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VARIÉTÉS.

1.

Les Annales algiriennes, par E. Pélissier, capi­


taine d'état-major, chef de bureau des Arabes
il Alger, en 1833 et 1834. - T. Il. 1836. ­
2 me partie.

Nous ne sommes pas dans l'habitude de parIer


des différents ouvrages que l'on publie, même de
ceux qui traitent de matières religieuses; car l'im­
portant pour nous est de faire connaîLre les écrits de
Swedenborg et de développer les princJ1les de la
Nouvelle doctrine que ces écrits renferment; mais
l'un de nos frères nous ayant adressé un Extrait des
Annales algériennes, nous ne pouvons résister au
désir de l'insérer dans notre Revue, en le faisant
suivre cependant de quelques réflexions. Au sujet de
cette insertion, nous comptons d'autant plus sur
l'indulgence de nos lecteurs, que la plupart d'entre
eux connaissent l'opinion' avantageuse que Sweden­
372 LES ANNALES ALGÉRIENNES.
LES ANNAI.ES ALGÉRIENNES. 373
borg a souvent émise à l'égard de la race africaine, rielle des assooiés? Dans ce cas, chaque membre
et savent qu'au renouvellement d'une Église la lu­ agira très-logiquement, lorsqu'après avoir profité
mière nouvelle pénètre plus facilement cnez leSGen­ pendant un certain temps du travail commun, il
ill~ que chez les peùples de l'Église qui est ën dévas­ cherchera à s'élever seul au point où ceux qui ont
tation. Ils liront avec plaisir, nous en sommes per­ travaillé avec lui seront obligés de travailler pour
suadé5, les détails intéressants que cet Extrait nous lui. Sera-ce ce qu'on appelle liberté qui sera le but de
donne sur les Arabes, et aussi les passages très­ la société? Alors, comme le vrai moyen d'être par­
remarquables du Coran qui y sont littéralement ci­ faitement libre est de se rendre le maitre des autres,
tés. Quant aux idées de l'Auteur de cet Extrait, il y tout homme énergique et persévérant devrait tendre
en a beaucoup que certes nous ne désavouerions pas, à la tyrannie. Tout conduirait donc à détruire, ou du
mais aussi il en est d'autres que nous ne pourrions moins à fausser les associations, si les membres qui
admettre; nos lecteurs sauront facilement distinguer
celles qui sont conformes aux principes de notre .
les composent n'avaient d'autre idée commune que
le désir même d'arriver au but.
doctrine, d'avec celles qui ne peuvent s'accorder Il L'école matérialiste s'abuse étrangement lors­
avec elle; nous nous bornerons donc, dans nos ré­ qu'elle croit qu'il suffit de bien expliquer aux hom­
flexions, à signaler l'erreur capitale dans laquelle est mes que leurs efforts isolés ne produisent rien pour
tombé M. Pélissier au sujet du second Avénement du
Seigneur.
1
les engager à vivre entre eux dans des rapports
de fraternité et de morale, et par conséquent dans
de vrais l'appol'ts d'association. L'expérience nous
DE LA RELIGION.
prouve à chaque im;tant qu'une foule d'entre nous
finissent toujours par se persuader qu'il est infini­
le La religion est le lien commun qui unit tous les
ment plus avantageux de travailler pour leur propre
membres d'une société. Le but de la société, quel compte que de s'engager à partager les bénéfices
qu'il soit, ne peut être ce lien, cal' quelle qu'en soit avec les autres. Les fl'iponneries dans le commerce,
la nature, en quelque lieu qn'on le place, chaque les crimes dans les entl'eprises d'industrie, les roue­
1 membre de la société croira t.oujours pouvoir l'at­ ries politiques, les vols par la violence ou par la
teindre par un effort individuel, ce qui tend évidem­ l'use, ne sont autre chose que des chemins plus di- '
ment il détruire l'association. rects que prennent certains hommes pour arriver in­
)) Le but de la société sera-t-il la prospérité malé­ dividuellement au but de la société telle que l'entend
32.

