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B 133
Hyperkaliémie
Étiologie, physiopathologie, diagnostic, traitement
Pr Dominique CHEVET
Service de néphrologie, CHRU, hôpital du Bocage, 21034 Dijon cedex
Hyperkaliémies factices
– Prélèvement sanguin ischémique (garrot)
– Prélèvement hémolysé
– Thrombocytémies > 106/mm3, hyperleucocytoses > 2.105/mm3
2. Signes électrocardiographiques
Les anomalies électrocardiographiques observées, consé-
quences des troubles de la repolarisation ventriculaire,
comprennent dans l’ordre d’apparition une onde T ample,
pointue, acuminée et symétrique à base étroite d’abord
visible dans les dérivations droites V2-V3 et à la pointe,
dès que la kaliémie dépasse 6 mmol/L. Leur absence pour
un tel taux plasmatique est très suggestive de fausse hyper-
kaliémie. Viennent ensuite, pour des taux supérieurs à
7 mmol/L, les anomalies du complexe rapide, un allonge-
ment de l’espace QRS ainsi que de l’espace PR. Des
troubles du rythme s’associent à ces anomalies de conduc-
tion : paralysie sinusale, dissociation auriculoventriculaire
puis tachycardie supraventriculaire, fibrillation ventricu-
laire et enfin dissociation électromécanique. Toute cette
sémiologie souligne l’importance de l’électrocardio-
gramme, immédiatement pratiqué devant toute suspicion
d’hyperkaliémie.
2
Hyperkaliémie majeure. Absence d’activité auriculaire
visible ; rythme ventriculaire un peu irrégulier entre 68 et 82
par minute, avec complexe QRS élargi à 0,16 s. Les ondes T ont
une morphologie très particulière. Elles sont amples, pointues
et étroites, diphasiques (+–) en I, positives en II, III et V6, suc-
cédant aux complexes QRS avec un espace QT très allongé à
0,54 s (pour un QT normal à 0,37 ± 0,04 s).
La morphologie particulière des ondes T est très suggestive
d’une hyperkaliémie ; il s’agit ici d’une hyperkaliémie impor-
tante, supérieure à 7 mEq/L qui peut expliquer la présence d’un
rythme ventriculaire ectopique. Il n’est pas possible, en l’ab-
sence d’ondes P visibles sur ce tracé, de préciser s’il s’agit du
rythme d’échappement ventriculaire secondaire à un bloc auri-
culoventriculaire, fréquente en cas d’hyperkaliémie aussi
importante.
Noter la très importante déformation des complexes QRS
(flèches) et des ondes T en V2 qui rend l’interprétation du tracé
1
Signes électrocardiographiques des hyperkaliémies. ampli- difficile. Le rythme ventriculaire est peu rapide en V2 à 84/min.
tude des ondes T de V2 à V4, qui ont un caractère étroit et pointu. De telles modifications du tracé précèdent de peu l’arrêt ven-
Un tel aspect des ondes T est suggestif d’hyperkaliémie. triculaire en l’absence de traitement.
Extrait de « L’électrocardiogramme, savoir l’interpréter ». Extrait de « L’électrocardiogramme, savoir l’interpréter ».
Gay J, Desnos M (avec l’autorisation de l’éditeur Frison-Roche). Gay J, Desnos M (avec l’autorisation de l’éditeur Frison-Roche).
nombre de règles évitant de prendre en compte un taux trocardiographique. L’opportunité de cette mesure ne
erroné par excès alors que la kaliémie réelle est normale. souffre que l’exception de l’intoxication digitalique : le trai-
Ces hyperkaliémies factices sont dues à une ponction vei- tement par anticorps spécifique réactive l’inhibition des
neuse difficile quand la pose prolongée d’un garrot génère pompes Na/K ATPases et donc la recaptation cellulaire du
une acidose locale. Ailleurs, le phénomène est la consé- potassium.
quence d’une hémolyse « in vitro » dans le tube de prélè-
vement où le potassium intra-érythrocytaire se libère au fur 2. Favoriser le transfert intracellulaire
et à mesure dans le milieu. du potassium
Enfin, de fausses hyperkaliémies sont associées à des Trois traitements sont disponibles pour induire en cas d’hy-
thrombocytémies ou des hyperleucocytoses majeures. Les perkaliémie un effet de transfert (shift des Anglo-Améri-
cellules malignes lysées au sein du caillot élèvent artifi- cains) du K+ vers le compartiment intracellulaire.
