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ELIAS Norbert, La civilisation des mœurs, 1969

Introduction :

L’étude des mœurs en elle-même apparaît parfois comme quelque chose d’assez futile et
léger. Mais pour Norbert Elias, c’est l’étude de ces aspects de la société qui permet de rendre
compte du lent et progressif processus de civilisation.
La civilisation des mœurs est publié en 1939, en 1973 en français, et c’est le premier tome
de l’œuvre de Norbert Elias, intitulé le Procès de civilisation. Norbert Elias allemand, il est né en
1897 à Breslau, et meut à Amsterdam en 1990. Apres l’arrivée des nazis au pouvoir, il émigre en
Suisse, puis en France, et finit par s’établir à Londres, où il vit jusqu'à sa retraite. C’est à la
bibliothèque du British Museum qu’il fait les recherches qui vont le mener à la rédaction du Procès
de Civilisation.
Il dira, sur La civilisation des mœurs : « ce premier tome se préoccupe de savoir si l’on
peut prouver, en tant que fait démontrable, et vérifier à l’aide de preuves empiriques sûres, la
supposition, fondée sur des observations dispersées, selon laquelle il existe des transformations à
long terme des structures affectives et des structures de contrôle des hommes appartenant à
des sociétés déterminées, lesquelles vont, à travers toute une succession de générations, dans
une seule et même direction ». En effet, selon Elias, la civilisation occidentale est le résultat d’un
processus de domestication des pulsions.
La question qui va ici nous intéresser est de savoir en quoi il est pertinent de présenter la
civilisation des mœurs comme un processus, et surtout, ce qu’est-ce qui se trouve à la base de
l’acceleration de ce processus, c’est-à-dire ce qui en est le moteur réel.

I / Le concept de civilisation chez Norbert Elias, ou la civilisation envisagée comme processus

A- Une définition du concept de « civilisation » en fonction de l’histoire sociale d’un


pays

Elias base tte son argumentation et tte son étude du processus de civilisation, sur la comparaison
des différentes sociétés occidentales à partir du Moyen Age. C’est, selon lui, la structure de ces
différentes sociétés qui permet en partie d’expliquer le processus de civilisation

1) Bourgeoisie et aristocratie : des rapports différents en France et en Allemagne…

La façon dont se sont structurés les rapports entre aristocratie et bourgeoisie en Allemagne n’a
rien à voir avec la réalité de la France. En effet, de l’autre côté du Rhin, un tournant s’opère après la
Guerre de Trente ans : l’Allemagne est grandement fragilisée, et c’est la cour française de Louis
XIV que l’on commence à imiter : ainsi, on parle français dans les cours, et l’aristocratie
commence à développer un certain mépris pour la langue germanique, ne la trouvant pas assez
subtile, et lui préférant la littérature francophone. En 1780, Fréderic II de Prusse publie même un
texte intitulé : « De la littérature allemande », où il dénonce le développement insuffisant de la
littérature, et parle de l’allemand comme d’une langue semi barbare. Parallèlement à cette
admiration pour la langue et la culture française de la part de l’aristocratie, se construit en
Allemagne une couche d’intellectuels bourgeois, s’exprimant en allemand, écrivant et
produisant des œuvres en allemand, mais n’ayant absolument pas accès au politique, ni en ce
qui concerne les débats, ni en ce qui concerne les décisions. La politique était exclusivement le
domaine des cours allemandes, dans lesquelles on parlait donc français. C’est de cette couche
d’intellectuels bourgeois que sont issus la plupart des penseurs allemands, tels que Goethe, ou
Lessing, dont l’œuvre, rappelle Elias, n’a aucune visée politique. Bien sûr, on trouve parfois dans
leurs écrits un sentiment de haine envers les cours, l’aristocratie, les gallomanes, et c’est une
littérature que lit la jeunesse bourgeoise, qui rêve d’une Allemagne unifiée. Mais ces éléments
bourgeois sont tenus de façon très étanche à l’écart du pouvoir politique.
La situation en France n’a vraiment rien de comparable. Il y avait aussi émergence d’une
classe bourgeoise intellectuelle, mais cette classe bourgeoise était accueillie et souvent assimilée
à la société de cour. De fait, elle avait donc un accès direct aux rennes du pouvoir, avait un
pouvoir d’influence sur le roi et son entourage, et occupait assez souvent les postes de
fonctionnaires du royaume. C’était en fait la conséquence de la volonté de Louis XIII, et surtout
ensuite de Louis XIV, c’est-à-dire d’écarter la noblesse de toutes les fonctions politiques et de faire
accéder les éléments bourgeois au gouvernement et à l’administration, et au plus hautes charges de
l’Etat. C’est même d’ailleurs, pour Elias, ce qui expliquerait la montée des tensions tout au long du
XVIIIè siècle, avec, pour apogée, la Révolution Française : cette politique avait conduit,
contrairement à ce qui s passait en Allemagne, à un certain brassage d’éléments sociaux d’origine
diverse, et les bourgeois ayant eu l’expérience politique de la cour ont été a même d’exercer les
fonctions nécessaires au gouvernement du pays.

