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Neurologie

A 49

Syndrome myogène
Orientation diagnostique
DR Dominique CAPARROS-LEFÈBVRE
Service de neurologie, CHU de la Guadeloupe, 97159 Pointe-à-Pitre.

Points Forts à comprendre la petite enfance pour la maladie de Duchenne, à l’ado-


lescence pour d’autres dystrophies musculaires, après
50 ans pour les myopathies oculo-pharyngées et les
• Le syndrome myogène, dénominateur commun myosites à inclusion), l’évolution rapide (pathologies
d’un groupe très hétérogène d’affections, ne inflammatoires) ou lentement progressive (maladies à
comporte aucun signe qui soit individuellement déterminisme génétique).
spécifique de pathologie musculaire. • Syndrome douloureux : la topographie et le type des
• Le diagnostic étiologique repose douleurs, leur majoration éventuelle lors de l’effort au
sur l’interrogatoire (antécédents familiaux, cours des myopathies métaboliques, leur déclenchement
évolution), sur l’examen général à la recherche par la pression des masses musculaires peuvent apporter
d’une pathologie multiviscérale, la biologie et des arguments confirmant le syndrome myogène. La
l’électromyogramme qui montrent des signes prédominance des douleurs sur le déficit est en faveur
myogènes assez spécifiques, sur la biopsie d’une myosite.
musculaire et surtout sur la génétique qui a • Antécédents familiaux : dans la majorité des cas, il
bouleversé la classification des dystrophies est nécessaire de réaliser un arbre généalogique afin de
musculaires. définir le caractère autosomique récessif (glycogénoses
• En dépit des progrès de la génétique, et myopathies métaboliques) ou dominant (myopathie
la thérapie génique n’a pas apporté de résultat oculo-pharyngée) ou récessif lié au chromosome X,
significatif à ce jour. affectant exclusivement ou majoritairement les individus
• Plusieurs myopathies métaboliques justifient de sexe masculin (dystrophies musculaires).
un traitement. Il faut aussi reconnaître
les myopathies inflammatoires, endocriniennes
ou toxiques qui sont curables. Examen clinique
• Examen neurologique : à l’inspection, il existe le plus
souvent une amyotrophie globale ou sélective (dystro-
Le syndrome myogène correspond à un dysfonction- phies), habituellement symétrique. L’amyotrophie de la
nement primitif localisé ou diffus des muscles squelet- ceinture scapulaire entraîne un décollement caractéris-
tiques qui est responsable d’un déficit moteur, et de tique des omoplates (scapulæ alatæ). Une hypertrophie du
modifications du volume des masses musculaires triceps sural ou une pseudo-hypertrophie, liée à l’involu-
(amyotrophie ou hypertrophie) en l’absence de lésions tion fibreuse du muscle, précède l’atrophie, en particulier
du système nerveux central (SNC) ou périphérique. dans certaines dystrophies musculaires. Le déficit a le
plus souvent une distribution symétrique et sa prédomi-
Diagnostic clinique nance aux racines des membres [ceinture pelvienne et
(ou) scapulaire] constitue un argument en faveur d’une
Classiquement, le syndrome myogène est constitué par maladie musculaire, donnant à la marche une allure par-
l’association de 4 symptômes cardinaux : déficit moteur ticulière : marche dandinante ou marche en canard. La
global ou focal, amyotrophie, douleurs, disparition du localisation du déficit détermine le handicap fonctionnel :
réflexe idiomusculaire. Cependant, l’absence du réflexe difficulté pour s’accroupir, se lever d’une chaise, courir,
idiomusculaire peut être difficile à démontrer, et les monter les escaliers, lever les bras. Dans les myopathies
autres symptômes constituant le syndrome myogène ne oculo-pharyngées, le ptosis bilatéral et la dysphagie sont
sont pas spécifiques car ils peuvent aussi être produits les signes principaux.
par des neuropathies périphériques ou des lésions de la Le testing musculaire offre une évaluation quantitative
corne antérieure de la moelle épinière. du déficit moteur segmentaire. Ils permet de mesurer
avec plus de précision la rapidité d’évolution ou encore
Interrogatoire l’efficacité d’une thérapeutique immuno-suppressive
dans les myosites. En cours d’évolution, des rétractions
• Histoire de la maladie : il faut obtenir le mode d’instal- tendineuses et des déformations osseuses aggravent
lation des troubles : début proximal (cas le plus fréquent) le handicap. Le déficit peut évoluer vers une perte d’au-
ou distal (myosite à inclusion), l’âge d’apparition (dans tonomie.

