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Santé publique

B 398

Protection sociale
Principaux risques sociaux pris en charge par la Sécurité sociale, mécanismes
de financement des dépenses de santé
PR Claudine BLUM-BOISGARD1, DR Gilbert SERRUYS2
1. Santé publique, hôpital Necker, Paris, médecin-conseil national, CANAM, 93521 Saint-Denis Cedex.
2. Médecin-conseil national adjoint, CANAM, 93521 Saint-Denis Cedex.

Points Forts à comprendre si le risque d’accident du travail est couvert en 1898, il


faut attendre la loi du 30 avril 1930 pour que la
sécurité sociale s’étende à d’autres risques.
• La protection sociale a pour objectif Le caractère néanmoins parcellaire des assurances
de pallier dans toute la mesure du possible sociales alors existantes a été mis en évidence par le rapport
les conséquences des risques sociaux qui sont Beveridge, présenté à la Chambre des Communes en
susceptibles de frapper chacun d’entre nous.
1942. Il alimentera la réflexion dans tous les pays
• La Sécurité sociale est le principal, mais non
d’Europe et favorisera l’extension des systèmes de
l’unique, dispositif de protection sociale :
protection sociale dans de nombreux pays, dont la
elle couvre en France la quasi-totalité
France qui crée, par l’ordonnance du 4 octobre 1945, le
des risques sociaux, à l’exclusion notable
du chômage et de la dépendance. régime général de Sécurité sociale, qui se substitue à la
Partie intégrante de la protection sociale, kyrielle d’organismes de toutes origines (professionnelle,
elle n’en est donc pas le synonyme. syndicale, religieuse…) qui avait vu le jour dans les
• La protection sociale fait appel années 1930.
à des mécanismes d’assistance et d’assurance.
• L’assistance se définit par une aide apportée Protection sociale et sécurité sociale
sans la contrepartie d’une cotisation. 1. Définitions respectives
• Le principe d’assurance qui régit la Sécurité
sociale et les mutuelles est la solidarité : La Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée
il implique la contribution financière le 10 décembre 1948 par l’Assemblée générale des
de la personne protégée à sa propre protection Nations unies pose les fondements de la protection
comme à celle des autres, indépendamment sociale moderne. Elle dispose en effet que « toute
de l’importance des risques qu’elle encourt personne, en tant que membre de la société, a droit à la
personnellement. sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de
veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte
de moyens de subsistance par suite de circonstances
indépendantes de sa volonté ».
Le cadre ainsi défini est plus large que celui de la Sécurité
Principaux risques sociaux sociale au sens de la convention 102 de l’Organisation
pris en charge par la Sécurité sociale internationale du travail (OIT), qui envisage 9 branches
en son sein :
Origines de la Sécurité sociale – 2 pour la maladie (soins et indemnités compensatrices
de la perte de revenu) ;
Le terme de sécurité sociale est apparu pour la première – la maternité ;
fois dans un décret du 31 octobre 1918, en URSS. Mais – l’accident du travail et la maladie professionnelle ;
la première forme d’assurances sociales se substituant à – l’invalidité ;
l’assistance de l’État aux nécessiteux d’une part, aux – la vieillesse ;
sociétés mutualistes corporatistes puis syndicales – le décès ;
d’autre part, a été créée en Prusse en 1810 pour couvrir – les charges familiales ;
le risque maladie. Bismark en généralise le principe aux – le chômage.
accidents du travail, à l’invalidité et à la vieillesse à Tous les « autres cas » de perte de moyens de subsistance
partir de 1881. L’Autriche se rallie au système prussien n’y sont en effet pas inclus, notamment celui de toutes
en 1887, la Norvège en 1894, la Russie en 1912, la les personnes qui, pour des raisons personnelles, n’ont
Suède en 1913, avec une législation un peu plus plus aucun revenu.
restrictive. En 1911, la Grande-Bretagne garantit le Les différences ne s’arrêtent pas là. Certains pays ont
risque de chômage pour la première fois dans le monde, inclus dans leur législation sur la sécurité sociale
en même temps que la maladie et l’invalidité. En France, d’autres risques que les risques sociaux, comme la guerre

