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Cardiologie - Pathologie vasculaire

B 112

Athérome
Anatomie pathologique, physiopathologie, épidémiologie et facteurs de risque, prévention
Dr Philippe GIRAL
Centre de détection et de prévention de l’athérosclérose (CDPA), hôpital Pitié-Salpêtrière, 75651 Paris cedex 13

Points Forts à comprendre lantes). Il subit des contraintes physiques et des agressions
physico-chimiques mais il présente des capacités d’adap-
tation et de cicatrisation importante qui lui permettent une
• L’athérome est une maladie de l’artère restitution ad integrum dans la plupart des cas. Néanmoins
de gros et moyen calibre. Sa définition est au fil du temps, les contraintes hémodynamiques (turbu-
anatomopathologique et ses manifestations lence au niveau des courbes et des embranchements arté-
cliniques ne surviennent que des années après riels en particulier) associées avec des éléments facilita-
une évolution infraclinique à bas bruit, teurs (les facteurs de risque cardiovasculaire) finissent par
d’où la possibilité de stopper l’évolution entamer l’intégrité du revêtement endothélial. C’est cette
de la maladie et l’apparition des symptômes première anomalie microscopique qui peut être à l’origine
(prévention primaire) ou leur récidive (prévention d’une cascade de processus qui, à terme, peuvent débou-
secondaire). cher sur la formation d’une plaque d’athérome voire l’obs-
• L’étiologie de l’athérome est multifactorielle truction complète de l’artère. La « lésion » endothéliale ini-
et sa prise en charge ne peut être que globale en tiale peut être bien plus subtile, et consister en une
traitant l’ensemble des facteurs de risque perturbation de la fonction endothéliale normale plutôt
modifiables. qu’en une agression physique. C’est-à-dire que les facul-
tés d’adaptation locale de l’artère (vasodilatation et vaso-
constriction) peuvent être modifiées. Il s’agit avant tout de
l’inhibition de la vasodilatation NO-dépendante d’origine
Depuis près de 40 ans, l’Organisation mondiale de la santé endothéliale et l’augmentation de la vasoconstriction
(OMS) a défini l’athérome comme « une association induite.
variable de remaniements de l’intima des artères de gros C’est au niveau de l’intima sous les cellules endothéliales
et moyen calibre consistant en une accumulation focale de que se déroulent les processus initiaux de l’athérome.
lipides, de glucides complexes, de sang et de produits san- Chez les animaux hypercholestérolémiques, les premières
guins, de tissu fibreux et de dépôts calcaires ; le tout s’ac- étapes de la formation de la plaque font intervenir plusieurs
compagnant de modification de la média ». processus cellulaires qui peuvent s’associer ou se succé-
L’athérome est une des affections les plus fréquentes de der :
l’homme adulte. Il s’agit plutôt d’athérosclérose qui asso- – les macrophages (dérivés des monocytes circulants) s’in-
cie à l’athérome la sclérose des artères. Pour être complet, filtrent dans la paroi artérielle intacte via les espaces inter-
il est préférable de parler d’athéro-scléro-thrombose, car cellulaires ;
ce sont ces 3 processus (athérome + sclérose + thrombose) – les plaquettes s’agrègent et adhèrent au niveau de l’en-
qui sont responsables de la sténose artérielle et de l’isché- dothélium ;
mie de l’organe puis finalement de l’obstruction artérielle – les cellules musculaires lisses commencent à proliférer,
et de l’infarcissement de l’organe irrigué. entraînant un épaississement localisé de la paroi artérielle.
C’est cet ensemble de phénomènes qui aboutit alors à un
épaississement de l’artère. Ce sont les facteurs de risque
Anatomie pathologique qui perturbent l’équilibre entre les mécanismes d’agres-
sion et de régénération de l’endothélium car ils accélèrent
L’athérome concerne l’intima et la média de la paroi arté- les phénomènes lésionnels physiologiques et diminuent les
rielle. capacités de régénération de l’endothélium.

1. Stade fonctionnel 2. Stades lésionnels


Le premier stade de l’athérome est un stade fonctionnel, Plusieurs stades lésionnels sont individualisés. La lésion
caractérisé par une perturbation endothéliale. L’endothé- initiale est constituée par la strie lipidique, puis se consti-
lium est un lieu métaboliquement actif qui est l’interface tue la plaque fibreuse qui peut se compliquer.
des relations complexes entre le sous-endothélium (la paroi • Formation des stries lipidiques : cette lésion initiale est
de l’artère) et le sang circulant (plasma et cellules circu- fréquente et précoce. Macroscopiquement, il s’agit d’une