2)… ont pour conséquence des conceptions différentes de la civilisation de part et d’autre
du Rhin.

Poser ces jalons dans l’explication est intéressant pour deux raisons, que je vais expliquer
successivement.
La première de ces raisons, c’est que c’est le rapport entre bourgeoisie et aristocratie qui a
défini, pour Elias, la notion de civilisation en France, en Angleterre ou en Allemagne. Là
encore, l’Allemagne propose une évolution différente. En effet, l’opposition que l’on a vue entre
bourgeoisie et aristocratie allemande va aboutir à une opposition entre deux conceptions
différentes ; celle entre la culture et la civilisation, au sens allemand du terme.
En Allemagne, la civilisation ne désigne pas la même chose qu’en France, ce n’est pas un
concept qui fait la fierté du sentiment national allemand ; En effet, on va voir qu’il y a une
opposition, en Allemagne, entre Kultur et Civilisation, et que c’est sur le concept de la culture qui
est plutôt mis en valeur.
Pour les penseurs allemands, tenus a l’écart de la politique par la société de cour, les valeurs
qui se développaient ds les milieux aristocrates étaient celles de la superficialité, de l’urbanité,
de le politesse à outrance, et ce n’étaient pas les valeurs que ces penseurs défendaient, dans leur
langue d’origine, dans les écrits et les œuvres qu’ils produisaient. Les valeurs que eux mettaient en
avant et dont ils soulignaient l’importance étaient des valeurs de vertu, de sincérité, d’honnêteté,
des valeurs qu’ils considéraient comme authentiques, et qu’ils opposaient à la courtoisie, c’est-à-
dire, l’ensemble des valeurs qui étaient utilisées dans les cours. C’est ce que signifie, pour ces
intellectuels allemands, la civilité. Etre civilisé pour un penseur tel que Goethe, c’est être capable
d’être poli, aimable, de faire croire à notre interlocuteur qu’on lui est dévoué, ce qui, au fond, ne
peut être vrai. Etre civilisé, la civilisation, revêt donc un caractère quelque peu péjoratif pour la
bourgeoisie allemande. C’est en tous cas une chose d’être civilisé, et une autre d’être cultivé. Ainsi,
Kant, déjà, avait écrit « nous sommes cultivés à un haut point par l’art et les sciences, nous
sommes civilisés à satiété pour exercer les politesses et convenances sociales. » La culture ne
s’appliquait en aucun cas ni au politique, ni à l’économique, ni au social, puisque la bourgeoisie des
XVIIè et XVIIIè siècles en était tenue à l’écart.
Lorsque s’entame la lente montée de la bourgeoisie allemande, qui se hisse peu à peu, je cite là
Elias, « au rang de porte parole de la conscience nationale », les valeurs propre à cette couche
sociale, qui en avait fait la spécificité et qui l’avait différenciée de la société de cour, c’est-à-dire la
vertu, la profondeur, etc., deviennent les valeurs qui font la fierté nationale. L’Allemagne est
fière de sa culture comme la France ou l’Angleterre sont fières de leurs civilisations, mais par
culture, les intellectuels allemands entendent les produits des sciences, de la littérature, de la
religion, et pas vraiment autre chose.
Quant à la France ou l’Angleterre, si ce sont leurs civilisations qui font leur fierté, c’est parce
que l’histoire n’a pas évolué dans le même sens, et de la même façon. En France, la civilisation ne
s’est pas structurée en opposition au pouvoir, à la société de cour, au politique. Au contraire : en
France, les idées des penseurs sont souvent tournées vers le concret du pouvoir, vers les
problèmes économiques, sociaux et politiques. Elias dit que « le rôle intellectuel des cercles de
penseurs était de savoir comment influencer le roi et son entourage ». Il prend ainsi l’exemple des
Physiocrates, courant de pensée très important de la seconde moitié du XVIIIè siècle. Leur pensée,
leurs efforts intellectuels, consistaient à trouver un moyen de théoriser la nécessaire réforme du
pouvoir. Ainsi, ils arrivent à définir leur pensée de la façon suivante : il n’est pas vrai de dire que les
gouvernants soient tout puissants et puissent régler les conditions humaines au gré de leur fantaisie.
La société, l’économie, ont leurs propres lois. Il faut mettre en place une administration éclairée,
raisonnable, qui administre et oriente les processus sociaux conformément aux lois de la nature. On
voit donc qu’en France, contrairement à ce qui se passe en Allemagne, le mouvement intellectuel
ne se fait pas à contre courant de la société de cour. Au pire, elle cherche à la réformer, mais
adopte, tant dans son langage que dans ses objectifs, les mêmes modes de pensée que la société de
cour. Les bourgeois intellectuels en plein essor sont habitués à la tradition aristocratique, ce qu’ils
produisent est similaire dans la forme et souvent dans le contenu à ce qu’a produit, à ce que lit
l’aristocratie. En France, donc, la notion de civilisation n’est pas la même chose que la notion de
culture, qui fait la fierté allemande. C’est une notion qui englobe également ce qui a trait au
politique, à l’économique et au social, et qui ne s’est pas réellement construit en opposition à la
société de cour.
D’autre part, il existe une autre différence entre les concepts de culture et de civilisation, c’est
que le second a un caractère évolutif, c’est un processus, tandis que culture représente qqch. de
plus limitatif, puisqu’il désigne des produits finis, comme des œuvres d’art, des livres, des systèmes
religieux.

