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Pathologie de l’appareil locomoteur

B 284

Surveillance d’un malade


sous plâtre
Pr Jacques BARSOTTI, Pr Philippe ROSSET
Service d’orthopédie et traumatologie 2, hôpital Trousseau, 37044 Tours cedex 01.

Points Forts à comprendre • Douleur sous plâtre : le signe d’appel d’une complica-
tion est la douleur:
– sensation de striction douloureuse globale dès le réveil :
Une immobilisation par plâtre ou résine peut être on vérifie la température du pied et sa couleur (aspect vio-
placée sur un segment de l’appareil moteur, lacé d’une stase ou lividité d’une ischémie), la sensibilité
traumatisé ou non, opéré ou non. Elle peut avoir et la motricité active des orteils. On s’assure de la motri-
3 conséquences principales : cité volontaire des orteils. Le membre étant surélevé, on
• créer une compression, soit directe par le contact effectue un examen périodiquement en l’absence de signes
du plâtre avec les parties molles (escarre cutanée, de gravité au niveau du pied. Cette sensation de striction
compression nerveuse), soit indirecte par est habituelle après un plâtre mais elle doit s’atténuer en
impossibilité d’expansion des parties molles sous- quelques heures. En cas de doute, il ne faut pas hésiter à
jacentes (hématome, œdème) ; échancrer la partie du plâtre située à la face dorsale du pied
• elle masque la sémiologie locale sous-jacente : pour palper le pouls pédieux (au besoin au doppler : ins-
hématome, infection, syndrome ischémique trument de surveillance indispensable). Il ne faut pas hési-
artériel ou artériocapillaire (syndrome de loges) ; ter à fendre le plâtre ou, mieux, à le bivalver (surtout s’il y
• elle entraîne une atrophie musculaire des a une ostéosynthèse assurant une certaine stabilité) ;
segments immobilisés et une stase locale, régionale – la striction douloureuse s’accentue : le pied est œdéma-
(segment de membre) et même somatique (inertie tié et violacé, la motricité des orteils est réduite mais les
digestive, stase urinaire) en cas d’immobilisation pouls périphériques sont conservés. La sensibilité superfi-
importante. cielle est altérée. En l’absence de suppression immédiate
de la compression, on peut voir s’installer un syndrome de
loges : sous l’effet du plâtre et d’un œdème et (ou) d’un
hématome, les loges de la jambe sont mises en hyperpres-
Une immobilisation par plâtre ou par résine reste encore sion, la circulation veino-capillaire est diminuée ou même
une éventualité fréquente, notamment chez l’enfant. Chez arrêtée, les masses musculaires sont en hypoxie et en immi-
l’adulte, les progrès de la chirurgie de l’appareil moteur en nence de nécrose si la compression n’est pas rapidement
restreignent les indications ou les limitent souvent à un levée.
simple adjuvant de la chirurgie. Attention à ce tableau qui peut être trompeur : le pied reste
Les durées d’hospitalisation de plus en plus courtes font rassurant, car les pouls artériels passent alors qu’une
que leur surveillance n’est que partiellement hospitalière nécrose des muscles de jambe peut s’installer sous le plâtre.
et que tout médecin doit désormais pouvoir l’assurer (voir : Une fois celui-ci ouvert, on note nette tension douloureuse
pour approfondir / 1). des loges de jambe dont le volume s’est accentué. Nous
verrons plus loin que si, dans certains cas, l’ouverture du
plâtre peut suffire, il faut bien souvent aller au-delà en pra-
Diagnostic tiquant de larges aponévrotomies ;
Surveillance d’un malade immobilisé – la douleur est localisée à un point précis : il y a conflit
dans un plâtre cruro-pédieux entre le plâtre et la peau au niveau d’une saillie osseuse
pour une fracture de jambe fermée (malléoles, talons, rotule) ce peut être l’amorce d’une
en complément d’une ostéosynthèse escarre si une « fenêtre » n’est pas effectuée dans le plâtre
avec un nouveau matelassage local. Il est souvent néces-
1. Suites immédiates saire de refaire le plâtre ;
• État du plâtre, durant les premières 24 h seront surveillés : – la douleur est traçante et accompagnée de brûlure, de pares-
le séchage du plâtre, sa solidité, l’état du pansement (sai- thésies, le long d'un tronc nerveux : ici, le nerf sciatique
gnement), la quantité de sang dans les flacons des drains poplité externe qui peut être comprimé au niveau du col du
de Redon. péroné et créer une parésie et même un pied tombant ;

