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Psychiatrie

B 249

Hospitalisation à la demande
d’un tiers et hospitalisation
d’office, tutelle, curatelle,
sauvegarde de justice
Principes d’application et principes d’utilisation
PR Jean-Louis SENON, DR Nicolas LAFAY
Service hospitalo-universitaire de psychiatrie et de psychologie médicale, CHU et CHHL 86021 Poitiers.

Points Forts à comprendre

• Les hospitalisations sous la contrainte, – la sauvegarde de justice aux effets limités.


bien que non spécifiques des maladies mentales, Elle permet une action en annulation ou en
sont indispensables en psychiatrie quand réduction selon le principe que la personne protégée
la pathologie est à l’origine d’une altération ne peut se léser, cela sur un temps limité ;
du discernement, d’un refus de soins – la curatelle, intermédiaire entre sauvegarde
ou d’une perte du libre arbitre du patient. de justice et tutelle. Le protégé ne peut faire
Elles sont déterminées par la loi du 30 juin 1990 une donation ou se marier sans l’avis du curateur
qui, outre la protection des droits des personnes mais conserve une autonomie pour les actes
hospitalisées, prévoit 2 modalités d’hospitalisation d’administration de son patrimoine ;
sous la contrainte et en précise la mise en place – la tutelle, le protégé perd sa capacité civile :
réglementaire : il est en toutes circonstances représenté
– l’hospitalisation à la demande d’un tiers par son tuteur.
quand les troubles mentaux du patient rendent
son consentement impossible et quand son état
est préoccupant au point d’imposer
une surveillance en milieu hospitalier.
C’est un tiers (famille, proche ou professionnelle
qui signe la demande d’admission ; Hospitalisation à la demande
– l’hospitalisation d’office est une mesure d’un tiers et hospitalisation d’office
d’hospitalisation administrative qui concerne
les malades mentaux qui troublent l’ordre
public et la sécurité des personnes. Principes généraux
• Le droit français prévoit que toute personne
L’hospitalisation sous la contrainte n’est pas propre aux
âgée de plus de 18 ans est apte à réaliser
malades mentaux mais c’est en grande partie pour ceux-ci
tous les actes de la vie civile. Quand un majeur
qu’elle est appliquée, en prenant en compte le fait que la
présente une altération de ses facultés personnelles
maladie mentale a souvent comme corollaire une altération
ou physiques qui le met dans l’impossibilité
du discernement et un refus de soins. Hospitaliser sous
de pourvoir seul à ses intérêts, la loi prévoit la contrainte peut effectivement concerner d’autres
l’intervention d’un tiers pour apporter aide patients :
et protection. Trois régimes de protection – en infectiologie, en cas d’urgence face à une épidémie
de l’incapable majeur sont prévus par la loi : ou un danger imminent pour la santé publique, l’ar-
ticle 17 du code de la santé publique (CSP) prévoit

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HOSPITALISATION À LA DEMANDE D’UN TIERS ET HOSPITALISATION D’OFFICE…

