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BIBLIOTHEQUE D'HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE esgois Countise PLATON SOURCE DES PRESOCRATIQUES EXPLORATION Textes réunis par Monique Dixsavt et Aldo BRANCACCI LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 6, Place de la Sorbonne, V° 2002 REMERCIEMENTS Cet ouvrage est en grande parte le résultat d'un colloque franco italien organisé par Aldo Brancacci et Monique Dixsaut ct tenu & Rome les 24 et 25 novembre 2000. Que soient ici vivement remerciés tous ceux, participants et auditeurs, qui ont contribué 8 en faire un lieu d"échanges non seulement savants mais amicaux et chaleureux. En application du Code de la Propricté Intelectuelle et notamment de ses articles L. 122-4, L. 122-8 et L. 338 reproduction imtégrale ou partielle fate sans le consentement de auteur ‘oa de ses ayants droit ou ayants cause est illicte, Une telle representation ‘oy reproduction constituerait un délit de contrefagan, puni de deux ans nt et de 150 000 euros d'amende [Ne sont autorisées que les copies au reproductions strictememtréservées usage privé du copiste et non dest ¢ utilisation collective, ainsi ‘que les analyses et courtes citations, sous réserve que soient indiqués clairement le nom de I'auceur et la source toute représemtation ou «emprisonn © Librairie Philosophique J. VRIN, 2002 Imprimé en France ISSN 0249-7980 ISBN 2-7116-1582-0 INTRODUCTION La NomIow vt PRESOCRATIQUE terme « Présocratiques », par lequel nous désignons habituellement “pat lequel nous désignerons peut-étre encore pendant quelque temps les phitosophes grecs deI'époque archaique, est une dénomination récent oropre az vingtiéme sicle. Elle est devenue canonique & partir de la © édition de Pouvrage d'Hermann Diels, Die Fragmente der Vorvokratiker (1903), quia é le premier et qui reste unique recueil critigue des textes de ces philosophes'. Considéré & unanimité comme Fun des monuments de la philologie classique allemande avee les Dovographi Graeci du méme Diels, les Stoicorum veterum fragmenta de von Amim, les Epicurea d'Usener, les Vorsokratiker se distinguent routefbis de tous ces ouvrages par deux traits fondamentaux, qui contien- nent in nuce les raisons des discussions successives sur la justesse et a comvenance de l'emploi du terme « présocratiques », Celui-ci ne désigne pas une tradition philosophique déterminge comme « stoiciens », «épi- ‘uricts » ou « soeratiques », mais indique une catégorichistoriographique {ui détermine immédiatement son objet et, par conséquent, rassemble et "nifieles philosophes auxquels ele se réfere par convention. Ce termene se », dans un passage présentant des difficultés extuelles rendant sa compréhension difficile Mais nous ne disons pas non plus que ce qu'on fait par appétit épend de soi; en conséquence, certaines pensées et certaines passions ne dépendent pas de nous, ni les actes conformes 2 ces pensées et & ces raisonnements, mais, comme l'a dit Philolaos, certaines raisons sont plus fortes que nous. (Ethigue & Eudéme, 11.8 1225 a 30-33, ad. V. Décarie) |. Mame Water Burkert ne peu pas ne pas sconnaiee amoncellementd'invaisem bance (oe Loran Scene, 1972p. 2280, 48) ew impossible de savoir oh Piola ces originate (de Crotone u de Taree”), quand ia veu (este ua contemporain de Pythagoreetd’Empédocle ou de Socrate”), pain et comment ites vem 8 Thebes, La scholie &Piédon 6 qui combine des informations vent poqus différentes, ours ‘econtdictions. Pour rendre comnts fis fait que Siumias et Cbs, sistent av ‘deroers moments de Socrate en 399, ont po ptr Y'oteile&Phloluos The et fat ‘u'll aura 1 un Pythgorcien chassé de Malle ds sod par une révote conte les Pythagonien quel on ite vers450, ona fit hypothe que Philolaosvéct ene 470 et 400. Mais eeue hypothtse n's aucun pos, compte tn da fait que Ton ne sat ien des ventures d'un Phlolospythagoricien avant son sSjour3 Thebes” 2 Allaliite méme s Paton lise planer le doute, on pourrait pens Ane obscure imentonnell, celle qui caractérise les maximes »pythagoriciennes, Mais ees Tune foisde pus. qu'une hypabise 3.Voir L.Briston, «Nessa di un mito filosofico: Giambliso (VP.146) 50 Aglaphamos, Tra Orfeo ¢ Piagora. Origine incon di clare nll” Antichta [AR deh ‘Seminar Napoltani 1996-1998), cuca di Marsa Tonorel Chin, Alfedina Storch Marzo, Amedeo Visconti, Napoli, ibliopolis, 2000, 9. 237-253, PLATON, PYTHAGORE ET LES PYTHAGORICIENS 31 Rien n’assure donc qu’en Mét., AS, 98523-98608 Aristote parlait ate Philolaos : aucun commentateur ancien, si prompt habituellement lenifier les sources d'Aristote, ne propose cette identification. Par nillearS, une reconstruction de ta doctrine supposée de Philolaos sur Yilimité et la Limite fait intervenir six « fragments»: un qui vient de Diogene Laerce (VIM, 84-85), autre de Jamblique (Commentaire sur invoduetion arthimétique de Nicomaque (7, 24-25) et les cing autres de Stobée (Anthologie b, Te, Td). Or ces auteurs, qui ont vécu pour runaudébut du ui sigcle de notre dre, pour autre la fin de méme sigcle et pour le demier au début du v*, ont pu s‘inspirer dapocryphes qui foisonnaient dés le début de l'Empire. De ce fait, on touverait dans ces ents non pas Varrigre-plan du Philébe, mais lune des. premigres intexprétations de ce dialogue Philolaos estprésent dans le catalogue des Pythagoriciens, et il est cité pourla premiere fois comme tel par Diogéne Laérce (VIII, $4), qui semble Tui aussi s*eure inspiré d’ Aristoxtne de Tarente, lequel aurait connu person- nellement deux disciples de Philolaos (VIII, 46). On notera que, dans sa tres breve notice, Diogéne Laérce mentionne le nom de Philolaos en rapport wee "anecdote des livres que Platon avait fait acheter par Dion et dont il slat servi pour écrire le Timee. ‘Toutce qui vient d'etre dit passera pour ere le résultat d'une position hyper-crtique. Mais aucun des fragments considérés comme authentiques par Walter Burker et done Cari Huffman ne posséde une légitimité propre ils ne peuvent pas re interprétés que par un recours constant & des ignages d’époque ultérieure Théodore de Cyréne Dans le Théétete, Théestore de Cyréne est décrit comme un expert en Sométrie, astronomie, calcul et musique. On y apprend qu'il s'est intéressé au probleme des longueurs irationnelles (Théétéve, 147 d), Plus loin, on apprend qu'il fut le disciple (herairos) de Protagoras (Theététe, l61b, 162a, 164e, 1835), lequel avait pourtant critiqué les méthodes uxquelles ont recours Tes mathématiciens. On retrouve le nom de Théodore dans le catalogue de Jamblique, mais jamais, chez Platon, il n'est ‘qualifié de pythagoricien?, On a impression que, dans le cas de Théodore, leéflexe conditionné : mathématicien / pythagoricien a joué a plein. 1LOn comprend que Vinterpétation do W. Burkert ait rencontté Toppesiton de 1.A.thilip, Prthagoras and Earls Puthagoreaniom, Toronto, Unis. Press 19665 et de 5 Bune, The PresocraticPiloophers, Landon, Rutledge, 1979, 1982 2 Arisote nee mentonne pss 2 Luc BRISsON Archytas de Tarente On saitpeu de choses sue histoire de Tarente, dans le premier quart ds side, Touchée par influence du Pythagorisme ele mente cependant pasdans Morbite de Crotone. A patirde 470, c'est une démocraie modrse (Aristo, Potirigque. VIS 1320 69-17) avecune Assemblée, un Conseil et des magistraturesannuciles,parmi lesquells la Stratégie etait la plus importante: Mexistence ¢ Ephores n'est pas attestée, mais reste probable est d'alleas comme Stratége!, i faut fe rappelr, qu” Archytasexerga pendant sept années consécutives une autorté quasi absolve sri ite Cedutéire ace momenta gwcurent lieu ls interventions Archyta, vee qui, au cours de son premier séjour en Scie auprés de Denys ancien Platon avait conclu des accords®,On comprend dés lorsque Denys le jeune sitfaitintervenir Archstas et ses amis pour demander a Platon de revenir en Sicile. Archédéme’ vient & Athénes, ct Archytas Iuieméme envoie des lettres & Platon®. Et, apres avoir expulsé Platon de la citadelle, Denys le jeune commence parle metre en residence survcille che? Archédéme* Pour assurecson slut, Platon fait lors app &Archytas imagine done, pour assurer mon salut, de recourit au stratogeme Suivant, Jenvoie a Archytas eA mes autres amis de Tarente une Terie déerivant la situation dans laqueli je me trouve. Eux, sous le ouvert d'une ambassade dépéchée par leur cits, envoient un navire Ateente eames avee Pun des leurs, Lamisque, leguel, une fois artivé, va interesder auprés de Denys le jeune en ma faveur, en disant que je soubaiteis partir et le priant de ne rien faire pour s°y opposer. Denys le jeune donna son accord de me congédier apres m'avoir remis ce qu'il fallat pour le voyage; quand aux biens de Dion, je nen réclamai rien et personne ne men remit rien. (Lettre Vil, 350 a-b, trad. L. Brisson) |. Magiseatur mili, une des plasimponanes 2 Athens. Piles ft du strtbge pendant plus de dix ans consécui 2wAvant de prendre la mer pour men aller, fava en effereabli dos ens «hospital amitié enue Arhytas eles gens de Taente dun cee Denys fe jeune de Faure.» (Lenre VIL. 338 tod. par L: Bison) Dans le discours Sur amour (Erik's) {1X1 (446) ainda Démoshee, ces a fEguentarion de Plaon gui ara fat aie 3 ‘Archyasdudmitales progres comme adminisrateur dea ctéde arene! 3 Arthédere, elu des Sicens donk, pensstije fas le ps de eas, Yun des Aisciples ¢ Arehytas.»(Lenre VIL 339... Brisson 4 Voir Letre VIL 3393 5. VoirLerte VI 3696 — PATON, PYTHAGOREET LES PYTHAGORICIENS 33 (Crest done Archytas, que connait bien Platon, qui lui permet de repartir de Sicile. Mais rien chez Platon ne laisse entendre qu’ Archytas ait && un py’hagoricien, Cela dit il semble qu'il y ait eu entre les deux hommes des relations sur Te plan de la doctrine et de Penseignement !; la Leute VIL laisse aussi entendre que l'enseignement dispensé a Denys le jeune par Arehytas ou ses associés fut catastrophique?, Cette information a donné Jicw dans Antiquité & une sorte de petit roman, ot Archytas et Platon ‘Schangent des lettres Aristote considére Ia théorie de a définition proposée par Archytas ‘comme anticipant sa propre doctrine du composé impliquant la matizre et le lorme*. Jamblique cite Atchytas dans le catalogue des Pythagoriens, probablement 2 la suite d’ Acistoxéne, Archytas est qualifié de « pythago- ricen» pour la premitre fois chez Diogene Laérce (VIII, 79) qui semble la {encore s'appuyer surle témoignage d’Aristoxéne. Pourtant, dans sa Vie de Prchagore,ileconvient d'y insister, Jamblique semble etre trés géné par la we d’Archytas. Pour lui, il y a deux Archytas: le viel Archytas, condisciple d’ Empédocle auprés de Pythagore (§ 104) et qui fut chassé de Crotone par le soulevement contre le pouvoir pythagoricien, et le jeune Archytas, celui que connut de Platon (§ 127, 160. 197). Le vieil Archytas, ‘mert la fin du vi sigcle ou au début du v¢ sigcle, ne peut en effet avoir conn Platon, né en 428 et mort en 348° |.On en voudea pour preue le at qu'Archédbme soit ptsenié comme un disciple ‘stron & Arohyas (etre Vil, 339, Lek letresenvoyées par Archyls et les autes tunis de Plaontmoignen des progr fats par Denysen philosophic Uetire VI 339.) 2. Voie 38et 331b.Limage d Arehyasquiressor dec lelie e! ase gate, ‘nume bien monte GER. Lloyd «Plato and Archyiasinthe Sevemh eter», Phones 35.1990, p. 158-174 5. Sure sje. voir Lue Bison, Lees 1987, 19992, Lerre XH (sive det letre Aeehyash 267-274 ‘S.Metphvsiqu, H2, 108332226, Aristte ne cite Archytas que dans deux sues rasages En Rhctorgue HI 11, (412913. il la econnat un epi sagace pour avoir “tli onesimiltade entre deux objets fr iffrens «Un abitre et un atl son choses ‘deigues carfunet Vane saslerefupe de tut ce qui souteNijusice » Een Polingue Vit 61340626 semble atnbuerTinsention def eréelle (platage) Par aillers in Probleme section XIV, 9,918 2283) gist pas arneicien semble a atebuee Une xpication elaive aux fis que les pares exteres des plants des anima sont de forme aire. 5. Sur Archyts faust ere beaucoup pls prudent que ne 'est Charles Kahn dans Prthagoras and the Pythagoreans. A Brief Mitors. qut dans un chapite ini = Pythagorean philosophy nthe ine of Archyss and Plo» inspire un live de Carl Hatfman paaive M4 Lue saisson Timée de Locres Dans le Timée, le personnage éponyme est décrit dans les termes suivants : En effet, Timée que voici, qui vient de la cité si bien poticée de Locres en Italie, 08, par Ia fortune ot par la naissance, il n'est infétieur & personne, s'est vu dans sa cité confier les plus hautes charges et décerer les plus grands honneurs en outte. Il s'est, & ron sens. élevé aux sommets de la philosophie dans son ensemble (Timée, 19 20, tad, L. Brisson) A instar d'Archytas, comme un homme politique et un il nest pas qualifié de « pythagoricien » par Paton. De plus, comme n'a vu, il n'est mEme pas nommé dans e catalogue des Pythago- riciens;ce qui tres probablements'explique par "hypothése faite plus haut suivant laquelle est postérieur Aristoxéne l'apocryphe mis sous son nom. etque l'on aeonsidéré comme la source du Time de Platon’. Au tout début de son Commentaire au Timée de Paton, Proclus admet cette filiation.et & Fepoque modeme Alired E. Taylor®, dans son commentaire, «repris cette hypothese. Mais est impossible de prowver que tel ou tel élément du Timée soit pythagoricien. On y trouve des références a des points de doctrines mathé- ‘matiques atibuées par Euclid, dans ses Eléments, aux Pythagoriciens; mais rien ne dit que Platon les ait emprunté directement aux Pythago- riciens; i faut en effet se garder une fois de plus d’assimiler automat , Conve Pax 1: Le Plaonisme dévol, textes réunis par Monique Dissut, Pais, Vein Tradion de a pensée clase, 1993p 339-386: repris dansmes Lectures de Paton. Pats Vrin 2000, p. 28-41 2-Diogene Laztce donne Aleimos de Sil comme source de Taccustion de plagiat, donPion se serait rendu coupube cone Epicharm et pr vie de conséquence conte Pyihagore. Raster et histone (in «debut ies), Alemos de Sie arate icine de Sip, loisitme chef de Ecole mgatique; disciple de Doge leCynique et (Eade de Mégare, St surat notanmen refuse Ia disinction platnicienseente Te sensbee'ielliibie- auras tendanee 3 deat cet Aleios aver Vater di Contre Amvaas. dont Diogéne Laere ite un large exten I, 9-17 5. Pour une snalse ence sens dh émoignage dAleimos, voir atic de K. Gases, Die PlutonReferate des Alkimos bei Diogenes Laentios (II 9-17), dans Zee Melonges Ede Sircker, Amtwerpen-Usecht, De Nedevlandsche BoeKhande, 1973, pours 36 Lue BRISSON En fait, elle se bome & illustrer de fagon malveillante les rappons qu’ Aristote avait remarqués entre les doctrines platoniciennes. et des pythagoriciennes. Au début du chapitre 6 du livre A de la Métaphysigue {cité supra, p. 22), Aristote explique que Platon fit bypothse des formes, intelligibles pour échapper au changement perpétuel qui affect les choses, sensibles, en objectivant les definitions communes auxquels tentait de parvenir Socrate i fait done I une distinction trés nette entre les formes inelligibles séparées de Platon et les nombres des Pythagoriciens qui se trouvent dans Tes choses sensibles, En revanche, Aristote insiste dans le notion pythagoricienne de passage qui suit sur le fait que Platon a annes participation en se bornant en changer le nom les Quant & cette panicipation, Platon ne modifiait que le nom Pythagoriciens en elfetdisent que les étres existent par imitation des nombres: pour Platon, ¢' est changé, Toutefois cette parti intelligibles, quetle peut en éire la gu'ils laissent dans Iindécision Tricot modifigey st par une participation, te mot seut ation ou imitation des formes ature? C'est I une (Mer, 86, 987 b 10-1 Coladit,ilestbien difficile de se représenter de quelle fagon Ie type de rapport établi entre les nombres et les choses sensibles dans lesquellesils se trouvent peut étre identique &celui des formes intelligibles avec les choses sensibles dont elles sont séparées. Le rapprochement parait scolaire Description dumonde sensible ‘anecdote relative au plagiat dont le Timée serait le résultat comporte plusieurs versions, La source la plus ancienne se trouve représentée par trois vers satyriques de Timon de Philionte’cités par Aulu-Gelle: Platon auraitacheté pour une grosse somme d'argent un petit po’me qui lui aurait servi éerire le Timée. Timon ne précise pas quel état l'auteur de ce petit livre. Mais Jamblique', Proclus? et Vauteur des Protégoménes i la 1. Surce passage, voir lecommanaite de H, Cherniss, Arite's Critcum of Plato and ‘the Academy 1944), New Yor, Russell & Rus 196, p. 475, 426, 2 Pour plus précsion, cf Alice Swit Riginos, Platonica. Te Anecdotes Concerning the Life and Writings of Pato, Columba Stasi the classical ton 3, Leiden, Bil 1976, pl6S-174 3, Philosopheseepigue (320-230 av.1-C.) gu arate esate de Pye et i xivitdes So Sarresjenenamétes conte les philosoptesdogmatiqus dont Paton 4.tuNicomachiartimetcam,p 0S 1017 Peli SumTim 18:13 Diehl ft PLATON, PYTHAGORE ET LES PYTEIAGORICIENS 7 niilosophie de Plaron' estiment qu'il s‘agit de Timée de Locres?; selon ‘eu. Paton se serait inspiré de la doctrine de Pythagore, sans aller jusqu’ copier écrit Sula foi d’Hermippe de Smyre?, Diogéne Laérce (IIL, 85) considére iepythagoricien Philolaos comme I'auteur de ce livre. Or, Diogéne Laéree connalt deux versions de cette acquisition; soit Platon aurait acheé ce sre, Soit Philolaos le lui aurait donné pour avoir obtenu de Denys le pardon d'un de ses disciples, Enfin, s‘appuyant sur Satyros, un jeune contemporain d'Hermippe, Diogene Laérce (IL, 9, ¢f. VIII 15 et84) rapporte que Platon demanda i Dion acheter & Philolaos cris livres concernant la doctrine de Pythagore: | ne parle pas ict ouvertement de plagiat, mais accusation semble aller Uesoi Quelle que soit la version retenue, cette anecdote était transmise pour lusrer la conviction largement répandue, méme chez les Platoniciens, suivant laquelle le platonisme dérivait du pythagorisme*. Elle constitue le socle sur lequel repose le phénoméne exégétique des «doctrines non ss» de Platon’, Méme si ’on refuse d'admettre I'authenticité de cette anecdote, on ne peut Sempécher de se demander si Platon s'est inspiré d'une cosmologie ricienne, & supposer bien sir que cette cosmologie ait vraiment eXisté et si oui jusqu’od. Tl est en effet une chose étrange, sur laguelle il convient insister = quand Platon veut discuter des théses de ses prédéces- sur le monde sensible, il a recours aux Milésiens ou a Anaxagore, ais Pythagore ou un Pythagoricien. Par ailleurs, Te seul passage © Arisiote qui donne une présentation explicte et globale de la cosmologie py thagoricienne este suivant oir. $3839 Westerink Towle Segond 2 Unfavrda début dui sisteas-1-C, 5. Hermippe de Smyme (ur site ay 1-C,) se ratache & Ecole pri ‘crv sur ie de plosophes et de lgislters norment, une euvze immense dont inspieebeavcoup Plutargue, Amsteur de sensationnalisme, Hermippe false dlibé- ‘nent histo Sir ce prctenda rapron, of H.Chemiss, Ariat» Critic of Presocatc Phitsophy, Baumne, Johas Hopkins Press, 1935, p 43-46, 223-226, 386-392; Aries Cruiser Pato and he Academy 18-194 et The Ride ofthe Barly Academy (1985) Neu York, Russell & Russell, 1962p 48-59; cesecondouvage add uaduten angais pat “ouver Boulahia sus etre: L'Enigme de Uancieme Académie, Pas, Vrin, 199, Pine 5 Sur le suet, vo L Brisson, « Présupposs et conséqucnces d'une inerpréation ‘Sots de Platlon» dns Lectures de Platon,p. 43-110. #8 LUC BRISSON Quant au systéme des Pythagoriciens, d'un edté, il offte des diffcultés moindres que tes prévédents (ceux de Speusippe, Platon fet Xénocrate), mais, d'un autre cts, il en présente d'autres qui lui ‘ont partieulires, Prendze le nombre non séparé du sensible, c'est faire disparate {que nous avons signalées: par contre, admetire que les corps sont ccamposés de nombres et que le nombre composant est le nombre ‘mathSimatique,e"est ce qui est impossible. En effet, il n'est pas vrai de dire qu'il existe des grandeurs inséeables: et, quand bien méme ‘on admetrait V'existence de grandeurs de cette sone, les unités, en tout eas. n'ont pas de grandeur: et comment une étendue peut-elle ‘tre composée dindivsibles” Or, alors que le nombre arthmétique, ‘du moins, est une somme d'unités, ces philosophies veulent que les fires soient fe nombre méme, et, de toute fagon, appliquent aux corps les propositions des nombees, comme sls étaient composés de ces nombres, I est done nésessaire, sl est vrai que Le nombre est un éte réel et par soi, qu'il le soit de une des manigres que nous avons distinguées, e, s'il ne peut 2tre aucune de ces maniéres, il fest manifeste que 1a nature du nombre nest pas celle que lui cconstruisent ces philosophes qui en font un eure séparé. (Mer, M8, 1083 b 8-23, rad, Tricot modifiée) Ce texte, suivant Raven', contient huit assertions 1) Les Pythagoriciens reconnaissent une seule espéce de nombre, le nombre mathématique 2) ce nombre n'est pas séparé des sensibles; 3) les corps en sont composés, ce sont des agrégats d” unités 4) ily aurait des grandeurs (physiques) indivisibles: 5) le nombre arithmstique est pluralitéd’unitésindivisibles 6) les unités auraient une grandeur: 7) les choses sont nombres: 8) les Pythagoriciens appliquent aux choses physiques des théoremes arithmétiques. 