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ATHÉROME

surélévation jaunâtre située au niveau de l’endothélium qui niveau des bifurcations artérielles et des sinuosités, et sa
saille légèrement dans la lumière artérielle. Microscopi- localisation est donc déterminée par des causes hémody-
quement, il s’agit de cellules « gorgées » de gouttelettes namiques avec une modification du shear stress (les forces
lipidiques qui dérivent des macrophages (cellules spu- de frottement) et l’apparition de turbulences responsables
meuses) et des cellules musculaires lisses. À l’occasion de modifications locales de la perméabilité de l’endothé-
d’autopsies pratiquées chez des hommes jeunes, sans mala- lium. Tous les segments artériels n’ont pas la même « sus-
die particulière, décédés de mort violente (soldats améri- ceptibilité » à l’athérome, par exemple, il n’existe que très
cains décédés en Corée) des stries lipidiques peuvent être peu d’athérome au niveau des artères des membres supé-
observées sur les artères. Il est probable que cette lésion rieurs, mais la gravité n’explique pas cette différence par
artérielle initiale puisse régresser ou évoluer vers l’étape rapport aux artères des membres inférieurs car les bifur-
suivante qui est la plaque fibreuse. cations carotides sont aussi un lieu de prédilection de
• Formation des plaques fibreuses : une des modifications lésions athéromateuses. Le développement de la maladie
des cellules musculaires lisses consiste en un accroisse- clinique est fonction de la localisation préférentielle des
ment de leur capacité de synthèse de protéines. Elles pro- lésions athéromateuses, mais il existe une association entre
duisent en grandes quantités une matrice de tissu conjonc- les différents territoires touchés qui sont, le plus fréquem-
tif, constituée de collagène, de fibres élastiques et de ment : les artères coronaires, les bifurcations carotides et
protéoglycanes. L’accumulation continue de tissu conjonc- les artères iliaques et fémorales. L’aorte est aussi précoce-
tif, de lipides extracellulaires associés aux cellules mus- ment touchée, mais vu le calibre important de cette artère,
culaires lisses et aux macrophages gorgés de cholestérol l’atteinte athéromateuse entraîne soit des migrations vers
ainsi qu’aux débris cellulaires correspond à la plaque des territoires plus distaux (embole athéromateux vers les
fibreuse. vaisseaux cérébraux en provenance de « végétations » athé-
• Formation de lésions compliquées : ce processus peut se romateuses de la crosse de l’aorte) soit une destruction du
poursuivre et s’étendre longitudinalement ou circonféren- parallélisme de parois de l’artère responsable de la surve-
tiellement. Mais le plus important est l’épaississement pro- nue d’un anévrisme de l’aorte abdominale.
gressif de la plaque qui entraîne une diminution progres-
sive de la lumière artérielle. Mais cet épaississement peut Physiopathologie
être émaillé d’accidents pouvant entraîner un accroisse-
ment brutal des dimensions de la plaque. Ces phénomènes La genèse de l’athérome reste encore discutée. Néanmoins,
peuvent se dérouler soit dans la plaque elle-même soit à sa il existe probablement une altération de l’homéostasie de
surface. Il s’agit surtout de thrombose ou de saignement l’endothélium avec modification de la perméabilité qui per-
dans la plaque elle-même. À cela viennent se rajouter des met aux divers éléments constitutifs du sang d’interagir et
phénomènes de calcifications qui durcissent la plaque dont de s’infiltrer dans le sous-endothélium : les lipoprotéines,
la plus grande partie est constituée de tissus mous et friables les neutrophiles et les monocytes-macrophages qui s’infil-
(d’où la possibilité d’angioplastie). L’ensemble de ce pro- trent dans la paroi artérielle et, simultanément, adhérence
cessus évolue à bas bruit et reste asymptomatique. La sur- des plaquettes avec libération des cytokines. Les cellules
venue d’un événement clinique et son type dépendent de endothéliales elles-mêmes, les macrophages et les cellules
l’évolutivité de la plaque. Par exemple, l’oblitération très musculaires lisses de la média libèrent aussi des cytokines
progressive à 75 % d’une artère coronaire peut être asymp- chimiotactiques et prolifératives. Ces cytokines amplifient
tomatique ou donner un angor stable. Mais le premier et prolongent cette réponse initiale. Un des résultats les
symptôme peut être un infarctus du myocarde, plus parti- plus importants de cette libération de cytokines est la pro-
culièrement quand un caillot obstrue brutalement la lumière lifération locale des cellules musculaires lisses de la média,
résiduelle de l’artère au niveau de la plaque. En général, et leur dédifférenciation. C’est cette accumulation locali-
les phénomènes de thrombose surviennent quand le sée de gouttelettes lipidiques libres ou intracellulaires qui
contenu de la plaque qui comprend des substances pro- est responsable de cette « strie lipidique », puis, à un stade
coagulantes est au contact du sang circulant. Il faut donc plus évolué, de la plaque fibreuse suite à la synthèse de col-
différencier les plaques fibreuses stables qui évoluent très lagène et de glycoprotéines par ces cellules musculaires
progressivement, des plaques instables, « molles » com- lisses dédifférenciées.
portant un core (noyau) lipidique important et qui présen- Ce sont les facteurs de risque qui modifient le fonctionne-
tent un risque évolutif aigu. Il s’agit alors d’une rupture de ment des cellules circulantes tout comme celui des cellules
la chape fibreuse qui la recouvre, entraînant une simple fis- de la paroi artérielle.
sure ou une ulcération avec soit un hématome local intra- L’excès de LDL-cholestérol circulant peut être capté au
plaque (avec une augmentation très rapide de la taille de la niveau de la paroi artérielle, phagocyté par les macrophages
plaque) soit la formation d’un néothrombus qui va obstruer qui vont se transformer en cellules spumeuses et s’accu-
la lumière artérielle résiduelle. muler dans le sous-endothélium. À ce niveau, l’accumula-
tion de LDL-cholestérol est non seulement responsable
3. Répartition des lésions d’athérome d’un épaississement mais aussi d’une inhibition locale de
sur l’arbre artériel l’action vasodilatatrice du NO d’origine endothéliale.
Macroscopiquement, la distribution des lésions athéroma- L’hypertension accroît la force de cisaillement qui s’ap-
teuses sur les artères est variable. L’athérome se situe au plique sur l’endothélium artériel. Ce processus peut modi-

