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Comprendre
Nourrir son corps de façon insuffisante ou excessive renvoie à une image que
l'on veut détruire, soit chez les autres, soit à l'intérieur de soi. En effet, le
corps est un élément essentiel de la personne. Le corps est ce que les autres
voient d'abord de nous. Le corps est ce qui est d'abord accessible aux autres
pour lui faire du bien ou pour lui faire du mal...
Il ne manque pas de théories anthropologiques de la nutrition qui montrent
combien cette grande fonction globale ou ce travail est un des trois fondements
de la vie de l'homme. Deux exemples pour montrer l'aspect toujours nouveau des
recherches:
* René Thom, mathématicien et théoricien de la biologie, fait de la capture de la
proie par le prédateur, et de la prise de nourriture suivie d'assimilation si la
proie n'est pas vivante, un des modèles centraux de ce qu'il appelle des
processus de type catastrophe. Le modèle mathématique qui correspond à cette
catastrophe est l'ombilic hyperbolique. Il modélise le comportement de la proie
qui a un moment tombe dans le champ de prédation du prédateur, puis le trajet
de la proie depuis la bouche du prédateur jusqu'au plus profond de l'organisme.
Le terme de prégnance, issu du Gestaltisme, désigne les formes qui attirent le
prédateur affamé. On peut utiliser le terme de prégnance pour désigner toutes
les formes de nourriture que l'homme désire. La mathématisation d'une
prégnance se fait à l'aide de la notion d'attracteur.
* Dernier numéro de Science et Vie: taille du cerveau et nourriture - article du
Télégramme
Comment ne pas citer le christianisme qui a une nourriture sans équivalent : une
religion où Dieu se fait aliment. Jn 6, 35 « Je suis le pain de vie: celui qui vient à
moi n'aura jamais faim, et celui qui croît en moi n'aura jamais soif» Jn 6, 51 « Je
suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra
éternellement; et ce pain que je donnerai, c'est ma chair, pour le salut du monde.
» Cette parole du Christ a été comprise par ses auditeurs d'abord dans le sens
littéral, ce qui a été rejeté par les Juifs: Jn 6, 52 « Là-dessus, les Juifs se
querellaient entre eux, en disant: « Comment un homme peut-il nous donner sa
chair à manger ?» ». Mais Jésus a confirmé le sens littéral au verset suivant: Jn
6, 53 « Jésus leur dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez
pas la chair du Fils de l'homme, et vous ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie
en vous-mêmes» ». Sans la foi, si l'on ne considère que la nature humaine du
Christ, c'est un anthropophagisme. Mais le Christ affirme aussi être Dieu, ce qui
change tout, car c'est d'une chair ressuscitée et divinisée dont il parle. Même
pour le chrétien c'est un mystère. Avoir un Dieu si proche qu'il soit aliment.
Quelle extraordinaire importance donnée au corps et aux fonctions vitales. Un
Dieu fait chair, une chair donnée en nourriture. Les catholiques croient que le
Christ, fils de Dieu, homme et Dieu (une seule personne, deux natures), mort et
ressuscité, est présent avec son corps, son âme et sa divinité dans le pain ou le
vin transformés au cours de la messe (Eucharistie). Cet aliment divin leur donne
la vie surnaturelle qu'ils appellent la grâce. (Benoît XIV exprime
particulièrement clairement ce point fondamental de la vie du chrétien dans son
homélie au stade de Marienfeld lors des JMJ 2005 le 21 août).
3. Ce qui dépend de nous tous: l'alimentation des populations est une priorité
morale et politique
Avertissement:
J'ai conscience d'élargir un peu cette partie qui s'intitule, dans le programme:
"Production alimentaire et environnement" mais qui stipule aussi « Ce thème
doit permettre de poser scientifiquement des questions sur "Quels aliments
pour nourrir demain six milliards d'hommes ?" en considérant à la fois
l'individu et son environnement proche et global. Une interaction avec
l'enseignement de géographie et de sciences économiques peut être mise en
place à partir de ce thème.» Je pense que le manuel scolaire Bordas n'a pas
assez approfondi la question.
Trois sources;
Encyclopedia Universalis (notée EU - article Alimentation: nourrir les hommes)
La faim dans le monde
(http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/corunum/documents/rc
_pc_corunum_doc_04101996_world-hunger_fr.html)
Nourrir les hommes - production APBG-PPE-ECPA (1993)
Observer - Manipuler - Expérimenter
Construction d'une pyramide des biomasses et d'une pyramide énergies;
La biomasse c'est le poids des êtres vivants d'une même espèce (ou d'un
groupe d'espèces ou de l'ensemble des êtres vivants d'un milieu). Elle est
exprimée en unités de masse par unité de surface (ou de volume) et de temps.
Bordas p 85 n°B3; 920 g de prairie par m2 et par an (producteur primaire)
nourrit 100,5 g (11%) par m2 et par an d'herbivores (producteur secondaire);
15.270 kJ sont contenus dans la matière organique de la prairie et seulement
2.285 kJ (15%) sont récupérés dans la matière organique des consommateurs de
1er ordre (ou producteurs secondaires). Le RENDEMENT énergétique est le
rapport de l'énergie récupérable (en terme de matière organique) entre deux
niveaux de production.