ciellement le taux de la kaliémie sérique, alors qu’un pré- • Les médicaments agonistes β2-adrénergiques, agonistes
lèvement effectué sur anticoagulant reflète la kaliémie plas- des catécholamines, pourraient être utilisés avec succès par
matique circulante qui est normale. voie veineuse (épinéphrine 50 ng/kg/min) mais dans une
Détecter une hyperkaliémie impose d’apprécier le degré situation d’urgence éventuelle leur application en aérosols
d’atteinte rénale car l’insuffisance rénale est la cause constitue une solution élégante, toujours applicable et très
majeure d’hyperkaliémie et génère les accidents les plus efficace (salbutamol 5 µg/kg). Le salbutamol et les sym-
graves. On ne peut se dispenser de connaître les désordres pathomimétiques β2 apparentés (terbutaline, fénotérol) se
hydroélectrolytiques ni les désordres acido-basiques (pH, fixent sur des récepteurs membranaires spécifiques. Ils sti-
pCO2, CO2 total…) associés ou cause de l’hyperkaliémie. mulent la production d’AMPc intracellulaire, facteur d’ac-
L’examen des urines par les bandelettes réactives, l’étude tivation de la pompe Na/K. Leur effet agoniste stimule les
du sédiment et des électrolytes urinaires sont les prémisses Na/K ATPases membranaires des cellules squelettiques ce
indispensables de l’analyse de l’état rénal (DFG [débit de qui permet le transfert du K+ vers l’intérieur des cellules.
filtration glomérulaire] et GTTK [gradient transtubulaire L’efficacité tient surtout au volume musculaire disponible
de potassium]) (voir réf. : Ethier J.). qui permet une redistribution interne à l’organisme. Un
Ces résultats vont indiquer si la réponse rénale est adaptée abaissement rapide et important de la kaliémie est obtenu
aux troubles métaboliques ou si, à l’inverse, une maladie mais, là encore, temporairement. D’autres mesures s’avè-
rénale engendre l’hyperkaliémie. rent nécessaires pour contenir le processus qui entretient
l’hyperkaliémie et s’adressent donc aux causes de cette der-
nière. Soulignons que la sélectivité β2 est nécessaire à l’ab-
Traitement sence d’effets indésirables cardiaques tels qu’excès de
tachycardie, etc.
Principes thérapeutiques • L’alcalinisation plasmatique réalise le même effet de
La prise en charge de l’hyperkaliémie avérée comporte plu- transfert cellulaire immédiat et peut être plus durable. L’al-
sieurs types de mesures, non nécessairement exclusives, calinisation par flacons intraveineux de solutés de bicar-
visant à diminuer la toxicité du K+ sur le myocarde, réin- bonate de Na (à 14 ‰ ou 42 ‰ voire en bolus d’ampoules
tégrer l’excès de K+ extracellulaire dans le compartiment à 84 ‰) accentue de surcroît l’excrétion urinaire de K+.
cellulaire, et s’il y a surplus de K+, l’éliminer de l’orga- Mais il est vain d’escompter cet effet supplémentaire en
nisme. cas d’atteinte rénale sévère.
La perfusion de bicarbonate de sodium ne constitue plus
1. Intérêt du calcium le traitement physiopathologique indiscuté des hyperka-
Le calcium diminue la toxicité du K+ sur le myocyte car- liémies bien que ces dernières soient étroitement imbri-
diaque. Quand l’hyperkaliémie est sévère (O 7 mmol/L), quées aux états d’acidose métabolique.
la situation est celle de l’urgence cardiologique. Il faut Avec ce traitement, la baisse de la kaliémie obtenue est
« antagoniser » l’effet électrolytique au niveau même de la modeste, supplantée par d’autres mesures thérapeutiques.