1), 2), 3) sont données comme des theses pythagoriciennes également en 1080 16-18; 5) en 1080. 19-20, et 32-33: 7) en 987 b 28 et passi 8) en 989'b 29-34. Quant a4) et6),ce sont des conséquences inévitables de | laconjonction de 3),7)avec 1)et 5). Dans cette perspective, le nombre est ccongu comme corporel, En dautres termes, le nombre n'est pas différent du comps physique. Les arguments de Zénon pourraient bien s‘attaquer & ces 1.AE. Raven, Pihagoreansand Eleatcs An account ofthe interaction Benseen the me “opposed school daring te ifand earl fourth contries B.C. [1948], Amsexda, Haken 196, p. 53-58, Surce texte, of uss H, Chemis, Avsole's Critic of the Presoeratics 39-40 ‘assurément une grande partie des impossibilites PLATON, PYTHAGORE ET LES PYTHAGORICIENS 39 theses pythagoriciennes. car elles développent une critique contre une conception marquée par un synerétisme archaique qui ne distingue pas entre le plandes choses physiques. celui des notions mathématiques, et celui de tse, Zénon associe aux multiplicités sensibles, afin d’en rendre compte comme de réalités, des multiplictés « de chases qui sont (a: dna)», do, ‘esullzn les contradictions qu'il met en lumigre. Il s‘agit donc bien d'une critique des objets visibles et de ce qui les conceme, etc'est unc controverse sut]'explication du monde physique que mettent en ceuvre les arguments de Héate; voila d’ailleurs ce qui justfie leur examen par Aristote dans sa Physique. Sur ce point aussi, Piaton, dans le Parménide, se youve en gon avee ce que nous savons par ailleurs D'unautre c6té, Pidée d’ utiliser non Ie seul langage ordinaire, mais les syahématiques, pour décrire le monde sensible semble venir de Pythagore -s Pythagoriciens. Toute la qu de savoir si cette influence fut cut pour relais des mathématiciens comme Théstete qui, cus, suraient pu s'inspirer de découvertes faites par les Pythagoriciens en 1hématiques, mais en les intégrant dans un ensemble n'ayant plus rien de hagoricien, Cette seconde hypothe me parait laplus vraisemblable, Doctrine de la transmigration de U'ame On estime que ta transmigration de I'ame était un dogme chez les Omphigues et chez les Pythagoriens? et que Paton l'aurait repris & son ‘compe, L’enjeu est important dans la mesure oit Ia transmigration de "ame ‘rez Platon, la base de la doctrine de la réminiscence qui elle-méme impligue la notion de forme intelligible séparée qui peut éxre contemplée parame méme séparée du corps. Mais aucun des témoignages avancés pour prouver que les Pythago: srOnaient a doctrine de la transmigration n'est décisif. pyggbiogtne Lee cite des vers de Xénophane qu'il rappone a Pythagore Alors qu'un jour il passat prés dun jeune chien que Ion battait, il fut, raconte-ton, pris de pitié et prononga ces mots: « Arritez ces coups de biton, car c'est Mime d'un etre qui m'est cher, Je la reconnais en Fentendant sboyer ». (VIII 36) |. Suri sue voi M, Caveing, Zénon dé. Prolégomines aus doctrines da contin, re hstorqueecortgue des Fragment et Ténolgnages, Pais, Vin, 1982; 26, Pars 2 oir Love and Seience 3c 8 fgon beaucoup moins rgoureuse et prudent, ©.Cssaio, «Le metempsicosi ta Orfeo ¢ Piagora» dans Orphisme et Orphée. en honneurde ean Rudhar ed pat Ph Borgeaud, Gentve, Dror, 19,9. 119-188 40 Luc BRISSON ‘On remarquera qu’aucun nom propre n'est cité dans ce fragment qui pourrait faire référence un autre personage que Pythagore. De plus, il pourrait s‘agir la d'une critique du genre de celle qu’Aristote adresse aux Pythagoriciens, = Au début du De anima, Arisote fait cette remarque polémique Or nos théoriciens s‘efforeent seulement de déterminer de quelle sorte d'éte est lime, mais pour le corps qui doit la recevoir, ils ‘Wapportent plus aucune détermination; comme s'il se pouvait, conformément aux mythes pythagoriciens, que n’impore quelle lime pénétre dans n'importe quel corps! (De anima, I, 3, 407 6 20- 23, wad, Barbotin’ of: aussi Il. 2, 414 21-22) Mais rien ne permet de déterminer si Aristote veut parler Ia individ ou d’espice, Ce qu'il dénonce, c'est erreur qui consiste A ne pas distinguer animal de "homme. = Lorsqu’il décrit arrivée de Pythagore & Crotone, Porphyre rapporte coquedit Dicéarque, le disciple d’Aristore Quant & ce qu'il dissit aux gens de son entourage, nul ne peut le formuler avee certitude: et en effet il égnait parm eux un silence cexceptionnel, Toutefois les points les plus pénéralement admis sont les suivants: d'abord que T'dme est immortelle: ensuite, Gu’elle passe dans d'autres espéces animales; en outre, qu’d des pétiodes déterminées ce qui a &é renait, que rien n'est absolument nouveau, qu'il faut reconnaitre La meme espéce & tous les Eres qui fegoivent vie. Car ce sont 1a, 8 ce qu'on rapporte (phéretai) les dogmes que Pythagore le premier introduisit en Grbce. (Porphyre, Vi. Pst, 19, tad. E. des Places modiige = Dicéarque, fr. 33 Werhli) Comme Je reconnatt Iui-méme Walter Burkert, il n'y a sur un plan philologique aucun moyen de déterminer ce qui, dans cette citation, vient de Dieéarque. De plus, il convient de remanquer le scepticisme dont fait preuve ce témoignage quis’en remet&ce qu'on rapporte (phéretai) — Enfin, méme si Hérodote (IV, 95-96) affirme que les Grecs qui vivent dans la région de la mer Noire rapportent & Pythagore les pratiques immortalité en vigueur chez les Gates (Gétal athanatizontes, voir IV 93). la tradition postérieure tend & négliger de rapporter également & lui la doctrine de la transmigration. Par ailleurs, aucun témoignage ancien n’attibue explicitement la doctrine de la transmigration a Orphisme. Seule est explicitement | attibuée i’ Orphisme la doctrine d'une pré-existence de ’amme quin’est pas | forcément individuelle, et celle dune rétribution dans autre monde. PLATON, PYTHAGORE ET LES PYTHAGORICIENS 41 - Aristote explique ainsi comment ame entre dans un corps Sous ce méme grief tombe aussi la doctrine exprimée dans les vers attribués a Orphée: d'apres elle, Mme provient de univers lextérieue et pénttee dans les Stres vivants par la respiration, les dans le cas des vents lui servant de vehicule ~ chose impossibl plantes et de certains animaux, puisque tous ne sont pas Joués de respiration! C'est ce qui a échappé aux tenants de cette opinion. (Aristore, De anima, 1,5, 410b 27-41 | a 2, rad. A-Jannone) Comme je lai dit plus haut, il est impossible ici encore de savoir si \risiote parle ici de individu ou de Iespéce. Cette me semble (si Ion se trouve toujours dans un contexte pyihagoricien, mais la chose est loin détre certaine) subir un chatiment ‘rsqu’elle se trouve dans un corps qui constitue pour elle une prison son, Cranyle 400 b-c; Phédon 62’). Tout le probleme est de savoir si cette punition est individuelle ou collective, et si elle découle d'une faute sntesigure qualifige, Et surtout, il convient de noter que les initiations sont destinges & laver les ames de leurs fautes pour leur assurer une survie heureuse. Relisons ces quelques lignes de la Republique Us produisent d'sutre past une foule de livres de Musée et d"Orphée, fils de la Lune et des Muses. diton, Ils reglent leurs sacrifices sur Fautorité de ces fives et font aceroire non seulement aux pariculiers, mais encore aux cités, qu'on peut par des sacrifices et des jeux divertissants Gre absout et purifié de son crime, soit de son vivant, soit méme aprés sa mort. IIs appellent initiations ces qui nous delivrent des maux. de l'autre monde et qu'on, er sans satendre a de teribles supplices. (Il, 364€ re peut née 3658) (Onn peut trer de ce passage aucune allusion précise dune théorie de la Uwansmigration : seule est évoquée survie heureuse, tout comme dailleurs, semble-til, dans les Lois (IX, 870 d-e), dans le papyrus de Derveni et dans cs feuiles d'or, od aucune trace de transmigration ne peut étre décelée. De sureroit, Platon se montre ici és ironique & ’égard de ces individus qui Promettent de laver les fautes commmises par des cités et des individus en ettanten euvre des « sacrifices et jeux divertissants ». On notera que les ‘utes commises parlescités ne peuvent étre punies dans le contexte de la ‘ransmigration ; une cité ne peut renaitre. De plus, on promet aux individus aul serontexempiés de chitiments dont ils sont menacés, dans cete vie et Torsquisseront mors. La seule fagon d'airmer que "Orphisme defend une doctrine de la ‘rungmigraion des &mes serait de penser que sont orphiques les préues et 42 {LUC BRISSON les prétesses qu’évoque Platon dans le Ménon (81 a-e),oude titer ence sens le temoignage d’Hérodote (Il, 123) qui raméne la doctrine de la transmigras tion aux Egyptiens, ~Or, voici ce qu’on peut lire chez Héredote Au dite des Eayptiens, ce sont Déméter et Dionysos qui régnent ddans les Enfers. Les Egyptiens. sont aussi les premiers & avoir Enoncé cette doctrine, que l"dme de l'homme est immortelle: que, lorsque le corps peril, elle entre dans un autre animal qui. & son tour, est naissant; qu’apres avoir parcouru tous les des de la tere, deta mer et de I'air elle entre de nouveau dans le corps dun homme haisssant: que ce circuit s'accomplit pour elle en trois mille ans. IL fest des Grees, qui, ceus-ci plus 161, ceus-Ia plus tard, ont professé te doctrine comime si elle leur appartenait en propre je sais leurs roms, je ne les cris pas, (Uf, 123, rad. Legrand) 1 semble que les Egypiens naiem pas cru en la transmigration de Vame; et pour ce qui ext de It demite phrase i est présompruca . Fag, 8Ross = Philopon, Commenture sur Isagoge de Nicomague de Gérase, 18 2.2 Hoche. Texte adit et commen par At, Festopibre, dans La Revéarion d'Hermes imégite,t It Lediewcosmigue, Pars, Gabalda 1989, . 221-228, stout p. 222-223. 46 Luc RISsoN Sur ce point encore, on a voulu retrouver chez Platon Pinfluence dun. Pythagore fabriqué de toutes pidces a partir de Platon (One peut nier que se soit exerose sur Platon influence de Pythagore cet des Pythagoriciens. Mais dés que l'on cherche a préciser la nature et importance de cette influence, la plus grande retenue s"impose sil'on veut viter de se laisser aller des excés dans lesquels sont tombés bon nombre d'interprbtes anciens pour des raisons polémiques (Aristote, Aristoxéne, par exemple) ou idéologique (Jamblique et les Néoplatoniciens posté- rieurs), et dont les modemes reprennent sans esprit critique les alfirma tions. Seule ‘application d’une méthode historique prudemte et Tucide permet d'éviter cette dérive. ai enté dans ce texte de moniter pourquoi un lecteur de Platon peutet doit échapper aun réflexe conditionné consistant & rapporter une source pythagoricienne tout ce qu'il lit sur transmigration de "me et sur les mathématiques au sens large. Un tel réflexe ne permet de ‘mieux comprendre ni Platon ni Pythagore ni les Pythagoriciens; il ccontribue &recouvrir d’hypothéses d'autres hypothéses tout aussi fragile, Si ce travail contribue & mettre un terme & cette profusion de suppos tions qui nourrissent une histoire de la philosophie d’autant plus sédui sante qu'elle est virtuelle, i aura été salutaire SEMAINEIN ET DELOUN + ONTOLOGIE ET LANGAGE CHEZ HERACLITE ET PLATON Francesco ARONADIO Trois objects Ce travail a wois objectifs. En premier lieu, je voudrais mettre en “svidence ladifférence entrees fagons dont Platon et Héracte ont compris, la relation signifianie entre nom et chose. J'ai parlé de «fagon de comprendre » cette relation parce que, des deux, seul Platon nous a fourni lune théorisation, tandis que chez Héraclite nous ne trouvons que des ences dans lesquelles le lien nom-chose nest pas thématisé, mais est ‘au contraire utilisé comme instrument d'explication et est, du coup, considéré comme évident en soi. Sa conception sur ce point est, donc, ‘implcite, et le but de cette analyse sera de I'expliciter: cela seta possible en poursuivant deux autres objects [Nous essaierons ici en effet, dans un deuxiéme temps, d'utiliser la {question & peine indiquée comme une perspective permettant de considérer les conceptions que les deux philosophes ont du rapport entre ontologie et langage. Enfin, troisimement, nous rechecherons, & partir de T'étude de ces problémes, une indication concemant les différents modes et la signi- fication de la présence dans les textes platoniciens de références a Héraclite. Approche méthodologique Pour ce qui est de approche méthodologique, je voudrais préciser en liminaire que, sil est évident qu'une telle confrontation entre doctrines qu't Ia condition de combiner philosophiques ne peut €ue complet ranalyse historico-philosophique et I'analyse théorique, en cette occasion 48 FRANCESCO ARONADIO je n’adopterai que la seconde. Je ne m'occuperai pas, sinon de fagon marginale, de Phéraclitgisme, c’est-d-dire des traditions par lintermédisire desquelles une version bien particuligre de la philosophie 'Héraclite est parvenue & Platon. Du reste, dans le cus du probleme staité ici, une telle « mise entre parentheses » des considérations historico-philosophiques est 1gitimée, comme nous le verrons, par la correspondance substantiel le témoignage platonicien et tout ce que l'on peut savoir directement & partir des fragments d'Héraclit Coxveraence EXTRE LETEMOIONAGEDE PLATONETA PENSEED'HERACLITE Le premier moment de lanalyse va porter sur le Crarvle, pour voir si, effectivement, on peut dire que dans ce dialogue Platon a ten compte des «conceptions linguistiques » dHéraclite (et non de simples dérivations et des manipulations postérieures de la pensée du peésocratique), Je sais bien qu'une tlle opération s‘expose aux effets du cercle herméneutique, et que de plusc’est un « dialogue entre philosophes » qui est étudié. Toutefois, il cst vrai également que Menquéte peut gagner en crédibilicé grice & la coherence eta homogénéité dans l'utilisation des instruments d'exégese ete’estce que je tenterai de faire & présent Lathese souenue parle personnage de Cratsle A premifre lecture, les deux thtses classiques sur Torthores 6n dnometén dans le Crayle peuvent sembler opposées a these naturaliste (phusey soutenue parle personnage de Cratyle, et celle conventionnalste (these) choise par Hermogéne.Ainsi présente le debat semble concerer Vorigine naturelle ou cuturelle des noms. A une autre occasion’. nous avons dsj fait remarquer comment le dialogue se développe & deux niveau: sous lecoafltentre Hermogéne et Cratyl se site un niveau plus en profondeur, od Socrate s‘oppose aux deux theses soutenues par ses imterlocuteurs. Aux yeux de Paton, cellesci peuvent re rapprochées. en cfc, par le fait q’elles présente toutes les deux le nom, et 5a relation avecla chose dan fe cadre d'une appatenance présupposée& un domaine non linguistigue, Pour Hermogéne, le nom appartient av domaine de homme et de ses activités, pour Cratyle, il appatient au domaine des 1. Plone, Caio, Invodunone, aduionee noe a F. Aronadio, Roms-Bari, 1996, Pxxtng (wor également p47, 2); e me permets de mentonnerEgalement mon atc précédent: «ll “Cra, W Hinguaggio e Ia sinusst dell'sidor + Elenchos Yi. 1987, 329-362. CONTOLOGIE ET LANGAGE CHEZ HERACLITE ET PLATON 49 chow et de leur réalité; pour Hermogéne, la relation qui ie le nom la chose est extrinséque parce que c'est "homme qui décide s'il doit nommer etcomment il va nommer quelque chose, pour Cratyle, le rapport entre le -nomet lachose est intrins&que vu que toute chose aun nom. Il est probable «que Platon a voulu rejeter opposition phusei /thesei? et montrer, par une analyse remontant aux racines philosophiques des deux positions?, ‘comment derrire leradicalisme ingénu d’Hermogene et derritre lacohérence ‘sue de Cratyle se cache une conception plus profonde de la réalité, qui ccomporte le méme refus de laisser place & une dimension autonome du nom ‘ot da langage), et difere finalement seulement sur la nature de la relation nomchose, Platon, donc, veut Schapper & laltemative naturalisme/ conventionnalisme? et se déplace sur le plan de opposition inti: ‘gue’ extrinseque, oii alternative trouve son fondement philosophique = iL re faut pas se demander comment est imposé le nom, si c'est par convention ou par nature, car il convient d’enquéter préalablement pour Savoir quel statut ontologique est reconnu au nom, et, par conséquent, quel relation on lui atribue aver la chose. 1 Le fac que opposition phe thes ne sit pas ta ce pour comprende fe ts mena Carte ext solign gale par Holy. Plaonente le mare cole et fabriguant de mots. Remargues ur lec» granimata » abe pages 105-36 de Philosophie age et granoaire dans Vomiuté. Brytlles-Grenoble, 1986 p.126: celarei la ‘nse cependsnt quand présente la thee de Paton comme une reletre di raturalime Se Cayle fen vue-de la fondaion de ls Fore di nom) et at conveniionnalisie Hemogene pour une justifiationihgonque dela technique anomaturgiqe, cst dire Pour une consition da langage ouverte 8k econnaissance de la plaice des codes Tinguisiqas) La thise soutenae 6) es ‘ oppsiton a Maur couple, ininseque/ ext permet, comme nos le xerons ps td, de cisingier deux problématgues dot Ia inerence ne peut Ee pergue sop adopte Topique comune aut deux imteriuteurs de Soeraescesroblématiques sont celles et relation ente le nom ta chose et celle a jee oncioanelled un nom 2 Lathesed'Hermogene et ramenéeen 3868 a elativsme protgoeéen (la Vide Lune eléonologigue et non pas gnosclogiqu. comme Vateste la référence qui suit Exthydeme) Quant Craty levees lrméme, en 40 , qu epee qi a une dete envers erat, mime sdansledaiogue Paton r-€ublitpas de connexion sete ene Fs thes Tingotigacs de Crate ets philosophic de MEphésien: le texte platnicen ait ouvert allusion dune onologie, propre en vérit a 'hracliisme pac gu's Herat, comme “ant adocrine i sen de Fond la Welanschanang inplicte dans Tatiuse eras enne ms contre qac le glissenent de ce couple nseque. 2 des consequences uleieues et 3 Uncoupled opposésqu parsers un godt sopbisigue en ce sen gi rsgue de ransfmer la consideration da langage eh une question porement fechnigue,négligcant ans imporance onrlogiue ‘[Liauteur di nine ms fe substan «ntinséité» serait wop barbare en Fras oma tradi partou par ie inensique». Nowe de 'éieur 50 FRANCESCO ARONADIO int de plus pres a la thése preiée dans le du naturalisme, mais. dans Je vais m’attacher & pré dialogue & Cratyle, non plus & la lumigre optique de ce len intrins2que. Une premigre formulation est fournie au «début du dialogue par a bouche d'Hermogéne, qui récapitule pour Socrate, ‘outre sa postion, celle de son interlocuteur: selon Cratyle,diti, il y a une justsse du nom qui appartient & chacune des choses qui y est ej prédisposée par natur ‘Ce qui revientdire que, pour chaque chose, Ia justesse du nom (done Je nom comect) est immédiatement (phusei) donnée (pephukuia). Cette these, comprise de fagon naturaliste, signifie que l'origine des mots se {rouve dans les choses elles-mémes, ce qui implique que les hommes ne peuvent pas « faire naitre », donner des noms, C'est en effet ce que déduit ‘Hermogene quand il souligne que dans 'optique de Cratyle A certains, selon [appellation dont Je nom n'est pas ce gui perme is sont convenus, de les appeler en émettant une parte d voix, mais qu'une eertaine justesse des noms, pour les Grees et pour les Barbares, Ia méme pour tous, est deh prédisposée Cen'est cependant pas dans cette direction que Platon fera avancer parla suite le personnage de Socrate lors de sa confrontation avec Cratyle. Une preuve indirecte en est que la question de T’origine naturelle des noms est ‘posée dans deux circonstances ol elle joue un role somme toute marginal dans Ja section étymologique, ol Socrate s'épuise & remonter vers une institution originelle des noms mais s‘efforce en réalité ironiquement de , quand il est mélé d'aromates, est guerre pais, satiéé faim: il se rnommé suivant le parfum de chacun deux” Nous nous rouvonsici face une formulation du théme conceptuel du Hen Panta :ledieuest¥"un, et es couples 4’ opposition sont les nombreuses choses qui dans leur totaité sont identiques &1'un, Dela méme maniére, le feu’ est un, mais prend des formes multiples. De méme que tous les arémes que prend le feu prennent des noms divers, de méme toutes les choses prennent des noms qui peuvent s’opposer entre eux. «Jour et « nuit » shiver» et «été »,ec., sont les noms qui indiquent I’€re de la réalité du ‘cOté du Panta = ils sont dans une relation insime ave I'étre en ce sens qu'ils cexpriment les formes multiples que celui-ci peut prendre. Je ne crois pas ‘vil soit Iégitime ou soubaitable d'interpréter ce fragment comune preuve «une dévalorisation dela « connaissance sensible » et, en conséquence, de la portée (épistémotogique. ontologique?) des noms : du moins le texte re nous autorise pas & le faire. Nous pouvons, par contre, nous contenter encore une fois d'une interprétation minimale, ob est fait abstraction du probleme dela higrarchisation entre les dimensions de l'un et des multiples: |. Danse premiera, le snsd fragment sera suvant:lestres son les éleats 3 utr desquels i et possible de connate les noms, compris eux aussi comme des éces, "Svsracton fate delaconnaiseance qe noss en avons 9 alachose alors nous Pouvons tenconnste le om»), Dans le seondcas, accent serait missle ait qu'on posse une erain notion de Dit, td Ia pens fat que ceraies choses doivent («si nous ‘onnsisons a chose alors achosedeitexistr»). 