1 j
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l'école matérialiste. Si les, exemples n'en sont pas temps que la forme extérieure de leurs rapports avec
plus fréquents, si la société n'est pas détruite par Dieu était presque aussi importante que le fond, ct
cela même que tout le monde veut arriver au but, ont voulu expliquer par la langue défaillante de la
c'est qu'il y a en circulation, parmi les hommes, des raison ce qui n'est que du domaine de la conviction
idées générales et généreuses qui sont indépendantes intuitive, il en est résulté de fâcheuses discussions,
de ce but. Ces idées constituent la religion. Il y a même entre ceux qui reconnaissent l'unité de Dieu.
plus d'une espèce de religion: la religion de l'ami­ Ils se sont groupés par sectes, et ces sectes ont été
tié, la religion de la famille, la religion de l'honneur, trop souvent des nations ennemies. Mais prises in­
la religion de la patrie, la religion de la liberté, la dividuellement clles formaient des sociétés complè­
religion de Dieu. tes, parce que les membres qui les composaient
" La religion de l'honneur est vaine et superbe. avaient un lien commun, c'est-à-dire, une croyance
Elle a pour base l'orgueil. Elle peut conduire au religieuse.
cl'Ïme comme à la vertu; mais tout est grand chez Il Plus tard, la raison justement fatiguée de ces

elle. Les autres religions ont pour base la charité, discussions oiseuses, dont les résultats étaient quel­
c'est-à-dire, la fusion de plusieurs âmes en une quefois sanglants, se mit en. révolte contre l'abus des
seule. La religion de Dieu les domine et les com­ croyances religieuses. Mais l'orgueilleuse philosophie
prend toutes. C'est l'idée la plus générale et la plus 'ne se contenta pas d'attaquer les abus, elle s'en prit
féconde. Le lien le plus puissant est celui qui conduit au fond même des croyances. Il en résulta une réac­
à l'application la plus étendue de la charité, c'est le -tion an ti-religieuse qui ne tendait à rien moins qu'à
lieu des vertus, comme l'espace est le lieu des corps. briser le lien social. Toutes les religions furent suc­
Il La religion de Dieu, ou simplement la religion, cessivement battues en brèche; car, en cherchant à
est susceptible d'une foule de modifications qui don­ 'saper celle de Dieu, on ébranla les fondements de
nent plus ou moins d'étendue à l'idée qui lui sert de toutes, même celle de l'honneur, qui en parait la
base, c'est-à-dil'e, à la charité, étendent ou resser­ Iplus indépendante. En France, où ces attaques eurent
rent le lien social. le plus de force, elles eul'en t aussi le pIns de succès;
)1 La croyance en plusieurs dieux tend à séparer l'impiété, pour tromper les hommes, ayant pris le
les hommes en sociétés nombreuses; la croyance en masque séduisant de la liberté, en fit table rase. TQ!!t
un seul Dieu tend à les réunir dans la même société. fut sapé, foqJé ~x pieds, et quand les hommes furent
J) Néanmoins, comme les hommes ont cru long- en face de ce chaos, quand ils virent à nu ce que les
376 LES ANNALES' ALGÉR.IENNES.
LES ANNALES ALGÉRIENNES. 377
philosophes appellent la réalité, ils cn eurent peur, tuer; et àja voix de quelques pêcheurs ignorants, le

et voulurent se rejeter dans cc que les philosophes monde a changé de face; et partont et en tout temps,

appellent des illusions. ce sont les hommes à croyances vives, à passions

Il Mais elles ne peuvent point être des ilIusio-ns ces


énergiques quj conduisent leurs semblables dans les

croyances sacrées qui p'ortent dans leur sein la fé­ voies nouvelles (1); et c'est le peuple, qui ne calcule

condité et la vie. La vérité, c'est l'existence, c'est ce point, mais qui croiCet agit, qui renverse et punit

qui produit, ce qui se meut, ce q.ui crée, c'est la re­ les niimarques. ­
ligion. Le matérialisme est une négation; il ne vit, Il Tout ce qui s'est fait de grand dans le monde a

ni ne se meut, ni ne crée, c'est la mort. Or, pouvez­ ég_basé sur une idée morale. Les masses ont soif de

vous expliquer la mort autrément que par des attri· croyances. Lorsque le philosophe a eu le malhenr de