que le préfet peut ordonner l’exécution immédiate – droit de saisir la commission départementale des
d’un isolement d’un ou plusieurs malades en milieu hospitalisations psychiatriques (CDHP). Celle-ci doit
hospitalier ; étudier toute demande d’hospitalisation à la demande
– en alcoologie, la loi du 15 avril 1954, reprise dans d’un tiers et hospitalisation d’office ;
les articles du code de la santé publique, avait prévu – droit de prendre le conseil d’un médecin ou d’un avocat
la désintoxication, la rééducation et l’isolement des de son choix ;
alcooliques qui constituent un danger pour eux- – droit d’émettre ou de recevoir des courriers ;
mêmes et autrui. Cette loi n’est en pratique pas – droit de consulter le règlement intérieur de l’établisse-
appliquée ; ment ;
– en matière de toxicomanie, la loi du 31 décembre 1970, – droit d’exercer son droit de vote ;
prolongée par les décrets de 1971 et 1977, prévoit – droit de se livrer aux activités religieuses ou philoso-
l’hospitalisation éventuelle des toxicomanes placés phiques de son choix.
sous le régime de l’injonction thérapeutique. Il s’agit, Sont garants de la liberté individuelle et amenés à visiter
là aussi, d’une mesure peu appliquée. sans publicité les établissements accueillant des malades
mentaux et à recevoir de ceux-ci toute réclamation et
1. Principes généraux de la loi information :
L’hospitalisation libre est la règle, l’hospitalisation sous – le préfet du département ;
la contrainte l’exception. – le juge du tribunal d’instance ;
Pour ce qui concerne la psychiatrie, la loi du 30 juin 1990 – le président du tribunal de grande instance ;
« relative aux droits et à la protection des personnes – le maire de la commune ;
hospitalisées en raison de troubles mentaux et à leurs – le procureur de la République ;
conditions d’hospitalisation » prévoit 2 régimes d’hospi- – la commission départementale des hospitalisations
talisation sous la contrainte : l’hospitalisation à la psychiatriques qui dans chaque département « examine
demande d’un tiers (HDT) et l’hospitalisation d’office la situation des personnes hospitalisées en raison de
(HO). La loi est précisée par les circulaires d’application troubles mentaux » (décret du 25 septembre 1991).
du 5 septembre 1990 et du 13 mai 1991. Le décret du Il est rappelé que :
25 septembre 1991 décrit l’organisation et le fonction- – le droit au libre choix du médecin est un principe de
nement de la commission départementale des hospitali- base du droit sanitaire français : le malade ou sa famille
sations psychiatriques qui contrôle dans chaque départe- « dispose du droit de s’adresser au praticien ou à
ment les hospitalisations sous la contrainte. l’équipe de santé mentale, publique ou privée de son
Pour la loi du 30 juin 1990, l’hospitalisation libre est la choix, à l’intérieur ou à l’extérieur du secteur psychia-
règle : elle s’applique pour tout malade consentant aux trique » (article L. 3211-1 du CSP) ;
soins ; dans son esprit, tout doit être fait par les soignants – la sectorisation, principe d’organisation de la psychia-
et l’entourage pour obtenir le consentement aux soins du trie publique depuis la circulaire du 15 mars 1960
patient. confirmée par la loi du 25 juillet 1985, ne doit pas
La loi du 30 juin 1990 est consacrée en grande partie à la s’opposer au libre choix du malade ou de sa famille en
détermination des droits de la personne hospitalisée : il dehors des hospitalisations d’office où le choix de
s’agit bien pour elle de rendre exceptionnelle l’hospitali- l’établissement relève de l’autorité préfectorale. Dans
sation sous la contrainte et de limiter tout risque d’hospita- la pratique, ce droit au libre choix est difficilement
lisation ou « d’internement » arbitraire. La loi est reprise appliqué dans les institutions psychiatriques publiques.
par le code de la santé publique aux articles L. 3211 à L. 3214.
Lorsqu’une personne est hospitalisée sans son consente-
ment, les restrictions à l’exercice de ses libertés indivi- Hospitalisation libre
duelles doivent être limitées à celles rendues nécessaires
par son état de santé et la mise en œuvre de son traitement. L’hospitalisation libre est le régime habituel d’hospitali-
La personne hospitalisée sous la contrainte doit être sation dans les hôpitaux généraux publics. C’est le seul
informée dès l’admission, et par la suite à sa demande, régime d’hospitalisation dans les cliniques psychiatriques
de sa situation juridique (article L. 3211-3 du CSP). privées. L’état de santé du patient justifie des soins en
hospitalisation. Le malade est consentant aux soins, il
2. Droits du malade hospitalisé signe lui-même son admission à l’entrée à l’hôpital et
Ces droits sont réaffirmés. donne l’autorisation éclairée de soins. Le consentement
La personne hospitalisée conserve des droits expressément du malade est recevable car l’altération éventuelle de ses
prévus par la loi (article L. 3211-3 du CSP) : capacités mentales n’altère pas son libre arbitre. Il peut
– droit de communiquer avec les autorités : préfet, juge comprendre les soins proposés et l’information donnée
du tribunal d’instance, président du tribunal de grande sur sa maladie. Le médecin généraliste rédige éventuel-
instance, maire de la commune, procureur de la lement un certificat médical préconisant l’hospitalisa-
République (article L. 3222-4 du CSP). Aucun cour- tion et présentant la pathologie du patient : c’est là une
rier, et aucun appel téléphonique ne doit être intercepté pratique confraternelle souhaitable mais qui n’est pas
vis-à-vis de ces autorités ; obligatoire pour une hospitalisation libre.