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SYNDROME MYOGÈNE

Certains symptômes ne font pas partie du syndrome pathies précoces. Le diagnostic repose alors sur l’élec-
myogène : incontinence urinaire ou anale, déficit sensitif tromyogramme, la biopsie musculaire et la génétique.
ou dysesthésies. Leur présence témoigne d’une atteinte • Myasthénie : cette pathologie de la plaque motrice se
neurogène associée, ou d’une pathologie métabolique manifeste par un déficit moteur symétrique et une
complexe comme dans les myopathies mitochondriales. fatigabilité. La prédominance des troubles au niveau de
Les réflexes ostéo-tendineux sont habituellement présents la musculature faciale et la variabilité du déficit dans le
mais peuvent être abolis dans les dystrophies musculaires temps, prédominant le soir ou après un effort est plus en
à un stade avancé ou dans les myosites à inclusion. faveur d’une myasthénie, qui sera confirmée par l’élec-
Le suivi évolutif comporte un bilan fonctionnel régulier, tromyogramme, révélant un décrément des potentiels
avec une évaluation des complications orthopédiques : moteurs lors d’une stimulation itérative.
rétractions tendineuses (surtout du tendon d’Achille),
scoliose, évaluation de l’atteinte myocardique et du Examens paracliniques contributifs
risque de survenue d’une insuffisance respiratoire liée
au déficit des muscles ventilatoires et aux déformations
au diagnostic
secondaires de la cage thoracique. La kinésithérapie • Examens biologiques standards : on procède au
peut prévenir les rétractions. Les indications chirur- dosage des enzymes musculaires – créatine phosphokinase
gicales correctrices des déformations osseuses sont (CPK) surtout, mais aussi lactate deshydrogénase
discutées en fonction du bénéfice fonctionnel attendu. (LDH), – l’aldolase est un bon marqueur de la cytolyse
• Recherche de signes associés : en fonction de l’étio- musculaire. Les créatines phosphokinases sont très
logie (génétique, métabolique ou inflammatoire) des augmentées dans les dystrophinopathies (myopathies de
signes évocateurs d’une pathologie multiviscérale sont Duchenne, et de Becker), moins dans les dystrophies
recherchés. Le myocarde, muscle strié, peut être atteint musculaires des ceintures. Elles sont inconstamment
dans certaines dystrophies musculaires ou au cours des élevées dans les autres dystrophies. Au cours des myo-
polymyosites, alors que les muscles lisses le sont plus sites infectieuses aiguës (virales ou parasitaires) et des
rarement. Une défaillance myocardique existe dans la myosites inflammatoires (polymyosites, dermatomyo-
maladie de Duchenne, dans les glycogénoses et cer- sites), les créatines phosphokinases sont souvent très
taines myopathies mitochondriales. Elle évolue parallè- élevées. En revanche, elles peuvent être normales dans
lement à l’atteinte du muscle. Un Holter rythmique per- les myosites à inclusions.
met de dépister des anomalies paroxystiques de la • L’électromyogramme peut objectiver un syndrome
conduction auriculo-ventriculaire dans la dystrophie myogène électrique, qui est plus spécifique que le syn-
myotonique de Steinert. Une insuffisance respiratoire drome myogène clinique. Le tracé est anormalement
restrictive est une cause fréquente de décès, en particu- riche par rapport à l’effort. Les potentiels d’unité motrice
lier dans la myopathie de Duchenne. sont polyphasiques, d’amplitude et de durée diminuées.
Les pathologies musculaires, en particulier inflamma- Par ailleurs, les vitesses de conduction nerveuse des
toires ou métaboliques, sont aux confins de plusieurs fibres motrices et sensitives sont normales, sauf dans
spécialités, et leur diagnostic est difficile en l’absence certaines maladies métaboliques où il peut exister une
d’une collaboration interdisciplinaire. neuropathie associée.
• L’imagerie par tomodensitométrie ou résonance
Diagnostic différentiel magnétique objective les anomalies musculaires liées à
l’involution et permet d’établir une cartographie des
• Neuropathies : une polyradiculonévrite chronique muscles sélectivement atteints. La spectrométrie par
peut faire évoquer à tort une pathologie musculaire, du résonance magnétique nucléaire du phosphore permet
fait de la symétrie du déficit moteur prédominant à la de mesurer la concentration de phosphocréatine et les
ceinture pelvienne et de la discrétion des troubles sensitifs. variations de pH musculaire à l’effort. Une acidose
La marche a alors une allure pseudomyopathique. marquée à l’effort, ainsi qu’une lente récupération de la
L’électromyogramme (EMG) est indispensable pour phosphocréatine et du pH après l’effort sont des
montrer les signes neurogènes et les anomalies des arguments en faveur d’une myopathie mitochondriale.
vitesses de conduction nerveuse. L’étude du liquide • Biopsie musculaire : elle est l’examen majeur en
céphalo-rachidien recherche une hyperprotéinorachie. pathologie musculaire et est indispensable dans la
• Atteinte de corne antérieure de la moelle épinière : démarche diagnostique de nombreuses maladies neuro-
certaines amyotrophies spinales d’évolution chronique musculaires et d’affections systémiques (maladies de
peuvent avoir un aspect pseudomyopathique, lorsque système, vascularites). L’histopathologie musculaire
l’amyotrophie prédomine aux ceintures et racines des conventionnelle, après inclusion en paraffine et colora-
membres. L’étude génétique permet d’obtenir le dia- tion par l’hématéïne-éosine et le trichrome de Masson,
gnostic dans les formes héréditaires [anomalies du gène permet une description analytique des lésions élémen-
SMN (survival motor neuron) sur le chromosome 5 taires : atrophie et hypertrophie compensatrices des
surtout]. L’amyotrophie spinale aiguë du nourrisson ou fibres musculaires, fréquentes dans les dystrophies
maladie de Werdnig-Hoffmann se manifeste par une musculaires ; nécrose et régénération ; modifications
hypotonie non spécifique, comparable à celle des myo- nucléaires ; vacuoles (glycogénoses, myopathies oculo-