2.22861 DK-= fr. 109 Conche: & Ao: lon cigpann, ye Bipae, mONEHOE tle, wigoe ide otto Suuonep Snérov ewpYY Paap duqerat a0" fbowry bxsoroe. 3: Linertion de Diels esten géndeal accede DONTOLOOIE ET LANGAGE CHEZ HERACLITE ET PLATON 35 ‘on constate seulement que, par rapport & cette articulation du réel, est Gablie ici une connexion étroite entre les noms et la réalité, et plus précisément une relation entre les noms et des choses opposées' Cette méme relation, du reste, ne peut étre pensée par Héracite comme ne relation fixe, rigide, donnée par nature, car autrement le lien nom-chose constituerait une identité élémentaire et forte, dans un univers dans lequel au contraire unique identié est le résultat de différences. Les noms des ares ne désigntent pas la nature ’essence unique de chaque ardme, quien séalité n'a pas d'essence qui lui soit propre mais est seulement une forme prise parle feuslesnoms dans leur multiplicitérévelent (ou plutot signifient, ‘comme nous le verrons clairement plus loin) la nature changeante du feu et individuellement en indiquent un aspect. On pourrait lire dans cette perspective le fr. 48 Pour lar, le nom est vies mais Veuve est mor Grace au ff, 51 nous savons que I'are est en soi « harmonie de tensions ‘opposées »*, symbole donc de la structure du réel. Dans le fr. 48 cette symbolique est également maintenue: Yopposition nom-wuvre, onoma- ergom est, pour la nature en soi contraie de are, une fagon de se présenter, ilse manifeste en méme temps comme vie et comme mort. Je ne crois pas {que nous soyons autorisés & découvrir ici une opposition entre le nom, trompeur, et Ia vraie réalité de la chose*: toujours en tenant compte du fi. 51, nous pouvons dire que celui qui ne comprend pas renforce les op- positions, et que celui qui comprend les tient unies; ergon n'est pas plus vrai que l'onoma, ils sont en opposition dynamique. L'are est tension hurmonieuse entre la corde et Ie bois, tout comme entre le nom et Peffet produit :ilsagit de quatre (entre autres) types de manifestation de Vétre de YYare, qui, comme celui de tout sire, est toujours une concordia discors ‘L’opposition présumée entre plan linguistique et plan de Ta réalité apparait seulementaux yeux de ceux qui séparent ces deux plans, tandis qu’ Heéraclite ‘émoigne justement de ce que Calogero appelait la coalescence de la parole, xion est la forme mayenne vere Ssopsie: Ia ité des noms que pred le ev nest pa résentée comme est de'atviéde Pomme (peu-ue induiten ereur para endance 8 selaisser guider pales Elements sensor) 4 centre, le fragment semble woulair die que c'est la eli ell-méme quien changeant end chaque fos des contours et des noms fens 2.22 B48 DK =f. 128 Conehe x9 roi oo Bog prov 8 Oba 3.G£ 22 51 DK =f 125 Conche oi fon dnt Bngepsevy iaerd fysdayét reaivrponog dgusin Sauna oo xt oon is ne comprennent pas comment ce ‘oppose soi méme saccorde avec si: ajusement par atons de sens conte, somame do Vac et delay.) 4-Comme désie le faire au convaire A. Palio, « Erle logos, dans Sage cnt semantia, Messin Firenze 19839. 10, 56 FRANCESCO “Z0NADIO de laréalitéct de la vésité!. Le philosiche d'Ephése semble traiter le nom ‘Fume chose de la méme maniére ques proprités ou que ses parties: au ne ttre que celes-i lu aussi appivent a la chose. Il n'est pas extin- séque, ce n'est pas une étiquete ajoues et interchangeable’ sv contraire est comme je Iai dict, un iew ephénomenotogie de la chose. Le roms ninséque lachose,non pas parce qu'il en exprime T'essence ou lanature,puisque la chose singulire 2's comme idemtté propre que celle des termes opposés, Le noms inrissqu lachose justement pace qu'il est unilatéral et tendu enire deux eoatstes, comme la chose, et pat conséquent est un signe indirect de unité composée du réel dans sa rota Le jeu des synapses, des « nauis» du célebre fr. 10, montre bien comment pour Hérsclte la réalité aie n'est pas celle de la chose singulitre, d'un élément de Poppositns, elle ouve son identité non pas en soi, mais dans sa relation & autre Prise isolément, chaque chose est opaque, parce que ce n'est pas en la egulant que on russ en déchiffer lnature. De méme, lenom dune chose este opague dans sa singular; si on écoutede fason isolge, on n‘cbtiex:qu'une simple indication. Le nom insttue pas une référence lachoseomme peut seul le penser celui qui sovtient que le nom est une rélité ewrinséque a la chose, une rGalité capable alors de connoterlachose, der sélectionner un aspect gre & cete rétérence, Si au contre, la chose esten soi opaque, le nom ne peut éte congu comme une opération ou come une elaboration: il devra panager Topacité deta chose et it ne pourra ra faire de plus qu’indiquer celle -Méme les noms dont on se sert pour d&signerla vine réalit (hen, logos ppur.0u Zeus), sls son pris isolément e sont que des indices de ralités partculires qui posséden eur identit dans un jeu opposition (par ex., Iehenavec le pana); siau contraire cesont des noms déivant de la néoes- sitéde dépasser'unilatralité des choss, et de chaque vue sur elles, alors ils possédent une signification plus prfonde, parce qu'ilsn'indiquent pas quelque chose de particulier, mas sigritient le systeme des paticuarts Ala lumitre de ces analyses donc, on peut alfimer que Platon a parfaitement sasi et rendu dans le Crane infrastructure conceptuelle de TFattitude d’Héracliteenvers lesnoms,enévitande la considrer pani du point de vue de la justesse naturelle des noms (naturalisme) et en se concentran au contre sur Ia relation qui ie le nom A la chose: une relation ni correct ni incorrecte, maisiatinséque une relation qui n'est ni révlaice de Vessence ni trompeuse, nis qui est une simple indication, ‘un fic parm autre fits, un « nom propre » qui ne connote pas mais fine pardevenirune proprité(parmid utes) dela chose, Mais l'interpétation 1.6 Calogero, Storia deiaiogicaamica.s. passi DONTOLOGIE ET LANGAGE CHEZ HERACLITE ET PLATON 3 platonicienne se rév@le la plus fine et la plus adéquate lorsqu’elle fit ‘comprendte comment, dans la pensée héraclitéenne, on peut découvrir la fférenciation manquée entre langage et réalité, comprise comme reconnaissance manguée de I'autonomie ontologique du nom. Se profile ici 8 horizon la possibilité de présenter un autre élément imterprétation, J'ai dja fait allusion aux deux plans qui structurent la composition du dialogue portant le nom de Craryle ; on peut maintenant se demander si Platon a voulu, consciemment, distinguer entre un héracli- twisme des épigones, discuté sur le plan « superficiel » du dialogue et personnifié par Cratyle et sa these de la orthores 16m onomatdn, et la pensée 4 Héraclite,discutée au niveau profond de I’eruvre quand ilest fait référence a fondement ontologique de cette conception du nom’. En effet, de méme que la conception naturaliste nous est apparue comme étant une radicali: Sation et une banalisation du caractére intrinstque du nom, de méme la doctrine du flux chaotique de toutes les étres,ridiculisée dans Ia section ymologique, pourrait avoir &€ considénée par Platon comme une radicalisation de la these du flux universe! plus justement attribuable & Heéraclite, Comme pourle versant linguistique, la différence dépendrait duu fait que leshéraclitéens ont insisté essentiellement sur un théme conceptuel ‘qui apparaissait dans la pensée du présocratique comme la conséquence ‘d'un autre theme. Reprenons le cas du nom: le point central de Mattitude béraclitéenne est sa conception d'un lien intrinséque, afin de mettre en ‘vidence Vappartenance du nom au domaine des choses. Dece point de vue, Héraclte pouvaitaffirmer qu’entre le nom et la chose existait une relation Sroite, pouvantétre également de type oppositionnel, commec’estjustement Te propre du domaine des singularités: en fait, Mhéraclitéisme aurait waveiey dow Ev Aeapote be NR re xpuns 33a argo, eee 60 FRANCESCO _ARONADIO cacher, il ne peut tout simplement pas renoncer & indiquer les noms dont parle 'oracle signifient, renvoient autre chose, font débuter un parcours de renvois dans la trame du réel, parce qu’ils ne se limitent pas 8 indiquer la cchose mais la signifient. dans le double sens qu'eux-mémes s'offrent ‘comme signe d'autre chose et que la chose nommée est « faite signe » de quelque chose dauur. Le sémainein a donc, dans cette interprétation, une importance particule :onne peutcertes pas dire qu'il consttue un terme technique de kt Philosophie d’ Héraclte, etdu reste on ne doit pas attendee & wouver dans ses Fragments une terminologie linguistique spécifique, s'il est vrai, comme on aditauparavant, qu'il n'a pas thématisé fe langage. Toutefois ce verbe gree ‘semble bien exprimer la valeur propre des noms pour le présocratique : celle due parfaitementinsérés comme indices dans le tissu des relations et d'avoir par conséquent la possibilté de provoquer un mouvement de renvoi nom limite lachose mais propre 4étre considéné comme lieu de relation, les noms s offranteux-mémes comme lieu de elation Cette fonction particuliére d'expression indicale (que le nom qui semaine’ ne perd pas, puisque ce qu'il acquiert est seulement la capacité d'indiquer non plus fa chose mais la relation) a &€ reconnue comme résultant de I'interpréiation fournie par Platon & propos de la thése du caractére intrinséque du Tien, I faut done peésent examiner si le sémainein 4, dans le langage platonicien, les m&mes earactérstiques que celles qu'on lu @ attribuées ici: en d'autres termes il faut comprendre: a) si, dans la ‘mesure od, dans le Crazyle, Platon s'oppose a la these du lien 'intrinséque, il nie que la fonction du nom soit justement seulement de sémainein, et ') si Platon caractérise par ce verte la relation nom-chose de expression indicate. Si dans les textes platoniciens nous touvions des confirmations our ces deux points, la fiablité de la lecture platonicienne de la pensée <'Heéractite serait prouvée et, par la méme occasion, la distance prise par Platon par rapport aux «theses linguistiques » de son prédécesseur se ‘vermait confirmée et renforose, Dy sintanveswav adiaovn LLARELATION NOM CHOSECHEZ PLATON Laltérté entre langage et réalisé Pourrevenir al'examendeI’échange entre Socrate et Cratyle, construit parPlaton avec un talent raffiné een méme temps avec une grande rigueur logique, on peut noter que les points importants de la position de Cratyle sont justement les points fondamentaux de lattitude d'Héracite et que ONTOLOGIE ET LANGAGE CHEZ HERACLITE ET PLATON 6 potrtant|'interlocuteur de Socrate est dpeint comme un dogmatique dune clairvoyance plur6t faible, trait qui se préte bien, sur le plan dramatique, & Jamise en scene de la futation de Soerare. ‘Considérons les points sur lesquels Socrate réussit 8 obtenir Massen- timent de Cratyle : tout d’abord, dans le passage qui suit immédiatement celui qui aété lu précédemment, Cratyle reconnait que Une chose est le nom, une autee la chose dont i est le non Forcant un peu l'argumentation, Socrate réintroduit ici le théme de imitation et alfimme que les noms, comme les exécutions pictural peuvent étre considérées comme des mimémara, mais Cratyle est assez clair Torsgu’il dit que, dans le cas des noms, les imitations sont toujours wrectes*, Cette reconnaissance de la non-idemtité nom-chose, et Paccent rmis sur Ia nécessité du lien qui les unit, cadrent parfaitemem avec la conception héraclitéenne du nom comme expression indicale : la force du nom consiste pour Héraclite, comme on 'a vu, dans sa capacité d'indiquer lanature de lachose, parce qu’ilesten relation avec elle’, Dans cette phase du dialogue, trés déticate parve qu'il s'agit du début de Ia réfutation de la thdse de la nature intrinséque du lien, ta stratégic de Platon écrivain me semble éue la suivante : sur le plan dramatique, le personnage de Cratyle est conduit par le harcélement de Socrate & donner son assentiment & certaines petites propositions, et il est amené 2 laisser de c6té les impli cations radicales gu’il voudraiten tier: surle plan conceptuel, e point fort, de la thése mise & I'examen, point fort qui correspond & a position d'Héraclte, mais exempte des exagérations probables de ses adeples, est risen évidence, 1 Plat, Crat, 4302638 +20. — Jp oi 90 yew Be Gene 19 duos eso, JRBO He io of 0 Ss danv:(« SOCR. — ne rasa pas gue chose est le dem, une sate don ies e nom») Ces ii que Cate monte sa faiblesse dlestique eta matare Senvle de son beac: Socratedémontretafaclement que Valente admise ne peut signfier que la distntion entre deur domains (langage ot réalite). Un bypethstique peronnageeHéraciteaurait peut ete insist at ali eave ent le nom ela cone tr identi abso del trame de relations 8 Ingle renoven,indstncement, les roms, leschose er eur elations. 2.Gf Platon, Crt, $300 8-e2: KP. — “AWE Bag wh. Dawpaee, Ev pv roe oyun f rire, 9 an Spode Bowe, i BL oie Suga’ ob. A doaypaIOW 8 5 dpc (« CRAT, —-Mais attention, Soest peur que dans as exécwtions pista estpassiblede faite eae. dedstibuede fagonincomecte, tnd que pour es nem imposible, est écesaite qu cela advienne toujours corectement.»), 3.0n a ww plus haut coment cest également une fabless du nom puisgue cela expose, a mame tire que les autres termes de la elation, au rngue dire so et pris comme élément en si reconnalsste See nn i eee 2 FRANCESCO ARONADIO Laconsciencequ’a Platon de ce point se manifeste dans le passage qui suit, lorsque, avec le verbe deiknunai, la position centrale du fait d"indiquer trouve sa place, Dans ce passage, Socrate passe de Ianalyse de la relation chose-nom 2 la reconnaissance du nom comme terme d'une relation, ‘argumentation peut ure reconstruite ainsi : admetions (provisoirement) ue la relation nom-chose consiste dans indication de lanature dela chose test done nécessaie, unilatérale et biunivoque sil faudra également que le premier terme de cette relation, c"esta-dire le nom, soit reconnaissable justement comme indicateur; admettons encore (toujours provisoirement®) ue l'unique fagon de se référer & une chose est de l'indiquer: alors, les ‘noms eux-mémees pourront &tre indiqués, mais une fois indiqués comme ‘ indique; sies mots indiquent toujours quelque chose 4ui est, alors ces mots indiquent un nom, qui peut done étre reconnu en tant ‘que nom, indépendamment méme de la chose que ce nom pour sa part indique. On peut titer de ce passage deux éléments importants : le premier cconceme la conception platonicienne, le second I'interprétation platoni cienned'Héraclit. Le premier démontre la nécessité de reconnaitreIaltérité centre langage et réalité, méme si on accepie la conception héraclitéenne, {qui ainsi, se névele incohérente; le second est 1a compréhension que le fait Gindiquer est te wait distinctif et profond de la thése de la nature intrinséque du lien, dans 1a mesure oi "indication est unique terain sur Jequel les deux interlocuteurs réussissent pour le momenta s'entendre, Un peu plus loin, Socrate, par une minutieuse série d’arguments, contraint/"interlocuteur &admettre, d’abord, qu’un nom peut indiquer ne chose seulement sil ne la reproduit pas exactement (sinon, on arive au paradoxe du dédoublement de 1a chose, comme le montre Je célebre exemple des deux Cratyles), ensuite, que le nom n'indique pas, puisque c'est grice & usage commun (10 ethos, 434-435 b) de certains sons en rélérence certaines choses (ow. certains concepts) que subsiste la relation nom-chose, 1.Cene thise de ta comespondance bivnivagee nomchose sera_abundonnée end320-433, 2.Liindcaion, méme seulement sous la forme de imitation, sera dfiniiverent remplacée par estension (kas) en 4354 3.Eneffet le rappor que Paton Gali jusemet quad il arodut la notion usage, ene Hate &émission de avon ts récepion, entre ce que el qi parle vet die et ONTOLOGIE EF LANGAGE CHEZ HERACLITE ET PLATON 6 En substance, done, & la lumidre de tout I'éhange entre Socrate et Crayyle, il reson, semble-ti, qu’'ils se heurtent principalement sur la jpossibilicé que les noms constituent un lieu d'opérations humaines et ne Soignt pas congus comme des étres « objectivement » pourvues de capacité réentielle: le pivot de la conception platonicienne, dans la premiere partie du dialogue opposant Socrate & Hermogéne, est au contraire le fait {gue le nom est un instrument (organon, 388 a-b) par intermédiaire duquel Jes hommes expriment un certain décodage des éléments du réel, en cesseyantd’en repérer les connexions. Discemer les choses et air de fagon Tinguistique sur elles veut dite opérer des sélections, ct pas seulement ;ecveillir des données. Dans 1a perspective héraclitéenne, le nom est, commie on T’a vu, une sorte de « symptome » de létre, il est une caracié= "stique de la chose et, en ant que tl, il renvoie & la trame du réel: Te nom, est ainsi soustrait& 'opération de "homme, qui ne doit pas eroire qu'il ‘construit, mais qu doit se mettre « i1'écoute » avant de pouvoir parler avec sagesse. Sien effet le nom estun indice, son lien avec Ia chose ne sera pas Giférent de celui de n'importe quelle autre proprisié ou étiquette ou perception de lachose, il partage le caractére éphémere et non fiable de leur lgrentarié, et ecaractere permanent et révélateur de leur appartenance au syste du logos-réalité, Si le nom est un instrument, au contrite, on en econnaitra Ia spécificité ontologique, et on pourra done évaluer et amdliorer sacapacité de faire référence ila alt. Orthores ‘a démonstration de P'altérité du langage par rapport & la réaliéinctut la reconnaissance de caractéristiques ontologiques propres au nom. Le nom ne repioduit pas la nature de la chose, mais posséde une nature linguistique spécifique, une constitution: comme pour tout autre instrument, les matériaux dont il est composé eta fagon dont lest forgé ou assemblé sont ‘dcterminants pour obtenir un usage réussi, Ty aura done de plus ou moins bons instruments, & des degrés divers. Platon place au sommet un nom und fart dvaue (389 d), qui porte en soi toutes les caractéristiques u’an tel instrument doit posséder en Iui-méme, pour fonctionner au mieux, C’est Ia dimension de Iép8éenc_ des noms, comme on peut le constater en 389 d-390. : un nom est comect quand il est bien constitu. ce qe celui qui entend connate sient inéressan i semble presgue que Plato sit svn et vraiment es pres de a potion d"signifi” a sensmodeme |. Un peu pls foinsen39Da, utilise us expression 708 Stuart 2.65 Paton, Cra, 38943-39042:70.— "Ap" aly, & var, wa ro baione fon egeioc Suoua row wouobery Gey ele tebe G86yOUE Hei Tae ANP et Eriovaer ‘ern mm Bhénovra npg abto doen & For Sigua, nave ot Oxiuaca moely Te en i ide png oo Soparan Here: Be Uh el YE abeoe BUNA Haare 8 Be ee 6 FRANCESCO ARONADIO La justesse du nom conceme ta fagon dont il est structuré, sa capacité de homer, méme si, bien sr, on peut toujours faire un usage erroné a un bon instrument. Lactivité humaine prise en considération quand on parle de « justesse » est institution des noms, la production finguistique et les ccomibinaisons des noms et des verbes dans les expressions Aletheia Ty acependant une autre activité humaine lige aux noms: il sagt bien évidemnment de celle lige’ leur usage*. Tout instrument, en effet, est bidi- mensionnel : i doit avoir, on I'a dit, une certaine constitution, mais il est construiten vue d'une certaine utilis L"utlité du nom est qu'on l'emploie pour référer aux choses, par son intermédiaire «on Senseigne quelque chose les uns aux autres et on distingue les choses »?. Dans cet emploi, instrument qu’est le nom arteint ou natteint pas son but il n'est pas ict question de degrés, parce que les choses auxquelles le nom doit faire reférence se présentent d'une maniére panticuliére, que le nom saisit ou ne saisit pas. La vérité pour Platon est éagfexe tov Svruw (438d) et, pour cette raison, elle est stable et univoque : si le nom se ‘comme elles sont, il est utilisé en vérié, L’activité «dérée quand on parle de la vérité des noms est justement usage qu'on en fait pour viser la réalité, car méme si un nom peut &re utilisé de fagon certonge (en faisant référence a autre chose) il ne cesse pas pour autant d'etre Comme ai eu occasion de le die ailleurs", il y a une asymétrie entre ‘p86rn¢ et GArdeua : la premigre est condition nécessaire et suffisante pour tiers sinew, oy Bet rode deur ade yop vie Tow abt sido dae yatowig tow, tod adned Evexe meor TH oH ApyaMeN BR Guu, Lae dy ty oy teow énotiso, care & Gy etips, Saue seOog Eye TBODY, dave Evite oe 6 Bagpigore ne na. yop: («SOCR.