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p. 8 Les surdités
de la
génétique
à
l’environnement
n° 82 / avril-mai-juin 2000
La transparence
Claire Dadou-Willmann
Comité de rédaction :
Claire Dadou-Willmann
Pr Claude Dreux
Marie-Françoise Lescourret
Dr Carole Moquin-Pattey
L’
de la mention obligatoire
Inspection générale des affaires sociales (IGAS) vient de et de l’accord de la rédaction.
Ont participé au dossier :
rendre son rapport sur la gestion des fonds confiés à la Maryline Beurg, Didier Bouccara,
Alexis Bozorg Grayeli,
Fondation pour la Recherche Médicale par ses donateurs. Sylviane Chéry-Croze,
Dr Jean Dagron, Sylvain Ernest,
Ses conclusions sont très positives : à l’issue de quatre Bruno Frachet, Pr Serge Herson,
Sandrine Marlin, Dr Lucien
mois d’enquête, l’IGAS a constaté que des principes de Moatti, Arnaud Norena,
Pr Christine Petit, Jean-Luc Puel,
rigueur, de recherche du «juste coût» étaient appliqués dans la col- Pr Rémy Pujol, Pr Olivier Sterkers,
Jacques Schlosser,
lecte de fonds, la répartition des revenus, le contrôle des dépenses Pr Patrice Tran Ba Huy.
Photo de couverture :
et le suivi des recherches financées. Philippe Perez-Castaño
Conception, réalisation :
Au-delà de la fierté que suscite naturellement cette conclusion, elle 26, rue du Sentier
75002 Paris
nous enjoint à encore plus de transparence et de pédagogie. L’IGAS Date et dépôt légal à parution :
ISSN 0241-0338
a ainsi formulé deux recommandations clés : Dépôt légal n° 8117
Numéro CP 62273
– que la Fondation pour la Recherche Médicale se donne les
moyens de mieux affirmer sa stratégie scientifique ;
– qu’elle valorise davantage son parti pris d’organisme interdisci-
plinaire, capable de soutenir toutes les recherches scientifiques et
✍
Pour tous renseignements
médicales sans exclusivité. ou si vous souhaitez vous
abonner, adressez-vous à :
Elle souhaite que la Fondation pour la Recherche Médicale commu- Fondation pour la Recherche
Médicale
nique davantage, non pour «faire de la pub», mais pour que le 54, rue de Varenne
75007 Paris
donateur puisse faire son choix en toute connaissance de cause. Service donateur :
0144397576
Outil d’information scientifique, ancré dans l’actualité de la Information scientifique :
0144397568/92
recherche, reflet de la vie de la Fondation et de l’avancement des Publication :
0144397565
travaux de recherche financés, «Recherche & Santé» sera bien sûr Prix de l’abonnement
au cœur de cette évolution. pour 4 numéros :
60 F/9,15 u
Chèque à l’ordre de la Fondation
pour la Recherche Médicale
Bonne lecture ! Site Internet : www.frm.org
Pierre Joly
Président
SOMMAIRE
4 É CHOS SCIENTIFIQUES
Du syndrome de Papillon-Lefèvre à la polyarthrite
rhumatoïde, le point sur les dernières grandes avancées
Page 5
médicales internationales.
Des études
sont en cours
8 D OSSIER
BSIP Cavallini James
pour expliquer
la résistance Les surdités : de la génétique
naturelle
à l’environnement
CNRI/GJLP
à l’hépatite C.
La mise en évidence de l’origine génétique de la
plupart des surdités et la découverte rapide des gènes
correspondants sont porteuses d’espoir pour mieux
comprendre le fonctionnement de l’oreille et trouver
de nouveaux traitements.
20 V OS DONS EN ACTION
De l’ostéoporose aux amyotrophies spinales infantiles,
Page 8 - L’implant cochléaire est une solution à certaines surdités. gros plan sur les projets soutenus par la Fondation
pour la Recherche Médicale.
Page 24
26 Syndrome de Muckle-Wells :
L’ostéoporose,
un gène, une maladie rare
Des chercheurs soutenus par la FRM travaillent
maladie
sur l’identification du gène de cette maladie.
dégénérative
du tissu osseux,
Inserm U430 Lyon
30 L A F ONDATION À L ’ ÉCOUTE
32 Rencontres
Martine Aïach, la passion de comprendre.
35 La Fondation passe avec succès l’audit de l’IGAS
36 Questions-réponses
Avec le professeur Philippe Chanson.
38 Conseils juridiques
Catherine Baechelen.
Philippe Perez-Castaño
Page 32
Martine Aïach,
ou la vocation
de chercheur.
ÉCHOS SCIENTIFIQUES
Parce que nous souhaitons vous communiquer une information
de qualité, hors des «effets d’annonce», indépendante des intérêts
financiers, nous avons rassemblé, dans cette rubrique, les échos
scientifiques et les faits les plus marquants de la recherche médicale
mondiale de ces derniers mois. Des espoirs pour le traitement de la maladie
de Parkinson, des progrès dans la lutte contre la polyarthrite rhumatoïde,
une meilleure compréhension des mécanismes biologiques fondamentaux
grâce à l’étude des maladies rares… Tour d’horizon des dernières grandes
avancées médicales.
La greffe de neurones
fœtaux dans le noyau
strié des patients
atteints de la maladie
de Parkinson montre
jusqu’à présent
des résultats inégaux
mais porteurs d’espoir.
L
a maladie de Parkinson est audacieuse a commencé à être dopamine étaient toujours présents et
liée à l’absence de sécrétion expérimentée dans les années 80. sécrétaient de la dopamine du côté
de dopamine, une molécule Elle consiste à greffer dans la zone greffé. Au-delà du succès de la greffe
qui transmet les signaux concernée (le noyau strié) des chez ce patient, ce travail constitue
nerveux dans la région du cerveau neurones fœtaux, dans l’espoir un modèle précieux d’étude qui
qui contrôle les mouvements automa- qu’ils se développent et sécrètent pourra être utilisé dans l’avenir pour
tiques. Pour pallier ce déficit, on dis- la précieuse molécule, en lieu et place analyser les différentes étapes de la
pose d’un analogue de la dopamine des cellules défaillantes. Les résultats greffe chez d’autres patients et amé-
(la L-Dopa), dont l’efficacité s’épuise se sont montrés jusqu’à maintenant liorer ainsi le taux de succès.
malheureusement après quelques très inégaux, laissant persister un
années de traitement. Devant ces dif- doute quant à l’efficacité de ces inter- Source : Nature Neurosciences,
ficultés thérapeutiques, une méthode ventions. Un cas décrit par une équipe décembre 1999.
ÉCHOS SCIENTIFIQUES
L’
sées par le prix L’Oréal-Helena étude des maladies rares d’un individu donné, au tout début
Rubinstein. «Les lauréates (appelées aussi orphelines) du développement embryonnaire.
témoignent, à travers l’importance peut fournir des clés pour L’étude des gènes codant ces enzymes
mieux comprendre les méca- et de leurs mutations offre une oppor-
de leurs travaux et la richesse nismes biologiques fondamentaux. tunité irremplaçable d’approfondir ce
de leurs parcours professionnels, Deux travaux récents en donnent mécanisme génétique essentiel. Elle
de la contribution majeure l’exemple. Une équipe de l’Inserm (1), devrait aider aussi à comprendre le
en collaboration avec des chercheurs développement de certains cancers,
des femmes à la recherche. Leur américains, anglais et danois, vient liés à des troubles de la méthylation
regard sur la science, leur travail, d’identifier des mutations génétiques de l’ADN. Le deuxième travail (2)
l’expérience qu’elles transmettent à l’origine du syndrome ICF concerne le syndrome de Li-Fraumeni,
aux générations futures sont (Immunodeficiency, centromere une maladie héréditaire très rare
instability and facial anomalies), qui caractérisée par le développement
indispensables aux avancées touche une quarantaine de personnes précoce de multiples tumeurs cancé-
scientifiques d’aujourd’hui dans le monde. Il est caractérisé par reuses, et due le plus souvent à une
et de demain», a déclaré le une immunodéficience entraînant mutation du gène p53, un gène sup-
professeur Christian de Duve, des infections à répétition et des presseur des tumeurs. Une équipe
anomalies faciales. Les mutations internationale vient de démontrer
président du jury et prix Nobel trouvées affectent le gène codant que dans certaines formes de cette
de médecine en 1974. une enzyme, la méthyltransférase 3B, maladie, on trouve des mutations
dont la fonction consiste à ajouter d’un autre gène, le gène hCHK2. Or,
de nouveaux résidus méthyls sur lorsqu’il est intact, ce gène active un
l’ADN. Or la méthylation de l’ADN processus qui empêche les cellules de
est un moyen privilégié de contrôle se diviser si leur ADN est endommagé.