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Psychiatrie

Le malade sort du service hospitalier sur décision du d’une prise en charge en milieu hospitalier. Ces certificats
médecin ou quand il le souhaite, en signant sa demande. ont une validité de 15 j. Leur rédaction suppose que les
Si le médecin estime que le malade court un risque, il médecins ont effectivement et personnellement examiné
demande au malade de signer une décharge avec une le malade. Il s’agit d’actes réalisés en dérogation légale
sortie contre avis médical ; si le malade refuse de signer au secret professionnel. Les 2 certificats médicaux et la
sa sortie, ce refus est constaté par 2 témoins qui peuvent demande du tiers sont remis au bureau des entrées de
appartenir au personnel soignant. Toute personne hospi- l’établissement hospitalier. C’est le directeur de celui-ci
talisée, même en hospitalisation libre, dispose des qui prononce l’hospitalisation après en avoir vérifié la
mêmes droits que ceux prévus par la loi du 27 juin 1990 légalité et la conformité.
et repris par l’article 3211-3 du code de la santé En cas de péril imminent (article L. 3212-3 du CSP), le
publique. directeur de l’établissement hospitalier peut prononcer
l’admission d’un malade au vu d’un seul certificat
auquel s’adjoint la demande du tiers. Dans ce seul cas,
Hospitalisation à la demande le médecin certificateur peut exercer dans l’établis-
d’un tiers sement d’accueil. Le certificat unique doit justifier,
de façon implicite, le péril imminent (v. Certificat péril
L’hospitalisation à la demande d’un tiers (HDT) s’ap- imminent).
plique quand le malade n’est pas consentant aux soins ou Un certificat « immédiat » est rédigé dans les 24 h par un
n’a pas les capacités pour y consentir. Elle est justifiée psychiatre de l’établissement. Les certificats « de quin-
quand les troubles mentaux du patient rendent son zaine » confirment la nécessité du maintien de l’hospita-
consentement impossible et quand son état rend indis- lisation. La sortie du malade est prononcée par le méde-
pensables des soins immédiats avec surveillance en cin constatant que les conditions de l’hospitalisation à la
milieu hospitalier. Dans ce cas, un tiers signe la demande demande d’un tiers ne sont plus justifiées ; elle est aussi
manuscrite d’admission. Le tiers peut être un membre acquise en l’absence des certificats réglementaires.
de la famille, un proche ou une personne agissant dans
son intérêt (à l’exclusion des personnels soignants ou de
la direction de l’établissement hospitalier). En revanche,
l’assistante sociale peut être acceptée comme tiers.
Hospitalisation d’office
Dans le cas d’un mineur, la procédure d’hospitalisation
L’hospitalisation d’office (HO) concerne les malades
à la demande d’un tiers n’a pas de support légal :
mentaux compromettant l’ordre public et la sécurité des
il appartient au titulaire de l’autorité parentale de
personnes. Il s’agit alors d’une mesure administrative
prendre la responsabilité de l’hospitalisation. La
prise par le préfet du département (préfet de police à
demande d’hospitalisation doit comporter les nom,
Paris). Deux procédures sont possibles :
prénoms, âge, profession, et domicile du tiers ainsi que
son degré de parenté (en pratique, la photocopie de – dans la procédure courante le médecin rédige un
la carte d’identité est demandée) ; il n’est pas nécessaire certificat médical circonstancié et le préfet prononce,
que le tiers motive la demande (v. Demande du tiers). au vu de celui-ci, l’hospitalisation d’office. Un méde-
Si le demandeur est le tuteur ou curateur, celui-ci cin de l’établissement ne peut pas être certificateur
fournit un extrait du jugement de mise sous tutelle. (v. Certificat d’hospitalisation d’office) ;
Cette demande est valide pendant 15 j. – dans la procédure d’urgence, en cas de danger immi-
Cette demande d’hospitalisation à la demande d’un tiers nent, pour la sûreté des personnes, le médecin atteste
doit être accompagnée de 2 certificats médicaux établis de la dangerosité du patient et le maire peut alors
par des médecins inscrits au conseil de l’Ordre, datant prendre des mesures d’urgence.
de moins de 15 j : Le maire de la commune et les commissaires de police
– le 1er certificat doit être rédigé par un médecin n’exer- des grandes métropoles signent un arrêté provisoire sur
çant pas dans l’établissement hospitalier ; lequel le préfet statue sous 24 h. Faute de confirmation
– le 2e certificat est établi par un médecin qui peut préfectorale, l’arrêté provisoire du maire ou du commis-
exercer dans cet établissement (v. Certificat d’hospita- saire de police est caduc au bout de 48 h.
lisation à la demande d’un tiers). Un certificat immédiat est établi dans les 24 h par le
Comme certificateurs, sont exclus les médecins non psychiatre de l’établissement hospitalier, constatant la
thésés et donc non inscrits sur la liste du conseil de pathologie et justifiant l’hospitalisation ; un certificat
l’Ordre, les médecins exerçant dans l’établissement confirme la nécessité du placement tous les 15 j.
hospitalier d’accueil (pour le 1er certificat), les médecins La sortie est prononcée après arrêté préfectoral abro-
parents ou alliés au 4e degré du tiers demandeur, du geant l’hospitalisation d’office.
malade ou des directeurs de l’établissement. Une forme particulière de celle-ci est celle qui découle
Les 2 certificats constatent l’état mental du patient (sans d’un non-lieu judiciaire après application de l’article
nécessairement donner le diagnostic), précisent l’évolu- 122-1 du code pénal qui établit l’irresponsabilité pénale.
tion de sa maladie en attestant que le consentement est Dans ce cas, la sortie ne peut être prononcée par le préfet
impossible, qu’il y a nécessité de soins immédiats et qu’après 2 expertises indépendantes et convergentes.

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HOSPITALISATION À LA DEMANDE D’UN TIERS ET HOSPITALISATION D’OFFICE…

TABLEAU I

Réglementation comparée de l’hospitalisation du malade mental

Hospitalisation Hospitalisation Hospitalisation Hospitalisation


libre à la demande à la demande d’office
d’un tiers d’un tiers (L. 3212-3)

Demandeur Le malade lui-même Un tiers Un tiers Arrêté provisoire


Signature de la demande Signature du formulaire Signature du formulaire du maire
de soins par le tiers par le tiers ou du commissaire
Arrêté préfectoral

Consentement Présent Absent Absent Absent


du malade

Libre choix de Total Total Total Non


l’établissement
et du praticien

Certificat Simple certificat 2 certificats médicaux Un seul certificat médical Un certificat médical
médical confirmant le péril
imminent

Permissions Autorisées par le directeur Nécessité d’un certificat Nécessité d’un certificat Sur autorisation
après avis du médecin de situation transmis de situation transmis du préfet
au préfet au préfet

Certificats Aucun Certificat de 24 h Certificat de 24 h Certificat de 24 h


médicaux Certificats de quinzaine Certificats de quinzaine Certificats de quinzaine
obligatoires puis mensuels puis mensuels puis mensuels

Libertés Celles de tout citoyen Limitées à celles Limitées à celles Limitées à celles
générales rendues nécessaires rendues nécessaires rendues nécessaires
au traitement au traitement au traitement

Sortie Sur avis du médecin Sur avis du médecin Sur avis du médecin Par arrêté préfectoral en
contre avis médical en l’absence des certificats en l’absence des certificats l’absence des certificats
réglementaires réglementaires réglementaires
Sur demande du tiers ou Sur demande du tiers ou Sur décision du préfet
des personnes mentionnées des personnes mentionnées après avis
par l’art L. 3212-9 par l’art L. 3212-9 de la commission
Sur décision du préfet Sur décision du préfet départementale
après avis après avis Après expertise
de la commission de la commission de 2 psychiatres
départementale départementale Sur décision judiciaire
Sur décision du président Sur décision du président
du tribunal de grande du tribunal de grande
instance instance

