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Storyline Trolloïde :

« Cette hache est condamnée à fendre Caen. Elle nous noiera tous dans un océan de sang »
Shaman Krasmar Jaggedscar des Bois Scintillant.

« Ils croyaient pouvoir me parquer dans une cage comme une bête, et me soumettre à leur loi
humaine. Que la fureur de Dhunia s’abatte sur eux ! ».
Hoarluk le Modeleur de destin.

« Le futur n’est jamais figé, même lorsqu’il est gravé dans la pierre »
Calandra la Prophétesse.

Le prix de la rédemption :

« Renforts en provenance de l’ouest. Occupez-vous d’eux et préparez-vous à vous replier.


Ralliez-vous à moi ! », hurla Madrak. Il projeta Rathrok au travers d’une ouverture entre ses
champions qui jouaient de la hache contre les Crocs d’Acier. L’arme charcuta sans effort deux
rangs ennemis avant de regagner sa main avec un bruit satisfait.

La charge des piquiers avait été impressionnante, mais maintenant que la bataille faisait rage,
ils trouvaient les trollkins bien pugnaces. Les guerriers de Madrak étaient éparpillés et
désorganisés alors que la bataille se changeait en mêlée chaotique. Il eut le temps d’apercevoir
une formation compacte de piquiers khadoréens qui s’approchaient rapidement dans leur dos.
Il murmura : « Comment ces piquiers peuvent-ils être aussi loin au sud ? Qu’ils soient tous
maudits. »

Borka exulte : « Oh, c’est vraiment glorieux, Madrak ! Encore meilleur que j’aurais cru ! Où
que t’ailles, on trouve des adversaires dignes d’être tués ! Une petite bagarre dans les bois se
change en bataille contre une armée khadoréenne au grand complet ! ».

Madrak grimaça à ses mots : il était vrai qu’ils avaient dû livrer bien des combats contre
toutes sortes d’adversaires depuis leur départ des Bois Scintillants, à tel point qu’il avait perdu
le compte des cadavres que la troupe avait laissé dans son sillage. Quelques bandes de
trollkins épars s’étaient ralliées à eux au fil du voyage, la plupart des nouveaux-venus avaient
d’ailleurs un comportement plus proche de celui de Borka que de Madrak. Fataliste, Madrak
se jeta dans la mêlée, lorsque sa vue se troubla. Il fut pris d’un léger malaise. Pendant un bref
instant, la scène qui se déroulait devant ses yeux changea : il a une vision d’une bataille entre
cygnaréens et khadoréens remontant à quelques siècles. Ces visions se faisaient de plus en
plus fréquente, ce qui l’inquiétait. Distrait, il n’eut pas le temps de réagir lorsqu’un croc
d’acier le chargea, pic au clair…

Naltor, le héros trollkin qui se battait juste à ses côtés, trébucha alors étrangement. La pointe
de la lance du khadoréen se ficha alors dans son orbite, ce qui le tua sur le coup. Quelques
secondes plus tard, Hakon, un vieil ami de Madrak, trouva la mort d’une façon tout aussi
opportune. Madrak est troublé par ces morts qu’il juge inutiles, d’autant qu’il aurait pu
transférer les dégât à ses trolls. Chacune d’entre elle était accompagné d’un fourmillement de
Rathrok. Madrak acquiert alors l’assurance que ces morts n’ont rien d’accidentelles…ainsi les
anciens avaient raison. Il songea alors à détruire son arme…
Une voix féminine vaguement familière se fit entendre : « Repliez-vous, bande d’idiots !
Repliez-vous sous les arbres ! ». C’est Calandra la Prophétesse, venue à la rescousse.

Borka secoue Madrak : « allez viens, on a pas le temps de prier ! ( Désignant Naltor) On boira
à sa mémoire ce soir, t’inquiète ! ». Les deux compères se replient. Parvenus à hauteur de leur
sauveur, Madrak reconnaît Calandra, une prophétesse de Dhunia du Bois d’Epines.

« Tu me remercieras plus tard, Madrak. A quoi est-ce que vous songiez ? Marcher droit sur un
fort khadoréen nouvellement construit ! Il y a des moyens plus aisés de se suicider. ».

« Quoi ? Mais on est presque à hauteur de la Rivière de la Langue du Dragon ! »

« Depuis combien de temps es-tu partie ? ». Elle vit son air ahuri et secoua la tête. « Le
Khador tient les Bois d’Epines maintenant. Viens, on discutera plus tard. Sinon, bienvenu à la
maison. On dirait que tu es parti il y a un bon moment. J’imagine que j’ai pas mal de choses à
te raconter ».

Une petite ferme abandonnée située un peu en bordure du périmètre de patrouille de la vallée
Crael. Une demi-douzaine d’anciens des kriels semblent attendre quelqu’un, et ils ne sont pas
très à l’aise. Le major Liam Boylan de la 4ème armée du Cygnar arrive finalement, il est
accueilli plutôt fraichement par le groupe. L’humain produit alors un papier portant le sceau
du Seigneur Maire de Ceryl. Il les avertit que la 4ème armée du Cygnar est sur le point de
s’occuper de la question trollkin, en les boutant hors de la vallée qu’ils occupent indument.
Rappelons que les trollkins se sont emparés de la zone unilatéralement, la région que leur
avait attribué Leto Raelthorne étant trop exposée aux attaques skornes. Bien sûr, les
exploitants agricoles du secteur ne furent pas ravis de se voir exproprier de leurs terres. Le
Duc Ebonearth, un noble laellois auquel le Roi Leto avait promis précisément ce lopin de
terre, a tenté de déloger les trollkins avec l’aide de plusieurs compagnies mercenaires, mais
sans succès jusqu’alors.

Liam mentionne que la 4ème armée, jusqu’ici désœuvrée, à grande hâte de faire ses preuves,
réprimer une petite révolte trollkin constituerait une occasion rêvée pour ce faire. La
Couronne aurait pu recourir à des solutions plus diplomatiques, mais hélas ! suite à cette
épouvantable massacre contre un train médical, ce n’est plus possible. Il leur fait clairement
comprendre que le radicalisme de Hoarluk est le problème. En échange de la paix, les anciens
sont d’accord pour le livrer au Cygnar. Loam les menace encore implicitement une dernière
fois en leur faisant remarquer que la 4ème armée est assez puissante pour raser également les
kriels de la Lande Noueuse si le besoin s’en fait sentir.

Un peu plus tard, dans une grotte sacrée de la Chaîne du Dos du Dragon. Hoarluk vient rendre
visite à un de ses confrères. On apprend que Hoarluk, au cours d’un rituel dont le déroulement
remonte au Molgur, a mélangé son sang avec celui de Mulg l’Ancien, le plus vieux et le plus
irascible des Trolls Sanguinaires ce qui lui confère des pouvoirs de régénération hors du
commun. Il est tiré de ses pensées par une forte odeur de chair en décomposition, puis une
balle le cueille en pleine poitrine sur le seuil de la grotte. Le vieux trollkin s’effondre. Une
forte troupe de grognards et de chevaliers de l’épée surgit de l’obscurité. Le vieux se redresse
et en emporte un certain nombre dans la tombe. Le capitaine qui mène la troupe ordonne à ses
hommes de ne pas trop le mitrailler, il faut le capturer vivant pour faire un exemple. Après
une rude bataille, les cygnaréens parviennent enfin à le maîtriser. Le bâton de Hoarluk se brise
dans la bagarre.

***

Entretemps, Madrak apprend la nouvelle de la bouche de sa compagne, Kargess. Il est


furieux. Certes Hoarluk est assez incontrôlable en plus d’être une vieille tête de pioche, mais
il lui a sauvé la vie lorsque Lortus, un omnipotent du cercle a tenté de l’assassiner ( voir la
nouvelle d’ouverture de Hordes : Primal). Il se sent d’autant plus insulté lorsqu’elle lui confie
que les anciens croyaient qu’il approuverait leur décision. Madrak s’engueule franchement
avec sa femme.

« Vous pensiez pourvoir acheter votre sécurité avec l’argent de la trahison ? Je me moque de
leurs motifs. Donne-moi leurs noms. Ne t’oppose pas à ma vengeance. »

« Oh, mais je ne me dresserai pas contre toi ». Kargess lui tourna la dos, puis elle s’éloigna.
Les femmes trollkins lui emboitèrent le pas, en jetant des regards apeurés vers Madrak. Borka
les contempla un certain temps avec une expression déçue. Madrak ordonne à Horthol de
rejoindre la communauté. Puis il se tourne vers Borka.

Borka : « Si ça peut te soulager, tu peux me coller ton poing dans la gueule. Vas-y. Te retiens
pas. Imaginons que je suis ta femme. »

Cette fine réplique apaise un peu la fureur de Madrak. Il secoue la tête et soupire. « J’ai
l’impression de ne plus me contrôler. On dirait que je ne suis plus d’ici. Les visions
m’accablent. Quand je regarde notre paisible communauté, je la vois en proie aux flammes, le
sol jonché de cadavres. Ensuite, j’entends des hurlements. Je sais que ces choses ne sont pas
réelles, mais je ne peux pas les ignorer. ». Il serre les poings. « Viens, on a du travail ».

***
Les cygnaréens ont parqué Hoarluk dans une cage recouvert d’un dais obscur pour lui éviter
de lancer des sorts. Ils le transportent non sans mal vers un fort désaffecté. Le vieux trollkin
leur mène la vie rude, maudissant perpétuellement ses ravisseurs, même la nuit. Ces derniers,
excédés, ont beau le battre à mort, il recommence de plus belle, une fois ses blessures
régénérées. Finalement parvenu sur place, ils jettent le vieux dans une oubliette. Encore vert,
Hoarluk casse sans effort le bras d’un de ses geôliers pendant le transfert. Les soldats du
Cygnar le laisse crever de faim dans son trou dans l’attente de son exécution.

Hoarluk, diminué par le manque de nourriture, rassemble alors ses forces pour lancer un appel
psychique à l’intention des membres de sa race.

Finalement, dans les tréfonds de son esprit, il sentit un pan de montagne se lever et
commencer à marcher. Au dessus, ses gardes entendirent un hurlement dur et amer qui les
plongea dans l’effroi. Hoarluk se mit à rire.

Mulg l’Ancien était plongé dans un profond sommeil après avoir dévoré plusieurs ours des
montagnes, mais l’appel lui parvint dans les profondeurs enténébrées de son rêve pour mettre
fin à sa torpeur. Il se redressa en émettant un rugissement indigné. Les pierres de son dos
frottèrent un arbre proche, le réduisant en échardes éparses alors qu’il se retournait pour
trouver la source de l’appel. La montagne était devenue calme, les oiseaux s’étaient tus. Au
dessus de lui, les étoiles luisaient semblables à de petits yeux. Mulg grogna dans les ténèbres.
Une petite voix surgit dans son esprit, le raclant comme du métal sur la pierre.

Il hurla et abattit son poing sur le sol, y laissant une empreinte massive de ses phalanges
noueuses. Quelque chose le pressait, l’appelait depuis l’ouest. Il pouvait presque entendre la
voix du petit frère, celle de Kroll. Kroll l’appelait et il était très loin. Une douleur subite fit
vaciller Mulg. Il sentit quelque chose se débattre dans son estomac, comme si un poing
martelait ses intestins. Il grogna et posa une main sur son ventre, puis il se souvint du moment
où Krol avait coupé sa petite main. Est-ce qu’elle était toujours là-dedans ? Il ne se souvenait
pas de l’avoir mangé, pourtant… Il secoua sa tête, en essayant de se souvenir de ce que le
petit frère lui avait dit, mais les petits machins malins parlaient trop vite et utilisaient trop de
mots. Il se souvint : « une chair ». Ils ne formaient qu’une seule chair. Krol avait besoin de
lui ! Son frère avait mal.

Une fringale le prit, malgré son récent festin. Mulg se saisit de son gourdin runique, lequel
reposait contre un tronc, puis il chemina en direction de l’appel, remplit de colère, d’un
sentiment d’urgence et de faim mélés. Il allait chasser sur la route pour rejoindre Krol, et il
dévorerait tout ce qu’il trouverait sur son chemin. Il les mangerait tous, et peut-être laisserait-
il quelques restes pour le petit frère si c’était possible. Les runes sur son gourdin se mirent à
luire d’une lueur verte en signe d’assentiment et Mulg exhiba son imposante dentition. Il
ressentit un tressaillement dans son dos, comme si la pierre qui s’y trouvait subissait un trop
plein d’énergie. L’excitation le tiraillait. Il était temps de se battre, de tuer et un festin
s’ensuivrait sûrement.

Il rugit en direction de la voute céleste nocturne remplie d’étoiles, et toutes les créatures de la
montagne furent en proie à une terreur abjecte.

Pendant ce temps, Madrak convoque d’urgence un conseil de guerre où la totalité des


warlocks trollkins sont présents, mais il évite soigneusement d’y convier les anciens de la
vallée Crael. Grim Angus signale que les éléments de la 4ème armée se rassemblent : bientôt,
ils encercleront la vallée. Borka prend la chose à la légère ( sur le mode : « pas la peine d’aller
les tanner avant s’ils peuvent venir se faire botter le cul à domicile »). Madrak et Borka décide
d’aller affronter la 4ème armée sur la Piste de Lande Noueuse, afin d’empêcher l’arrivée des
renforts cygnaréens : la subtile manœuvre agirait également comme diversion auprès de
l’armée cygnaréenne. Grim indique également qu’il pense avoir trouvé le lieu de détention de
Hoarluk : un vieux fort désaffecté non loin de la Piste de la Lande Noueuse. Madrak et Borka
décident d’aller le secourir en chemin. Finalement, ils quittent les lieux. Madrak confie à
Grissel le soin de protéger sa femme. Calandra et Grim restent sur place pour défendre la
vallée.

Hoarluk, la faim et la fatigue aidant, à peu à peu perdu la notion du temps…il est tiré de sa
torpeur par un grand fracas : le fort est attaqué par Mulg et une nuée de Trolls Sanguinaires.
Ces derniers massacrent tous les humains présents.

Peu de temps après, Madrak, flanqué de Borka arrive sur les lieux : à leur grande surprise, le
fort a été quasiment rasé, les cadavres cygnaréens pratiquement méconnaissables jonchent le
sol en nombre.

Borka : « Regardez-moi ça ! Hoarluk n’avait pas besoin de notre aide ».


Madrak contemple la scène d’un air sombre avant de répondre d’un air sinistre : « Non,
Borka. Je pense qu’il a besoin de nous, maintenant plus que jamais. »

L’héritage de Grimmr :

Madrak réussit à retrouver la trace de Hoarluk et de ses trolls sanguinaires, dans une clairière,
non sans avoir remarqué avec un certain malaise qu’ils ont complètement annihilé un village
d’inoffensifs bucherons cygnaréens sur leur passage. Pour la première fois, il ressent de la
peur dans l’esprit des trolls qui l’accompagnent : ces derniers craignent Mulg.

Mulg qui d’ailleurs les accueillent plutôt bruyamment en abattant son gourdin à quelques
mètres de Madrak. Heureusement, Hoarluk intervient. Une discussion s’ensuit entre le chef de
guerre et le vieux shaman de Dhunia : Hoarluk est bien suspicieux, il pense que Madrak a pris
une part active dans le complot qui visait à l’évincer. Madrak s’énerve, ils se livrent
finalement au rituel du Tohmaak Mahkeiri pour en avoir le cœur net.