de l’activité des gènes : en règle géné- Dans le cas contraire, les cellules anor-
rale, un gène méthylé est un gène males, en se divisant, peuvent entraî-
inactif. Cette voie de contrôle joue ner le développement d’un cancer.
un rôle déterminant, en particulier Ce travail révèle un mécanisme de
au cours du développement de l’em- cancérogenèse qui pourrait constituer
bryon, où se produit un jeu constant une cible pour le développement
et subtil de modification des profils de traitements anticancéreux.
de méthylation du génome.
Les méthyltransférases contribueraient Sources : (1) Nature, novembre 1999 ;
ainsi à fixer le profil génétique (2) Science, décembre 1999.
DR
DOSSIER
Il est indispensable
de détecter au plus tôt
les troubles auditifs.
Ici, un nouveau-né
subit un test auditif
comme aujourd’hui
10% des bébés, c’est
Burger/Phanie
Les surdités :
DE LA
Obésité :
GÉNÉTIQUE À
L’ENVIRONNEMENT
La recherche sur les surdités n’avait fait que peu de progrès
jusqu’à ces dernières années. Aujourd’hui, elle suscite de
formidables espoirs : grâce à la chirurgie, de plus en plus
de sourds profonds (nés ou devenus sourds) sortent du monde
du silence. De plus, la mise en évidence de l’origine génétique
de la plupart des surdités et la découverte rapide des gènes
correspondants ouvrent la voie à une compréhension nouvelle
du fonctionnement de l’oreille et à la recherche
de nouveaux traitements.
D O S S I E R
les surdités
P
en collaboration souffrent de troubles auditifs : d’une croscope opératoire). L’otospongiose, une des
avec le surdité légère à une surdité profonde, formes de surdité évolutive les plus fréquentes,
professeur qui rend inaudible le bruit le plus qui touche 2% de la population, a vu ainsi son
Christine fort. Les surdités ont des consé- pronostic bouleversé. Cette maladie, associée à
Petit, directrice quences graves – déscolarisation, une susceptibilité génétique, est due à une
du laboratoire illettrisme, désocialisation, dépres- atteinte du dernier osselet de l’oreille moyenne,
de Génétique sion –, qui les placent au rang des l’étrier. «L’os se transforme en une sorte d’éponge et
des déficits handicaps majeurs. Pourtant, dans se bloque. Chez certains patients, on obtient aujourd’hui
sensoriels notre pays, ces pathologies sont sous-estimées des résultats spectaculaires en remplaçant l’étrier par une
(Institut Pasteur, et mal prises en charge : par exemple, moins de prothèse en Téflon, insérée au cours d’une anesthésie
CNRS, Paris). 800 000 malentendants sur 4 millions de per- générale», s’enthousiasme Didier Bouccara, mé-
sonnes souffrant de troubles auditifs portent un decin ORL dans le service dirigé par le Pr Sterkers,
appareil amplificateur. De plus, le nombre de à l’hôpital Beaujon (Clichy). Second progrès
malentendants va sans doute s’accroître, en rai- décisif : l’amélioration des appareils auditifs
son du vieillissement de la population. Enfin, («contour d’oreille» ou insérés dans le conduit
faute d’une sensibilisation suffisante de la popu- auditif), dont le principe est d’amplifier les sons.
lation aux problèmes que pose la perte auditive, Grâce à eux, nombre de personnes dont le monde
les surdités vont aussi se manifester de plus en sonore se résumait à de vagues murmures perçoi-
plus tôt, en raison de l’exposition accrue des vent bruits et paroles. «L’apparition récente des appa-
jeunes aux bruits intenses (baladeurs, concerts reils numériques est une évolution considérable», ●●●
un problème mécanique qui entrave le passage 120 000 (3%), une surdité profonde (plus de 90 dB)
des vibrations sonores dans l’oreille externe ou
moyenne; les surdités de perception, plus sévères, Par tranche d’âge, les surdités se répartissent ainsi :
en règle générale, sont dues à une atteinte de 470 000 sourds et malentendants ont moins
l’oreille interne (voir schémas). Dans les deux de 18 ans
cas, l’origine peut en être environnementale
(infection, traumatisme sonore…) ou génétique. 1 000 000 ont entre 18 et 65 ans
Les surdités de transmission, les plus nombreuses
et généralement les moins graves, bénéficient 2 500 000 ont plus de 65 ans
aujourd’hui, et de plus en plus, des progrès de la
10 Fondation pour la Recherche Médicale • numéro 82 • 2e trimestre - avril 2000
frm_5882_08_19_baf 14/03/03 10:34 Page 11
Vestibule
Pavillon
Cochlée
Tympan
D O S S I E R
les surdités
Glossaire
• Cellules ciliées :
cellules
sensorielles
de l’oreille interne.
Celles de la cochlée
répondent aux
vibrations sonores,
tandis que celles
du vestibule
répondent aux
accélérations,
en particulier
celles qui
sont liées aux
déplacements
de la tête.
La stimulation
des cellules
ciliées déclenche
celle du nerf
auditif qui
Luc Benevello
transmet l’influx
nerveux
Christine Petit, directrice du laboratoire Génétique des déficits sensoriels à l’Institut Pasteur (Paris). au cerveau.
• Mutation :
découvre progressivement une grande variété de dys- deux copies de ce gène (une de chaque parent) «erreur» dans
fonctionnements moléculaires et cellulaires. Cette compré- est atteint d’une surdité. La sévérité de cette sur- la séquence
hension est essentielle pour une recherche de nouveaux dité est variable, y compris au sein d’une même d’un gène (par
médicaments ciblés», explique Christine Petit. famille, ce qui implique l’intervention d’autres exemple, rempla-
gènes ou de facteurs environnementaux. cement d’une
Plus de 80% des surdités Plusieurs études suggèrent que la connexine 26 base C par une
semble jouer un rôle crucial dans le contenu base A, perte ou
congénitales sont d’origine génétique ●●●
addition d’une ou
es avancées ont profondément remanié la plusieurs bases).
