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Berpotam
(1829)
Prosper Mérimée
L’Enlèvement de la redoute
Nouvelle
(1829)
Un militaire de mes amis, qui est mort de la fièvre Tan jinaf sayakaf nik, vozeson mulufteyes weti
en Grèce il y a quelques années, me conta un jour la konaka tanda koe Ellasa, lanvielon va intafa taneafa
première affaire à laquelle il avait assisté. Son récit tcokeyena arienta pu jin pwadeyer. Nega pedrapayar
me frappa tellement, que je l’écrivis de mémoire eke namison remsuteyé vielu rovodaskiyí. Batse,
aussitôt que j’en eus le loisir. Le voici : darekeon :
» Je fus présenté par lui à mon capitaine, qui » Gan in pu jinaf redakik sure dimartlakis va
revenait à l’instant même d’une reconnaissance. Ce dizvera zo atoé. Bat redakik, jinon abicedje
capitaine, que je n’eus guère le temps de connaître, rovogrupeten, tir beretraf ontinik dem olgafa is
était un grand homme brun, d’une physionomie dure dimemudesa altoza. Al tir sayakackik aze va usize is
et repoussante. Il avait été simple soldat, et avait gamda moe meldxo al war. Inafa puda, cegesa is
gagné ses épaulettes et sa croix sur les champs de axafa, va riwe gulafa granuca kevaxapar. Kontan pu
bataille. Sa voix, qui était enrouée et faible, jin di kalir da in golde vilt remruckuyus bak Iena meld
contrastait singulièrement avec sa stature presque va bata divulafa puda dir.
gigantesque. On me dit qu’il devait cette voix étrange
à une balle qui l’avait percé de part en part à la
bataille d’Iéna.
» La lune se leva derrière la redoute de Cheverino, » Kadime Ceverino bersa tigisa arte toloya soluma
située à deux portées de canon de notre bivouac. Elle ke bulira male cinaf yegald toz taelar. Tael tir mantaf
était large et rouge comme cela est ordinaire à son is keraf inde batcoba tir gubefa ba toza. Vexe in
lever. Mais ce soir elle me parut d’une grandeur batsielon nutir zulton gijaf. Remi vulama, bersa
extraordinaire. Pendant un instant, la redoute se kabdu sizuntasa limega ke tael ebelton awir. Va fey
détacha en noir sur le disque éclatant de la lune. Elle ke tculk ba divlankera vektar.
ressemblait au cône d’un volcan au moment de
l’éruption.
» Un vieux soldat, auprès duquel je me trouvais, » Guazaf sayakik poke jin va kseva ke tael
remarqua la couleur de la lune. « Elle est bien katcalar. « In tir kerackaf, ~ kalir ;~ batcoba tir
rouge, » dit-il ; « c’est signe qu’il en coûtera bon sugda da olgalicura va bata bersaja fu tapileper !»
pour l’avoir, cette fameuse redoute ! » J’ai toujours Sobroyé nume bata larbudara ba mana vula va jin
été superstitieux, et cet augure, dans ce moment vanolar. Senyá voxe me lajukenibé. Ranyá aze
surtout, m’affecta. Je me couchai, mais je ne pus gozamá, disukeson va datafa conya dem tey besas
dormir. Je me levai, et je marchai quelque temps, brieem kaike Ceverino wida.
regardant l’immense ligne de feux qui couvrait les
hauteurs au delà du village de Cheverino.
» Lorsque je crus que l’air frais et piquant de la » Moida folí da fedaf is puiles gael ke miel va jinaf
nuit avait assez rafraîchi mon sang, je revins auprès fortey al tufedackar, pok tey dimlaní ; va int gu lioza
du feu ; je m’enveloppai soigneusement dans mon trumon anamplekú aze itabudé, pokoleson da kali afiz
manteau, et je fermai les yeux, espérant ne pas les me gonitafenkutú. Vexe moda va jin yategar. Jinafa
ouvrir avant le jour. Mais le sommeil me tint rigueur. trakura abicabicon tugrenyawemed. Rabaté da
Insensiblement mes pensées prenaient une teinte vanmiau vuntoy ayik besas va bata azeka va mek nik
dikí. Ede co-tí bakayan, koe ropexe co-tigí,
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lugubre. Je me disais que je n’avais pas un ami parmi megulianon askipen gan volgrupeaf nubaropesik.