buts négatifs? La vérité, c'est la religion; l'illusion, . réussir à détruire les siennes, il prend à dégoût,
c'est le matérialisme, illusion noire et désespérante. 'comme le vulgaire, ce néant dans lequel il s'est
Non, non, la vérité ne peut être où sont l'impuis­ plongé, et travaille le plus souvent à les recréer une \
sance et la mort. Il faut des croyances pour créel' 1 à une. C'est ce que nons faisons chaque jQur en
les sociétés, il en faut pour les conserver. Il n'est France. Il
pas une seule institution humaine un peu durable qui
n'ait eu pour base un principe religieux. Il n'est pas Ici l'Auteur trace un tableau de l!Jéaction religieuse de­
puis la Convention jusqu'à la Révolution de juillet, puis Il
une action grande et magnanime, une entreprise fé­ ajoute:
conde en grands et immortels résultats, qui n'ait été
inspirée par ces sentiments généreux que les hommes (1) La puissance gouvernementale est en France entre les mains do
de chiffres appellent romanesques parce qu'ils ap-' ceux qu'on appelait autrefois les esprits forts, et qu'on appelle aujour­
d'hui les hommes positifs, les hommes de chiffres. Il en est dans le
partiennent à un ordre d'idées qui ne peuvent être f monde quelques-uns qui ont encore conservé assez de feu sacré pour
comprises par eux. arriver presq\'e malgré eux à de~ conclusions qui ont quelque chose do
Il Rien ne prouve mieux la vanité du matérialisme moral et de providenliel, mais ,ils onl alors comme honle de parailre
sorlir lanl sail peu du seulier rocaill~ux de la malière, où ils se hâi~nt
que l'impuissance des hommes de chiffres. C'est en
do renlrer. La commission d'Afrique, dans son rapporl, enlralnée par
vain que leur raison se livre, à des calc~ls prodi­ la grandeur du sujet, est quelquefois sur le point de se laisser aller à
gieux, qu'elle combine toutes les chances; c'est en , des idées de cette nature; mais elle se met presque aussitôt aux genoux
vain que leur esprit se charge de la connaissance de du public pour le supplier de ne pas la croire capable d'avoir de lelles
pensées. Celte honte du bien, celle fa luilé de réalité sont des travers
tous les faits; ils rre peuvent rien créer, rien insti- ridicules et funestes. (Note de l'Alltem·.) -.
----- 32~
378 LES ANNALES ALGÉRIENNES. LES ANNALES AL&ÉI\IBNN!5. \37.9
Cl Alors des idées confuses encore, mais vastes, ment des deux races qui les représentent? Je ne 10
mais immenses, s'élevèrent du fond de toutes les crois point. La tendance à la fusion religieuse, qUi
poitrines puissantes, non-seulement en France, mais est si marquée parmi nous qu'il esf impossible de la
partout. Le monde fut dans cette position de tres- méconnaître, [allante du prophète, ne sont 110Ï'qt
1 saillement et d'attente qui pré.Qè~e ~oujours l'arrivée étrangères' aux Arabes; et, chose remarquable, (l'est
d'un prophète~ - Jésus~Christ qu'ils attendent : Aïssa (Jésus-Christ), )
1) Un prophète est celui qui est ~estiné par la Pro- dit une tradition, doit renaître dans un marabt>ut de
!!dence à formuler les besoins \Oagues, les idées con- Syrie. Pendant quarante ans il parcourra lé mon~e '
f\lses qui agitent les hommes à certaines époques, à et y fera régner l'abondance et la concorde. Voilà
les forrriuler'd'une manière tellement lucide que cha- déjà un~ idée commune entre des lUusulmans et les
cun puisse dire: Oui, voilà ce que je veux, et ce Njochrétiens. Quant aux anciens, Chrétiens et aux
que ie crois. Le prophète est un; l'es formes seules Musulmans non-progressifs" voyons si leur fui les
varient. Il est aussi ancien que la création, puisqu'il rend forcément ennemis.
n'est autre chose que l'action (le Dieu sur l'homme Il L'Évangile, presque partout, prêché la tolé-