Hoarluk : « C’était donc les anciens, n’est-ce pas ? Ces vermines aux airs mielleux. Ils
paieront pour ça ».

Madrak : « Nous nous occuperons d’eux plus tard. Je ne sais pas encore qui sont précisément
les responsables, mais je te jure que justice sera faite ».

Borka profite que la situation se soit un peu apaisée pour se manifester.

Borka : « Hoarluk le Modeleur de Destin. Tu devrais pas être déjà mort ? ».

Hoarluk lui décoche un coup d’œil avant de secouer la tête : « Borka Percefût ? Peuh ! Nous
n’avons pas de ce lourdaud pour nous importuner. ( s’adressant à Madrak) Tu n’es quand
même pas allé dans le nord pour le trouver ? Je te croyais plus malin… »

M : « Non, ce n’était pas mon but. Il m’a suivit. On a bien essayé de le semer plusieurs fois
en chemin, mais pas moyen d’y parvenir ». Sur quoi Borka éclate d’un grand rire avant de
taper dans saisir l’avant bras de Hoarluk. Il appelle ensuite ses trolls pygmées chargés de
barrique remplis de gnôle. Ils remplissent diligemment les chopes avant même que Madrak
n’ait pu dissuader Borka. « C’est pas le moment », proteste Madrak sans grande conviction,
mais l’imposant trollkin fit la sourde oreille. Madrak avait commencé à s’habituer à ce rituel
au cours de leur périple et il savait que tous ses efforts pour l’en dissuader seraient vains.

Madrak : « Nous avons du travail. J’ai suivi ta piste et j’ai vu les fruits de ton labeur… »

Hoarluk : « Ils l’ont mérité. Ils n’ont goûté qu’à une part infime de ma fureur ».

Madrak : « Eh bien dirigeons ta colère à un endroit où elle sera la plus utile. Tes geôliers
n’étaient qu’un élément d’un ensemble bien plus vaste. Quand la nouvelle de ton évasion
attendra les hommes qui ont arrangé ta capture, ils seront obligés d’exercer des représailles
sur la Vallée Crael, comme ils nous avaient prévenus. C’est la 4ème Armée qui va s’en charger,
ce qui veut dire que la bataille sera sanglante. Peut-être même que c’est un combat que nous
ne pouvons pas gagner. »

H : « Tu veux retourner là-bas ? Ca va nous prendre du temps. »


M : « Non, ce serait trop long. Cette armée menace aussi les Kriels de la Lande Noueuse, qui
nous ont beaucoup aidés. Il est temps de leur rendre la pareille. L’armée est parti de l’est,
depuis une garnison non loin de Ceryl en suivant la Piste du Bois Noueux. Si nous pouvons
sécuriser la route, nous arrêterons ces renforts. J’ai parlé à plusieurs membres des kriels
proches avant que nous ne trouvions ta prison. Ils m’ont dit que des convois militaires
empruntaient cette route tous les jours. Je vais arrêter le prochain. Apprenons leur ce qu’il en
coûte de menacer le kith et les kriels.

Hoarluk sourit en montrant les dents. « De telles paroles ne te ressemblent pas, Madrak ».

« Les choses ont changé. Ils ont versé le premier sang. Je ne les aurait pas provoqués, mais je
ne vais pas rester passif et nous laisser nous dresser les uns contre les autres. Ils ont perverti
l’esprit de nos anciens, je les en tiens pour responsable ».

« A boire ! » La voix de Borka retentit et il leva les bras, une chope dans chaque main. Les
trois trollkins portèrent un toast au bain de sang imminent. Dans le dos de Madrak, les runes
de Rathrok se mirent à luire.

« Ca bouge ! Tenez-vous prêts ! », hurla Grissel du haut de la muraille qui faisait face au
nord, d’où elle jouissait de la meilleure vue pour contempler l’étendue de l’armée
cygnaréenne qui s’approchait. Elle devait admettre que l’ennemi avait adopté un angle
d’approche peu conventionnel : elle s’attendait à ce qu’il attaque par la route ouest, plus facile
d’accès. La majorité des défenses trollkins étaient dressés aux extrémités orientales et
occidentales de la vallée, les fortifications du nord étant encore incomplètes.

En attaquant par le nord, leurs agresseurs devraient dévaler une pente raide, et son peuple
avait tout fait pour rendre la zone encore plus impraticable : le terrain était parsemé de grands
rondins renversés, de lignes de pieux affûtés et ils avaient aménagés plusieurs goulots
d’étrangement entre des fosses boueuses. Cela semblait ralentir les warjacks qui tentaient de
former une ligne, mais les soldats s’y frayaient progressivement un chemin. Contre une force
plus petite, Grissel aurait pu envoyer quelques trollkins pour les harceler au cours de leur
progression, mais devant l’effectif déployé ici, une telle manœuvre aurait engendré des pertes
dramatiques.

Grissel était cruellement consciente que la portée de ses armes ne jouait pas en sa faveur. Elle
avait éparpillé les trolls pygmées le long des murs, prêts à faire feu et elle les avait bien
avertis de ne pas gaspiller des cartouches au cours de salves prématurées. Les grognards
ennemis faisaient ce qu’ils font de mieux : progresser vers des positions avancés en se
courbant pour échapper aux tirs ennemis tant en lâchant quelques tirs sporadiques en direction
des murs. A couvert comme ils l’étaient les pygs avaient bien peu de chance de les toucher. Ils
n’avaient pas encore commencé à lancer leurs grenades fumigènes. Grissel savait qu’à ce
moment, les fusiliers qui progressaient derrière eux avanceraient pour tirer sérieusement. Ce
n’était pas une perspective des plus réjouissantes, mais elle ne pouvait rien faire pour les en
empêcher.

Plusieurs canons tambours étaient disposés sur des plateformes surélevées et leur
apporteraient du soutien, mais leur portée était limitée. Grim se tenait sur le point le plus haut
au côté d’un groupe de pygs, d’empaleurs et de quelques autres kins armés de fusils. A
couvert derrière les pans de murs partiellement complétés, se trouvaient les champions, les
guerriers, les soudards et les lames de marais, tous prêts à se lancer gaiement à l’assaut, même
s’il demeuraient à couvert pour le moment.

Deux blitzers tenaient également la plus large ouverture du mur, prêt à arroser l’ennemi avec
leurs sulfateuses. Ils étaient flanqués d’une poignée de pyrotrolls et de trolls mâchefers,
chacun dotés de leur armement naturel. Une troupe de farrows dont elle s’était offert les
services défendaient une autre ouverture : parmi eux se trouvait Rorsh et son sanglier
gigantesque Brine, ainsi qu’un assortiment dépenaillé de farrow armés de fusils de leur propre
conception. Derrière la porte orientale, plusieurs groupes de Chevaucheurs massifs
attendaient, près à charger n’importe quel adversaire qui s’aventurerait dans la large bande de
terre dégagé. Grissel croisa le regard de Horthol, jauché sur son bison à leur tête et elle fit un
signe. Il leva son marteau pour la saluer. Leur position défensive était réellement imposante,
Grissel pouvait soutenir l’assaut d’une armée de taille raisonnable.

Mais alors qu’elle contemplait l’armée déployée devant elle, un instinct plus pragmatique lui
suggéra quelque chose d’autre. « Ca sent mauvais », dit-elle à voix basse, mais elle l’avait
tout de même dit.

Des milliers de soldats cygnaréens étaient présents et il semblait en venir toujours plus au fil
des heures. Elle ne les avait jamais vus déployés de cette manière, en ordre de bataille. Ce
n’était pas sans raison que les kriels préféraient affronter le Cygnar dans les bois plutôt qu’à
découvert. Elle avait vu des fusiliers et des grognards principalement, mais un peu en arrière
de ces derniers, elle pouvait distinguer l’éclat de chevaliers en armure, y compris quelques-
uns montés. Un groupe de warjack de conception ancienne se ménageaient un chemin
lentement mais sûrement vers leur position. Le flanc gauche était tenu par une troupe de
soldats disposés en carré, armés d’hallebardes. Leur casque étaient caractéristiques : le
Cygnar s’était offert les services d’un grand nombre de Têtes d’Acier, comme Alten Ashley
l’en avait averti. Les Têtes d’Acier disposaient de leur propre cavalerie lourde plus proche du
flanc est : elle serait prête à charger pour appuyer de flanc les hallebardiers, une fois ces
derniers dans la mêlée.

C’était une toute autre chose que les petites troupes qu’ils avaient affrontés sur leur défense
orientales quelques mois plus tôt. Les lances-tempêtes et la garde prétorienne du duc Ebonhart
étaient des guerriers d’élites dotés d’un armement de pointe, mais ils étaient peu nombreux.
Grissel était fière de la victoire que son peuple avait remporté sur eux, mais leur adversaire
actuel était d’une tout autre mesure. Le pire dans cette histoire, c’est qu’elle savait que
l’armée qui s’étendait sous ses yeux ne représentait qu’une partie de la 4ème armée. D’après
les estimations de Grim, il ne s’agissait peut-être que des soldats précédemment stationnés à
Ceryl.

Calandra vint la rejoindre avec un grand sourire. « Je pense que ça va bien se passer. Ils ne
passeront pas. Je doute même qu’ils aient les tripes de nous attaquer. Si tu veux mon avis,
c’est du bluff. Ils veulent qu’on perde espoir et qu’on s’enfuit, mais ils ne savent pas combien
notre résolution est forte. »

Grissel toisa la chaman et explosa : « Es-tu devenue folle ? Regarde bien ! » elle se rendit
compte que quelques-uns des vieux guerriers situés non loin la regardaient, et elle bassa le
ton. L’optimisme de Calandra lui tapait sur les nerfs, mais elle ne voulait pas entamer le moral
de la troupe. « Ils sont bien trop nombreux, siffla-t-elle, et c’est une trollkin qui a fait des
combats perdus d’avance son métier qui te le dit. J’ai parfois tenu contre des forces bien
supérieures en nombre, mais ce ne sera pas le cas aujourd’hui ».

Calandra dénia de la tête : « C’est le Cygnar. Tu t’attends vraiment à ce qu’ils lancent leur
soldats contre nous jusqu’à ce que nous nous lassions de les tuer. Crois-moi, tout ça, c’est
juste pour nous en mettre plein la vue. Ils ne veulent pas plus voir leurs hommes mourir que
nous ».

Grissel voulait envers et contre tout prêter foi aux paroles de Calandra. Elle avait toujours le
don pour trouver du bon dans n’importe quelle situation. Il était en effet censé que le Cygnar
ferait tout pour tenter de minimiser ses pertes, mais quelque chose soufflait à grissel que ce ne
serait pas le cas aujourd’hui. Ces soldats ne semblaient pas être à la parade. Leur plan
d’attaque était délibéré. Ils n’allaient peut-être pas se lancer tous à l’assaut, mais elle ne
croyait pas qu’il s’agisse d’un bluff. « Qu’en disent tes prédictions ? », demanda-t-elle d’un
air méprisant.

Calandra ne fit pas cas de son ton sarcastique. « Eh bien, jetons un œil ! ». Elle produisit un
paquet de cartes illustrées et huilées d’une des poches de sa veste avec un geste très théâtral.
Malgré ses doigts boudinés, elle les mélangea d’une main experte.

Grissel se récria : « Je plaisantais ».

« Non, regardons. » Calandra se lança et fermant les yeux, elle murmura des prières à voix
basses. Avec force rituels, elle tira une carte et la posa sur la muraille entre elle et Grissel. La
hurlemort vit un kithkar se penchait en avant pour jeter un œil, mais elle claqua des doigts
dans sa direction. Il reporta son attention sur l’ennemi de l’autre côté du mur.
Calandra marmonna : « Hmmm… Mauvais présage. »

Grissel baissa les yeux et elle vit la gravure d’un guerrier orgoth dressé sur un tas de cadavres,
une tête décapitée à la main. Grissel n’était habituellement pas superstitieuse, mais l’image lui
donna le frisson. « Je sais pas comment ces cartes fonctionne mais… »

Calandra avait pâli. « Tirons-en une seconde. Essayons encore. » Elle repris la carte et
mélangea le paquet furieusement. Elle fit retentir ses prières avec ferveur avant de tirer une
nouvelle carte. Celle-là était ornée d’un serpent stylisé au griffes noires, crachant une langue
de flamme qui sortait du cadre de la carte. Calandra bougonna : « C’est encore pire ».

« J’étais déjà assez inquiète avant, Calandra. », dit Grissel entre ses dents. « Maintenant, ça
s’est pas arrangé ».

Calandra rafla rapidement les cartes avant de les escamoter en vitesse, visiblement
embarrassé. Elle s’éclaircit la gorge. « L’important c’est que nous forgeons nous-mêmes notre
destin, notre chance, peu importe les signes et les présages. J’ai l’intime conviction que nous
tiendrons ce mur ». Elle lui tourna le dos et se précipita vers un groupe de guerrier, prête à
leur conférer ses pouvoirs pour le combat. En la regardant partir, Grissel soupira. La
Prophétesse était sans nulle doute d’une aide précieuse au combat et ses pouvoirs ne
pouvaient être mis en doute, mais elle était parfois pénible. La rumeur insistait sur le fait
qu’elle jouissait d’un véritable don de voyance, ce qui conférait une teinte sinistre aux cartes
qu’elle avait vues.
Grissel se tourna vers ses guerriers. L’ennemi gagnait du terrain rapidement et il était
largement hors de portée. Elle songea à se porter au devant de lui, mais elle savait que les
salves de leurs fusils détruiraient tout ce qu’elle pourrait leur envoyer. Même les
Chevaucheurs ne parviendraient pas à regagner leur position avant cela, et les lancer à
l’attaque trop tôt n’aurait d’autre effet que de les voir mourir en vain. Elle passa quelques
instants à inspecter les lignes, plaçant ses guerriers là où ils seraient le plus utiles. Elle
changea la position des Lames des marais, de façon à ce qu’ils soient sur le chemin de la
cavalerie lorsqu’elle approcherait et elle ordonna aux soudards de se tenir prêts à ouvrir le feu
sur les hallebardiers dès qu’ils feraient mouvement.

Un coup de feu résonna avec une clarté terrifiante, Grissel se tourna vers les murs à sa
gauche : de la fumée s’échappait du canon du fusil de Grim. Il s’employait déjà à recharger.
De l’autre côté du terrain, elle vit un lieutenant grognard en sang, étendu dans la boue.
L’homme avait visiblement fait un pas de trop. « La bataille commence ». Elle tira son arme
du holster sur son torse pour vérifier son chargeur. Puis elle émit un hurlement assez puissant
qu’il retentit dans toute la vallée, galvanisant les guerriers trollkins qui se figèrent, prêts à
recevoir l’ennemi. Dans le terrain découvert au-delà des murs, un rideau de fumée s’éleva,
obscurcissant totalement leur vue. Les fusiliers approchaient.

Il surgirent des denses feuillages des Bois Noueux pour s’écraser sur la colonne de l’armée
cygnaréenne, tels une marée irrépressible. Avec un rugissement effroyable Mulg sauta et
défonça un wagon de ravitaillement puis il s’empara du suivant pour le projeter, propulsant
hommes et montures de toute part. Les rangers qui menaient la colonne levèrent leurs fusils
de leur main tremblantes vers le monstre, mais ils furent promptement abattus par les tirs des
trolls pygmés embusqués le long de la voie. Les quelques chevaux qui avaient survécus à
l’attaque initiale hennirent de terreur, brisant leur liens pour prendre la fuite. Deux jeunes
frères trolls sanguinaires s’en prirent au milieu de la colonne, semant désordre et chaos tandis
qu’ils coupaient la colonne en deux en se saisissant des fusiliers pour les fourrer dans leur
gueule.

