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C'est la logique du réseau qui permet à ces enseignants de partager ainsi les
informations, les connaissances et même les compétences tant sur le plan
pédagogique que sur la maîtrise des outils informatiques, dans de véritables
sessions de formation entre pairs. Les Clionautes utilisent ainsi les technologies du
web 2.0 de mise en réseau qui leur permettent d'échanger, de se former et ainsi
d'améliorer leurs pratiques de classe. Les outils du début sont toujours
indispensables : l’échange d’informations se fait autour d’une liste de discussion, H-
Francais5 dont les archives sont ouvertes. Plusieurs sites internet utilisant le système
de publication SPIP permettent de mutualiser les supports de cours, des
photographies et des ressources pour la classe à destination des enseignants et des
élèves. Mais récemment, une plateforme de réseau social, NING6, a été ouverte pour
mettre à disposition des forums, des blogs et un outil de clavardage qui accueillent
les échanges et permettent le travail collaboratif. Un outil de microblogging, Twitter7,
développe l’interaction instantanée ou différée entre ses membres, les met en
contact avec d’autres réseaux sociaux et développer ainsi le partage de
compétences et la formation à distance. En ce qui concerne la formation, le logiciel
Skype ou l'outil en ligne Sparkangels ont déjà permis de former des collègues à
l'utilisation de Google Earth en géographie et en Histoire, ou à la gestion d'une
plateforme NING.
Ces outils rendent donc possible la mise en relation et le partage, mais l'essentiel est
ailleurs : un réseau ne fonctionne que lorsqu'il est animé, lorsqu'il est uni autour d'un
véritable projet toujours en mouvement. Il y a en effet des obstacles au travail en
commun des enseignants. Il existe en France une culture enseignante qui hésite à
ouvrir la porte de sa classe, à rendre publique ses méthodes. La démarche de
publier est encore associée chez les enseignants à l'idée de perfection : comme au
temps du papier on ne publie que des travaux aboutis. Or, comme le montre
l'encyclopédie Wikipedia, les principes du web 2.0 sont inverses mais efficaces : il
s'agit de publier un brouillon et de laisser les internautes l'améliorer, le tester, jusqu'à
un produit fini qui a bénéficié de l'expertise de tous. Le manuel de Sésamath,
construit sur ce principe, a remporté ainsi 20% du marché des manuels de
mathématiques au collège en France. L’enjeu est donc important. Comment mettre
en relation des individus autour d’un projet commun ? Comment dynamiser les
échanges et partager les compétences ? Comment amener des enseignants à
travailler bénévolement pour produire une ressource pédagogique à destination des
élèves ou des collègues ? C'est la question que les trois associations Weblettres,
Sésamath et les Clionautes essaient de creuser avec l'aide de plusieurs chercheurs8.
5
http://www.h-net.org/~francais/
6
http://clionautes.ning.com/
7
http://twitter.com/clionautes
8
“Le travail collaboratif”, dossier d'actu des Dossiers de l'Ingénierie Educative n°65, mars 2009.
Il apparaît qu’il faut d'abord bâtir une communauté de pratique autour d'un intérêt
commun, qu'il soit la discipline, l'usage des technologies numériques ou la
pédagogie, autour d'un projet et des valeurs qui l'accompagnent, et autour d'un objet
à réaliser ensemble9. Pour la réussite d'un tel objet, l'essentiel réside certainement
dans la réactivité : une ressource déposée sur un espace de partage, une question
posée sur un forum devra trouver sinon une réponse, du moins un public qui
réagisse dans la journée. Il faut donc un noyau d'animateurs du réseau suffisamment
nombreux et suffisamment présents pour offrir aux enseignants la plus grande
diversité de regards en un minimum de temps. Ces animateurs doivent avoir du
temps à donner à la communauté, et c’est pour cette raison que Sésamath a choisi
de salarier quelques personnes. Les Clionautes n’ont pas cette chance et ils sont
donc limités dans leurs projets.
Pour que les échanges s’animent, la confiance entre les membres est un autre
élément primordial. Elle est nécessaire pour rendre la critique constructive lors des
échanges, d'autant plus que les outils numériques sont paradoxalement les plus
mauvais outils de communication interpersonnelle. Il n'y a chez les Clionautes
aucune hiérarchie qui donne à un membre davantage d'autorité qu'à un autre, de
sorte que toute critique peut être considérée comme bienveillante. Afin d’éviter les
conflits inutiles, les listes sont modérées a priori, nos forums a posteriori, pour
conserver la spontanéité des échanges. Enfin, des rencontres sont organisées lors
de certains événements dans l'année, rencontres professionnelles ou salons, ou lors
des formations que nous organisons dans le monde « réel », afin de resserrer les
liens entre les personnes.
9
G. Gueudet et L. Trouche, “Conception et usage de ressources pour et par les professionnels :
développement associatif et développement professionnel”, Dossiers de l'Ingénierie Educative
n°65, mars 2009 http://www.cndp.fr/archivage/valid/139699/139699-18418-23865.pdf
10
http://afriqueouest.ning.com/