C conception que l’on avait de la surdité de
Pour un diagnostic précoce Selon sa nature,
l’enfant. «Longtemps, la composante héréditaire de Il est essentiel de détecter au plus tôt un trouble la mutation aura
ces surdités a été considérée comme minoritaire. auditif, pour fournir à l’enfant les moyens ou non un effet
Aujourd’hui, grâce aux progrès accomplis, on sait que d’un développement psychoaffectif équilibré, sur la production
plus de 80% des surdités congénitales sont d’origine l’appareiller et commencer une rééducation de la protéine
génétique. Une grande partie de ces surdités est due à orthophonique. Dans l’idéal, tous les nouveau-nés, ou sa fonction,
l’atteinte d’un seul gène chez la personne sourde. Au ou au moins les enfants à risque (surdité et en conséquence
total, une centaine de gènes sont susceptibles, s’ils sont dans la famille, difficultés pendant la grossesse sera ou non
touchés, de provoquer une surdité. A ce jour, 17 d’entre ou l’accouchement) devraient subir des tests à l’origine
eux ont été identifiés», révèle la généticienne. Les auditifs. Dans la pratique, seuls 10% des bébés d’une maladie.
déficits qu’ils entraînent peuvent certes toucher sont testés, selon le Dr Lucien Moatti (hôpital • Surdité génétique :
les cellules sensorielles elles-mêmes, mais égale- pour enfants Armand-Trousseau, Paris). Aujour- surdité liée
ment une dizaine d’autres types cellulaires pré- d’hui encore, l’âge moyen de confirmation d’une à une mutation
sents dans l’oreille. L’un des gènes captive parti- surdité profonde dépasse 12 mois en France, ce dans un gène
culièrement les chercheurs : celui qui code une qui est trop tardif. Pour éviter qui dirige
protéine nommée connexine 26. «Le gène de la d’en arriver là, il faut s’alerter l’expression
connexine 26 rend compte de 40% à 50% des surdi- à certains signes : un bébé d’une protéine
tés congénitales ou prélinguales dans les pays dévelop- qui ne se calme pas lorsqu’on nécessaire à la
pés», précise Christine Petit. Les travaux de son lui chante une chanson, qui fonction auditive,
laboratoire ont révélé que 1 à 2 millions de per- ne se réveille pas sous l’effet et agissant, dans
sonnes en France portent une mutation dans la plupart des
Burger/Phanie
D O S S I E R
les surdités
Opinion
V oici cinq ans, la toute première consultation en langue des signes a ouvert ses
portes dans le service de médecine interne de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
A l’origine, la demande des patients sourds atteints de pathologies complexes, leur
revendication d’un droit fondamental à comprendre et à être compris a trouvé un
écho favorable auprès de notre service. La qualité même de la prise en charge
médicale pâtit des problèmes de communication médecin-malade. Les problèmes
liés à la prévention se posent également : comment donner une vraie information
Luc Benevello
sur les maladies contagieuses (sida, hépatites) ? Quid du secret médical, si le patient
doit impérativement être accompagné d’un parent ou d’un interprète ? Pour remplir
sa mission de service public, le médecin doit parler la langue de ses patients. Chez
certains sourds profonds, le message médical est d’autant plus difficile à faire passer
que nombre d’entre eux sont illettrés; la communication écrite est donc réduite à
quelques mots. De surcroît, les sourds n’ont généralement pas accès culturellement
à des connaissances en biologie et en physiologie. Se pose un gros problème de
vocabulaire, certains concepts n’existent pas en langue des signes. L’explication de
la maladie, de ses causes, le mode de traitement et les nécessités de le suivre, les
Luc Benevello
informations sur ses conséquences «passent» difficilement dans le cadre d’une
consultation classique. Concernant le diabète, par exemple, comment expliquer ce
qu’est la glycémie, qu’il faut faire des injections quotidiennes d’insuline ? Or, bien
souvent, au cours d’une consultation classique, le médecin pense à tort que son Dr Jean Dagron,
patient malentendant a bien compris. Les entendants et les sourds vivent dans deux patricien hospitalier,
mondes perceptifs et conceptuels très différents. responsable de
l’équipe d’accueil
La consultation pour sourds que nous avons mise en place comprend quatre
et de santé de la
personnes bilingues (français-langue des signes) : la personne de l’accueil, de
population sourde.
formation paramédicale, elle-même sourde (titularisée par l’AP-HP), une Pr Serge Herson,
assistante sociale, un interprète et un spécialiste de médecine interne. En cinq ans, professeur des
cette consultation a accueilli 1 200 personnes, la plus forte demande concernant la universités, chef du
gynécologie. Les patients nous contactent par Minitel, par fax ou par écrit. Dès leur service de Médecine
arrivée, ils sont soignés sur place ou dirigés vers le service concerné avec un interne groupe hospi-
interprète. Notre activité s’intègre, en outre, dans un travail de recherche mené en talier Pitié-Salpêtrière.
collaboration avec une équipe de linguistes et les responsables pédagogiques
sourds des principales associations d’enseignants de la langue des signes
(département de Sciences du Langage, université Paris VIII). Cette collaboration permet
de réfléchir à la conception de néologismes de la langue des signes («anticorps»,
«hormone»…) et d’enrichir la langue. La simple traduction ne fonctionne pas, et la
chronologie dans la construction de la phrase a toute son importance. D’autres pays, (les
pays nordiques et anglo-saxons, notamment) ont beaucoup plus d’interprètes depuis
« Le travail
réalisé
pour quelques-uns
pourra, à terme,
longtemps mais n’avaient pas de rencontres organisées entre le monde des sourds
et le monde des soignants. Les perspectives sont encourageantes, le besoin de pro- bénéficier à tous.»
fessionnels sourds dans les équipes médicales est maintenant reconnu. Ainsi, grâce au
soutien des institutions concernées, un concours d’aides-soignants est ouvert avec 6 places
réservées aux sourds. Des consultations du même type s’ouvrent à Bordeaux et à
Grenoble, et bientôt dans d’autres villes. Ainsi, de plus en plus de sourds auront accès
aux soins de qualité. Mieux, cette obligation d’expliquer selon une façon de penser
différente nous a beaucoup appris pour l’accès aux soins d’autres populations.
Ainsi, le travail réalisé pour quelques-uns pourra, à terme, bénéficier à tous.
D O S S I E R
les surdités
P
lus de 5 millions «Ce sont de véritables illusions aspirine à haute dose,
de Français souffri- auditives», résume Arnaud quinine…). «Une partie de
de l’audition butent raient d’acouphènes. Noréna, du laboratoire l’explication vient de lésions
sur une pathologie Ils perçoivent des Neurosciences et Systèmes mineures des cellules ciliées
sensations sonores sensoriels de Lyon. de la cochlée. Mais ces lésions
énigmatique : les (sifflements, bourdonne- Au mieux, les acouphènes n’expliquent pas tout. Des
acouphènes, bruits ments, bruits de vent engendrent une simple signaux électriques anormaux
ou de vagues…), de façon gêne ; parfois, ils sont très sont générés dans le système
chroniques, souvent permanente ou intermit- difficiles à supporter, per- auditif, et le cortex auditif les
très intrusifs. Des tente, dans une seule turbant l’endormissement, interprète comme de véritables
oreille ou dans les deux, la lecture, ou toute activité sons», précise Sylviane
travaux soutenus associées dans la plupart qui demande une concen- Chéry-Croze, chercheur
par la Fondation des cas à une perte de tration importante. De en neurosciences à Lyon.
l’audition. Seule la personne plus, le stress les aggrave. Dans son équipe, Arnaud
pour la Recherche qui souffre de ces acou- Il n’existe pas de véritable Noréna a récemment
Médicale. phènes peut les entendre : traitement pour en venir obtenu des résultats
à bout. En revanche, éclairants quant aux
les acouphènes semblent mécanismes générateurs
moins «audibles» lorsqu’ils de certains acouphènes,
sont noyés dans le bruit grâce à l’aide apportée
environnant, ou lorsque, par la Fondation pour
par un long effort d’ap- la Recherche Médicale.
prentissage, on parvient
à ne plus porter attention L’imagerie médicale
à eux (grâce, par exemple, pour mieux comprendre
à la relaxation, au yoga, Les chercheurs lyonnais
ou à la thérapie compor- ont étudié des personnes
tementale et cognitive). qui présentent également
une perte auditive. Elles
Le cerveau trompé entendent moins bien cer-
Les mécanismes exacts tains sons, et en particulier
qui provoquent les acou- ceux dont la fréquence est
phènes demeurent encore celle de l’acouphène. «C’est
mystérieux. Souvent (mais très paradoxal, commente
pas systématiquement), Arnaud Noréna, car sur
les symptômes apparaissent cette fréquence, les patients ont
à la suite d’un traumatisme de meilleures performances
sonore (discothèque, de discrimination perceptive
concert rock, explosion…), (différenciation entre deux
d’une maladie de l’oreille sons de fréquence voisine).»
