, 1958) et ses
développements
Heider est surtout connu pour sa théorie des processus d’attribution causale. Cette théorie donnera lieu à de
nombreuses expérimentations et à de nombreux développements théoriques.

Présentation de la théorie
Pour Heider l’homme est un scientifique spontané (il fonctionne comme un scientifique naïf), il se livre à des
inférences causales, c’est-à-dire des attributions causales qui l’amènent à dégager les causes des événements qui
surviennent et ce afin de prédire les événements futurs et mieux maîtriser son environnement. 1er constat :
l’homme est effectivement un scientifique puisqu’il cherche à comprendre tous les événements. Il est ensuite
naïf car il fait des attributions non-objectives ( il ne se base pas sur l’ensemble des éléments objectifs, mais sur
les perceptions qu’il en a). l’homme infère donc des attributions causales sans connaître tous les éléments,
seulement avec la partie des éléments dont il dispose.
Ainsi, Heider se concentre sur l’activité qui consiste pour l’homme à rechercher les causes des événements qui
l’entourent (attribution causale).l’intérêt de ces recherches est de mettre en évidence les conditions, circonstances
qui amène l’homme à être biaisé. Selon Heider, les individus font référence à deux causes essentielles pour
expliquer les événements 1/ les causes impersonnelles (aussi appelée dispositionnelles ou internes) : relatives
aux individus eux-mêmes et plus particulièrement à leurs intentions ( le prototype en est la motivation); 2/ les
causes impersonnelles (ou situationnelles ou externes) : relatives à l’environnement. Ces causes sont
indépendantes de l’individu (le prototype en est le hasard). Il y aura beaucoup de développements (surtout
l’apparition de nouvelles classes de causes (stables,…)). Heider démontrera par exemple que l’individu force les
relations causales, il met en relation des événements qui objectivement ne sont pas réellement reliés. C’est ce
qu’on appelle le biais de causalisme. Il existe de nombreux biais (voir cours sur l’attribution causale de TD)

Quelques exemples d’expérimentations

Ces expérimentations concernent les phénomènes d’hétéro-attribution. En effet, les auteurs amènent les sujets
expérimentaux à inférer les causes du comportement d’autrui. Il apparaît que les phénomènes d’attribution
causale dépendent énormément de l’appartenance sociale et du pouvoir de l’individu dont le sujet doit inférer les