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Neurologie

pharyngées, myosites à inclusions) ; anomalies du tissu tendons d’Achille sont les premières complications
interstitiel (involution fibro-adipeuse des dystrophies, orthopédiques. Il existe une hypertrophie des masses
infiltrats inflammatoires de l’endomysium ou du péri- musculaires des mollets. L’enfant marche sur la pointe
mysium des vascularites ou des myosites infectieuses). des pieds et de façon dandinante. De façon lentement
Des techniques récentes (histo-enzymologie, immunocy- progressive, le déficit s’accentue et la marche devient
tochimie, microscopie électronique) permettent un dia- impossible vers l’âge de 10 ans. L’atrophie musculaire
gnostic formel des myopathies congénitales et dystrophi- remplace peu à peu l’hypertrophie. Le décès survient
nopathies. Grâce aux études biochimiques et génétiques, il vers 20 ans, du fait de la défaillance cardiorespiratoire
est possible de caractériser les myopathies métaboliques : ou des complications du décubitus. L’atteinte myocar-
déficits enzymatiques des glycogénoses, déficits sélectifs dique évolue parallèlement à l’atteinte des muscles
des complexes de la chaîne respiratoire mitochondriale. squelettiques et entraîne une insuffisance cardiaque.
• Diagnostic génétique : il s’applique particulièrement La dystrophie musculaire de Becker se distingue clini-
aux dystrophies musculaires. Dans un passé récent, leur quement par un début plus tardif, vers l’âge de 12 ans,
classification reposait sur l’aspect clinique : topographie avec des extrêmes de 2 à 45 ans. Le déficit apparaît à la
de l’atteinte musculaire, évolution et mode de transmission. ceinture pelvienne, puis scapulaire. Les muscles distaux
Depuis la mise en évidence de plusieurs mutations géné- sont préservés. L’hypertrophie des mollets est constante.
tiques responsables de la synthèse de protéines anormales, La marche devient impossible vers l’âge de 30 ans et le
la classification est faite en fonction du type de mutations décès survient vers 40 ans, par défaillance myocardique
et de la protéine anormale. Les principales protéines pour ou insuffisance respiratoire restrictive liée à la paralysie
lesquelles des anomalies ont été identifiées sont la dystro- des muscles respiratoires, qui peut être transitoirement
phine, les dystroglycanes (dont la mérosine) qui lient la améliorée par une ventilation mécanique au masque.
dystrophine aux éléments extracellulaires, les sarco- Dans la dystrophie musculaire de Duchenne et dans
glycanes transmembranaires (voir : Pour approfondir). celle de Becker, les enzymes musculaires, en particulier
les créatines phosphokinases, sont très élevées (10 à
100 fois la normale). Cette élévation apparaît avant le
Étiologie début des signes cliniques et n’est pas corrélée à la
gravité de la maladie. En fin d’évolution, les taux de
Dystrophies musculaires (tableau I) créatines phosphokinases diminuent.
• Dystrophinopathies : dystrophie musculaire de La dystrophie musculaire de Duchenne se caractérise
Duchenne (DMD) et dystrophie de Becker : la dystro- par l’absence de dystrophine, qui est anormale ou en
phie musculaire de Duchenne est la plus fréquente et la quantité réduite dans la dystrophie musculaire de
plus sévère des dystrophies musculaires liées au chro- Becker. Le diagnostic est obtenu par la biopsie médul-
mosome X. Le mode de transmission explique que seuls laire, dont l’étude immunocytochimique, avec des anti-
les enfants de sexe masculin sont atteints, cependant les corps monoclonaux dirigés contre la dystrophine,
femmes qui transmettent le gène peuvent développer un montre l’absence de marquage dans la dystrophie
syndrome myogène d’expression modérée. musculaire de Duchenne, ou une diminution du marquage
La dystrophie musculaire de Duchenne se manifeste dans celle de Becker. Un aspect en mosaïque, avec des
vers l’âge de 3 ans, mais la marche a souvent été acqui- fibres positives et des fibres négatives apparaît chez les
se avec un peu de retard, vers 15 à 18 mois. Une diffi- femmes porteuses. Le diagnostic génétique repose sur la
culté pour courir, sauter, monter les escaliers apparaît, mise en évidence d’une délétion du gène de la dystro-
puis une hyperlordose lombaire et une rétraction des phine, par amplification génique.

TABLEAU I
Dystrophies musculaires

Dénomination Protéine anormale Transmission

Dystrophie de Duchenne dystrophine (Xq21) récessif lié à X


et dystrophie de Becker
Dystrophie d’Emery-Dreifuss émerine récessif lié à X
Dystrophie facio-scapulo-humérale ? AD chr 4
Dystrophie des ceintures ? AR/AD chr 2,5, 15
Dystrophies sévères de l’enfant sarcoglycanes AR chr 4, 13, 17
Myopathie oculo-pharyngée ? AD chr 14
Myopathies distales ? AD/AR localisation ?
Myopathies congénitales mérosine AR chr 6 ou 9