Les cygnaréens furent totalement pris par surprise. La colonne ne comportait que quelques
jacks légers, fort occupés à courir et à tirer. Les autres jacks et les modèles plus lourds
reposaient dans les charriots, non-activés. Mais même s’ils avaient été armés et opérationnels,
même cette large rote forestière se serait avérée trop étroite pour établir une défense efficace.
Les coups de feu retentissaient de manière sporadique, sans aucune coordination. Alors que
les trolls et les trollkins se lançaient à l’assaut, les grognards les plus proches cessèrent de tirer
pour jouer de la baïonnette sans grande conviction.

Bron et Kald à ses côtés, Madrak hurla son cri de guerre et s’abattit sur les chevaliers en
armure qui tenaient le centre de la formation, le tranchant avide de Rathrok haut. Bron trancha
trois chevaliers d’un sol coup de taille de la lourde lame de sa propre hache. Un Bélier armé
d’un marteau fit mouvement pour l’intercepter, mais Kald le percuta de son bouclier puis il
démolit sa tête métallique d’un coup de fléau.

Les chevaliers ne perdirent pas contenance, ils firent front pour frapper de leurs épées
caspiennes, mais Rathrok fendit leur lourdes armures de plates en acier pour goûter leur chair.
Depuis le bord de la route, Jord projeta une lance qui se ficha dans un chevalier, l’envoyant
dinguer à travers les pairs qui se trouvaient derrière lui. Alors que le reste des hommes se
repliait pour se regrouper, Borka surgit derrière eux de l’autre côté de la route. Sa masse
Trauma à la main, il éclata têtes, tronc et membres partout où sa arme s’abattait.

Borka reçut un coup d’épée dans le flanc gauche, ce qui le fit hurler d’une rage renouvelée, il
asséna un violent coup de boule dans le heaume de son agresseur avant de le pulvériser d’un
coup de masse. La couple de trolls des neiges qui l’accompagnait devenaient visiblement de
plus en plus irritable à mesure qu’ils s’éloignaient de leur rude climat d’origine : ils
semblaient désireux d’exprimer leur frustration. L’un après l’autre, ils soufflèrent de grande
bandes de brises givrante qui enveloppèrent les chevaliers et les soldats proches. Plusieurs
furent tués sur le coup alors que d’autres gelèrent littéralement dans leur armure pendant que
leur articulations et les rivets de métal se couvraient de givre.

Mulg se frayait un chemin sans ménagement dans la troupe, son gourdin runique ayant tout
fait d’achever quiconque lui barrait le passage. Les trolls éliminèrent bien vite tous les
adversaires proches, et ils découvrirent qu’ils avaient fait le vide sur une large portion de la
route. Les soldats qui se trouvaient derrière eux avaient réussi à se retirer : ils formèrent une
ligne et levèrent leur fusil. Les fusiliers du premier rang se mirent à genou, formant une
impressionnante masse de canon de fusils. Leur soudaine volée transperça les trollkins,
envoyant nombre de guerriers au tapis. Plusieurs balles se perdirent dans le ventre de Mulg,
mais ses blessures régénérèrent rapidement.

Hoarluk surgit de sous les arbres, un parchemin ancien à la main. Il lut les mots à les sonorités
gutturale de quelque archaïque dialecte du Molgur quasiment oublié. Dès que Madrak
entendit les premiers mots échappés de la bouche du chaman, le manche de sa hache se mit à
vibrer, et le métal devint si chaud qu’il commença à lui brûler les paumes. Quasi
indépendamment sa volonté, ses mains se crispèrent sur le manche, et elles ne le lâchèrent pas
malgré la douleur. Il serra les dents et le monde autour de lui s’évanouit.

Il pendait, enchaîné à un supplice ménite. Il était entouré d’humains qui ne cessaient de


vulnérer ses chairs avec des instruments de torture. Il savait qu’ils le tourmentaient depuis un
très long moment, mais il supportait la douleur crânement. Il sentait que sa vie touchait à sa
fin. Ils voulaient qu’il se prosterne devant le Créateur de l’homme. Il leur rit au nez tandis
qu’il sentait sa vie le quitter. Rassemblant les dernières forces dont il disposait, il ouvrit enfin
ses lèvres pour les maudire en une invective chargée de haine et de mépris. Il s’esclaffa,
maudissant ses ennemis une dernière fois avant que la vie le fuit définitivement. Son âme chut
dans des ténèbres hurlantes et des horreurs le dévorèrent. Alors que sa vision se dissipait,
Madrak eut le sentiment qu’il n’était pas seul et qu’une autre entité avait expérimenté cette
vision à ses côtés.

Lorsqu’il reprit ses esprits, il réalisa que les mots que Hoarluk venait de prononcer étaient les
mêmes que ceux de sa vision. La folie les emporta alors que les trolls autour de lui hurlèrent
un cri de guerre rempli de la rage concentrée de la malédiction. Le hurlement de Mulg fit
trembler les arbres et il se rua avec une vitesse surnaturelle. Les autres trolls sprintèrent vers
les soldats aussi, avalant les derniers mètres dans de grandes foulées pour enfin percuter les
lignes humaines et bruyer les cygnaréens sous leurs pieds.

Dans les mains de Madrak, Rathrok était chauffée à blanc, cuisant ses chairs. Pourtant, il
souriait, insensible à la douleur. Une folie sanguinaire s’était emparée de lui. « POUR
HORFAR GRIMMR !!! », hurla-t-il en chargeant, aussi désireux de tuer tous les humains
qu’il voyait que Hoarluk. Ils les massacreraient jusqu’au dernier, ils tomberaient en nombre
devant lui, et les trolloïdes pourchasseraient les fuyards sous les arbres en riant pendant que
les trolls sanguinaires les dévoreraient vivants.

Une fois la bataille finie, Madrak s’apaisa, et il se débarrassa de l’idée dont il savait qu’elle
n’avait pas germée dans son esprit. Les sensations qu’il avait éprouvés en découpant les
Cygnaréens lui donnaient presque la nausée. Ce n’était pas de la sensiblerie, les horreurs de la
guerre ne lui étaient que trop familières. Il savait que la joie qu’il avait éprouvée ne faisait pas
partie de lui. Il regarda la hache sanglante dans sa main et se demanda de nouveau ce qu’il
devait faire.

En contemplant sa victoire, il essaya de ne pas se laisser absorber par ses sombres pensées. Il
était fier de ses guerriers, car ils s’étaient battus avec courage. Ils pouvaient désormais
interdire cette route aux renforts futurs. Peut-être que grâce à leurs efforts, la Vallée Crael
pourrait survivre à cette nouvelle menace. Son propre inconfort n’importait pas face à cet
objectif.

« Je crois que tu avais raison. Il est clair que nous n’allons pas l’emporter. » Calandra se
rendit finalement à l’évidence en battant en retraite vers la muraille principale. Sa dague était
souillée de sang frais, tout comme ses vêtements portaient la trace de ses récentes victimes.
Grissel tenait fermement son marteau, elle venait juste d’administrer le coup de grâce à un
Cuirassé à demi-détruit qui avait réussi à percer leur ligne. L’air est rempli de fumée et de
relent de poudre brûlée mêlée à l’odeur non moins écoeurante de la chair morte.

« Nous nous en sommes mieux tirés que je ne l’aurais cru », admis Grissel. Son estime pour
Calandra avait considérablement crû au cour de la bataille. Elle n’avait jamais vu une femme
aussi farouche au combat, si soucieuse de la vie de ses guerriers. Sa magie était subtile mais
efficace, et Grissel pouvait même sentir le cour de la destinée tourner à leur avantage par un
simple effort de sa volonté. Au cours du pire moment de l’assaut, elle avait était le témoin
d’un milliers de petit miracle qui avait préservé la vie en dépit d’une grêle de balles sans
commune mesure avec ce qu’elle avait connu auparavant. Elle avait vu un pyg accroupi
derrière un mince éclat de mur préservé alors que ses camarades étaient réduits à l’état de
pulpe sanglante par les balles. Grissel avait fait retentir ses chants avec ses frères fils de Brag,
inspirant les champions et les lames des marais dans leur combat.

Le versant de la colline était couvert de cadavres : ils avaient fait payer un lourd et effroyable
tribut à l’ennemi. Mais il était vite apparu cependant qu’alors que les trollkins avaient tout
donné, la 4ème armée n’avait perdu que sa première et sa deuxième vague d’assaut. Les
tactiques du général ennemi s’était avéré être un mélange étrange de décisions brillantes et de
risques inconsidérés. Grissel avait vu nombre de visages jeunes et terrifiés parmi les
assaillants, fait assez étrange. Elle ne parvenait pas à comprendre comme ils pouvaient se
montrer à ce point dédaigneux de la vie de leurs hommes. Aucune de ses batailles précédents
contre les cygnaréens n’aurait pu lui permettre d’anticiper ce qui s’est produit. Finalement,
elle devait mettre cela sur le compte du manque d’expérience des troupes de la 4ème armée.
L’ignorance les avait rendu complètement inconscients.

Grissel aperçut l’ Ancien Graveur de Runes Sorgot qui fonçait dans sa direction. Elle le héla.
« Quelles nouvelles ? Ils sont passés ? ». Elle dut hurler pour couvrir le fracas du métal et les
explosions générées par les armes à feu et les canons.
« Oui, ils sont tous en sûreté », cria le sorcier albinos, luttant pour reprendre son souffle. Ils
rejoignirent un section étroite entre deux bâtiments, plusieurs d’entre eux étaient d’ailleurs à
l’état de ruines en raison du déluge de feu qu’ils avaient essuyés. Ils sursautèrent tous les deux
lorsque l’obus d’un Défenseur s’écrasa dans le mur d’au-dessus et de derrière eux, envoyant
des briques voler. Instinctivement, le graveur de runes invoqua ses pouvoirs : un anneau de
pierre se mit à graviter autour de lui pour intercepter les balles.

« Va chercher Grim et dis lui de commencer la retraite. Dis à tout le monde qu’on va battre en
retraite les uns après les autres. Assure-toi qu’on oublie personne encore en vie, peu importe
son état. Aucun blessé ne doit rester derrière’. Il acquiesça et se hâta, protégé par ses pierres.

Grissel ressentit un certain soulagement en sachant que les non-combattants de leur kith
étaient sains et saufs. Au début des combats, un courageux gobber qui s’était discrètement
infiltré jusqu’à leurs lignes lui avait remis un pli étrange. Il disait :

J’ai fait tout ce que j’ai pu pour les persuader de ne pas attaquer la porte occidentale. Je pense
pouvoir raisonnablement affirmer qu’ils ne vous suivront pas si vous fuyez par ce chemin.
J’aurais aimé vous être d’un plus grand secours. »

‘VP’ servait de paraphe à la lettre, et Grissel pensait qu’il devait s’agir de Viktor Pendrake,
mais elle ne savait ni comment ni pourquoi il était impliqué dans cette affaire. Elle allait
devoir lui poser des questions précises la prochaine fois qu’ils se rencontreraient.

Mais ces affirmations étaient exactes. Assez tôt, ils avaient poussé les anciens, les jeunes, et
tous ceux qui n’étaient pas en mesure de combattre à se rendre en toute hâte à la porte ouest :
ils avaient pour instructions de se rendre dans la Lande Noueuse s’ils recevaient le signal. Ce
n’était au départ qu’une précaution, mais à mesure que la bataille progressait, il devint clair
que de telles mesures seraient nécessaires. La supériorité numérique de l’ennemi était bien
trop importante pour leur permettre de tenir.

Un groupe de ses champions permis les plus obstinés avaient juré de combattre aussi
longtemps que nécessaire. Grissel renâclait à l’idée de les laisser sur le champ de bataille mais
ils avaient fait leur travail. Les ordres de Madrak étaient précis. Elle donna le signal de la
retraite et les trollkins se ruèrent vers la porte ouest, combattant tous ceux qui s’aventuraient
trop loin. La pression de l’ennemi se calma presque immédiatement quand il devint clair que
les trollkins battaient en retraite. Ceci ne fit qu’augmenter l’humiliation que Grissel ressentait
tandis qu’elle passait sous la porte ouest, laissant la vallée Crael derrière elle, en proie aux
flammes.

« Au moins, nous leur avons donné une leçon qu’ils n’oublieront pas de sitôt », dit Grissel à
Calandra d’un air sombre. La chaman approuva, mais son enthousiasme semblait affecté. Ils
débutèrent le long chemin vers l’ouest, leur esprit remplit de la honte de la défaite et du
coupable sentiment de s’en être sorti.
Storyline du Cercle :
« Il est inexcusable que cet Ordre se contente de rester passif tandis que le monde s’effondre,
alors que notre puissance et nos connaissances ne connaissent pas de limite ».
Krueger le Cyclone.

« Là où Mohsar marche, il apporte le désert. C’est une force qu’on ne doit pas éveiller à la
légère, car il ne s’apaise pas aisément. Je préférerais affronter une avalanche que d’encourir
sa colère ».
Baldur le fendeur de Pierre.

« Parfois les pierres parlent à leur façonneur. Avant même que j’ai gravé la première rune,
j’ai su que celui-là me survivrait ».
Baldur le fendeur de pierre au sujet de Megalith.

A l’enterrement d’un dolmen…

L’armée de la Légion d’Everblight fuit le Château des Clefs, mais il n’est pas temps de se
réjouir : les forces du Cercle Orboros les talonnent de prés, et Everblight est complètement
absorbé par sa lutte silencieuse contre l’athanc de Pyromalfic. Depuis le départ, il n’a lâché
qu’un seul ordre : « Vers Ios ». L’avatar d’Everblight, Thagrosh, est en proie à des mutations
successives qui ne lui laissent que peu de répit. Le groupe décide de se scinder en deux.
Saeryn et Vayl accompagneront Thagrosh alors que Lylyth et Rhyas s’occuperont de retarder
le Cercle le plus longtemps possible. Après des adieux déchirants, Thagrosh et son escorte
s’enfonce dans une grotte menant à un réseau de galerie souterraine.

Baldur est sur les pas de la Légion. Il s’inquiète : elle fonce droit sur Ios, le pays des elfes, où
même les omnipotents ne pénètrent pas sans en avoir reçu l’accord explicite. Le Fendeur de
Pierre s’inquiète : il a certes de nombreuses troupes et warbeasts à sa disposition, mais ses
forces sont trop étendues. Il décide de lâcher un peu de mou sur le flanc gauche, pour pousser
la Légion à emprunter cette voie. Les troupes draconiques piqueraient alors directement sur
l’anneau des Willows dans le Bois Scintillant : si d’autres dirigeants du Cercle étaient
disposés à envoyer quelques troupes là-bas, il pourrait prendre l’adversaire en tenaille.

