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Hématologie

B 312

Anémie par carence martiale


Étiologie, physiopathologie, diagnostic,
traitement, avec la posologie du traitement martial
Pr Xavier TROUSSARD
Laboratoire d’hématologie, CHU Côte de Nacre, 14033 Caen cedex

Points Forts à comprendre – les apports alimentaires sont insuffisants, en particulier


dans les pays où l’alimentation est pauvre en protéines ani-
males ;
• La carence en fer est la conséquence – le fer est mal absorbé ;
d’un déséquilibre entre des pertes excessives – les pertes digestives sont augmentées en cas d’hémorra-
et des apports insuffisants pour compenser gie. Les hémorragies d’origine utérine et (ou) digestive
ces pertes. Les réserves en fer dépendent de l’âge représentent la principale cause des carences en fer. Une
et de certaines conditions physiologiques (périodes perte de 1 mL d’érythrocytes est responsable d’une perte
d’activité génitale, activités sportives...). de 0,5 mg de fer.
• Si ces réserves diminuent, il en résulte
une carence en fer avec apparition d’une anémie 1. Besoins augmentés
microcytaire avec ferritine basse.
• Pour restaurer les réserves, le traitement 2. Défauts d’apport
substitutif doit être suffisamment prolongé. Ils peuvent être observés dans certains pays aux conditions
Il doit être aussi préventif chez les groupes socio-économiques défectueuses (alimentation pauvre en
de patients à risques. protéines animales) et dans certains cas d’anorexie men-
tale.

Points importants de la question 3. Malabsorption


L’hyposidérémie est une conséquence des malabsorptions
La carence en fer et l’anémie microcytaire qui en résulte
du grêle proximal : elle peut révéler une maladie cœliaque
sont le témoin d’un déséquilibre entre des pertes exces-
chez l’adulte ou l’enfant.
sives et des apports insuffisants pour compenser ces pertes.
Les hémorragies digestives et utérines représentent la prin- 4. Hémorragies
cipale cause de carence en fer. La baisse de la ferritine est
la première étape de la carence martiale : elle est le témoin • Saignements génitaux : chez la femme en période d’ac-
d’une diminution des réserves en fer de l’organisme. La tivité génitale, des saignements utérins abondants expli-
diminution du pourcentage de la saturation de la transfer- quent souvent la survenue d’une carence martiale. Il est
rine, la microcytose, puis l’anémie apparaissent secondai- parfois difficile de faire préciser par l’interrogatoire l’abon-
rement. Un traitement substitutif suffisamment prolongé, dance des pertes.
associé dans tous les cas au traitement de la cause de la Les causes les plus fréquentes sont les polypes ou fibromes
carence martiale, évitera les risques de rechute. L’identifi- utérins, et les cancers utérins. Il s’agit plus rarement d’un
cation des groupes de patients à risques élevés (croissance, trouble de l’hémostase, notamment une maladie de Wille-
périodes d’activité génitale, activités sportives fré- brand ou une thrombopénie. La présence d’un stérilet est
quentes…) permet un traitement préventif adapté. un facteur aggravant dans tous les cas.
• Saignements digestifs : la présence de troubles digestifs,
une constipation récente, des épigastralgies, des épisodes
Étiologie de diarrhée alternant avec des épisodes de constipation inci-
tent à réaliser une exploration digestive.
La recherche d’une cause de carence en fer repose sur un La recherche de sang dans les selles est un examen soumis
interrogatoire minutieux et un examen clinique rigoureux à de nombreux aléas avec des faux positifs et des faux néga-
(comprenant un toucher rectal et un examen gynécolo- tifs : un résultat peut être négatif en cas de saignement inter-
gique). Une carence en fer peut survenir dans quatre cir- mittent. Les résultats de cet examen ne doivent pas modi-
constances : fier la décision d’entreprendre une exploration digestive.
– les besoins sont augmentés, en particulier pendant la Une coloscopie sera réalisée dans un premier temps chez
croissance et la grossesse ; les patients de la cinquantaine : la fibroscopie gastrique