Bordas p 85 n°B3; une pyramide est construite à partir de la superposition de
rectangles représentant les biomasses ou les énergies de chaque niveau
(producteurs en dessous et consommateurs d'ordre successif au-dessus).
Bordas p 85 n°B4; A chaque niveau de consommation on observe des PERTES
(c'est-à-dire une production de chaleur et de la matière non assimilée, mais qui
est récupérée par d'autres organismes, principalement les décomposeurs).
Notion d'agrosystème: Bordas p 86 n°A2
Carte des régimes alimentaires dans le monde (EU)
Carte de la sous-alimentation des populations mondiales (EU)
Apprendre
L'écosystème (du grec oïkos = habitat) est un système composé des êtres
vivants (biocénose) et d'un milieu de vie particulier (biotope).(ex: telle prairie,
telle forêt, tel océan à telle latitude...)
Les agrosystèmes sont des écosystèmes artificiels exploités par l'homme
(élevage, pisciculture, sylviculture, agriculture...).
Les organismes reliés entre eux par des relations trophiques (de nourriture)
forment un réseau alimentaire (composé de nombreuses chaînes plus ou moins
ramifiées et intriquées).
La matière organique des producteurs primaires (plantes chlorophylliennes et
unicellulaires chlorophylliens, c'est-à-dire autotrophes) vient du carbone de l'air
et l'énergie vient du soleil.
La matière organique des producteurs secondaires ou consommateurs (tous les
organismes hétérotrophes ou mieux allotrophes) vient de la matière organique de
leur nourriture et l'énergie vient de l'énergie chimique contenue dans cette
nourriture. Les consommateurs de premier ordre consomment des producteurs
primaires alors que les consommateurs d'ordre supérieur ou égal à 2 consomment
des consommateurs d'ordre inférieur et éventuellement aussi des producteurs
primaires).
Les écologistes calculent des rendements pour essayer de rendre compte des
transferts entre niveaux de consommation ou entre un écosystème et son
environnement.
On considère qu'une alimentation principalement à base de nourriture de type
primaire (blé, riz, mil, maïs, patates...) est plus économe en énergie (au niveau de
l'écosystème, bien que le rendement soit faible pour le transfert entre la
matière organique de niveau 1 et la matière organique de niveau 2: environ 0,4%)
que la consommation d'une nourriture composée de consommateurs de 1er ordre
(lait, viande d'herbivores...) ou surtout d'ordre supérieur (alors que le transfert
entre niveau d'énergie se fait alors avec des rendements de l'ordre de 10 à
20%).
Ainsi on peut affirmer qu'un ha de céréales nourrit 120 personnes, alors qu'un ha
de prairie utilisée pour l'élevage de bovins nourrit 2 personnes. De là à
considérer que la consommation de nourriture secondaire est un luxe il y a un pas
qu'il ne faut pas franchir inconsidérément. Il ne faut pas oublier que si l'homme
est un allotrophe, la variété de l'alimentation est une exigence psychologique.
Cela n'empêche pas que certains européens prennent conscience de ce que leur
alimentation est d'une richesse énergétique telle qu'ils puissent la qualifier de
gaspillage.
La démarche actuelle "environnementale " exige que l'on mesure le rendement
d'un agrosystème non pas uniquement en comparant les importations artificielles
aux exportations artificielles, sans se préoccuper des éléments fournis
"gratuitement" par la nature, mais bien en essayant de dresser un bilan global,
notamment en terme de surexploitation des richesses du sol ou en terme de
pollution de l'environnement. Le respect de l'environnement n'est pas un luxe. Il
s'agit sans aucun doute ici d'une bonne mondialisation, celle des responsabilités.
Pour les consommateurs européens, à cette démarche environnementale, qui peut
être solidaire, s'ajoute une exigence de sécurité alimentaire (au sens de
inoffensif pour la santé).
Il y a d'énormes disparités entre les rations alimentaires des habitants de la
planète.
Les causes de la sous-alimentation (quantitativement du point de vue
énergétique) sont variées et ne peuvent surtout pas être supposées uniquement
géographiques ou climatiques. Les spécialistes affirment que la cause majeure
de la faim est la pauvreté. De nombreuses famines (et de plus en plus) sont
dues à des guerres. La réponse à une famine n'est donc pas toujours celle d'une
aide agricole ou technologique mais bien plus souvent celle d'une aide politique et
économique.
Le problème de la faim renvoie clairement à la solidarité. Ce n'est pas un
problème à traiter au loin, dans des pays pauvres, en considérant que certaines
personnes vont donner de leur temps, soutenus par l'effort financier d'autres,
pour aider des populations en difficulté. C'est un problème d'économie globale.
C'est aussi un problème d'humanisme, de solidarité. Pour vous, jeunes européens,
la faim se combat d'abord par le développement que vous choisirez.
L'urgence (et le scandale) c'est la faim dans le monde aujourd'hui et non à
l'horizon 2050.