les cent mille hommes qui couvraient cette plaine. Si Coba gildeyena icde yona tcobara ko nami dimfid.
j’étais blessé, je serais dans un hôpital, traité sans Jinafa takra tizon gandir, nume va tiojexa is vobor
égards par des chirurgiens ignorants. Ce que j’avais wetce leltorinda mo ast balkon derayká. Cuera va jin
entendu dire des opérations chirurgicales me revint à anzar, kotvulon liugé, ise kotvulon kona moxinafa
la mémoire. Mon cœur battait avec violence, et trakura lopoon gire dilizer nume va jin vagrablesison
machinalement je disposais comme une espèce de divmodar.
cuirasse le mouchoir et le portefeuille que j’avais sur
la poitrine. La fatigue m’accablait, je m’assoupissais,
à chaque instant, et à chaque instant quelque pensée
sinistre se reproduisait avec plus de force et me
réveillait en sursaut.
» Vers trois heures, un aide de camp arriva, » Moni bare bartiv, pomarafayik artlakir, dem
apportant un ordre. On nous fit reprendre les armes ; benplekuks. Va ervo gin gonariv ; viltadasik va int mo
nos tirailleurs se répandirent dans la plaine ; nous les azeka mopled ; vion kadimlaniv, aze arti tol-sanoya
suivîmes lentement, et au bout de vingt minutes nous wexa va kot rossiikaf abduplay dimavlas az gelbes ko
vîmes tous les avant-postes des Russes se replier et bersa, wiv.
rentrer dans la redoute.
» Aussitôt que l’ordre de marcher en avant nous » Mali benplekura va abdulanira pu cin, redakik va
eut été donné, mon capitaine me regarda avec une jin giapon disuker eke va nuba kev jotaf lukast tolon
attention qui m’obligea à passer deux ou trois fois la ok baron goplekú, lowiyon inde rotaskí. Neke, me
main sur ma jeune moustache d’un air aussi dégagé vudé, ise jinafa antafa satolena kivara tir da litesí da
qu’il me fut possible. Au reste, je n’avais pas peur, et vudé. Bat wupeiskaf fixuk dere webed da va int
la seule crainte que j’éprouvasse, c’était que l’on ne gradilon guvumeltá. Jinafa pilkanda kalir da keunickí,
s’imaginât que j’avais peur. Ces boulets inoffensifs larde lev viltara ke kaima tigí. Wivé da tí lieke
contribuèrent encore à me maintenir dans mon calme trabiangaf ise va titisa puvegura va negara va
héroïque. Mon amour-propre me disait que je courais olgalicura va Ceverino bersa, koe bontay ke B- W-ya
un danger réel, puisque enfin j’étais sous le feu d’une bene Provence vawila, modová.
batterie. J’étais enchanté d’être si à mon aise, et je
songeai au plaisir de raconter la prise de la redoute
de Cheverino, dans le salon de madame de B***, rue
de Provence.
» Le colonel passa devant notre compagnie ; il » Vombik va cinafa rumala kabduolakir ; va jin
m’adressa la parole : « Eh bien, vous allez en voir de gukoer : « Kle, katecton gu rinafa tozura va konaka
grises pour votre début. » lukoptacacka fu wil. »
» Je souris d’un air tout à fait martial en brossant » Nujnason va ewazalt ke jinaf tantazukot liz fixuk
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la manche de mon habit, sur laquelle un boulet, lubeyes art bar-sanoya bora va abica gopa al
tombé à trente pas de moi, avait envoyé un peu de stakseyer, gejavolapon kicé.
poussière.
» Notre régiment était composé de trois bataillons. » Cinafa vertega va baroy vorn dadir. Tel toleaf al
Le deuxième fut chargé de tourner la redoute du côté zo vajger da va bersa koo ecor govakrillanir ; toloy ar
de la gorge ; les deux autres devaient donner goruzaded. Vanmiae bareaf vorn tigí.
l’assaut. J’étais dans le troisième bataillon.
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bon. » Je trouvai que nos gens étaient un peu trop lorarsad, ise va sinyona iyeptasa kievera gu volnikaf
bruyants, et je ne pus m’empêcher de faire amlitars volins rovedoluné.
intérieurement la comparaison de leurs clameurs
tumultueuses avec le silence imposant de l’ennemi.
