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B 184
Infections uro-génitales
à gonocoques et à Chlamydia
(en dehors de la maladie de Nicolas Favre)
Épidémiologie, diagnostic, évolution, traitement
Dr Michel JANIER
Centre clinique et biologique des maladies sexuellement transmissibles, hôpital Saint-Louis, 75475 Paris cedex 10
2. Infections uro-génitales
Septicémie gonococcique à Chlamydia trachomatis
Elle associe une fièvre, en général, peu élevée, des arthralgies, des • La complication majeure est la salpingite, beaucoup plus
ténosynovites, des signes cutanés (pustules lenticulaires entourées
d’un halo érythémateux siégeant aux extrémités dans les régions para- souvent subaiguë ou chronique qu’aiguë, de diagnostic tar-
articulaires, en petit nombre, fugaces). dif et difficile sur de vagues douleurs abdominales, en par-
Après quelques jours, survient toujours dans un contexte fébrile, une ticulier, au moment des règles, avec un risque majeur de
polyarthrite ou plus souvent une oligoarthrite asymétrique touchant
surtout les poignets, les genoux, les chevilles, les doigts avec téno- stérilité tubaire. Chlamydia trachomatis est responsable de
synovite. Les signes inflammatoires locaux sont marqués mais les 50 % des salpingites de la femme jeune et de 70 % des sté-
épanchements peu abondants. Le liquide articulaire est de type inflam-
matoire-infectieux (> 10 000 polynucléaires neutrophiles/mm3). Une rilités tubaires.
monoarthrite du poignet ou du genou est, également, possible. À l’examen, il existe une douleur latérale au toucher vagi-
Plus rarement, splénomégalie, hépatite, méningite, myocardite, endo- nal et un empâtement d’un cul-de-sac.
cardite.
Le diagnostic repose sur l’existence d’un syndrome inflammatoire Les sérologies de Chlamydia trachomatis montrent un titre
avec polynucléose et surtout l’isolement du gonocoque dans les hémo- élevé d’anticorps de classe IgG, la présence d’IgM anti-
cultures (sur milieux spéciaux) et dans les lésions cutanées et articu-
laires. Le gonocoque n’est isolé que dans environ 50 % des cas. En Chlamydia trachomatis et une ascension des anticorps à
revanche, il est retrouvé dans la grande majorité des cas à la porte quinze jours d’intervalle :
d’entrée (urètre, anus, pharynx). • périhépatite de Fitz-Hugh-Curtis : (voir plus haut) ;
• bartholinite : rare ;
2. Infections génitales basses à Chlamydia • syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter : rare chez la
trachomatis femme.
La fréquence des formes asymptomatiques rend compte Chez le nouveau-né
d’une fréquence plus importante de complications qu’au Le nouveau-né peut se contaminer lors de l’accouchement
cours des infections gonococciques : lorsque la mère est infectée par Neisseria gonorrhœæ ou
• orchi-épididymite (Chlamydia trachomatis est respon- Chlamydia trachomatis.
sable de 50 % des orchi-épididymites aiguës avant 40 ans).
Les sérologies sont ici intéressantes (titres élevés) ; 1. Gonococcies néonatales
• prostatite (discuté) ; • Ophtalmies néonatales avec conjonctivite purulente pou-
• syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter (encadré). vant conduire à la cécité.
• Prévention systématique lors de tout accouchement par
Chez la femme l’instillation conjonctivale de nitrate d’argent ou d’anti-
1. Infections gonococciques biotiques.
• Bartholinite : abcès d’une petite lèvre, fièvre élevée. 2. Infections néonatales à Chlamydia trachomatis
• Salpingite : les salpingites gonococciques sont rares • Conjonctivite : survenant chez environ un tiers des nou-
actuellement. Douleurs pelviennes et fièvre élevée dans la veau-nés de mère ayant une infection génitale à Chlamydia
salpingite aiguë. Vagues douleurs abdominales et fièvre trachomatis. Il s’agit, en général, d’une conjonctivite bénigne.
discrète dans la salpingite subaiguë. Risque dans les deux • Pneumopathie néonatale : Chlamydia trachomatis est
cas d’évolution vers l’obstruction tubaire avec comme l’étiologie principale des pneumopathies néonatales. Il
conséquences, stérilité tubaire et grossesse extra-utérine. s’agit de « pneumopathies atypiques » bilatérales dont le
• Périhépatite (syndrome de Fitz-Hugh-Curtis) : tableau de diagnostic repose sur la mise en évidence de Chlamydia
cholécystite aiguë avec atteinte péritonéale dont le dia- trachomatis en culture et sur les sérologies.
gnostic est fait par laparoscopie.
• Septicémie gonococcique subaiguë : (voir plus haut). La Traitement
septicémie gonococcique est plus fréquente chez la femme Grands principes
que chez l’homme du fait de la plus grande fréquence de
1. Les MST sont souvent associées
gonococcies génitales non diagnostiquées.
Ne jamais oublier de rechercher d’autres MST (herpès géni-
tal, condylomes, par exemple).
Syndrome de Fiessiniger-Leroy-Reiter Toujours associer un traitement antichlamydien lorsque
Il s’agit d’arthrites réactionnelles après une urétrite, survenant le plus l’on est en présence d’une infection gonococcique (asso-
souvent chez un homme (sex-ratio 50/1), souvent jeune.
Et associant une conjonctivite (bilatérale). ciations fréquentes).
Des signes articulaires constants (polyarthrite additive asymétrique Toujours proposer une sérologie de la syphilis et une séro-
aiguë ou subaiguë touchant surtout les grosses articulations des logie VIH.
membres inférieurs et volontiers associée à des talalgies, à une atteinte
axiale et à des tendinites). Le liquide articulaire est inflammatoire Toujours s’enquérir du statut vaccinal vis-à-vis de l’hépa-
(1 000 à 10 000 polynucléaires neutrophiles/mm3) et stérile. tite B et proposer une vaccination, éventuellement.
Des signes cutanéo-muqueux, fréquents (80 % : balanite, lésions pso-
riasiformes). 2. Prévention
Plus rarement, altération de l’état général et atteinte viscérale.
Le diagnostic de syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter est un diagnos- Un épisode de MST est l’occasion d’insister sur la gravité
tic d’élimination : syndrome inflammatoire, sérologie rhumatoïde néga- potentielle des MST, sur les risques encourus, sur la néces-
tive, groupe HLA B27 positif dans 70 % des cas, présence de Chla- sité d’une prévention en modifiant les comportements
mydia trachomatis dans une porte d’entrée (urètre, par exemple).
sexuels (en particulier, préservatifs).
LA REVUE DU PRATICIEN (Paris) 1998, 48 907
INFECTIONS URO-GÉNITALES À GONOCOQUES ET À CHLAMYDIA