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fier l’orientation des cellules endothéliales et entraîner une et souvent de moins de 65 ans. C’est en effet dans cette par-
augmentation du captage de LDL dans la paroi artérielle. tie de la population que les différences de morbi-mortalité
L’augmentation de la pression transversale est responsable coronaire sont les plus importantes entre les sites géogra-
d’un épaississement des artères et d’une augmentation de phiques. Ces différences sont toujours moindres lorsqu’on
leur rigidité. compare toutes les pathologies cardiovasculaires dans les
Le tabagisme entraîne une modification de la viscosité plas- 2 sexes qui représentent une importante cause de décès dans
matique et de l’agrégation plaquettaire. Il modifie la réac- la plupart des pays industrialisés, mais il existe une grande
tivité artérielle et diminue la vasodilatation. disparité entre les pays (le taux de mortalité est 2 à 3 fois
L’augmentation chronique de la glycémie constatée dans plus élevé en Écosse, Finlande, Hongrie qu’en France qui
le diabète associée à l’insulinorésistance est accompagnée est le double du Japon) et entre les régions, et ce suivant
d’une modification quantitative et qualitative des lipopro- un gradient nord-sud (la mortalité cardiovasculaire est plus
téines (hypertriglycéridémie, baisse du HDL-cholestérol), importante dans le nord par rapport au sud).
une augmentation de la pression artérielle. Parallèlement,
il existe une modification délétère de certains paramètres 2. Épidémiologie des coronaropathies
de l’hémostase (augmentation du fibrinogène et du PAI). Le terme « morbidité » est synonyme de maladie ou d’af-
fection et fait généralement référence à l’incidence ou à la
prévalence d’une maladie au sein d’une communauté ; la
Épidémiologie mortalité est un dénombrement des décès, tandis que la
des manifestations cliniques morbidité est un dénombrement des symptômes.
Depuis 1970, la mortalité coronaire évolue de façon diver-
Il s’agit en effet de l’épidémiologie des manifestations cli- gente, avec une baisse importante dans certains pays (États-
niques de l’athérome, et non pas de l’épidémiologie de Unis, Finlande) contrastant avec une hausse importante
l’athérome, car certains patients peuvent présenter des dans certains pays de l’Europe de l’Est. La situation de la
lésions artérielles athéromateuses qui ne peuvent être dia- France est intermédiaire, avec une mortalité sensiblement
gnostiquées en l’absence de symptomatologie évocatrice. proche de celle des pays européens voisins du sud, tout en
Ce qui signifie qu’un athérome artériel silencieux clini- sachant qu’il existe un gradient nord-sud avec une morta-
quement n’est pas comptabilisé. Cette approche est en train lité dans le nord de la France près du double de celle consta-
d’être modifiée par la recherche de l’athérome infraclinique tée dans le Sud-Ouest où elle est proche de celle constatée
par des moyens non invasifs. en Espagne. Malgré ce paradoxe, les coronaropathies res-
tent en France un problème majeur avec plus de
1. Généralités 100 000 infarctus par an, dont 40 % avant 65 ans. La patho-
Il s’agit avant tout des cardiopathies ischémiques dues à logie coronaire aiguë (angor et infarctus) est responsable
l’athérosclérose des artères coronaires, des accidents vas- de 125 000 hospitalisations par an (soit 340/j), mais en fait
culaires cérébraux dus à l’athérosclérose des artères à visée on estime à 175 000 le nombre total d’événements coro-
encéphalique et de l’artérite due à l’athérosclérose des naires aigus par an dont un tiers suivi de décès.
artères des membres inférieurs. Mais en fait, l’athérosclé-
rose peut toucher toutes les artères et entraîner des mani- 3. Épidémiologie
festations ischémiques chroniques (artérite mésentérique des accidents vasculaires cérébraux
par exemple) ou aiguës (infarctus mésentérique). liés à l’athérome
En France, 500 000 personnes meurent chaque année et Sous cette dénomination accidents vasculaires cérébraux
170 000 à cause d’une affection cardiovasculaire dont (AVC), sont regroupés les accidents ischémiques cérébraux
50 000 d’origine coronaire et 60 000 d’origine vasculaire liés à l’athérome.
cérébrale. Néanmoins, dans la plupart des résultats concer- Les accidents vasculaires cérébraux sont responsables de
nant la mortalité, on individualise les décès prématurés 50 à 60 000 décès par an en France dont la moitié sont la
(avant 65 ans) et lorsque l’on tient compte de cette limite, conséquence de l’athérome. Le nombre d’accidents vas-
il existe une surmortalité masculine coronaire très impor- culaires cérébraux a baissé de façon considérable depuis
tante, alors que les accidents vasculaires cérébraux sur- une quarantaine d’années dans l’ensemble des pays indus-
viennent plus tardivement chez les femmes. Chez les trialisés et ce probablement grâce à la prise en charge des
hommes entre 45 et 65 ans, la mortalité masculine est hypertensions qui représente le facteur de risque majeur
double par rapport aux femmes de la même classe d’âge. des accidents vasculaires cérébraux, puisque la prévalence
Cette différence importante est attribuée à 3 origines, par d’une hypertension en multiplie le risque par 4 à 7 que ce
ordre décroissant : cardiovasculaire (pincipalement coro- soit pour les hommes ou pour les femmes. La prévalence
naire), tumorale, traumatisme et empoisonnement (acci- de ces accidents peut être estimée à 4 à 6 pour 1 000, soit
dent de la route et suicide). Ces décès d’origine vasculaire 250 à 300 000 en France. Il existe une relation linéaire entre
chez ces hommes « jeunes » sont évitables et reposent sur l’incidence des accidents vasculaires cérébraux et l’âge
la prévention basée sur la mise en évidence et la prise en avec un doublement de fréquence tous les 10 ans entre 45
charge des facteurs de risque cardiovasculaire. Bien des et 85 ans. Chez l’homme, alors qu’après 65 ans l’incidence
publications, lorsqu’elles font état de différences entre les des cardiopathies ischémiques tend à diminuer, celle des
pays, comparent avant tout la mortalité chez les hommes accidents vasculaires cérébraux continue d’augmenter.