moral. Le prophète reviendra. Celui qui doit lui rance; et d'ailleurs, la foi au vieux Christianisme est
faire des sentiers droits, son précurseur, a déjà pa- maintenant trop affaiblie pour croire qu'aux yeux
·ru, et il vit parmi nous. des anciens Chrétiens une différence de religion
» Parmi les idées nouvelles que le prophète doit doive faire naître des sentiments de haine et de ré-
formuler, il en est une qui se présente déjà sous un pulsion. Quant aux Musulmans., il ·lleser~itpoint
1aspect saisissable et déterminé. C'est celle qui tend difficile de leur .prouver que leur code l'el~gieu~est
, à rapprocher toutes les sectes et à les co'nfondre en bien moins ~xclusif que beaucoup d'en.tre eux le(sup-
. une seule. Quant à savoir quelle sera cette nouvelle f posent : d'abord, le Coran reconnaît Jésus-Christ 1
: secte, c'est le prophète qui le 'dira. l\lais elle aura pour le p\us grand prophète, et ~. regarde comme 1
, pour résullat d'unir tous les hommes dans le sein de ) , Musulman. Il le considère comme doué du don d'Cs
--: Dieu par un lien commun de charité. miracles, qu'il dit que' Mahomet n'a pas. Il entoure,
1 »·Le Chr,istianisme et le 'l\fahométisme sont les comme l'Évangile, sa naissance de circonstances
( deux plus puissantes des sectes rivales qui so parta- surnaturelles. Ensuite, la fraternité des disoiples du
\ 1 g~nt le mondeo ,Ces de~x.~ec.te~ ~e trouven.t en con- Christ ,Elt .ge ceUK de i\lahomet est aut~rjsée par l~s

tact à Al~er. Sont-~nes lUI ODstacle au rapproche- passages ci-après :


,
.1
380 LES ANNALES ALGtRJENNES. LES ANNALES ALGÉRIENNES. 381
Il Les Musulmans, les Juifs, les Païens et les Chré­ n'ont pas été aussi tolérants que là' loi. Au l'este, ces
( tiens qui croiront en Dieu et au jour dernier, et qui commentateurs sont peu connus du vulgaire qui ne
auront pratiqué la vertu, seront exempts de la crainte lil que le Coran, que malheureusement, il est vrai7"il
et des tourments.-Surate V. vers. 74. 1 ne comprend pas toujours. Néanmoins, quand on ap-
Il Certainement les Musulmans, les Juifs, les Chré­ pelle l'attention d'un Arabe sur un de ces passages
tiens et les Païens qui croiront en Dieu et à la vie remarquables, et qu'on lui dit qu'il recommande évi­
future, et qui feront le bien, en recevront la récom­ ( demmentla fl'aternité entre toutes les sectes, il réflé­
pense de ses mains; ils seront exempts de la crainte chit un instant et finit par dire: Vous avez r~ison.
et des supplices.- Surate H. vers. 59. Il M'. Allegro, étant chez les Hadjoutes, a eu de

II Nous avons prescrit à chaque peuple ses rites ,nombreuses contro,verses à ce sujet et en a rangé
sacrés. Qu'ils les observent et qu'ils ne disputent plus d'un à son avis.
point sur la religion.- Surate XXII. vers. 66. Il Il.gerait infiniment utile de publier un petit ou­

II Ne faites point de violence aux hommes à cause

de leur foi.- Surate II. vers. 256.