cellule musculaire cardiaque. L’excitation du muscle car- L’alcalinisation va à l’encontre du schéma théorique appli-
diaque est, on le sait, immédiatement sensible aux varia- cable à la majorité des cas d’acidoses métaboliques graves
tions des teneurs électrolytiques du milieu extracellulaire. et aiguës rencontrées en clinique. Dans ces circonstances,
Ainsi, bien que sans effet sur la kaliémie, l’injection intra- les cellules sont en réalité dans un état d’acidose « respi-
veineuse de calcium, mieux sous forme de chlorures ratoire » par excès de production de CO2. Schématique-
(20 mg/kg ou 20 mL à 10 %) en bolus intraveineux chez ment, la production d’ions H+ endocellulaires consomme
l’adulte que de gluconate, augmente le seuil de dépolari- les CO3H ce qui aboutit à une génération de CO2, diffu-
sation des cellules cardiaques. Son effet est immédiat sur sible. La pCO2 cellulaire et veineuse devient donc élevée
les troubles de conduction dépendants de l’hyperkaliémie. pour un territoire concerné. Cela amène à penser qu’en
Après les premières injections veineuses, les quantités ulté- dehors de circonstances restreintes aux accidents de sur-
rieures de calcium nécessaires à la régularisation perma- charge acide exogène brutale ou de pertes majeures en
nente des tracés électrocardiographiques dépendent de l’ac- bicarbonates, l’alcalinisation fournit un substrat d’anions
tion passagère de l’hypercalcémie induite. L’application de CO3H, potentiellement délétères pour les cellules. Une
ce traitement requiert les conditions du monitorage élec- mesure de bon sens reste cependant d’alcaliniser les
patients dont l’acidose métabolique est significativement • Les résines échangeuses de cations (polystyrène sulfo-
trop décompensée (taux de CO2 total o 17 mmol/L). nate de sodium = Kayexalate) et (polystyrol sulfonate cal-
L’expansion volémique réalisée par le bicarbonate de cique = Calcium Sorbistérit) complexent le K+ dans le tube
sodium injectable expose à un autre danger, celui de sur- digestif et bloquent son absorption intestinale. Cette thé-
charge sodée. Son application devient subrogée à la possi- rapeutique administrée en poudre orale diluée (dosée par
bilité d’une charge en sodium, inenvisageable en cas d’anu- cuillère-mesure de 5 g ; 3 x 5 g/24 h chez l’adulte) ou excep-
rie constituée, de décompensation cardiaque ou tionnellement par voie rectale (lavement de 100 g) permet
d’échappement d’hypertension artérielle, etc. Il n’y a pas une diminution modérée de la kaliémie, par échange d’un
de supériorité démontrée d’autres solutés alcalinisants tels ion potassique contre un ion non K+. L’effet sur la kalié-
que THAM, lactates, citrates… De plus, une alcalinisation mie survient au bout de 3 à 4 h. C’est davantage une thé-
trop brutale, abaissant le taux de calcium ionisé expose au rapeutique préventive que curative, à prescrire chez des
danger de tétanie, de convulsions. patients chroniquement exposés au risque d’hyperkaliémie
Les apports alcalins voient actuellement leur utilisation (insuffisants rénaux chroniques et dialysés surtout…).
acceptée dans les cas où existe un état de déplétion extra- • Éliminer l’accumulation de potassium en provoquant
cellulaire associée. Quand l’état de déshydratation extra- une abondante kaliurèse par action directe sur le rein consti-
cellulaire commande la nécessité d’apports en sels de tue une autre mesure très efficace. Les diurétiques de l’anse
sodium, les perfusions de bicarbonate de sodium sont légi- augmentent l’excrétion rénale du potassium.
times. Leur action puissante et rapide a l’avantage de persister
La prescription chronique, elle, concerne des malades bien jusqu’à un degré avancé d’insuffisance rénale. Ils consti-
différents, et fait appel aux gélules de bicarbonate, de tuent une thérapeutique majeure, malheureusement pas tou-
citrate, de phosphates per os, voire aux eaux minérales alca- jours applicable ni efficace. Leur principe est débattu lors-
lines mais leur teneur élevée en fluor expose au danger de qu’il y a anurie par néphropathie aiguë. Des considérations
fluorose osseuse. théoriques complexes (sortant du cadre de cet exposé) sug-
• L’administration d’insuline, associée aux solutions glu- gèrent en pratique de surseoir à poursuivre les injections
cosées pour mettre à l’abri de l’hypoglycémie (10 mL/kg en cas d’échec avéré sur le débit urinaire.
de soluté glucosé à 30 % en perfusion sur 20 min + 0,5 unité L’important est surtout de bien se rappeler que les diuré-
d’insuline ordinaire/kg de poids corporel) entraîne l’entrée tiques sont à l’évidence contre-indiqués en cas de déshy-
du K+ dans la cellule. L’effet est rapide et est réputé de sur- dratation extracellulaire préalable et que leur prescription
croît additif par rapport aux β2-agonistes des catéchola- est incohérente en cas d’obstruction urinaire. Leur incon-
mines. Cette possibilité thérapeutique oblige à un certain vénient est aussi de modifier la composition électrolytique
volume de perfusions liquidiennes, mais voit son succès des échantillons d’urine qui servent à diagnostiquer le type
terni par le relargage secondaire du K+ transféré. d’atteinte rénale (fonctionnelle, organique).