Actuellement on considère souvent que la terre peut nourrir tous les hommes
qu'elle porte. Savoir si elle pourra le faire dans 50 ans se discute mais pas dans
l'urgence. L'urgence est dans le présent. Les prévisions ne sont que des
prévisions et peuvent nous aider à orienter notre effort mais ce n'est pas
l'urgence.
Si l'on projette l'évolution des ressources alimentaires à celle de la population
mondiale en 2050 par exemple (8 à 10 milliards d'individus) on arrive à une
diminution très forte de la ressource pour chaque individu. Cette projection est
très diversement ressentie selon les convictions de chacun.
Une population jeune consomme moins et produit plus («... en Afrique, en Asie et
en Amérique latine, où les populations sont relativement jeunes, les besoins
énergétiques alimentaires moyens sont de l'ordre de 2 150 kilocalories par
personne et par jour (kcal/pers./j), alors qu'ils s'élèvent à 2 400 kcal/pers./j en
Amérique du Nord, où les populations sont relativement âgées, avec une taille et
un poids moyens plus élevés» (EU - article "Alimentation, nourrir les hommes).
Si la pauvreté est la cause principale de la faim, il est surprenant que l'on
cherche parfois encore à vaincre cette pauvreté en se contentant d'essayer
d'abaisser le taux de fécondité sans s'attaquer aux racines économiques ou
politiques de cette pauvreté.
Les leçons que l'on tire de l'histoire ont aussi changé. A chaque fois que l'on a
assisté à une croissance démographique très rapide (1960-1990 par exemple)
l'augmentation de la production végétale, base de l'alimentation, a été encore
plus rapide.
Appliquer
Comprendre
moralité:
La faim des pauvres est un mal moral car c'est une pauvreté engendrée par les
actions des riches et des politiques à la recherche de pouvoir. Le remède est
donc moral.
La pauvreté subie est une sous-humanité et est bien différente de la pauvreté-
vertu. L'homme entier est riche de vertus humaines. La propriété est un bien (il
permet à l'homme d'atteindre sa fin). La richesse est un bien dans sa capacité à
donner. Qui n'a pas ne peut donner et donner est indispensable à l'homme, tout
comme aimer. Comment oser posséder en face de celui qui n'a rien ? L'awalé est
un jeu africain qui met en avant ce principe (manger si le partenaire n'est pas
trop gros (>3) ni trop mince (< 2) et ne jamais le laisser sans rien sous peine de
tout perdre).
La terre est un bien commun.
Cette affirmation, si elle était vécue, serait révolutionnaire. Tous les biens
terrestres sont transitoirement entre les mains de certains mais ils ne leur
appartiennent pas en propre. La terre appartient à l'humanité qui délègue sa
gestion à certains selon une hiérarchie variable d'un endroit à l'autre de la
planète.
Si par goût vous recherchez l'argent, le pouvoir ou la notoriété, ce qui est
légitime, que ce soit pour le bien commun au sein de structures orientés vers le
bien commun. Lutter contre la faim c'est aider à la justice et à la paix. Aider et
coopérer aux actions solidaires qui cherchent le bien commun. C'est une banque
solidaire, une association, un comité de jumelage...
Les droits se décrètent. Le travail a déjà été fait (notamment).
Déclaration universelle des droits de l'homme, 1948
(http://www.droithomme.gouv.fr/) -Article 25
« 1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa
santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation,
l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux
nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie,
d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses
moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.
2. La maternité et l'enfance ont droit à une aide et à une assistance spéciales.
Tous les enfants, qu'ils soient nés dans le mariage ou hors mariage, jouissent de
la même protection sociale. »
Déclaration mondiale sur la nutrition, 1992
FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations - Organisation
des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture) et OMS (Organisation
Mondiale pour la Santé), Conférence Internationale sur la Nutrition,, Rapport
final de la Conférence, Rome 1992, n°1 : « l'accès à des aliments
nutritionnellement appropriés et sans danger est un droit universel »
Un breton précurseur défenseur des pauvres - dans l'action politique - en pleine
révolution française, contre tous les privilèges : Félicité Robert de Lamennais
(1782-1854)
Stèle pour Lamennais, Xavier Grall, Calligrammes, 2001
« ASSEMBLÉE NATIONALE - ANNÉE 1849 - L'amphithéâtre est vide. Un
représentant du peuple erre dans les travées. Il a naguère collaboré à l'Avenir.
Ancien proscrit - un proscrit considérable - il est le poète le plus illustre de la
toute jeune république. Il erre. Dans cette France qui se cherche et s'est enfin
débarrassée des tyrans, il se sait le représentant illustre d'un peuple travaillé
par la faim de justice. Il erre... Son nom ? Victor Marie comte Hugo... Et alors
qu'il marche dans cette Chambre désertée et crépusculaire, un mot inscrit sur
un pupitre attire son regard. Hugo se penche et lit, étonné. Qu'est-ce donc ?
C'est un verbe. Un seul. Mais le verbe des verbes. Le verbe-roi :