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et les cataclysmes naturels. D’autres ont au contraire décès, et en complément des collectivités locales pour
choisi d’exclure un ou plusieurs risques sociaux du le risque dépendance. Ils se répartissent en 2 groupes
cadre légal de la Sécurité sociale. C’est le cas de la distincts : ceux qui se fondent sur le principe de solidarité
France, pour laquelle le chômage relève certes de la (mutuelles) et ceux qui individualisent le risque encouru
protection sociale, mais non de la sécurité sociale. Il en (assureurs privés et institutions de prévoyance).
va de même de la dépendance, risque tardivement
identifié puisque résultant de l’évolution sociale et Risques sociaux couverts en France
démographique de la seconde moitié du XXe siècle. par la Sécurité sociale
Deux notions sont donc très importantes : sécurité sociale
et protection sociale ne sont pas synonymes et ces On les regroupe habituellement en 3 grands ensembles :
2 domaines ont, d’un pays à l’autre, un contenu différent. la maladie, la vieillesse et la famille. À chacun de ces
C’est ce qui explique la prudence avec laquelle on doit ensembles correspond, depuis les ordonnances de 1967,
accueillir les comparaisons internationales, notamment une caisse nationale coiffant des organismes décentralisés
en termes de dépenses, que ce soit en valeur absolue ou spécifiques : Caisse nationale d’assurance maladie
en valeur relative (fraction du produit intérieur brut des travailleurs salariés (CNAMTS), Caisse nationale
consacrée à celles-ci). d’assurance vieillesse des travailleurs salariés (CNAVTS)
et Caisse nationale des allocations familiales (CNAF).
2. Sécurité sociale dans son contexte
sociologique 1. Assurance maladie
Dans le champ de la protection sociale interviennent Elle regroupe les 2 formes du risque de maladie définies
d’une part la Sécurité sociale, constituée d’organismes par l’OIT (remboursement des soins et indemnités jour-
auprès desquels l’affiliation est obligatoire et auxquels nalières), la maternité, l’invalidité, le décès et le risque
est confiée une mission de service public et, d’autre part, accident du travail-maladie professionnelle. Dans le
des assurances complémentaires : mutuelles, cadre de ce dernier risque, dont la couverture est parti-
assurances privées et institutions de prévoyance. culièrement avantageuse pour l’assuré, la définition
Interviennent également, dans des créneaux particuliers, d’un accident du travail est large : le critère de soudaineté
l’État et les collectivités locales. d’une manifestation pathologique sur les lieux du travail
• Les organismes d’assurance obligatoire sont structurés ou du trajet est le plus souvent suffisant. Par contre, les
en régimes, dont les 3 principaux sont le régime général maladies professionnelles ne sont indemnisables en tant
(ainsi dénommé en 1945 parce qu’on le destinait à que telles que si elles sont inscrites dans des tableaux
l’origine à couvrir l’ensemble de la population) qui faisant l’objet d’un décret et précisant la symptomatologie
protège les travailleurs salariés, la mutualité sociale exigible, la liste des travaux que le malade doit avoir
agricole, qui couvre les exploitants et salariés agricoles, effectués et le temps minimal pendant lequel il doit
et le régime des professions indépendantes (travailleurs y avoir été employé. Si l’ensemble de ces critères n’est
non salariés des professions non agricoles). pas réuni, la prise en charge s’effectue dans les conditions
Chaque régime a sa propre réglementation, les points de de l’assurance maladie ordinaire.
concordance étant plus nombreux que les spécificités
dans les 3 grands régimes et la Sécurité sociale militaire. 2. Assurance vieillesse
Il n’en va pas de même pour les plus petits, souvent Elle apporte à l’assuré retraité un revenu de substitution
beaucoup plus favorables à leurs adhérents : régime des sous la forme d’une pension. Elle est complétée par une
mines, de la SNCF, de la RATP, des clercs de notaire, de assurance veuvage qui permet au conjoint survivant de
la Banque de France, etc. Il en résulte un traitement très percevoir une partie de la pension du défunt (on parle
inégalitaire entre les personnes protégées. Pour un alors de risque survie). Des allocations non liées au
même risque, certaines d’entre elles sont intégralement travail antérieur sont également versées aux personnes
remboursées des frais auxquels elles ont été exposées, âgées sans ressources.
d’autre non, selon le régime duquel elles relèvent. Dans la
suite de l’exposé, on ne traitera que de la réglementation 3. Notion de « risque famille »
du régime général, qui protège 85 % de la population. Elle ne se comprend qu’en gardant à l’esprit les
Quel que soit le régime d’affiliation des assurés, le béné- conséquences de la révolution sociale induite par les lois
fice de la Sécurité sociale était subordonné, jusqu’à la de 1881 rendant la scolarité obligatoire. Alors qu’aupa-
loi du 27 juillet 1999 instituant la couverture maladie ravant un enfant apportait rapidement des bras et un
universelle, sur laquelle on reviendra plus loin, à revenu à sa famille, l’école a ajouté une charge à assumer
l’existence d’une activité professionnelle présente ou à la perte d’un revenu potentiel. Il a pourtant fallu
passée, s’agissant des retraités. Celle-ci n’est plus attendre la loi du 11 mars 1932 pour que les allocations
indispensable aujourd’hui, même si cette disposition familiales soient instituées en France, auxquelles
reste la règle générale. d’autres ont été adjointes au cours des dernières décennies :
• Les organismes d’assurance complémentaire inter- allocations de salaire unique, de naissance, de frais de
viennent, pour leurs assurés, en complément de la garde, de rentrée, de logement, allocation parentale, de
Sécurité sociale pour les risques maladie, vieillesse, parent isolé, allocations aux handicapés.

