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Psychiatrie

B 248

Troubles psychiatriques
de la grossesse et du post-partum
Diagnostic
Pr Frédéric ROUILLON
Service de psychiatrie d’adultes, CHU Louis-Mourier, 178, rue des Renouillers, 92701 Colombes cedex

Points Forts à comprendre Lorsqu’ils surviennent, les symptômes sont en général


mineurs et réactionnels aux modifications somatiques de
la gravidité. Il s’agit principalement d’inquiétude, de labi-
• Étape fondamentale lité émotionnelle, de difficultés de sommeil (cauchemars)
de l’histoire de toute femme, avec somnolence diurne, d’apathie ou d’irritabilité…
la grossesse se traduit le plus souvent par un C’est au cours du premier trimestre que peuvent survenir
sentiment les vomissements gravidiques dont on connaît la forte par-
de bien-être, de complétude ticipation psychologique ; les formes graves (type vomis-
et de satisfaction, voire sements incoercibles nécessitant l’isolement) sont actuel-
la disparition de troubles psychologiques lement exceptionnelles dans les pays occidentaux. On peut
antérieurs. Toutefois, elle peut être source de aussi observer des troubles des conduites alimentaires, sur-
souffrance psychologique tout à type de boulimie, souvent sous-tendue par les clas-
et de troubles psychiatriques. Racamier regroupe siques « envies de femme enceinte ». Généralement,
sous le terme de maternalité « l’ensemble l’anxiété et sa traduction somatique (palpitations, vertiges,
des processus psycho-affectifs qui dyspnée) s’estompent pendant le deuxième trimestre pour
se développent et s’intègrent chez la femme à réapparaître au cours des semaines précédant la naissance.
l’occasion de la maternité ». Les manifestations Elles sont alors en rapport avec la peur que suscite l’ac-
psychopathologiques qui peuvent apparaître couchement ou la crainte d’avoir un enfant anormal.
pendant cette période sont à interpréter, pour Les troubles thymiques ne concernent qu’une minorité de
chaque femme, en fonction de son histoire parturientes. Il s’agit le plus souvent de dépression d’al-
personnelle, des particularités de sa vie affective, lure « névrotique », mêlant tristesse, anxiété, insomnie et
de son statut socioculturel, et surtout de son asthénie ; en revanche les dépressions mélancoliques sont
attitude vis-à-vis de la maternité. C’est dans ce rares.
contexte que l’on saisit l’impact de tel ou tel Enfin, les épisodes psychotiques délirants sont exception-
facteur situationnel (grossesse illégitime ou non nels pendant la grossesse ; lorsqu’ils surviennent, ils s’ins-
désirée, attitude inadéquate crivent généralement dans l’évolution d’une psychose déli-
du conjoint ou de l’entourage parental, conditions rante chronique ou inaugurant un trouble schizophrénique
socio-économiques défavorables). (voir : pour approfondir / 1).
• Les troubles mentaux
de la puerpéralité peuvent être subdivisés en trois Traitement
parties : les troubles de la grossesse, Le traitement de ces troubles est délicat du fait des risques
de l’accouchement et du post-partum. d’embryofœtopathies auxquels expose toute utilisation
médicamenteuse. L’usage est d’éviter la prescription de
psychotrope pendant les trois premiers mois de la gros-
sesse. Au-delà de cette limite on peut, si nécessaire, recou-
rir à un antidépresseur. On opte généralement pour un tri-
cyclique imipraminique compte tenu du recul dont on
Troubles mentaux de la grossesse dispose dans l’utilisation de ces produits. Il conviendra tou-
tefois de diminuer la posologie voire d’interrompre le trai-
Diagnostic tement, une ou deux semaines avant la date présumée de
La grossesse amène souvent un sentiment de bien-être et l’accouchement, afin d’éviter le retentissement sur le nou-
de complétude, voire la disparition de troubles psycholo- veau-né des effets atropiniques des tricycliques. Pour les
giques antérieurs. Certaines pathologies mentales sévères troubles délirants, la chlorpromazine (Largactil) semble la
peuvent même connaître alors des périodes de rémission. mieux indiquée puisqu’aucun effet tératogène ne semble