L’insuline joue son rôle propre sur la pompe Na/K-ATPase. Leur impact tubulaire est quadruple et il induit : une réduc-
Par elle-même, l’hyperglycémie peut intervenir à la fois tion de la réabsorption dans l’anse de Henle liée à l’inhibi-
sur le transfert du K+ sur les dépôts de glycogène (ce der- tion du cotransport selon une stœchiométrie 2Cl–, 1 Na+ et
nier est un accepteur de K) et sur une libération d’insuline 1 K+ ; une baisse de la réabsorption passive du K+ par effa-
endogène en réponse à l’élévation de la glycémie. La ques- cement du gradient transépithélial ; une stimulation de la
tion peut être posée sur l’intérêt du glucagon dans la tolé- sécrétion distale du K+ grâce à l’augmentation du flux uri-
rance aux accès d’hyperkaliémie aiguë. naire parvenant à ce niveau d’aval du tubule ; une intensifi-
cation de l’ammniogenèse rénale. L’augmentation de la
3. Corriger l’excédent de la balance potassique sécrétion urinaire de NH4+ et avec elle l’excrétion acide, tend
Soustraire l’excédent potassique constitue un autre volet à corriger l’acidose métabolique et indirectement l’hyper-
du traitement, d’autant que les mesures précédentes sont kaliémie.
transitoires et ne négativent pas l’excès du bilan du K+. • L’échec des mesures précédentes conduit à la dialyse
Pour rééquilibrer la balance positive du K+, la suppression car l’hyperkaliémie continue d’être stimulée tant que sa
des apports est fondamentale, primordiale dans les situa- cause persiste. Le contexte d'acidose, d’hypercatabolisme
tions à risque, bien que souvent oubliée (sels de régime à requiert dans la situation habituelle aux insuffisances
base de sel de potassium, solution de Ringer, etc.). Cette rénales aiguës et chroniques le recours sans délai aux tech-
méconnaissance est l’effet pervers d’une notion exacte et niques d’épuration extrarénales : les techniques d’hémo-
bien ancrée que tout excès d'apport en potassium est phy- dialyse, d’ultrafiltration ou la dialyse péritonéale obtien-
siologiquement régulé par le rein. L’assertion que des nent les corrections voulues en utilisant des bains de dialyse
apports indus ne peuvent générer une hyperkaliémie chez qui sont alcalins et dont la teneur en K+ est modulable entre
le sujet sain, n’est pas transposable à des malades qui ont 3 et 1,5 mmol/L selon l’effet escompté.
une atteinte rénale fonctionnelle si ce n’est organique. Cet Pour terminer, rappelons la règle clinique que tout hyper-
aspect souligne l’importance de la restriction diététique qui kaliémie dont la cause n’apparaît pas rapidement évidente
accompagne les maladies rénales. doit immanquablement suggérer l’idée d’insuffisance sur-
Les trois méthodes actuellement disponibles pour réduire rénale (mélanodermie, hypotension artérielle, hyponatré-
l’excès de K+ sont d’ampleur différente : les résines, les diu- mie, natriurèse excessive et gradient transtubulaire de
rétiques de l’anse et la dialyse. potassium abaissé). Elle répond au traitement spécifique et
codifié par 9 α-fluoro-hydrocortisone associé aux apports dans toutes les formes d’insuffisance rénale. Cette pré-
sodés (50 à 200 µg/24 h) ou d’emboles renouvelés d’hy- vention concerne les insuffisants rénaux oligo-anuriques
drocortisone intraveineuse de 100 mg. aussi bien que les insuffisants rénaux chroniques traités par
hémodialyse de suppléance chez qui les mesures diété-
Indications thérapeutiques tiques sont associées à la prise régulière de chélateurs de
1. Traitement curatif potassium. Ces anticipations chez les sujets à risque consti-
tuent le vrai progrès du traitement de l’hyperkaliémie. ■
Le traitement curatif s’envisage selon le degré de l’hyper-
kaliémie. Au-dessus de 7 mmol/L, le pronostic vital est Points Forts à retenir
immédiatement en jeu. Le monitorage électrocardiogra-
phique est de rigueur. C’est habituellement le contexte
d’une anurie. Le traitement d’urgence est entrepris avant • L’hyperkaliémie constitue la menace la plus
même d’avoir prédéfini le traitement approprié de la cause : grave et la plus sournoise de tous les troubles
• les aérosols de salbutamol constituent la première mesure hydroélectrolytiques.