vrage· qui mettrait toutes ces vérités en lumièl'e p.our
le public musulman, et qui tendrait à établir que les
1
Il Ne disputez avec les Juifs et les Chrétiens qu'en èhiétiens et les disciples du Coran sont des frères
termes honnêtes et modérés. - Surate XXIX. vers. ,qu'un fâcheux malentendu a sép,arés trop longtemps.
1·15. Cet ouvrage devrait être fait par un Chrétien; car ­
I~ Nous croyons à la doctrine de Jésus et des pro­ Is'il sortait de la plume d'un lUusulman, on Y.Q'!!!ait
phètes; nous ne mettons aucune différence entre le croire inspiré par les séductions de rautorité.
. eux.- Surate II. vers. 129 et 130. Mais il serait bon de le communiquer, aVant de le
II L'Évangile est le flambeau de la foi, et il met le puhlier, à quelque marabout éclairé que l'on e~~a­
, sceau aux anciennes Écritures. Ce Livre éclaire et gerait, par des moyens convenables, à l'appuyer en
t instruit ceux qui craignent le Seigneur. Les Chré­ temps opportun avec adresse et circonspection. Il
1 1 tiens seront jugés d'après l'Évangile, ceux qui les faudrait qu'il laissât entrevoir l'aurore de la foi nou­
, jugeront autrement seront prévaricateurs..­ Su­ velle qui doit réunir toutes les sectes dans une même
rate III. vers. 77. Croyance. Il s'étayerait pour cela de la tradition de
lIOn pourrait augmenter à l'infini les citations de la sêëOnde Venuède Jésus-èhrist, dorilnous avons
1 cette nature. Mais je sais fort bien que chez les l\[u­ parlé plus haut, et de plusieurs passages du Coran
sulmans, comme chez nous, bien des commentateurs ,qui prouvent que d'autres prophètes pëuvent suivre

,
382 LES ANNALES ALGÉRIENNES. LES ANNALES ALGÉRIENNES. 383
ceux qui sont déjà v~nus. Ces passages sont assez Français ils ne disent pas: 1/ est {dcheux qu'ils
nombreux. Il en est un qui parle de l'assemblée uni- soient Chrétiens, mais ils disent: Il est {dcheux k0,
verselle, c'est-à-dire, de la fusion de toutes les sec- qu'ils ne sm'ent pas même Chrétiens! Ils en sont
tes. On le trouve dans la Surate XVIU. Il est assez donc à désirer qu'il y ait chez nous un principe reli-
obscur, mais il peut, en se combinant avec d'autres, gieux. Ce principe, il faut le leur offrir. Et puisqu'ils
produire de l'effet. sont venus au point de désirer que ce fût au moins le
- 1 ) Ce livre serait une œuvre méritoire. Ce serait
Christianisme, ils seraient agréablement surpris de
un des sentiers droits qu'il faut préparer au p'ro- voir surgir parmi nous une croyance progressive et
phète. Celui qui en serait l'auteur aurait des droits à de fusion. Les relations continuelles qui ont lieu de-
la reconnaissance des hommes. Il suivrait le précepte puis quelqu'es années entre le monde chrétien et le
du Coran qui défend de rester assis sans gloire et monde musulman ont agrandi la sphère des idées des
sans vertu. Le gouvernement, qui a à sa disposition hommes. L'Europe, dans son orgueil scientifique,
tant d'orientalistes distingués, devrait donner l'im- ne croit plus qu'elle est la seule partie intelligente
pulsion à cette publication; mais pour qu'elle portât du globe; les peuples de l'Orient, dans leur orgueil
tous ses fruits, celui qui s'en chargerait devrait être barbare, ne se croient plus les seuls qui méritent que
un homme de croyance et d'avenir, bien pénétré de Dieu jette les regards sur eux. Il y a de part et d'au-
l'importance et de la sainteté de l'entreprise. tre un instinct et un besoin de rapprochement. Afin
Il Les Arabes, hommes à foi vive, sont persuadés qu'il n'y ait ni froissement, ni violence, le prophète