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– la douleur n’est localisée qu’au pied : celui-ci est pâle, truments que le malade essaie d’introduire dans son plâtre ;
froid, sa mobilité est réduite, sa sensibilité altérée.Il n’y a – après la phase immédiate de 8 à 10 j, l’œdème ayant nor-
plus de pouls périphériques même au doppler : attention à malement disparu, on doit systématiquement vérifier que
la recherche des pouls périphériques. Il faut une certitude le plâtre n’est pas, à l’inverse, trop large et que sa conten-
de leur présence ou de leur absence, d’où l’importance du tion n’est pas devenue moins efficace. Une radiographie
doppler. Il s’agit d’un syndrome ischémique par atteinte de contrôle systématique (notamment en traumatologie)
d’un tronc artériel principal (fréquent en traumatologie des doit rechercher un éventuel déplacement. L’atrophie du
membres) et passé inaperçu au moment du traitement. Le membre sera mesurée. Le plâtre est éventuellement com-
plâtre d’une part, l’atteinte nerveuse ischémique d’autre plété ou refait ;
part, risquent encore de retarder le diagnostic et de laisser
s’installer des lésions nécrotiques irréversibles. – sur le plan général, en dehors d’un syndrome fébrile ou
thrombotique, un examen médical systématique, durant
2. Suites tardives toute la durée de l’immobilisation (et notamment s’il y a
Passées les 48 premières heures, toute persistance ou toute décubitus) va rechercher : d’autres possibilités d’escarres
apparition d’une symptomatologie doit faire rechercher une (sacrées, fessières, trochantériennes) ; des troubles du tran-
des complications suivantes. sit intestinal (ballonnements, constipation) ; des troubles
urinaires de rétention ; la mobilité active et passive des
• Hématome : l’aggravation d’un hématome et l’évolution
autres segments de l’appareil moteur non immobilisés.
vers un syndrome de loges sont évoqués devant une ten-
sion persistante de la jambe, malgré l’ouverture du plâtre,
un aspect luisant et violacé de la peau. Une prise éventuelle Cas particuliers
de pression avec une aiguille spéciale pour ce geste est pos-
sible. Vérifier à nouveau les pouls périphériques au doigt
1. Selon l’âge
et au doppler, refaire un bilan de coagulation. • Chez l’enfant, un plâtre immobilisant le coude doit être
• Infection : l’apparition d’une fièvre oscillante associée à particulièrement surveillé. Autrefois souvent mis en cir-
un syndrome douloureux local révoque une complication culaire et en flexion forcée, il peut être à l’origine d’un syn-
infectieuse : drome de Volkman (ischémie de l’avant-bras et de la main
– cas simple : au 4e-5e jour postopératoire, après ouverture avec griffe digitale, paralysie et souvent plicature ou com-
du plâtre ou de l’attelle, qui est le premier geste à effec- pression de l’artère humérale). Attention à toute griffe dou-
tuer, la plaie opératoire est inflammatoire, une sérosité loureuse des doigts !
louche peut être prélevée pour identification du germe et
• Chez le vieillard : la fragilité de la peau jointe à la pro-
antibiogramme ;
éminance des reliefs osseux due à la maigreur fait que les
– un cas difficile : malgré une fièvre oscillante et des dou- escarres surviennent rapidement et sont fréquentes. Tout
leurs pulsatiles, les téguments paraissent normaux. On doit décubitus prolongé doit être évité ou surveillé attentive-
rechercher une tension douloureuse en profondeur, mettre ment sur le plan respiratoire, digestif et urinaire.
en culture les drains de Redon, éliminer toute autre étiolo-
gie infectieuse (ORL, pulmonaire, urinaire, etc.), suivre
l’évolution locale et générale pendant 24 ou 48 h avant de 2. Selon la localisation du plâtre
chercher une confirmation opératoire de la suppuration (la • Tête et cou : une minerve peut entraîner des escarres occi-
simple ponction risque d’être souvent insuffisante). pitales et mentionnières.
• Thrombose veineuse profonde : l’apparition d’un œdème
blanc ou violacé dépassant souvent les limites du plâtre en • Tronc : un corset a plusieurs appuis à surveiller : sternum,
avant, mais aussi en amont, doit faire suspecter systémati- pubis, crêtes iliaques. Il doit avoir une fenêtre en regard et
quement une thrombose veineuse profonde notamment à de l’estomac pour permettre une distension au moment des
partir du 6e-7e jour, même si le malade a été mis préventive- repas. Surveiller le transit intestinal et les mictions.
ment sous un traitement anticoagulant, héparine de bas poids • Membre supérieur : des anneaux pour fracture de la cla-
moléculaire de préférence. On vérifie la dose d’héparine de vicule peuvent comprimer le paquet vasculo-nerveux dans
bas poids moléculaire prescrite (souvent trop faible en trau- l’aisselle imposant la recherche de fourmillements de
matologie et orthopédie où le risque est majeur : taux de refroidissement de la main ; un plâtre pendant pour frac-
thrombose veineuse profonde voisin de 50 %). Le plâtre, ture de l’humérus peut entraîner une compression nerveuse,
même fendu, ne permet pas une utilisation correcte du dop- en particulier radiale, imposant la surveillance de la sensi-
pler veineux et de l’échographie. La phlébographie bilaté- bilité et de la motricité de la main ; une gouttière ou un
rale reste l’examen de référence. Parallèlement, sera effec- plâtre circulaire du poignet placés après une fracture de
tuée la recherche de signes d’embolie pulmonaire. l’extrémité inférieure du radius doivent très souvent être
La douleur aux points de contact peut réapparaître ou s’ag- refaits vers le 4e-5e jour du fait de la résorption de l’œdème
graver, notamment s’il y a œdème : une nouvelle escarre habituel qui accompagne cette fracture ; pour la main et les
se constitue. doigts, des attelles simples, en résine, suffisent mais on
• Complications autres : vérifie la position d’immobilisation (en général position
– sous un climat chaud, un prurit peut se manifester par intrinsèque « plus » : flexion des métacarpo-phalangiennes
sudation avec lésions de grattage induites par les divers ins- et extension des interphalangiennes). ■