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T R O U B L E S P S Y C H I A T R I Q U E S D E L A G R O S S E S S E E T D U P O S T- P A R T U M

lui avoir jamais été opposé depuis qu’elle est à la disposi- tion ; l’humeur est en général triste ou fluctuante. Elles
tion du corps médical (40 ans). L’effet tératogène des ben- exposent au risque suicidaire et (ou) d’infanticide…
zodiazépines ayant été discuté, certains recommandent de Dans ses thèmes, le délire peut comporter la négation de
prescrire de petites doses de chlorpromazine à visée anxio- la maternité, le sentiment de non-appartenance ou de non-
lytique en cas d’absolue nécessité. existence de l’enfant qui coexiste parfois avec la crainte
Enfin, la sismothérapie peut être envisagée pendant une ambivalente de sa mort ou la conviction persécutive qu’il
grossesse en cas de dépression sévère ou de trouble déli- a été changé ou substitué.
rant grave et en l’absence de contre-indication obstétricale. L’évolution sous traitement est favorable dans la majorité des
cas ; elle peut toutefois se faire d’un seul tenant ou sous forme
d’une rechute à court terme vers un état mixte, un accès
Troubles mentaux mélancolique ou un trouble schizophrénique. On considère
de l’accouchement actuellement que les psychoses puerpérales sont dans la majo-
Une importante proportion des accouchées est affectée, rité des cas des formes délirantes inaugurales d’un trouble
dans la semaine des suites de couche, par un fléchissement bipolaire. Elles peuvent être sans lendemain, les récidives lors
dépressif qui succède généralement à la phase d’élation des grossesses ultérieures n’étant pas systématiques (environ
accompagnant la délivrance. 1 cas sur 5) (voir : pour approfondir / 3).
Cet incident psychopathologique survient le plus souvent 2. Traitement
vers la 72e heure ce qui lui a valu la dénomination de « syn-
Les psychoses puerpérales imposent le plus souvent une
drome du 3e jour». Le terme anglo-saxon de baby-blues est
hospitalisation psychiatrique, compte tenu de la dangero-
plus souvent utilisé.
sité de ces patientes pour elle-même et leur bébé.
Il s’agit d’une phase dépressive, légère et transitoire, sur- La symptomatologie délirante et l’agitation souvent asso-
prenant par son caractère insolite à un moment où la jeune ciées, nécessitent l’utilisation de neuroleptiques. Toutefois,
maman pense qu’elle devrait être la « plus heureuse des la sismothérapie demeure le traitement le plus efficace des
femmes » et donc parfois culpabilisante. Sa fréquence est psychoses puerpérales. Ultérieurement, se pose la question
diversement appréciée (1/4 à 3/4 des accouchées selon les du traitement préventif des rechutes maniaco-dépressives
auteurs) ; c’est l’hétérogénéité de son intensité qui rend (lithium ou carbamazépine) lorsque la psychose puerpé-
probablement compte de cette divergence d’appréciation. rale s’avère être le premier épisode d’une psychose