» Nous parvînmes rapidement au pied de la » Tit bersa kalion kalvultev ; nuku al zo empad ise
redoute ; les palissades avaient été brisées et la terre tawa gan jinyon fixuk al zo romplekur. Kipeson
bouleversée par nos boulets. Les soldats s’élancèrent « Ginik blir !! » ( poon loon dam kenon larde battan
sur ces ruines nouvelles avec des cris de Vive ixam al ieped ise al iersed ), sayakik va batyon
l’Empereur ! plus forts qu’on ne l’aurait attendu de warzaf rawaks iped.
gens qui avaient déjà tant crié.
» Je frissonnai, et je crus que ma dernière heure » Susté ise folí da jinaf ironokaf bartiv artfir.
était venue. « Voilà la danse qui va commencer, « Batse stute fu dilizer, ~ redakik eviegar. ~
s’écria mon capitaine. Bonsoir. » Ce furent les Donekiavá. » Tid inafa ironokafa ewa jinon gildena.
dernières paroles que je l’entendis prononcer.
» À ce carnage succéda un moment de stupeur. Le » Moi bata twamera ciwasa vula dilizer. Vombik,
colonel, mettant son chapeau au bout de son épée, plekuson va intafi edji art dugotsa, va krast taneon
gravit le premier le parapet en criant : Vive ticvulter, iegason : « Ginik blir !!»; kot moblisik vere
l’Empereur ! il fut suivi aussitôt de tous les kakvulter. Rekeon va radimifira riwe mea setiké. Va
survivants. Je n’ai presque plus de souvenir net de ce bersa kovultev, me grupé kane. Altoaltoon lyumav,
qui suivit. Nous entrâmes dans la redoute, je ne sais koe vikizap viapaf eke metan va kontan rowir. Fotazé
comment. On se battit corps à corps au milieu d’une lecen jinaf abalt tir forteykirapaf. Adim va
fumée si épaisse, que l’on ne pouvait se voir. Je crois « cenera ! » ewa gildé, aze vikiz kastawer, va fortey
que je frappai, car mon sabre se trouva tout is yon awalkik moe ilwina tawa ke bersa kozwir.
sanglant. Enfin j’entendis crier victoire ! et, la fumée Moekote buli tid kotawayani lev awalkikafa ezba. Mon
diminuant, j’aperçus du sang et des morts sous tol-decemoy ranyes ayik, diskis va francaf
lesquels disparaissait la terre de la redoute. Les tantazukot, volvunon lospon tigid, battan vajotes va
canons surtout étaient enterrés sous des tas de zelt is bantan bosolas va fluga. San-tanoy rossiaf
cadavres. Environ deux cents hommes debout, en flintik do sin tigid.
uniforme français, étaient groupés sans ordre, les uns
chargeant leurs fusils, les autres essuyant leurs
baïonnettes. Onze prisonniers russes étaient avec
eux.
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» Le colonel était renversé tout sanglant sur un » Vombik tir trovgayan, forteyotaf moe empayana
caisson brisé, près de la gorge. Quelques soldats yultava poke ecor. Konak sayakik anameon ekeyud ;
s’empressaient autour de lui : je m’approchai : « Où vanlaní.
est le plus ancien capitaine ? » demandait-il à un — Toklize tel losavsaf redakik tigir ? ~ pu veyrizik
sergent. — Le sergent haussa les épaules d’une erur.
manière très-expressive. — « Et le plus ancien Veyrizik muxapason epitumar.
lieutenant ? — Voici monsieur qui est arrivé d’hier, » — Voxe tel losavsaf rikulik ?»
dit le sergent d’un ton tout à fait calme. — Le colonel — Batse weltikye eldeon artlakiyise, ~ veyrizik
sourit amèrement. — « Allons, monsieur, me dit-il, vumeltackon kalir.
vous commandez en chef ; faites promptement Vombik piron kicer.
fortifier la gorge de la redoute avec ces chariots, car — Tetce, weltikye, ~ kalir, ~ okilon dirgal ; va
l’ennemi est en force ; mais le général C*** va vous ecor ke bersa kan yona edava wiluon volmiv
faire soutenir. » — « Colonel, lui dis-je, vous êtes folkayel !! lecen volnik tid jontik ; vexe C- jadiwik
grièvement blessé ? » — « F…, mon cher, mais la volmiv fu zober.
redoute est prise. » — Vombik, ~ kalí, ~ kas al zo astirbon bakal ?
— F-, abegik, voxe bersa re tir minafa.
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