(maladie de Ménière, Ce résultat suggère qu’une
Inserm
D O S S I E R
les surdités
Accepter
Travail de deuil
L’ apparition progressive et
a fortiori brutale d’une surdité
entraîne souvent une réaction de
refus ou de révolte, suivie d’une
phase dépressive. Tant qu’elles ne
s’installent pas dans le long terme,
ces réactions traduisent l’accomplis-
sement d’un nécessaire travail de
deuil au terme duquel la personne
malentendante va progressivement
accepter que sa vie ne soit plus
comme avant. Afin de traverser
le mieux possible cette période
difficile, il faut accepter le soutien
de ses proches et celui d’associations.
Image Bank
tique). Il est également possible de réaliser une installation chez soi pour
écouter la télévision, la chaîne hi-fi, et de s’équiper d’un téléphone adéquat.
1. Jacques Schlosser, ingénieur scientifique, est atteint d’otospongiose, surdité dégénérative qui a commencé à l’âge de 15 ans environ. Trente-cinq ans plus tard,
sa surdité est sévère à droite et quasi profonde à gauche. Depuis l’âge de 27 ans, il porte des appareils auditifs qui lui permettent aujourd’hui de mener une conver-
sation téléphonique tout à fait normalement. Il a créé l’association ARDDS (http://perso.wanadoo.fr/schlosser-aix).
Le prix des
prothèses
En France, seules
e au quotidien
600 000 à 800 000
personnes sont appa-
reillées sur 4 millions
de malentendants…
Nombre de personnes
Avertir malentendantes
renoncent à s’appa-
Les aides techniques reiller en raison du
Sans but
me biologique
C’est pourquoi nous voulons vérifier
que la mélatonine agit bien directement
sur l’horloge circadienne. Pour cela,
nous allons appliquer la mélatonine
localement dans les NSC grâce à une
membrane perméable à travers laquelle
diffuse l’hormone (technique dite de
microdialyse réverse). Nous mesurerons
ensuite son effet sur l’activité de
la glande pinéale, miroir de l’activité
de l’horloge.» Projet soutenu par la
FRM, et d’autant plus important
que toutes nos fonctions – sys-
tèmes immunitaire, cardio-vascu-
laire… – sont soumises à l’horloge
circadienne, et que de nombreux
troubles – notamment chez
les personnes âgées qui sécrètent
moins de mélatonine – résultent
BSIP Cavallini James
Ostéoporose
Remodelage osseux
et vieillissement
L’os est un tissu vivant. Tout au long
de la vie, le processus dit de «remode-
lage osseux», constitué de cycles succes-
sifs de résorption et de formation de la
matrice osseuse, permet de renouve-
Inserm U 403Lyon
BSIP Edwige
des fractures. Or, elle peut être décelée
avant ce stade en mesurant la «densité
minérale osseuse» (DMO). Pour cela, la
technique la plus couramment utilisée Les seules restrictions à ce traitement L’ostéodensitométrie est un examen qui permet
est celle dite d’«absorptiométrie biphoto- pourraient porter sur les traitements de mesurer le contenu minéral osseux.
nique aux rayons X», ou densitométrie prolongés, surtout chez les femmes
qui, bien qu’elle soit considérée à risque de cancer du sein. résume le professeur Gérard Bréart,
comme fiable, n’est pas remboursée Les experts débattent actuellement de Inserm, Paris. Cependant, l’approche
par l’assurance maladie, en partie en l’intérêt qu’il y aurait à mettre en préventive par dépistage des per-
raison de son coût élevé. «La nécessité place une stratégie de prévention fon- sonnes à risque est encore freinée par
de disposer d’une technique de mesure de dée sur un dépistage de masse par l’absence de consensus sur l’outil de
la DMO prise en charge par l’assurance ostéodensitométrie chez les femmes mesure à utiliser. Il existe d’autres trai-
maladie interpelle aujourd’hui les autori- ménopausées qui suivent un traite- tements préventifs de l’ostéoporose,
tés sanitaires. Seul un outil de ce type est ment hormonal substitutif. La période principalement fondés sur la calcito-
capable d’évaluer le risque de fracture située à dix ans après la ménopause nine, hormone qui accroît légèrement
dans le cadre de la stratégie de prévention pourrait constituer le moment privilé- la densité minérale osseuse chez la
recommandée par les experts», souligne gié de ce dépistage. «A l’heure actuelle, femme en période de postménopause,
Catherine Cormier, patricien hospita- la prévention de l’ostéoporose passe par le la parathormone, hormone qui stimule
lier, hôpital Cochin, Paris. dépistage des personnes à risque. Or, cette de façon indirecte la formation osseuse,
Le traitement hormonal substitutif question suscite encore de nombreux débats et les bisphosphonates, classe de
(THS), destiné à compenser la carence sur les outils et le moment de ce dépistage. médicaments qui augmentent transi-
en œstrogènes entraînée par la méno- Fondé sur un raisonnement technique, un toirement la masse osseuse et main-
pause, est actuellement la principale consensus semble se dégager autour de tiennent l’intégrité de la microarchi-
thérapeutique capable de prévenir la l’âge de 65 ans. Il reste à vérifier que, en tecture osseuse.
perte osseuse chez la femme dans les mettant en place un tel dépistage, on abou-
dix à quinze ans suivant la ménopause. tirait bien à une réduction des fractures», Des recherches
thérapeutiques actives
Actuellement, les chercheurs travaillent
La Fondation pour la Recherche Médicale : dans deux directions complémentaires
deux actions d’information qui constituent chacune des enjeux
Compte tenu du problème de santé publique que constitue l’ostéoporose, thérapeutiques majeurs : l’action sur
la FRM a lancé deux grandes actions de communication visant les ostéoclastes (les cellules qui détrui-
à sensibiliser les acteurs de santé et l’opinion sur la nécessité de prévenir sent l’os), afin de diminuer la résorp-
la dégénérescence osseuse. Une tribune presse a donc été organisée tion osseuse, l’action sur les ostéo-
autour de trois spécialistes, le Pr Pierre Delmas (hôpital Edouard-Herriot blastes (les cellules qui synthétisent
de Lyon), le Pr Jean-Philippe Bonjour (hôpitaux universitaires de Genève), l’os), afin d’augmenter la formation
Catherine Le Galès (Inserm, Le Kremlin-Bicêtre). Une exposition itinérante, osseuse. Le premier objectif vise à iden-
«L’os vivant», accompagnée d’animations et de conférences, a également été tifier les protéines impliquées dans la
réalisée, en partenariat avec le Palais de la Découverte et le Centre de culture fonction de résorption pour pouvoir, à
scientifique, technique et industrielle de Rennes. Après Rennes et Laval, terme, développer des molécules
rendez-vous au Palais de la Découverte, à Paris, du 6 juin au 24 septembre capables d’inhiber sélectivement cette
2000. Pour en savoir plus, consulter le site Internet de la FRM : fonction. «Le deuxième objectif, explique
http://www.frm.org Marie-Christine de Vernejoul,
de l’hôpital Lariboisière, Paris, die devrait conduire à mieux cerner est simple, son évolution impose une
s’appuie sur la découverte des marqueurs les populations à risque et à mettre en prise en charge lourde (intervention
biologiques du remodelage osseux. Cette place un dépistage précoce. chirurgicale mais surtout rééducation,
découverte a été décisive car elle est à l’ori- Enfin, si le rôle du calcium et de la suivi et gestion de la dépendance),
gine de nouvelles voies de recherches théra- vitamine D en tant que traitement estimée chaque année, en France,
peutiques sur les facteurs impliqués dans la reste encore largement méconnu, des entre 4 et 6 milliards de francs. «Or,
formation de l’os. C’est pourquoi les cher- études semblent cependant montrer explique Catherine Le Galès, écono-
cheurs étudient actuellement la différencia- que leur association réduit significati- miste, Inserm, aujourd’hui, il est difficile
tion des cellules osseuses, afin de mettre au vement la fréquence des fractures d’organiser une prévention efficace car
point des médicaments capables d’agir sur fémorales chez les populations âgées la population véritablement exposée
l’augmentation des ostéoblastes.» carencées. n’est pas encore identifiée. Les données
Par ailleurs, de nouveaux médica- disponibles sur le sujet étant insuffi-
ments sont également en cours de Une nécessaire évaluation santes, des décisions ciblées sur ces popu-
développement. Comme les œstro- de l’impact économique lations ne peuvent être prises.»