B- ????

II / Le processus de civilisation comme phénomène inhérent au processus de construction de


l’Etat moderne

A- Le processus de civilisation comme phénomène venant de l’élite sociale

En France, le processus de civilisation se fait par l’élite sociale. C’est parce que la société de
cour s’est ouverte à la haute bourgeoisie que les mœurs de cette société de cour se sont peu à peu
diffusées dans les classes inférieures de la société. C’est-à-dire que peu à peu, les manières de la
cour, ce qui se faisait et ce qui ne se faisait pas, ont été imitées par les couches inférieures à la
société de cour, mais qui étaient à son contact, qui évoluaient dans les mêmes cercles qu’elle.

a. L’accélération du processus de civilisation au sortir du Moyen Age et à l’aube


des Temps Modernes.

Elias décide d’étudier la civilisation des mœurs au sortir du Moyen Age, et instaure comme
période transitoire l’aube des Temps modernes. Il s’attache aux écrits d’un auteur en particulier, qui
se trouve selon lui à la charnière de ces deux périodes : il s’agit d’Erasme de Rotterdam. Erasme
publie un texte, intitulé De civilitate morum puerilium, qui connaît une grande diffusion. Le sujet
du livre est d’orienter le comportement de l’homme en société, et les convenances extérieures
du corps. Ainsi, on trouve beaucoup de conseils pour savoir bien se tenir autour d’un banquet, à
une période où les banquets étaient de grands moments de vie sociale, dans les cours. C’est en effet
la vie à la cour qui est prise comme exemple, il s’agit donc d’un enseignement des bonnes manières
par le haut. Et d’ailleurs, Erasme s’appuie souvent, en comparaison, sur les mœurs paysannes ou
roturières, en affirmant que plonger ses doigts dans la sauce du plat, se jeter goulûment sur la
nourriture dans le plat commun sont des manières de paysan, ou bien que se moucher dans son
coude est quelque chose à éviter, puisque c’est ce que font les charcutiers,…
Les exemples d’Erasme sont intéressants, parce qu’il permettent de monter que petit à
petit, alors que des choses comme recracher un morceau de nourriture par terre parce qu’on ne le
trouve pas bon, lors d’un banquet, ou encore, parce qu’on trouve un morceau savoureux, le sortir de
sa bouche pour le faire partager à son compagnon, se font encore dans certaines cours, il y a des
signes dans la société qui permettent à Erasme d’affirmer que ce sont là des choses qu’il ne faut plus
faire. Pourquoi cela ? Elias insiste sur le caractère transitoire de la période dans laquelle vit Erasme.
C’est une telle période féconde, selon Elias,qu’elle lui permet d’orienter ses lecteurs vers de
nouvelles mœurs, même si elles se pratiquent encore dans certaines cours, emplies d’individus
appartenant à des couches dirigeantes. Une telle prise de position n’aurait pas été pensable qqs
décennies avant, pense Elias, elle aurait pu froisser ces mêmes couches dirigeantes, et de même
Elias pense que de tels conseils n’auraient pu se donner qqs décennies plus tard, « lorsque la
hiérarchie sociale moderne se serait constituée ». Toutefois, on peut se demander si la vision
qu’Elias a de cette période est celle qu’avait Erasme de son vivant : avait-il vraiment conscience
qu’il se trouvait à une période charnière de l’histoire, après le relâchement d’une hiérarchie sociale
médiévale, et avant la constitution d’une hiérarchie sociale moderne. N’est-ce pas là une vision
téléologique de l’histoire que nous présente Elias ?
Dans tous les cas, le fait qu’Erasme se préoccupe de la façon dont on se tient à table, est le signe
d’une prise de conscience de l’augmentation de la sensibilité des élites sociales. C’est-à-dire que
s’il se trouve des gens, entre 1525 et 1550, pour trouver indécent de fait de recracher un mauvais
morceau sur la table, et qui pensent que la manière convenable de le faire, est le recracher
discrètement le morceau de viande dans sa main avant de le jeter dans un coin de la pièce, surtout
quand personne ne le remarque, c’est que ces personnes, devant des mœurs qu’ils jugent non
civilisées, éprouvent une forme de gêne, de dégoût, due justement à cette augmentation de leur
sensibilité et donc à l’abaissement du seuil de leur tolérance.