Créé par Carnegie 20/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

causes du comportement ainsi que du groupe social auquel appartient le sujet expérimental et donc des relations
qu’il entretient avec le groupe social auquel l’individu dont il a à juger les causes du comportement appartient.
On retrouve dans cette lignée de recherches :
1 / L’expérimentation de Thibaut et Riecken (1955)38
au lieu de prendre les faits tels qu’ils sont, le sujet va surtout prendre en compte les faits qui le troublent. Ainsi,
le statut social de la cible aura une incidence directe sur la détermination des causes retenues pour expliquer les
comportements. On est ici dans le cas de figure d’une hétéro-attribuation : la cible n’est pas le sujet qui attribue.
On étudie l’auto-attribuation lorsque le sujet explique ses propres actes et comportements. En effet, la position
par rapport à la cible, et le statut de la cible ont une influence sur les causes mises en saillance : on favorise les
causes externes pour un de nos échecs, les causes internes pour l’échec d’un autre.
Exp : l’expérience se déroule en 3 phases :
1ère phase : des sujets sont convoqués par groupe de 3 : l’affabulation est une expérience sur la
persuasion (communication persuasive). Il y a en fait 1 sujet naïf et 2 sujets compères. On a manipulé le
statut social des sujets : un compère a un haut statut social ( il est bien habillé, il vient de finir ses
études de psychologie et travaille déjà en tant qu’enseignant) tandis que l’autre a un bas niveau social
en comparaison (sweet, jean et baskets, c’est un étudiant de 1ère ou de 2ème année). La tâche est un
questionnaire d’attitude liés à la perception des 2 autres membres du groupe : les autres membres sont-
ils perçus positivement (déterminés, sympathique, intelligents,…19 questions pour chaque membre) ?
certains des items sont liés au contrôle de la cible.
2ème phase : on distribue des rôles aléatoirement, rôles ayant un rapport avec une tâche de
communication persuasive, les 3 membres doivent la réaliser. Le tirage au sort est bien sûr truqué, le
sujet naïf se voit toujours confier le rôle de celui qui doit persuader : il dispose pour cela d’une liste de
38 arguments dont on lui demande d’en retirer 10 avec lesquels il constituera son argumentation.
L’intérêt est de lui faire livrer le message persuasif, et de lui faire croire qu’il a réussi à convaincre les
compères (ceux-ci ont pour consignes de toujours répondre qu’ils ont été convaincus) d’aller donner
leur sang.
3èmè phase : on réalise un post-test (questionnaire identique au premier) immédiatement après la
situation dans laquelle le sujet croit avoir convaincu les compères. On demande en outre au sujet naïf
de dire ce qui est selon lui à l’origine de l’acceptation des deux autres membres (s’il pense qu’un
membre a fait son choix indépendamment du message persuasif, il lui attribuera des causes internes, et
inversement). On les fait passer la 3ème phase deux fois (une pour chaque membre) afin d’éviter certains
biais.
La VI est le statut social des compères (bas ou haut). Il y a 3 VD : la VD1 est la caractéristique de la
cible de l’attribution (perçue positivement ou négativement). La VD2 est le contrôle de la cible
(autodéterminée ou hétérodéterminée). La VD3 (par verbalisation) est l’attribution causale faite à
propos de l’acceptation des cibles. Les hypothèses sont les suivantes : une cible de haut statut social
sera perçue plus positivement, et sera perçue comme contrôlant plus les événements qui la touchent
(plus interne) qu’une cible de bas niveau social.
Résultats : 1/ dès le pré-test, la cible de haut statut est perçue positivement et autodéterminée. La cible
de bas statut est perçue négativement est hétérodéterminée. 2/ l’acceptation de la cible de haut statut
est expliquée par des causes internes (il a accepté de son propre fait, il le voulait déjà avant,...). à
l’inverse, la cible de bas statut se voit affublée de causes externes (les arguments l’ont convaincu).
3/l’écart entre les deux cibles se creuse après le post-test : pas de changement en ce qui concerne la
cible de haut statut, mais la cible de bas statut est perçue encore plus négativement et comme étant
encore plus hétérodéterminée. 18 sujets sur 20 ont expliqué de manière interne l’acceptation de la cible
de haut statut, et autant ont expliqué l’acceptation de la cible de bas statut.
On a remarqué de façon récurrente que le statut social de la cible avait une incidence directe dans le cas d’une
hétéro-attribuation : les cibles attractives (haut statut) sont perçues comme étant plus internes (plus d’attributions
causales internes).
Les sujets qui font des « attributions d’attributions »considère les hauts statuts comme plus interne ( ils assument
leur attributions, un échec selon eux sera perçu comme étant interne)

2/ de Taylor et Jaggi (l974)39


autres expérimentations concernant l’appartenance catégorielle et les attributions causales Deaux et Emswiller
(1974, 1 990)
Les développements apportés par Kelley (1967) — Selon Kelley, le sujet identifie le registre des causes en se
référant au principe général de la covariance.
Trois registres de causes sont identifiables selon Kelley L’acteur (Perceiver), l’objet (Stimulus), les
Circonstances.