immédiatement applicable qui abaisse la kaliémie signifi- • L’hyperkaliémie se constitue silencieusement
cativement. L’option injectable est disponible, elle est aussi au début, sans sémiologie clinique. Ultérieurement,
réutilisable dans les limites de la tolérance à la tachycardie ; quand les signes apparaissent, cardiaques ou
• le calcium intraveineux, dès que des anomalies électro- musculaires, c’est l’imminence possible de
cardiographiques sont constatées, telles qu’ondes T très l’accident létal.
acuminées ou élargissement de QRS, anomalie de PR voire • L’hyperkaliémie déprime la contraction,
devant le moindre trouble du rythme. Les injections sont l’automatisme, la conduction et l’excitabilité
éventuellement répétées à intervalles rapprochés ; cardiaques corrélées à des troubles
• l’organisation d’une dialyse urgente est le relais essen- électrocardiographiques qu’il faut dépister
tiel, prévisible pour corriger l’acidose, la surcharge et trai- bien avant l’arrêt circulatoire.
ter l’insuffisance rénale. Le transfert en service spécialisé • Un électrocardiogramme est immédiatement
va s’imposer de par la lourdeur des problèmes sous-jacents : pratiqué devant toute suspicion d’hyperkaliémie
causes multifactorielles, défaillances multiviscérales… que confirme ensuite le prélèvement plasmatique.
L’alcalinisation intraveineuse n’est de mise que s’il y a • Penser à l’hyperkaliémie devant tout trouble du
hypovolémie et (ou) polyurie ; s’il y a surcharge, l’injec- rythme ou de la conduction chez un malade
tion de fortes doses de furosémide peut être tentée, sans insuffisant rénal.
garantie de résultat tangible. La première injection est • L’hyperkaliémie n’est pas une maladie en soit :
impérativement décalée par rapport au prélèvement sa survenue dépend d’autres désordres.
d’urines (ionogramme urinaire). Ces derniers doivent suggérer cette complication
Lorsque l’hyperkaliémie est modérée, inférieure à et la faire découvrir. La véritable thérapeutique
6,5 mmol/L, sans complication cardiaque ou électrocardio- de l’hyperkaliémie est préventive : la prise en
graphique, il faut gérer une situation aiguë, non décompen- charge idéale nécessite le repérage des sujets
sée, ou plus souvent chronique. L’hyperkaliémie est soit le à risque.
résultat attendu d’une investigation orientée soit une décou- • En cas d’accès d’hyperkaliémie sévère supérieure
verte de laboratoire. Le schéma amène dans l’ordre à : à 7 mmol/L, la thérapeutique est une urgence, fait
• envisager le réduction des apports alimentaires et non ali- appel dans les conditions de réanimation aux
mentaires qui tendent à positiver la balance potassique ; aérosols de salbutamol, aux injections
intraveineuses de calcium et à l’épuration
• arrêter les médicaments générateurs d’hyperkaliémie tels
extrarénale.
qu’anti-inflammatoires non stéroïdiens, inhibiteurs de l’en-
zyme de conversion, diurétiques d’épargne potassique, etc. ;
• compenser l’acidose plasmatique dans la mesure des pos- POUR EN SAVOIR PLUS
sibilités en fonction des causes respiratoires ou rénales Ethier J, Magner PO, Kamel KS, West ML, Halperin ML. Évalua-
(bicarbonates, citrates per os) ; tion clinique de la sécrétion rénale de potassium : une nouvelle
• prescrire une résine échangeuse d’ions (K+ échangé contre méthode non invasive. Medecine Sciences 1988 ; 4 : 637-42.
Fauchier JP, Cosnay P, Latour F. Cœur et hyperkaliémie. Arch
soit Na+, soit Ca++) ou un diurétique non épargneur de K+. Mal Cœur 1984 ; n° spécial avril : 23-33.
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se résume parfois à la simple suppression d’une cause iatro- Legendre C, Choukroun G, Therbet E. Hyperkaliémie. In : Le
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toires, à ajuster les apports d’alcalins oraux en cas d’aci- 65.
dose métabolique chronique, ailleurs à prescrire un Weissemburger J, Detienne JP. Sympathomimétiques a et b : prin-
cipes et règles d’utilisation. Rev Prat (Paris) 1995 ; 45 : 753-62.
diurétique ciblé, à prévoir surtout la dialyse prophylactique