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ATHÉROME

Chez la femme, l’incidence des accidents vasculaires céré- 2. Définition d’un facteur de risque
braux suit de plus près celle des cardiopathies ischémiques Il s’agit d’une variable qui est associée avec un risque de
en raison d’un retard du pic de fréquence des cardiopathies survenue d’un événement. Il s’agit donc ici d’une variable
ischémiques d’à peu près 10 ans par rapport aux hommes. clinique ou paraclinique (biologique par exemple) qui est
Comme pour les atteintes coronaires, il existe une grande associée à la survenue d’une maladie cardiovasculaire. Dès
disparité de la mortalité par accidents vasculaires cérébraux maintenant il faut différencier facteur et marqueur. Un mar-
entre les pays ; mais la répartition des fréquences est dif- queur de risque peut « passivement » être associé à une mala-
férente : les taux les plus élevés sont observés au Japon et, die sans qu’il permette de prédire vraiment son déroulement ;
pour l’Europe, au Portugal. Le facteur de risque principal pour parler de facteur, il doit exister une relation entre la
des accidents vasculaires cérébraux est l’hypertension arté- maladie et le facteur, et la modification de ce dernier doit
rielle. Les autres facteurs de risque vasculaire se retrouvent influencer le risque de survenue de la maladie. Cette notion
aussi pour les accidents vasculaires cérébraux : tabagisme, débouche sur la notion de facteur de risque modifiable et
diabète et dyslipidémie. facteur de risque non modifiable (dit constitutionnel).
D’autres critères (parfois évidents) sont nécessaires pour
4. Épidémiologie de l’artérite préciser l’association : la temporalité (le facteur doit pré-
La prévalence de l’artériopathie des membres inférieurs est céder l’événement !), la cohérence de la relation dans les
beaucoup plus faible que l’atteinte coronaire et cérébrale. études, qu’elles soient cliniques ou expérimentales (l’hy-
Elle affecte 1 à 2 % de la population générale avant 50 ans percholestérolémie induite chez l’animal entraîne l’appa-
et touche essentiellement les hommes. Elle reste inférieure rition d’athérome). Enfin, il n’est possible de mettre en évi-
à 5 % avant 60 ans, mais sa fréquence augmente beaucoup dence que des facteurs de risque que l’on recherche
après 70 ans et les femmes sont alors presque autant spécifiquement (on ne peut mettre en évidence le rôle du
atteintes que les hommes. Deux facteurs de risque sont cholestérol que s’il est dosé chez les sujets étudiés !), et au
essentiellement retrouvés : il s’agit du tabagisme et du dia- fil des années en fonction du perfectionnement des dosages
bète qui représentent plus de 80 % des causes d’artérite. Il et des techniques, la liste des facteurs de risque s’est allon-
existe un risque de surmortalité vasculaire (multiplié par 2 gée et modifiée en fonction des résultats des différentes
à 3) chez les patients artéritiques ; 65 à 80 % des décès sont études : par exemple, les triglycérides étaient considérés
d’origine coronaire. comme un facteur de risque, mais lorsque l’on étudie
conjointement le HDL-cholestérol, la responsabilité des
triglycérides en tant que facteur de risque n’est plus évi-
Facteurs de risque dente sauf dans certains sous-groupes de sujets étudiés. La
liste de facteurs de risque proposée peut donc évoluer les
La recherche étiologique de l’athérome a permis de mon- résultats des études. Néanmoins, dans la plupart des études,
trer que la survenue des manifestations cliniques était asso- même les plus récentes, les 4 facteurs de risque classiques :
ciée à plusieurs variables, permettant de suggérer une étio- hypercholestérolémie, hypertension artérielle, tabagisme,
logie multifactorielle de la maladie. diabète restent toujours impliqués dans la survenue des
maladies cardiovasculaires.
1. Définition du risque cardiovasculaire
Plusieurs études importantes ont permis de démonter l’exis-
C’est la probabilité de survenue d’une maladie cardiovas- tence d’une corrélation nette, positive et continue entre le
culaire à un moment donné ou pendant un intervalle de taux de cholestérol sérique, le niveau de pression artérielle
temps. Ce risque peut être exprimé sous plusieurs formes : et la morbidité cardiovasculaire. Elles ont aussi démontré
• risque absolu : probabilité de survenue d’une maladie que les sujets diabétiques et fumeurs présentaient aussi un
cardiovasculaire à un moment donné ou sur un intervalle risque accru de pathologies cardiovasculaires. Une des pre-
de temps (5, 10 ans) exprimé sans référence à la probabi- mières études à rapporter ces associations a été l’étude de
lité de survenue du même événement sur la même période Framingham, débuté en 1949, d’une durée de 24 ans, por-
de temps d’un sujet de même âge et du même sexe sans tant sur 6 000 habitants de Framingham dans l’État du Mas-
facteur de risque associé ; sachusetts (États-Unis). L’étude de Framingham a consti-
• risque relatif : c’est le rapport entre la survenue d’une tué un jalon essentiel dans le domaine de la recherche
maladie cardiovasculaire à un moment donné sur un inter- épidémiologique et c’est en grande partie suite à celle-ci
valle de temps donné et la probabilité de la même maladie que la notion de facteurs de risque associée à un accrois-
dans le même intervalle de temps chez un sujet de même sement de la fréquence de manifestations cliniques d’ori-
âge et du même sexe sans facteur de risque associé. Le gine vasculaire a été proposée. Une des études les plus
risque relatif mesure l’intensité du lien entre le facteur de importantes par le nombre de sujets étudiés a été la Mul-
risque et la maladie. Ce risque est déduit de l’étude des tiple Risk Factor Intervention Trial (MRFIT), qui portait
études de suivi de cohorte ; sur 361 000 hommes lors de la sélection initiale, a aussi
• risque attribuable : le risque attribuable à un facteur de montré que l’incidence de la morbi-mortalité cardiovascu-
risque donné est la différence entre les taux d’incidence d’une laire était liée aux taux de cholestérol et à la pression arté-
maladie cardiovasculaire dans 2 populations dont l’une est rielle. En fait, l’ensemble des études épidémiologiques réa-
exposée au facteur de risque et l’autre pas. Il reflète l’excès lisées dans plusieurs pays concordent entre elles et
de risque qu’entraîne l’exposition au facteur de risque. confirment que l’hypertension artérielle, l’hypercholesté-