— Mi alors mon excellent am, mene le or dja eedspon pr tare pour chagie emp, ce Sonsctessilaes een regardant vers “cela méme qi et un nom, conse et donner tous bes ms i di insitver dex noms et fire autoie? Si parla ste es differents legislaceurs ne ransposent pases mms sles, cela on ne dips le pacer sous silence. Les forgoronseuxsmémes ne trnspocet dans le mie fer, me ls fabriquent le meme instrument pour le méme emplo: mais de fon wentigue, do momen qu'ls signet ‘mfme ide, méme is doivent tliserun au er, instrument et ait de manne correct, aquilsoitconstitici che es arbres Nen 9-4 pins?) LOLI be 2.Dans le Crane, on etouve In distinstion cate techniques de production et techniques usage que nous wouvens dans 1 Eushydeme (2880-2904): 9 ce propos: of G.Canbiano, Paton ef recniche, Torn, 1971, 9.158161 3.07 3886, 4, Pour les deux affirmations qui suiven, e me pets de ronvyer &Platon, Cail cle paenviet dans + Craton 382 stu doit savoir ke ransposer dans Jet rT ONTOLOGIE ET LANGAGE CHEZ HERACLITE. ET PLATON 65 quilyaitacte linguistique, la seconde est condition non nécessaire, mais, se suaordonne ila premiere parce qu’elle este critéred’évaluation du degré dle jistesse, Ou encore: I"épA6en¢ conceme la relation entre un nom lier et le nom en soi, car elle consiste & respecter les conditions ves de a constitution du nom, déterminées par les caracteristiques stun nom; l'éAse regle le rapport entre le nom et tion de référence du nom la chose. Le langage comme ostension du réel Lattitude d’ Héracite envers les noms peut, dans a perspective de Platon, {re Sue comme un « défi de vérité». Le len intrinséque du nom a la chose innpl-quait la capacité du nom aseréférer de toute fagon ila vraie réalité, en indiquant unde ses léments etn signifiant son caractérerelationnel \ partir de analyse faite dans le Craryle, Platon déduit que la position cracitéenne est indéfendable par son inconsistance logique et par Frinuilité des noms-indicanis: avec ceux-ci, en effet, Ia possibilité qu'a Phorame interagir avec le récl en rien; le nom apparent & une Kalité naturelle que Hon ne peut modifier: il est ainsi soustrait & homme et prend une forme oraculsire, une fonetion évocatrice, une reine divine. [D’autre part, la conception du nom comme instrument, introduite par Piaton, avec Ia distinction connexe entre langage et réalité et, & intérieur du nom, entre sa constitution et son utilité, entrane le fait que la bonté ('unnomn'est pas une garantie de vérté. Si la fonction du nom est d’éxe ullisé en vue de la vérité, ce n'est pas le nom qui pourra construire la \Grité: pour Platon la source de la connaissance de la vérité ne peut ée le :8¢, mais une vision directe (vonatc) des choses qui sont. Les mots lune médiation entre homme et la ls permettent un rapport seulement indirect. Comment répondre, alors, au défi de vérité d’Héraclite? Favtil se cus, ou peut-on encore reconnaitre au nom un role quant & la ‘venté des choses qui sont? Que peut-on faire avec le nom? Je erois qu'on lent & une reconstruction plausible de la présentation du probleme par Placon et que sa réponse pourrait ere formulée ainsi : le nom n’indique pas, se imite pas signtier, mais montre (@nAot). Le verbe Bqhoov assume dans la demitre partie du Cratyle une valeur technique forte = par lui, Platon cexprime la fonction du nom, sa référence & fa chose dans son essence’ Le éraouy est un geste par lequel quelque chose se fait voir, se monte. 1.GF M:Dixsut, «Le négation, Je none et Haute dans le Sophise », dans . Auhenque-M. Narcy (eds), lader sure *Sephite” de Paton. Napoli, Bidiopls, 1991 67213 opp 184-185), Sa 66 FRANCESCO ARONADIO ‘Le nom Srhot, montre, parce qu'il est un instrument gui traverse la tame du réel, Sinsére dans son enche parant les fils et en rmanifestancdes discontinuités. Les noms sont des instruments qui ont la capacté la possibilité de révéler des discontinuités dans le rél en repérant certains éléments comme unités: si cewe potentialité du nom est bien uilisée, alors le nom laisse voir une unité élémentaire du réel. Un entrelacement de noms (bien sir comects} se propose comme une structure plausible de relations ene choses: si elle est bien utlisée, cette trae de ‘noms n'indique pas les choses dans leu essence, qui est autre, mais erée les conditions afin que sot micux sasic la trame des choses, ell lui permet apparate plus clarement & partir du chaos de T'expérience. Le nom se refere & la réalité non en Tindiquant, mais en se proposant comme instrument de différenciaion, comme opération de découpage d'une possible unité diseréte dans un continuum : grice une telle opération, i est possible deeréer espace de manifestation de la chose. ement en en L’ostension @ lieu quand un certain objet ov un certain événement | (..)existant comme fait dans un monde, est « sélectionné» par | quclqu'un et est «montré» comme T'expression de la classe | objets dont il est membre. (..) Pour s'exprimer ostensiblement, tune sore de stipolation tacite ou explicite de pertinence est requise Dans le cas de Platon la pertinence n'est pas un fruit d'une stipulation, mais esta structure du rée; il maintient de toute fagon le rede tableau de référence de lostension linguistique, qui réussit selement sur Ia base «une connaissance présupposée (ou meme seulement d'une cognoscibilité) directe de cette structure, En somme, on ne connait pas la vérité par les noms, mais les noms peuvent nous permerte de la voir, peuvent nous aider & mettre de ordre dans la muliplicité de experience et ne pas nous laisser distraire par les apparences, puisqu’en les nommant ils peuvent orienter nowe vision vers les « nervures naturelles » du réel : es noms ont dane une fonction didasca- Jique, didactique, quand ils sont bien utilisés par ceux qui possédent Ia ‘connaissance, mais je ne crois pas que Platon exclut leur capacité de cont buer la connaissance : les noms peuvent étre employés également comme «hypotheses » quant 'aticulation du réel et peuvent éae utiisés dans la recherche pour voir si, grice & eux, on se dispose mieux face & la mani- festation dune réalité. D’autre part ne s‘agirait-iI pas ici de la fonetion da ‘cA eon, comme activité humaine préparatoire aa vision directe’? 1. U, Boo, Tranatodisemiotca generale. . a PARMENIDE, PLATON ET LA VERITE, Giovanni CasERTANO 1 Aux origines du probleme de la vérité il y a Parménide. On parle de probleme car, pour claires que soient les coordonnées théorétiques dans esque se situ laperspective parménidienne, in est pas facile, ensuite, jget la signification et les implications. Le fragment 3 (« en effet penseret re sont la méme chose »), Iu en dehors de tout horizon ngopla- tonicien ou idéaliste, nous parle seulement d'une coincidence, ou bien © une idemtité, ou bien d'une inséparabilité: mais, candis que « penser » est facile & entendle, il est plus difficile d'entendre le champ sémantique de «ire », On sat que Parménide n’ utilise pas le terme « étre » pour indiquer rosjet de sa recherche mais plot va é6v, I’étant, «ce qui est». Voild le premier probleme :'étre de B 3est-il le méme que zo é6v, ou bien indique: tilautre chose’? La question se complique parce que, &cBté de « ce qui est» appara aussi un vo yn €ov, un mon-étant, «ce qui a’est pas », qui n'est, comme il est dit explicitement, possible ni & connaitre ni & exprimer 1B2.7-8: obre ywoing...obxe gpdoatg), done qui, évidemment, n'est pas pensable. Il y a dane une relation étroite entre la séquence : etre / penser- exprimer-dire, et, de fagon spéculaire par rapport a eelle-i, 7 ne pas penser-ne pas connaitre /-ne pas rantre séquence: ne pas & cexprimer—ne pas dire. este le probleme de ce qu’est Icivat, et de ce en quoi ilse distingue de vo é6v. En effet, tous les emara de BS concement «ce qui est»: cengendré, indestructible, comput, immuable et ainsi de suite, mais je crois ‘quene se trouve nulle part dans les vers parménidiens lindication de «ce (qu est» 'ére, Siles « marques » de « ce qui est» sont les modalités selon 68 GIOVANNI CASERTANO lesquelles il peut ate pensé / dit, I'« dire » de B3 reste confié & notre c’est-A-dire, & notre interprétation. Si le canon herméneutique qui re que I'« étte » parménidien contient en soi, de fagon contem. poraine, le plan de la réalité, de existence, le plan de la capacité & éte pensé, du penser, et celui de la capacité a étre nommé, du dire, peut éte correct, voire éclairant pour « comprendre » la pensée parménidienne, il ne peut pas pour autant étre applique a la letre. Si nous devons comprendre, nous devons traduire, c"est-autire, nous devons interpréter: et je erois que, dee point de vue, le faitde rendre elvas, dans toutes ses formes verbales et 8 Ia forme positive ou négative, par le verbe «tre » opportunément conjugué, ne nous aideruit pas. Il serait, pew-etre, plus correct (mais sans doute seulement plus simple ou moins contraignant pour Ie lecteur) de choisirde traduire ces formes toujours de la méme fagon, mais sans aucun doute le probleme ne serait pas solu Done, i faut choisir,B 6.1 dit: yph vo Aeyew ve voety + Boy Eaeve De fagon spéculaire, B 8. 8-9 : 01 yap gurov o68¢ vonrdv [le suet est le a) svdu vers 7] foviv duc ob Eom, Traduisons : «i faut dire et penser que equi estexiste »;« (ce quin'est pas} ne peut étre ni dit ni pensé puisqu'il nvexiste pas ».Le plan sémantique de «ce qui est », comme il est dit dans le fragment 8, est alors le plan dels réalité, physique, existentielle, exprimé précisément parla forme linguistique ro d6v: cette forme indique le tout, le ‘cosmos des choses existantes, pergu grice & un mouvement abstraction de Ja pensée dans son unité, sans tenir compte de la multiplicité des phéno: ménes particuliers qui se manifestent en lui, Il ne s’agit pas d'une perspective originale de Parménide : depuis Thales, si son affirmation éva rov xégqov est authentique, et il n'y aaucune raison d'en douter,I'unité et unicité du cosmos (gui n’excluent évidemment pas la multiplicité des ‘mondes possibles qui le constituent) est une doctrine dominante dans la réflexion grecque. En témoigne l'autorité d’Aristote a propos de «tous ‘ceux qui philosophérent les premiers »*, chez qui on lit aussi que dans cette perspective «rien ne nait et rien ne se détruit»; Xénophane avait défa formule deux affirmations, contradictoires seulementen apparence, ol d'un 6 i est dit que rien ne nait nine se détruit nine change, puisque l'un-tout estexempt de mouvement? et de l'autre que tout ce qui nat est périssable*. Méme pour Parménide, l'un-tout est engendré, indestructible, compact, continu, homogéne (B 8), tandis que « les choses qui sont », les phéno- ‘ménes particuliers, naissent et auront une fin (B19). Et avant et apres 1. Aet.H,2=11 ADK. 2 Arist, mar, A3.983 96, 3. Hippo e114, 2=21 833K, #:DLAIK19=21 411 DK, a PARMENIDE, PLATON ET LA VERITE Cy parménide, Anaximandre, Anaximene, Mélissos, Philolaos. Héraclite, mpédocle, Anaxagore, Démocrite, répéteront que la naissance et Ia mort sn des noms d’événements touchant aux phénoménes particuliers qui se ;ploient dans la réalité, mais qui ne couchent en rien, et ne peuvent pas 6tre appliqués, la rélité considérée comme un-tout! Les deux aspects tout fat nouveaux chez Parménide sont, en revanche, «fun c0té, 1a démonstration logique et formelle des deux theses, et de sutre la Claire théorisation de la méthode, de la « voie de recherche » (B 2) par laquelle on peut parvenir aux deux ordres d'affirmations. Le deuxitme spects estjustement celui qui conceme de prés notre sujet. Une fois ufirmée Pidentité entre penser et étre, nous pouvons entendre cette identité dans k sens que chaque fois que I’on pense, on pense quelque chose qui est. dire qui existe, tandis qu’on ne peut pas penser quelque chose qui pas, c’est-A-dire quin’existe pas. Ainsi B 8.34 : rabxav 8° dai voety se oi olivexey Eo vénua, «et est la mme chose, penser et ce qui pensé»?, Cela veut dire non seulement que penser estinséparablement lig ce quiest pensé, pour la raison évidente que ne peut pas exister une pense {qui ne soit Ia pensée de quelque chose, mais aussi plus profondément que la pense: s'enracine dans I’étre, au sens ot n'est pas concevable une pen {qui ne soit une pensée de fa réalité, ou encore, mais "est la meme chose, au sens cic’est toujours une réalité qui s"exprime dans la pensée. « Car dans les limites dece qui es, s‘exprime le fait de penser, eten effet il n'y a ou il n'y aurariend’autre au dehors de ce quiest”.», Le fait de penser senracine ddone dans Pétre, il est enchainé aux limites de la réalité, pour utiliser Ia forte expression du vers 314, et chaque fois que I’on pense, et done dit ce qu'on a pensé, on pense, et donc on dit, une réalité. Symétriquement, iL ‘existe pas, done on ne peut pas penser et dire, une non-réalité, quelque ose qui n'est pas, qui n’existe pas, Tout cela est assez clair. Le probleme se pose lorsque étre et penser se injuguent avec la « vért6 », Penser et dire ce qui est quelque chose de réel signifie évidemment penser et die Ia vérité. Le discours sur va év, sur la FEalitg, avec toutes ses démonstrations, ses principes logiques, avec 1 Ansximandre 1211 DK; Anaximéae: 13.011 DK: Mélsos: 305, 4 10, BL BT DK: Phila: 444 16, B21 DK: Herselte: 22A6DK: Bmpédocie 31 BS, ®ODK: Anaxagore 59 B 17 DK; Démocrite 66 A 37, A49:,A57-59 DK. 2 Les ers M36. ce Feagment sont, comme on sit dificil A rendre et inerpéter our note interpretation, et pour Ia discsson ates interpretations. cf. G. Casino, ormenide metodo la scencalesperiena,Lotfedo, Napob, 189°. Les radaction des 1 puméniiens sont tres de cele eon traditesen rng 3.88. 38-37: of yop Ove od tog, 6 3 mepamquny Ear, eiphonc cb voeie 4.B8. 31 niporog 4 Geno 70 GIOVANNI CASERTANO explicitation des caractéristiques et des déterminations de ce qui est, ce discours est explicitement un discours dygic GAnBeing, qui se meut dans Ie royauume et & 'intérieur des frontiéres de la vérité!. Or la vérité, selon arménide, est strictement lie la persuasion le chemin de persuasion, en effet « suit» Ia vérté?: tout ce qui a été dit sur to éov non seulement est cffectivement, un vrai discours, mais aussi un meroc Aéyos, un discours digne de foi, et donc, croyable’. Mais si le royaume du vrai coincide avec Ie royaume de I'étre, autrement dit de la réalité, le royaume du non-étre, dy non réel, devrait ue celui du faux: alors, si die le vrai signifie dire des choses qui sont, dire le faux devrait signifier dine des choses qui ne sont pas. Le probleme est que ces équations ne sont jamais énoneses explicite- ‘ment par Parménide, méme si, pour ce qui concerne la premiére.elle peut se déduire avec assez de Iégitimité, comme nous avons vu. Ce qui est nig cexplicitement est ustement le fait que I’on puisse penser et dire ce qui n'est pas. Les deux premiers vers de B 7, ceux cités par Platon dans le Sophiste, dlisent que « jamais on ne pourra imposer de force cela : que des choses qui lent pas existent. Mais toi, détoume ta pensée de cette voie de recherche ». Nous avons déja vu qu'il n'est pas possible de dire et de penser «ce qui’est pas », puisque cela n’existe pas‘; te fait que ce qui n'est ni pensable ni exprimable nest méme pas vrai est confirmé pew avant, aux vers 17-18 du méme fragment B 8 Cependant, cette puissante perspective, qui lie la vérité a Terre, en proclamantque sculement Iétre peut étre pensé et dit, et qui, en tout cas, tablit, Anotre avis, une analogie, ou une identicé, entre les lois de la éalité et les lois de la pensse ~ présupposé qui a été et est fondamental pour le \éveloppement non seulement de la pensée sciemitique, mais aussi de la pensée philosophique ~ cette perspective, disais-je, contient en elle de dangereuses fractures, bien avant que les subliles analyses de Gorgias ne les fassent apparatre et ne les élaruissent. En effet, Parménide, apres avoir tabli en B 2 « les seules voies de recherche pensables », nous conduit 8 bien réféchir surle chemin qui ne peut pas étre parcouru, celui sur lequel semeuvent les mortels« deux t8es », qui définissent Petre et le non-étre, LBa.51 2.82.4 rein yon be 3.paso. 48889, 5.BB.I7-18:I'unedes voiesderechershe est «impensab pus I via chemin, en effet), tandis que Fauve existe et ost auhentgue» (xv wev HY fvinrow dinuoy 00 yap WrAme Cow boo. oy 6 Gere WE wo Enea loa; I ferme éstruo offre un fonvol significa avs ion au plan dela Elie qu’ cei de It ‘ct inexprimatle ce aes 6B 22ti poowa SC... efoa, PARMENIDE. PLATON FT LA VERITE a yrexisteret le non-exister, comme étant raid, la méme chose (B 6). Cela nifie en tout cas qu'un discours sur ce qui n'est pas, done un discours non sai, peut étre tent: en B 8, 50, en effet, on met fin au discours certain ula pensée sur la vérité, mais le discours ne se termine pas pour autant: ‘nen commence un autre, qui, s'il n'est pas vrai, n'est pourtant pas moins important pour le vaste programme du savoir annoncé aux demiers vers du nent I. L*impossibilité du non-tre & étre pensé et & étre dit, qui rremment ressort de maniére aussi forte des écrits de Parménide, n'est done pas absolue En 2, la voie de recherche, sielle n'est pas une véritable 8c, est en rout cas une dapnoc, une xéAewlog, et méme si elle ne peut pas éxe purcourve, mavamevBAc, voire méme ne peut pas etre du tout, elle peut en rout cas étre pensée, du moment ob elle fait partie des seules voies qui pouventéure pensées (vofjom). On peut done penser et méme dire le faux, ‘comme font non seulement les Aézpavor de B 6. 