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Modalités de prise en charge • Les prestations en nature sont celles qui sont servies
par la Sécurité sociale pour rembourser les frais qu’un assuré a engagés pour se
soigner ou faire soigner ses ayants droit. Ces frais sont
Elles sont fort complexes. On se limitera donc ici à en
relatifs à des services (honoraires, hébergement en
exposer les grands principes.
établissement, transports…) ou à des biens médicaux
(médicaments, prothèses, optique…). Ils ont été réglés
Prestations de l’assurance maladie directement par l’assuré ou l’ont été par l’assurance
maladie pour son compte : on parle alors de tiers payant.
L’assurance maladie sert des prestations en espèces et La dotation globale versée par l’assurance maladie aux
des prestations en nature. établissements publics de santé peut être considérée
• Les prestations en espèces visent à compenser les comme une forme particulière, non individualisée, de
pertes de salaire liées à une maladie, un accident, une tiers payant : la Sécurité sociale finance ainsi par avance
maternité. Elles ne sont donc servies qu’à l’assuré lui- le traitement dans les hôpitaux d’un certain nombre de
même. Elles prennent d’abord la forme d’indemnités ses bénéficiaires sans les identifier a priori.
journalières en cas d’incapacité temporaire de travail. En France et en règle générale, le remboursement des
Leur montant est plafonné : elles ne dépendent du salaire prestations en nature n’est que partiel. Il laisse à la charge
de l’assuré avant son arrêt de travail que dans une certaine de l’assuré (ou de son assurance complémentaire) une
limite, qui varie chaque année. Elles ne sont versées participation appelée « ticket modérateur », compris à
qu’après un délai de carence de 3 jours et sont subor- l’origine (loi du 30 avril 1930) entre 15 et 20 %, dont
données à une prescription médicale. Ces 2 conditions seuls les pensionnés militaires étaient exonérés. Il était
ne s’appliquent pas en cas de maternité : ainsi, pour une assorti, jusqu’en 1935, d’une limitation journalière des
1re ou 2e grossesse non gémellaire et non compliquée et frais médicaux et pharmaceutiques.
sous réserve que la mère ait subi les examens prévus par À partir du moment où les déficits de l’assurance maladie
la réglementation, elles sont versées de la 6e semaine se sont creusés, ce dispositif initial a évolué dans
avant l’accouchement à la 10e semaine après celui-ci, 3 directions :
indépendamment de tout avis médical. – une augmentation progressive du ticket modérateur ;
En règle générale, en cas d’incapacité permanente – un élargissement de ses conditions d’exonération ;
réduisant la capacité de travail et de gain de l’assuré, la – un blocage des tarifs de responsabilité des caisses
rente d’invalidité est servie après les indemnités journa- pour certaines prestations, c’est-à-dire du tarif sur
lières, au bout de 3 ans de longue maladie ou dès le lequel elles calculent le montant du remboursement à
moment où aucune amélioration de la blessure ou de la
verser à l’assuré.