A quelques lieues de là, Kaya et Morvhana sont sur les traces de Baldur. Kaya s’énerve, car
elle trouve que la troupe chemine trop lentement. Morvhana, qui chemine d’un pas égal,
l’enjoint à se calmer sur un ton plutôt condescendant : « Nous arriverons quand nous
arriverons, ni plus tard, ni plus tôt ». Kaya s’apprête alors à lui décocher une répartie cinglante
lorsque une jeune sentinelle apparaît près d’elles : l’armée de la légion a infléchi sa course
vers l’ouest. Morvhana cède alors et envoie Kaya mener une attaque de diversion : elle doit
retenir la Légion suffisamment pour permettre à Baldur de les intercepter. Kaya s’en va avec
grand enthousiasme.

Une fois la jeuen femme partie, Morvhana recourt à sa vision druidique et donne d’autre
instruction au vagabond : « Baldur les mène vers l’anneau des Willows. Trouve Baradigus
Thorne et dit lui d’envoyer tous les renforts disponible vers ce site à toute hâte. »

Veltison en est surpris : « Mais si c’était les plans de Baldur, pourquoi avez-vous envoyé
Ka… ? ».
Morvhana : « Un plan ne peut pas réussir sans renforts. Les renforts demandent du temps.
Kaya connaît les risques ». Sa voix se fit plus sèche. « Vous avez vos ordres, Wayfarer ».

Lylyth, laissée volontairement en arrière pour ralentir les druides avec une poignée de
Rôdeurs et un Raek, parvient à s’en prendre par surprise à Baldur. Au terme d’un bref mais
violent combat, Baldur est lardé de flèches. Lylyth le laisse pour mort et s’enfuit.

Morvhana la Lame de l’Automne fait irruption dans la clairière peu de temps après le drame :
elle est furieuse. Kaya a en effet rompu l’attaque pour se porter au secours de Baldur, hélas
pas assez rapidement pour empêcher la mort de son mentor. Au beau milieu de la clairière,
Megalith est planté, à demi accroupi sur le cadavre de Baldur.

« On les tenait ! Il suffisait juste que tu les retiennes et… »

Kaya parla à voix basse : « Je l’ai senti. Je ne sais ni comment ni pourquoi, mais je l’ai senti
quand il est tombé ». Elle donnait l’impression de se parler à elle-même.

Morvhana prit finalement le temps de mieux contempler la scène qu’elle avait sous les yeux.
Plusieurs fragments de roches jonchaient le sol, non loin, les restes de plusieurs woldwyrds.
Le gardien de la lande qu’elle avait cru gravement endommagé était en réalité Megalith. Il se
tenait juste devant Kaya et Morvhana pouvait sentir que le construct était intact et sur le qui-
vive. Les dégâts qu’il avait subi s’estompait à vue d’œil. Il y avait quelque chose de
particulièrement inhabituel dans sa condition mentale, et il dévia son toucher mental d’une
manière qui l’aurait inquiété en temps ordinaires si d’autres éléments de la situation actuelle
n’avaient pas retenu son attention.

Il vit alors la flaque de sang qui coagulait lentement sous les pieds noueux de Megalith ainsi
que les robes épaisses prises dans la structure vivante des racines. Elle réalisa au bout de
quelques instants que Megalith s’était posté exactement à l’emplacement d’un druide mort, et
il lui fallut quelques secondes de plus pour remarquer l’épée de pierre runique caractéristique
qui gisait à quelques mètres. ‘Baldur ?’, s’exclama-t-elle. ‘Ce n’est pas possible…’ Elle
s’approcha. Elle ne parvenait toujours pas à s’immiscer dans l’esprit complexe de Megalith.
Morvhana avait déjà contrôlé l’entité auparavant, mais maintenant elle refusait d’écouter ses
ordres.

Morvhana soupira et secoua la tête avant de se diriger vers Kaya. Elle lui mit sa main sur
l’épaule. ‘je suis désolé, mon enfant. Il nous manquera beaucoup. C’est une grande perte.’

‘ Il est encore vivant. Vous ne le sentez pas ?’

‘ Quoi ? Impossible.’ Morvhana se rapprocha de Megalith. Elle toucha une des jambes de
pierre où les runes pulsait calmement d’une lueur verte, puis elle ferma les yeux pour
contacter le construct. Elle ne put que percevoir une étincelle de vie infime sous ces racines,
une portion de conscience minuscule qui n’était pas liée aux sarments de bois composant la
trame qui liait le construct. Quelque force surnaturelle s’était saisi de cette étincelle de vie et
avait refermé sa prise sur elle.

Kaya regardait son aînée, des larmes plein les yeux. ‘Faites quelque chose. Soignez-le !’
Morvhana émit un nouveau soupir avant de lui répondre d’une voix calme. ‘ Je suis désolé,
Kaya. Tes espoirs sont sans fondement. Je ne puis rien faire’.

‘ Mais Megalith…’
‘Megalith a bien essayé de le sauver, mais il ne pouvait plus sauver grand-chose. Ce n’est
qu’une créature simplette faite de pierre et de bois. Il ne savait pas que ces efforts seraient
futiles. Il est endeuillé à sa manière, voilà tout.’ Elle fit une pause pour sentir l’étincelle de
vie, mais elle s’était évanouie de sa vision mentale comme un mirage.’Si j’étais arrivé plus
tôt, peut-être aurais-je pu faire quelque chose, mais plus maintenant.’

Kaya s’affaissa, et se remit sur ses pieds, fixant l’épée de pierre. Ses poings se serrèrent
brusquement. ‘ On aurait pu empêcher ça’.

‘ Ne t’afflige pas, mon enfant. Il a mené son propre combat tout comme toi. On ne pouvait le
prévoir. Nous n’aurions rien pu faire’.

Kaya se tourna vers elle, écumante de rage. Sa colère était telle que Morvhana recula d’un
pas. ‘ Je n’en veux pas à moi, mais à vous. Personne n’a d’importance à vos yeux. Il est clair
maintenant que pour vous tout le monde est sacrifiable’.

‘ Tu es submergé par le chagrin. Tu ne sais plus ce que tu dis’. Morvhana s’était reprise et ses
yeux se plissèrent dangereusement. « Je ne te tiendrai pas rigueur de cet écart’.

Mais Kaya n’était pas disposé à ce calmer : « Vous auriez pu envoyer les Tharns en avant
pour l’aider. Les chevaucheuses de loups, les traqueuses, les écorcheuses. Croyez-vous
vraiment que l’ennemi l’aurez pris en embuscade si facilement si nous lui avions donné des
renforts convenables ? Vous avez refusé de le faire. Vous les avez gardés auprès de vous par
lâcheté. J’aurai dû insister mais j’avais peur de vous défier. J’en ai assez de tout ça’.
Morvhana prenait peu à peu conscience que Kaya n’était pas seule, plusieurs bêtes attendaient
la jeune sentinelle et elles regardaient Morvhana d’un œil noir. Elles étaient nerveuses et
immobiles, et, plus grave, leurs esprits lui étaient clos.

‘ Songe attentivement à ce que tu dis, jeune fille. Nous n’avons pas le temps de nous battre.
La Légion s’échappe et nous devons lui donner la chasse. Nous porterons tous le deuil de
Baldur, mais ce n’est pas le moment. Nous devons nous hâter, avant que la piste ne
refroidisse.’

‘Non.’ Kaya restait immobile. ‘ Je vais rester ici et veiller sur lui. Je ne perdrai pas espoir tant
qu’il restera une parcelle de vie. Et je ne le laisserai pas non plus mourir seul.’

‘L’ennemi s’échappe’, siffla Morvhana entre ses dents. ‘ Rassemblez vos forces et poursuivez
l’armée d’Everblight. Nous devons l’arrêter. Il n’est pas encore trop tard.’

Kaya fit non de la tête. ‘ Il est trop tard. C’était une diversion. Ils ont accompli ce qu’ils
avaient prévu de faire.’ Elle regarda Megalith et ses yeux se remplirent encore une fois de
larmes. Elle dû détourner le regard. ‘ Leurs chefs n’étaient pas avec ceux que nous avons
affronté, pas plus qu’avec les autres que nous avons vus au Château des Clefs. J’en suis
certaine. Je ne sais pas où ils sont passés, mais l’armée que j’ai vu était dirigée par un seul
warlock. Elle pensait me prendre en chasse. Lorsque j’ai senti Baldur mourir…’ Elle s’acheva
pas.
‘Une diversion ? Avec l’intégralité du reste de l’armée comme appât ?’, répliqua Morvhana.
Elle était toutefois partiellement convaincu par les arguments de Kaya. Le cours de ses
pensées étaient visibles sur son visage alors qu’elle considérait ce qu’elle savait d’Everblight.
‘ C’est possible…’

‘ En les suivant, nous ne ferons que connaître d’autres morts, insista Kaya. ‘ J’en ai assez de
cette traque. Je vais veiller sur Baldur. Si un membre de notre ordre peut le soigner, envoyez-
le moi’.

‘ Si je ne le peux pas, alors personne ne le pourra’, lança Morvhana d’un ton sarcastique. La
perspective que quelqu’un puisse réussir là où elle aurait échoué la faisait enrager. ‘ Tu as
promis de m’obéir. Baldur en fut témoin’.

Kaya parut embarrassé un moment puis elle se reprit. Elle se redressa. ‘ Ca ne tient plus.
Faîtes selon votre désir, mais je ne pars pas. Quand j’en aurais fini ici, je reviendrai peut-être
vous aider. Autrement, je les combattrai seule. Je leur ferai payer pour ce qu’ils ont fait, mais
pas aujourd’hui.’ Elle s’agenouilla près de Megalith, toute son attention concentrée sur cette
parcelle de vie presque imperceptible.

Elle n’entendit même pas le départ de Morvhana et les autres. Pas plus qu’elle ne vit les
constructs qui commençaient à affluer lentement vers la clairière. Ils formèrent un cercle
grossier à la lisière de la clairière, avec Megalith en son centre.

NDT : Morvhana continua la poursuite. Pensant pouvoir porter un coup fatal à la Légion,
elle les traque pendant plusieurs jours jusqu’à une petite vallée sise à la frontière du Rhul. En
chemin, elle avait laissé derrière elle les éléments les plus lents de sa troupe… Là, pensant
avoir pris au piège les chefs de la Légion, elle lançant toutes ses forces dans la bataille.

Ce qu’elle apprit bien trop tard, c’est que la Légion avait opté pour cette vallée comme point
de jonction entre les rejetons draconiques nouvellement conçus menés par Absylonia et les
troupes de Thagrosh le Messie, qui venait juste d’achever sa transformation. Dispersée,
étendue sur de trop nombreux kilomètres, fatiguée par la poursuite, et leurrée par
l’arrogance de Morvhana, l’armée du Cercle se jeta tête baissée dans ce piège mortel.
Lorsque les rejetons ailés de la Légion piquèrent du haut des contreforts, on assista à un
effroyable massacre. Morvhana en réchappa d’extrême justesse, sauvée qu’elle fut par
l’intervention in extremis de Kaya.

Pendant ce temps, Krueger, flanqué de Kromak donne la chasse à Zevanna Agha. La vieille
joue au chat et à la souris avec eux depuis plusieurs jours. Suite à une altercation
particulièrement violente avec un contingent de la 3ème armée frontalière khadoréenne,
Krueger pense l’avoir coincé. Il s’engage, seul, sans warbeast, dans un bosquet où ses baillis
lui ont dit avoir vu la Sorcière peu de temps auparavant.

Après avoir grillé un traqueur d’homme et manqué à plusieurs reprise de frire le Scrapjack, il
débouche finalement dans une clairière.

En examinant attentivement l’étrange clairière, il réalisa que la sorcière l’avait conduit vers un
site funéraire. L’endroit portait les traces d’anciennes batailles. De vieilles pierres brisées
gravées d’anciennes runes étaient à demi ensevelies, et elles étaient recouvertes de lierres et
de mousses présentant un aspect bizarrement déformé. Les épines des vignes étaient
particulièrement grandes et longues, à tel point qu’elles ressemblaient à des griffes aiguisées.
Le peu d’arbres qui restaient étaient rabougris et hideusement torturés : l’un d’entre eux
présentait un nœud qui ressemblait à un visage hurlant. Krueger reconnut les stigmates d’une
ancienne corruption draconique : le sang d’un dragon avait coulé ici autrefois. Le poison
latent mettait ses nerfs à vif.

Un petit cairn de pierre trônait au centre de la clairière. Empilés au sommet du cairn, se


trouvaient des pièces de bronze d’une armure ternie, la lame d’une faucille cassée en trois
morceaux et un peu de woven métal. Krueger sentit les poils de sa nuque se hérisser et sa rage
s’éveiller lorsqu’il reconnut l’arme et le pendentif qui coiffait le cairn. Ils avaient appartenus à
Salestria. Il ne pouvait en douter. Leur relation complexe avait été pour le moins difficiles,
mais il ne l’avait plus jamais vu sans le collier depuis le jour où il lui en avait fait don. Potent
du Cercle, elle était morte depuis environ dix ans. Dix années et Dahlekov ne lui avait jamais
fourni d’explications satisfaisantes sur sa mort.

« Idiot », lui murmura une voix à l’oreille et tout d’un coup Krueger sentit les griffes se poser
sur sa gorge. Il gémit lorsqu’il réalisa que Agha s’était glissé dans son dos sans un bruit.
‘Shhh, du calme. Ce sera bientôt fini’.

Salestria était-elle morte de cette façon ? En regardant une nouvelle fois le cairn, Krueger en
fut convaincu. Il avait des raisons de se maudire pour avoir permit à la colère de guider ses
actions. Il avait été impulsif, stupide en fait, en laissant ses veilleurs de la lande derrière lui. Il
avait pénétré en ces lieux sans bête à ses côtés pour subir les blessures à sa place. Il pourrait
essayer d’atteindre la sorcière, mais il savait qu’il ne serait pas assez rapide.

Elle rit. ‘ Je pourrais te tuer, non ? Je lis dans ton regard que tu le sais. Quel idiot tu es. Tu
n’es qu’un pion dans un jeu qui te dépasse. Tu n’apprends jamais. Cette terre est à moi. Tu ne
peux pas me la voler. Je te laisse l’utiliser, quelquefois. Ce dont j’ai besoin, je le prends. C’est
aussi simple que ça’. Elle émit un petit bruit entre ses dents. ‘ Comme j’aimerais ajouter ton
crâne à ma collection’. Ses griffes parcoururent délicatement le crâne chauve de Krueger et
des goutelettes de sang lui tombèrent devant les yeux. ‘ Mais je vais te donner une chance,
non ? Je crois que tu as du travail, je pense’.

Krueger serra les dents. ‘ Je ne te servirai pas’.

‘Oh, mais ça je le sais, petit vorona’. Elle gloussa puis traça une fine estafilade sur sa gorge à
l’aide d’une seule griffe. C’était le mot khadoréen pour « corbeau ». ‘ Pourquoi es-tu ici ?
Penses-y. Mes fils et mes filles pensent m’avoir donné le Bois d’Epines, mais il est pourri.
Toruk s’agite. Le festin final entre les grands serpents approche. Leur poison dévore la terre.
Tu le vois ici, tu le sens sur ces pierres. Deux mille ans que ce sang a été répandu, et il la
souille toujours. C’est une blessure dans ma chair comme dans celle de ton Orboros. Si tu ne
veux pas mourir ( elle pointa une griffe vers le cairn), rends-toi au Shaveald Barrow. Là, ils
gardent la Pierre du Ver. Tu en as entendu parler, n’est-ce pas ? Elle renferme les écrits de ton
ordre sur les dévoreurs de monde. Mais elle est bien plus que tu ne crois. Etudie ses leçons.
Après ça, si tu veux danser avec moi encore, je serai ici.’