qu'il vaut encore mieux avoir une mauvaise religion naîtra d'un mariage mixte. Il sera Chrétien par son
que de ne pas en avoir du tout. L'indifférence que père et Musulman par sa mère. En attendant sa ve-
nous affectons sur cette matière les étonne; et s'ils y nue, faisons-lui des sentiers droits. Ne choquons
voient une garantie de tolérance, il faut dire qu'elle point les indigènes dans leurs croyances, mais n'affi-
est d'un autre côté une des causes qui diminuent leur 1 chons plus une indifférence qui a produit tout le peu
estime pour nous. l\'lais disons aussi, avec l'impartia-
lité que nous cherchons à mettre en tout, que cette
de bien qu'elle pouvait produire, et qui,' poussée
plus loin-, serait dangereuse. Il
indifférence si condamnable, et que nous sommes si On voit que l'Auteur de cet Extrait est aussi, lui,
loin de partager, a eu cependant pour résultat avan- dans l'attente d'un prophète; il est vrai qn'il ne dit
tageux de réconcilier en quelque sorte les Arabes pas positivement que le prophète sera Jésns-Christ
avec l'idée du Christianisme. Car en parlant des dans un second Avélle!llent, mais il va plus loin que
1
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ceux qui sont dans son .attente, en ·déola.rant que leI croyons fermemen t que le Seigneur Jésus-Christ, seul
Précurseur du Pr.ophète a déjà paru et qu'il vit par: \ Dieu du Ciel et de la terre, est venu, selon ses pro­
mi nous, ce qui est annoncer en d'autres termes que messes, visiter le monde une seconde fois, non· en'
la régénération actuelle verra le Prophète. chair, non sur les nuées du Ciel, m~is spirituelle­
Mais avant d'aller plus loin nous avons aussi ment, en mettant l'humanité en possession du com­
nous-mêmes à faire une déclaration: c'est que nos p'lément des vérités divines, avec lequel seul elle
doctrines sur le second Avénement du Seigneur n'ont peut parvenir aux hautes destinées qui lui ont été
rien de commun avec celles des Néochrétiens que réservées.
cite M. Pélissier, lorsqu'il dit: IC Les Arabes atten­ Par suite de ce second Avénement du Seigneur, le
Il dent Jésus-Chri~t qui doit renaître; ,'oilà une idée monde a déjà commencé à se transformer; et, de
Il commune entre des Musulmails et les Néoch7'é­ même qu'après le premier Avénement, il continuera
Il tiens. Il Cette déclaration, nous ne la faisons que ~ _se transformer avec des secousses plus ou moins
pour ceux qui ne connaîtraient pas nos doctrines, et vives, qui seront produites, non par l'introduction
qui pourraient confondre les Chrétiens de la Nouvelle du bien et du vrai, mais par la tenacité du mal et du 1
Église du Seigneur Jésus-Christ avec les Néochré­ faux à conserver leur position. Cette transformation
tiens; car du reste il suffit d'avoir ouvert un Traité ne s'opérera-donc pas comme par un coup de ba­
de Swedenborg pour savoir que par l'Avénement du guette, ainsi que semblent le croire beaucoup de
Seigneur dans les nuées du Ciel, il faut entendre une personnes,. mais elle sera pour ainsi dire inaperçue )
Nouvelle Dispensation de vérités divines par la RêVé. par les générations qui la subiront; c'est d'ailÏeurs .
lation du sens interne de la Parole, Révélation qui a ce que constate déjà l'histoire contemporaine, et la
été faite. génération actuelle en offre elle-même une preuve
Que les Néochrétiens soient encore dans l'attente vivante.
de l'Avénement de Jésus-Christ dans la chair, comme Il y a, selon nos doctrines, près d'un siècle que le
les Chrétiens de la Vieille Église l'attendent sur les second Avénement du Seigneur a eu lieu; or, n'est­