maladie par un traitement actif ne peut plus être attendue.
Le tableau I précise le ticket modérateur (TM) que doit
Elle est révisable, susceptible d’être suspendue ou aug-
réglementairement appliquer l’assurance maladie obli-
mentée en fonction de l’état du malade. Son montant
gatoire au tarif de responsabilité des caisses (fixé par
dépend de la catégorie d’invalidité reconnue par le
médecin conseil de la caisse d’assurance maladie : la 1re arrêté) en fonction des prestations délivrées. Il indique
concerne les invalides pouvant encore exercer une certaine aussi l’ordre de grandeur du pourcentage de chaque type
activité professionnelle, la 2e ceux qui n’en sont plus de prestations qui est effectivement soumis au ticket
capables, la 3e ceux qui ont besoin de l’aide d’une tierce modérateur après application de la réglementation en
personne pour effectuer les actes ordinaires de la vie. matière d’exonération.
Le décès de l’assuré peut donner lieu au versement d’un L’exonération du ticket modérateur résulte soit de la
capital à la famille proche. Cette prestation est toutefois maladie en cause, soit de la nature ou du coût des actes
soumise à des conditions de ressources. pratiqués ou traitements prescrits, soit de la situation du
Pour le risque accident du travail-maladie professionnelle, bénéficiaire.
les indemnités journalières dépendent du salaire de base Dans le 1er cas, il s’agit soit de l’une des affections com-
de l’intéressé, et il n’y a pas de délai de carence. Si la portant un traitement prolongé et une thérapeutique par-
caisse d’assurance maladie admet la consolidation de la ticulièrement coûteuse, dont la liste (tableau II) est
blessure ou de la maladie, c’est-à-dire l’existence de publiée par décret, dite liste des 30 maladies (en fait, il y
séquelles, une rente est versée après détermination de en a beaucoup plus, réparties en 30 alinéas) ; soit d’une
l’incapacité permanente partielle (IPP) résiduelle, selon affection hors liste mais dont le traitement est prolongé
un barème fixé par décret. La rente est une réparation et la thérapeutique coûteuse, dite 31e maladie ; soit d’af-
personnelle, elle n’est pas subordonnée à une réduction fections multiples entraînant un état invalidant ; soit
de la capacité à exercer le métier de la victime. Elle est d’actes diagnostiques et de traitements justifiés par une
majorée si l’aide d’une tierce personne est nécessaire. stérilité ; soit d’un accident du travail ou d’une maladie
Par contre, lorsque l’IPP est modeste, elle est remplacée professionnelle.
par le versement d’un capital. En cas de décès imputable Dans le 2e cas, il s’agit : d’actes relativement lourds,
à l’accident, le conjoint survivant, les enfants et donc onéreux, puisque cotés, dans la nomenclature
ascendants antérieurement à la charge de l’assuré générale des actes professionnels, en K, KC, KE, KCC
bénéficient d’une rente qui peut atteindre 85 % du ou Z avec un coefficient supérieur à 50 (les honoraires
salaire de base de la victime. conventionnels, base du remboursement, sont déterminés