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SYNDROME MYOGÈNE

En l’absence de thérapeutique, et sur la base de l’histoire transmission est autosomique, dominant ou récessif.
familiale et de l’étude de la délétion génique, il est La forme de Miyoshi s’observe chez l’adulte jeune
possible de détecter les femmes porteuses afin de leur et s’accompagne d’une augmentation importante des
apporter un conseil génétique et faire un diagnostic créatines phosphokinases.
prénatal. Lorsque la délétion est mise en évidence sur • Maladie de Steinert ou dystrophie myotonique :
la biopsie trophoblastique du fœtus, l’avortement théra- Cette affection de transmission autosomique dominante
peutique est proposé. a une expressivité variable. Un phénomène d’anticipa-
• Dystrophie d’Emery-Dreifuss : dystrophie musculaire tion rend compte de la gravité croissante de la sympto-
liée au chromosome X, elle se caractérise par 3 signes matologie dans les générations successives. L’anomalie
cardinaux : rétractions musculaires précoces, déficit génétique est une amplification anormale d’une séquence
moteur et amyotrophie de topographie huméro-péronière, trinucléotidique sur le bras long du chromosome 19,
troubles de la conduction cardiaque. Le handicap fonc- produisant la myotonine protéine kinase. La symptoma-
tionnel est modéré jusqu’à la cinquantaine, mais le tologie est dominée par une amyotrophie prédominant à
risque de mort subite par bloc auriculo-ventriculaire doit l’extrémité céphalique responsable d’un faciès très
être évalué et prévenu par la pose d’un pacemaker. particulier : ptosis, visage inexpressif et allongé du fait
L’étude génétique met en évidence un gène patholo- de l’atrophie des muscles masticateurs. La voix est
gique responsable de la synthèse d’une protéine, l’émé- nasonnée. Il existe souvent une calvitie. La myotonie se
rine, dont le rôle pathogène n’est pas encore connu. manifeste par une lenteur à la décontraction après un
• Myopathie facio-scapulo-humérale ou myopathie de mouvement volontaire ou après percussion d’un muscle,
Landouzy-Dejerine : de transmission autosomique par exemple l’ouverture de la main après une poignée de
dominante à pénétrance complète, de nombreuses main est lente. La myotonie a une traduction électro-
formes frustes ne sont pas diagnostiquées. L’anomalie myographique spécifique : les averses myotoniques.
génétique qui est une délétion d’un gène siégeant sur le L’atteinte systémique associe une cataracte bilatérale,
chromosome 4, en position 4q35 permet le diagnostic des troubles du rythme et de la conduction cardiaque, et
par biologie moléculaire sur un prélèvement sanguin. des anomalies hormonales.
Elle se manifeste par une atteinte musculaire de topo-
graphie très particulière, volontiers asymétrique : inex- Myopathies congénitales
pressivité faciale, déficit de la ceinture scapulaire avec
décollement des omoplates, atrophie des muscles des Longtemps confondues avec les amyotrophies spinales
bras alors que les muscles des avant-bras sont respectés. type Werdnig-Hoffmann, il est important de les distin-