J nuées du Ciel, libre aux uns et aux autres; les


Juifs attendent bien encore le Messie, quoiqu'il se
soit déjà écoulé plus de dix-huit siècle~ depuis sa ve­
ce pas précisément depuis cette époque que toü1 a
été remis en question, que le vieux monde a 'été sapé
dans tous ses fondements, qu'un monde nouveau est
,1 nue; mais pour nous qui avons l'inappréciable bon­ en travail pOlir se produire au milieu de tant de dé­
heur de connaître les écrits de Swedenborg, nous combres? Déjà trois générations sont passées, e"t ce­
33.

Il

386 LES ANNALES ALGÉRIENNES. LES ANNALES ALGÉRIENNES. 387


pendant aucune de ces générations n'a eu une per­ prendre connaissance des vérités de la Nouvelle Dis­
ception claire du but où tend l'humanité; tOll~ ceux pensation, ils verraient que, pour renouveler le
qui ont travaillé n'ont été que de simples manœuvres, \ Monde, Dieu n'a pas besoin de se faire Homme une
les uns démolissant, les autres déblayant; d'autres, seconde fois; qu'il lui suffira de préparer les cœurS
mais en plus petit nombre, préparant ou posant par son influx et d'y faire ainsi pénétrer, sans aucune
quelques pierres plus ou moins grosses, pour les contrainte, les vérités qu'il a révélées par son second
fondatipns de l'édifice nouveau dont l'Architecte su­ ÀvénenlCnt,' qui devait être et qui fut tout spirituel;
prême connaît seul le plan. Nous, manœuvres ~de-Ja ils verraient que les vérités renfermées dans le sens
quatrième génération, nous voyons, il est vrai, les spirituel de sa Parole, et maintenant dévoilées, t~-I
travaux de nos devanciers; nous voyons que le vieil f~rII!eront successivement la s.Qci~_~é humaine cO~IEe 1
édifice ne reste debout dans quelques-unes de ses par­ les vérités du sens littéral de l'Evangile ont trans­
~ies que pour abriter les hommes, en attendant que formé le -monde païen. _. , .
l le nouveau puisse les re~evoir; nous voyons que tout
craque, que tout menace ruine; mais nous ~'aper- J)
« Un prophète, dit M. Pélissier, est celui qui est
destiné par la Providence à formuler les besoinS
cevons pas encore le nouvel édifice; il n'est pas en­ Il vagues, les idées confuses, qui agitent les hommes

core assez avancé dans sa construction pour que nous Il à certaines époques, à les formuler d'une manière

puissions en saisir l'ordonnance, et nous continue­ Il tellement lucide que chacun puisse dire : Oui,

rons à préparer et à poser des pierres; ainsi feron t II voilà ce que le veux et ce que le crois. Il Nous

,aussi nos neveux, jusqu'à ce qu'enfin l'Mifice soit répondrons à M. Pélissier que jamais_prophète-E.'a
assez avancé pour présenter à la vue émerveillée ses tr,Q.lly"é~hez ses contemporains cette disposition à
formes majestueuses. vouloir et à croire, ni à plus forte raison cette una­
L'erreur de M. Pélissier est partagée par un grand nimité, et que c'est pour cela que tous les prophètes
pombre de cœurs généreux. A l'aspect du chaos dans ~nt été méprisés, hués et lapidés par ceux qu'ils vou­
lequel nous sommes, on a de la peine à croire que laient éclairer et sauver; il en a toujours été ainsi,
nous puissions en sortir sans une intervention di­ et il en sera toujours de même tant que l'humanité
recte de la Divinité; et l'on ne réfléchit pas que Dieu ne sera pas définitivement rentrée dans l'ordre pri­
a créé l'homme libre, et qu'il contreviendrait aux mitif qu'elle a détruit par la chute. :Mais nous ajou­
)ois de son Ordre Divin s'il contraignait la liberté terons que dès l'instant où tous les esprits auront été
,humaine. Si ces hommes généreux consentaient à suffisamment préparés par le Seigneur, chacun com
ri

388 LES ANNALES ALGÉRIENNES.

prendra le sens interne des Livres Saints, et dira:


Oui, voilà ce que je veux et ce que je crois.
D'ailleurs, si 1\1. Pélissier eût porté ses regards
sur le revers de sa médaille, il connaît trop le cœur
}lUmain, tel qu'il est maintenant, pour qu'il n'eût pas
compris qu'un prophète n'aurait de nos jours aucune
chance de réussir. Quiconque veut réfléchir sur ce
point reconnaîtra facilement que si Dieu Lui-l\Iême
:venait de nouveau SUl' notre terre, il y serait mé­
connu comme à son premier Avénement; que les
Princes des prêtres, les Pharisiens, les Docteurs de
la loi et les Scribes de nos temps modernes refuse­
raient de le reconnaître; que s'il faisait des miracles,
ses miracles seraient traités par eux d'œuVl'eSâiabo­
liques; qu'ils l'appelleraient Lui-Même, 'è.omme la
premièl'e fois, Béelzébub; et qu'ils Le condamne­
raient de nouveau à la mort comme perturbate~r du
r~pos- public et corrupteur du peuple. En effet, sup­
poser que Dieu descende une seconde fois sur la
terre, c'est admettre implicitement qu'il y reviendra
pour détruire les abus qui s'y commeiïëÏl-i- en--son
nom, et dès fors peut-on pré~umel' que ceux gui vi­
-.. vent d_~~~L~.Q.us, et qui font tant d'efforts pour les
maintenir, changeraient subitement de conduite à la
voix d'un homme qui se dirait Dieu? Peut-on présu­
mer qu'ils rejetteraient ces abus pour embl'a5ser la
vraie doctrine évangélique? Toute l'histoire du passé
et celle même du présent prouvent indubitablement
le contraire.
J. F. E. LE BOYS DES GUAYS

1er VOL.