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PROTECTION SOCIALE

TABLEAU I
Ticket modérateur dans la limite des tarifs opposables (régime général)

Prestations soumises
Nature des prestations Ticket modérateur (%)
au ticket modérateur (%)

Honoraires des praticiens Consultations : . . . . . . . . . . . 80


❑ hors hospitalisation 30 Visites : . . . . . . . . . . . . . . . . 50
❑ au cours d’une hospitalisation 20 Radiologie : . . . . . . . . . . . . . 50
Actes en K-KC-KCC : . . . . . 30
Honoraires des auxiliaires médicaux 30 pour les actes infirmiers
❑ hors hospitalisation 40
❑ au cours d’une hospitalisation 20
Frais de laboratoire 50
❑ hors hospitalisation 40
❑ au cours d’une hospitalisation 20
Pharmacie 0 ou 35 ou 65 55
Frais d’hospitalisation 20 0
Autres frais 35

TABLEAU II
Liste des affections mentionnées par l’article D. 322-1 du code de la Sécurité sociale

❑ Accident vasculaire cérébral invalidant ❑ Maladie de Parkinson


❑ Aplasie médullaire ❑ Maladies métaboliques héréditaires nécessitant
❑ Artériopathie chronique et évolutive (y compris coronarite) un traitement prolongé spécialisé
avec manifestations cliniques ischémiques ❑ Mucoviscidose
❑ Bilharziose compliquée ❑ Néphropathie chronique grave et syndrome néphrotique
❑ Cardiopathie congénitale mal tolérée, insuffisance pur primitif
cardiaque grave et valvulopathie grave ❑ Paraplégie
❑ Maladies chroniques actives du foie et cirrhoses ❑ Périartérite noueuse, lupus érythémateux aigu disséminé,
❑ Déficit immunitaire primitif grave nécessitant sclérodermie généralisée évolutive
un traitement prolongé, infection par le virus ❑ Polyarthrite rhumatoïde évolutive grave
de l'immunodéficience humaine ❑ Psychose, trouble grave de la personnalité, arriération
❑ Diabète insulinodépendant ou non insulinodépendant mentale
ne pouvant pas être équilibré par le seul régime ❑ Rectocolite hémorragique et maladie de Crohn évolutives
❑ Forme grave d’une affection neuromusculaire ❑ Sclérose en plaques invalidante
(dont myopathie), épilepsie grave ❑ Scoliose structurale évolutive (dont l’angle est égal
❑ Hémoglobinopathie homozygote ou supérieur à 25 °) jusqu’à maturation rachidienne
❑ Hémophilie ❑ Spondylarthrite ankylosante grave
❑ Hypertension artérielle sévère ❑ Suites de transplantation d’organe
❑ Infarctus du myocarde datant de moins de 6 mois ❑ Tuberculose active
❑ Insuffisance respiratoire chronique grave ❑ Tumeur maligne, affection maligne du tissu lymphatique
❑ Lèpre ou hématopoïétique

par la valeur de la lettre clé multipliée par le coefficient culièrement (la mère et le nouveau-né par exemple),
affecté à chaque acte) ; des produits d’origine humaine l’accroissement de la participation de l’assuré aux
(sang, lit…) ; des hospitalisations de plus de 30 jours. dépenses qu’il engageait. Cette compensation a été
Dans le 3e cas, il s’agit des femmes enceintes de 5 mois totalement inopérante dans le cas du blocage des tarifs
ou plus ; des nouveau-nés hospitalisés avant le 30e jour ; « de responsabilité » des caisses, sur lequel est calculé le
des handicapés ; des invalides, des blessés de guerre, des montant du remboursement, à des niveaux parfois
personnes présentant, après accident du travail ou mala- extrêmement bas (optique, prothèses dentaires, audio-
die professionnelle, une incapacité permanente partielle prothèses), organisant ainsi un transfert de charge
supérieure ou égale à 66 %. presque total de l’assurance maladie vers les assurances
D’une manière générale, les élargissements successifs complémentaires ou, à défaut, vers les ménages. Le
des conditions d’exonération du ticket modérateur dispositif ainsi réalisé était particulièrement inique, les
contrebalançaient dans une certaine mesure, pour certains plus démunis n’ayant pas les moyens de souscrire ces
malades graves ou pour des personnes à protéger parti- dernières. La loi du 27 juillet 1999 en tire les consé-