Après quoi la Sorcière s’éclipse. Krueger est troublé. La Pierre du Ver est un hémisphère
d’environ 50 cm de diamètre intégralement recouverte de runes entrelacées. La relique date de
temps immémoriaux. Krueger ne l’a vu qu’une seule fois, alors qu’il était en présence de
Dahlekov, mais il n’a pas eu le temps de l’examiner. Intrigué, il décide de le faire.

Quelque temps plus tard, on retrouve Krueger au Shadoveald, en compagnie des gardiens de
la pierre. Comme il a participé au combat qui on permit au Cercle de reprendre possession du
site, il n’a aucun mal à les convaincre de le laisser examiner la pierre.

Bien vite, il déchante. Les runes forment un quadrillage complexe, qui se prête toutes les
interprétations. A l’insu des gardiens, il décide d’emporter l’artefact pour l’étudier à loisir.

Quelques temps plus tard, Dahlekov lui apparaît dans la fumée d’un feu de camp. Courroucé,
l’omnipotent lui ordonne de retourner au Shadoveald et de rendre la pierre puis de s’acquitter
de la tâche qui lui a été confié : combattre Zevanna Agha. Krueger refuse, et va même jusqu’à
se moquer de lui en affirmant que le Cercle n’est pas en mesure de décrypter la Pierre du Ver.

Dahlekov lui rétorque que les inscriptions de la pierre sont contradictoires. C’est une leçon de
démence. Le fait qu’elle constitue la seule trace écrite mentionnant l’ancienne alliance des
enfants de Toruk contre leur géniteur est la seule raison pour laquelle les druides ne l’ont pas
détruites.

Krueger ordonne ensuite à un de ses wayfarers de contacter son ancien maître ( NDT qui
réside près des ruines d’Acrania, si quelqu’un sait où ça se trouve…). Il lève le camp, se
rebaptisant ‘ Le Cyclone’ au passage.

Un peu plus tard, au cœur des marais qui recouvrent la majeure partie du royaume d’Ord,
Mohsar contacte Krueger d’une manière très biblique : un raie de lumière perce les miasmes,
la température augmente alors de manière dramatique, ce qui fait bouillir la fange avoisinante.
On apprend alors que Mohsar est l’ancien maître de Krueger : le vieil omnipotent l’a soustrait
à ses parents ménite alors qu’ils s’apprêtaient à le brûler en tant que créature du Ver. Mohsar
fut cependant très dur avec son apprenti, à tel point que Krueger le craint encore.

Mohsar l’informe qu’il a dû sortir de sa retraite à cause des skornes, qui se mêlent de choses
qu’ils ne comprennent pas. Il informe ensuite Krueger qu’il est bien au courant de sa
‘rébellion’ contre le Cercle, mais qu’il n’est pas en mesure de venir le corriger en
personne…pour le moment. Krueger, en tournant un peu autour du pot, fini par lui demander
le nom du dragon qui fut à l’initiative du pacte draconique. Il y a 1.600 ans, les fils de Toruk
s’unir pour bouter Toruk hors du contenu d’Immoren. Il s’agit de Blighterghast, dont la
tanière se trouve dans les Wyrmwalls montains, juste en face des Îles Skardes. Krueger est
également surpris de ne pas trouver mention de Ethrunbal ( le petit nom d’Everblight) sur la
Pierre du Ver. C’est normal, ce dernier n’a jamais fait partie de l’alliance.

Krueger décide donc de se rendre dans ces montagnes pour y trouver le dragon.

Plusieurs semaines s’écoulent, le Cyclone approche de son but. En chemin, son armée n’a fait
que grandir, jusqu’à atteindre des effectifs impressionnants. Une partie de lui espérait qu’un
des omnipotents en personne ou, à défaut, Morvhana, viendrait le défier, mais la chose ne
s’est pas produite.

Au nord-est du Lac Rimmocksdale, un orage aussi soudain que violent se déchaîne. Un druide
émerge subitement des trombes d’eau : il s’agit de Lortus, le troisième omnipotent. L’homme
est grand et mince, ses traits présentent un aspect un brin elfique, à cause de son visage
anguleux aux traits saillants. Il lui manque deux doigts à la main gauche. Cette dernière n’est
plus qu’un amas de tissu cicatriciels. Des lignes noires partent d’ailleurs de la blessure : elles
courent le long de son bras, avant d’irradier le long de son cou jusque dans sa mâchoire en
formant un entrelacs délicat. Si l’on croit la rumeur, Lortus aurait reçu cette blessure à la suite
d’un contact direct avec Blighterghast il y a bien des années.

K : ‘ Omnipotent Lortus, bienvenu. C’est un rare honneur. Vous tombez bien, je souhaitais
vous parler’.

Lortus : ‘ Oh, vraiment ?’ Lortus semblait amusé.

K : ‘Oui. Il m’a semblé que vous étiez le seul à même de m’assister, étant donné votre
situation’.

L : ‘ Vous semblez avoir lancé un défi sans appel à notre ordre. Qu’est-ce qui pourrez bien me
pousser à vous aider ?’

K : ‘ Alors, vous êtes ici pour me châtier suite à mon désaccord avec Dahlekov ?’

L : ‘ Dahlekov a ses propres territoires à gérer. Mais maintenant, vous êtes sur le mien.
Qu’est-ce qui vous amène dans ces montagnes, cheminant à la tête de votre armée ? Aucun de
nos ennemis ne se trouvent près d’ici.

K : ‘ Nous ne faisons que passer. Il ne s’agit que d’un désagrément temporaire.’

L : ‘ Vous n’êtes pas ici pour me défier ?’

K : ‘ Dans quel but ? Ce n’est vraiment pas mon intention. Vous espérez toujours le pire de
ma part. Pas étonnant que vous soyez si attaché à Morvhana.

L : ‘ Morvhana a pour habitude de lancer ses troupes contre nos l’ennemis, ce que j’apprécie.
Etes-vous après elle ? Vous marchez dans la mauvaise direction, dans ce cas’.

K ; ‘ Non. Je moque de ce qu’elle peut bien faire. Je demande une audience auprès de
Blighterghast. Je crois que vous êtes en mesure d’arranger ce genre de chose ?’

L : ‘ Non. Absolument pas.’

K : ‘ je vais le trouver. Mais les choses se dérouleront plus aisément si vous pouvez
m’introduire auprès de lui. Je sais que vous vous êtes déjà rencontrés.’

L : ‘ L’existence des dragons est totalement étrangère à l’ordre naturel. Leur esprit sont
totalement différents des nôtres. Il ne sortira rien de bon d’une telle entrevue.

K : ‘ j’ai une proposition que les dragons doivent entendre, et Blighterghast semble le plus
susceptible de m’écouter. Il est temps d’initier le dialogue.

L : ‘Louable déclaration. Si vous pensez que c’est le cas, confiez-moi vos pensées. Je vais en
considérer la valeur et juger de la manière de s’y prendre.
K : ‘ Non, je dois lui parler personnellement. C’est le seul moyen.’ Krueger regarde la
blessure de Lortus. ‘ Vous n’étiez pas encore omnipotent quand vous avez reçu cela. Je pense
que vous aviez vos raisons. Je souhaiterais agir de même. Vous vous êtes passé du
consentement d’Ergonus à l’époque, n’est-ce pas ?’

A ces mots, Lortus se met en colère : ‘ Un contact direct est rigoureusement prohibé. Ne me
défiez pas !’ Il dégaine ses deux cimeterres d’obsidiennes. Krueger ne bronche pas, mais
Kromak l’impulsif se jette sur Lortus…qui l’envoie bouler à dix mètres d’une pichenettes
avant de disparaître. Kromak se relève sans trop de souci. Il remarque que la conversation ne
s’est pas particulièrement bien passée à ses yeux, ce à quoi Krueger rétorque qu’au contraire
pour lui tout s’est déroulé à la perfection. Il connaît bien Lortus, qui est de nature patiente et
prudente. A l’heure qu’il est, il doit être certainement en train de se rapprocher de la tanière
du dragon.

‘ Et ça, c’est bon pour nous ?’ Kromak était perplexe.

Krueger sourit à nouveau : tout se passait selon ses plans. ‘ J’aurais pu avoir des difficultés à
trouver Blighterghast. Il peut être très discret s’il le désire, du moins à ce qu’on m’a dit. Mais
je peux sûrement trouver Lortus. Tout ce que nous avons à faire, c’est de suivre le tonnerre’.
Il pris une profonde inspiration pour mesurer le taux d’ozone dans l’air. ‘ Viens. Un dragon
nous attend.’

Le Veilleur :

Krueger et Kromak gravisse la montagne patiemment avec une petite troupe.

Krueger sentit que son objectif était proche, mais il ne se faisait pas d’illusions : son approche
n’était pas passée inaperçue. Après s’être frayés un chemin le long de la pente traitresse des
rochers, ils rejoignirent une crevasse qui descendait en formant une alcove plongée dans
l’ombre. Le bout de l’alcove débouchait sur une grotte de plus vaste dimension et Krueger
sentit que lortus n’était pas venu seul. Des constructs élémentaires l’attendaient de cette
grotte, l’un d’entre eux était d’ailleurs d’une taille et d’un aspect inhabituel. Cette fois-ci,
Lortus arborait une expression des moins affables. Krueger estima que Lortus aurait choisi de
l’intercepter à un lieu de passage obligé sur le chemin de la tanière du dragon. Cela signifiait
que Blighterghast ne devait pas être loin.

Krueger leva une main pour désamorçait tout conflit immédiat. « Omnipotent Lortus, nous ne
sommes pas ici pour nous battre ».

« Et pourtant vous semblez peu enclin à obéir. Voilà qui nous met dans une impasse. »

« Depuis quand notre ordre, qui prise tant le chaos naturel, est-il devenu si regardant sur
l’obéissance ? » Il vit Lortus grimacer. « Je dois parler à Blighterghast. Je sais que nous
sommes tout proches. Tu ne dois pas me faire obstacle. »

Il faisait sombre dans l’alcôve, mais sa vision s’était accoutumée aux ténèbres. En une
fraction de seconde une silhouette encapuchonnée apparut un peu en retrait de Lortus, sur sa
droite : le nouveau-venu se dressait telle une statue, comme s’il avait toujours était là. Krueger
ressentit une étrange décharge douloureuse dans la nuque lorsqu’il contempla ce personnage,
et il cligna subitement des yeux pour contrer une soudaine sécheresse oculaire, ce qui le fit
larmoyer. Une odeur semblable à la chair putréfiée lui assaillit les narines. Le personnage
s’appuyait sur un long et mince bâton de bois blanc. Les robes dont elle était vêtue étaient
épaisses et organisées en plusieurs couches : elles ne laissaient rien paraître de son corps, à
l’exception de l’avant-bras et de la main qui en émergeaient pour agripper le bâton. Le pâle
bras et la main étaient couverts de concrétions squameuses et lépreuses. Une voix d’homme
émergea de la cagoule, et sa diction était parfaite. « Blighterghast va vous recevoir. Mais il y
aura un prix à payer ».

Lortus devint légèrement nerveux, et Krueger vit que l’omnipotent n’avait pas envisagé ce cas
de figure. Son regard en disait long, mais il ne parla pas. Krueger reporta son attention sur la
silhouette. « De quelle nature ? ».

Il y eut une pause. « Il y a des Cryxiens près d’ici. Lortus en est conscient. Eliminez-les. Cela
fera le moitié du prix. L’autre moitié, nous nous en occuperons une autre fois ».

En n’importe quelle autre circonstance, Krueger aurait hésité face à une requête aussi vague,
mais il n’était pas en position de marchander. « C’est d’accord », répondit-il.

L’existence d’un tel intermédiaire intriguait Krueger. Rien de ce qu’il avait pu apprendre au
sujet de Blighterghast ne laissait entendre que le dragon appréciait les subordonnés. Il n’y
avait aucune preuve de l’existence de ne serait-ce qu’une infime cabale qui lui serait inféodée.
Ce dragon semblait préférer demeurer dans l’ombre, même si le long de la Côte Brisée on
trouvait des marins qui affirmaient l’avoir vu en plein vol au dessus des falaises.

Malgré la proximité de la ville cygnaréenne de Hauteportes, la plupart des gens n’aurait pas
cru que la dragon existait réellement. La grande majorité ne savait pas que les horreurs
corrompues qui descendaient de la montagne étaient la preuve d’une présence de nature
draconique. Blighterghast s’était avéré être un voisin quasi parfait si cela avait un sens pour
les dragons : discret, invisible, c’était un véritable mythe.

Le Cercle orboros avait ses propres théories pour expliquer l’isolement du dragon. Mais avant
que Krueger n’ait examiné la Pierre du Ver, il n’avait fait qu’effleurer la nature de ces
hypothèses.

Le personnage observa le silence si longtemps que Krueger en vint à croire que le contact
initial était terminé. Il venait d’en conclure qu’il lui faudrait lancer l’attaque demandée
immédiatement lorsque la voix se fit de nouveau entendre : « Suivez-moi. Seul. »

Krueger acquiesça et se tourna vers Kromak pour lui confier quelques mots rapides :
« Apprends les détails de cette base auprès de Lortus. Retourne au camp le plus proche et
prépare-la. Je te rejoindra ( sa voix flancha légèrement)…quand je le pourrai ». Kromak jetta
un coup d’œil sceptique à Lortus, mais il ne dit rien. Krueger se retourna pour emboîter le pas
au personnage, qui se dirigeait vers l’entrée de la grotte.

Lortus se déplaça pour lui barrer le passage : il lui parla à voix basse, mais avec un accent de
panique. « Krueger ! Renoncez tant que vous le pouvez encore. Vous faites une grave
erreur. »
La figurine encapuchonnée s’arrêta et interposa son bâton blanc en face de l’omnipotent. « Ne
vous en mêlez pas ».

Krueger les regarda et il parla au druide qui était censé être son supérieur. « Le temps de la
prudence est révolu. Nous devons rompre avec le passé. Lortus ne fit aucun autre mouvement
pour le bloquer et Krueger suivit le guide encapuchonné dans les ténèbres de la grotte.

Le cave suivit une pente ascendante à travers la montagne sur une certaine distance. Krueger
cheminait en silence derrière son guide, qui ne dit pas un seul mot. En plusieurs endroit, ils
sortirent à l’air libre pour marcher le long de corniches étroites surplombant des parois
rocheuses à pic. La hauteur ne faisait pas peut à Krueger, mais l’expérience ne l’en rendait pas
moins de plus en plus mal à l’aise.

Ce malaise n’était pas uniquement dû à l’odeur de chair en putréfaction d’une intensité


variable qu’exhalait son guide. Une étrange douleur dans ses muscles, suscitée par aucune
contrainte physique était apparue. Ses poumons le brûlaient, comme s’il respirait la fumée
d’un feu et il se rendit compte qu’il lui était difficile d’inspirer à pleine bouffée. Le douleur se
diffusait dans ses articulations, particulièrement dans ses doigts. C’était comme s’il pouvait
sentir son corps vieillir à grande vitesse pendant qu’il marchait, comme si le poids des années
se faisait sentir à chaque pas. Plus grave : il avait la sensation que sa puissance, que faisait
partie de lui au même titre que son sang, s’amenuisait. Il sentit qu’il aurait pu invoquer un
orage s’il l’avait voulu, mais la puissance semblait affluer lentement, résistant à son appel.

