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« La Russie, un phénix géopolitique ? »


d’après Pascal Marchand, Atlas géopolitique de la Russie, Paris,
Autrement, 2007.

La chute de l’URSS fut spectaculaire. La puissance qui, en tant que deuxième « grand »
mondial, négociait en 1987 le désarmement nucléaire, se voyait obligée de solliciter l’aide
alimentaire d’urgence en septembre 1991. En décembre, la fédération avait éclaté en quinze
États.
De la nouvelle Russie des années 1990 affluèrent alors des images de misère : mendiants,
enfants abandonnés, personnes âgées en détresse, situations écologiques désastreuses, familles
d’officiers logées dans des wagons de chemin de fer, règne des mafias... Avec une industrie et
une armée en pleine déliquescence, les réalisations les moins contestées du régime
communiste elles-mêmes semblaient en lambeaux. La survie du pays était menacée par les
velléités d’indépendance. Le pouvoir politique semblait impuissant. L’idée d’un « trou noir »
en formation était formulée par Zbigniew Brzezinski en 1997 (Le Grand Échiquier, Paris,
Hachette). Sur le plan international, l’effacement était complet et la Russie se trouvait à la
merci des organismes internationaux.
La timide reprise économique de 1996 fut emportée par le krach d’août 1998 : pour la
seconde fois au XXe siècle, un État faisait défaut sur sa dette souveraine1, le seul précédent
étant... la Russie en 19172.

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Une dette souveraine est une dette émise ou garantie par un émetteur souverain (un État généralement ou
parfois une banque centrale). La dette souveraine est, en fonction de la qualité des émetteurs, considérée comme
plus sûre que celle des entreprises (pays très solvables) soit moins sûre du fait de la quasi absence de recours
juridique envers les états défaillants.
Les possibilités de remboursement sont étroitement liées à la capacité fiscale des pays émetteurs, et donc
dépendant étroitement des performances économiques et de la bonne gestion budgétaire de ces pays. C’est à
partir de ces critères que se fait la notation de la dette souveraine. Le ratio endettement / PIB est l’une des bases
d’appréciation.
Un certain nombre de crises de dette souveraine ont été observées durant les années 1990 : la Russie en 1998,
l’Equateur, le Pakistan en 1999, l’Ukraine en 2000, l’Argentine en 2001 et le Nigeria en 2002 se sont déclarés
dans l’incapacité d’honorer leurs engagements financiers vis-à-vis de leurs créanciers extérieurs.
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C’est la catastrophe des emprunts russes. En 1822, l’État russe émet en son propre nom un emprunt en France.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les tensions entre l’Allemagne et la France poussent cette dernière à
chercher l’alliance avec la Russie, ce qui se traduit par des investissements français en Russie. En 1867, les
compagnies de chemins de fer russes lancent en France un emprunt nommé « Nicolas » pour la construction de
nouvelles voies en Russie, ceci étant dû à un besoin russe de capitaux pour ces investissements coûteux.
Suite à la Guerre franco-allemande de 1870, la France doit verser à l’Allemagne, au titre des indemnités de
guerre, cinq milliards de francs-or. Cette défaite militaire et la volonté de reconquérir l’Alsace-Lorraine incitent
les gouvernements français successifs à se rapprocher encore davantage de la Russie. Cette dernière est d’autant
plus réceptive que sa source principale de capitaux, l’Allemagne, s’est tarie. Mais les Allemands investissent
désormais sur leur territoire et les exportations de capitaux se font plus rares. De plus, à l’époque, la Russie est
aussi considérée comme un pays très peu solvable par les autorités.
Des emprunts d’État, des emprunts de collectivités et des emprunts liés aux compagnies de chemins de fer russes
sont lancés en France. Ils financent la construction de dizaines de milliers de kilomètres de lignes de chemin de
fer, comme le Transsibérien, le développement de nouvelles industries (chimie) et de plus anciennes (mines).
Des entreprises françaises renommées investissent dans les états satellites de la Russie, marché d’avenir.
Pendant trente ans, le gouvernement et les médias français vont encourager les épargnants français à investir un
total de près d’un tiers de l’épargne française en Russie pour un montant d’environ 15 milliards de francs or. De
1887 à 1913, l’exportation nette de capitaux correspond à 3,5 % du PNB de la France. Les risques de solvabilité
de l'État russe conduisent bientôt l’Allemagne à arrêter tout prêt à la Russie.
Des campagnes de publicité sont lancées par affiches et dans les journaux français (« Prêter à la Russie, c’est
prêter à la France ! »), des commissions étant versées aux journaux et aux banques (Le Crédit Lyonnais réalise
30 % de ses profits avant 1914 grâce aux emprunts russes).
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Puis, sans transition, à la fin du siècle, les « oligarques », richissimes hommes d’affaires
russes, ont fait une entrée remarquée dans le classement Forbes des milliardaires. Depuis
2001, l’autorité de l’État a été rétablie. En 2006, la Russie a remboursé par avance la totalité
de ses dettes auprès des organismes internationaux. Les gouvernements s’efforcent
maintenant d’orienter la manne des hydrocarbures vers une industrie héritée de l’URSS, dont
des pans entiers sont encore en attente de reconversion. Avec ses ressources naturelles, son
potentiel d’ingénieurs et de chercheurs, le marché de sa classe moyenne grandissante, la
Russie est devenue un eldorado pour les investisseurs étrangers, qui vont participer à son
redressement. En sens inverse, les grands groupes russes, bâtis par les « oligarques » lors de la
chute de l’URSS, intègrent le cercle des fusions-acquisitions au niveau mondial. Beaucoup de
problèmes subsistent cependant : ampleur de l’investissement à mobiliser dans les domaines
des transports et de l’énergie, où les déficits pénalisent toute l’activité économique, situations
environnementales désastreuses héritées de l’URSS, évolution démographique inquiétante...
La question du poids et du rôle de l’État dans la société n’est pas le moindre de ces
problèmes.
Quoi qu’il en soit, forte de ses réussites privées et collectives, la Russie a entrepris de
restaurer son statut de puissance dans un monde devenu multipolaire. Elle reste le plus vaste
pays du monde. S’étendant sur deux continents, elle confine à des régions aussi diverses sur
le plan géopolitique que la Finlande, le Caucase ou l’Extrême-Orient. Dans toutes ces zones
du globe, à ses frontières, la Russie compte ses intérêts, qu’elle entend faire valoir.

En 1897, le rouble se rattache à l’or. Les emprunts russes garantissent à leur détenteur une « sécurité à 100 % »
(soutenus par l’État français) et des performances intéressantes au regard du marché financier de l’époque. Les
émissions des emprunts se sont accélérées pour ralentir au début du XXe siècle.
Mais en 1918, un décret des Bolchéviques répudie unilatéralement l’intégralité de ces dettes. Plus d’un million et
demi de Français ont alors investi dans ces emprunts. Depuis, le gouvernement soviétique d’abord, la Fédération
de Russie ensuite, considèrent cette dette comme nulle et non avenue. 316 219 porteurs français, recensés par le
Trésor public en 1999, conservent leurs titre, une part d’entre eux militant sans obtenir gain de cause auprès des
gouvernements successifs de la Russie.

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