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Santé publique

quences. Elle institue une couverture maladie dite uni- périmètre des risques maladie, maternité, invalidité,
verselle (CMU) parce que ouverte aux non-cotisants, décès et vieillesse accepté par ces organismes en fonc-
donc à des gens sans ressources notables et qui ne tion de la réglementation ou d’une contractualisation
travaillent pas, à qui elle donne gratuitement accès, (contrats de groupe ou individuels des mutuelles ou
non seulement à l’assurance maladie obligatoire de la compagnies d’assurances).
Sécurité sociale, mais aussi à une assurance complé- Il en diffère :
mentaire. Ce n’est que depuis le 1er janvier 2000 que – parce qu’il prend aussi en compte tout ce qui reste à la
l’ensemble des résidents sur le territoire français, sans charge des ménages après cette intervention des orga-
aucune exception, bénéficie d’une couverture du risque nismes de protection sociale dans le cadre ainsi défini ;
maladie. – parce qu’il ne concerne ni les allocations familiales,
À ceci près, on reste depuis 1930 dans le système de ni le RMI, ni l’assurance chômage ;
limitation quantitative attendue du ticket modérateur, de – parce qu’il intègre aussi les biens ou services médi-
la consommation des soins pris en charge par la caux non pris en charge par la protection sociale. Il
collectivité. La Sécurité sociale finance actuellement s’agit par exemple de la chirurgie esthétique, de la
90 % des dépenses d’hospitalisation, les 2 tiers des soins thalassothérapie, mais aussi des médicaments
ambulatoires, un peu moins de 60 % des biens médicaux, conseillés par le pharmacien, des médicaments grand
et ces restrictions n’ont pas empêché les déficits de public relevant de l’automédication, de la para-
l’assurance maladie. L’explosion de la consommation pharmacie, des diverses techniques de relaxation, etc.
de biens et services médicaux qui a suivi l’élévation du Ces prestations relèvent plus d’un désir de bien-être
niveau de vie de la population dans les années 1960 et ou du traitement du « mal-être » que de la théra-
l’accroissement de l’offre de soins résultant de l’évolu- peutique d’affections nosologiquement bien définies.
tion de la démographie médicale après 1968 ont montré Cette fraction des dépenses de santé ne s’inscrit plus
les limites du ticket modérateur. Son absence en Alsace dans ce cadre de l’économie de la santé où la demande
et dans le département de la Moselle n’a aucune consé- du consommateur est parfaitement subrogée au
quence sur le volume de la consommation de soins. prescripteur. Elle relève pratiquement de l’économie
L’idée d’une limitation, non plus quantitative, mais de marché, répondant aux lois d’équilibre entre l’offre
qualitative de l’effort de solidarité commence à s’imposer : et la demande.
des « paniers de soins » répondant à des critères de Dépenses de santé, dépenses de protection sociale et