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Points Forts à retenir Mais il s’agit plus fréquemment d’un œdème : celui-ci peut être d’origine
locale et accompagne un foyer traumatique ou opératoire. Il peut aussi
être d’origine régionale : thrombose veineuse profonde avec des caillots
distaux ou proximaux avec risque d’embolie pulmonaire. Rappelons que
• Pour diagnostiquer une complication sous plâtre, près d’un malade sur deux traité pour une affection de l’appareil moteur
il faut se poser les questions suivantes avant tout des membres inférieurs peut présenter une thrombose veineuse. Cet
examen (au moment des suites précoces, œdème, du fait de son rôle compressif aggravé par la présence du plâtre,
secondaires ou tardives) : peut interrompre ou limiter le flux veino-capillaire local et créer un syn-
drome de loges avec nécrose musculaire mais conservation apparemment
– date de confection du plâtre et délai écoulé ; paradoxale du flux artériel principal et des pouls périphériques. Rare-
– pourquoi un plâtre : immobilisation à simple ment, en effet, le flux artériel est interrompu par un simple œdème. Si
visée antalgique ou anti-inflammatoire ou au cours c’est le cas, il faut toujours rechercher une atteinte directe de ce tronc
du traitement d’une infection ? contention à visée artériel au cours d’un traumatisme ou d’un acte opératoire ou de
manœuvres de réduction.
mécanique ? • La sémiologie locale est masquée par le plâtre : cela implique une grande
– sur un malade opéré ou non opéré ; vigilance devant tout signe d’appel fonctionnel (douleur, constriction,
– quel type d’immobilisation : plâtre ou résine, parésie, paralysie) ou tout signe général anormal (fièvre, troubles pul-
gouttière ou circulaire, fendu ou non, rembourré monaires, digestifs…). Les signes physiques seront recherchés sur les
ou non ? parties molles de voisinage accessibles, et notamment pour les membres
aux extrémités, tout en sachant la possibilité de l’absence de toute réper-
– quels sont les éléments anatomiques sous-jacents cussion à ce niveau malgré les lésions sous-jacentes au plâtre importantes
susceptibles d’être lésés, notamment muscles, (syndrome de loges avec possibilité de nécrose musculaire mais conser-
tendons et pédicules vasculo-nerveux ; vation faussement rassurante des pouls périphériques).
– quels sont les reliefs osseux susceptibles d’entrer • L’immobilisation entraîne une perte de la trophicité musculaire, si celle-
ci n’est pas régulièrement entretenue. Elle est également la cause d’une
en conflit avec le plâtre ? stase locale (gêne à la circulation de retour), de troubles de décubitus
– quels sont les traitements prescrits (escarres aux points d’appui, troubles fonctionnels des différents appa-
parallèlement : antalgiques, anti-œdémateux, reils : cardiopulmonaire, digestif et urinaire).
anticoagulants, antibiotiques ?
2 / À l’ablation du plâtre
Vérifier l’état de la peau (cicatrices, escarres).
Faire un bilan fonctionnel des mobilités active et passives du segment
immobilisé et de ceux de voisinage.
Noter la présence d’un œdème (surtout aux membres inférieurs) de
POUR APPROFONDIR manière à prévoir un relais du plâtre par une contention élastique.