Créé par Carnegie 21/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

Kelley (1967)42 ajoute donc une cause, aux deux annoncées par Heider. Il présente ainsi une cause interne (liée à
la personne, au perceiver) et deux causes internes, la première est liée au stimulus, la seconde est plus générale,
elle est liée aux circonstance.
1/ L’acteur ou Perceiver: c’est-à-dire la personne qui se comporte;
2/ L’objet ou stimulus : c’est-à-dire ce vers quoi est dirigé le comportement, ou ce à quoi est associé le
comportement;
3/ Les circonstances : c’est-à-dire la situation dans laquelle s’est déroulé le comportement.
Exemple : Les causes de l’accident de ski de mon voisin peuvent être
1/ La médiocrité de mon voisin en ce qui concerne la pratique du ski (P);
2/ La difficulté de la piste empruntée par mon voisin (S)
3/ Le mauvais temps qu’il faisait ce jour là (C)
Pour pouvoir déterminer la cause possible de l’événement, le sujet applique le principe de covariation : Ily a
covariat ion lorsqu ‘une condition spécifique et un effet sont simultanément présents ou simultanément absents.
Pour pouvoir mettre en évidence cette relation de covariation, l’individu applique trois critères : 1/ Le caractère
distinctif du stimulus; 2/ Le consensus entre les pairs; 3/ La constance du comportement.
Les développements apportés par Joncs et Nisbett (1972)
Selon les auteurs les individus ont tendance à ne pas considérer l’ensemble des paramètres lorsqu’ils doivent
juger les causes des événements. Plus précisément il semblerait qu’ils ont tendance à ne pas retenir les mêmes
causes selon que le jugement s’applique à autrui ou à eux-mêmes. Ce biais dans le raisonnement a été désigné
sous le terme «d’erreur fondamentale» (Ross, 1977)

17
La théorie de Weiner (1 972)
L’auteur s’attache aux attributions causales faites par l’individu lorsqu’il doit expliquer un succès ou un échec
dans une tâche.
Les facteurs qui déclenchent les processus d’attribution
Les processus d’attribution causale ne sont déclenchés que dans les situations inhabituelles (situations pour
lesquelles l’individu ne possède pas de «scripts » (Abelson, 1 976) Cette hypothèse a été mise à l’épreuve par
Langer, Blank, Chanowitz (1978).
Conclusion : Développements apportés aux théories de l’attribution : le « Locus of Control» de J. Rotter (1966) :
Questionnaire permettant de repérer les individus «externes» (qui ont une croyance en un contrôle externe) et les
individus « internes» (qui ont une croyance en un contrôle interne).

1/Thomas, W.I., Znaniecki, F., (1918-20), The polish peasant in Europe and America, Boston, Badger.
2/Allport, F.H., (193 5), Attitudes, in: C. Murchinson (Ed.), Handbook of social psychology, Worcester, Mass.,
Clark University Press.
3/ Oskamp, S., (1977), Attitudes and Opinions, Englewood Clifs, NY : Prentice-Hall.
4/ Rosenberg, M.J. Hovland, C.I., (1960), Cognitive, affective and behavioral components of attitudes, in : C.I.,
Hovland et M.J., Rosenberg (Eds.), Attitude Organization and Change, New Haven: Yale University Press.
5/ Eagly, A.H., Chaiken, S., (1995), Attitude Stength, Attitude structure and resistance to change, in : R.E. Petty
J.A. Krosnick, (Eds.), Attitude strength : antecedents and consequences, Hillsdale, N.J : Erlbaurn, pp 413-432.
Eagly, A.H., Chaicken, S. (1998). Attitude Structure an Functions, in: D. Gilbert, S. Fiske, & G. Lindzey (Eds
The handbok of Social Psychology (4 ème ed., vol 1). New-York: McGraw-Hill, 269-322.
6/Fischer, G.N., (1987), Les concepts fondamentaux de la psychologie sociale, Paris, Dunod.
7/ Clark, K.B., Clark, M.P. (1947), Racial identification and preference in Negro children. In :T.M., Newcomb et
E.L. Hartley (dir.) Readings in social psychology, New York: Holt, Rinehart & Winston.
8/ Rosenthal, R., Jacobson, L.F., (1968), Teacher experctations for disadvantaged, Scientific American, 4, 19-23
9/ Sherif, M., (1966) Traduction française : (1971), Des tensions intergroupes aux conflits internationaux, Paris
Editions ESF.
10/ Tajfel, H., Wilkes, A.L., Classification et jugement quantitatif, in: W. Doise (Ed.), Experiences entre
groupes, Paris : Mouton, 243-262.
11/ DOISE, W., (1976), L'articulation psychosociologique et les relations entre groupes, Bruxelles, De Boeck.
12/ RABBIE ET HORWITZ (1969), Trad. Fr. «L'effet discriminatoire entre les groupes en fonction d'une
réussite ou d'un échec au hasard » in Doise (Ed.), (1979), Expériences entre groupes, Paris, Mouton, 69-86.