b. Une évolution des mœurs indissociable du processus de formation de l’Etat


moderne

Mais les exemples donnés par Erasme sont surtout intéressants pour les justifications qu’il
donne afin de tenter d’orienter ses lecteurs vers un bannissement de certaines mœurs, au
profit de moeurs plus civilisées. En effet, on aurait pu penser que le fait de conseiller de ne plus
manger avec les mains était motivé par des raisons d’hygiène. Or, ce n’est jamais la motivation
première que donne Erasme.
Ex : « ne te gratte pas avec la main, parce que d’autres convives pourraient s’en apercevoir. »
Mais c’est dans l’exemple du langage que cette motivation dite « sociale » est la plus frappante, et
où l’on voit bien le processus d’inversion qui peut s’opérer. Là, l’évolution se fait après la période
d’Erasme, au moment où les contacts entre aristocratie et bourgeoisie se font plus nombreux. Il
existe des termes qui, encore au début du XVIIIè siècle, passent pour distinctifs de la société de
cour, et qui peu à peu s’étendent aux couches inférieures de la société française.
C’est par les écrits de l’époque que N. Elias comprend et explique cette évolution des mœurs
linguistiques. Il décrit des scènes vues dans les textes de la fin du XVIIè et du début du XVIIIè, où
bourgeoisie et aristocratie se côtoient, et où le langage du bourgeois et moqué par les aristocrates,
qui le reprennent car leur sensibilité ne tolère pas, ou plus certaines expressions. Lire passage p.235,
avec le jeune Thibault, un bourgeois qui rend visite à une famille d’aristocrates voisins, qui
entretiennent des rapports de politesse avec son père.
La question qu’on se pose évidemment là, c’est : sur quoi se fondent les aristocrates, les
hommes de la société de cour, pour juger qu’une expression, qu’un mot est bien ou mal dit ?
Ils se fondent sur des critères purement sociaux : certaines expressions sont bonnes parce
qu’elles sont utilisées par la cour, d’autres sont mauvaises parce qu’elles sont utilisées par le bas
peuple. On retrouve donc l’inversion qui était déjà présente dans un exemple cité plus haut : on ne
se mouche pas ds son coude, car ce sont là des manières de charcutier. IL n’y a pas de motivations
rationnelles. On voit donc que les considérations de santé et d’hygiène n’étaient pas importantes
pour orienter ces changements dans les mœurs. Elles étaient surtout utilisées pour soutenir, et même
parfois pour dissimuler des motivations sociales, de statut et de respect. Si on parle d’inversion,
c’est parce que les restrictions relatives aux mœurs sont apparues d’abord, et ce n’est qu’ensuite que
des motifs de santé ont été donnés pour les justifier.
Les plus hautes couches sociales définissent donc les mœurs. Cette définition de la
civilisation des mœurs résulte d’une véritable compétition, une compétition pour le statut. Dans
cette compétition, les mœurs, la sensibilité, fonctionnent comme des ressources de puissance pour
surpasser et dominer les couches inférieures. Peu à peu, celles-ci s’approprient les mœurs venues