5, gens qui ne savent pas i 2 ga) et qui mélangent dans leurs discours Pétre et le non: (ne, ['existeret le non-exister, mais comme font aussi ceux qui parlent sans méthode de la nature. Ces demiers, en effet, en mélangeant les voies, aibuent & «ce qui est» les noms de «naitre» et de «périr»?, de changer», qui ne peuvent rigoureusement pas lui €tre attribués, du enti s'agit de caractérstiques des « choses qui sont», c'esti-dire singularités multiples des phénoménes. En outre, dans cette opération erronée,ces noms i «les croient vrais», Par conséquent, comme on peut oir, méme dans Ja vision monolithique de Parménide il y a de lespace pourTrerreur, pour le faux; le non-étre, qui n’existe pas, trouve en tout cas son espace dans les discours des hommes, il est, ’une fagon ou dune ‘autre, pensable et dicible; c’est pourquoi I'affirmation des deux équations {re vrei et non-é1re/ faux est au moins problématique. (aug 1.8 1,28-32:ettes sire que wapprennes tut sus bie le ortinmabede ta raditions, que ks experiences des homme, dans lxgulles n'y a pas de ‘eviabiewninue, Masta les aprendrastou pi, pusgue ls expévinces davent ait valeur eurest propre pourcelui gol recherche tat dans us ls se». En tot ea, us Parmnid, le diseours src quiet pas al nesidentfe pas vee le discours Faux ome de usmenionn, 2-84 39-41: «En rapport 3 celui [ce oui est sort doanés tous ees noms onmesopéablsenleseroyant vais, est -die nal el mori exsteret pas existe hunger de ese changer de couleur respendisane » 1 Le faitostque,aprés Parménide et avant Platon, Protagoras et Gorgias wvaient déduit deces équations I égae vértéde tous es discours, méme de «es discours qui affirment des choses contrares propos du meme sujet, et avaient donc déduit inexistence du faux. Je ne veux pas discuter ici le probleme de la possibilité dtribuer hissoriquement & Protagoras les theses de 'inexistence du faux et del'équivalence de tous es discours surle plan de la vért la lie en aucun lieu. C'est Paton, et apr lui Aristote et cous les autres témoins des doctrines prota goréennes, qui construisent cette interprétation du dicton sur homo ‘mensura. Ce qui estimportant, pour note suet c'est justement que Platon aribue cee interprétation a Protagoras eta cvtique, et juge fondamentl le fait de la détruie pour pouvoir construire sa propre philosophic. En faisan cela il acoueille, doit accueilie dans sa totalité ce que nous avons appelé la perspective parménidienne, parce qu'il estconscient de 'impos- sibilit de liminer, sous eine de perdre un critée qui lui tent beaucoup Aacecur celui de l opposition entre vrité et fausseté, qui a moins pour lui une valeur gnoséologique. qu'éthigue et politique. Mais, en accueillant cette interpeéation, il en héste aussi les ambiguités et les failes, qu'il essaie de toutes les fagons possibles, parfois génialement, parfois «», c’esta-dire par «le fait» de sa pauvreté, émoin de la « vérité » de ses mots. Dans le Sophiste aussi, 8 un {nmoment, le sophiste apparait comme celui qui posséde une espece science apparente (Sofaortr,.. torr) Sur tout, mais sans poser la rité (oi dnveiav Eyov)4+ i est done capable de séduire grice & des discours (roig Adyoig yonresieay) les jeunes gens qui « sont encore res loin ia rité des fats (rv nparyudray vic A&Priac ageariras) », en leur rontrant des images verbales de chaque chose (ci8ada Reyéueva epi avros) et en leur faisantcroire (Boxetv) qu’ils ont dit la vérité*. La aussi, comme on voit, il y a une « vérité des faits» qui peut ere masqui ‘ccultée, par de séduisantsdiscours, méme sices demiers ont prise surtout sue des jeunes gens inexpérimentés. Mais immeédiatement apres, le texte révele toute ambiguitéde cette perspective Nrestil peur-dte pas nécessaire (aipan), Théstée, que la plupart de ces auditeurs alors, apres un temps suffisant pour eux et avec Frage qui avance, entrés en contact direct avee les choses qui sont (108s cist mpooninrovrag). et obligés par ce quills subissent (6a napnuie dvayeaCouévouc) de toucher(apirreotat) Mévidence des S68 qui sont tGvapyoe |, changent leurs opinions 12) aurefois.. et que toutes les apparences suscitées par ces a discours (nivra... ta év role 26yoxG govtdcuata) soient comple: tement bouleversées par les fats qui se présentent au cours de leurs actions (no ra fv cule npdKeary Epyuw napayevonévay)®? Dans co passage, la complexité et I'ambiguité de la perspective ‘suxqueles je faisais allusion me paraissent évidentes. pot. 17a Peo want 18b,on insist sure fitqu on pot persuader tout en dant 2 Apal. ITb. Sapte 4. Soom, 253 ¢ WELL 5 Soph, 234646. Sook. 23442-€2. La traduction cide de ce dialogue ext de G.Cambiano, avec ‘uelgestofctions ees cette adetion qui at tai en fangs “ GIOVANNI CASERTANO Dvuncétéil ya, & premire vue, une « nécessité » des fits, npayuara, ipya, ra Gvta, qui s’oppose aux discours wompeurs des sophistes, aux apparences, aux govraguara gu'ils sont capubles de suscter avec leurs dou. Dun ce les fats, donc, de "autre les discours qui cachent la véritg des fais :etles fits est-idire la nécessité avec laquelle se présentent leg ‘modifications quis provoquenten ceux qui de toute maniére. avec lige et avec le temps, agissent, ls fats donc peuvent bouleversernimporte quelle apparencesuscité par les discours. Platon met aussi en reli cette « force des fais » par sa terminologie, non seulement en utilisant deux fois des termes qui expriment Ia «nécessité», mais aussi grce& des verbes comme noooninto etégdne, qui signifient tomber sur, toucher. qué indiquent le contact physique avec quelque chose. De ce point de vue, nous sommes, pour ainsi dire, en pleine vision « parménidienne » il y a une évidence de la vétité dans et des choses, conte laquelle les discours ne peuvent rien, quelques séduisant q’ils puissent ere. Mais de autre c8té sion regarde de pris, les choses ne sont pas aussi simples. Qu'est-ce qu'on change lorsque on « tombe » sur « les choses qui sont »?Riend’autreque les 60fat, les opinions, c'esti-dte nos discours, Platon ne peut pas, etpersonne d'ailleursne le peut, ner la these gorgienne aqui aftieme qu’en pariant on ne communique pas des fats, ov des choses, mais rien d'autre que des discours ou des opinions: ce passage met en évidence qu’itn'ya pas des fats en opposition aux mots, mais seulement des discours qui « touchent » les choses, et qui done disent le vrai, et des discours qui produisent des images etdes apparences, et qui done disent le faux. Mais dans les deux cas la veité est toujours « autre» que les choses: elle ne peuthabiter que le plan du « discours sur les » choses, elle ne peut pas éte « dans les» choses. Dureste, le fait de toucher les choses qui sont, de tomber sur elles, et encore, de «communiquer» avec I'oioia, ave la wéalité, le fait que les noms «s'appliquent» (einras) aux choses, ne sont que des métaphors. EtPlaton le saitbien, comme i sai bien que action qu’ ells indiquent ne peut avoir lieu qu’avee le logos, avec les discours. Ainsi, en 231 ¢6, ce rest qu’avee le logos que nous pouvons « assailir», « nous jeter sur (Grecia) Mobjet de owe recherche; et de méme en 2548-9: c'est le philosophe qui reste toujours «ataché » (npooxeijewos) a 'idée de Pete, mais justement par ses Aoytouol. Ce sont les Adyot, donc, qui nous 3. Soph, 2483 10-11 son communique asus) avec hai pare corps ou bie par ime, estar en agiscant oa on connaisen, Casi 280: €et pa I comm nication aee Ionia qu es afime: 259 46: clu qu dans ses scours monte 08 ceselesconrals cee ue deus peudetepeg lata ch TT PARMENIDE. PLATON EF LA. VERITE 15 conduisent sur un autre plan, différent de celui de la simple existence des hoses et des faits, et ce sont seulement et toujours ceux-ci qui nous Udonent la vérité des choses, quand elles nous I'offrent u Nous avons parlé, plus haut, d'une «tentation» platonicienne de considérer que les faits peuvent « parler» d'eux-mémes, évidemment en Gisant la vérité; cette entation présente aussi un autre aspect: non zulement ily aun «langage des choses» qui exprime la éalté/ vérité des choses qui sont, mais il y a aussi une « dénomination» des choses, qui exprime Ja méme réalité/ vérité. Méme le nom (c'est2-dire les noms que nous utilisons pour indiquer les chases), doit, pour filer la meétaphore, nous fairetoucher la chose, nous faire communiquer avec la chose dont il est le nom. Présupposé. ou exigence, de cette perspective: un nom indique une et une seule chose; de 1, dérivent dans le Sophiste routes les expressions unrappe fon ae ali ade» des hoses, tune euvre de prandes dimensions repro «a veriable proportion des choses belles» (235 6-7, les puis supsiewres apparasseat pls petites que ce quelle devant. et es parties infrcures pts grandes, {ans lamesure od nous voyons es premiéres de lomet es secondes depres; mas estan ayjourd hul,wendisant adieu la erie» (2364.rerodivent das leurs images «no ess les proportions qi set (oa). msi eles i parser Gre belles (Soovaae. ek vari)» (23625), e ces deraibves som jsiement un ybvtanua, une apparence, aul pparat, mas nest pas pare 23667: gaserat ys, doe Bt cb) [au beau] ». Cele nage et paradonale ate qu'elle trod un rapport ente le beau et le Eel qi est ‘eanspose danse rapport rit, ou verse vison tout ate gue» parnidienne wet = platencionne». Siem eet, Fbjt rel ex hea tel ql est dans Ia rel, avec des proportions données atures, abet epodtpar une technique pital qu respecte ces ropomins est parishes méme il peu aparate i ks grand, i plus pit, Pat conte, objet repeat de fagon tll qu'il appara pari 3 objet rl, méme site les proportions ntureles, est apparemment pai a bes Paredoxaement, done parilelacopiequi ne ressombe pas av modele parce qilteparat pus grande Ob plus petite qu le model: «para» mae ext pas parle apparence » i essen Pafalternentau mode. Alors, xf él éqivast a Bea, cel i reproduira le rel PARMENIDE, PLATON ET LA. VERE 81 possible de faire apparaftre et sembler une chove qui n’est pas, possible de iweune chose qui n'est pas vrai : ici justement sest toujours cach ‘che la possibilité de dire etd opiner Ie faux en le traitant comme quelque chose qui existe séellement (Svrwe); ce discours a laudace de supposer ‘onofrnut) que le non-étre est (x0 4) By efva) : daucune autre fagon, en tle, le faux ne peut venir & éte (yiyvero by)‘. Ty al, comme on peut voile signe de la pleine reconnaissance de la fracture gorgienne opérée sur ie corpus des affirmations « parménidiennes », entre réalité et langage, ou nvieux entre dire et dire le vrai, qui ne peuvent plus coincider. C'est le signe «aussi de la pleine reconnaissance que le faux, et le vrai, Nabitent exclusi- ‘vement le plan du discours :ce n’est que [a qu’ils « naissent ». Sur la base ge 2e6 affirmations, en effet, une fois attribuse ia vérté a 1éure, il fallait ‘antbuer la fausseté au non-étre; mais le non-étre ne peut pas exister, done ie faux ne peut pas exister, C’était la perspective sophistique, la perspective prctagoréenne du «tout est vrai» gui revendiquait sa fidélité, presque ittérale, & la perspective parménidienne. L’opération platonicienne, telle {u'elle s'exprime dans ces passages, consiste, dans la pratique, & donner sine réalité au non-e1re, de manire apparemment violente par rapport & la nerspective parménidienne, et done & attribuer méme au faux une réalité, husiement pour récupérer cete perspective, C'est dans ces iente pages. dict {sla fin du dialogue, que s‘exerce le plus grand effort de Platon pour construire une gnoséologie etune logique capables de « fonder une vérté ‘ot une fausseré objectives, en essayant de les faire passer pour une gno- séclogie etune logique « fondées » sur une réalité objective; mais ce sont ssi tente pages tourmentées, dans lesquelles la pleine conscience des preblémes logico-linguistiques dissimule et révéle toute la complexité et les difficultés de Y'opsration. Cependant, confirmer loptique parméni- denne en tentant de « Souder la double fracture gorgienne entre étre et penser et entre penser et dire, cela ne va-til pas & la Tin se réduire (tout implement?) & une défense, courageuse et passionnée, du logos et de la ialectique, les seules armes que le philosophe posséde pour livrer ses batalles? etse nous montrerat pas le beau 0 en dates termes, la copie qu para diferente do és ‘sto alle et celui ui reproduirat le Beau ne ows monkrerat ps le ree o encore, Ia ‘ong poratparclle uel «ext belle Sion remplace beau par Wa, nous ous Wouvons ‘curd probleme pltoncin 1. Soph, 23649-2972. 22 GIOVANNI CASERTANO v Et done, Paménide. En 237 08-9 sont cits pour la premire fois les deux premiers vers du fragment 7; « Non, jamais on ne poura poser cela, que les choses qui n'exstent pas existent. Mais tu dois éloigne ta ensée de cette voie de recherche». Les deus vers seront répets en 258 d2-3, ob désormais oneroit avoir dmonté quecequl n'est pas existe réellement; ence ces deux passages. ily a celal de 241 d 1-7, 00 on fait allusion aucélbre parce, puis analyse des « mythes» raconts parle scmnists » et es «plralstes» (243 d-248e, les « matérilistes» et le “ieatistes » (246-249), ct enfinlenowvel horizon tsoniq ntoduit, avee Ia doctrine des cing genres les plus importants (250 4-258). 4e ne peux ick examiner ces aspects fondamentat da dialogue et de route a penséeplatonicienne; je veux seulement monter comment I'optration platonicienne ne romp pas du tou, et pas davantage dans Ia « let de son éeriture, avec horizon parménidien; et fnalement, je veux monte comment le veritable eésultat de toute cette analyse se trouve non pas dans laréalisation da bu qu'on seat propos, mais dns la wéaffmation caractre central du discour, de a diletigue et u dialogue Dejden237 ener. appara clairement une session entre Enon et siscoursinterpétatf, ene leure et sens: les deux vers. grand Panménide» qui nous parait quand nous étions jeunes, dit I Ewanger, constituent un «Wénoignage» dont faut prendre ste Voila done son témoignage (nap’ éxsivou te ov yupropettat Mais plus de claté sur ce point pourra nous venir du discours imme. si est mis 2 épreuve de manitre adquate (at wduard YE bi mdvtoy 6 Adyor aToE dv SnRdoeLE Herpta Pasa vio8EiG) L'énoncé de Parménide doit done étre considéré comme un témoi- gnage; et chaque témoignage doit étre examiné, mis a la question: un ‘témoin peut aussi étre corturé afin qu'il dise le vrai et la mise a fa torture une proposition consiste justement en un discours interprétaif qui offre Ja signification de cete proposition, signification qui n'est pas immédia- {ement visible dans la proposition méme, mais qui doit ére explicitée justement par un autre discours qu'on construit sur elle. Done, les mots de Parménide, que Parménide pronongait devant les jeunes gens qui suivaient s, doivent maintenant étre interprétés; & présent que les jeunes 1. Soph, 2378 12. 2. Cesensestclairement present non seulement danse verbe popu, mas wusidaBs aoe, Quine Sprite pas seulement éprouver avec ane pice de touche, mals ash ‘mete la question, metre lacorre. Ce ens coastite une pie imporante dentro Torino, 200. chapite2. tation de U: Cur, Potemes, Flap come guerra uA PARMENIDE, PLATON ET LA VERITE 83 sont gran, ils peuvent le faire de manigre adequate. Crit ne faut pas “ous-estimerlefitque cel qui parte dans ce dialogue est bien un élate, ras que ce n'est pas Parménide, qui n'est mis en eause que comme tn ‘min devant éae soumis a examen. Et si le personnage de Parménie svat joué un rote fondamental dans le dialogue qvi porte son nom, of ‘effecue un revitement de la doctrine des idées a la lumigre des impor- tontes legons méthodologiques de Parminide li-meéme. ic le pesonnage estuntenant dela doctrine parmenienne, Personnage qui, jedne gaan, ouvait bien apprendre etrépter les mots du maitre, mais qui, ayant ami est enté en premive personne dans cette gigantomachie quest la “hai le» sor ls determination de la réalite des choses, Mggairnnc septic oboiae (24635), et est maintenant & méme de foun par ses {scours mieux et plus efficacement que Parménide justement parce qu'il © fone sur la doctrine parménigienne, Tantdote aux discours des sophises TL faut done grandir ct intrprter Parménige, comme tous les prot onsts de cete dispute fondamentale ete dscours qui seralaboré sea, nmiéne temps, une refutation ot une démonstration (242 64 #Aryyoc x ‘deric). sans pour cela « dssoner »avee le discours patemel#. Il ne itpas d'un discours facile; an contraire il s‘agitévidemment d'un dis ours extemement risqué (242b 67 : napasewbiveurixis NoyOC). mais i faut etenr:il est risqué parce qui n'est pas du tout as, ebnopov, de dire dansun discours én nov tore de co bv et de xo un Sv, Mais celui qui ‘appréted cert opération ne peut ére. en aucun cas, considéré comme un partieid. Lorsque nous avons affirmé que le faux existe dans es opinions ft les discours 241), atribuant ainsi Gre aa non-8e', le sophiste a svancé plusieurs objections et facies et dificiles : «8 plus forte raison, alors dit "Etranger, je veux te fire cote prigre (soe roiwy tnt pa¥ROv ‘rapotrodual oc) »*: «ne pas supposer que je puisse devenir une sorte de Paticide uh we olay narpaoiaw imordiine yiyveadat roa) »® Tl me paritclairqu'icil ranger it dene pas voulor éxe considéxé comme un Daticide: le verbe nopastéojas, qui signifie le fait de détoumer de soi 1. On insse& plusieurs eprives. dans ces pages, sor le Fai qu'il faa « inverroger» Parménie oles Ancien Gu come ii ot parlé de Ve, qu'il faut tintetger sur le ifeation de leur expression: ulstion di verbe foun ext a, 26, 248, nspedew, Qi fi allusion 3 une note musicale qu renin, $0 Prépnanie ef. par exemple 253. 2. Laas en 2423-4, un ver ne sharmonise pasavee les ates 3.Siph, 2461-2. 4.241 b 1-2 encoreune fos un vere gui epee un «contacts, ponds 5 Soph, 241d 6. Soph 24243, 84 GIOVANNI CASERTANO _méme par des prires (en latin deprecari), indique que ce qu'il veut éviter, c'est justement de pouvoir éue pris pour un purricide. A feur tour, les verbes trokayBivo et yéyvouor marquent qu'il s‘agit d'une supposition que pourrait faire Théetete & propos de quelque chose qui va se produire, est. A-dite & propos da discours que va prononcer Etranger, apparemment contre le discours de son maitre. Le discours qui professera avec violence (QH1d6: Brdeoa1) que ce qui n'est pas «est dans un certain sens (241 66-7 :¢ Gore ard 71) »,etque ce qui est «n'est pas.en quelque fagon (241.47 sd ox Zovs nn)», esten effet un discours qui met violemment & Ia question (241 46: facavitery) le discours du pere Parménide, Mais il n'y apasd’alternative:il faut avoir le courage (242 a |: ro%unteov) ou de le laisser de c616, avec tous les discours des « mythologues », ou bien de «Pattaquer », drei: encore un verbe qui appartient un champ sémarn- tique prégnant, et qui signifie non seulement s‘abatre sur, ataquer, mais aussi poser sur, apporter un achevement, et donc non pas nier, détruire, ‘mais avancer en utilisant ce discours comme une base pour développer Ie raisonnement ultéricur,en vue des buts que l'on se propose, MI Donner une réalité au non-etre, dire le non-étre, done, loin d’ére une négation de la perspective parménidienne, en constitue au contraire une confirmation : sie non-8tre existe, en le disant je ne transgresse pas la lot parménidienne qui énonce qu'on ne peut ni penser ni dire ce qui n’existe pas, nique l'on force & exister ce qui n'existe pas. Mais si le probléme du rapport étre penser —dire peut étre considéré comme résolu, en respectant [respritde la philosophic de Parménide, subsiste, dans route son urgenee, autre probleme de la relation éue / now-étre par rapport au vrai faux. Mais ce probleme aussi, apparait formellement résolu: une fois établie la connexion entre les genres, ot une fois établi que Te non-etre, comme du reste se, est un genre réellementexistant, ons ainsi établi existence du faux: opinion et le discours vrais, en effet, ne font rien d'autre qu’opiner etdiredes « choses qui sont», tandis que opinion et le discours faux ne font quopiner et dire des « choses qui ne sont pas » (260 c). La perspective parménidienne de I'ancrage du langage dans la réalité est sauve; mais on a faiten tout cas un pas en avant (261 b 6: cic xo mpdoBev), si petit soitil: cen effet, pousser Ia recherche en donnant’ une démonstration constitue toujours un pas en avant’, Et s'il est exact, comme on a vu, que la construction d'un discours vrai passe par l'interprétation des discours des Soph, 258 69-10 lg wo nose (ovtoovas émduif ue PARMENIDE, PLATON ET LA VERITE 85 autres, il faut & présent construire le véritable discours sur la vérité et la fausseté. Il faut done déterminer, au préalable, ce que sont un discours et une pinion (261 ¢ 6-9) 1 s‘agit 18 d'une recherche qui systématiquement, explicitement, se propose d'éclaicir autamt que possible (cf. Pévapycorepov de 261 €7) ke ‘contact (encore dirrerar, 261 ¢ 8) du discours avec F'éur et le non-étre, de fagon & pouvoir établit, conte le sophiste, que le discours n'est pas roujcurs vrai, mais parfois vrai, parfois faux. Si on dissegue le discours, on voit qu'il est constitug par des noms et des verbes, le double genre d’indi ccateurs vocaux concernant la réalité?, Chacun entre eux est un rapa 262 3),ou bien un amsiov (262 aux actions mémes : jusqu’iei, nous sommes encore dans la perspective parménidienne, Le saut se produit lorsqu’on passe des noms au discours ‘celui-ci n'est pas constitué simplement de la somme des noms et des verbes, mais d'une connexion entre noms et verbes, ce qui exprime une ‘amélioration considérable, Le discours, en effet, contrairement aux autres indicateurs verbaux, ne se limite pus 2 les deux expressions 4a) « choses qui sont» (ra dvea) b)« comme elles sont» (xg Far), tant donné quece discours n'est pas un discours en général, mais se réf@re A tune personne coneréte, Théétbte (rep: a0), qui est en train de discuter ici avec moi?) «les choses qui sont », pour étre cohérent avec ce qu'on vient dedite (262e 12), devraient tre aussi bien un npdyua qu'une rp aussi bien ‘action de s'asseoir que Thééidte qui fait cette action: +b) «commeclles sont » devrait exprimer la relation, une relation d’accord cen ce cas, entre cette action et eet acteur: existence concréte de cette relation. Analysons maintenant les définitions du discours faux. La aussi nous pouvons diviser les définitions en a,)et ,), done 4) «choses différentes » (repa) iy :) «choses qui sont » (sav deer) 4,2) «choses qui ne sont pas » (vagrn bvea) 2) «chases qui sont» ( 44,3) «choses qui sont différentes » (Svea Exepa) , 3) «choses qui sont » (vrwv). Comme on peut voiren a,) et en b;) les « choses » ont disparu, c'esti+ dire le pragma et la praxis, Théstéte et son action, en occurrence l'action de voler: et aussi bien le «non-éve» ou le «différent», d'un cO16, que 1’ étre », de autre, indiquent tout simplement 1’éure, Vexister, ou bien Ie non-éire, le non-exister, mais toujours relativement & une relation. «Choses différentes » ou bien « choses qui ne sont pas», en effet, ne 1. Soph, 2680 11-12 2 i fautrapeler qu'il lesexemplesde discours wae de discours faux som « Teste estas ets Thett, avec lequel je suisen tain de pare, vole» y PARMENIDE. PLATON ET LA. VERITE 87 peuvent pas tre Théétete et I'action de voler, un pragma et une praxis, qui cn tant que tels sont et existent, mais seulement leur relation, une relation Favcord qui n’existe pas. vu Eneffet sion pense tla distinction platonicienne entre «ce qui n'est pts» dans un sens absolu, et «ce qui nest pas » en tant qu’ objet de notre iscours, la perspective parménidienne reste toujours en vigueur. Ce qui west pas «en Soi-méme » (2386), tout comme le contrare de ce qui est 7b), cequi n'est en aucune maniére (237 b), devrait indiquer le niveau de la non-existence, de la non-iéalité: de ce point de vue, suivant Parnénide,colane peut pas due pensé, dt, prononeé, est éranger& tout iscours (238 ), et nous avons mis de cété depuis longtemps (259). Un «ce qui n'est pas », en revanche, non pas contraire mais diférent