Le post-partum blues se caractérise par une anxiété cen- maniaco-dépressive bipolaire.
trée sur le nouveau-né, un sentiment d’incapacité (peur de
ne pas savoir s’occuper du bébé), une insomnie, une asthé- Dépressions du post-partum
nie intense, des crises de larmes, des plaintes somatiques,
une irritabilité… Parfois plus intense, avec obnubilation et 1. Diagnostic
agressivité, il peut être le prodrome d’une psychose puer- Elles surviennent dans les mois qui suivent l’accouche-
pérale. ment, soit après une période normothymique soit en fai-
Son déterminisme semble autant biologique (neuro-endo- sant suite à un baby-blues qui se prolonge anormalement.
crinien) que psychologique ; il affecterait plus particuliè- Elles sont d’intensité variable ; les formes les plus graves,
rement les primipares et ne dure que quelques heures à d’allure mélancolique, sont généralement précoces et ont
quelques jours. Il ne nécessite pas de traitement sinon une une thématique de culpabilité centrée sur l’enfant. Elles
attitude de réassurance. peuvent se manifester par une symptomatologie aiguë d’al-
Les formes prolongées sont généralement le point de lure stuporeuse ou mixte intriquant éléments maniaques et
départ d’une dépression du post-partum (voir : pour appro- dépressifs. Le plus souvent, la symptomatologie dépres-
fondir / 2). sive s’installe de manière insidieuse, tardive et pauci-
symptomatique ; elle est alors d’évolution traînante mas-
Troubles mentaux du post-partum quée par la fatigue qui résulte des soins apportés à l’enfant.
L’évolution ultérieure des dépressions du post-partum peut
Psychoses puerpérales se faire vers un trouble dépressif récurrent. D’ailleurs,
1. Diagnostic l’étude de l’histoire de la maladie de femmes maniaco-
dépressives révèle que plus d’un tiers d’entre elles ont souf-
Les psychoses précoces du post-partum débutent entre le fert d’un trouble thymique en période post-partale et que
5e et le 30e jour suivant l’accouchement. Elles sont beau- pour un quart de ces patientes ce fut leur premier épisode
coup plus rares qu’à l’époque où Marce en fit la descrip- dépressif. Cette éventualité fait d’ailleurs partie d’une des
tion (XIXe siècle), dans son Traité de la folie des femmes spécifications de l’épisode dépressif dans la classification
enceintes, des nouvelles accouchées et des nourrices. En américaine des troubles mentaux, le DSM IV (voir : pour
effet, leur fréquence a diminué depuis l’amélioration des approfondir / 4).
conditions obstétricales.
Elles réalisent, à la phase d’état, un état confuso-délirant, 2. Traitement
type bouffée délirante, avec obnubilation voire désorien- Les états dépressifs du post-partum nécessitent un traite-
tation temporo-spatiale, délire oniroïde dont les thèmes ment antidépresseur et une prise en charge psychologique
portent préférentiellement sur l’enfant ou les liens de filia- pour en prévenir les conséquences préjudiciables pour la