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Psychiatrie

Demande d’HOSPITALISATION SUR DEMANDE HOSPITALISATION SUR DEMANDE D'UN TIERS


D'UN TIERS (à remplir par le tiers) (procédure normale)

Je, soussigné(e)…… (nom, prénom et nom de jeune fille s’il y a lieu) 1 e r certificat médical : médecin extérieur à l’établisse-
domicilié(e) à …… ment d’accueil
né(e) le …… à …… e t 2e certificat : médecin extérieur ou de l'établisse-
profession …… ment
degré de parenté avec le malade ……
nature des relations avec le malade ……
demande l’admission en hospitalisation à la demande d’un tiers Je, soussigné(e) Docteur ……
dans le service de psychiatrie de …… certifie avoir examiné ce jour M ou Mme ……
de M ou Mme …… né(e) le ……
né(e) le …… à …… domicilié(e) à ……
fils de …… et de …… (nom de jeune fille de la mère) et avoir constaté les troubles suivants : ……
domicilié(e) à ……
profession …… (décrire l’état mental du malade et son comportement, agitation,
suivant le certificat médical délivré par M …… délire, idées de suicide… en insistant sur les éléments cliniques
à …… le …… préoccupants qui permettent aussi d’apprécier les raisons de
l’absence de consentement et l’urgence des soins appropriés ;
Signature il n’est pas obligatoire de mentionner le diagnostic)

Pièce d’identité du malade : Pièce d’identité du demandeur : Ces troubles rendent impossible son consentement.
carte nationale d’identité* carte nationale d’identité* Son état impose des soins immédiats et une surveillance constante en
permis de conduire* permis de conduire* milieu hospitalier.
passeport* passeport* En conséquence, cela justifie son hospitalisation sur demande d'un
tiers dans un établissement mentionné aux articles L. 3222-1 du code
* délivré le …… *délivré le …… de la santé publique en vertu de la loi du 27 juin 1990.
à …… à ……
N° …… N° …… Date et signature :

HOSPITALISATION SUR DEMANDE D'UN TIERS HOSPITALISATION D'OFFICE


(péril imminent : article L. 3212-3) (procédure normale)
Certificat unique en cas d'urgence établi par un seul Certificat médical médecin extérieur
médecin

Je, soussigné(e) Docteur ……


certifie avoir examiné ce jour M ou Mme ……
Je, soussigné(e) Docteur …… né(e) le …… à ……
certifie avoir examiné ce jour M ou Mme …… domicilié(e) ……
né(e) le …… et avoir constaté que son comportement révèle des troubles mentaux
domicilié(e) …… manifestes suivants : ……
et avoir constaté les troubles suivants : ……
(décrire l’état mental du malade et son comportement, agitation,
(décrire l’état mental du malade et son comportement, agitation, violence, délire, idées de suicide… en insistant sur les éléments
délire, idées de suicide… en insistant sur les éléments cliniques cliniques démontrant la dangerosité pour le malade et ses proches
préoccupants qui permettent d’argumenter la notion de péril en rappelant l’absence de consentement et l’urgence des soins
imminent et aussi d’apprécier les raisons de l’absence de consen- appropriés ; il n’est pas obligatoire de mentionner le diagnostic)
tement et l’extrême urgence des soins appropriés ; il n’est pas obli-
gatoire de mentionner le diagnostic) Ce comportement compromet l'ordre public et la sûreté des
personnes.
Il existe un péril imminent pour la santé du malade.
Ces troubles rendent impossible son consentement. Son état justifie son hospitalisation d'office dans un établissement
Son état impose des soins immédiats et une surveillance constante en spécialisé habilité à soigner les personnes atteintes de troubles
milieu hospitalier. mentaux, en application de l'article L. 3222-1 du code de la santé
En conséquence, cela justifie son hospitalisation sur demande d'un publique modifié par le loi du 27 juin 1990.
tiers dans un établissement mentionné aux articles L. 3222-1 du code
de la santé publique en vertu de la Loi du 27 juin 1990 et conformé- Date et signature
ment à l’article L. 3212-3 du même code.

Date et signature

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HOSPITALISATION À LA DEMANDE D’UN TIERS ET HOSPITALISATION D’OFFICE…

HOSPITALISATION D'OFFICE Certificat en vue de l’ouverture d’une


(procédure d'urgence) SAUVEGARDE DE JUSTICE
Certificat médical médecin extérieur Destinataire : Monsieur le procureur de la République
Tribunal de grande instance du département
Je, soussigné(e) Docteur ……
certifie avoir examiné ce jour M ou Mme …… Je, soussigné(e) Docteur ……
né(e) le …… à …… (préciser la qualifiation éventuelle en psychiatrie)
domicilié(e)
et avoir constaté que son comportement révèle des troubles mentaux certifie avoir examiné le …… (date)
manifestes suivants : …… M ou Mme ……
né(e) le …… à ……
(décrire l’état mental du malade et son comportement, agitation, domicilié(e) à ……
violence, délire, idées de suicide… en insistant sur les éléments
cliniques démontrant la dangerosité pour le malade et ses proches L’état de ce (cette) patient(e) nécessite une protection dans les actes
en rappelant l’absence de consentement et l’urgence extrême des de la vie sociale. Il (elle) doit être placé(e) sous sauvegarde de justice.
soins appropriés ; il n’est pas obligatoire de mentionner le diagnostic
possible)
Signature
et constitue par son comportement un danger imminent pour la sûre-
té des personnes.
Son état justifie son hospitalisation d'office dans un établissement spé-
cialisé habilité à soigner les personnes atteintes de troubles mentaux,
en application de l'article L. 3222-1 du code de la santé publique
modifié par la loi du 27 juin 1990.