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rolémie, le tabagisme et le diabète sont associées avec une tion et les objectifs sont différents car les facteurs de risque
augmentation de la morbi-mortalité cardiovasculaire d’ori- semblent agir de manière synergique. On ne traite pas un
gine athéromateuse. chiffre parce qu’il est au-dessus des normes de dépistage.
Les bornes qui sont utilisées dans le cadre du dépistage
pour une population ne sont certainement pas les mêmes
TABLEAU I pour traiter un individu en particulier. En pratique, il existe
une approche scientifique avec l’utilisation d’équation éta-
Facteurs de risque de l’athérome blissant le risque d’un individu. Ces équations sont élabo-
rées suite à des études prospectives de morbi-mortalité sur-
Facteurs de risque Facteurs de risque veillant pendant une assez longue période de temps une
non modifiables modifiables population de sujets indemnes. L’équation la plus utilisée
est celle de Framingham, mais une équation établie à par-
– Âge – Hypercholestérolémie tie de l’enquête allemande réalisée dans la région de Muns-
– Sexe masculin – Hypertension ter (PROCAM) donne des résultats équivalents. Ces équa-
– Antécédents familiaux précoces – Tabagisme tions ont une grande valeur puisque, quand on compare les
– Antécédents personnels – Diabète
20 % de sujets qui ont les résultats les meilleurs aux 20 %
Autre facteur de risque qui ont les résultats les plus élevés, il apparaît que le nombre
d’accidents coronaires passe de 1 à 70. Une étude prati-
– Taux bas quée en France (l’Étude prospective parisienne) a montré
de HDL-cholestérol
que les risques relatifs calculés dans cette étude étaient très
Facteurs de risque proches de ceux trouvés dans les autres études prospec-
probables * tives. Ces équations sont donc un remarquable instrument
pour sélectionner le sujet à risque. En pratique, le risque
– Fibrinogène
– Sédentarité est donc multiplié par chaque facteur de risque et pour deux
– Obésité patients à taux de chlestérol identiques, élevés, pourrait être
– Profil psychologique* associé un risque de coronaropathie cinq fois moindre chez
le non-fumeur normotendu que chez le fumeur hypertendu.
* Certaines variables sont parfois considérées comme des facteurs de
risque, mais il n’existe pas encore de consensus quand à leur rôle indé- • Hypercholestérolémie : c’est probablement le facteur de
pendant (cf. marqueur et facteur). risque le plus important pour les maladies coronaires. Il
s’agit en fait de l’augmentation du LDL-cholestérol. Celle-
ci est détectée par une augmentation du taux du cholesté-
3. Facteurs de risque non modifiables rol total qui doit aboutir à la demande d’un bilan lipidique
comportant l’estimation du LDL-cholestérol (calcul par la
L’âge est le facteur de risque majeur non modifiable, les formule de Friedwald). De façon indépendante, l’abaisse-
manifestations cliniques de l’athérosclérose débutent en ment du HDL-cholestérol est un facteur de risque cardio-
général après la 4e décennie chez l’homme et après la 5e vasculaire. Les sociétés savantes ont fixé des niveaux sou-
décennie chez la femme. Il existe donc une différence de haitables de cholestérol qui sont fonction du niveau de
10 ans entre l’homme et la femme qui est protégée jusqu’à risque. Il existe une relation continue entre cholestérolé-
la ménopause, le sexe masculin étant donc un autre facteur mie et morbidité coronaire, et entre un taux inférieur à
de risque non modifiable. 2 g/L (5,2 mmol/L) et un taux supérieur à 2,8 g/L
La notion d’antécédents familiaux est importante et le bilan (7,2 mmol/L), la morbidité cardiovasculaire est multipliée
de la maladie athéromateuse de tout patient doit compor- par 4 à 5. Le taux idéal de cholestérol est donc celui qui
ter l’élaboration d’un arbre généalogique où sont indiqués correspond à un risque acceptable, et ce taux est actuelle-
les maladies cardiovasculaires et l’âge de survenue pour ment fixé à 2 g/L. Les patients présentant un taux supérieur
l’ensemble des membres de la famille. Il s’agit de la pre- doivent avoir une appréciation de leur risque cardiovascu-
mière étape qui permet de faire des études génétiques. laire qui permettra de fixer les objectifs et les mesures cor-
rectives. Les patients présentant un taux supérieur à 2,5 g/L
4. Facteurs de risque modifiables (6,5 mmol/L) doivent avoir des mesures plus
Il faut intégrer la prise en charge des patients et adapter son énergiques qui peuvent déboucher sur un traitement médi-
intervention en fonction du risque global. On ne traite pas camenteux en l’absence de réponse aux mesures hygiéno-
une hypertension artérielle ou une hypercholestérolémie diététiques. Actuellement, l’ensemble des recommanda-
pour faire baisser les chiffres, mais pour abaisser le risque tions internationales font intervenir le taux de
de maladie cardiovasculaire du patient. Aussi faut-il rai- LDL-cholestérol qui est un meilleur indice du risque lipi-
sonner en terme de risque cardiovasculaire global et donc dique (norme idéal = LDL-C < 1,30 g/L (3,5 mmol/L) que
agir sur certains paramètres (taux de LDL-cholestérol, le cholestérol total.
niveau de pression artérielle, glycémie, consommation • Hypertension artérielle : il existe une relation linéaire
tabagique) qui sont les déterminants de la maladie athéro- entre pression artérielle et morbi-mortalité cardiovascu-
mateuse. Il faut donc quantifier le risque vasculaire d’un laire. L’hypertension artérielle se définit comme une pres-
patient, et en fonction de ce risque, le niveau d’interven- sion artérielle systolique supérieure à 140 mmHg ou une

