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Réseaux d'enseignants en ligne et co-formation :

l’exemple des Clionautes


Caroline Jouneau-Sion,
Présidente des Clionautes,
Professeure d'Histoire-Géographie,
Professeure associée à l'INRP1,
France

Être enseignant, c'est accompagner les élèves dans le développement de leurs


connaissances et de leurs compétences, afin qu'ils puissent trouver leur place dans
la société. Mais les enfants changent, la société change et les enseignants doivent
s'adapter et se former tout au long de leur carrière. En France, des enseignants ont
profité des nouveaux outils d'information et de communication pour créer des
réseaux qui ont su répondre à ces besoins.

Les Clionautes, un exemple de communauté d’enseignants sur le web

Les Clionautes sont l'une de ces communautés d'enseignants francophones. Elle


rassemble des professeurs d'Histoire et de Géographie qui s'impliquent dans le
développement des usages des TIC dans l'enseignement. Un petit groupe
d’enseignants s’est rassemblé en 1996 autour d’une liste de discussion dans le but
de partager les ressources et les savoir-faire technologiques. En 1998, ce groupe
s’est organisé en association loi 1901 et le réseau est désormais fort de 150
adhérents, de 1600 abonnés et surtout de plusieurs millions de visiteurs annuels sur
ses différents sites Internet. Depuis 2008, l’association des Clionautes2 se donne
pour buts de rassembler les personnes désirant partager leurs compétences dans le
domaine de l’usage des TIC au service d’une pédagogie fondée sur l’autonomie, la
responsabilisation, l’interactivité et la participation. Il s’agit aussi pour ce réseau de
développer l’esprit de mutualisation entre ses membres, au service de l’ensemble de
la communauté éducative :
- par la production et le partage de ressources TIC libres de droit,
- par le partage des savoirs et de l’expérience « de pair à pair »,
- par la veille pédagogique, la rédaction de comptes rendus de lecture, d’évaluation
de produits TIC à destination des classes.

D'autres associations de ce genre existent, avec quelques différences : Weblettres3


regroupe des enseignants de français et de lettres classiques qui partagent aussi
leurs cours sur leur site internet. Sésamath4 rassemble des professeurs de
mathématiques qui sont allés plus loin : au delà de la mutualisation, ils se sont
lancés dans la production de ressources. Grâce à des méthodes de travail coopératif
et collaboratif entre enseignants bénévoles, cette association édite des ressources
numériques gratuites : des exercices, des outils pour les mathématiques, et
1
Institut National de Recherche Pédagogique, 19 allée de Fontenay 69347 Lyon CEDEX 07
2
http://www.clionautes.org
3
http://www.weblettres.net
4
http://www.sesamath.net
désormais également des manuels de mathématiques téléchargeables gratuitement
et sous licence libre. Une maison d'édition édite ces manuels réalisés par des
professeurs pour les professeurs à un tarif très bas, en partenariat avec l'association
Sésamath qui peut ainsi financer 5 salariés à mi-temps.

Comment développer une communauté enseignante ?

C'est la logique du réseau qui permet à ces enseignants de partager ainsi les
informations, les connaissances et même les compétences tant sur le plan
pédagogique que sur la maîtrise des outils informatiques, dans de véritables
sessions de formation entre pairs. Les Clionautes utilisent ainsi les technologies du
web 2.0 de mise en réseau qui leur permettent d'échanger, de se former et ainsi
d'améliorer leurs pratiques de classe. Les outils du début sont toujours
indispensables : l’échange d’informations se fait autour d’une liste de discussion, H-
Francais5 dont les archives sont ouvertes. Plusieurs sites internet utilisant le système
de publication SPIP permettent de mutualiser les supports de cours, des
photographies et des ressources pour la classe à destination des enseignants et des
élèves. Mais récemment, une plateforme de réseau social, NING6, a été ouverte pour
mettre à disposition des forums, des blogs et un outil de clavardage qui accueillent
les échanges et permettent le travail collaboratif. Un outil de microblogging, Twitter7,
développe l’interaction instantanée ou différée entre ses membres, les met en
contact avec d’autres réseaux sociaux et développer ainsi le partage de
compétences et la formation à distance. En ce qui concerne la formation, le logiciel
Skype ou l'outil en ligne Sparkangels ont déjà permis de former des collègues à
l'utilisation de Google Earth en géographie et en Histoire, ou à la gestion d'une
plateforme NING.