de la ‘éalié 257b), et qui pourtant existe éellement (6vrw6), qui constitue snéme un veritable eidos aussi bien que « ce qui est» (258 d-)', fait I objet de notre discours. Orla dialectsation complete, la « mise en marche» dt monde des idées, qui commence des 251 d, et selon laquelle «ce qui est» et «ce quin'est pas » communiquent avec toutes les autres idées (259 a+b), serefletenécessairement danse discourse qui est « propre » au discours este fait de « produire des mélanges ». « Sion était privé complétement de sonexistence [du discours} on ne serait méme de rien die, je crois. Et on en serait privé sion admettait que nulle chose ne se méle avee autre chose » (260.482), Le discours est done nécesstirement un mélange: mais de uci? Formeliement, de noms, ou siT'on veut d'idées;en effet i construit tunerelation, qui peut refléer ou non une relation existant dans ka réali Crest justement Mexistence d'une relation qui a’existe pas. que le discoursaffirme, et c'est pourquoi il est? un discours faux. Le discours, done, est toujours lig une éalic, i refléte toujours une éalité, mais cete réalité peu ne pas exister; ou mieux: il se réfere toujours, meme quand il est faux, 8 une rélité, dans le sens que Paceur et action, Théététe et 1. Gf aussi 2586, 260b: «equines pas etun geno tering qui traverse sous es “tans La question ib de saeirsizome onestuneidée comme les utes. s'lseconstitue ‘fone cezinefagon rb a" ad comme outs les ares ies, > qi desavouerait ce {uiaGediten 288 A moins qu’ oa ne donne expression ait at airs un Sens ifremt “ecalu qui dag ete dterminé de chaque ie 2.0u bien sdevient» un dscours fans ef 241 02: visto: fa wnassance » un discos, ef 26205: eewera, soulgne exactement Ie fit que le dscours ne derive pas simplementdelesevlewiccesion dex expressions verbales, mais qu'il se présente comme {elu chose de nouveny pur eapport cele, ee 88 GIOVANNI CASERTANO action de voler, existent éellement. Ce qui n’existe pas est justement leur relation, ici et maintenant, Le discours vrai, alors dit une relation existante centre choses existantes. On pourrait, vraisemblablement, extrapoler, et dire que dans tous les cas le discourse langage, esteéateur d'une réalité,rélité de significations qui ne coincident pas, out simplement, avec la réalité d’une ‘existence extérieure au discours : le domaine du discours est plus vaste que yim, dpenia a premibre Lehnigue est appelée aus iar 2) a seconde fofopurrnn (267 1, son pour lagull la premibre est Une gar emoriuns laseconde yer Sof (267 1-2) 2 ‘lovaNnt CASERTANO en 267 ¢4-5, ~ alors qu'aurait die proposée & nouveau la distinction ene celui qui imite en sackant et celui qui imite en ne sachant pas s savoir est oppos¢ &« imiter».et la distinction se fit alors ent « celal hi sat» et «celui qui imite», raison pour laquelle a mimesis, jusqu'ick activité propre au dscours de homme en tant qu'ére pensant et parlant, redevient Iactvitéessentillement négative propee au seul sophiste, Le philosophe n'est plus e «vrai imitatour» mais tout implement « celui qu sat»; cea, me semible-i, est indice deta tentative de Paton de faire passer ses oppositions patiques, éthiques et politiques, pour des distintionslogiques Eneffet.lorsqu'en 268 87 le sophist est fini comme un «imitateur ironigue » ironic, qui tit la carctrstigue de Socrate, da philosophe par excellence et donc de la philosophic, devient par un auterenversement de perspective simulation et romperie. Eant donné que Paton ne peut pas ddémontreril ne peut qu’ accuser le sophiste de fuse: la technique alors cessed ire mimétique et devient une technique de la tromperie 24002 Saar, parce que oily a faux ily romperie (260.6 3ve0c 8¢ ye {gevBoue fou dndon). Bt les images, es imitations, les apparences, les faniasmes, qui dans une éhauche d'analyse logique pouraiem tre consi: derées comme le produit typique dela discursive humane, lrsqu'elles se metent aétejugées de point de vue de leur vliitééthique et politique redeviennent, dans la perspective de la constraction d'une ontologie de Téthique, des imitations des choses qui sont (2684), fut une dispo- sition 6ibeoie) mauvaisea a technique de la tromperie (2645: ron anararve. Maisce quien outcasreste toujours, méme dans ce dialogue, expici tementrevendique,c’est la postion centrale du logos et de Ia dalectique, dludiscours en tant que constitu de la philosophic (260 ) et de la seule «science des hommes libres» (253 -<, Sil est vai qu'elle appartient non au philosophe en général mais «i celui qui philosophe avec purcté et justice» 2536), elle ne peut avancerqu‘en réfutant, a réfutaion état la lus haute des purifications, puisque celui qui n'a jamais été rétu, ti Ie Grand Roi en personne, si nest pas puifié des plus grandes soullures, estsans éducation et aid dans lime (230<-¢) PLATON, EMPEDOCLE, ET L’ORIGINE DE L°ETRE HUMAIN Nestor-Luis CORDERO Platon n'est pas un historien de laphilosophie, mais fait ts souvent allusion & des «anciens » collégues, et méme & des contemporains, Ses emarques sont souvent ts sévéres: les anciens n’ont raconté que des raythes (Soph, 242), le seul personnage « vénérable et redoutable » é1, 183), Parménide, mérite la peine de mort, et les contemporains he sont que des vieux ignorants', des hédonistes qui passent leur temps Jans des bordels*, ou des gens qui ne méritent que Ie silence’, Dans Fautres cas, les allusions sont plutt neutres: elles informent le lecteur que, & propos du sujet que l'on est en train de discuter, quelqu’n a deja exprimé son point de vue, C’estlecas d’ Empédocle. Socrate remarque que Ménon dit, «comme Empédocle », que «les étres émettent certains cffluves »*; etle Thééréte nous rappelle que « rien n'est, mais & chaque fois, \ient Aétre », comme affirmait, entre autres, Empédocle®, Mais la plupart des interprétes admettent que dans d'autres passages de ses Dialogues Platon fait aussi allusion & Empédocle, méme si celui-ci est pas mentionné. C'est notamment le cas des « muses siciliennes » du Sophise (242 d).Etcerains érudits voient aussi une référence a Empédocle (na soujours wun portrsitabot Anite dans cele méchanleréférense da 2.Cestiecar@'Aritppe qui aril «rate la mort de Socrate dat dese trouve gine, ue sone de Las Veg de aniguitéprecgue 5.Cestres probablement esas des Atoms 0, at moins. de DSmostit. A propos silence de Paon sur Démocrie of note travail « Los amiss y los eels de Plata», ethers, 13, 2000p. 7-16 e ance deP-M. Morel dansce volume, Menon 6 8 trad. M. Canto), 5. Thee, 15203 (rad. M, Nate. Si 94 NESTORLUIS CORDERO dans fe mythe du Politique (269-274). Dans ce travall, nows nous ‘proposons d’examiner cette question et, comme fil onducteur, nous avons décidé de privilégier un élément qui joue un rOle décisif, aussi bien chez Empédocle que dans le mythe platonicien (ce qui ne présuppose pas, a priori, Vexistence dun cerain type de rapport entre les récits des deux philosophes) : Vorigine des éues humains, ou, si l'on prétere, «des vivants », ainsi que les étapes qui se sont succdées jusqu’a la constitution «actuelle », caractérisée par la différence sexuelle, source de la repro- duction, Le sujet est, certes, trés ambitieux, et nous disons d'ores et deja ue notre rapport ne sera pas complet: nous ne tiendrons compte que de certains éléments, ceux précisément qui nous permettront d'envisager un lien entre le récitd’ Empédocleet le mythe platonicien du Potitique, ce qui conceme l'origine de la vie, les deux récits prennent la terre comme point de départ. Chez Empédocle, la terre, comme si elle était enceinte (quasi pregnante, Censorinus, De die nat.. IV, 7 = A72DK), donne la vied’ abord aux végétaux et apres aux étres humains (cf. Aétius, V, 25,4=A 70 DK). Dans le récit platonicien du Politique, «c'est de la tere (ek g2s) qu’ils (sc, les premiers hommes] sont venus & la vie » (272a). isons d’abord qu'il semble évident que nos deux philosophes ne préten- daient pas dire quelque chose de nouveau. L’image dela terre-mére état t8s attestée méme avant Empédocle (et elle le sera encore longtemps apres Platon) etl ne serait pas opportun de présenter ici un dossier complet surce sujet! Disons simplement? que déja Hymne homérique & ta Tere affirmait qu'elle était une «mbre universelle» (pammeteiran), ce qui coincidait avec I'épithéte «au large sein» (eurusternos) conférée par Hésiode (Théogonie, 117) & cette «mére de tous» (méier panton, Erga, 563). Lerdle matemel della terre est done trés important chez Hésiode, car Jorsqu’il dit « ous » il s‘agit aussi bien des dieux que de toutes choses. Mire dOuranos d’abord, la tere toute seule engendra les montagnes et ensuite, avec la collaboration incestueuse du ciel, virent le jour Océan, les Cyclopes et Cronos; et enfin, fécondée accidentellement par Ouranos (qui avait été mutilé par son fils Cronos), la terre devint mére des Géants, des Nymphes et Aphrodite, En outr, le rble maternel de la terre se renforce si Fron rapproche « gé» de la racine « gen-», présente dans la famille des ‘mots qui fontallusion la génération, et le caractére de la tere en tant que 1. Cfune analyse ues dale de la question chex. By), « Qui ent les gegenes?>4 dane Les Orgies de homme, Actes a W* Colloque International su la Pease Antique LM. Galy ot. Tivel, Nie. 1998, p. 119-124 2. Nous reprenors ii des elements expos dans nore travail «De la tere au eouple deux wsitsplatonciens sur Vorigine de Tete humain», op ct A In note précédente pists PLATON, EMPEDOCLE ET LORIGINE DE LETRE HUMAIN 95 fonderient solide » (tédos asphalés, Théog., 117) de toute chose n'est ainsi que confirmé. C'est de la terre qu’est né I'un des fils de Cadmos, Kitonios (« le Terrien »). issu, comme on le sait, des dents du serpent cenfouies sous la tere, et len vade méme dans fe cas de Penthée, peti-fls de Cadmos, qui regoit lui aussi cher Euripide I'épithéte de « Khtonios » Bacch.,,538)etd'issu de la terre (gegenes, ibid, 996). ‘Cette reconnaissance de la maternité de la terre a eu une vie tres Longue, tele aurait joué un le aussi dans la deuxi8me naissance des hommes qui s'est produite aprés le déluge. En effet, une ancienne tradition attibue une nouvelle origine de Tétre humain & Deucation, fils de Prométhée, et & Pyztha, fille d"Epiméthée, mais ici encore la terre a son mot & dire: tel que Je cit nous est raconté par Ovide (Méram., 1,394), Deucalion rappelle que rand-mére est la terre et que, lorsquril jette des pierres pour reeréer le gente humain, il ne fait que jeter les os de sa grand-mére... La tere jouit aussi dese roe privilégié dans quelques récits platoniciens qui ont précédé le Politique. Dans le Ménevéne, Socrate (peut-éire dans un élan démago- que) ditque les Athéniens sont des autochtones, nourris par leur mere, la fete; et dans le Protagoras, lorsque le moment de Ta naissance des races ‘mortelles arrive, e mythe raconte que les dieux les fagonnérent & l'intérieur sella tere (320), Nous lisons dans la République que la tere, qui est une mere, nous a fabriqués et nous a fait remonter & la surface, et que, par ‘consequent, i} faut respecter cette « terre nourrice » (414). Disons enfin que Lucréce affirme que la terre mérite bel et bien le nom de «mire » inaternum nomen) qu'elle a regu car toutes les eréatures proviennent de la terme (V,794 et 821), Regerdons maintenant le rede la terre-mere chez notre premier auteur, Empédocle, I] va de soi que le sujet que nous avons décidé de taiter suppose une prise de position sur la philosophie d’Empédocle en général et, surteut, sur Pépineux probleme du «cycle » ou de '«alternance » cyelique des éléments et des forces motrices ('amitié et la discorde) que Fon trouve chez lui. Les limites étroites de ce travail ne nous permetient pas de présenter unc interprétation fondée sur des arguments solides i ce Sujet. Dans plusieurs points, notre position devra foreément s‘appuyer sur des éléments établis par des érudits qui ont consaeré de longues années de recherche & ces questions, et nous leur en rendrons hommage, I s'agit notamment des travaux classiques de Bignone , Bollack? et O'Brien’, et le Eignone, Empedocte, Trin, 1916. 2.1 Ballack, npédocie 4 volumes, Pats, 1965-1969 3D, O'Brien, Empedocier’ Cowie Cele. Cambvidge, 1968: Pour interpréter Enpedocte, Leiden 981 ses Enspedeces revisited» Ancient Philosophy 18,985, a - Me 96 NESTOR-LUIS CORDERO lecteur intressé trouvera un résumé du status questionis dans les articles A.A. Long! etd’O. Primavesi "Nous pouvons dire que nous suivons. dans ce domaine, et en lignes générales, interprétation dite «traditionnelle »’ qui trouve ‘chez Empédocle une altemance cosmique entie des périodes conduites par Tramout et d'autres conduites par la aine. car, a notre avis, méme sous Freffet de la torture & laquelle ils ont &1é soumis par de tes nombreux. exégdtes, les vers 7 et 8 du ff. 17 affirment toujours sans ambiguité que wctantOt (dllote mén), par Vamitié, tous se rencontrent dans Wun, tantot (dlfote de) chacun estemporté loin parla baine de la discorde »*. En effet, fees deux principes «tour & tour dominent dans la révolution du cycle» 26, 1). Cesta 'intérieur de cecycle? qu’Empédocle place l'origine des aires vivants, et c'est alors que notre héroine, la terre, fait son apparition, ccarelle jouera, encore une fois, lerdle de mre. Deja dans la présentation des quatre «racines », Héra est qualifiée de « (The Posreof Empedoctes. text and translation wi sninuduction by B. Inwood Uni. f Foront, 1992p €2. 5 Lrenpression Aa lon 17, [Bet 2, 12)est elaine et precise & Dansd autestemoignages, Interest presente par Adon (of Aus 13.20 |A3SDK). Dan le émoignaze &'ippolte Peper est jusié par efit que late et ocne » pero des ts nesses bla vie (Ref, VIL 28, =A.38 DK. PLATO, EMPEDOCLE ET LORIGINE DE L'ETRE HUMAIN 7 inéme la chaleur en tire son origine (Méiaph., A, 3, 983623). Chez Frinpédocle, méme si & un moment donné aussi bien leau que le feu ont {isi illis de la tere (Aétius, TI, 6, 3= A 49 DK), celle-ci cache toujours du fadans ses entrailles (ce qui permet, entre autres choses. de fabriquer des rpenteaux, « dracones », pour réchauffer "eau: ef. Séneque. Quest. nat. TIL 24, 1-3 = A68 DK) et est gre 8 lui qu'elle produit des rochers et novfois, elle les « lance au dehors » (Phutarque, De pri. fig..chap. 19, 953 E 1.69 DK). Il faut supposer que cette activité fatigue la tere, car, soumise Us fortes pressions, elle transpire, et Peau des mers est sa sueur (Aétius, il, 16.3 =A 66 DK). Cetétat de choses fait que, tout au début, la terre est « comme enceinte » {guasi praegnante », Censorinus, De die nat., IV, 7 = AT2DK): sa rice? (méira) posséde comme des embryons, et, de cette véritable usine, sutgissent.o’abord (préta) les plantes. Le caractére matemel de la terre ne «pas de doute: ces premiers rejetons « 'élevérent de la were» (ek gés tutadiinai) (Aétius, V,26,4=A 70 DK}, etceci aeu liew dansun « temps» fllement premier que fe feu n’avait pas encore produit son «reflet» (ou riraction », antandklasis, Ps, Plut. Strom., 10= A 30 DK). le soleil et oar conséquent, jour et nuit étaient encore ensemble (Aétius, loc. cit.) [univers est done encore inachevé («non perfecto », Nicolas de Damas, De plantiz, 1, 7, p. 13. 2) et les principes tégulateurs des sexes, le feu {principe masculin) etI'eau (principe féminin).n’ étaient pas encore séparés. (Crest pour cette raison que les plantes, selon Empédocle, sont, en ce qui rnceme kur sexe, un mélange de mle et de femelle (Aétius, foc. cit.) (ce {qui asuscité les critiques de Nicolas de Damas &V’encontre d'« Abrucalis >, (Cest-dire res probablement, d’Empédocle, car, « dans aucune espbce les loc. cit.) Une foisle monde achevé, c'est au tour des animaux d’étre engendrs. Le rapport d'Aétius est, sur ce point, ts détaillé mais, en méme temps, res ambigu. W.K.C. Guthrie essaie d"innocenter le doxographe, car c'est pouceire écit d’Empédocle lui-méme qui était pas clair’, En effet, deux sexes n’existent réunis », Lop heS20 2. Balack rapt gu Hesychis afin quele mot hav gu constitu, sul, 1138) signe us venue comme chez Empédoce». Bolick en duit que «Daub pousaitsappiger acute, formee dan ater ol le combat des cents constitu 1s mes Empdocte, I 2] 1969, 9.42). TS uton of Grok Philosophy. Cambie, vl I, 1968,p.200. Dates auteurs oat fie pus erigues 4 egard °Aatus. E-Bignone parle du « taut («den ») CABG \Epedacte Tain, 1916, 7-570), et D.O'Beicn fit 'ubord état de te «confusion» us oipedoves* Commie Cele. p 250), puiseoafime quelques années pls tad que ‘Scauteur eset trompés (1 Empédle de Paton» Revue des Eudes Grecques 110, 2, 1997.89) et ajoute enfin que Pémuméaton qu’ présente et «plu rust = (op. et nombre eu ben sous eso 98 NESTORLUIS CORDERO Aétius fait état de quatre «naissances » (genéseis), qui semblent ire suecessives, mais comme elles se situent dans une sorte de cycle, elles pourraient aussi faire partie de deux paires distinetes, sépanées par d autres rapes. propres & cette conception cyclique. Quoi qu'il en soit, ces sarices » sont issues de la terre, qui est le suet qui nous intéresse dang cette tape de notre travail, Les premigies naissances ne produisent pas des és complets. Des membres séparés déambulent,cherchant ase assembleretoccuper ainsi leur place dans des ensembles, Les deuxiémes naissances, une ois naturellement reéunis les membres, produisent des simulacres visibles (eidolophanets), parm lesquels les interprétes placent surtout des monsires et des. étes prodigieux. Les troisitmes naissances sont &origine de eréatures totales (oulophueis). Les quatritmes naissances, enfin, se produisent par l'union sexuelle d’étres différents Des fragments du texte d’ Empédocle ont été uilisés par les érudits pour illustrer ces quatre naissances, mais Je choix des passages dépend, dans tous les cas, des interprétations personnelles du « cycle » cosmigue car il cst évident que union ou la séparation de la matiére premiére des vivants, savoir les éléments, dpendra des forces qui gerent ce double processus: amitié et la discorde. Er la confusion peut subsister méme une fois que Fron s'est mis d'accord sur a durée du cycle qui correspond & l'une et & autre, car amitié et la discorde sont des véritables agents doubles qui, selon 'interprétation d'Aristote, en méme temps unissent et divisent! Lorsque les hommes furent engendrés par la terre, le temps s'écoulait {rs lentement2 et comme sa vitesse 'aceékéra par la suite, il ne serait pas hors de propos penser qu’avant Ta naissance des vivants la terre éuait en repos, ou, tout simplement, qu'elle faisait encore partie de lasphére 00 tous les éléments étaient indifigrencigs?. Le fr. 35 décrt cete situation tous les téments sont alors réunis et ils ne sont qu'un, car Pamitié se trouve au cenure. L'étofle de ces éres vivants, aussi bien démemrés que complet, "est bel et bien la chair, et celle-ci se forme a partir des quatre «qui étaient mélés comme des parties de Ia terre » (A6tius, A78 DK). Le fe. 21 présente un panorama tts précis dela situation : « dela terre (aia) sortent des choses dureset compacts (..) ef c"est d’elles que 5 produit tout ce qui est, qui fut et qui sera; c'est d’elles que les arbres ont 385.1, 16), J. Bollack, en revanche, e voit pas de raison infimer ce témoignage® (Empedocte 1, Pcs, 1968.9. 195.0. 1 Cf és A, 4.98521 =A37 DK. 2.La durée un jor eit ausi longue qu'exjourt"hul une période do dix ois CF Adis. V, 18,1 = 075 DK, 3.0 "Brien duit que «le soleil agmenta sa vtese dans période gu soca It p50 sphtie»(Empedocles" Cosmic Chel PLATON, EMPEDOCLE EP VORIGINE DE ETRE HUMAIN 99 + les hommes et les femmes, les bétes les oiseaux et les poissons de iu. et les dieux », Ces « choses » (neutre pluriel) sont évidemment les gate racines, les éléments (Crest cone & partir de ta tere, qui contient l'ensemble des éléments! {gue se produisent Jes premibres naissances. La terre (khvhdn) accueillat «deux pars sur huit » d’eau (= Nests) et quatre de feu (= Héphaistos) pour fubriquer des 0%, et c’est ainsi, grice a ce mélange, que des membres dssunis surgissent alors de la eerre, Ces membres séparés déambulent, en cessuyant de se rassembler. Le fr. $7 semble décre cette situation: « par ot: {de la terre”) poussaient de nombreuses tétes sans cou, et des bras, nus et sans épaules, emaient, et des yeux, privés de front, flottaient ». A un moment danné, ces membres isolés se réunissent et produisent, comme ‘nous I'avons déja dit, des simulacres visibles (eidolophanets), assimilés & ‘des monstes, Ilya peut-étre des exemples dans les fr 60 (« (des monstes] jaws pieds tors et aux mains innombrables »... «des boeuls & visage hhumain »)2t61 (« naquirent d'une part de nombreux étres & deux faces et & deux torses, des becufs a visage humain, et, d'autre part, inversement, des hommes &téte de beruf, mélange d homme et de femme, dotés de membres obscUFS »). Les ucisitmes naissances, on Ia déjat vu, ont produit des eréatures totales » ouophueis). Elles étaient constituées d'un mélange de chaleur d'eau, etles sexes n’Staient pas encore définis>, « Elles ne montraient pas mncore le corps désirable des membres, nila voix, qui est le membre propre ‘espce des hommes » (fr. 62, trad. Bollack). Des quatritmes naissances in, surgient des 8ures capables de se reproduire par une activité sexuelle, cat la repreduetion maintenant ne dépendait plus du mélange des éléments, mais de la transmission de composants « homogenes > Il s'agit de note monde. Tout est encore constitué par des éléments, mais ceux-ci «se transforment et passent d'un corps & autre’, Cependant, avant de se rencontrer, males et femelles sont eux aussi issus de Ia tere, mais dans des endroits différents, en fonction des sexes® « les premiers miles sont nés & partir de laterre (ek g2s) plutot du cOté du levant et du midi, et les femelles, 1 aura un jour adler oe paradore- ater qi content a tee. 2.6f 40.96. Le 10.98 ajoute Vai (= Ether) comme quatre élemem. Les quatre tes appaiscet encore une fos af, 38 tte chose rau «de terre e de mer a8 Soules, airbumide, ether... CF aussie. 