Date et signature

Certificat en vue de l’ouverture d’une Certificat en vue de l’ouverture d’une


TUTELLE CURATELLE

Destinataire : Mr le juge des tutelles Destinataire : Monsieur le juge des tutelles,


Tribunal d’instance Tribunal d’instance

Je, soussigné, Docteur …… Je, soussigné, Docteur ……


(préciser la qualification éventuelle en psychiatrie) (préciser la qualification éventuelle en psychiatrie)

certifie avoir examiné le …… (date) certifie avoir examiné le …… (date)


M ou Mme …… M ou Mme ……
né(e) le …… à …… né(e) le …… à ……
domicilié(e) à …… domicilié(e) à ……
et avoir constaté l’altération de ses facultés mentales et (ou) et avoir constaté l’altération de ses facultés mentales et (ou)
corporelles : …… corporelles : ……
(présenter éventuellement un descriptif des altérations constatées) (présenter éventuellement un descriptif des altérations constatées)

Ce patient nécessite d’être représenté d’une manière continue dans Ce patient nécessite d’être représenté d’une manière continue dans
les actes de la vie civile. Pour cette raison, l’ouverture d’une tutelle les actes de la vie civile. Pour cette raison, l’ouverture d’une curatelle
paraît justifiée. paraît justifiée.

Le malade peut être entendu par le juge des tutelles sans que cela Le malade peut être entendu par le juge des tutelles sans que cela
porte préjudice à sa santé. porte préjudice à sa santé.
(ou : ... ne peut être entendu ; ou : ... peut être entendu à l’hôpital). (ou : ... ne peut être entendu ; ou : ... peut être entendu à l’hôpital).

Signature Signature

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Psychiatrie

Tutelle, curatelle et sauvegarde Sauvegarde de justice


de justice
1. Indications et procédure
Principes généraux de la protection de
l’incapable majeur La sauvegarde de justice est la moins contraignante et la
plus temporaire des mesures de protection. Elle s’adresse
Un des principes fondamentaux du droit civil français à un majeur qui présente une altération des facultés
est que toute personne âgée de 18 ans révolus est apte à personnelles qu’elle soit due à un trouble mental ou à
réaliser tous les actes de la vie civile. La capacité civile une pathologie physique qui altère momentanément ses
du majeur concerne en particulier l’aptitude à l’adminis- capacités civiles. Il s’agit donc d’une mesure provisoire.
tration et à la disposition de ses biens personnels. La loi Cette mesure est surtout indiquée en psychiatrie pour
prévoit néanmoins que le majeur, « qu’une altération de une pathologie transitoire ou de courte durée : épisode
ses facultés personnelles met dans l’impossibilité de maniaque, coma, état oniroïde, suspicion de forme de
pourvoir seul à ses intérêts », est protégé par la loi. début de démence.
Quand la loi autorise l’intervention d’un tiers, il s’agit Deux modalités de mise en place d’une sauvegarde de
donc d’apporter aide et protection à un patient qui pourrait justice sont possibles :
se nuire ou nuire à ses intérêts du fait d’altérations tran- – le médecin traitant fait une déclaration au procureur
sitoires ou définitives de ses capacités de discernement. de la République dans un certificat qui constate
Le cadre légal de la protection de l’incapable majeur est l’altération des capacités personnelles physiques ou
la loi du 3 janvier 1968, « loi portant réforme du droit mentales du malade qui le rend incapable de pourvoir
des incapables majeurs », qui prévoit un ensemble de seul à ses intérêts (v. Certificat de sauvegarde de
mesures modulables pour assurer sa protection sur le justice). S’il s’agit d’un médecin libéral, cette décla-
plan de la vie civile, de la plus légère à la plus contrai- ration doit être accompagnée d’un certificat d’un
gnante : sauvegarde de justice, curatelle et tutelle. Les médecin spécialiste, inscrit sur la liste du procureur de
modalités d’application de cette loi figurent dans le code la République. Le certificat d’un médecin hospitalier
civil au titre XI, dans les articles 488 à 514 : suffit ;
– l’article 488 du code civil détermine que « la majorité – le juge des tutelles peut prononcer une sauvegarde de
justice s’il est saisi d’une demande de tutelle ou de
est fixée à 18 ans ; à cet âge on est capable de tous les
curatelle.
actes de la vie civile. Est néanmoins protégé par la loi,
La responsabilité du médecin traitant peut être engagée
soit à l’occasion d’un acte particulier, soit de manière
s’il ne fait pas le nécessaire pour protéger un malade qui
continue, le majeur qu’une altération de ses facultés
présente une altération transitoire ou durable de ses
personnelles met dans l’impossibilité de pourvoir seul
capacités personnelles, en particulier quand il a connais-
à ses intérêts ; peut pareillement être protégé le majeur
sance de manœuvres de proches pour s’approprier le
qui, « par sa prodigalité, son intempérance ou son oisi- patrimoine de son patient. Il s’agit d’une mesure provi-
veté, s’expose à tomber dans le besoin ou compromet soire et la loi ne fait pas obligation au médecin qui fait la
l’exécution de ses obligations familiales » ; déclaration de prévenir le patient ou sa famille.
– l’article 489 confirme que tout sujet de droit est
présumé sain de corps et d’esprit. C’est ainsi que
« pour faire un acte valable, il faut être sain d’esprit, 2. Durée, cessation et recours
mais c’est à ceux qui agissent en nullité pour cette La sauvegarde de justice est prononcée pour une durée
cause de prouver l’existence d’un trouble mental au de 2 mois, éventuellement renouvelable quand le médecin
moment de l’acte » ; en a établi la procédure. Elle peut être prolongée de
– l’article 490 confirme que les mesures de protection 6 mois. Le nombre de renouvellements n’est pas limité.
s’appliquent aux troubles mentaux ou aux handicaps Si la mesure est prise par le juge des tutelles, elle se
corporels ; il détermine que « lorsque les facultés poursuit jusqu’à l’ouverture de la curatelle ou de la
mentales sont altérées par une maladie, une infirmité ou tutelle. Elle prend fin d’elle-même à l’expiration du
un affaiblissement de l’âge, il est pourvu aux intérêts de délai de sa déclaration. Un recours n’est pas envisageable
la personne par l’un des régimes de protection prévus. de ce fait.
Les mêmes régimes sont applicables à l’altération des
facultés corporelles si elle empêche l’expression de la
volonté ». Ce même article fait du médecin l’artisan
3. Conséquences
des mesures de protection : « l’altération des facultés La sauvegarde de justice a des effets limités : le majeur
mentales ou corporelles doit être médicalement établie » ; est protégé par une possibilité d’action en annulation ou
– ce même article 490 dissocie mesures de traitement, en réduction pour excès, au nom du principe selon
hospitalisation et protection de l’incapable majeur : lequel la personne protégée ne peut se léser. Du vivant
« les modalités du traitement médical, notamment du protégé, ces actions peuvent être engagées par le
quant au choix entre hospitalisation et soins à domicile, patient, sa famille ou le juge des tutelles dans un délai de
sont indépendantes du régime de protection ». 5 ans après un acte civil. Après le décès du protégé, ces