Diverses formes cliniques ont été identifiées en fonction guer, car le pronostic de certaines formes est bien
de la topographie du déficit. L’atteinte péronière peut meilleur. Elles comportent le plus souvent une hypoto-
être responsable d’un steppage. nie, un déficit modéré et un syndrome dysmorphique :
• Dystrophies musculaires des ceintures : de transmis- thorax en entonnoir, faciès allongé, palais ogival.
sion autosomique récessive, elles constituent un groupe Certaines sont caractérisées par des anomalies morpho-
hétérogène, correspondant à des anomalies génétiques logiques intracellulaires, qui les définissent et leur
diverses. La forme la plus fréquente survient chez ont donné leur nom : myopathie à « centralcore », à
l’adolescent ou l’adulte jeune. Elles furent initialement bâtonnets, à « multicores »…
individualisées dans des pays à fort taux de consan-
guinité. Ce groupe comporte aussi des myopathies plus Myopathies métaboliques
graves atteignant l’enfant, initialement observées en
Tunisie, dénommées SCARMD (severe childhood auto- • Glycogénoses musculaires : ces maladies de surcharge
somic recessive muscular dystrophy). Elles sont liées à sont secondaires à un déficit congénital d’une des
une anomalie d’une des unités des sarcoglycanes : enzymes du métabolisme du glycogène. Elles sont habi-
α, β, δ, γ, mais aussi à d’autres protéines identifiées très tuellement de transmission autosomique récessive. Une
récemment (calpaïne 3, dysferline). atteinte multiviscérale est fréquente, affectant le myo-
• Myopathies oculo-pharyngées : d’hérédité autoso- carde, le foie (hépatomégalie, cirrhose), parfois le système
mique dominante, elles surviennent toujours après nerveux central. La maladie de Mac Ardle se traduit par
50 ans, le plus souvent entre 60 et 80 ans. Elles associent une intolérance musculaire à l’effort et parfois une myo-
un ptosis bilatéral, parfois asymétrique et une dysphagie. globinurie d’effort. La biopsie médullaire apporte le
Le ptosis peut conduire à une occlusion palpébrale diagnostic en montrant une accumulation de vacuoles
complète. Elles peuvent être confondues avec une myas- riches en glycogène, marquées par la coloration PAS (perio-
thénie, mais le déficit permanent, l’absence de réponse dic acid schiff). L’analyse biochimique du muscle permet
aux anticholinestérasiques et la biopsie musculaire per- d’identifier le déficit enzymatique qui les caractérise.
mettent de rectifier le diagnostic. L’anomalie génique se • Myopathies mitochondriales. Les mitochondries
situe sur le chromosome 14. fournissent l’énergie aux cellules en fabriquant de l’adé-
• Myopathies distales : elles affectent initialement les nosine triphosphate (ATP) par le cycle de Krebs. Elles
muscles de la jambe. L’âge de début est variable. sont donc très abondantes dans les tissus consommant
Certaines sont proches des myopathies à inclusion, du beaucoup d’énergie, comme les muscles. La synthèse
fait de la constatation de vacuoles bordées. Le mode de protéique mitochondriale dépend à la fois de l’ADN

