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d’aide au développement.
Résumé
Introduction
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CNRS-UMR ESPACE, Montpellier
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INRA-SAD, Versailles
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CNRS-UMR ESPACE, Montpellier
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INRA-SAD, Versailles
Bonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique :
perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in.
CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds.,
coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.
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- un chorème renvoie à une « structure » spatiale élémentaire et à sa
représentation graphique. Le terme de structure correspond à la forme d’une
distribution spatiale à un instant donné ou à celle d’une dynamique. Chaque
structure élémentaire est aussi l’expression d’une « loi » de l’espace
(modèle de gravitation par exemple, modèles de diffusion, etc.).
- un modèle graphique renvoie à l’expression graphique pour un territoire
donné de la composition de ces différentes structures élémentaires pour
découvrir, expliciter et représenter des organisations et des dynamiques
spatiales.
- la modélisation graphique (ou parfois chorémisation) correspond à la
démarche qui conduit à la production d’un modèle graphique.
Fondements théoriques
Les chorèmes ont été conçus à l’origine, par Roger BRUNET (1972), (1980),
(1986) comme l’engagement d’un travail, nécessairement long et coopératif,
de constitution et de spécification, d’un « vocabulaire » et d’une
« syntaxe », qui permettraient à terme de rendre compte, non seulement des
traits majeurs des organisations et dynamiques spatiales observables, mais
également des liens causaux, avérés ou hypothétiques, pouvant tenir lieu
d’explication. Des objets élémentaires (chorèmes), généralement traduits
sous forme d’un graphique simple sont associés aux facteurs ou aux « lois »
de l’espace géographique permettant d’avancer une explication des
situations observées. Un nombre réduit de situations spatiales type
(ruptures, effets d’axe, gradients, organisation centre / périphérie,
réseaux de « drainage » et « d’irrigation », etc.) peut rendre compte, par
combinaison, de la diversité des situations observées. Ce sont donc les
capacités combinatoires de ces structures de base (à l’image des mots d’une
langue) qui permettent d’approcher l’adéquation entre un vocabulaire simple
et la grande diversité des phénomènes à représenter.
Plusieurs tentatives d’organisation d’un univers « minimal » de chorèmes
ont eu lieu. Suite à un article paru dans l’espace géographique (BRUNET,
1972) qui énonçait une première collection d’objet de type chorèmes, un
travail collectif au sein du GIP RECLUS5 a abouti à une première « grille »
de chorèmes (BRUNET, 1986). Un autre groupe de travail, associant
géographes et agronomes, a proposé une seconde grille (CHEYLAN et al.,
1990) qui introduit de nouveaux éléments pour la représentation des
changements (fig. 1). Plus récemment, Madeleine Brocard (BROCARD, 1993)
faisait une proposition complémentaire en introduisant une concordance
entre les règles de base du langage graphique de J.BERTIN et l'expression
graphique des chorèmes.
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GIP RECLUS = Groupement d’Intérêt Publique Réseau d'Etude des Changements
Trois exemples d’utilisation de la modélisation graphique dans des Parcs Naturels Régionaux
(PNR)
Garrigues du Languedoc
Le projet de Parc est situé au Nord de Montpellier. Il est délimité au Sud par la
plaine littorale, au Nord par les Cévennes, à l’Est par les plaines du Gardon et à
l’Ouest par le Larzac. Les chercheurs ont utilisé la chorématique pour représenter
les principales structures et dynamiques de cet espace et les associer à des enjeux
Il semble que les modèles graphiques ainsi produits n’ont été réellement assimilés
que par des personnes, « sensibles » à la dimension spatiale des phénomènes. Les
tentatives pédagogiques en direction des acteurs montrent qu’il demeure un vaste
travail « d’élaboration du message » à réaliser, tant sur le plan graphique
qu’argumentaire.
Une démarche associant chorèmes et SMA6 a été développée7. Les SMA appréhendent bien
les dynamiques temporelles, l’association chorème-SMA permet une modélisation
spatio-temporelle. Les évolutions temporelles des entités du modèle spatial face
aux changements socio-économiques et aux processus naturels sont ainsi modélisées
(BONIN et LE PAGE, 2000).
L’espace dans les SMA peut être vu, non pas comme un simple support, mais comme un
ensemble d’entités en interaction. Chaque entité spatiale est dotée de propriétés
d’agents. Nous avons retenu comme entité spatiale les composants élémentaires du
modèle graphique. Chaque entité est alors dotée d’attributs qui la caractérisent et
de méthodes qui définissent son évolution.
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SMA = Système Multi-Agents
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Cette approche a été développée au sein du groupe SMAS (Systèmes Multi-
PAGE, 2000).
Bonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique :
perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in.
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coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.
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chaque commune à des ensembles plus vastes et faciliter ainsi la définition de
politiques d’aménagement à des niveaux supracommunaux.
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« Usage des chorèmes pour le développement territorial. Intérêts et
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d’après la présentation de L.MERMET, ENGREF, MSDT, Clermont-Ferrand, le
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INRA-SAD = Institut National de Recherche Agronomique, Département de
Discussion
1er mode.