LA REVUE DU PRATICIEN 2000, 50 2291


HOSPITALISATION À LA DEMANDE D’UN TIERS ET HOSPITALISATION D’OFFICE…

TABLEAU II
Comparaison entre les différentes mesures de protection de l’incapable majeur

Sauvegarde de justice Curatelle Tutelle

Avantages Mesure immédiate, simplicité Régime souple, intermédiaire entre Régime de protection complet
Ne porte pas atteinte sauvegarde de justice et tutelle et durable
à la capacité civile Mesure modulable
(art. 501 du code civil)
Inconvénients Mesure temporaire (pas de privation des droits civiques) Privation des droits civiques
Indications Pathologie ou handicap temporaires Pathologie ou handicap durables chez Pathologie ou handicap durables
un patient ayant besoin d’être protégé chez un patient ayant besoin d'être
de façon durable mais adaptée et souple protégé de façon durable
Procédure Déclaration au procureur Demande du malade, du conjoint, Demande du malade, du conjoint,
d’ouverture de la République associée de la famille, du curateur, du procureur de la famille, du curateur,
à un certificat de spécialiste de la République ou du juge du procureur de la République
si le malade n’est pas hospitalisé Demande destinée au juge des tutelles ou du juge
Le juge des tutelles peut prononcer Certificat médical constatant Demande destinée au juge des tutelles
la sauvegarde de justice s’il est l’altération des facultés établi par un Certificat médical constatant
saisi d’une demande de tutelle psychiatre figurant sur la liste spéciale l’altération des facultés établi par un
ou curatelle du procureur de la République psychiatre figurant sur la liste spéciale
du procureur de la République
Durée Deux mois renouvelables Mesure durable Mesure durable
éventuellement 6 mois
La sauvegarde de justice prononcée
par le juge peut se prolonger
jusqu’à l’ouverture de la tutelle
Conséquences Conservation des droits civils Incapacité civile partielle : autonomie Perte de la capacité civile : actes
et civiques possible pour les actes conservatoires, postérieurs à l’ouverture nuls
Protection par la possibilité possibilités d’action en nullité de droit, actes passés pouvant être
d’action en nullité et en réduction annulés, la nullité éventuellement
ou en réduction pour excès Perte partielle des droits civils prononcée dans l'intérêt du malade
Obligation pour les proches et politiques Perte des droits civiques
de faire des actes conservatoires Le droit de vote est conservé et politiques : perte du droit de vote,
Mariage et donation avec l’accord le mariage, le testament sont soumis
du curateur à l’autorisation du conseil de famille
Le testament est possible, Mesure modulable : certains actes
si un certificat médical atteste peuvent être maintenus par le juge
que la personne est saine d’esprit
Cessation Automatique en cas de non- Mêmes formalités Mêmes formalités
renouvellement par un nouveau que pour l’ouverture que pour l’ouverture
certificat médical attestant que l’état Jugement de mainlevée Jugement de mainlevée
antérieur a cessé par radiation
par le procureur de la République
Publicité Aucune communication possible Variable Par le moyen de l’état civil : mention
aux autorités judiciaires, avocats, RC (Répertoire civil) en marge
notaires avoués de l’acte de naissance
Information des notaires, avoués…
Recours Par le patient auprès du procureur Possible par toute personne qui aurait Possible par toute personne qui aurait
de la République pu demander l’ouverture de la curatelle pu demander l’ouverture de la tutelle
Mandataire La personne protégée peut désigner Mandat du curateur variable Mandat du tuteur variable
un mandataire selon le type de tutelle
Le juge peut désigner
un mandataire spécial
Catégories Mandataire spécial article 491-5 Curatelle spéciale (art. 512) : le curateur Tutelle complète
particulières du code civil a des pouvoirs comparables à celui Administration légale tutelle d’État
du tuteur (curatelle aggravée) Tutelle aux prestations sociales