1On peut le déduire du fat que Peau repésene le sexe ‘nasulin, Cite. 67: «st dans les régions pls chaudes de ater que ls mes mise» ‘J Bolick, Empedocte, 1968, p-205, 5. Varon gone cee diférence lorqu'il firme que es hommes (homies, dons ‘supposes, les étes humuns) sont nés de la tre, comme les hates» (Satire Meningées, F63= A72 DR) nin ct a chaleur, Je 100 NESTOR-LLIS CORDERO au Nord» (Aétius, V, 7, 1-2=A81DK), D'une manigre tres imagée, Bollack affirme que « les sexes émigrent, comme les poissons sautent dans lamer »*, Voillice qui concerne I origine des vivants pani dela terre L'apparente linéarité du récit d'Aétius (acceptse, entre autres, par Bollack), fut interpréice de manigres tres diverses?, non seulement en ce qui cconceme la suite des quatre étapes (s'il s‘agit des étapes). mais aussi par rapport a la place qu’elles occupent dans le cycle cosmique. L’exposé le plus cohérent sur la question est celui d’O’Brien, non seulement parce qu'il Tait tat dune double zoogonie mais surtout parce qu'il essaie 'introduire le schéma eyclique & intrieur de chaque zoogonie. HI avoue, cependant, que cette possibilité reste hypothétique: en effet, méme si elle semble cconfirmée dans lecas de la « premiere zoogonie », car. apres la constitation éfinitive des étres humains, survient une étape dans laquelle les membres retrouvent leurliberts et se séparent & nouveau (c“est son imterprétation du fr. 20),enrevanche, iln'y apas, dans la « deuxiéme zoagonie », de retour aux « créaturestotales » (oulophueis) Nous arrivons maintenant & un point central dans !'interprétation du -ycle des vivants chez Empédocle. La demitre étape de leur existence, dans ‘cat actuel des textes, semble éire la sSparation des membres, suivie d'une « putéfaction » ([sejpolmlenois, Pap. Ser, 43). La soit-disant «mort» est, pour Empédocle, « séparation » (didllaxis, fr.8, 3), « dissociation » (apokrinthdsi, f.9, 4), « dissolution » (hithen, fr. 13, 4), « disjonetion » (diaphuomenén, f.17. 5) de ce qui était uni. Mais rien n'est dit sur un éventuel retour dla terre mere. ll est veai que la logique du récit n"imposait pas ce retour, mais celui-ci se serait imposé, en revanche, si Empédocle avait envisagé son cycle comme constitué par deux périodes opposés, ce quin'est pas le cas. Uncycle est un processus qui se déroule le long de certaines étapes, et celles-ci, du fait appartenir un cycle, se répetent ctemellement, maiscela ne suppose pas qu’elles doivent faire leur chemin rebours. Apres Ihiver, dans le chemin que mene vers 6 ily a le printemps, mais dans le chemin qui mene de éiéa Phiver, le printemps ne reviemt pas aprés M'hiver, car il S‘agit d’un cycle et non dun chemin parcouru a rebours, Ce schéma est celui du cycle d’Empédocle : apres la quatsiéme période vient encore une 1.4. Black, Emote. 1965.p.213, Voirun exposé de a question dans" Brien, Empedates* Cosmic Cycle. 196-200. 5.0. Primavesiaffirme qu le texte reuouvé dans le papyrus de Sasbour confirme cette duction O'Brien opt, Slant 2, p. 94,9, 285, 46 Therefore we ay expect whole-natured ereaiurest0 reappear atthe ond of Love's world siconcetabie ha this was oto »(O Brie, Empedacies” Cosmic Cycle, 230 PLATON, EMPEDOCLE ET LORIGINE DE ETRE HUMAIN lot jos apremiére' Aprés ia dissolution des vivants & cause de la séparation jes membres, tout ce qui est mortel disparait, et il y aura une nouvelle ssance (ila rigueur, une re-naissance), encore une fois, nous supposons, i pari dela tere. Et le cycle recommence, avec toutes les zoogonies que Tron voud:a y trouver. Sil en est ainsi le écit platonicien du Politique se trouve aux antipodes du cycle empédocléen, ere"est le rdle joué par la terre (fait ladifférence. Regardons Platon. De la méme maniére que notre incursion chez Fmpédocle ne pouvait pas ustiier une étude approfondie de sa phitosophie ce gui nous a Conduits & nous appuyer sur les acquis d'autres chercheurs, {que nous avons cités en chaque cas), étude de Vorigine de Iére humain sclon le mythe du Potitique s'appuic, iui aussi, sur des travaux précédents, {quis en Foceurrence, nous appartiennent®, L’exposé sur Vorigine de I'éie iwinain setrouve &T'intérieur dun theme beaucoup plus vaste, qui met en rapport trois récits différents, Cet ensemble apparait dans fe dialogue & propos dela définition du roi-gouvernant comme un berger qui nourrit son ‘coupeau, le peuple (268 c). Mais, comme il arive souvent chez Platon, il mionlre que cette croyance n'est pas satisfuisante et done qu'elle doit exe sandonnée, Pourquoi’? Parce que notre histoire réelle nous montre que cette detinitionn’a pas une valeur universelle, étemelle :& certaines époques, ce roi-gouvemant, assimilé & un dieu, a pu remplir sa vache, mais a d'autres sxjues ila du tenir compte des circonstances matérielles qui I'empéchent exercer un pouvoir absolu et total. Pour montrer d'une maniére didacti- jue cote différence dépoques (qui suppose une différence d’éres a gérer), Platon s’appuie, comme ile dit, sur trois « récits des anciens » (268 ¢8)', pparemment disparates mais ~ c'est son hypothese ~ intimement ligs: la description du regne de Cronos, la naissance de la race humaine & partir de la tere (qui sont deux récits traditionnels trés connus), et le mythe du reaversement du cours des astres, qui produit une inversion dans le cours du temps (histoire apparemment inventée par Platon lui-méme, au moins la forme précise que nous trouvons dans le texte). Les cis récits, dit Platon, appartiennent au méme parhos (269) et & Vorigine ils étaient liés, car les trois répondaient & la méme question. 1 Trail arto stadia i pring che nla prospetivacctiea gull inmeditamente cessvo =,» O. Prmavesp. 273 (ope Slate 2p. 98) 2-Gf nate teal «De Ia ere au couple» ié 31 note2,p.92, ainsi que «Passe hig x peseathstogue chez Hésioe » dans Le Miracle gre Actes du t+ Cellogue is Ponce Anigue. .A Thivel, Nie, 192. . B18, Danslasuite de nowe exposé nos ‘mprnterots des passages Aces deve aa, Rowen pride «fragments de ation » (Plato's Statesman The Web of Politics, Yate. 1995, .435, aa 102 NESTOR-LUIS CORDERO LLasuite du mythe platonicien nous montre qu’en effet, c'est sous le rege de Cronos que la naissance des «hommes» (anthrépoi, il s’agit pour Pinstan des « males ») s'est produite & partir de laterre. Voila d’ores et deja, tune liaison entre deux des récits, Comme il n'y avait que des males, les individus n’étaient pas ligs par des rapporss de paternité: il y a avait des vieillads, des adultes et des enfants, mais ceux-cin'étaient pas des « fils, La tere était & 1a fois mére et pére des hommes-miales, et elle offrait spontanément de la nourriture. Les hommes n’avaient done pas besoin de travailler et les animaux ne se mangeaient pas entre eux. On pourrait dine qu'il s‘agissait d'un univers arrange rationnellement: tout est en ordre et, comme tout est «naturel », la vie coule « automatiquement» (le mot ‘autématon apparatt trois fois dans ce passage : 271 d 1, 271 €5 et 27285). « Voill la vie que l'on menait sous Cronos », dit 'Etranger (272 b). Mais cet état de choses n'a pus duré toujours: autrement, nous serions cencore aujourd'hui a Mage d’or, gouvernés par Cronos. Notre époque est ures différente: les étres humains s’engendrent mutuellement, les ferames cexistent etl faut travailler. Pourquoi? Parce que erythme cosmiqueaichangé. Platon pant de notre présent (nt 272b3),etil voit que notre situation est tellement différente de celle q ‘geritqu’une évolution « naturelle», « automatique »,auraitéxé incapable de expliquer. Une coupure brutale a d0 se produire, aprés laquelle rien ne pouvait plus éie comme avant. C'est pour expliquer cette rupture qu'il invente lemythe ducyclerenversé, Une fois que toutes les ames sont arrivées AT’accomplissement total de leurs générations, et que «le temps de toutes choses s'est terminé » (Whrdnos eteledthe, 27247), le dieu abandonne le monde « etretourne s‘enfermer dans son poste d’ebservation » (272e4). Au débutdu sécit Platon avait deja avancé cette possibilité : « En ce qui concere notre univers,c’estparfois (toré mén) ledieu lu-méme qui préside samarcheet sa révolution » (c’éuait le cas du régne de Cronos), « et parfois (1oté dé) il Pabandonne anéken),lorsquc les périodes de temps qui lui ont été assignées atteignentleur mesure » (269 ¢4-7) [Le mythe aurait puen rester a, avec Ia description d'une étape ultérieure dns laquelle le monde aurait avaneé sans le gouvernement dun die, pour bénéficier aprés, dans une étape ultéricure, encore une fois, d'une nouvelle cconduite divine. Le schéma cyclique aurait 66 respecté. Mais Platon n’est, pas Empédocle, Platon n'admet pas que lunivers puisse « avancer» sans tune conduite divine, Livré & lui-méme, l'univers « rétrograde ». Et, pout expliquer ce phénoméne, Platon invente de toutes piéces le mythe du cycle renversé :« le transport (phordn) de univers lieu parfois (roté men) dans ila 1. tandonné leur cass presque «ices miles sus dea rere sont ass Ades ies, PLATON, EMPEDOCLE ET LORIGINE DE ETRE HUMAIS 103 le sens actuel du cycle, parfois (roté dé) & Minverse » (270 b 7-8). Comme souls te regne de Cronos, et peut-<ére grave & ses conseils tout était soumis 2 pncertain automatisme: ce mouvement rétrograde aussi est autonsatique. Il n'a pas de cause: le cosmos lui-méme ne peut pas mouvoir quoi que ce soit jpasméme lui-méme) ct le diew ne peut pas non plus re &l'origine d'un mouvement différent de celui qu'il a Iui-méme imprimé. Mais, malgré yu, le nouveau mouvement posséde une certaine rationalité: le monde ezactement & Venvers, malgré le désengagement du dieu. P.M. Schuhl a proposé une image devenue célebre:: celle d'une sorte de fuseau suspendu par une tige & un crochet, et qui repose sur un pivot. Une foisque le fuseau est 2 Ia limite de sa rotation, artisan qui le fait couner Frabandorne, et le fuseau toure & lenvers, nécessairement, automati- ment,car latige rend se détordre ‘Comme la sphere céleste cout entire tourne A 'envers, le eps, qui est nesuré par les astres, en fait autant, et de grands bouleversements se pro- \uisent, notamment en ce qui conceme les étres vivants, soumis la ‘emporalité, Dans cette deuxi¢me étape (ou, si l'on préiére, dans cette partie invetsée ce la premitre tape), pour tous les animaux (2d6n), Tage, quel wl fu, ¢ arrétadabord son cours » (27047) et tout ce qui vieillissait se ‘mic 4rajeunir. Chez les hommes, les cheveux blancs se mirent noir, les adultes revinrent & 1'état enfants et rentrérent dans la tere, la tere-mere. Au furet? mesure que ces révolutions s’éloignent de la période antéricure, calle gouvemé par Cronos, I'univers risque de se disloquer, de sombrer dans la mer infinie de la dissemblance » (273 d-e). Si la mythologie ne tompe pas, Cronos est déja mort, mais celui quia pris le pouvoir, son fils, Zeus, sempare du gouvernail,enverse I'ordre rétrograde, et établit ordre sotuel (nity, 269 a5)? Notre monde actuel, en effet, se place dans le renversement d'un ordre enversé, c'est adire, dans une toisieme étape (ou, si Von préfere, dans la premire 2artie d'une nouvelle étape)”. En adoptant cette interprétation, 1PM. Schuhl«Surlemythe dt Poitigue» dans La Fabul s. Vin 968, p80 Ence qu conceme segs pase sous Zeus nite présent atu, ergs to nine» O72 5. L, reson avait suggré que dam le myhe «on se rouveraiten présence de tis poques en nan de deur» (« Inerpréiaton do mythe dy Pogue», dans Reading the Stlesman. eC, Rowe, Sankt Augustin, 1995, p. 391), Dans nore avi cit Ia note? de Pag092, ous appuyonsI exisence eis tapes avec des arguments difrents de ceux ie Brson,e au heud utiliser lecnditonnel «on se touveri.») nous a Eston pas 8 in platonictenne, 2°64. ler Fina: «on touve » Quoi q'l en soit an schéma bate, une vert gue deux capes dans le mye, se Heute méme au sens common. En fet, Paton dt gue nous ‘omnes maintenant dans ne cape get consaquence Ju feavenement an ordre 259). Or, Pordecosmique precedent Eat normal» (ef sli : los NESTOR-LUIS CORDERO nous trouvons notre place parm les auteurs accusés par O"Brien de navoir ‘pas « sisi lacomplexité du monde qui est le néire » !,carnous navons pas ‘yu qu'il y a chez Empédocle «deux mouvements cosmiques contraires, deux zoogonies contraires: voila Ia leotre traditionnelle du mythe dy Politique. Cette lecture est la seule qui ...] semble conforme aux détails dy texte »?, Nous croyons que, dans ce cas, es les des interprétes se sont eux, aussi renversés,car ceux qui ont « sais la complexité du monde qui est le notre » savent que « maintenant » les hommes naissent d'un couple, ce qui ‘suppose, si I'on veut, une troisitme zoogonie. Aprés les deux premires, qui ne concernaient que les gegeneis (qui vieillissaient comme nous, en allant vers le futur, mais dans une zoogonie dans laquelle il n'y avait pas de femmes, alors que dans ta période cosmique contrare «ils naissent de la terre pour tedevenir, au fil des années, des adultes, des adolescents, des enfants »), ledieu a repris nowveau (palin) le gouvernil, apres a période «abandon dans laquelle le monde a tourné a T'envers. Avec cette reprise en ‘main de la partde la divinité, une troisi¢me éape commence, et dorénavant les vivants ne naltront plus de la terre, « Cee lecture est Ia seule qui [..] semble conforme aux détails du texte». pour reprendre expression O'Brien", |Foucs) aujourdh, apts le renversementfectud pale dieu i dat se coucher a Test Dice amet. Em eevanche, si Fondrecosmie present tat dja rovers, le renversement e oe ode renveré fait qu'aujound hui soe couche & Foust, ce gh forpls fail A acceper. Mais ordre precedent Gait da renversé, et parce que Forde ui avait precede avait le mfr rythne que nore univers actu. ce ques continne artoutes les sources qu aime qu" igedo les hommes (miles) naisaient de la ere, Inaispetts,. Eros sipposon u's mouraiet aul car, ares leu sparta les «Eariens dex morels» (Hesiod, Erga. 123) On imagine mal ds pardiens bébé, Nous avons renconté chez CJ-Rowe une imerpréation semblble & Is nde (Piao, Sateyman, ind, tad. et conn, Wattister, 1995p. 186-197), Te L'Empéiocte = 9 39h 2 Arce, p.390, 3. 0°Bren id 4. Une conséquence secondaire découle de admission de seulement deux pélodes dons note mythe ron sopprme eregne de Cronos En eft, Plson sit bord qu’ avant > (éonprosther, 692), on naisait later et quand crite egne de Cronos (272 b Dit me que les «humains» surgissaient dela tere (ek ges, 2721) et qui n'y avait roe n femmes ni enans. Rien ne dit q's cee Epoque Tes bores aaissient dit views. C'est lorsque ce temps fu evalu e que Cronos eta, que le cous de Vives Sinversa e.g les cheveu blanes des hommes se mitent 3 noice. Or, selon le schema adopts par O'Brien, «aux mouvements oppsts des corps célestes correspondent deu ‘sosmogonies opposes la nts et cele des res ivan nansent del terre por Basset delaviilesse 2 enfance» (« 'Empédocie.» 391). Se est alas on ne tem AS ‘comple dela premigre tape, lorsqe les gegener sont des Ses hereax surveil PF Cronos. quiespreisement e mode de youveran: que Paton veut sbandonner On reviest tins dew apes, mais oma sppime a prem PLATON, EMPEDOCLE ET LORIGINE DE L'ETRE HUMAIN 10s Encequi conceme notre sujet, une nouveauté tes importante caractérise tte roisiéme étape = comme la terre n’engendre plus, «I'enfantement et la horsiture suivent maintenant nécessairement (Katanagkés, 274.) [revénement (pathos) propre & toutes choses ». Lueréce ole une tes belle dela nouvelle situation : « tlle une femme épuisée par 1a longueur 1, a f6condité de la terre eut son terme » (finer) (V, $25). I a fallu enter la femme (la fabrication de Pandora pourrait se placer ce moment: arelle naquit sous leregne de Zeus), ete couple remplaga laterre. ‘On toujours trouvé des resemblances entre le mythe platonicien et la cosmologie d’Empédoele. II y a quelques années D.O'Brien avait déja itirmé que « the reverse repeated worlds of the Politicus are certainly Enpedoclean », et plus rcemment il a consacré trois pages & ce rapport clans un article qui s‘occupe d’Empédocle et de Platon’. Entre ces deux travaux d'O"Brien, C. Viano revenait sur le lien entre les deux récits par le biais de intemprétation d’ Aristote*. En ce qui nous concerne, nous eroyons {gue le rapport entre Empédocle et le mythe du Politique, s'il existe, reste & lémontrer, et, priori, nous croyons qu'il sera tres difficile & établir. Disors d'abord que les auteurs (notamment O'Brien) qui croient qu'il existe uncapport entre les deux philosophes, au lieu de trowver ce rapport, le nxoduisent de toutes pitces ils expliquent la double zoogonie d’Empédocle en fonction du mythe da Politique, et interprétent le mythe du Politique en fonction du cycle d’EmpSdocle’. Or, les deux schémas son absolument liférens,etc’estlerdle qu’ oecupe ’origine des vivants quienestlspreuve. Commengons par Empédocle. Le point de départ des vivants est la terre, etlanaissance des vivants ex 2s ne peut se produire qu’aprés Iécls rement de la sphire, dans la premiére étape de la discorde croissante* D'abord oulophueis, ensuite «humains», ces vivants finissent par se lissocier, et c'est cela « a mort» pour Empédocle (cf. fr. 8). Mais ils ne Tetoumert pas au sein matemel de la terre, et c'est pour cette raison que W.K.C, Guthrie trouve dans ce schéma un « evolutionary process »?. Sil {Dans cate ape, les dieu fret des cadeaun » (ddr, 27806) a0x hommes F Mésymedagie de « Pandora mpedoces” Conic Cle. Trempédocle..».p 390-2, |." Arstote De coel. 110: Empédoce, 'aerance ete mathe da Pollique», Revue es Etudes Greeques 107 2), 1994p 400413. 5S Pou O'Brien, «de tls événements empéte, aealmie, dégradation..) © pro user pourant.intreur Pune seule et mime prio cosmigue, comprenant une seule «tméme zogonie, pour PEtanger Ele comme pour Empédocle » (« L'Empéocle.. », 392), «Ce monde ~elui qu ous babtons~estpréeéde et sera sui, pour Exranger sme pour Empéele, pr.» (oP) 5. Gf O'Brien, Empedactes Cosmic Cycle, . 208 7.WW.KC. Gute nthe Beginning London, Methuen, 1957, . 48. 106 NESTOR-LUIS CORDERO yavaitun retour versa tere faudraitimaginer, un moment donné, ne ‘eraine «involution ». $l y a une nouvelle oogonie dans T'éape de amour croissant, le nouveau point de départ n'est pas la tere-mére c'est laréunion des membres disperses, Et si une fos ces membres unis. ils se dispersent 3 nouveau (il serait difficile de montrer, en revanche, que les ‘oulophueis retrouvent leur unit), la destinée finale de ce qui reste des vivantsn'est pas, encore une fois laterre-miére, Ily aévidemment un cyele, vee une ou plusieurs zoogonies, mais i n'y a pas un retour au point de depart, tout simplement parce que le cycle d'Empédocle est un cycle qui n'est pas consitué par deux périodes qui se suecedent de tlle sorte qu'une fois qu'on est avé & la moitié, on se mettrait & marcher & rebours Si le cycle est constitué par quatre éapes,celles-ci se suecédent étemnel- lement: !