gènes, ils inhibent l’expression des Les économistes de la santé sont parti- Médicalement comme économique-
protéines impliquées dans la résorp- culièrement sensibles au problème de ment, la prévention constitue donc
tion; en revanche, ils ne présentent l’ostéoporose, maladie qui influence bien l’enjeu majeur de l’ostéoporose.
pas les effets indésirables des œstro- de façon massive, durable, et peut- C’est pourquoi les chercheurs ont
gènes. Dans le domaine génétique, être croissante, les dépenses de santé, tout leur rôle à jouer dans la produc-
l’étude des polymorphismes et/ou des tant pour des raisons épidémiolo- tion de connaissances permettant
mutations de certains gènes jouant un giques que financières. aux autorités sanitaires de prendre
rôle dans le déterminisme de la mala- En effet, si la pathologie en elle-même leurs responsabilités.
Syndrome de Muckle-Wells
V
ous n’avez sans doute jamais et surdité. Ainsi, les recherches fonda-
entendu parler du syndrome mentales sur le syndrome de Muckle-
de Muckle-Wells. «Il s’agit, Wells (MWS), même s’il s’agit d’une
Le gène en effet, d’une maladie rare, maladie rare, peuvent avoir d’impor-
du syndrome puisque depuis sa description initiale par tantes retombées, en apportant des
les cliniciens américains Muckle et Wells, en perspectives inédites pour l’étude de
de Muckle-Wells 1962, moins de 100 cas dans 28 familles l’inflammation et de la surdité, mala-
est en passe ont été rapportés», déclare Laurence dies qui sont, elles, très fréquentes dans
Cuisset, qui mène actuellement des la population générale. Sans parler des
d’être identifié recherches génétiques sur ce syndrome perspectives thérapeutiques jusqu’ici
par des chercheurs, à la faculté de médecine Cochin, Port- inexplorées de l’amylose, complica-
Royal (Paris). Cette maladie, pour tion majeure du MWS, qui se caracté-
soutenus par laquelle il n’existe actuellement pas de rise par des dépôts anormaux de
la Fondation traitement efficace, est un syndrome protéines, en particulier dans le rein,
héréditaire, c’est-à-dire transmis par un pouvant entraîner sa destruction.
pour la Recherche gène. «Récemment, nous avons montré
Médicale. Un espoir que ce gène est localisé sur le bras long du Si l’amylose est une des caractéris-
chromosome 1, précise Laurence Cuisset. tiques cliniques les plus graves du MWS,
pour contrer cette Il reste maintenant à identifier ce gène.» Ce les accès inflammatoires comprenant
maladie héréditaire travail devrait contribuer à une des douleurs abdominales, muscu-
meilleure connaissance des quatre types laires et articulaires, de la fièvre, des
rare, débutant de manifestations cliniques de la mala- frissons… ont par ailleurs permis de
dans l’enfance. die : inflammation, urticaire, amylose classer ce syndrome dans la famille des
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Luc Benevello
Nathalie Rogine-Le Du et Laurence Cuisset travaillent sur la région du chromosome 1 où se trouve le gène responsable du MWS.
fièvres héréditaires. Quatre maladies avons isolé en collaboration avec une équipe d’être identifié par un groupe anglo-
composent cette famille, précise le Pr de Montpellier, de Créteil et le Généthon, le saxon : il s’agit du gène d’un récepteur
Marc Delpech, directeur du laboratoire gène responsable de la FMF, localisé sur le du TNF alpha (Tumor Necrosis Factor),
dans lequel travaille Laurence Cuisset : chromosome 16», précise Laurence facteur connu pour intervenir dans l’in-
la fièvre méditerranéenne familiale Cuisset. Plus récemment, en 1999, «nous flammation. Autant de résultats qui
(FMF), le syndrome d’hyperimmuno- avons démontré l’implication dans le HIDS ouvrent d’ores et déjà d’immenses voies
globulinémie D (HIDS), la fièvre hiber- du gène codant la mévalonate kinase, une de recherche pour mieux comprendre
nienne familiale (FHF), et le MWS. Les enzyme impliquée dans le métabolisme du l’inflammation, point commun de
principales différences résident dans le cholestérol». Le gène de la FHF vient toutes les fièvres héréditaires.
mode de transmission de la maladie, la
durée des poussées de fièvre, les signes
cliniques associés, la présence ou non
Une action soutenue de la Fondation
d’amylose et l’origine des populations
pour la Recherche Médicale
touchées. Ainsi, la FMF touche princi- Grâce à l’aide de la FRM, Nathalie Rogine-Le Du, jeune étudiante en DEA
palement les Juifs séfarades, les Armé- encadrée par Laurence Cuisset, va pouvoir entreprendre l’étude de la région
niens, les Turcs et les Arabes, le HIDS du chromosome 1, sur lequel se trouve le gène responsable du MWS. «Au
est surtout retrouvé en Hollande et en départ, rien n’aurait pu se faire sans les cliniciens», remarque Laurence
France, et la FHF, maladie plus rare (une Cuisset. De fait, «Gilles Grateau et Alain Meyrier à Paris, Jean-Marie Berthelot
dizaine de familles seulement) se ren- à Nantes et Gérard Vaudour à Saint-Quentin, nous ont fourni, l’été dernier,
contre principalement en Europe du 57 prélèvements provenant de 29 patients atteints de MWS. A partir de l’ADN
Nord. Le MWS est, quant à lui, signalé extrait des cellules sanguines, avec la collaboration du Généthon, nous avons
en Angleterre et en France, notamment montré que le gène du MWS est contenu sur le chromosome 1 dans une
à Beauvais, à Saint-Quentin et à Nantes. région de 13,9 centimorgans, soit plusieurs centaines de milliers de paires de
Le professeur Marc Delpech et ses col- bases. Nathalie Rogine-Le Du a désormais en charge, poursuit Laurence
laborateurs sont les spécialistes de la Cuisset, de restreindre la taille de cette région, puis, lorsque cet intervalle
génétique des fièvres héréditaires. Tout sera le plus petit possible, de définir les gènes qui le composent. Travail qui
a commencé en 1997, lorsque «nous devrait permettre de découvrir le gène du MWS», conclut-elle.
POINT DE VUE
La performance médicale
vaut-elle que nous lui
sacrifiions notre humanité ?