2292 LA REVUE DU PRATICIEN 2000, 50


Psychiatrie

mêmes actions peuvent être diligentées par les héritiers. de la République qui constate la récupération des fonc-
Les tribunaux saisis d’une demande en annulation ou en tions intellectuelles est transmis au juge des tutelles.
réduction d’un acte civil ayant lésé le protégé décident Celui-ci ouvre une procédure de mainlevée avec audition
en prenant en compte les biens matériels en cause, et du protégé, du tuteur, du conseil de famille, et éventuelle
surtout la bonne foi de ceux qui ont traité avec le protégé enquête sociale. Sur l’ensemble de ces éléments le juge
et qui peuvent l’avoir abusé. des tutelles peut lever la mesure contestée. Le recours se
Par contre, la sauvegarde de justice n’a pas de consé- fait auprès du juge des tutelles par le protégé ou toute
quences pour les droits civils ou civiques du protégé. personne habilitée à demander l’ouverture de la tutelle.
Une mesure proche est celle de l’institution d’un man- Il doit s’appuyer sur un certificat médical circonstancié
dataire spécial conformément à l’article 491-5 du code d’un spécialiste inscrit sur la liste spéciale du procureur
civil. Celui-ci est désigné par le juge des tutelles et peut de la République.
faire les actes de la vie civile d’administration néces-
saires à une protection d’urgence du malade. Comme la 3. Conséquences
sauvegarde de justice, cette mesure peut être appliquée
d’urgence si l’état du malade justifie cette aide. L’avis Le protégé est totalement privé de ses capacités
sur la nécessité de la nomination d’un mandataire spé- civiles, civiques et juridiques : il ne peut voter et n’est
cial peut émaner de tout intéressé, comme par exemple pas éligible. Il doit être en toutes circonstances de
du service social de l’hôpital. Le médecin peut aussi être sa vie civile représenté par son tuteur. Les actes posté-
à l’origine de la mesure. Le mandataire peut être un rieurs à l’ouverture de la tutelle sont nuls en droit, les
proche ou un professionnel. actes passés peuvent être annulés, en particulier si une
sauvegarde de justice à été enregistrée antérieurement.
Tout testament, toute donation ne peuvent se faire
Tutelle qu’avec l’accord du conseil de famille et ne concernent
que le conjoint ou un descendant. Le mariage nécessite
1. Indications et procédure la consultation du conseil de famille et (ou) des parents.
D’après l’article 501 du code civil, le juge peut
La tutelle s’adresse à un majeur présentant une patho- énumérer certains actes que la personne aura la
logie ou un handicap confirmés et durable, ayant besoin possibilité de réaliser elle-même soit seule, soit avec
d’être représenté de façon continue pour tous les actes l’assistance du tuteur.
de la vie civile. En psychiatrie elle s’applique donc par Différents types de tutelles peuvent être diligentés par le
exemple aux pathologie déficitaires durables : psychoses juge :
schizophréniques, démences, insuffisances intellectuelles – dans la tutelle complète, le tuteur gère les biens à la
profondes… La demande émane du malade, du conjoint, place du protégé et fait seul les actes conservatoires
de la famille, du curateur, des proches, du procureur de dans l'intérêt de celui-ci ; le tuteur de plein droit est le
la République ou du juge des tutelles lui-même. Cette conjoint sauf si le juge l’interdit. Le conseil de famille
demande est destinée au juge des tutelles du tribunal occupe une place importante auprès du tuteur ; il
d’instance dont relève le domicile du patient. Le certificat est présidé par le juge des tutelles et comporte 4 à
médical constatant l’altération des facultés est établi par 6 membres nommés par celui-ci. Le subrogé-tuteur
un psychiatre figurant sur la liste spéciale du procureur surveille la gestion du tuteur ;
de la République du tribunal de grande instance. Ce – l’administration légale est une tutelle allégée et admi-
certificat médical constate l’altération des facultés nistrative sans conseil de famille ni subrogé-tuteur.
intellectuelles et physiques et démontre l’incidence de L’administrateur légal gère les biens. Le gérant de
la maladie ou du handicap sur les actes de la vie civile tutelle reçoit les revenus et assure avec ceux-ci la vie
(v. Certificat de tutelle). L’instruction préalable fait que matérielle du protégé ;
l’intéressé est obligatoirement entendu. Une enquête – la tutelle d’État est une tutelle simplifiée où le tuteur
sociale, l’avis du conseil éventuel, la réunion du conseil assure sa mission sans intervention de subrogé-tuteur
de famille sont diligentés par le juge des tutelles. ni du conseil de famille. La tutelle est confiée au
Le tuteur peut être le conjoint, un enfant, ou toute autre préfet qui délègue cette mission au directeur de l’action
personne physique ou morale (associations) nommée sanitaire et sociale. Les délégués à la tutelle d’état
par le juge des tutelles. Le tuteur administre légalement sont nommés sur une liste établie par le procureur de
le patrimoine du protégé sous le contrôle du juge des la République, après avis du préfet ;
tutelles à qui il rend compte. – dans la tutelle aux prestations sociales, le tuteur reçoit
les prestations sociales du protégé et effectue les
2. Durée, cessation et recours règlements des dépenses de première nécessité. C’est
une forme de tutelle qui s’adresse aux malades ayant
Il s’agit d’une mesure durable qui persiste jusqu’à une un handicap modéré et n’ayant comme seule res-
mainlevée qui obéit à la même procédure. La cessation sources que des prestations sociales : revenu mini-
obéit aux mêmes formalités que l’ouverture. Un certificat mum d’insertion (RMI), allocation adulte handicapé
médical d’un psychiatre appartenant à la liste du procureur (AAH), allocation logement (AL)…