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ANÉMIE PAR CARENCE MARTIALE

avec biopsies duodénales sera préférée d’emblée chez un ron 20 à 30 % est stocké sous forme de ferritine, principa-
patient plus jeune. Si ces deux examens ne sont pas infor- lement dans les hépatocytes, les érythroblastes et les cel-
matifs, l’exploration digestive sera complétée par un tran- lules macrophagiques.
sit du grêle. Au niveau sanguin, le fer est lié en majorité à la transfer-
Une lésion digestive est dépistée dans plus de 60 % des rine : il représente moins de 0,1 % du contenu en fer de
cas. Les tumeurs malignes sont dominées par les adéno- l’organisme.
carcinomes coliques et gastriques, les lymphomes malins Au niveau membranaire, le fer lié à la transferrine se fixe
non hodgkiniens gastriques ou du grêle, les localisations sur le récepteur de la transferrine, qui est alors internalisé.
digestives de sarcome de Kaposi. Les lésions non tumo- Après endocytose, le fer est relargué et l’apotransferrine
rales sont l’œsophagite peptique, les ulcères gastro-duo- recyclée. Le fer appartient à un pool labile: il est transféré,
dénaux, les angiodysplasies coliques, les polypes intesti- soit vers un site fonctionnel, soit vers sa protéine de stoc-
naux ou les angiomatoses de Rendu-Osler. Le saignement kage, la ferritine. Il est dans la cellule sous la dépendance
digestif est lié plus rarement à certaines parasitoses endé- d’une protéine régulatrice, l’IRF (iron regulatory protein).
miques : ankylostomiase, Schistosomia hæmatobium). Cette protéine module en sens inverse le niveau du récep-
Dans tous les cas, il ne faudra pas incriminer un saigne- teur de la transferrine et celui de la ferritine. Si la charge
ment à un traitement par anti-inflammatoires non stéroï- en fer de la cellule diminue, l’IRF augmente le nombre de
diens, ou un traitement par héparine, qui favorisent le sai- récepteur de la transferrine, ce qui favorise ainsi l’entrée
gnement d’une lésion digestive méconnue ou attribuer trop du fer dans la cellule, et diminue la synthèse de ferritine.
facilement le saignement à des hémorroïdes sans avoir au Les réserves en fer dépendent de l’âge et de certaines condi-
préalable réalisé une exploration digestive. tions physiologiques.
• Saignements d’autre origine : des saignements d’autre • Impact de l’âge :
origine sont parfois observés dans l’hémosidérose pulmo- – à la naissance, le nouveau-né dispose d’un stock en fer
naire idiopathique de l’enfant, l’hémolyse intravasculaire de 70 mg/kg, réparti pour 50 % dans l’hémoglobine et pour
chronique et prolongée (dans le cadre d’une hémoglobi- 50 % sous forme de ferritine ;
nurie paroxystique nocturne ou d’une hémolyse mécanique – pendant les premiers mois, les besoins en fer du nour-
chez les patients porteurs de valves). Le syndrome de Las- risson sont très élevés en raison d’une augmentation impor-
thénie de Ferjol est observé chez des femmes pratiquant tante de la masse sanguine. Cependant, l’alimentation lac-
des soustractions de sang dissimulées. tée est pauvre en fer. Le nouveau-né est dans l’obligation
de puiser sur ses réserves : il est exposé au risque de carence
martiale, quand il naît avec des réserves insuffisantes (pré-
Physiopathologie maturé, jumeaux, enfant né d’une mère carencée…) ;
– après 6 mois, l’alimentation devient moins lactée et se
1. Apports alimentaires quotidiens en fer rapproche de celle des adultes. L’apport alimentaire quo-
Le métabolisme du fer est très équilibré. Pour compenser tidien couvre généralement les besoins de cette période ;
les pertes (cutanées, digestives et génito-urinaires) quoti- – après la puberté, les besoins en fer sont de l’ordre de 1 mg
diennes en fer, un apport de 1 à 2 mg par jour est néces- et sont compensés par l’apport alimentaire.
saire chez l’homme adulte ou la femme en dehors des • Impact de certaines conditions physiologiques :
périodes d’activité génitale. C’est principalement sous – femme en période d’activité génitale. Les règles (30 à
forme non héminique (90 %) que le fer est apporté dans 50 ml par cycle) font perdre 15 à 25 mg de fer par mois. La
l’alimentation (céréales, légumes et fruits). Le fer est grossesse induit aussi un besoin supplémentaire spécifique
absorbé principalement dans le duodénum et le jéjunum estimé à 750 à 1 000 mg ;
proximal. La quantité absorbée dépend de la quantité – activités sportives. Certaines activités sportives, en par-
apportée et de sa biodisponibilité. Le coefficient d’ab- ticulier la course à pieds prolongée (coureurs de marathon),
sorption est de 30 à 40 % : il est réduit à 10 % en cas d’ané- sont susceptibles par des saignements digestifs répétés
mie par carence martiale. d’induire une carence martiale, plus fréquemment obser-
Augmentent l’absorption du fer non héminique, la viande, vée chez la femme ;
les volailles et le poisson, l’acide ascorbique et les aliments – dons du sang. Chaque don du sang de 400 mL provoque
fermentés (choucroute en particulier). une déplétion de 200 mg de fer. La législation française
Les facteurs qui diminuent l’absorption du fer non hémi- autorise quatre dons de sang, ce qui correspond à des
nique sont les phytates, le thé et le calcium. besoins quotidiens d’environ 3 mg. Une carence en fer chez
les donneurs de sang est plus fréquemment observée chez
2. Réserves en fer chez l’adulte la femme en période d’activité génitale.
Le fer de l’organisme (55 mg/kg chez l’homme et 45 mg/kg
chez la femme, soit un stock de 3 000 à 4 000 mg) est réparti 4. Étapes de la carence en fer
essentiellement (60-70 %) dans l’hémoglobine des érytro- La premier stade est celui de la carence martiale isolée. Le
cytes. Un mL de globules rouges contient 0,5 mg de fer. stock en fer des réserves de l’organisme se réduit pro-
Le fer contenu dans la myoglobine, les cytochromes des gressivement.
mitochondries, ou d’autres enzymes contenant du fer, Lorsque les réserves sont épuisées, la carence en fer reten-
représente environ 10 % des réserves en fer. Le reste, envi- tit sur l’érythropoïèse dans un second temps.