Inclure ici le fichier carte_mentale_clio.tiff

Ces outils rendent donc possible la mise en relation et le partage, mais l'essentiel est
ailleurs : un réseau ne fonctionne que lorsqu'il est animé, lorsqu'il est uni autour d'un
véritable projet toujours en mouvement. Il y a en effet des obstacles au travail en
commun des enseignants. Il existe en France une culture enseignante qui hésite à
ouvrir la porte de sa classe, à rendre publique ses méthodes. La démarche de
publier est encore associée chez les enseignants à l'idée de perfection : comme au
temps du papier on ne publie que des travaux aboutis. Or, comme le montre
l'encyclopédie Wikipedia, les principes du web 2.0 sont inverses mais efficaces : il
s'agit de publier un brouillon et de laisser les internautes l'améliorer, le tester, jusqu'à
un produit fini qui a bénéficié de l'expertise de tous. Le manuel de Sésamath,
construit sur ce principe, a remporté ainsi 20% du marché des manuels de
mathématiques au collège en France. L’enjeu est donc important. Comment mettre
en relation des individus autour d’un projet commun ? Comment dynamiser les
échanges et partager les compétences ? Comment amener des enseignants à
travailler bénévolement pour produire une ressource pédagogique à destination des
élèves ou des collègues ? C'est la question que les trois associations Weblettres,
Sésamath et les Clionautes essaient de creuser avec l'aide de plusieurs chercheurs8.

5
http://www.h-net.org/~francais/
6
http://clionautes.ning.com/
7
http://twitter.com/clionautes
8
“Le travail collaboratif”, dossier d'actu des Dossiers de l'Ingénierie Educative n°65, mars 2009.
Il apparaît qu’il faut d'abord bâtir une communauté de pratique autour d'un intérêt
commun, qu'il soit la discipline, l'usage des technologies numériques ou la
pédagogie, autour d'un projet et des valeurs qui l'accompagnent, et autour d'un objet
à réaliser ensemble9. Pour la réussite d'un tel objet, l'essentiel réside certainement
dans la réactivité : une ressource déposée sur un espace de partage, une question
posée sur un forum devra trouver sinon une réponse, du moins un public qui
réagisse dans la journée. Il faut donc un noyau d'animateurs du réseau suffisamment
nombreux et suffisamment présents pour offrir aux enseignants la plus grande
diversité de regards en un minimum de temps. Ces animateurs doivent avoir du
temps à donner à la communauté, et c’est pour cette raison que Sésamath a choisi
de salarier quelques personnes. Les Clionautes n’ont pas cette chance et ils sont
donc limités dans leurs projets.
Pour que les échanges s’animent, la confiance entre les membres est un autre
élément primordial. Elle est nécessaire pour rendre la critique constructive lors des
échanges, d'autant plus que les outils numériques sont paradoxalement les plus
mauvais outils de communication interpersonnelle. Il n'y a chez les Clionautes
aucune hiérarchie qui donne à un membre davantage d'autorité qu'à un autre, de
sorte que toute critique peut être considérée comme bienveillante. Afin d’éviter les
conflits inutiles, les listes sont modérées a priori, nos forums a posteriori, pour
conserver la spontanéité des échanges. Enfin, des rencontres sont organisées lors
de certains événements dans l'année, rencontres professionnelles ou salons, ou lors
des formations que nous organisons dans le monde « réel », afin de resserrer les
liens entre les personnes.

Quel avenir pour ce modèle ?

La réflexion autour du modèle sur lequel nos associations professionnelles


enseignantes se sont construites nous a amenés à imaginer des transferts à l’échelle
de l’Afrique de l’Ouest, et à souhaiter développer des échanges intercontinentaux
dans le domaine des pratiques pédagogiques. Faire circuler l’information, se former
à distance, construire collectivement et à moindre coût des ressources adaptées aux
enseignants et à leurs élèves, le bénéfice pour l’Afrique est évident. De notre côté, il
s’agirait d’un projet mobilisateur, d’une autre ouverture qui ne peut que nous enrichir.
Des échanges existent déjà : improvisés, comme cette rapide formation à NING pour
le tout nouveau réseau Afrique de l'Ouest10; plus construits, comme le projet d’utiliser
le modèle du manuel Sésamath pour la réalisation d'un manuel par les enseignants
de la même région. Des perspectives sont donc ouvertes, nos associations sont à
l’écoute des besoins des enseignants d’Afrique de l’Ouest, voire des institutions,
pour concrétiser davantage ces liens.

9
G. Gueudet et L. Trouche, “Conception et usage de ressources pour et par les professionnels :
développement associatif et développement professionnel”, Dossiers de l'Ingénierie Educative
n°65, mars 2009 http://www.cndp.fr/archivage/valid/139699/139699-18418-23865.pdf
10
http://afriqueouest.ning.com/

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