Ils émergèrent d’une longue ascension souterraine sur un sommet plus large, une plateforme
qui semblait d’une platitude peu naturelle. Ils étaient montés assez haut pour voir les
Wyrmwalls qui s’étalaient sur leur gauche et leur droite comme une profusion de pics acérés.
Regardant au travers des occasionnels nuages bas, Krueger vit l’océan et une portion
déchiquetée de la Côte Brisée qui le bordait. Ils n’étaient pas exactement au sommet de la
montagne. Krueger se retourna pour jeter un œil vers le sommet et son cœur s’arrêta. La
silhouette du dragon le surplombait, perchée au sommet du plus haut pic, la tête écailleuse de
Blighterghast scrutait attentivement l’ouest, par-delà les étendues de l’océan.

De sa position, il était presque impossible à Krueger d’avoir une idée de la taille de la


créature, pourtant sa grandeur le frappa comme une masse, envoyant une poussée de peur
atavique dans ses veines. Il lui fallut un grand effort de volonté pour rester sur place et ne pas
fuir vers les grottes. Il se fit violence pour garder son calme, pour faire fi des impulsions de sa
faible chair. Il se rappela à lui-même qu’il n’était pas un humain ordinaire, pas un simple
mortel, mais un druide d’Orboros. Il se contraignit à regarder le dragon, serrant les dents pour
résister au besoin de regarder ailleurs.

Le crépuscule était bien avancé et le ciel se voilait, mais le dragon imposait sa présence au
monde d’une manière qui défiait toute lumière extérieure. Une lueur ambrée issue de ses
entrailles irradiait par les milliers d’interstices entre ses écailles noires. Il était difficile de
prêter un sens à ce que ses yeux lui disaient. L’espace d’un instant, Krueger percevait quelque
chose d’une noirceur absolue, qui siphonnait toute la lumière du monde. Une seconde plus
tard, la dragon luisait d’une lumière orange, et il pouvait sentir la chaleur infernale qui
s’exhalait de lui, malgré la distance qui l’en séparait.
Un souffle d’air stagnant frappa ses poumons comme les émanations d’une fournaise noire. Il
sentit un goût de cendre et l’espace d’un instant, il fut pris d’une envie irrépressible de
tousser. Une intense douleur remplit sa poitrine. Il regarda sa main et vit que la paume en était
mouchetée de sang. Il invoqua ses pouvoirs pour réparer ses tissus, mais ce qui ne nécessitait
d’ordinaire qu’une faible concentration lui demanda un intense effort. Les dégâts qu’il
subissait étaient lents mais constants : à chaque moment, il pouvait sentir différentes parties
de lui-même dépérir.

Même lorsqu’il ne regardait pas directement dans la direction du dragon, les sens surnaturels
de Krueger ne pouvaient se détacher de son regard. Des vagues de ténèbres parcourait son
champ visuel comme des nuages devant le soleil. Il savait qu’il s’agissait de corruption
draconique pure, un phénomène invisible à l’œil nu mais qu’il pouvait percevoir grâce aux
instincts dont il usait pour sentir et modeler les énergies brutes d’Orboros. L’aspect le plus
effrayant dans toute cette expérience était probablement que Blighterghast se retenait,
contrôlant délibérément ses propres émanations draconiques. Aucun autre signe ne laissait
penser que le dragon avait remarqué sa présence.

« Parle ». Ce fut la silhouette en robe qui prononça ce mot : le mystérieux personnage se


tenait juste en face de lui tandis que le dragon était au loin, tel une menaçante incarnation de
la mort. Krueger trouva qu’il était plus facile de focaliser son attention sur lui, malgré son
anonymat informe. Il lui fallut fournir un effort de volonté pour se souvenir de la raison qui
l’avait conduit ici.

Krueger s’éclaircit la gorge, ce qui faillit le faire tousser de nouveau.« D’abord, dit au garnd
Blighterghast que je m’excuse pour avoir interrompu sa veille ». Il guetta un signe de
reconnaissance, mais aucun ne vint. La silhouette encapuchonnée se dressa toujours,
monolithique. Krueger poursuivit alors, luttant pour se souvenir des paroles qu’il avait
préparées. « Pendant un certain temps, nous avons agi en nous basant sur une interprétation
idiote. Nous pensions que ceux de sa race devaient être au fait de tous les événements de ce
monde. Ce n’est que récemment que j’ai réalisé à quel point notre stupidité était abyssale.
Pour quelle raison un être aussi puissant que lui se soucierait-il de ce qui se passe parmi
nous ? L’ascension et la chute des nations mortelles n’ont aucun sens. Qu’est-ce qu’une
guerre entre insectes ? Ce n’est qu’un bruit diffus, ou, au pire, une distraction potentielle. »

« Rien de ce que vous faites ne saurait me distraire », s’exclama la silhouette mystérieuse.


Ebranlé par l’usage de ce pronom personnel, Krueger en vint à se demander si le dragon ne lui
parlait pas directement par le biais de cette créature. Il décida d’ajuster son ton à l’avenant.

« Bien entendu, s’empressa-t-il d’ajouter. Toutefois, eu égard à l’importance de votre veille,


certains problèmes propres à votre race immortelle peuvent ne pas avoir été portés à votre
attention. » Il s’interrompit brièvement de nouveau, en toussant encore plus de sang dans le
creux de ses mains. Krueger reprit, et il sentit que sa voix perdait de sa force. « Le sujet qui
m’amène ici à trait à votre pair, Ethrunbal, peut-être le connaissez-vous sous un autre nom.
Celui qui n’a pas rejoint votre alliance ».

« Je le connais », dit la silhouette, un accent d’impatience dans la voix. « Il est désincarné.


Vaincu. Insignifiant. » Ses mots sonnèrent avec une absolue certitude.

« Il semblerait qu’il ne soit plus désincarné. Il a rassemblé une armée et créer beaucoup de
rejetons portant la marque de son sang. Plus important, il a récemment défait Pyromalfic. Je
ne sais pas quel nom vous utilisez pour le désigner ». Il tenta d’articuler un autre nom qu’il
avait vu inscrit sur la Pierre du Ver, mais il n’était pas certain de sa prononciation. « je crois
que c’était un membre de votre alliance. Je pensais que vous voudriez apprendre que
Ethrunbal l’avait vaincu avant de le consommer ».

La température augmenta brutalement, ce qui fit suffoquer Krueger. La chaleur sur sa peau fit
si intense qu’il se demanda pendant un moment si ses capes ne s’étaient pas enflammées. Il
leva les yeux et vit les orbites épouvantables du dragon brûlant de flammes sur le pic.
Blighterghast le fixait directement pour la première fois, et Krueger se sentit crucifié par ce
regard. La silhouette encapuchonnée parla de nouveau. « Impossible. Vos paroles n’ont aucun
sens. »

« C’est la vérité ! », suffoqua-t-il, appelant un surcroît de vitalité dans ses chairs à l’agonie.
Orboros ne lui avait jamais paru aussi ténu, comme des grains de sable qui glissent dans la
main. Il lutta pour achever ce qu’il était venu pour accomplir. « demandez confirmation après
mon départ par n’importe quel moyen qui vous semblera adéquat. Vérifiez la présence de
Pyromalfic si vous le pouvez. Je ne prétends pas comprendre votre alliance, mais je pense que
vous pouvez prévenir les autres même si votre veille venait à toucher à sa dernière heure. Ce
n’était qu’un prélude, Ethrunbal va en vouloir davantage. Il ne se déplace pas avec autant de
prudence que vous. Il est impatient, impulsif et impitoyable. Demandez à Lortus, si vous
mettez ma parole en doute. » Il était persuadé qu’il allait mourir et qu’il venait de prononcer
ses derniers paroles.

Dans son esprit, Krueger inventoria les diverses manières dont sa mort pourrait se produire : Il
pouvait être suffoqué par les cendres et la suie. Sa chair pourrait être séparée de ses os par un
unique souffle de feu inextinguible. Peut-être la dragon allait-il étendre une griffe pour le
couper en deux, bien qu’il ne se crut pas digne d’une pareille attention. Blighterghast pouvait
également battre à peine des ailes et le tourbillon d’air le balaierait de la montagne pour qu’il
s’écrase au sol.

Non. Je ne mourrai pas ici. Je suis le Cyclone. Il se concentra sur cette seule pensée, tentant
d’échapper à la perspective écrasante de la mort.

Il se rendit compte qu’il venait de fermer les yeux et de tomber à genou, mais il les ouvrit
pour jeter un œil en surplomb. Il vit la gueule du dragon s’ouvrir et pendant un instant tout
espoir le fuit totalement, mais à la place d’un déluge de feu une voix tonitruante en surgit. Un
vent chaud chargé d’une odeur de souffre lui fit parvenir le seul mot que la silhouette
encapuchonnée n’avait pas prononcé. « Disparait. »

Krueger fuyait à toute jambe de la grotte dans lequel il était entré avant même de se rendre du
mouvement de ses jambes. La voix du personnage en robe le poursuivit : « N’oublie pas ta
dette. »

Il lui fallu de longues minutes de descente, l’esprit vide avant que le Seigneur de l’Orage ne
puisse se souvenir de la nature de cette dette. Voir peser sur soi une obligation d’une nature
aussi vague était dérangeant, mais le fait qu’il ait pu obtenir une audience auprès du dragon et
en ressortir vivant chasse ce constat de ses pensées pendant un moment. Lorsqu’il ressasserait
les souvenirs diffus qu’il avait gardés de l’entretien beaucoup plus tard, il se rendit compte
que très peu de chose l’inclinait à penser que ses propos avaient eu le moindre effet. Le doute
le taraudait.
Orboros saigne :

Mohsar le Nomade du Désert était debout à découvert, face à la forteresse nouvellement


érigée depuis trop longtemps du Château des Clefs. Même une simple personne à l’aspect
inoffensif ne pouvait échapper aux sentinelles du lieu pendant très longtemps. Les soldats qui
guettaient du haut de ses murailles observaient les environs en quête de menaces plus
importantes, mais ils ne l’ignoreraient pas s’ils venaient à le remarquer. Ils l’avaient vu : il en
eu confirmation sous la forme d’une escouade de venators qui dévalaient les marches
disjointes sculptées à même la roche. Mais il ne leur prêta pas immédiatement attention.

Même s’il avait perçu le monde avec le grossier et commun truchement de la vision, Mohsar
ne leur aurait pas plus prêté attention. La forme presque achevée d’une imposantye forteresse
skorne occupait les hauteurs. Son architecture était singulière pour des yeux occidentaux,
mais ce détail mis à part elle n’appelait pas à de plus amples investigations. L’étrange
métissage de travailleurs courbant sous les fouets skornes pour achever la structure était
également inhabituel, et cela aurait pu attirer un peu l’attention : des skornes, des trollkins,
des humains et même une forme imposante qui pourrait bien être un ogrun.

Mohsar était physiquement aveugle, mais les sens auxquels il recourrait pour percevoir le
monde était bien plus pénétrants que la vision. Il était debout dans les sables des Marches
Sanglantes, absorbé dans une transe consciente qui lui conférait une bien meilleure perception
de son environnement. Pour ses sens, une chose dont la nature allait à l’encontre de l’ordre
naturel rôdait au sein des fortifications de pierre de ce pic. C’était une irrégularité qui allait
bien au-delà des conséquences corrumpues des derniers âffres d’un dragon et de la souillure
irrémédiable de son sang répandu.

Mohsar contemplait une blessure naissante faite à la trame même du monde, une brêche dans
la membrane épaisse et éternelle qui séparait Caen de Urcaen pratiquée le long du corps
d’Oboros. Elle suintait d’un froid poison comme une blessure exsude le pus. Il avait pris
conscience de cette étrange phénomène quelques semaines auparavant lorsqu’à des centaines
de kilomètres de là, au cœur du désert, il avait senti une disruption polluée. Il avait à moitié
espéré que la chose allait disparaître avant qu’il n’arrive sur place pour enquêter. Une brêche
d’une telle importance aurait dû se sceller d’elle-même rapidement sous l’influence des lois
naturelles, mais à cette distance, il pouvait sentir que le trou ne faisait que s’agrandir
progressivement.

Les Venators venaient d’atteindre la base de la falaise et ils continuaient dans sa direction,
criant pour attirer son attention dans leur approche. Ils faisaient de grands gestes, lui intimant
de s’approcher d’eux. Mohsar continua à les ignorer. L’un d’entre eux tira dans le sable près
de ses pieds et leurs cris se firent plus appuyés. Mohsar laissa échapper un soupir : il leva une
main et déchaîna un éruption de violent pouvoir. Une crevasse avide s’ouvrit dans le sable
sous les pieds du skorne le plus proche et elle s’élargit en un gouffre irrégulier qui avala les
autres. Les cris se turent brutalement quand la terre se referma.

Conscient que leurs collègues en surplomb avaient probablement assisté à leurs morts,
Mohsar observa encore quelques instants avant de faire volte-face pour s’éloigner. Deux
rochers écarlates d’aspect communs éclatèrent soudainement puis se mirent debout, révélant
ainsi leur nature de gardiens de la lande. Ils le suivirent tandis qu’il marmonnait : « Là où un
siegneur liche et un artefact orgoth ont échoué, les skornes sont sur le point d’y parvenir par
accident. Remarquable. »

Il était peut-être temps d’emprunter l’armée que Krueger avait rassemblée. Ils n’avaient pas
d’être occupé par une tâche importante.

Storyline Skorne :
« Je jure sur l’héritage de mes ancêtres que j’unirai mon peuple en une seule nation, une
seule armée. Ainsi uni, notre dominition éternelle s’étendra sur le monde ».
Makeda de la maison Baalash, lorsqu’elle adopta le titre d’Archdomina Suprême.

« Ils le craignent, mais le moment venu son nom surpassera celui du grand Voksune lui-
même. Il a montré qu’il pouvait asservir la mort elle-même. »
Tyran Hexeris.

L’Archdomina Makeda se retourna pour regarder le seigneur tyran Hexeris lorsqu’il entra
dans sa petite chambre. La pièce tenait davantage du bureau administratif que d’une salle de
réception digne d’une skorne de son rang. Hexeris s’incline en signe de respect, non sans
remarquer que Morghoul se tient appuyé contre un mur, sans le perdre des yeux.

Plutôt veule, Hexeris présente ses respects à Makeda. Cette dernière avoue son étonnement
de le trouver ici en réponse à sa convocation : Hexeris aurait en effet consacré son temps à
saper ses ordres. Il se récrie, arguant qu’il y a eu certaines ‘confusions’ au cours de la bataille
du Château des Clés, mais qu’il lui est loyal. Il l’invite même à en parler au suprême aptimus
Zaal. Si le tandem a utilisé les troupes de Xerxis pour se protéger au lieu de porter secours aux
défenseurs du Château dans les plus brefs délai, c’est parce qu’ils pensaient avoir trouvé une
relique de la première importance pour les skornes ( NDT : la dépouille de Pyromalfic, dont
Zaal a d’ailleurs prélevé un échantillon). Makeda lui fait alors froidement remarquer que la
désobéissance à un ordre direct est normalement puni de mort. Hexeris semble alors ravi par
la perspective d’être confié aux bons soins de Morghoul ( qui est devenu le sicaire de
Makeda), mais ses espoirs sont déçus. L’archdomina lui offre une chance de se racheter. Elle
va se rendre avec le gros de l’armée skorne à la forteresse de l’Abysse pour déposer Vinter
Raelthorne. Morghoul a appris de la bouche d’un des agents de l’ex-souverain du Cygnar (
Magnus le Traître, qu’il a copieusement torturé) que ce dernier n’était pas le Réincarné.
Pendant ce temps, Hexeris devra consolider les forteresses nouvellement bâties en bordure des
Marches Sanglantes, à charge pour lui de capturer des esclaves pour ce faire. Zaal restera sur
place : il disposera d’un ample contingent de gardiens ancestraux et d’immortels à sa
disposition pour pallier le peu de guerriers skornes vivants en garnison sur place.