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Enfin, dans une troisième étape, lorsque la carence se pro- l’anémie. La ferritine sérique est augmentée, le fer sérique
longe, il apparaît une anémie microcytaire ferriprive. abaissé et la transferrine abaissée ;
– en cas de carence martiale associée à une carence en
folates, la microcytose est absente ;
Diagnostic – chez un patient polyglobulique traité par saignées, il est
nécessaire de respecter la carence.
1. Établir le diagnostic d’une carence en fer
Il repose, dans la grande majorité des cas, sur des critères 3. Une microcytose
biologiques simples. Elle peut être le témoin d’un trait thalassémique.
Une carence martiale isolée sans retentissement hémato- Même si les origines ethniques suggèrent ce diagnostic, il
logique est affirmée si le taux de ferritine sérique est infé- faut corriger une carence en fer possiblement associée avant
rieur aux valeurs normales de référence. La ferritine sérique de réaliser une électrophorèse de l’hémoglobine. La
est le reflet indirect du stock en fer dans l’organisme. Un carence en fer est susceptible de masquer une augmenta-
µg /L de ferritine sérique correspond à 8-10 mg de réserves tion de la fraction A2 de l’hémoglobine (caractéristique du
de fer dans l’organisme. Les valeurs de la ferritine sérique trait β-thalassémique).
sont dépendantes du sexe : elles sont chez l’homme com-
prises entre 30 ng/mL (valeur basse) et 150 ng/mL (valeur
haute). Chez la femme, la limite inférieure est souvent plus
basse, entre 10 et 12 ng/mL. Des réserves en fer plus
Traitement
réduites chez la femme expliquent ces différences.
À cette phase précoce de la carence martiale, il apparaît 1. Traitement curatif
une diminution du fer sérique et une augmentation de la
transferrine. La modification de ces paramètres devient dif- Il est double : il faut restaurer les réserves en fer de l’orga-
ficilement interprétable en cas de réaction inflammatoire nisme et supprimer la cause de la carence.
associée. • Restaurer les réserves en fer par un traitement substi-
Lorsque les réserves en fer sont épuisées, la carence mar- tutif : la restauration des réserves en fer de l’organisme est
tiale retentit sur l’érythropoïèse. Les modifications sont les réalisée par un traitement par sels de fer per os. Le sel de
suivantes : référence est le sulfate : d’autres sels existent, tous aussi
– diminution du pourcentage de la saturation de la trans- efficaces les uns que les autres (voir tableau). Il existe de
ferrine < 0,16 ; nombreuses préparations, qui en réalité diffèrent essen-
– augmentation de la protoporphyrine érythrocytaire ; tiellement par leur contenu en fer métal. La posologie est
– augmentation de l’indice de dispersion des volumes des de 2 à 3 mg/kg de fer métal par jour, de préférence à dis-
hématies exprimé sur les compteurs de globules automa- tance des repas. Cependant, dans environ un tiers des cas,
tiques par la valeur red blood cells distribution width des troubles digestifs à titre de nausées, épigastriques, sen-
(RdW) ; sation de plénitude apparaissent 30 à 60 minutes après la
– microcytose avec un volume globulaire moyen (VGM) prise. La prise du fer pendant les repas permet de réduire
inférieur à 80 µm3, souvent associée à l’intolérance digestive. Dans tous les cas, une coloration
– une anémie (hémoglobine inférieure à 130 g/L chez noire des selles apparaît : le patient doit en être prévenu.
l’homme et 110 g/L chez la femme). L’anémie profonde Le traitement doit être prolongé pendant une période de six
est d’installation progressive, ce qui explique sa tolérance mois, ou jusqu’à correction de la ferritine sérique. Seule,
habituelle en raison des mécanismes compensateurs mis une telle stratégie évitera les risques de récidives à court
en jeu. Les signes cliniques sont tardifs : il s’agit d’asthé- terme.
nie, de difficultés à assurer des efforts physiques ou intel-
lectuels, de manifestations neurosensorielles (vertiges, TABLEAU
acouphènes), de troubles de la croissance des ongles (koï-
lonychie), de glossite atrophique, de dysphagie avec syn- Liste des principaux traitements
drome de Plummer-Vinson, de géophagie, de pagophagie contenant du fer
ou de trichophagie ;
– une augmentation modérée du nombre des plaquettes est Nom Sels ferreux Contenu en fer
habituelle (500 à 600 x 109/L) ; de la spécialité
– le myélogramme est inutile et ne se justifie pas dans le
Ascofer ascorbate 33 mg/cp
diagnostic d’une carence en fer avec ou sans retentissement
sur l’érythropoïèse. Ferrostrane férédétate 34 mg/mL
Fumafer fumarate 66 mg/cp
2. Circonstances pouvant rendre Inofer succinate 33 mg/cp
le diagnostic biologique difficile Féro-Grad LP
Elles sont au nombre de trois : Vitamine C 500 sulfate 105 mg/cp
– en cas de réaction inflammatoire, il est difficile de mettre Tardyferon + Vitamine C sulfate 80 mg/cp
en évidence une composante carentielle éventuelle de