nécessité, d’efficacité et d’efficience, exclusivement et dépenses de sécurité sociale ne sont donc pas comparables
peut-être intégralement pris en charge par l’assurance entre elles. Leurs évolutions annuelles, retracées dans
maladie obligatoire, sont envisagés. Ils existent déjà leurs comptes nationaux respectifs, sont divergentes
dans certains pays européens. puisque conditionnées par des modifications législatives
• Les prestations de l’assurance vieillesse sont exclu- et réglementaires qui, par le biais de déremboursements,
sivement des prestations en espèces constituant la retraite ont reporté sur les dépenses de santé ce qui faisait aupa-
de base des salariés du secteur privé, dont le montant ravant partie des dépenses de sécurité sociale. Elles sont
dépend du salaire des années antérieures (12 actuelle- par contre toutes sous-tendues par leur contexte socio-
ment), versées au taux plein dès lors que l’intéressé a économique : le rapport sur les Comptes de la nation de
cotisé pendant un certain nombre d’années (152 trimestres l’INSEE établit que, depuis 1990, la consommation de
actuellement). Il est prévu que les deux paramètres cités biens et services médicaux augmente plus vite que la
augmenteront chaque année d’une unité, jusqu’aux consommation des ménages et le produit intérieur brut.
niveaux 15 et 160.
• Protection de la famille : les diverses allocations ver- Mécanismes
sées par les caisses d’allocations familiales (CAF) ont
été énumérées plus haut. Il s’agit donc uniquement de Les comptes nationaux de la santé établissent que les
prestations en espèces. Toutefois, l’allocation spéciale dépenses courantes de soins et de biens médicaux
versée aux familles élevant un enfant handicapé peut étaient assumées en 1998 pour 75,5 % par la Sécurité
être remplacée par une prestation en nature : la prise en sociale, pour 16,3 % par les ménages (y compris par le
charge intégrale par l’assurance maladie, l’État ou les biais des assurances privées et des institutions de
collectivités locales des frais de séjour en internat dans prévoyance), pour 7,1 % par les mutuelles et pour 1,1 %
un établissement d’éducation spéciale. par l’État et les collectivités locales. Entre 1990 et 1998,
Les CAF gèrent en outre, pour le compte de l’État, la part des mutuelles a augmenté de 1 % au profit,
l’attribution du revenu minimum d’insertion. également partagé, de la Sécurité sociale et des
ménages. Ce mouvement est la conséquence du déficit
Champ des dépenses de santé permanent observé dans les comptes de la Sécurité
sociale, la conduisant à réduire sa participation dans le
Il diffère de celui de la protection sociale qu’il recoupe remboursement de certaines prestations, notamment
cependant. dans le domaine de la pharmacie.
Il le recoupe parce qu’il comprend les prestations De fait, la question des mécanismes de financement se
servies par les organismes de protection sociale dans le pose essentiellement pour la Sécurité sociale.