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Neurologie

TABLEAU II chondrial myopathy encephalopathy lactic acidosis and


stroke like episodes) est une vasculopathie cérébrale
Glycogénoses et déficits mitochondriale, débutant dans l’enfance par un retard de
enzymatiques associés croissance, des crises convulsives, des céphalées vascu-
laires, puis vers l’âge de 40 ans apparaissent des acci-
dents vasculaires ischémiques à répétition. Le déficit
Glycogénose Enzyme déficiente
porte sur le complexe I de la chaîne respiratoire.
Le diagnostic de ces mitochondriopathies repose sur
❑ Type II α-glycosidase acide l’association d’une acidose lactique surtout à l’effort,
dont maladie de Pompe d’un taux diminué des complexes de la chaîne respira-
❑ Type III ou maladie 1,6 glucosidase toire dans le muscle et sur la mise en évidence de l’alté-
de Forbe
ration de l’acide désoxyribonucléique mitochondrial ou
❑ Type IV ou maladie enzyme ramifiante nucléaire. Ces techniques n’ont pas encore une grande
d’Andersen (synthèse glycogène)
diffusion. Sur le plan clinique, une association sympto-
❑ Type V ou maladie phosporylase musculaire
de Mac Ardle matique multiviscérale doit inciter à évoquer le diagnos-
tic de pathologie mitochondriale devant l’association
❑ Type VII ou maladie phosphofructokinase
de Tarui d’une encéphalopathie, avec surdité acquise, et atteinte
❑ Type VIII phosphorylase kinase musculaire ou neurogène périphérique.
• Hyperthermie maligne : la rigidité musculaire induite
❑ Type IX phosphoglycérate kinase
par les anesthésiques provoque une contracture généralisée,
❑ Type X phosphoglycérate mutase
une rhabdomyolyse avec hyperthermie pouvant dépasser
❑ Type XI lactate deshydrogénase 41 ˚C, et souvent mortelle. Elle est produite par une
anomalie des canaux calciques musculaires. Plusieurs
événements métaboliques se succèdent : production
d’énergie excessive, d’où acidose, puis rigidité musculaire.
nucléaire, mais aussi de l’ADN mitochondrial intracyto-
Cette affection est génétique (anomalie du gène codant
plasmique (transmis uniquement par la mère). Les mala-
pour le récepteur ryanodine, sur le chromosome 19).
dies mitochondriales se divisent donc en 2 groupes :
Elle s’associe souvent à la myopathie à « centralcore ».
celles liées à une altération de l’acide désoxyribonu-
cléique (DNA) nucléaire et celles liées à une délétion ou
une mutation de l’acide désoxyribonucléique mitochon- Myosites inflammatoires
drial. Les déficits en complexes I, II, III, IV ou V de la • Dermatomyosites : elles sont la conséquence d’un
chaîne respiratoire, d’origine nucléaire, sont respon- processus dysimmunitaire responsable d’une vascularite
sables d’une encéphalomyopathie de gravité variable, en distale avec dépôts de complexes immuns circulants sur
fonction de l’intensité du déficit enzymatique. Le déficit l’endothélium des capillaires, qui se thrombosent et se
en carnitine ou carnitine-palmityl-transférase produit nécrosent, provoquant une ischémie musculaire. Dans
une insuffisance de transport des acides gras à longue 25 % des cas, elles sont associées à un cancer qu’il fau-
chaîne vers les mitochondries. Le déficit en carnitine est dra systématiquement rechercher dans le cadre d’un
important à reconnaître car l’apport de L-carnitine per- syndrome paranéoplasique.
met de corriger l’atteinte musculaire. Les altérations de Les dermatomyosites sont des affections aiguës dont les
l’ADN mitochondrial sont responsables de syndromes lésions cutanées caractéristiques sont un œdème et un
cliniques plus spécifiques, décrits depuis une vingtaine érythème prédominant sur les zones découvertes : visa-
d’années. L’expression clinique est très diverse, en fonc- ge, décolleté. L’atteinte musculaire, d’intensité variable,
tion du complexe (de la chaîne respiratoire) prédomine aux ceintures. Des myalgies sont fréquentes,
déficitaire. Les myopathies oculaires, responsables de même que des arthralgies, une altération de l’état
d’une ophtalmoplégie progressive avec ptosis sont sou- général et un syndrome inflammatoire biologique. Les
vent liées à un déficit de la cytochrome oxydase (com- localisations systémiques peuvent être myocardiques
plexe IV ou Cox). La biopsie médullaire met en éviden- (voire péricardiques), gastro-intestinales, rénales, et pul-
ce des fibres musculaires anormales : fibres rouges monaires. En l’absence de traitement immunosuppres-
déchiquetées (ragged red fibers, RRF) par la coloration seur, l’affection est mortelle dans 70 % des cas. La cor-
du trichrome de Gomori et des fibres Cox-négatives. Le ticothérapie permet d’obtenir souvent une guérison mais
syndrome de Kearns et Sayre associe une ophtalmoplé- des rechutes sont fréquentes. D’autres traitements
gie progressive, une rétinite pigmentaire, un syndrome immunosuppresseurs peuvent être nécessaires.
cérébelleux, une surdité et une détérioration intellectuel- • Polymyosites : elles se distinguent des dermatomyo-
le progressive. La biopsie médullaire montre aussi des sites par leur physiopathologie, et par l’association,
RRF. Le syndrome MERRF (myoclonus epilepsy asso- beaucoup plus rare, à un cancer, mais fréquente (20 %) à
ciated with ragged red fibers) comporte un tremble- une autre pathologie auto-immune (lupus, myasthénie,
ment, une spasticité, une neuropathie périphérique et sclérodermie). Elles résultent d’une dysimmunité cellu-
une démence. La biopsie médullaire montre des RRF et laire dirigée contre les cellules musculaires, respon-
des fibres Cox-négatives. Le syndrome MELAS (mito- sables de phénomènes de nécrose et de régénération, et