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pression artérielle diastolique supérieure à 90 mmHg. Il et la mortalité au cours de l’infarctus est le double par rap-
s’agit dans plus de 90 % des cas d’hypertension artérielle port aux non-diabétiques. Les accidents vasculaires céré-
essentielle. Le niveau de pression artérielle est le facteur braux, qui sont les plus fréquents, sont associés à une sur-
prédictif majeur du risque d’accident vasculaire cérébral mortalité à la phase aiguë ; l’artérite des membres inférieurs
et d’insuffisance cardiaque. Les patients avec une hyper- est précoce et distale.
tension artérielle (PA ≥ 160/95) ont un risque d’accident • Syndrome X métabolique : il existe des associations de
vasculaire cérébral multiplié par 9 par rapport aux normo- facteurs de risque qui nécessitent une prise en charge glo-
tendus (PA < 140/90), un risque d’insuffisance cardiaque bale. L’association tabagisme-hypertension artérielle a déjà
multiplié par 5 et un risque de coronaropathie ou d’artérite été mentionnée. Mais c’est surtout le syndrome X méta-
multiplié par 2,5. bolique qu’il importe de détecter et de prendre en charge :
• Le tabac : il est le facteur de risque majeur de l’artérite il associe une obésité, une intolérance au glucose, une
et 90 % des sujets atteints sont des fumeurs. Pour les autres hypertension artérielle et une hypertriglycéridémie. Il cor-
atteintes artérielles, le tabagisme intervient aussi et il mul- respond probablement à une insulino-résistance et le risque
tiplie par 2 le risque dû aux autres facteurs de risque. Pour de complications cliniques athéromateuses est majeur.
la localisation coronaire, le tabagisme par son action throm-
bogène et vasoconstrictive intervient surtout pour les acci-
dents aigus et la fréquence des infarctus et des morts subites Prévention
est très significativement augmentée chez les fumeurs. Le
tabagisme intervient aussi dans les accidents vasculaires On différencie la prévention primaire qui vise à prévenir
cérébraux principalement d’origine ischémique et leur l’apparition de la maladie, c’est-à-dire à prévenir la surve-
risque relatif est multiplié par 2 à 5 chez les fumeurs. Le nue d’un infarctus, d’une angine de poitrine, d’un accident
risque croît avec la quantité et la durée du tabagisme. Deux vasculaire cérébral ou d’une artérite, de la prévention
cas particuliers où la nocivité cardiovasculaire du tabagisme secondaire dont le but est d’empêcher l’aggravation et (ou)
est importante : l’association tabagisme et contraception la récidive clinique de la maladie athéromateuse.
œstroprogestative chez la femme jeune qui peut être res-
ponsable d’accidents vasculaires aigus gravissime (hémi- 1. Stratégies de prévention
plégie et infarctus dont la fréquence est faible avant la La prévention de l’athérome repose sur deux grandes
ménopause qui peut être multiplié par 20 en cas d’asso- approches complémentaires :
ciation tabagisme + œstro-progestatif). Le second cas est – la stratégie, axée sur la population, de santé publique ;
représenté par les hommes de la quarantaine fumeurs qui – la stratégie axée sur l’individu, le patient à haut risque.
reprennent le sport, dont la poursuite du tabagisme est dan- La stratégie de santé publique vise à modifier les habitudes
gereuse. de vie de l’ensemble des individus de façon à améliorer le
De plus, le tabagisme favorise l’hypertension artérielle par niveau de santé de la population et à diminuer l’incidence
l’action vasoconstrictrice de la nicotine mais aussi par globale des maladies cardiovasculaires. Elle repose sur
l’athérome aortique qui peut être responsable d’une sté- l’éducation sanitaire de la population (intervention au
nose de l’artère rénale et d’une HTA secondaire. niveau scolaire, réglementation de l’étiquetage des denrées
Enfin, mis à part les effets spécifiques de la nicotine sur les alimentaires), et une amélioration globale de l’hygiène de
artères, le tabac peut être responable d’une induction enzy- vie associée à des mesures ponctuelles comme des cam-
matique qui peut modifier les taux sériques de certains pagnes de sensibilisation et de prévention (campagne anti-
médicaments. Il semble que les fumeurs soient moins tabac, faites du sport, surveillez votre poids) ainsi que sur
observants que les non fumeurs en ce qui concerne les une politique de mise en place de mesures afin d’amélio-
règles hygiénodiététiques et le suivi thérapeutique ! rer le dépistage des sujets à risque (remboursement du
• Diabète : il s’agit avant tout du diabète non insulino- dosage du cholestérol, bilan de santé systématique, mise
dépendant (DNID) associé à un surpoids. Souvent, le dia- en place de centres de prévention) et la recherche pour amé-
gnostic est méconnu, car la glycémie à jeun n’est pas tou- liorer la prévention.
jours pathologique et c’est l’hyperglycémie provoquée par La stratégie individuelle vise à identifier les sujets à haut
voie orale qui permet de faire le diagnostic. Dans plus de risque de maladies cardiovasculaires et à réduire ce risque,
la moitié des cas, il existe des anomalies du bilan lipidique en modifiant leurs facteurs de risque significatifs. Pour
avec hypertriglycéridémie et baisse du HDL-cholestérol. l’athérome, la stratégie individuelle vise à identifier les per-
Parallèlement au risque athéromateux qui est multiplié par sonnes ayant une hypertension artérielle et (ou) une cho-
2 chez les diabétiques et qui correspond à la macroangio- lestérolémie élevée et (ou) un diabète et (ou) qui fument
pathie diabétique, les diabétiques présentent une microan- ainsi que les familles comportant une incidence importante
giopathie qui est une atteinte des artères de petites calibres. de maladies cardiovasculaires à un âge précoce. Il s’agit
La macroangiopathie représente la première cause de mor- d’une démarche médicale qui, compte tenu du grand
talité des diabétiques, et 50 à 70 % des décès des patients nombre de personnes impliquées, relève des soins de santé
avec un DNID sont imputables aux complications de la primaires. Pour le tabagisme, le dépistage est évident. L’hy-
macroangiopathie. L’évolutivité de la macroangiopathie est pertension artérielle nécessite une prise de la pression arté-
rapide avec des particularités pour chaque territoire : pour rielle tout comme le dépistage de l’hypercholestérolémie
les atteintes coronaires, l’ischémie est souvent silencieuse et du diabète nécessite un prélèvement sanguin dont les