d’en haut. D’ailleurs, un des manuels de bonnes manières qu’étudie Elias, rédigé par Courtin,
s’adresse directement à la noblesse de province, qui souhaite se tenir informée des mœurs en
vigueur à la cour du roi, afin de les imiter, dans le but d’ensuite l’intégrer. Cf p. 215. Mais au
moment où les couches inférieures ont assimilées ces mœurs venues d’en haut, les couches
sociales supérieures en sont déjà à juger la façon des couches sociales inférieures indignes, et
elles-mêmes ont déjà établies de nouvelles manières. Ainsi, le décalage est toujours le même.

Cette pression sociale, donc, participe à une évolution des mœurs. Peu à peu, les manières
que les manuels de savoir vivre tels celui d’Erasme conseillaient d’éviter sont devenues des choses
évidentes pour les couches sociales supérieures quelques tps après, si bien que ces livres, un siècle
plus tard, parlaient des mêmes manières de façon très évasive. C’est parce qu’on a assisté à une
intériorisation de ce que la société de cour ne tolérait pas : les individus en sont venus à
éprouver les interdits sociaux comme qqch. de naturel, provenant de leur propre moi intérieur, et
non pas des contraintes sociales ! L’intériorisation de ces contraintes sociales est l’une des
conditions du processus de civilisation.
Et si Elias prend comme moment de départ de son étude la fin du Moyen Age, alors que lui-
même, dans le chapitre III de la Civilisation des mœurs, affirme que comme il s’agit d’un processus,
on ne peut établir de commencement, c’est parce que c’est à cette période que l’on assiste à la mise
en place d’une réelle construction étatique. Les sociétés médiévales ne disposaient d’aucun
pouvoir central suffisamment fort pour contraindre les individus à contenir leurs impulsions. Au
cours du XVIè siècle, les familles de la vieille noblesse guerrière, et certaines familles de la société
bourgeoise se sont mutées en une classe supérieure de courtisans, en une noblesse apprivoisée. Le
développement des conduites, concernant principalement les manières de parler, de se tenir à table,
de s’habiller, a accompagné l’essor de ces cours. Avec l’augmentation de cette sensibilité, on assiste
parallèlement à une interdiction peu à peu intériorisée de la violence physique, et Elias montre
cela par l’évolution du ton utilisé pour faire un reproche à qqn, même d’un rang inférieur : lire
passage p. 172
De la même façon, avant, il était malvenu de se présenter nu ou presque ou de satisfaire ses
besoins devant des personnes de rang supérieur ou égal, mais cela n’importait pas de le faire devant
des personnes de rang inférieur. Petit à petit, la nudité et l’excrétion en public ont été prohibées, mal
vues, que ce soit devant n’importe quelle fraction de la société. Elles étaient devenues des sources
de gêne, de honte, d’obscénité. Et si au départ, ces proses de conscience sont extérieures, elles sont
petit à petit intériorisée et perçues comme naturelles, alors que ce sont des mœurs venues d’en haut.
Argumentaire