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NEW-YORK
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18t14
TABLE..

Pag.
Introduction. . .. . . . . ,. 1
COftSIDÉRATIONSCÉNÉRAItES•• S
I. Sur le besoin de religiçn. 5
Il. Sur l'.insuffisance du déisme. 5
III. Sur ('impossibilité d!l reveni.r. au véritable christianisme
sans. admettre la nouvelle révélation • • • . 8
IV. ~url~ sens interne de l'évangile. • . . . . 12,
V. Sur le révélateur du sens interne de l,a ~arole. 15
EXPOSITION • • . • • . . • • • • • , • • • 1.9
Prir,cipes généraux sur Dieu, sur l'univor4 et sur l'holllme.. 20
Sur les lois de l'ordre. . . • . . . . . 28
Sur la ,véritable acceplion du mot miracle.. S~
Sur le libre arbitre. . 53
SUl' la chute. . . . . 36
Sur le suleil spirituel . 40
Sur l'origine du mal... oU
Sur le~ extatiques.. . 46
Sur la révélation ou transmission de la Parole divine aux
hommes. . . . . . . 47
Réponse à l'Écho du "atican. 5i
Un IllOt au Semeur. . . . . 76
pe la polémique religieuse. . 77
Considérations générales ~ur le christianisme et sur sa marche
pour constituer l'unité. humanilaire . 80
Aphorismes de la nouvelle jérusalem . 98
Sur l'amour en général. . . . , . 102
Sur les amours de soi ,et du monde . 10·t
Sur l'amour envers le Seigneur.. . 108
Sur l'amour du pl'Ochain ou la charité. 109
Considérations sur le sens interne de la Parole. 117
J'ag.
Du pouvoir de lier el de délier que s'arroge le clel'gé catholique-
romain . 130
Sur l'avenir de l'humanité. . . . . . . . . . . . 137
Une nouvelle canonisation. . . . . . . . . . . . 15.1.
La nouvelle révélation ne pouvait pas être faite plus tôt. 161
Sur l'obscurité des prophéties. • . . . 161
Sur le second avénement. • . . . . . 116
SUI' l'établissement de la nouvelle église. 185
Robert Hindmarsh. . . . • . . . 195
Polémique locale. Uue inhumation. . . ~60
Considérations sur la foi, sur la charité & sur le culte. 209
Construction d'un temple de la Nouvelle Jérusalem à St-Amand. ~16
Fragment rétrospeclif. • • • . . . . . • 22!
Sur la Parole. . . . . • • . . • . . . 229
Coup d'œil sur l'étal de la nouvelle jérusalem. 241
Sur la polémique religieuse. , • • . . • • 249
De la cause du retour aux idées religieuses. . 258
Du culte de la nouvelle jérusalem à Saint-Amand.. 269
Notice sur le capitaine Bernard.. . . . . . . 2U
Oberlin était un disciple de la nouvelle j6rusalem. 298
Gobert & Bernard. . . . . . • • . . . . . 512
Notice sur le général de Bissy. • . . . . . . 3!2
Un mot au Nouveau-llfonde, journal phalanstérien. 326
Extrait du Nouveau-Monde. . . . . . . . . . 529
Les Archives du Christianisme (journal de la réforme) .. 351
Swedenborg apprécié en Angleterre par des hommes de lettres.• 555
Pourquoi Swedenborg a publié ses visions et ses mémorables. 5.1.6
Bibliographie. Un troisième biographe d'Éd. Richer.. . . 551
A. la Revue catholique. • . . . . . . . . . . . . . 561
La prétendue chfllnologie de la bible attaquée par la science 368
Variétés. Les Annales alflériennes. 571
Du fanatisme religiëûx ..:-:--:- . 58!1
Notes additionnelles. . 400

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