Président du Comité
Consultatif National d’Ethique
depuis mars 1999, le professeur
Didier Sicard s’appuie sur
sa pratique de médecin pour
défendre une conception
Marie Bertrand
La réflexion éthique
au cœur du débat
Entretien avec DIDIER SICARD, PRÉSIDENT DU COMITÉ CONSULTATIF NATIONAL D’ÉTHIQUE
E
n prenant la présidence du Comité civils de Lyon, le Comité a rendu un avis
Consultatif National d’Ethique défavorable sur la première greffe de la main
(CCNE), j’ai été d’emblée frappé par réalisée à Lyon, dont les chances de réussite
la qualité de l’écoute entre les fonctionnelle nous paraissaient très faibles, alors
membres du Comité. Je craignais que le patient devait subir un traitement immu-
d’assister à des monologues contradictoires et nodépresseur à vie aux conséquences assez
j’ai découvert des séances de travail où chacun lourdes. L’équipe qui avait réussi cette perfor-
est provoqué dans ses convictions et peut en mance nous en a beaucoup voulu. Mais il faut
changer. Je m’efforce donc aujourd’hui de être clair : ou bien la réflexion éthique se tait, a
suivre le conseil de Jean Bernard et d’être un peur, est suiviste, ou bien elle met, de temps en
président un peu «constructeur», chargé de faire temps, un coup d’arrêt à une activité considérée
cheminer la réflexion et la production collective comme une performance et peut rencontrer
d’un avis. Nous avons, en effet, la chance énorme alors une certaine hostilité. Mais pour autant, je
d’être dans une réflexion créatrice privilégiant ne considère évidemment pas que le CCNE soit
moins une éthique de conviction qu’une le seul dépositaire de l’éthique ou détienne le
éthique de responsabilité. Je considère qu’un tel monopole de la réflexion sur ce thème. Situés à
comité n’a de sens que s’il a la capacité à être un carrefour, nous devons être à la fois déter-
suffisamment clair et net dans ses avis pour que minés et humbles. Nous avons à nous pronon-
la société se positionne pour ou contre ceux-ci. cer sur des sujets sur lesquels nous sommes sol-
licités, mais nous n’avons pas toujours l’initiative
Etre à la fois déterminés et humbles de la diffusion de ces avis. Ainsi, nous avons
C’est pourquoi je fais tout pour que le CCNE rendu à Dominique Gillot, actuel secrétaire
s’engage. Cela peut naturellement donner lieu à d’Etat à la Santé, un avis sur le Viagra qui avait
des réactions. Durant l’été 1999, interrogé par le été demandé par Bernard Kouchner et qui n’a
secrétaire d’Etat à la Santé et par les hospices pas encore été publié. Sur l’euthanasie, en
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revanche, nous avons travaillé spontanément ces pratiques, ou bien nous sommes suivistes et
pour tenter de clarifier une situation à la source nous estimons que la réparation thérapeutique
de grandes ambiguïtés, soit pour des sujets âgés de l’homme justifie le recours à de telles pra-
ou atteints de pathologies particulièrement dra- tiques. Je suis pour ma part partisan d’une
matiques, soit pour des nouveau-nés porteurs éthique «de résistance». Le sommet de bio-
de troubles neurologiques graves. Notre intention éthique qui se déroulera à Londres à l’automne
n’est pas de dire ce qui doit ou ne doit pas être prochain nous permettra de voir où en sont nos
fait en la matière, mais de donner à la société, homologues étrangers sur ce sujet.
aux familles, aux malades eux-mêmes des repères,
évitant les oppositions vaines ou stériles. En S’efforcer d’aller au-delà
d’autres termes, il s’agit de tout faire pour éviter de la seule visée thérapeutique
de donner une réponse toute faite à telle ou telle Médecin, je m’efforce, dans le
situation. cadre de ma mission au CCNE, de
ne pas réagir en médecin mais
Le principe de précaution ne doit d’adopter une vision plus large, de
pas devenir un principe de prévention susciter un débat qui ne s’arrête
Philippe Perez-Castaño
Deux autres sujets nous ont également beau- pas à la seule visée thérapeutique.
coup occupés en 1999. Tout d’abord, le principe Poser constamment le respect de
de précaution *, dont l’utilisation dans certains l’être humain face à la performance
secteurs de la médecine me paraît inquiétante. médicale, ne pas construire le
Ainsi, en matière de transfusion, nous avons futur de l’homme sur des exploits
aujourd’hui atteint une sécurité proche du qui menacent l’humanité tout Président du
maximum de ce que la science peut nous offrir. entière de façon plus subtile qu’on Comité Consultatif
Mais pour des raisons à la fois sécuritaires et ne le croit : tel est l’esprit dans National d’Ethique
émotionnelles, on multiplie à l’excès les contrôles lequel nous travaillons. La réflexion depuis mars 1999,
biologiques sans prendre en compte les sur- éthique nous oblige à passer sans Didier Sicard dirige
coûts, on écarte du don de sang, pour cause cesse de l’être, du sujet, de la per- l’un des deux
d’ESB (maladie de la vache folle), les personnes sonne à la collectivité. Si j’avais services de
qui ont fait un séjour en Grande-Bretagne ; bref, une ambition durant cette prési- médecine interne
on s’achemine vers une paralysie croissante du dence, ce serait d’attirer l’attention de l’hôpital Cochin.
système, à la source potentielle de nouveaux sur nos choix collectifs et individuels Il a, dès 1983, animé
risques par manque de sang. Le danger serait de santé. Il faut cesser de considé- des séminaires
donc grand, me semble-t-il, de faire du principe rer que tout individu a droit à tout. d’éthique destinés
aux enseignants
en médecine et
Il faut faire attention à ne pas construire assure aujourd’hui
l’enseignement de
le futur de l’homme sur des exploits l’éthique médicale
à Cochin. Il est,
qui peuvent menacer l’humanité. par ailleurs,
à l’origine, avec
Emmanuel Hirsch,
de précaution un nouveau principe juridique de Il faut gérer les ressources sans de la création de
la santé publique en France, négligeant les para- désinvolture, dans un souci de l’espace Ethique
mètres de la prévention ; la précaution comme répartition équitable, en se posant de l’AP-HP, un lieu
prévention n’est pas toujours raisonnable. constamment la question de savoir de réflexion et
L’utilisation des cellules et des souches si notre action conduit à une plus d’échange sur la
embryonnaires constitue un autre sujet de pré- grande humanisation. dimension éthique
occupation. Chacun s’est, semble-t-il, habitué de la pratique
au fait que les embryons pourraient devenir des * Face à des risques graves et irréver- professionnelle
donneurs de cellules, ouvrant alors de nouvelles sibles mais potentiels, l’absence de des médecins.
perspectives thérapeutiques : demain, les certitudes scientifiques ne doit pas retar- Enfin, Didier Sicard
femmes, notamment dans les pays pauvres, der l’adoption de mesures qui auraient a notamment
pourraient être encouragées à vendre une été jugées légitimes si de telles certitudes présidé, entre
«matière première» rare, leurs ovocytes, qui avaient été acquises. Autrement dit, le 1991 et 1993,
restent indispensables à la production d’em- principe de précaution ne se confond la Commission
bryons. Ce phénomène pose un véritable pro- pas seulement avec une règle d’absten- consultative
blème éthique. Ou bien nous considérons que le tion, mais doit conduire à l’adoption de nationale de
futur embryon ne peut pas être source de cel- mesures de sauvegarde et de dispositifs la transfusion
lules à visée thérapeutique et nous interdisons d’accompagnement. sanguine.
Fondation pour la Recherche Médicale • numéro 82 • 2e trimestre - avril 2000 29
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L A F O N D AT I O N À L’ É C O U T E
Vous faire partager l’enthousiasme et l’énergie déployée par
les bénévoles des comités régionaux pour réunir les donateurs
et les chercheurs autour et en faveur de la FRM. Etre présents
dans les moments d’émotion, d’espoir et de réussite, être ensemble
pour mieux encourager la recherche et mieux se connaître. Tel est
l’objectif de la rubrique «la Fondation à l’écoute», qui, chaque trimestre,
nous réunira autour de quelques temps forts. Rejoignez-nous…
fax : 05 49 60 46 48).
Prix des places entre 50 F et 80 F. Yves Pelicier a créé un laboratoire d’éthique médicale à la faculté Necker-Enfants Malades.
en faveur de la Fondation
pour la Recherche Médicale
a démontré qu’à l’aube du
Les Nouvelles messageries de la presse nouveau millénaire générosité
et solidarité n’étaient pas
parisienne et la recherche des mots vides de sens.
L A F O N D AT IO N À L’ÉCOUTE
Rencontres
«La passion de comprendre» Entretien avec Martine Aïach, directrice de l’unité 428 de l’Inserm,
professeur à la faculté de pharmacie de Paris V, biologiste à l’hôpital Broussais.