Créé par Carnegie 22/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

13/ Deschamps, J.C., Doise, W., (1978), Crossed category memberships in inter-group relations, in TAJFEL, H.,
(1978), Différenciation between social groups : studies in the social psychology of intergroup relations, London,
Academic Press.
14/ Deschamps, J.C., Doise, W., (1978), Crossed category memberships in inter-group relations, in TAJFEL, H.,
(1978), Différenciation between social groups studies in the social psychology of intergroup relations, London,
Academic Press.
15/ Tajfel, H., (1 972), La catégorisation sociale, in S., Moscovici (Ed.), Introduction à la psychologie sociale,
Tome 1, Paris : Larousse
16/ Jodelet, D., (1993, 3ème édition), Les représentations sociales, Paris, PUF (1 ère édition, 1989).
17/ Moscovici S., (196 1), La psychanalyse son image et son public, Paris : Presses Universitaires de France
(P.U.F)
18/ Jodelet, D., (Ed.) (1989), Les représentations sociales, Paris : PUF.
19/ Abric, J.C., (1984), L'artisan et l'artisanat: analyse de contenu de la structure d'une représentation sociale,
Bulletin de Psychologie, Tomme 37, N'366, 861-875.
Abric, J.C., (1989), L'étude expérimentale des représentations sociales, in : Jodelet, D. (Ed.), Les représentations
sociales, Paris : PUF, 189-203.
20/ Markova, I., Wilkie, P., (1987), Représentation, concept and social change: the phenomenon of AIDS,
Journal of the theory of social behavior, 17, 389-409.
21/ Jodelet, D., (1985) civils et bredins : représentations sociales de la maladie mentale et rapport à la folie en
milieu rural, Thèse de doctorat d'état, Paris.
22/ Abric, J.C., (1984), L'artisan et l'artisanat : analyse du contenu de la structure d'une représentation sociale,
Bulletin de Psychologie, Tomme 37, N'366, 861-875.
Abric, J.C., (1989), L'étude expérimentale des représentations sociales, in : Jodelet, D. (Ed.), Les représentations
sociales, Paris : PUF, 189-203.
23/ Festinger, L., (1957), A theory of cognitive dissonance. Standford, CA : Standford University Press.
24/ Heider, F., (l 946), Attitudes and cognitive organization, Journal of Psychology, 21, 107-112 (trad. Fr.
Attitude et organisation cognitive, in : Faucheux et Moscovici, Psychologie sociale théorique et expérimentale,
Paris Mouton, 1970).
25/Janis, I.L., Mann, L., (1965), Effectiveness of Emotional role playin in modifying smoking habits and
attitudes, Journal of Experimental Research in Personality, 1, 84-90.
26/Culbertson, F., (1957), The modification of an emotionally held attitude through role playing, Journal of
Abnormal and Social Psychology, 54, 230-233.
27/ Brehm, J.W., Cohen, A.R., (1962), Exploration in cognitive dissonance, New York, Wiley. 28/ Aronson, E.,
Carlsmith, J.M., (1962, Version française, 1974), L'effet de l'importance de la menace sur la dépréciation du
comportement interdit, in : J.P., Poitou (Ed.), La dissonance cognitive, Paris, A. Colin, 102-108.
28 E., Carlsmith, J.M., (1962, Version française, 1974), L’effet de l’importance de la menace sur la
dépréciation du comportement interdit, in : J.P., Poitou (Ed.), La dissonance cognitive, Paris, A. Colin, 102-108.
29 J.W., (1956, Version française 1974), Changements consécutifs à la décision dans la désirabilité des termes
d’un choix, in : J.P. Poitou (Ed.), La dissonance cognitive, Paris, A. Colin, 75-85.
° Aronson, E., MiIls, J., «(1959), The effect ofseverity of initiation on linking fora group, Journal of Abnormal
Social Psychology, 59, 177-181.
31 De façon plus générale, et afin d’éviter les répétitions dans l’écriture, on réserve les lettres p, o et q pour les
personnes et x, y, z pour les objets ou événements.
32 32 M.W., Lyons, J., Perlmutter, H.V., (1951), Induction of forces in discussion ginups, Human relations, 71,
57-76.
33 J.O., (1958), An experimental study ofthe theory of structural balance, Human Relations, 11, 239-
254. (Trad. Française en 1971, Etude expérimentale de la théorie de l’équilibre structural, in: Faucheux et
Moscovici, Psychologie Sociale Théorique et expérimentale, Mouton, 39-59.
Jordan, N., (1953), behavioral forces that are function fof attitudes and cognitive organization, Human
Relations, 6, 273-287.
DeSoto, C.B., (1960), Learning asocial Structure, Journal of Abnormal Social Psychology, 60, 417-421. 36
Zajonc, R.B., Burnstein, E., (1965), The learning of balance and unbalanced social structures, Journal of
Personality, 33, 153-163.
37 D., Harary, F., (1956), Structural balance : a generalization of Heider’s theory, Psychological
Review, 63, 277-293.
38 J.W., Riecken, H.W., (1956), Trad. fr. 1990, De quelques déterminants et conséquences de la perception de la
causalité sociale, in: Deschamps et Clémence (Eds.), Attribution. Causalité et explication au quotidien,
Delachaux et Nieslé, 139-162.
39 D.M., Jaggi, V., (1974), Ethnocentrism and causal attribution in a South Indian context, Journal of Cross-
Cultural Psychology, 5, 162-171.