Hexeris propose alors de tirer Mordikaar de se retraite pour qu’il l’assiste dans sa tâche. Très
controversé, Mordikaar n’est guère apprécié de la classe des laudateurs skornes : il aurait dû
mourir, mais par d’étrange moyen, il a échappé à la mort. Reclus dans son laboratoire de
Melphas, c’est grâce à ses travaux que les skornes peuvent depuis tout récemment employer
des Esprits du Vide dans leurs armées. Makeda accepte, essntiellement du fait que Mordikaar
et Zaal se haïssent copieusement. Elle prévient toutefois Hexeris que toutes leurs expériences
devront se dérouler avec amples précautions et qu’ils ne devront pas se laisser absorber par
leurs recherches au point d’en perdre de vue leur but premier.

Hexeris s’éclipse finalement, visiblement satisfait, sous le regard dubitatif de Morghoul.

On le retrouve un peu plus tard dans le laboratoire de Mordikaar. Ce dernier a ouvert une
petite faille vers le Vide. Il utilise ses lanternes magiques pour visualiser les esprits des
défunts skornes qui passent au travers et pour repousser les plus dangereux. De temps à autre,
quand il en remarque un particulièrement intéressant, il l’asservit pour que les troupes de
l’empire puisse l’utiliser au combat. Hexeris s’approche lentement de lui, Mordikaar
l’acceuille.

‘ Bienvenu, seigneur tyran Hexeris. Je vous certifie que je n’ai pas dépassé le quota fixé par
Zaal. L’esprit que je viens d’asservir l’a été pour en remplacer un autre, que les duzusk (
‘trollkin’) ont détruit récemment au poste de garde près des corals du nord’

Hexeris : ‘ J’apporte de bonnes nouvelles. Vous n’avez plus à vous soucier des quotas’.

Mordikaar : ‘ Oh ?’ L’optimisme de Mordikaar se montre bien mesuré : les belles promesses


qu’on lui a fait miroité pour le tirer de sa retraite ne se sont pas vraiment concrétisées. Hexeris
l’informe alors que le conservatisme de Zaal n’a plus cour, étant donné que le commandement
venait de lui revenir. Mordikaar va, au contraire, devoir redoubler d’efforts pour asservir
toujours plus d’esprits skornes défunts.

Hexeris lui expose alors son sentiment sur Zaal : celui-ci ainsi que ses confrères laudateurs se
consacreraient trop à l’aristocratie du monde des esprits ( les exaltés = skornes jugés
suffisamment méritants pour mériter de voir leur âme conservées dans une pierre esprit pour
l’éternité). Mordikaar asservit le vulgus pecus des esprits skornes, tout comme les doloristes
réduisent en esclavage les races inférieures pour qu’elles travaillent à la gloire de l’empire. Il
lui confie qu’il a un plan en tête pour accélérer les recherches. Cela pique la curiosité de
Mordikaar. Hexeris lui confie alors qu’il a conduit des recherches au sujet de certaines
similitudes entre l’énergie résiduelle apparue à la mort du dragon sur le site du Château des
Clefs et celles que Mordikaar manipule pour créer ses esprits du Vide. Hexeris pense que la
corruption draconique et la connexion bien spécifique que Mordikaar partage avec le Vide
obéissent à des principes similaires. Hexeris aimerait installer un laboratoire sur le site du
Château des Clefs afin de voir si la présence de la corruption n’attirerait pas davantage
d’esprits, ce qui permettrait à Mordikaar d’en asservir encore plus.
Mordikaar lui indique alors que Zaal lui a formellement interdit de s’approcher du Château
des Clefs, mais Hexeris balaie l’objection d’un revers de main : l’interdiction valait lorsqu’il
convenait de fermer les portails ouverts par Mordikaar vers le Vide, alors que maintenant il
convient de les garder ouvert au contraire pour combler les rangs skornes. Hexeris souhaite
aussi visiblement se débarasser de tout le fatras de la tradition skorne ( culte des ancêtres,
exaltés, pierres d’âmes, etc…).
Mordikaar le tempère un peu : lui cherche seulement à délivrer les skornes du Vide, en
permettant aux skornes de survivre au-delà de la mort sans le soutien des pierres d’âmes. Il
l’avertit également que les esprits skornes ayant connu le Vide en reviennent toujours
déments, ce qui rend leur contrôle très délicat.

Hexeris le rassure alors ( assez vilement) et entraînent Mordikaar avec lui. Les esclaves sont
prêts, ils peuvent commencer les travaux dès maintenant.
Un peu plus tard, le Testament de Menoth et Amon Ad Rhaza finissent par débarquer sur le
site en nombreuse compagnie pour savater nos deux amis. L’usage immodéré d’esclaves
idrians ménites dans la région n’étaient pas le meilleur moyen pour passer totalement
inaperçu ^^.

La puissante armée de Makeda fait route vers la forteresse de l’Abysse pour détrôner
l’usurpateur. Vinter, lui, est en audience dans la salle du trône. Petit détail : son épée, la
Tueuse de Roi, est disposée à l’horizontal sur un petit piédestal devant lui, le pommeau à
portée de main. Toutes personnes désirant lui adresser la parole, doit s’agenouiller, sa gorge à
quelques centimètres de la lame. Si elle encourt le déplaisir de son souverain, la sentence
tombe promptement.

C’est la tyran Khetor qui se trouve actuellement dans cette position inconfortable. Il l’informe
que l’armée de Makeda a été repérée.

Vinter : ‘Relève-toi, tyran Khetor. Les as-tu rassemblés, comme je te l’ai demandé ?’.

Khetor : ‘ Oui, Suprême Archdominar. Ils attendent votre appel’.

V : ‘Excellent. Combien de temps avant que l’Armée des Marches Occidentales n’arrivent ?’

K : ‘ Quelques heures dans le meilleur des cas, s’ils avancent à marche forcée et s’ils ne
prennent pas le temps de se préparer convenablement pour le siège. Probablement demain ou
après-demain.’

V : ‘Fort bien.’ Vinter se tut pendant quelques instants. Khetor attendit parfaitement immobile
et extrêmement attentif. ‘ Nous voici à l’instant crucial entre ce qui fut et ce qui sera. Ce sera
un épisode difficile pour vous, seigneur tyran, ainsi que pour ceux qui me sont restés loyaux.
Y êtes-vous préparé ?’

Khetor n’hésita pas. ‘ Je crois, Grand Seigneur.

V : ‘ Je n’ai jamais embrassé ou approuvé le fanatisme. Je trouve cela détestable. Pourtant, à


de nombreuses reprises, ce furent les fanatiques qui me servirent le mieux. Je sais, seigneur
tyran, que vous avez ignoré les ordres du dominar Xyvell vous enjoignant d’abjurer votre foi.
Mes sources m’indiquent que vous agissez comme un prêcheur pour cette philosophie. Vous
avez insistez auprès de tous ceux qui voulaient bien vous entendre sur le fait que je suis le
Réincarné’.

Le seigneur tyran baissa la tête comme s’il venait de recevoir une réprimande. ‘ J’ai
effectivement désobéi à cet ordre, grand seigneur. Je me soumettrai à tout châtiment que vous
jugerez adéquat’.

V : ‘ C’était une épreuve, seigneur tyran. Je voulais voir avec quelle facilité vous pouviez
abjurer ces croyances. Le fait que vous y ayez tenu est énigmatique mais assez gratifiant pour
moi. C’est pour cette raison que j’ai confié ces problèmes cruciaux à vos bons soins. Les jours
qui vont suivre seront une véritable épreuve pour ceux qui partagent votre foi. Ils ne
comprendront pas mes choix. Aucun de vos suivants ne peut être informé de mes plans, par
nécessité.’
K : ‘ Il ne nous appartient pas de comprendre vos desseins, Haut seigneur. Nous allons
supporter et persévérer. Nous attendrons votre appel, et nous nous tiendrons vigilants quel que
soit le temps qui s’écoulera. Je m’en assurerai.’

V : ‘ Nous verrons’, répliqua Vinter. On ne gagne pas facilement ma confiance. Seul le temps
décidera si vous avez été un sujet moins fragile que tant d’autres de ceux qui furent avant
vous’. Maintenant faites-les entrer. Restez pour regarder.’

Khetor va alors ouvrir les portes monumentales. Une douzaine de skorne en grandes tenues
font leur entrée : ce sont tous d’illustres personnages, officiers dans l’armée, tyran, seigneur
tyrans… Ils sont tous d’un âge avancé, et la plupart d’entre eux ont joué un rôle clé au cours
de la Seconde Unification.

V : ‘ Je suis honoré de vous accueillir en ces lieux, officiers, tyrans, seigneurs tyrans et
dominars. Je vous remercie d’avoir répondu à mon appel à cette heure cruciale.

‘ Vous savez tous que l’Armée des Marches Occidentales revient vers nous. Nous ne lui en
avons pas donné l’ordre, aussi cela ne sera-t-il pas une réunion cordiale. C’est la traitrise qui
la motive. L’archdomina Makeda de la maison Balaash, qui m’a naguère servi fidèlement,
conduit désormais son armée contre moi. Je la connais très bien, aussi ai-je la certitude qu’elle
croit sa cause juste. Cela ne fait que rendre sa trahison plus amère. Nous ne pouvons pas
récompenser la trahison par la pitié ou la compassion. La loyauté n’est pas une balance où le
lourd poids d’une fidélité postérieure contre-balance la défiance. La loyauté doit être absolue,
sans quoi elle n’est que feinte’.

Je sais que nombre d’entre vous ont aux côtés de l’archdomina Makeda, pour certains encore
tout récemment. Cela doit être une situation bien délicate pour ceux d’entre vous qui sont
revenus ici afin de goûter un repos bien mérité suite à vos actions sur le front occidental. C’est
le sens du devoir qui vous guide et j’entends qu’il vous guide encore maintenant. On vous a
investi d’une tâche que vous jugez haïssable, mais le sens du devoir et l’honneur vous servent
de bouclier.’

‘ Dominar Xyvell, approchez-vous’. Il s’agit d’un vieux skorne, vétéran de centaines de


batailles. Il s’approche et s’incline devant Vinter.
‘ Vous m’avez bien servi, dominar Xyvell en supervisant l’armée de cette forteresse. Laissez
languir vos talents martiaux ici, si loin du front, voilà qui doit vous sembler bien indigne.
J’apprécie la dévotion dont vous faites preuve pour nos défenses. Qui aurait cru que nous
aurions des raisons de l’éprouver sous peu ?’

Le dominar s’inclina encore plus bas. ‘ La perspective de la bataille m’agrée, suprême


dominar, mais je n’en serai que mieux si aucun ennemi ne s’était dressé pour éprouver cette
forteresse. »

‘Je suis resté perplexe lorsque, à cause de votre empressement, vous avez omis de porter à
notre attention un problème concernant nos défenses. Lorsque j’ai appris que Makeda se
dirigeait ici, vous n’avez pas jugé opportun de nous entretenir des changements dans la garde
que vous avez introduit à la demande de l’archdomina. Une question me vient naturellement :
si elle avait l’intention de s’en prendre à moi, pourquoi m’aurait-elle envoyé ses meilleurs
officiers d’abord ? Voilà qui est bien étrange. Enfin, Makeda est un soldat. La duplicité n’est
pas une chose naturelle pour elle. Elle ne s’attendait pas à ce que je remarque ces
changements. C’est compréhensible puisque je suis occupé par des problèmes plus graves.
Mais elle ne pouvait pas s’attendre à ces changements vous échappent, dominar.’

Mais assez parlé de ces traitrises. Comme Makeda, vous êtes un seigneur et un soldat. Cela a
dû vous en coûter de vous abaisser à mentir, quand bien même vous le jugiez nécessaire. Je
suis sûr que vous préféreriez affronter votre adversaire dans un combat loyal, conformément
au code du hoksune. Alors, dominar Xyvell, niez-vous avoir conspiré avec l’archdomina
Makeda ?’.

Un lourd silence tombe sur la salle. ‘ Je ne le nie pas’, répond Xyvell. Vinter se relève
brusquement, les autres skornes font un pas en arrière.
‘ Eu égard à votre caste et à votre rang, je vais vous accorder une mort de guerrier. Venez à
moi, Xyvell. Tuez les ennemis qui se dressent devant vous, comme Vuxoris ( NDT : le plus
prestigieux des ancêtres skornes) vous le demanderait.’

Vinter faisant montre d’une rapidité surnaturelle, se rue sur Xyvell et lui arrache son
deuxième sabre avant même qu’il le skorne ne l’ait dégainé. Après trois passe d’arme, il le
dépossède de son sabre et lui plonge dans le cœur, le tout en l’espace de quelques seconde.
Les autres skornes sont perplexes, mais trois d’entre eux reprennent leur esprit et se ruent sur
lui. La scène se répète, Vinter les tue les uns après les autres avec leur propres armes.

Un silence de mort règne dans le grand hall, silence seulement troublé par le pas tranquille de
Vinter retournant vers son trône pour prendre son épée à deux mains. Ils massacrent ensuite
aisément les autres skornes, n’épargnant que cinq officiers de rang inférieur et Khetor.

‘ Seigneur tyran Khetor, vous êtes le dominar Khetor désormais. Vous êtes tous promus.
Maintenant, préparez-vous à offrir à Makeda un accueil adéquat’.

L’armée arrive aux portes de la forteresse. Makeda songe alors à la raser, ce à quoi Morghoul
s’oppose. Un esclave les interrompt : Vinter souhaite parlementer. Makeda s’y rend encore
une fois contre l’avis de Morghoul, qui craint une tentative d’assassinat.

La conversation ne donne rien de très fructueux : Vinter feint de s’étonner qu’en vertu de sa
longue amitié avec Makeda, elle ne lui propose pas de négocier avant de le déposer. Makeda
lui jette alors ses mensonges au visages ( Vinter ayant beaucoup joué sur l’idée qu’il était le
Réincarné, un ancêtre skorne au retour mythique), mensonges qui ont bien failli mener les
skornes à la ruine. Suite à cette prise de conscience ( en réalité fortement instigué par
Morghoul) , elle dit avoir compris son rôle en tant que protectrice de son peuple.

Vinter : ‘ Quel dommage que tu te sois lancé avant dans tout ceci. J’aurais pu t’expliquer bien
des choses. Tu renonces si rapidement à l’œuvre que nous avons forgé tous les deux. Tu as
perdu la foi et je sais à quel point c’est douloureux. En vérité, je suis fier de toi, car je sais à
quel point la foi est un poison. De grandes conquête nous attendaient. Mais la patience t’a fait
défaut.’ ( Il attend une réponse qui ne vient pas. Les traits de Makeda se durcissent).