Nous proposons ici l’étude de La civilisation des mœurs de Norbert Elias, publié en 1939 et
traduit en Français en 1973, premier tome du Procès de Civilisation qui, selon l’auteur « se
préoccupe de savoir si l’on peut prouver , la supposition […] selon laquelle il existe des
transformations à long terme des structures affectives et des structures de contrôle des hommes
appartenant à des sociétés déterminées, lesquelles vont, à travers toute une succession de
générations, dans une seule et même direction ».
Nous nous demanderons en quoi il est pertinent de présenter la civilisation des mœurs comme
un processus, et surtout, ce qu’est-ce qui se trouve à la base de l’accélération de ce processus, c’est-
à-dire ce qui en est le moteur réel.

I / Le concept de civilisation chez Norbert Elias, ou la civilisation envisagée comme processus

A- Une définition du concept de « civilisation » en fonction de l’histoire sociale d’un


pays

1) Bourgeoisie et aristocratie : des rapports différents en France et en


Allemagne…

En Allemagne, après la Guerre de Trente ans, les cours se mettent à parler français, le
pouvoir politique se fait en français. En opposition à ce phénomène, la bourgeoisie intellectuelle
allemande, tenue à l’écart du pouvoir politique, économique, revendique le fait d’écrire dans sa
langue.
En France, il y avait aussi émergence d’une importante classe bourgeoise intellectuelle, mais
elle est très tôt accueillie et assimilée par la société de cour.

2) …ont pour conséquence des conceptions différentes de la civilisation


de part et d’autre du Rhin

C’est ce rapport entre bourgeoisie et aristocratie qui définit la notion de culture en France et
en Allemagne
En Allemagne, les valeurs de la culture ne sont pas les mêmes que celle de la civilisation,
qui sont jugées de façon péjorative.
En France, les idées des penseurs intellectuels sont tournées vers le politique, l’économique.
Les productions intellectuelles et culturelles ne se font pas en opposition au pouvoir.

B- ????

II / Le processus de civilisation comme phénomène inhérent au processus de construction de


l’Etat moderne

B- Le processus de civilisation comme phénomène partant de l’élite sociale

a. L’accélération du processus de civilisation au sortir du Moyen Age et à l’aube


des Temps Modernes.
Erasme de Rotterdam se situe, pour Elias, à une période transitoire, où s’opère une accélération des
mœurs. On assiste à une augmentation de la sensibilité qui a pour conséquence un abaissement du
seuil de tolérance pour certaines mœurs chez les élites.
Cette notion de période transitoire n’est-elle pas téléologique ?

2) Une évolution des mœurs indissociable du processus de formation de l’Etat


moderne
Les motivations qui justifient l’évolution des mœurs sont avant tout sociales, elles sont le fait de la
société de cour, et sont ensuite assimilées par les couches inférieures de la société. Ce processus est
une conséquence de la centralisation du pouvoir et de la genèse de l’Etat moderne.
Bibliographie
Ouvrage étudié :

ELIAS Norbert, La civilisation des mœurs, Paris, Calmann-Lévy, 1973

Outils de compréhension et d’interprétation :

BONNY Yves, NEVEU Erik, de QUEIROZ Jean-Manuel (dir.), Norbert Elias et la théorie de la
civilisation, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2000

BURGUIERE André, Préface in DUERR Hans Peter, Nudité et pudeur, le mythe du processus de
civilisation, Editions de la maison de sciences de l’homme, Paris, 1998

DELZESCAUX Sabine, ANSART Pierre, Norbert Elias, une sociologie des processus, Paris,
L’Harmattan, 2002

DELZESCAUX Sabine, ENRIQUEZ Eugène, Norbert Elias, civilisation et décivilisation, Paris,


L’Harmattan, 2002

DUNNING Eric, MENNELL Stephen, Norbert Elias, Londres, 2003

ELIAS Norbert, Norbert Elias par lui-même, Paris, Fayard, 1991

GARIGOU Alain, LACROIX Bernard (dir.), Norbert Elias, la politique et l’histoire, Paris, La
découverte, 1997

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