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SYNDROME MYOGÈNE

sont habituellement sensibles à la corticothérapie. l’héroïne. Cette liste n’est pas exhaustive. Les corti-
Certaines ont une étiologie spécifique : sarcoïdose (sou- coïdes (fluorés surtout) provoquent des myopathies
vent en association avec une atteinte du système ner- chroniques. Une ascension des créatines phosphoki-
veux central ou périphérique), ou syndrome hyperéosi- nases et des douleurs musculaires sous hypolipémiants
nophilique, affection hématologique grave. constituent une des myopathies médicamenteuses les
• Myosites à inclusions : survenant plus souvent après plus fréquentes. ■
50 ans, plus fréquente chez l’homme, elle comporte un
déficit et une amyotrophie distale, orientant à tort vers POUR APPROFONDIR
un processus neurogène, progressant vers les ceintures,
affectant surtout les muscles de la face antérieure des Organisation des protéines contractuelles et des
membres, parfois le sterno-cléido-mastoïdien. Elles protéines membranaires de la cellule musculaire
comportent des lésions morphologiques à type de
vacuoles bordées en microscopie optique et des inclu- Représentation schématique du complexe multiprotéique reliant à tra-
sions filamenteuses caractéristiques en microscopie élec- vers le sarcolemme les protéines contractiles intracytoplasmiques liées
tronique. Les lésions inflammatoires sont inconstantes. à l’actine et la matrice extracellulaire de la lame basale. Ce complexe
comporte : la dystrophine, les différentes unités constituant les sarcogly-
canes (dont l’adhaline), les dystroglycanes α et β et la mérosine (d’après
Myosites infectieuses Desnuelle et coll., 1996.