1 / Physiopathologie 3 / Mesures préventives simples


Tout segment de l’appareil moteur peut être immobilisé par un plâtre ou
une résine. Le plâtre, de prise plus rapide, sera de préférence utilisé en – Limiter les indications d’un plâtre et n’immobiliser que le
traumatologie pour la phase initiale d’une contention, la résine, plus minimum de temps et de volume corporel ;
confortable, vient souvent en relais ou comme contention orthopédique. – Éviter un plâtre circulaire dans les suites immédiates d’un traumatisme
Il peut s’agir de simples gouttières, attelles, lits plâtrés, ou de contentions ou d’un acte chirurgical sur l’appareil moteur ;
circulaires au niveau des membres ou du tronc. Il est évident que la sur- – Mobiliser régulièrement, activement et passivement tous les segments
veillance sera d’autant plus vigilante que cette contention sera étendue et de l’appareil moteur qui ne sont pas plâtrés pour lutter contre l’atrophie
constrictive. Elle peut en effet avoir 3 conséquences : musculaire, la raideur articulaire, la stase veineuse ;
• la compression, qui est la principale, elle peut être : – Éviter, au repos, de laisser le segment plâtré en déclive ;
– directe : les parties molles (peau notamment) sont comprimées entre le – Limiter au maximum le décubitus strict au lit et en prévenir les incon-
plâtre et un relief osseux sous-jacent (malléoles, olécrane, rotule, calca- vénients par un nursing méthodique (massages, exercices respiratoires,
néum, etc.). Il y a escarrification avec nécrose cutanée, parfois aponé- évacuation intestinale et urinaire) ;
vrotique et musculaire ; plus rarement, un tronc nerveux superficiel peut – En cas de décubitus et (ou) d’immobilisation au-dessous de l’ombilic,
être comprimé (sciatique poplitée externe sur la tête du péroné, radial ou instituer systématiquement une prévention thrombo-embolique par hépa-
cubital au coude) ; rines de bas poids moléculaire à dose « orthopédique » et ce, jusqu’à
– indirecte : le plâtre s’oppose à l’expansion des parties molles sous- reprise de la marche avec appui et déroulement du pas ;
jacentes ; ce peut être un hématome venu d’un foyer traumatique ou opé- – En cas d’acte chirurgical sur l’appareil moteur et notamment avec pose
ratoire, aggravé éventuellement par un traitement anticoagulant (com- de matériel, instituer systématiquement une prévention anti-infectieuse
plément obligé de toute immobilisation aux membres inférieurs). Il peut par antibiothérapie peropératoire ;
s’infecter et créer une suppuration locale, elle aussi plus ou moins expan- – Toujours informer très clairement le malade des signes pouvant faire
sive. craindre une complication.

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