Philippe Perez-Castaño
Mariée à l’antithrombine
nouvelle découverte. Autre exemple : les
équipes de mon laboratoire ont établi que, chez
certains malades, la molécule d’antithrombine
se “cassait”, on dit qu’elle a une forme clivée.
Nous avons publié nos observations… et une
autre équipe, dans un autre laboratoire, a
constaté que “notre” antithrombine clivée pou-
vait limiter la croissance des cellules cancé-
reuses ! C’est évidemment une perspective pas-
Philippe Perez-Castaño
sionnante et chargée d’espoirs.
Mon domaine de recherche ? C’est le même
depuis plus de vingt-cinq ans : la coagulation Chercheur et manager
sanguine et ses inhibiteurs. On peut prendre La science avance ainsi : des périodes de recherche
comme exemple l’antithrombine, molécule qui purement fondamentale, qui nécessitent beaucoup
existe chez chacun de nous et qui régule la coa- d’opiniâtreté, de temps et de courage car l’issue Martine Aïach
gulation du sang : la thrombine coagule, l’anti- est forcément aléatoire… et des périodes où tout en 5 dates
thrombine contrôle et limite la coagulation. La s’accélère et où une application clinique apparaît.
production excessive de thrombine joue un rôle Et c’est souvent grâce au rapprochement de dis- 1966 : interne
dans l’apparition de la thrombose, l’embolie ciplines et d’équipes différentes que l’étincelle de en pharmacie des
pulmonaire, la phlébite, l’infarctus du myocar- la découverte surgit. Faire avancer la recherche, hôpitaux de Paris.
de, les attaques cérébrales… Toute une vie pro- c’est donc émettre des hypothèses et les vérifier,
fessionnelle consacrée à quelques molécules…, mais aussi publier, lire, rencontrer d’autres cher- 1975 : biologiste à
cela surprend parfois les néophytes. Mais il faut cheurs, suivre les colloques. La découverte est un l’hôpital Broussais.
savoir qu’un sujet de ce type représente un vrai processus collectif : le découvreur est celui qui
continent à explorer ! Tout au long de mes tra- pose la dernière pièce d’un puzzle patiemment 1983 : professeur
vaux, les résultats obtenus ont ouvert de nou- rassemblé par d’autres, depuis des années. Et d’hématologie
velles voies, soulevé des questions, révélé des comme directrice d’une unité Inserm, mon tra- à la faculté
perspectives inédites… Ainsi, j’ai commencé par vail consiste essentiellement à organiser ces de pharmacie de
des recherches cliniques, en travaillant à l’amé- connexions : lire les publications susceptibles l’université Paris V.
lioration du diagnostic des maladies liées au d’éclairer mon équipe, susciter des contacts, favo-
déficit en antithrombine. Ensuite, j’ai travaillé riser la communication et les échanges entre les 1991 :
sur un plan plus fondamental, en décortiquant différents pôles de recherche! C’est aussi gérer les mise en place
les mécanismes mêmes de la coagulation. Puis carrières, trouver des financements, veiller au d’un groupe
sont apparus les outils d’analyse génétique. Or, respect des budgets… Bref, tout un travail de de recherche.
les maladies du sang qui conduisent à la throm- “manager”, bien loin des “paillasses”*.
bose ont un caractère héréditaire : j’ai donc cher- 1995 : création
ché à identifier les mutations génétiques qui De la molécule au malade de l’unité 428
commandent les dérèglements de l’antithrom- Pour autant, la maladie n’est pas devenue une de l’Inserm,
bine. Enfin, depuis quatre ans, nous exploitons idée abstraite. Je fais ce que l’on appelle une intitulée «Risque
les méthodes de représentation des molécules carrière “hospitalo-universitaire”, c’est-à-dire que thrombotique
en trois dimensions… pour mieux comprendre j’occupe un poste de biologiste à l’hôpital et mécanismes
leur “comportement” et leurs interactions. Broussais, une fonction indispensable pour don- de l’hémostase».
ner un sens aux travaux de recherche. Ces allers-
Décrire la nature retours permanents entre la vraie vie et le monde
Parmi ces différentes pistes de recherche, si cer- plus théorique du laboratoire sont essentiels pour
taines n’ont pas encore trouvé d’issue clinique, maintenir ma motivation. D’autant plus que la
d’autres ont débouché sur des applications coagulation est un domaine où l’on sait aujour-
concrètes. Exemple : la piste génétique. Nous d’hui prévenir, diagnostiquer et soigner beaucoup
cherchions au départ deux ou trois mutations de maladies. Notre projet pour les cinq années à
de gènes impliqués dans les dérèglements de venir : décrypter la structure des protéines de
l’antithrombine. Nous en avons découvert et “l’antithrombose” pour proposer de nouveaux
décrit près de 200 ! Soit beaucoup trop de “scé- concepts thérapeutiques. On peut, par exemple,
narios” pour être utilisés dans le cadre du dia- imaginer qu’un jour on sache “copier” ces anti-
gnostic. Pour l’instant, il s’agit de décrire la coagulants naturels que sont les inhibiteurs de la
nature, de comprendre le fonctionnement de coagulation. Il s’agit donc de démonter des méca-
cette molécule…, mais, un jour, ces travaux nismes naturels… pour mieux soigner.
purement descriptifs constitueront la base d’une * Terme utilisé pour désigner la table de travail en laboratoire.
L A F O N D AT IO N À L’ÉCOUTE
Dr Pierre-Laurent MERLE
Dr Pierre-Laurent Merle
(à gauche), en compagnie de
l’équipe du Pr Elissavette
Kardami, de retour en France
DR
satisfaisante.
L A F O N D AT IO N À L’ÉCOUTE
QUESTIONS RÉPONSES
Luc Benevello
Le Pr Philippe
Chanson,
du service
Quel est le rôle de la prostate et quels problèmes
d’endocrinologie peut avoir cette glande ? P. C. Puy-de-Dôme
et des maladies
de la reproduction
au CHU Bicêtre,
donne une
information,
mais en aucun
L es sécrétions de la
prostate déversées
dans le liquide sémi-
nal protègent et améliorent
les capacités fonctionnelles
inflammation de la prostate,
parfois secondaire à une
infection bactérienne (elle-
même due à une infection
urétrale avec remontée des
ou du calibre du jet urinaire.
C’est l’examen physique
avec le toucher rectal qui
permet de bien mettre
en évidence l’hypertrophie
cas un diagnostic, des spermatozoïdes. Ainsi, germes depuis l’urètre jusque bénigne de la prostate. Cet
un pronostic lors de l’éjaculation d’un dans la prostate). Ces pros- examen peut être complété
ou un conseil volume d’environ 3,5 ml tatites peuvent être aiguës, par une échographie et par
d’ordre thérapeu- de sperme, 1/7 provient de alors marquées par une une mesure du débit urinaire
tique. Seul le la prostate. Celle-ci produit fièvre brutale, des frissons, (débimétrie). Le traitement
médecin traitant du zinc (qui joue probable- un malaise et, souvent, des de l’hyperplasie bénigne
est habilité à ment un rôle important signes de brûlures urinaires de la prostate est indiqué
le faire, et c’est contre les infections), des ou d’obstruction urinaire, lorsqu’il existe des troubles
lui que vous phosphatases acides et de éventuellement avec une mictionnels suffisamment
devez consulter. l’antigène prostatique spé- douleur dans la région gênants pour le patient,
cifique qui sert à liquéfier pubienne. Il existe souvent en cas de rétention d’urines
l’éjaculat. Les principales une infection dans les urines. ou d’infections urinaires
maladies qui peuvent Un traitement antibiotique récidivantes, ou encore
toucher la prostate sont est alors indispensable. Dans d’altération de la fonction
la prostatite, l’hyperplasie certains cas, cette prostatite rénale. On peut proposer
bénigne et le cancer. La peut évoluer sur un mode d’enlever la prostate par
prostatite est liée à une chronique avec réapparition voie naturelle (transurétrale);
de temps à autre d’infections c’est une technique chirur-
urinaires récidivantes, gicale efficace, bien tolérée
de douleurs ou de gêne. chez la plupart des patients,
L’hyperplasie bénigne de mais qui n’est pas néan-
la prostate est une maladie moins dénuée de tout
dont la fréquence augmente risque. D’autres traitements
avec l’âge. On estime qu’un peuvent être proposés,
homme sur quatre vivant en particulier des alpha-
jusqu’à l’âge de 80 ans aura bloquants qui diminuent
besoin d’un traitement pour les symptômes obstructifs
cette maladie. En augmen- prostatiques. Récemment,
tant de volume, le tissu un nouveau traitement
prostatique comprime par des inhibiteurs de
l’urètre, ce qui provoque la 5-alpha-réductase capables
des symptômes d’obstruc- d’améliorer significativement
tion urétrale avec vidange les symptômes a été proposé.