Peu importe. Tu n’auras fait qu’hâter mes plans. Tu n’étais qu’une arme dans mon arsenal.
Empare-toi de cette forteresse si tu y parviens. Je ne me dresserai pas en personne contre toi.
La prochaine fois que nous nous rencontrerons, peut-être aurons-nous une êtite explication
tout les deux’.

L’assaut est lancé peu après. L’affaire est rondement mené, et malgré la détermination
fanatique des derniers skornes loyaux à Vinter, la place-forte tombe promptement. Makeda se
fraye un chemin vers la salle du trône, mais elle n’y trouve que les cadavres des skornes que
Vinter a tué de ses mains. Makeda déplore leur perte, Morghoul lui rétorque que c’était un
risque à courir. Vinter demeure introuvable.

Elle se proclame Suprême Archomina de l’Empire Skorne sous les vivas de ses troupes, puis
elle appelle discrètement Morghoul a ses côtés.

Makeda : ‘ La prochaine tâche et la plus importante reste encore à accomplir. Nous devons
prendre la contrôle de la capitale avant que la nouvelle de ces événements n’y parvienne. Les
maisons de Halaak sembreront bien trop facilement dans le chaos et la dissension si nous le
leur permettons. Il va peut-être s’écouler un long moment avant que nous ne retournions à
l’ouest pour poursuivre notre avance’.

Morghoul l’écouta attentivement mais il secoua la tête, en désaccord. ‘ Non, consolidez votre
pouvoir et placez ici quelqu’un que vous jugez incorruptible. L’armée doit retourner dans
l’ouest. Envoyez-moi à Halaak. Seul. Je délivrerai la capitale, bien plus rapidement et
sûrement que si vous en envoyiez une armée pour occuper ces rues. Je vais prendre la contrôle
de ma caste, et les diriger contre tous ceux qui s’opposeront à vous. La capitale vous
appartiendra de fait’.

Makeda accepte : ‘ C’est d’accord. Va à l’est. Apprends-leur qu’ils ont un nouveau maître.
Prends garde : certains s’inclineront, mais les intrigues débuteront. Les traitres conspireront
en secret pour s’emparer du trône’.

‘ Laissez-moi donc ceux qui murmurent dans les ombres’. Le sourire de Morghoul était
sincère.

On retrouve le maître assassin à Halaak où il loue un fort contingent de coursier pour inviter
la totalité des maîtres de son ordre. Le rendez-vous à lieu dans un entrepôt à moitié vide, sis
dans la quartier commercial de la ville. La plupart des ‘invités’ sont présents.
Morghoul leur annonce la nouvelle donne politique, il ajoute que Makeda lui a accordé le
droit de créer sa propre maison ainsi que la domination absolue sur tous les membres de sa
caste. La chose ne fait pas que des heureux, le doyen de l’ordre, Kexaar, s’y oppose de
manière poli. Morghoul indique alors que sa loyauté n’a jamais été à un skorne en particulier,
mais que le moteur de ses actions est en réalité l’intérêt des skornes en tant que race. Il
explique la chute de Vinter par son ambition : il aurait agi dans son intérêt personnel, au
mépris de son peuple. Kexaar réplique : mettre tous les doloristes au service de la maison
Balaash reviendrait finalement au même. De plus, ce faisant, ils renieraient tous les préceptes
de Morkaash, qui avait bien précisé que les doloristes se devraient de n’appartenir à aucune
maison. Morghoul riposte que cette séparation était nécessaire en raison de la désunion des
maisons skornes, ces dernières s’étant unifiées, elle n’a plus lieu d’être. En prime, les
doloristes seraient devenus semblables aux mercenaires des royaumes d’acier : des gens
arrogants qui ne proposent leur service qu’au plus offrant, sans aucun égard pour le bien
commun.
Morghoul explicite alors plus sa pensée en précisant que les doloristes seront au service de
l’empire skorne en premier lieu, et non pas de son dirigeant temporel. Ils seront les juges
suprêmes de l’empire, ceux qui le protégeront de la corruption et de l’ubris.

Les autres doloristes attendent alors le jugement de Kexaar avant de se relier. Le vieux renard
fait remarquer qu’il y a de la sagesse dans les propos de Morghoul, mais qu’il ne faut pas qu’il
espère aller bien loin sans le soutien de Jyvaash Komorn, le maître des Egorgeurs.
Dédaigneux, Morghoul remarque alors qu’il ne pensait pas que cette caste, la branche
combattante des doloristes, jouissait d’une telle estime. C’est moins de l’estime qu’une réalité
politique : les effectifs des egorgeurs n’ont fait que croître au fil des ans, les dirigeants des
maisons les utilisant préférentiellement à toute autre méthode pour régler leur problème.

Komorn surgit alors de l’ombre où il se tapissait pour mettre un terme à la discussion.


Morghoul remarque qu’en plus du poignard rituel propre à ceux de son ordre, Komorn détient
l’Eventail des Ombres, un artefact très puissant. Il déclare que Morghoul etst un objet de
disgrâce pour les membres de sa classe, et que ses ambitions vont connaître un terme, la cité
lui appartenant. Puis il se jette sur Morghoul.

La rixe est courte, mais délicate pour ce dernier, Komorn recourant aux pouvoirs de l’éventail
à l’envi pour se téléporter dans le dos de son adversaire et l’aveugler. Morghoul exploite la
sentiment de supériorité que lui confère son joujou pour finalement lui asséner un coup fatal
avec Miséricorde ( une dague magique que lui a offerte Makeda). Il se débarrasse
promptement des quelques élèves de Komorn venu l’assister. Devant sa maîtrise martiale, les
autres doloristes s’inclinent profondément devant lui.

Kexaar est le premier à rompre le silence : « Seigneur Morghoul, quels sont vos ordres ?’.

Storyline de la Légion :
« Les hommes meurent. Les empires s’effondrent. Seule la puissance des dragons est
éternelle ».
Everblight à Thagrosh.

Everblight après avoir consommé l’athanc du dragon Pyromalfic au Château des Clés, prend
la tangente avec le reste de son armée. La victoire leur a coûté cher, une bonne partie des
rejetons draconiques ayant péri au cours de l’affrontement. Plus grave encore, les warlocks de
la Légion sont comme livrés à eux-mêmes, la conscience d’Everblight, d’habitude
perpétuellement perceptible, est tout entière consacrée à l’assimilation de l’athanc de
Pyromalfic. Thagrosh n’a lancé que deux instructions : ‘ Vers Ios’ et ‘ Préservez le plus de
Nyss possible’. L’ogrun est fortement éprouvé par la lutte mentale auquel se livre les deux
dragons, et il expérimente des mutations aussi soudaines que douloureuses. Vayl et Saeryn
s’emploie d’ailleurs a évacuer le trop plein de mutation draconique de sa carcasse autant que
possible.

Lylyth et Rhyas s’emploie à ralentir les armées du Cercle qui ont pris rapidement Thagrosh en
chasse. Au bout d’un moment, la troupe décide de se scinder en deux : Vayl, Saeryn, et
Thagrosh vont emprunter, seuls, un réseau souterrain pour se rapprocher d’Absylonia qui les
attend au nord avec des renforts. Pendant ce temps, Lylyth et Rhyas resteront en arrière avec
l’armée. La perspective d’être séparée de sa jumelle n’enchante pas Rhyas, qui proteste, mais
elle se fait rappeler à l’ordre par Saeryn.

Le trio monstrueux s’enfonce dans les ténèbres.

Lylyth et Rhyas s’emploie donc à ralentir le Cercle, avec un certain succès, Lylyth tuant
Baldur ( à ce qu’il semble en tout cas).

Le voyage dans le noir dure des jours et des jours. Les tunnels se sont considérablement
dégradé depuis la dernière fois qu’Everblight les a empruntés. Les warlocks sont soucieux :
Thagrosh paraît bien affaibli par les mutations qu’il subit, Everblight s’est muré dans le
silence, et ils n’ont eu le temps que d’emporter un teraphin avec eux.

Finalement le sol remonte légèrement. Saeryn informe Vayl qu’Everblight semble vouloir
retarder au maximum la mutation finale de son hôte, jusqu’à ce qu’il émerge à l’air libre. Ils
débouchent finalement dans une mine rhulique. Suite à une altercation avec le ‘service de
sécurité’ de la mine, rixe au cours de laquelle Thagrosh goûte à la foreuse d’un Foreur
Ghordson, ils sortent à l’air libre. Thagrosh, avant de muter pour la dernière fois, arrache un
petit bout de son nouvel athanc et le jette dans une flaque de son propre sang. Typhon en
émerge. De là vient son statut de rejeton draconique unique : Typhon a été formé juste avant
que les athanc d’Everblight et de Pyromalfic ne fusionnent définitivement, ce qui fait qu’il
dispose d’une conscience propre.

Le trio avise alors une petite communauté minière rhulique à quelques lieues, Thagrosh (
devenu Messie d’Everblight) se lance à l’assaut. L’isolement de la localité et l’inertie de la
Diète rhulique en fera une nouvelle base d’opération idéale.

Tous les warlocks finissent par se retrouver à cet endroit ( non sans qu’Absylonia ne soit venu
prêter main-forte à Rhyas et Lylyth, coursé par les gêneurs du Cercle). Scène de liesse,
interrompu par une sensation bizarre : une décharge qui semble provenir de leur athanc.
Thagrosh prend un air sinistre. Saeryn lui demande alors de quoi il retourne :

‘ Ce sont les appels de Blighterghast. Nous n’en avons senti qu’un écho, car il cherche à m’en
exclure. Il appelle les autres’. Le ton mental de Thagrosh se fit à la fois confus et fier. ‘ Je
crois qu’il ne les appelle pas à cause de Toruk, mais à cause de moi’.

Storyline Séide :
“ La culpabilité me hante pour n’avoir pas été là lorsque mon peuple était dans le besoin. Je
la noierai dans le sang de mes ennemis. » Lanyssa Ryssyl.

Note : Lanyssa n’apparaît pas dans l’intrigue ( pour le moment ?). C’est une aventurière
nyss, qui une fois de retour de chez elle après avoir exploré les Royaumes d’Acier, a
découvert que son peuple était à deux doigts de l’extinction suite aux exactions d’Everblight.
Elle s’est alors lancé à l’assaut des légions draconiques en compagnie de ses amis humains,
mais sans grand succès ( si ce n’est le décés des amis en question ^^). Depuis, elle brûle de se
venger par tous les moyens, comme Cylena Raefyll, en somme.

Le général des Eclaireurs cygnaréens Bolden Rebald rencontre le professeur Pendrake. Il lui
apprend qu’une garnison de la 4ème armée cygnaréenne établie à Pontdepierre risque d’avoir
besoin de ses connaissances en matière de culture trollkin. Elle voudrait mater la révolte des
trollkins de la Vallée Crael. Pendrake est surpris que la couronne ait opté pour la violence
dans ce cas de figure : les estimations de la population trollkins sont caducs, les communautés
du Cygnar sont bien plus nombreuses que ce que de vieux rapports obsolètes laissent
entendre. Une agression franche risquerait de mettre le feu aux poudres, la situation
dégénérerait rapidement. Rebald l’informe alors que la 4ème armée, qui n’a jamais été tenu
pour un parangon de vertu, bien au contraire, est corrompue. A tel point d’ailleurs, qu’on l’a
toujours stationné aux frontières de Ord, là où elle risquerait de faire le moins de dégât. Plutôt
fainéant en temps ordinaire, l’enthousiasme dont ont fait montre les cadres de la quatrième
armée lorsqu’on leur a proposé de sécuriser la Rivière du Dragon a attiré l’attention des
services de renseignements cygnaréens. Bolden demande à Pendrake de leur proposer ses
compétences pour tirer les choses au clair. Pendrake l’avertit alors qu’il ne prendra pas pas
parti, et qu’il est hors de question qu’il combatte ses trollkins.

Saxon Orrik traverse les Marches Sanglantes, soucieux. Il y a quelques semaines, il a pu


s’entretenir avec Vinter Raelthorne IV, qui lui a fait part de ses soupçons : quelqu’un cherche
visiblement à l’évincer, tous les officiers skornes loyaux à sa personne étant
systématiquement envoyé sur le front. Orrik est toujours à son service, mais il envisage de
proposer ses services comme guide en attendant que les choses se tassent.

C’est en ruminant ses pensées qu’il pénètre dans Roc Ternon. Il se rend au siège du chapitre
des Têtes d’Acier locaux, pensant y trouver Magnus. Stannis Broker l’informe alors que le
boiteux est introuvable : la dernière fois que Stannis l’a vu, il l’a loué lui et quelques-uns de
ses hommes pour monter une opération bizarre afin de s’introduire dans Caspia, alors que la
ville était en proie au chaos le plus total, les défenses enfoncées par les forces du Protectorat.
Orrik lui conseille ‘pour son propre bien’, de ne pas trop courir après Magnus et lui conseille
de ne pas poser trop de question. Au cours de la conversation, plusieurs bourses changent de
poche pour pallier les amnésies partielles de Brocker. L’imposant capitaine mercenaire confie
à Orrik qu’il vient de décrocher un juteux contrat avec l’armée cygnaréenne pour botter
quelques derches trollkins.

Alten Ashley se jette un godet dans le camp de Grissel. Il décline l’offre de la hurlemort, qui
lui proposait une certaine somme pour l’aider à défendre son peuple, mais le chasseur décline
l’offre : trop de souci avec de probables futurs employeurs. Grissel est inquiète : plus de
nouvelles de Hoarluk et Madrak alors que l’armée cygnaréenne approche à grand pas. Au
cours de la conversation. D’ailleurs, Alten ( un peu vexé quand même) remarque que Grissel
s’est déjà offert les services d’un autre mercenaire, assez vieux pour être son grand-père. Elle
lui explique qu’il s’agit de Heron, un vieux rôdeur avec lequel elle a déjà travaillé par le
passé. Le Heron en question est en réalité Saxon Orrik sous pseudonyme.

Un peu plus tard, Orrik se glisse furtivement hors du camp trollkin et rencontre tout aussi
discrètement le major Liam Boylan, un cadre de la 4ème armée. On apprend alors que tout ce
pataquès fait partie d’un plan bien huilé : si la 4ème armée parvient à bouter les trollkins hors
des terres qu’ils ont injustement raflé, le prestige des loyalistes ira en conséquence. Les
duchés du nord du Cygnar, qui rencontrent aussi des problèmes ( quoique d’une autre nature)
seront alors plus enclins à faire recourir à eux. Le duc des Midlunds est d’ailleurs à la solde de
Vinter raelthorne depuis le début.

Orrik tente de dissuader Boylan de lancer son armée à l’assaut : les troupes trollkins sont bien
plus puissantes et nombreuses que ce que ces éclaireurs ont pu lui raconter. Boylan démontre
l’impossibilité de la chose eu égard au délai prévu avant l’attaque. Orrik lui suggère alors de
composer les premières vagues d’assaut avec les soldats et les officiers dont la loyauté à
l’égard de Vinter est la plus douteuse, histoire d’épurer les troupes avant une insurrection en
règle. L’idée séduit Boylan qui promet d’en toucher deux mots à ses supérieurs. Les deux
hommes se séparent.

Pendrake épie la camp trollkin sans se faire voir : il remarque Saxon Orrik et médite sur ce
que la présence de ce dernier implique, la corruption de la 4ème armée étant devenu manifeste
à ses yeux.

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