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HOSPITALISATION À LA DEMANDE D’UN TIERS ET HOSPITALISATION D’OFFICE…

Curatelle Points Forts à retenir


1. Indications et procédure • Tout médecin peut être confronté à un malade
présentant une pathologie psychiatrique
La curatelle est une mesure de protection intermédiaire qui le prive de son libre arbitre et de sa capacité
entre sauvegarde de justice et tutelle. Elle s’adresse à un à consentir à des soins : dépression sévère
malade présentant une pathologie ou un handicap avec idées de suicide, accès délirants aigus,
durable et qui a besoin d’être protégé de façon durable décompensations psychotiques aiguës
mais adaptée et souple. Elle s’adresse aux patients pré- de psychoses chroniques, épisodes maniaques…
sentant des pathologies chroniques déficitaires que l’on Si tout doit être fait pour convaincre le malade
souhaite protéger de décisions intempestives touchant d’accepter des soins, dans de nombreux cas le
recours à une hospitalisation sous la contrainte
leur patrimoine, tout en préservant au maximum leur s’impose. Le médecin traitant, ou intervenant
autonomie et leur vie sociale. Elle peut être considérée en urgence, est amené à remplir les certificats
comme une mesure, de contrôle et de conseil d’aide réglementaires prévus par la loi du 30 juin 1990 :
à la gestion, d’assistance, confiée par le juge des – soit hospitalisation à la demande d’un tiers
tutelles à un curateur. quand les troubles du patients rendent
La procédure est identique à celle décrite pour son consentement impossible ;
la tutelle : demande du malade, du conjoint, de la – soit hospitalisation d’office quand le malade
famille, du curateur, du procureur de la République mental compromet l’ordre public et la sûreté
des personnes.
ou du juge adressée au juge des tutelles avec un • La rédaction de ces certificats est précisément
certificat médical constatant l’altération des facultés déterminée par la loi et il est conseillé
mentales ou physiques établi par un psychiatre figurant à chaque médecin de disposer des formulaires
sur la liste spéciale du procureur de la République. comportant les mentions légales.
Ce certificat précise que le protégé doit « être conseillé • De la même façon, le médecin traitant
ou contrôlé dans les acte de la vie civile » (v. Certificat ou intervenant en urgence devra apporter
curatelle). des renseignements au tiers dans l’hospitalisation
à la demande d’un tiers et apporter
à celui-ci des informations adaptées.
2. Durée, cessation et recours • Le médecin traitant engage sa responsabilité
s’il ne fait pas le nécessaire pour protéger
Il s’agit d’une mesure durable ; la cessation obéit aux un malade qui présente une altération
mêmes formalités que l’ouverture. Le recours se fait transitoire ou durable de ses facultés
auprès du juge des tutelles par le protégé ou toute personnelles ou physiques, en particulier
personne habilitée à solliciter l’ouverture de la s’il peut penser que le patient pourrait être lésé
curatelle. par des proches malveillants. Trois mesures
sont prévues par la loi du 3 janvier 1968,
de la plus légère à la plus contraignante :
3. Conséquences – sauvegarde de justice : mesure transitoire
et limitée qui ne permet que de frapper
Sur le plan civique, le protégé conserve le droit de vote d’annulation un acte engagé par le patient
mais ne peut être éligible. Son mariage comme une à son encontre ;
donation ne peuvent être faits sans l’avis du curateur. – curatelle qui conserve au patient une autonomie
Il peut faire un testament s’il est sain d’esprit ; il lui d’administration ;
appartient de l’établir par un certificat d’un spécialiste – tutelle ou le protégé perd sa capacité civile
inscrit sur la liste du procureur de la République. Le et est représenté par son tuteur.
protégé conserve une autonomie pour les actes conser-
vatoires et d’administration de son patrimoine mais
il existe une possibilité d’action en nullité ou en POUR EN SAVOIR PLUS
réduction si le trouble mental au moment de l’acte Albernhe T. Psychiatrie et handicap. Paris : Masson, 1997.
peut être prouvé. Le protégé ou le curateur peuvent Cerruti FR. Médilex, Guide juridique médical. Le Quotidien du
demander l’annulation d’un acte réalisé sans l’accord du Médecin, 1994.
curateur. L’action en nullité est soumise à l’appréciation Godfryd M. Le droit et la santé mentale par les textes. Heures de
du tribunal. France, 2000, Thoiry.
Jonas C. Législation hospitalière. In : Senon J L, Sechter D, Richard D
Un autre type de curatelle est possible, la curatelle (eds). Thérapeutique psychiatrique. Paris : Hermann, 1995.
spéciale (article 512 du code civil) ou curatelle Jonas C. Mesures de protection. In : Senon JL, Sechter D, Richard
renforcée. Dans ce cas, le curateur a les mêmes D (eds). Thérapeutique psychiatrique.Paris : Hermann, 1995.
pouvoirs que le tuteur : on parle de curatelle aggravée ; Senon JL, Sechter D, Richard D. Mémento de thérapeutique psy-
chiatrique. Paris : Hermann, 1996.
il s’agit donc d’une protection intermédiaire entre Tribolet S, Desous G. Droit et psychiatrie. Heures de France,
tutelle et curatelle qui, de fait, a l’avantage, par 1995, Thoiry.
rapport à la tutelle, de conserver le droit de vote Tyrode Y, Albernhe T. Psychiatrie légale. Paris : Ellipses, 1995.
au patient.

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