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ANÉMIE PAR CARENCE MARTIALE

Le traitement par fer, par voie injectable, n’apporte aucun Points Forts à retenir
avantage et doit être réservé exclusivement en cas de mau-
vaise compliance ou en cas de malabsorption digestive
majeure. • La carence en fer est un problème fréquent en
• Traiter la cause de la carence en fer. Il faut dans tous les hématologie. Elle entraîne une anémie
cas traiter la cause de la carence en fer, (voir traitement microcytaire associée à un taux de ferritine sérique
d’une tumeur digestive d’un cancer utérin) et réduire les bas. Elle est secondaire dans la plupart des cas
facteurs pouvant aggraver la carence martiale. à des hémorragies d’origine digestive ou utérine.
Le traitement substitutif doit être suffisamment
2. Traitement préventif prolongé pour éviter toute récidive : il doit être
Il cherche à réduire les facteurs de risques de carence mar- associé à la suppression de la cause de la carence
tiale dans les groupes de patients à risques. en fer. Le traitement préventif chez les patients
Alimentation riche en protéines animales et surtout en à risques doit être systématique
viandes.
1 mg/kg/jour chez la femme enceinte à partir du quatrième
mois de grossesse, sauf si le dosage de ferritine est élevé
et peut faire suggérer une hémochromatose.
2 à 3 mg/kg chez le nourrisson dès le troisième ou qua-
trième mois, surtout en cas de prématurité ou en cas de
carence en fer chez la mère.
1 à 2 mg/kg pendant un mois après chaque don du sang,
surtout chez la femme en période d’activité génitale. ■

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