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Psychiatrie

mère mais aussi pour l’enfant. La perception du moindre 4 / Dépression du post-partum


risque suicidaire impose une hospitalisation. Elle peut Les états dépressifs du post-partum sont :
d’ailleurs se faire dans une unité mère-enfant afin de ne pas – soit d’allure « endogène » ou mélancolique s’installant dans les mois
aggraver, par une séparation, la culpabilité de la mère qui suivent l’accouchement, la thématique est centrée sur l’enfant (sen-
timent d’incapacité, d’indignité) ;
dépressive et de préserver les relations précoces mère- – soit de type « névrotique » d’évolution généralement traînante, mas-
enfant dont les pédo-psychiatres ont souligné l’importance. quée par la fatigue liée aux soins apportés à l’enfant.
La prescription médicamenteuse répond aux règles habi- Dans les deux cas, ils nécessitent un traitement antidépresseur et une prise
en charge psychologique pour prévenir les conséquences préjudiciables
tuelles mais imposent néanmoins d’interrompre l’allaite- pour la mère comme pour l’enfant.
ment puisque la plupart des psychotropes passent dans le
lait maternel.
Le traitement des dépressions du post-partum devrait être
préventif ; en effet une importante amélioration du dépis-
tage est nécessaire, la plupart des jeunes mères souffrant
de dépression ne consultent pas spontanément pour des
symptômes qu’elles considèrent souvent comme normaux
(réveils nocturnes, asthénie…). Cette reconnaissance du
caractère morbide de l’affect dépressif lors du post-partum
est d’autant plus importante que son pronostic est meilleur
en cas de prise en charge thérapeutique précoce. De sur- Points Forts à retenir
croît, les répercussions sur l’enfant en seraient alors d’au-
tant plus atténuées. ■
• La grossesse est le plus souvent une période
heureuse de la vie d’une femme. Hormis les
manifestations psychosomatiques du 1er trimestre
et l’anxiété qui peut s’exprimer au 3e trimestre,
POUR APPROFONDIR les troubles psychiques sont rares chez la femme
enceinte.
• L’accouchement peut s’accompagner
1 / Impact de la grossesse de symptômes psychopathologiques, fréquents
La grossesse et l’accouchement sont des événements de la vie d’une et bénins, le baby-blues, ou de troubles
femme qui se distinguent en tout point des autres facteurs événementiels exceptionnels mais graves, les psychoses
susceptibles d’avoir un impact sur la vie psychique. En effet, à la diffé-
rence d’autres circonstances stressantes, la date de survenue de l’accou- puerpérales.
chement est prévisible plusieurs mois à l’avance et une grossesse peut • Dans l’année qui suit l’accouchement, peut se
être programmée plusieurs années avant de la mettre en route. De plus, constituer, dans une proportion non négligeable de
l’arrivée d’un enfant va bouleverser la vie de ses parents pour les décen-
nies ultérieures ; d’ailleurs, la première grossesse est souvent l’étape matu- cas (1 femme sur 5 à 1 sur 10), une dépression du
rante qui marque le passage du statut d’adolescente à celui d’adulte. Enfin, post-partum. Non dépistée, et donc non traitée, ces
outre son impact psycho-affectif et social, la maternité entraîne de pro-
fonds remaniements biologiques. Les mesures législatives prises en états dépressifs sont un facteur
matière de contraception et d’interruption volontaire de grossesse et la de souffrance pour la mère mais aussi pour
prise en compte de la dimension psychologique semblent avoir atténué l’enfant.
l’expression, sinon la fréquence, des troubles psychopathologiques de la
puerpéralité.

2 / Syndrome du 3e jour
Le syndrome du 3e jour ou baby-blues, période dépressive, légère et tran-
sitoire, fréquente dans les jours qui suivent l’accouchement et pouvant
succéder à une phase d’élation de un ou deux jours se caractérise par :
anxiété relative au nouveau-né, sentiment d’incapacité, insomnie, asthé-
nie, crises de larmes, plaintes somatiques, agressivité, irritabilité… Par-
fois plus intense avec obnubilation, il peut être le prodrome d’une psy-
chose puerpérale. Son déterminisme semble autant biologique
(neuro-endocrinien) que psychologique et sa durée varie de quelques POUR EN SAVOIR PLUS
heures à quelques jours.
Gerard A, Raffaitin F, Cuche H. Dépression chez la
femme. In : Olie JP, Poirier MF, Loo H ,eds. Les mala-
dies dépressives. Paris : Flammarion ; 1995 : 84-90.
3 / Psychoses puerpérales Lemperière T, Lépine JP, Rouillon F. Les troubles men-
Les psychoses puerpérales, rares, débutent entre la première semaine et taux de la puerpéralité. Encycl Med Chir 1984, Éditions
le premier mois du post-partum. Elles réalisent un état confuso-délirant Techniques, Paris, 12 p, 37660-A1 0-7.
avec obnubilation voire désorientation temporo-spatiale, délire oniroïde Marce LV. Traité de la folie des femmes enceintes, des
dont les thèmes portent en général sur l’enfant ou les liens de filiation, nouvelles accouchées et des nourrices. Paris : Baillière,
humeur en général triste ou fluctuante, parfois agitation avec risque sui- 1958.
cidaire et (ou) d’infanticide. Leur évolution sous traitement est favorable Rouillon F, de Brettes B. Les dépressions du post-par-
dans la majorité des cas et les récidives lors des grossesses ultérieures ne tum. Concours Med 1996 ; 3 : 125-9.
sont pas systématiques (20 % des cas). Toutefois, l’évolution peut se faire
vers une psychose chronique le plus souvent maniaco-dépressive.

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