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Cardiologie - Pathologie vasculaire

limites et la fréquence dans le cadre du dépistage font l’ob-


jet de recommandations par les sociétés savantes et les auto- Rentabilité potentielle
rités sanitaires (RMO). de la prévention
des complications cliniques
2. Règles hygiénodiététiques générales
de l’athérome
pour lutter contre les facteurs de risque
des maladies cardiovasculaires Un généraliste s’occupe en moyenne de 200 hommes âgés de 40 à 59
ans. Parmi ceux-ci, 40 se trouvent par définition dans le quintile supé-
Ces principes sont applicables sans modification radicale rieur de risque de maladie cardiovasculaire et ces sujets sont ceux
des habitudes alimentaires. Ils sont recommandables pour chez lesquels une intervention a le plus de chances d’être efficace.
Parmi ces sujets à haut risque, 1 par an fait un accident coronaire ; si
les populations en général dans les pays où les manifesta- le risque est diminué de 20 %, 1 cas serait évité tous les 5 ans. Ce
tions cliniques de l’athérome sont répandues. chiffre n’est pas dérisoire si on le multiplie par le nombre de méde-
La réduction de l’excès de poids constitue un aspect impor- cins généralistes en France !
tant quantitatif. Elle permet d’abaisser effectivement les
taux élevés de triglycérides et de cholestérol, la pression
artérielle et la glycémie. Qualitativement, il est nécessaire rolémiant versus lacebo, ont clairement montré le bénéfice
de réduire l’apport total de graisses à 30 % au maximum d’une baisse du cholestérol sur la morbi-mortalité coro-
de l’énergie alimentaire totale (actuellement, en France, naire, que ce soit en prévention primaire ou secondaire.
l’apport quotidien de graisses se situe autour de 38-40 % Actuellement, il n’est plus concevable dans le cadre de la
de la ration calorique quotidienne totale). Par ailleurs, il prévention secondaire de ne pas traiter activement par un
faut diminuer l’apport des acides gras saturés (surtout pré- régime adapté et par des médicaments hypocholestérolé-
sents dans les aliments d’origine animale) à moins de 10 % miants, les patients présentant une dyslipidémie. Dans le
de l’énergie alimentaire totale et donc privilégier l’utilisa- cadre de la prévention primaire, les objectifs thérapeutiques
tion des acides gras mono-insaturés (acide oléique) et poly- d’un traitement hypocholestérolémiant sont basés sur le
insaturés (acide linoléique) présents dans les huiles végé- taux de LDL-cholestérol avec des niveaux différents en
tales (olive, tournesol, colza). Enfin, il faut augmenter la fonction du nombre de facteurs de risque : plus le niveau
consommation d’hydrates de carbone complexes et de de risque est important, plus le niveau de LDL-cholestérol
fibres solubles, provenant des céréales et des légumes. Pour souhaitable est abaissé. Le traitement des hypercholesté-
les patients hypercholestérolémiques, réduction du cho- rolémies repose sur le régime qui est particulièrement effi-
lestérol alimentaire à moins de 300 mg/j. Il est préférable cace en cas d’hypertriglycéridémie associée. Les médica-
de modérer l’apport de sel en général, mais les régimes ments ne sont introduits qu’après échec partiel ou complet
hyposodés stricts ne sont plus nécessaires comme par le du régime.
passé en cas d’hypertension artérielle. • Prise en charge de l’hypertension artérielle : l’HTA est
Les activités physiques régulières appropriées à l’âge et à le premier facteur de risque vasculaire pour lequel l’inté-
l’aptitude cardiorespiratoire sont recommandées. L’exer- rêt d’un traitement préventif a été clairement démontré. En
cice retarde le vieillissement artériel physiologique et effet, le traitement antihypertenseur augmente la durée de