Les plus fréquentes sont les myosites parasitaires.


• La trichinose, dont le parasite adulte infeste le tube POUR EN SAVOIR PLUS
digestif, pond des larves qui, par dissémination lympha-
tique, produisent un syndrome inflammatoire sévère, Desnuelle C, Butori C, Paquis V. Autres dystrophies muscu-
avec myalgies, et atteinte du système nerveux central. laires. Encycl Med Chir Neurologie. Paris : Elsevier 1996 ; 17-
179-A-30.
• La cysticercose, première cause d’épilepsie dans le
Leroy-Willig A, Carlier P, Morvan D, Duboc D, Fardeau M.
monde du fait de sa grande fréquence dans les pays L’imagerie fonctionnelle du muscle humain. Rev Neurol 1998 ;
tropicaux (sauf dans les Antilles françaises), est liée à 154 : 379-88.
l’ingestion de larves de tænia solium. Le diagnostic Pelissier JF, Figarella-Branger D, Coquet M. Biopsie mpusculaire.
repose sur la mise en évidence des larves calcifiées Encyclopédie médico-chirurgicale. Neurologie. Paris : Éditions
ayant un aspect en grains de riz, sur les radiographies de Techniques, 1995 ; 17030 G10.
parties molles (mollets, bras). La migration et l’enkyste- Serratrice G, Desnuelle C. Les encéphalomyopathies mitochon-
ment des larves dans le parenchyme cérébral se manifes- driales. Presse Med 1990 ; 19 : 645-7.
tent par une encéphalite qui peut guérir spontanément, Serratrice G, Pelissier JF, Desnuelle C, Pouget J. Myopathies
mais les larves calcifiées sont responsables d’une épi- mitochondriales et myopathies oculaires. Rev Neurol 1991 ;
147 : 474-5.
lepsie séquellaire.
• D’autres parasitoses peuvent produire une myosite Serratrice G, Pellissier JF, Pouget J. Les maladies neuromuscu-
plus ou moins symptomatique : toxoplasmose, échino-
coccose, trypanosomiase, toxocarose…
• L’infection par le virus de l’immunodéficience Points Forts à comprendre
humaine (VIH) peut engendrer une myosite, parfois
favorisée par les traitements antiviraux. • Un syndrome myogène est commun
• Le myxovirus, le virus coxsackie (et bien d’autres à des affections diverses classées en 4 groupes :
virus) peuvent être à l’origine de myosites, avec prépon- – 1 : dystrophies musculaires liées à une mutation
dérance des myalgies. du gène codant les protéines des cellules
musculaires ;
Myopathies endocriniennes et toxiques – 2 : maladies musculaires métaboliques :
glycogénoses et itochondriales ;
L’hyperthyroïdie peut induire une myopathie des cein- – 3 : myosites ;
tures chronique, et une myopathie oculaire basedowienne – 4 : myopathies endocriniennes et toxiques.
ou exophtalmie maligne. Une myopathie est classique Le pronostic et les traitements de ces affections
au cours de l’hypothyroïdie avec des taux élevés de dépendent donc de l’étiologie.
créatines phosphokinases. Une myopathie peut compli- • Une élévation des créatines phosphokinases,
quer une hyperparathyroïdie, une acromégalie, un syn- des anomalies à l’électromyogramme
drome de Cushing ou une maladie d’Addison. Il est caractéristiques contribuent au diagnostic de
important de détecter l’endocrinopathie, car ces myopa- syndrome myogène.
thies sont curables. Les myopathies toxiques peuvent • Des affections neurogènes : polyradiculo-
être dues à : une intoxication alcoolique massive (par- névrites, maladies du motoneurone peuvent
fois avec une rhabdomyolyse), la D-pénicillamine, mimer un syndrome myogène, de même
l’AZT (azidothymidine), l’amphotéricine B, le disulfirame, que la myasthénie.
les psychotropes, la méthadone, les amphétamines et

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