Créé par Carnegie 23/24 http://psychoweb.dnsalias.org/


Psychologie Sociale Introduction à la Psychologie Sociale

40 K., Emswiller, T., 1974, Traduction française 1990, Explication du succès dans une tâche marquée
sexuellement: ce qui est attribué à la compétence pour l’homme est attribué à la chance pour la femme, in:
Deschamps, J.C., Clémence, A., (Eds.), Attribution de causalité et explication au quotidien, Delachaux et Nieslé,
186-198.
41 H.H., (1967), attribution theory in social psychology, in L. Levine (Ed.), Nebraska symposium on motivation,
Lincoln University of Nebraska Press, 192-238.
42 H.H., (1967), attribution theory in social psychology, in L. Levine (Ed.), Nebraska symposium on motivation,
Lincoln University of Nebraska Press, 192-238.
43 E.E., Nisbett, R.E., (1972), The actor and the observer: divergent perceptions of the causes of behavior, in :
Joncs, E.E., et al. (Ed.), attribution : perceiving causes ofbehavior, Morristown, N.J. General Learning press.
Ross, L., (1977), The intuitive psychologist and his short coming: distortions in the attribution process, in L.
Berkowitz (Ed.), Advances in experimental social psychology, vol. 10, New York, Academic Press.
Weiner, B., et al. (1972), Perceiving the causes ofsuccess and failure, in: Jones, E.E., et al. (Ed.), attribution:
perceiving causes ofbehavior, Morristown, N.J. General Leaming Press.
46 R.P., (1976), Script processing in attitude formation and decision making, in J.S., Carrol et J.W., Payne
(Eds.), Cognition and social Behavior, Hillsdale, N.J., Eribaum.

Créé par Carnegie 24/24 http://psychoweb.dnsalias.org/

S-ar putea să vă placă și