incomplète de la vessie Les décisions de traitement
qui peut être à l’origine doivent être prises par
d’infections ou de calculs. un urologue, en fonction
BSIP/CMSP Bryson
LA F O N D AT I O N À L’ÉCOUTE
L ’ostéoporose (voir
pages 24-25) est particu-
lièrement marquée chez les
trer un traitement par les
œstrogènes. On est même
amené, dans certains cas,
présence ou non de ces
récepteurs aux œstrogènes,
de l’âge de la patiente,
est plus important que le
risque potentiel d’ostéopo-
rose. Lorsque les œstrogènes
femmes après la ménopause à proposer une mise au du type de cancer, etc. sont contre-indiqués, on
et est en rapport avec la repos définitive des ovaires Cette discussion a lieu peut recourir à d’autres
baisse de la production afin d’empêcher toute pro- entre le médecin et sa traitements pour prévenir
d’œstrogènes. Aussi est-il duction d’œstrogènes. On patiente. Néanmoins, l’ostéoporose, comme les
recommandé, chez les peut évaluer l’intérêt d’un de façon générale, le risque biphosphonates, le calcium
femmes après la ménopause, THS pour prévenir l’ostéo- de récidive d’un cancer du ou la vitamine D. Des
de prendre un traitement porose en fonction de la sein hormono-dépendant recherches sont en cours
hormonal substitutif (THS) afin de mettre au point
contenant des œstrogènes des médicaments capables
et de la progestérone afin d’avoir les effets des œstro-
de diminuer ou de ralentir gènes sur l’os – et de pré-
l’apparition de l’ostéoporose. venir ainsi l’ostéoporose
Dans le cas d’un cancer du – sans avoir les effets des
sein hormono-dépendant, œstrogènes sur le cancer
les cellules cancéreuses du sein. Il s’agit de modu-
présentent des récepteurs lateurs spécifiques des
aux œstrogènes qui stimu- récepteurs des œstrogènes.
lent la croissance de ces
BSIP Cavallini James
L es effets de la cortisone,
à long terme, sont diffé-
rents selon la dose admi-
La peau devenue plus fine,
plus fragile, se blesse facile-
ment lorsqu’elle est trau-
téoporose, on prescrit par-
fois vitamine D ou calcium.
On peut donner un régime
pharmacologique, pour
diminuer une inflamma-
tion ou une douleur, mais
nistrée. Dans le traitement matisée et a tendance par- sans sel afin d’éviter la pour pallier le manque de
d’une maladie inflamma- fois à se surinfecter. La cor- prise de poids, et associer sécrétion par les surrénales,
toire, de l’asthme ou d’un tisone peut également être un traitement de potassium elle est administrée à doses
rhumatisme articulaire, responsable d’une tendance pour maintenir sa concen- physiologiques. Ces très
on prescrit de fortes doses à faire plus facilement des tration constante dans petites doses sont données
de cortisone (doses phar- infections par diminution le sang. Enfin, un régime à vie et n’entraînent pas
macologiques), souvent de l’immunité. Enfin, de peut être prescrit si le d’effets secondaires. La
de manière prolongée, fortes doses de cortisone patient a tendance à dose administrée chaque
pour diminuer l’intensité peuvent aussi avoir un développer un diabète. jour est un traitement
de l’inflammation retentissement sur l’os et Néanmoins et malgré ces substitutif qui correspond
ou de la douleur. Dans ces accroître le risque de sur- effets secondaires, dans un à la dose de cortisone nor-
conditions, les traitements venue d’une ostéoporose. certain nombre de cas, les malement sécrétée par les
peuvent être responsables Il est donc souvent impor- traitements par la cortisone surrénales. Dans ce cas, il
d’un certain nombre d’ef- tant d’essayer de trouver (y compris à fortes doses) n’est bien évidemment pas
fets secondaires. A savoir : la «moindre dose efficace», sont absolument indispen- recommandé de faire un
prise de poids, anomalies qui permette de limiter sables et doivent être pour- régime sans sel, au contraire,
métaboliques avec parfois les effets secondaires. Pour suivis. Lorsque la cortisone et il n’y a pas de risque
apparition d’un diabète. éviter les problèmes d’os- est donnée non pas à titre d’ostéoporose.
38 Fondation pour la Recherche Médicale • numéro 82 • 2e trimestre - avril 2000
frm_5882_36-39_baf 14/03/03 10:44 Page 39
CONSEILS JURIDIQUES
Luc Benevello
par Catherine
Quelles sont les précautions à prendre pour Baechelen,
responsable
rédiger son testament sous la forme olographe ? des dons
L e terme «olographe»
signifie «entièrement
écrit à la main». Le testa-
il y a lieu de recourir à la
procédure de vérification
d’écriture. Le testament
procès. Pour faire un
legs à notre Fondation,
il faut indiquer en entier
et des legs
à la Fondation
pour la
ment doit être écrit de la doit être personnel. Mari «Fondation pour la Recherche
main du testateur et doit et femme doivent chacun Recherche Médicale» Médicale.
l’être en entier. Minuscules faire leur testament. et, si possible, ajouter 01 44 39 75 66/67
ou majuscules, stylo ou Il convient d’indiquer ses notre adresse. Votre
plume, tout support, le nom, prénom et domicile notaire pourra ainsi nous
testament est valable. et d’éviter les ratures. contacter plus rapidement.
En revanche, un testament La rédaction du testament Une lettre missive peut
Glossaire
Fichier central
dactylographié est nul, doit être claire et ne pas inclure un testament
des testaments :
comme un testament comporter de formules à condition que celle-ci
fichier sur lequel le
imprimé. En cas de ambiguës, sources d’éven- ne fasse pas seulement
notaire inscrit l’existence
contestation de l’écriture, tuelles contestations ou état d’un projet.
du testament à la
demande du testateur.
Cette inscription est
La date et la signature sont-elles indispensables confidentielle. La durée
de conservation du
sur un testament? fichier est de 130 ans
L es risques de perte ou
de destruction du testa-
ment, du vivant du testa-
testament chez un notaire
et à lui demander de
l’inscrire au Fichier
Tout notaire qui ouvre une
succession est tenu d’inter-
roger le Fichier central.
quent quand le défunt
a laissé un testament.
Si le testateur a des
teur (personne qui rédige central des testaments. Il connaît ainsi le lieu enfants, il ne peut dis-
le testament) ou après son Cette inscription du testa- de dépôt des dispositions poser que d’une partie
décès, conduisent à inciter ment est confidentielle et testamentaires et de son patrimoine appe-
le testateur à déposer son constitue une sécurité réelle. peut les exécuter. lée «quotité disponible».
Quotité disponible :
partie de son patrimoine
Une copie du testament est-elle valable dont on peut disposer
si l’original n’est pas retrouvé ? librement en présence
d’héritiers réservataires
L a copie d’un testament olographe est sans valeur, ne pouvant être considérée comme
le testament lui-même, à la différence de doubles originaux qui comportent l’expres-
sion de la volonté du testateur.
soit par donation, soit
par legs.