représente un facteur important de prévention de l’athé- vie des patients hypertendus et diminue la fréquence des
rome. De façon constante dans les études épidémiolo- événements cardiovasculaires. Cette diminution se fait sur-
giques, les sédentaires ont une fréquence d’accidents coro- tout aux dépens des accidents vasculaires cérébraux
naires augmentée par rapport aux sportifs. (– 30 %) et le bénéfice est d’autant plus important que le
niveau tensionnel de base est élevé. Elle est moindre pour
3. Prise en charge des facteurs de risque les coronaropathies. Le traitement de l’hypertension arté-
• Prise en charge de l’hypercholestérolémie : depuis une rielle repose tout d’abord sur des mesures hygiénodiété-
quinzaine d’années, plusieurs études d’intervention com- tiques, puis sur des traitements médicamenteux.
portant l’administration d’un médicament hypocholesté- • La cessation du tabac : le risque lié au tabagisme s’es-
tompe chez les anciens fumeurs et il semble (du moins pour
TABLEAU II le risque d’infarctus) qu’il rejoigne celui des non-fumeurs
3 à 5 ans après avoir cessé de fumer.
Schéma d’intervention avec objectifs • Prise en charge du diabète : il n’existe pas d’étude spé-
de taux de LDL-cholestérol cifique prospective de prévention cardiovasculaire chez le
en fonction des facteurs de risque diabétique (des études sont encours). Néanmoins, certaines
études de prévention chez les patients dyslipidémiques ont
Caractéristiques des sujets Objectif du traitement montré que chez les patients diabétiques dyslipidémiques,
la baisse du LDL-cholestérol était associée à une diminu-
Sujet sans aucun facteur de risque LDL-C < 2,20 g/L tion de l’incidence des cardiopathies ischémiques. La
Sujet avec un autre facteur de risque LDL-C < 1,90 g/L réduction de la glycémie ne semble pas prévenir la sur-
Sujet avec deux facteurs de risque LDL-C < 1,60 g/L mortalité cardiovasculaire ; il faut donc agir sur les facteurs
Sujet en prévention secondaire LDL-C < 1,30 g/L de risques associés : hypercholestérolémie, hypertension
artérielle et tabagisme.

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ATHÉROME

4. Antiagrégants plaquettaires Conclusion


La coagulation joue un rôle important dans l’athérome, de L’athérome, qui est la maladie la plus fréquente (de l’or-
nombreuses études suggèrent que plusieurs facteurs de gane « artère ») dans les pays industrialisés, pose un pro-
l’hémostase seraient impliqués dont le fibrinogène, le fac- blème de santé publique en raison des complications cli-
teur VII. Vu l’importance de la coagulation dans la surve- niques et de la mortalité qu’il provoque. La prise en charge
nue des thromboses, les anticoagulants (antivitamine K) des facteurs de risque dans le cadre de la prévention est
ont été utilisés dans des études de prévention secondaire certainement une des mesures médicales des plus rentables
avec des résultats positifs, mais avec des effets secondaires en terme de vies sauvées. ■
limitant leur utilisation spécifiquement dans les complica-
tions cliniques de l’athérome. Par ailleurs, l’aspirine pré-
sente des propriétés antiagrégante plaquettaires et plusieurs Points Forts à retenir
études de prévention secondaire (accident vasculaire céré-
bral et coronaire) ont montré que l’acide acétylsalicylique • La définition de l’athérome, d’un facteur de risque.
à doses variables (160 à 1 500 mg/j) diminuait le risque de • La liste des facteurs de risque et leur définition
récidive de 30 %. Une grande étude de prévention primaire (limite de l’HTA, de l’hypercholestérolémie).
(réalisée chez 15 000 médecins américains) a montré que • Les principes de la diététique.
la prise quotidienne d’aspirine est associée à une diminu- • La notion de risque global et son principe.
tion de la morbi-mortalité coronaire.

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