Outil pragmatique et adaptatif d’élaboration de connaissances sur
l’organisation spatiale d’un territoire, la modélisation graphique peut,
notamment en situation pluridisciplinaire, constituer une démarche de
production, par des chercheurs, de connaissances pour l’action. Faut-il
encore que ces connaissances soient utiles à l’action et qu’elles puissent
être efficacement transmises aux acteurs. On se retrouve dans la situation
où des chercheurs élaborent leur propre représentation d’un territoire et
la « livrent » aux acteurs locaux (fig 8, schéma 1). L’introduction de ces
connaissances dans le débat local peut se traduire en termes de nouveau
regard sur l’espace, en termes de formalisation de connaissances plus ou
moins explicitées et de formulation d’enjeux d’un territoire
(structuration, dynamiques en cours, zone de conflits, etc.). C’est le cas
de la démarche utilisée dans le Parc des Ecrins. Le risque de cette
Bonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique :
perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in.
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approche est que les acteurs locaux ne s’approprient que partiellement ou
mal cette « vérité scientifique » ainsi délivrée. En effet, la question des
possibilités d’utilisation des produits de la modélisation graphique se
pose. Les modèles graphiques s’apparentent parfois à un exercice de style
universitaire peu accessible à des non-spécialistes. Autrement dit, dans
quelle mesure le modèle graphique est-il compris par ceux à qui il est
présenté ? Jusqu’à quel niveau d’abstraction des formes peut-on aller pour
être compris ? Comment définir un ensemble de symboles partagés entre
chercheurs et praticiens ?
Contrairement aux apparences, ce premier mode n’est pas nécessairement
associé à une approche « descendante » du développement, de diffusion de
connaissances des chercheurs vers les acteurs. Il est en effet envisageable
d’y recourir en phase 1 de la Méthode Institutionnelle par exemple : des
éléments de diagnostic sont alors proposés par les chercheurs aux acteurs
et confrontés à leur point de vue afin de combiner diagnostics interne et
externe et d’initier l’ensemble de la démarche.
Dans ce mode d’utilisation des chorèmes, il semble utile de bien
distinguer :
- le modèle de recherche, construit par les chercheurs dans un but de
compréhension de l’organisation d’un territoire et de ses dynamiques ;
- du modèle de communication destiné à être présenté aux acteurs : la
sémiologie graphique doit être soigneusement étudiée afin que le message
des chercheurs soit bien compris par les acteurs. Bien que distincts,
ces deux modèles peuvent être en relation : les réactions des acteurs
face à la présentation du modèle de communication sont susceptibles de
conduire le chercheur à reprendre l’un des modèles ou les deux.
2ème mode
La démarche de modélisation graphique et non pas ses résultats peut
également être utilisée pour servir à la construction d’une représentation
(partagée) d’un territoire par les acteurs du développement eux-mêmes
(Schéma 2, cf. fig 8). C’est vers cet usage que tend l’exemple de la
formation IFOCAP. Mais cette seconde voie reste encore à explorer pour la
rendre efficace et adaptée à la production de connaissances pour l’action.
Le zonage à dires d’acteurs (CARON, 1997 ; CLOUET, 2000) semble relever de
cette attitude.
Dans ce mode, la question de la méthode permettant d’obtenir une co-
construction de modèles graphiques entre chercheurs et acteurs se pose. Les
chorèmes renvoient à ce que R.Brunet appelle les « lois de l’espace »,
c’est à dire à des références théoriques. Certains puristes pourraient
penser que les acteurs, n’ayant pas cette « culture » géographique, ne
peuvent donc que proposer des dessins ou des schémas au mieux, mais en
aucun cas des chorèmes. Or il nous semble, au regard de l’expérience de la
Bassée-Montois, qu’avec un minimum d’explications les acteurs sont à même
de s’approprier le tableau des structures élémentaires et de s’essayer à
leur combinaison. Autre solution, les chercheurs laissent libre expression
aux acteurs. Ils reconstruisent les chorèmes ensuite, les soumettent à la
discussion, et les reprennent éventuellement en fonction des remarques des
acteurs.
Conclusion
Références citées
BONIN M. ; Le PAGE, C., 2000. « SIG, SMA, connaissances et gestion de
l’espace. Le cas du Massif du Tanargue ». Revue internationale de
géomatique, n°spécial « SIG et simulations », volume 10, 1 : pp.131-155.
CHEYLAN J.P., DESBORDES-CHEYLAN F., FARINAS L., FAURE A., 1984. Geo: « Un
système pour la représentation des connaissances spatiales ». In: Actes
4ième congrès AFCET. Reconnaissance des formes et intelligence
artificielle, 25-27 janvier 1984, Paris, p.463-472.
CHEYLAN J.P., DEFFONTAINES J.P., LARDON S., THIERY H., 1990, Gestion de
l’espace rural, des pratiques aux modèles, Mappemonde, n°. 4-90, 49p.
SAVINI I., LANDAIS E., THINON P., DEFFONTAINES J.P., 1993. « L’organisation
de l’espace pastoral ». In : Etudes et Recherches sur les Systèmes Agraires
et le Développement, Pratiques d’élevage extensif, Paris, INRA, 27 :
137-160.