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PROTECTION SOCIALE

Principes Celui des mutuelles repose uniquement sur des cotisa-


tions versées par les assurés et, en ce qui concerne les
Le financement des dépenses de santé repose pour salariés, par leurs employeurs, que ces cotisations soient
l’essentiel sur un choix de société, qui détermine la part versées à la Sécurité sociale, aux mutuelles pour l’assu-
relative des deux grands principes de protection sociale, rance maladie complémentaire et aux caisses de retraites
l’assistance et l’assurance, dans le financement de la complémentaires. Les employeurs sont les seuls à
protection sociale. cotiser pour le risque accident du travail-maladie profes-
L’assistance est le plus ancien. Elle est aujourd’hui le sionnelle et les allocations familiales. La part des cotisa-
fait de l’État et des collectivités locales, financée par tions dans le financement de la Sécurité sociale reste
l’impôt. Elle est apportée sans contrepartie des bénéfi- élevée car la substitution partielle de la Contribution
ciaires. La Sécurité sociale ne l’a jamais fait disparaître, sociale généralisée (CSG) aux cotisations ne concerne
en particulier pour la mise en œuvre du dispositif de que le salarié. La part patronale repose exclusivement
santé publique (aides aux handicapés, protection mater- sur ces dernières.
nelle et infantile, lutte contre la toxicomanie...) et pour Les impôts et les taxes parafiscales sont essentiellement
les exploitants agricoles. Le principe d’assistance est représentés par la CSG, par les taxes sur l’alcool, le
aussi, depuis le 1er janvier 2000, à la base de la couvertu- tabac et la publicité pharmaceutique. Le régime agricole
re maladie universelle de tout résident sur le territoire bénéficie de surcroît du Budget annexe des prestations
français disposant de moins de 42 000 F de ressources sociales agricoles (BAPSA). La CSG n’augmente pas la
annuelles. part de l’État dans le financement de la Sécurité sociale :
C’est néanmoins le principe d’assurance qui, joint à la contribution est en effet un impôt dédié, perçu pour
celui de solidarité, a permis l’exceptionnel développe- l’essentiel par les unions de recouvrement des cotisa-
ment de la protection sociale dans la seconde moitié du tions de Sécurité sociale et d’allocations familiales
XXe siècle. Chaque assuré contribue, indépendamment (URSSAF) et non par le Trésor public, et intégralement
des risques qu’il encourt personnellement, au financement reversé aux 3 branches (maladie, famille et vieillesse) de
de la protection de l’ensemble de ceux qui fournissent la Sécurité sociale.
également un effort contributif. Ce mode d’assurance La contribution au remboursement de la dette sociale
caractérise la Sécurité sociale et les mutuelles. Pour ces (CRDS) est un impôt complémentaire dont la perception
dernières, la contribution prend la forme de cotisations est prévue jusqu’en 2014 pour financer les déficits
versées par l’assuré et par son employeur s’il s’agit d’un cumulés de la Sécurité sociale. Comme la CSG, elle est
salarié en activité. Dans le cas de la Sécurité sociale, une assise sur tous les types de revenus et non sur les seuls
part importante des cotisations salariales (mais non salaires. ■
patronales) est remplacée, depuis 1991, par la contribution
sociale généralisée (CSG), et tous les types de revenus Points Forts à retenir
non salariaux sont assujettis à cet impôt, minima
sociaux et épargne défiscalisée exceptés. Depuis cette
date, la charge du financement de la Sécurité sociale • Dépenses de santé, dépenses de protection
n’incombe donc plus au seul monde du travail, ce qui sociale et dépenses de sécurité sociale ne sont
représente une rupture avec le dispositif qui prévalait pas comparables entre elles.
depuis 1930. • Dans le champ commun qu’elles partagent,
En matière d’assurance vieillesse, le principe de solida- les régimes obligatoires ne sont pas les seuls
rité ne s’applique qu’à la retraite (dite de base) versée à intervenir. La part des mutuelles a augmenté,
par la Sécurité sociale. Le système de répartition a été en raison des mesures prises pour freiner
substitué à celui de la capitalisation en 1941, l’inflation le déficit des premiers.
réduisant fortement la valeur du capital acquis servant • Le financement des dépenses de santé
de base au calcul de la rente servie. Le niveau de celle-ci est assuré par la part contributive des personnes
depuis plusieurs années explique que la capitalisation protégées par les régimes obligatoires
soit à nouveau envisagée, l’évolution démographique et les mutuelles, par celle de leurs employeurs,
ayant considérablement obéré le système de répartition. dans une moindre mesure par les ménages,
Quel que soit le risque couvert, les assurances complé- directement ou par le biais des primes versées
mentaires privées ne font pas appel au principe de à un assureur privé et, plus ponctuellement,
solidarité : les prestations dépendent du risque présenté par l’État et les collectivités locales.
par l’état de santé des souscripteurs, qui financent eux- • L’institution de la couverture maladie
mêmes les primes correspondantes. Ces dernières font universelle, associant assurance maladie
donc partie intégrante des dépenses des ménages. obligatoire et protection complémentaire
Le financement de la Sécurité sociale fait chaque année au bénéfice des plus démunis, bouleverse
l’objet d’une loi prévoyant dépenses et recettes. Celles- la conception française de la sécurité sociale,
ci reposent sur des cotisations pour 66,4 % du total, sur dont elle étend le champ au plan social, et remet
des impôts et taxes pour 21,3 % du total, pour 12,2 % sur en cause le ticket modérateur d’ordre public.
d’autres recettes.

1464 LA REVUE DU PRATICIEN 2000, 50

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