-2-3~4~1~-2~3-4,ete. Le schéma empédocléen n'est pas 1-2- 3-2-1, parce que, dans ce cas, ily aurat deux «2 », dont l'un serait inverse de aute Chez Platon,enrevanche,iln'yapas.en toute rigueur, un cycle. Hy a une tape qui est suv de lamiéme ape, maisinversée. ly aen revanche, une éternelle repetition de ce schema: tant6t Munivers toume a Mendroit, tant il toume a Fenvers, et ceci est possible parce que tant6t il est ouveré par un dicu,tanttil est abandonné a ui-méme. Mais c'est encore ici 'origine de l'étre humain qui nous montre qu'il n'ya pas une répéttion des mémes événements, comme c'est le cas chez Empédocle. Le schéma.esttoujours le méme (direction normale: conduite un dieu: ensuite, direction inversée: rérogradation automatique), mais ce qui se passe & chaque Stape ne se répete pas. On pourrait parler, & la rigueur, d'un sehéma «en essor », Lge dot éaitcaratérisé par certains événements; il y avait un certain « profil; et T'éape rétrograde repro- duisaita Penversce « profil» Les hommes naissaient toujours de ha terre, ris ils naisaient vieux; et a la tere ils retourmaient & T'éat de bébé. Lige de Zeus, le nbtre lui aussi un « profil». Il faut labourer la terre, se reproduire sexuellement, ec, Le our viendra oi notre univers marchera lu aussiaenvers, mais est ifficile d'imaginer quel serale sort des vivants, carils auront di mal 3 retourner & Futérus maternel... On vera... Quoi qu'ilarrve, unretoura la terre-mére est exclu, car notre tape s‘appuie sur unévénement iréversible: la naissance& partir d'un couple. C'est 'erigine de etre humain qui joue le ble de trouble-fete, comme chez Empédocle Bt nous revenons & notre point de départ Il est évident que Platon connate ous pomesd'Empédocle, mais celane suppose pas qu'il y ait une influence de''un sur autre et moins encore que le mythe du Politique soit un récit inspiration empédocléenne. Platon a sans doute 6eouté les «muses sciliennes » (Soph, 242 e) mais ne lesa pas suvies. LE LIVRE D'ANAXAGORE LU PAR PLATON Lucio PEPE: Le témoignage de Platon sur la pensée et sur I"importance du person= nage d’Anaxagore est bien connu et fondamental, d'abord parce qu'il nous "apporte des données presque directes parl'intermédiaire de Socrate, ensuite parce cu’il nous renseigne sur deux moments eruciaux de la vie de Platon. le proces de Socrate (Apologie) et lattirmation du finalisme (Phédan, ‘Comme nous le verrons, ces passages peuvent nous fournir des inform. tions supplémentaires pour reconstrure la pensée d’Anaxagore, et, selon nous, une analyse plus globate du texte platonicien révéle des éléments de discussion qui n'ont pas été pris en considération jusqu’a présent Nous ne répérerons pas ici toutes les raisons qui conduisent & la conelusion que Platon, non seulement connaissait fort bien le discours 4 Anaxagore, mais considérait en outre celui-ci comme le plus célebre et le plus stimulant des penseurs du milieu athénien, De Platon nous pouvons. ‘outd’abord tier des indications utiles pour situer dans le temps le fogos ‘anaxagoréen, tout au moins 21 époque du proces de Socrate : es positions “, Socrateaffieme s'tue procure les lives d'Anaxagore Daw re fins). Les renseignements tir de Pltonserbleraiet indiquee existence de plsieutseuvees mail estsans dour peuutle desanrdersurcete question: ce dont rows digoxonssctuclement Se eésume aux rareset obscurs rapes de Simplics 1. Sur leproces fata Anaxagore, oir, Montuori «Sul proceso d'Anassagors m, DE homing, 1967, p- 103-138, et les deve vases Gudes consactées 2 chronologic Anaxagore ct aux cieonstances de son procts par Mansel. © The chronology of AAnaxagors’ Athenian period and te dat of hist». Memasyne 32,1979, p. 33,1980, p.17-98;9f encoreL. Woodbury, « Anatagoras and Athens». Phoene 36,1981. 295.315, Viano remargue A bon doit que: = Rinfaceiare agli tenis la popoant di ‘Anaseagora poteva sere una mots indevinta nella srategia della dfesa posune Srcrae (CR, Vino, « Lx soriogrifia pltonica ta conftavione © interpretszione» dans Stoviografia edosiografia nella lof antic, acura oi G, Cambiano, Torino, 1986 7.85.99, soirp. 8), LE LIVRE D'AXAXAGORE LU PAR PLATON 109 prSalable, npotOv xai avaryrywiorcov),ctil se référe A un texte qui présente {les points communs avec les quelques fragments que nous lisons ‘uujobrd?’hui & travers Simplicius". I! insiste sur Te fait qu’ Amaxag recount pas au vodg pour expliquer la formation du monde mais qu'il indigue, comme on I’a vu, d'autres causes. Cela semble singulier, puisque chez Simplicius (B 12,1, 12-13 DK) on it au contraire que c’est Intellect ui instaure ordre (navea 6x:2ba}na voc). Platon aurait-iltrahi le texte tunaxagoréen? A notre avis, non. Mais sa lecture suit un chemin different. ‘Du moment qu’Anaxagore considére le vorig comme une simple force, il estassimilé ices causes de nature matérielle qui laissent Paton insatisfait. En effet, plus loin, nous rencontrons Madjectif qui a déj& attité note attention: il est déroutant (ronoy} de définir de telles choses comme des es, Socrate oppose ‘causes (ani ty re tomar xasiv). Dans ces passa les causes que nous pouvons en général définir comme mécanique’ ‘cause qui s‘identifie aver la fin, de sorte qu'il apparait clairement que FFinsaffisance des premigres est une vue critique de Platon, cohérente avec ensemble de son discours. et non plus une opinion générale, une interprétation courante, comme c’était le cas de la déclaration Iue dans lApologie. Un passage des Lois (966d sg.)* peut apporter un éclaircissement Platon y remargue qu'il y eut d'autres penseurs qui ostrent affiemer (éroigwv...napaxwvbuveder) que lintellect avait ordonné toutes les choses du ciel Rayovres Ge vod Fin 4 BiexexoaprHixg mdve" dou xa oipavsv) , Laissons un instant de c6té Ia critique platonicienne qui suit; il est important en revanche de souligner qu’ici, au contraie du passage duu Phédon (oi était nie explicitement la fonction de intellect), est employée tune expression qui reproduit Fitéralement 1a phrase qu'on trouve chez ‘Simplicius B 12, et rapportse ci-dessus. On peut done en déduire que laton possédait le texte d’ Anaxagore, ce qui n'a rien d’invraisemblable. Socrate l'époque du procs avait déclaré avoir et dit qu'il ait la porée ons oar Eads a cite, Lr mora, et 3 1. Sure texte de Simplicius, nos rem Sider. Fragments cit ad oc Le passage des Lois et sigalé comme « anaxagorgen» par A. Diés, Autour de Proton, Pats, 1972 cope. p S31: est donne par Langa. Anornagora, Testinonance e nmr Prenze, 1966, 0.887. D.Babut,« Anaxagore juge par Soctate et Paton fevur des études grecques V, 91, 1978, p46, ove des arguments effiices pour ier lathese que Pon fe & Ananagoe. En prculie il souligne Ta double ciation Sa wore (9664 et 965 5-6) te dans les memes termes gu'en B12 et récurreme en ares sources (pT), sins que allusion a pos ceibres théries astronomiques ‘PAnmagorelesletetla une fatsde per, comme ites dit dans 'Apotose), par ales fu aecsaton dase procs ui la ft intent 2 Lasutedece ext de Paton eraanalyse lus on ho Lecto vere de tout un chacun.I1 n'y arien d’hasardeux d soutenir que le jeune Platon se [était procuré. Mais ce n’est pas tout Un passage du Cramvle (413 ¢) corobore cette hypothese. Socrate y écrit les caractéristiques du von d’Anaxagore (yet ‘Avagaydpac): il est abroxpdropa, il est soi-méme (abrov évr9). il ne se méle & rien d'autre (rai ob8evi ueeryuévou) et il ordonne toutes choses (nave... maa va nodiyyara) en allant travers toutes (61a navroy lévea). Si nous lisons le texte de Simplicius, nous en retirons la conviction que Platon était en train de lire exactement le texte que nous possédons :le vai est abroxparéc, il nese méle arien (péevcra: obdevi xpiptacc) mals il n'y a que Tui 2 éire en soi-méme (G24 povoc éx’ tovrod éonw), et il ordonne toutes choses (niivra 8vexdqu99e vo8c) (12). Laconclusion qui peut en éiretrée selon nous est que, tout en ne sachant pas avec certitude de quelle source ‘Simplicius a tiré son texte, celui-ci est vraisemblablement Je méme que celui qu’ avait Platon (puis Aristote) sous les yeux‘ Continuons avec le Phédon et les Lois. Dans le Phédon?, Socrate, rappelant ses expériences de jeunesse, semble distinguer deux phases dans son évolution : avant et aprés la connaissance d’Anaxagore, Au début, Socrate se décrit lui-méme comme un jeune disciple des Physiologues, centendus en général’, Mais, avant de rappeler les doutes provoqués par des explications naturalistes décevantes, voici que Socrate s'attarde sur une allusion & un theme qui appartient & Anaxagore; le comps saccroit par l'ajout de corps semblables, lachaira lachair,I'0s & I's, et ainsi de suite*, Cotte allusion |.Cette conviction, on le wi, s'oppose seuement & celle de DE. Gershenson- DAA. Greenberg. Anatagorasand he Birthof Pcs New Yook, 1963, selon qui le texte de ‘Simplisvs doce mis radicslement en question. Le passage est comsidére comme une paraphrase par Sider, Fragment, cit, p97. Ansote (Phve. 256625 = AS6) prend de trandes liters expression, maisenréetentégolement les caacvisiques de Mntllest Imentionnées pr Pstonetretrouveeschez Simplicius Inlet ae subi pas Vinuence des ‘ose, nese melange pas, iste pincipe da mouvement des hoses tne porta i Sais mclnge 2. Phéd, 95 es. = A. Pourune analyse du émoignae, ef Lanza, Anategora it -80g duns DK le passageestdonnt paride 97 3 Phd 96.54, 4.964, Or peut rerouver ce thome presque la etre en lsat B10. La valde de "atribtion dee chtme tAnatagore refit un appuide pois de apt Ariat de gem an, 723410), qui sera eté Bent le passage apsotlicen mest fas donné dans DK. De méme le passage d Adu (donné en A 46) nous confi que I atbution da fraginen «correct: Coneluons qu sur ce point Soeraeénoncedsjuune poston anaregoréenne, nas sans souls sles a prendre comme eile. Soulignons sus aceite acasion ge Pan fexprime les pares semblables ajovtées aux semblables par le terme ointee, tandis |’ Aristo utilise &ce sujet ta frmalation originale ssp Lllteananagoréene 42 Fevermpe adopt par Socrate est notée par Babel dans Anaragore, city Sty 62 meme Yr LE LIVRE DANAXAGORE LU PAR PLATON mn ‘semble se référer presque lttéralement ce que nous lisons dans le Titigieux fragrient 10, qui suseite tant de controverses dans. interprétation 'Amxagore!. La confirmation que c’est bien une référence a la pensée 'Amaagore nous est donnée par la citation explicite d’Aristote qui cemploie les mémes termes: « Anaxagore affirme justement que par la nourriture la chaies‘ajoute & la chair, les os aux os ». La concordance est singuliéze car Platon semble atribuer & Socrate des opinions successives. ‘van; que celui-ci n’en artive & Ja période que nous pouvons appeler aanaxagoréenne. Or c'est lorsqu’il parle de cette phase antérieure qu'il {Gvoque un theme physique caractéristique du Clazoménien?. Ine s'agit pas dle discuter si Platon a eu ou non T'intention de faire une histoire de la philesophie, mais de souligner que ce discours, qui & "6poque de Socrate ait encore un des plus célebres et des plus connus, laissait cependant Platen insatisfait sur le point qui lui importat le plus : 'admission d'une rationalité ayant une direction, d’un intellect (selon Anaxagore) guidant le ‘monde vers une finalité*, alors que les physiologues V'interprétaient au ccontraire de facon mécaniste*, done incompréhensible, En effet, bien qu’ Lanes Anatcagra, cad ae ot R. Hackfonth (Plato's Phaedo, Cambrie, 1988) dans som cemented pasiage I. Commentautement absence de chevew pouratelle donner ev a cheveu, et Fabeeee de csr Inch? ». On eouvera une discussion sur le ens de ee Fragment dans Pepe Laimisuracip 129-130 2.Bien ented cee affirmation ne sghie pas que Plan ait Gerit une histoire des sdownesd Anasagoe. Mis plat, comme dt Lanes,» Non tate quid we score ston tela flow gree, ra della separ rapa lostracione dwn ambiente anise di Ciuk€ rcerche perimentat nanratmente non solo di piace anastagorea » (varnagoraeitp 83} sutide ater que la doctine &Anaxagore taitbenconnve ans ‘emis. Pournorerisonnementil ex sles san importance de save stelle recor ‘trust det Soestzou Paton bmn, Aisi pense D Ross, Plato's Theory of leas (Oxford. Clarendon Press 1951 p.29;Lanea Anotagora.ct 8, ierpeelalecture des lresd Anavagore commie Vindice «che dovree inirszare posto a Plate che a Snore i quate Anassagoracvrrbbe pout. dian pote. uo directamente +. Ont ite linedscusion exhaustive d problems din Bab. Anosagare.p 5052 3.Ceerme ic nes ps incor puisque est laton lm i exprime sins ans lepasiage cite “On reprend one observation clebe fie pa Arisote, metaph, 9852 18 = AST. Lana Anastugora. cit, p. 8 retien que lescitgaesd Arse etde Plo se meuvent sur esplaedittrents« Pobscione mesa da Plone ad Avassagoranonedaere adoperato Ioig come yar, ano di non avere sufiientemente approfondio Messen dela ‘sani, che nm conte bn chesramentaimente muove leeas®»Jepense a contaite ‘ue Paton dans le Phédon oppose a cause mécanique & In cause entendve comme fn onsciemmentvouue, Soerate en effet reconmt que ds eonditions coporelles (muscle, fo lerdons} sont ndcssates pour expliquer I raison de som imumobilié en prison, mas ‘wvelesaexpliguent pos pourquoi set restr & Ahénes. La pemibre des causes sera ‘sigrée par Ars (piys, 2004 15g) comme la nécessié nem & fa matiée et nz Lecio weve conn le texte d*Anaxagore, nous avons vu que Platon iit uy figure tne fonetion causal et ordonnatrce de vo0e(t0 v0 obbiv ypouevov oie : woxcouely ra npdyara) et dsc qu’ Anaxagoreatribusit au contare cee Fonction ides corps mtériels comme ea, 'aret ther. Cela nous permet de recveillr une autre donnée :cete polémique plato nicienne indique bien qua Iepoque du Phedon, les théses d'Anaxagore jouissaient encore dune importance tell qu’ elles consituaient a base de discussions théoriques fondamentals. Le passage des Lois annoncé ci-dessus révele en revanche un changement signitictif de perspective. Devx choses conduisent a erire aux divinités (966<-e. L'ue delle est la considération du mouvement ondonné des astes(nepi xiv gopas, Oc fe: rageuc, Garpur) et de tus les autres corps commandés par Pinellect (pepe) quiatout ordonné (ode face 7 nv Baxexorunic). utile d'nsister une nouvelle fos sur la ressemblance ou la concordance entre les termes platonciens et ceux de aqui est ts Evident, It est paradoxal que ce méme Intellect. si ant dans le Phédon, pisse devenieiciune voie verse divin. Pourtant ils‘agit bien du méme argament Leschoses qui giient estimées merveilleuses(avj.ora) ont fait Fobjet 4 un examen rigoureux (rc dx Geo fncovro) dela part Ge ceux qui ont compris que des corps nanimés (yay n'auaient jamais pu atendre tant deprécsion de mouvement (Sxpeion), precision qu’attestent des caleuls ui provoquent notre stpeur(Baxjosroic Aoyiouoic). On remarque que cette foist"étonnement ne déive pas de ignorance supétie, mais du fait «que des calcus puissent corespondee aux mouvements des astes sans 4” intellect les contre (woo uh eexergsiva), Si bien que certains osent alfronterce risque (nous sommes a passage évoque ci-dessus) et affirment (aéyovrec) qu'un intellect a organise les choses du ciel (a vo0e ln 6 harexoopnvg nv" oa war" oBeavse). ei il nous semble dificil de contester la référence & Anaxagore: nous sommes avee lui en face dun savant qui sit exécwter des calculsextrémement précis. qui formule des doctrines dangereuses pour le sens commun, et gui évogue un ineleet odonnant le mouvement des astres. On pourrait de qu'il agit dun portrait auguel nemangue que alézende rwag altiag Enantouevoy sig 10 inervenant dan le processus finalise elle ext aus appelée&€ Groéseus soit de nate ‘mécanique. Comme on vera dans Los et dans le Pile, Verreur o°Ananagore est pet comire de ne pas avoir cou 'tllect comme ue facuhé de ime. Bab. Aneuagore, ei 1-57, comment: « Sorat oppose en ait impliment a physique mécanste et "mate Fils” des foniens, een patealer Anaxepore. e ‘un ype nouvens», Poot laa agcepion » de Sorat gard Ansxagors Vino, La toring cit p.90, LE LIVRE D'ANARAGORE LU PAR PLATON 13 Lisons alors un passage du Philebe qui rév@le des correspondances signiticatives, Protarque (28 e) et Socrates'accordent sur le fait qu’affirmer «que Intellect ordonne toutes les choses (vob névvra Buoneoopetv) est di ‘aft de la vision de ordre et du mouvement de tous les astres. Socrate 292) observe Ace sujet que ces theses sont reprises des prédécesseurs (roic anpoatey Syooyovuevey), et que non seulement il faut affirmer sans risque ce qu'ont dit les autres (r6AAerpa dvew »vBivou AEyEIY), mais {quill faut également affronter avec eux le risque et partager le blame (oupavbvvevuuey xai ueréyurer rod Géyou) au cas oll quelqu’un atfirmerait qu'il n’en est pas ainsi et que tout est dd au hasard, eu aprés (30d), Socrate est encore plus explicite: ne erois pas que nous ayons prononcé futilement ce discours', car au contrare il s"allie joouuyoc) avec ceux qui par le passé ont rEvélé que depuis toujours intellect ditige le tout (roig wiv nda: érogrvapivouc ¢ dei rod navroc voite tipyer) ‘Ainsi, il ne suffit pas que, comme il est dit dans les Lois, P'idée d'un intellect ordonnateurouvre une voie vers le divin, mais il faut en affronter pleinement les conséquences & l"exemple de ceux qui les premiers ont soutenu cette idée, allant contre "opinion plus courante: enfin, cet ancien discours doit éue pris comme un allié. Lues a la suite du Phédon, ces affirmations frappent sans aucun doute par la radicale différence de registre?, Le discours d’ Anaxagore n'y est pas seulement envisagé comme un Ceurnant dans a construction scientifique de I'astronomie, mais, s'il est \raisemblable de supposeravec Platon que Socrate lui-méme ait adopt doctrines du Clazoménien, cela apporterait un élément supplémentaire dans lareconstruction de-ce qui, aux yeux des Athéniens, constitua Phérésie de Socrate. Cette derniére ~on I'a vu dans !'Apologie ~ pouvait d'une certaine fagon xe confondue avec celle d'Anaxagore, e« done éue motif incrimination dans un procs. Procés auguel Anaxagore échappa par Frexil (et la protection de Péricles), mais dont issue fut diftérente pour Socrate qui, curieuse coincidence, refusa ’exil qui lui fut offer. Ladivergence éclatante que nous avons relevée pourrait éue due au fait qu’al'époque du Phildbe et des Lois, Platon ressentait beaucoup moins Vrexigence de distinguer la figure de Socrate du milieu culturel de som temps; il pouvait done enfin reconnaitre sa dette envers la pensée «’Anaxagore. L’allusion (présente dans le Phil@be comme dans les Lois) au les |. Nows ne pouvons examiner ii letexte enters Phebe dre que peu avant Soseeaindiqae ne cass (acing ordone Gnopoia} es années, les susons els mas, cet gue'on dit jastement appeler oop x: we. 2 Dis, Autour, cit. p53, retient a contre que, do Phédon aux Los tinue de Paton ce sujet teste immuable.Detouteévidence, ous be sommes pas accor 1s veto Per danger couru (et qu'il est nécessaired’affronter) par qui formule Vhypothése 'un intellect ordonnateur fournit un autre motif de réflexion. Cette hhypothse, comme nous allons le voir, exposait & accusation dathéisme et au bldime public ~ incamé par la dérision des comiques. Ici aussi la différence avec le Phédon est indéniable. Dans ce contexte, le scandale ne réside plus dans Iatfirmation que les astres sont faits de terre et de pierre, mais dans celle que Vordre du ciel est rationnellement construit, ce qui <évidemment exclut activité divine et route intervention ayant une nature différant de Fobjectivité d'un ordre nécessaire et rationnel. Mais ce point entre pas dans notre exposé. ‘Voyons en revanche quels sont les raisons du désaccord qui émergent, travers une argumentation «es similaire, dans le Philebe comme dans les Lois. Les tenants eux-mémes d'un intellect ordonnateur (967 65) & leur tour se trompaient (réitv dqunpravovrec) au sujet de la nature de Fame (aig ‘bovuc) en soutenant qu'elle Gait plus jeune que les corps, alors qu'elle est plus ancienne (rpeaBitepov ein ouydtuv). En effet, tout ce qui se meut ans le ciel leur parut (wiroic égdun) étre fait de pierre, de terre et de ‘quantité d’auues corps inanimeés (4joyov cupdtuv) qui se partageaient (Guaveydvrov) les causes de tout Punivers. A Mépoque (nore), cela ‘entraina accusation d’athgisme (@8eormrac) et beaucoup dhostilité, at Ppointdinciter quelques poetes a décrire les philosophes comme des chiens qui aboient sans raison et disent des choses privées de sens (@20 te ac Sévént’ eimeiv)?, On voit que le nerf de I'accusation est 'absence de recon naissance d'une ame cosmique qui dirige tout par sa volonié et ordonne tout par son intellect. Si on ne mentionne qu'un ordre intelligible, Jes astres du ciel se téduisent& des corps sans Ame, exactement comme le Corps ‘humain privéd’éme n'est qu’un amas de matériaux divers. Il est peu-8ite superflu de rappeler que dans le Phédor accusation a pratiquement comme point de départ le fait d'avoir posé en principe des causes mécaniques. Toutefois, aux yeux de Platon, cela ne justfiait ni la persécution ni es sarcasmes outrés qui furentle fot de ces philosophes, au contraire, dans ce passage et dans un autre de la Republique, ilsaréte a défendre Anaxagore?, |. Selon Babu. Anaxagore ct, p. 70, ce passe semble Evaquet es citsonstances et Vorigine du proces cone Anaragore 2. Poor 'inerprétation du passage voir M, Schofield, « Who wereot dvyepte in Pit Phils 44a», Museum Helretice, 1971,9.2:11,Seion Cambiano ce passage des Lit se rebrea Ananagore: «era pit responsi del accuse di ateismo moa dt poet la {flsofa (G.Cambiano.» Teniche dossogeatiche in Platone». in Storografa ct. p 81- ‘4. yoirp 69) 5. Dans a Républige, 607 -, on rencontre des expressions ts smite conte es ‘ojures despots; Plt ysoulige en oue gui net pas jose (Sov) que des pubes LE LIVRE D'ANAXAGORELU PAR PLATON us Le Philébe nous aide mieux ® comprendre ce que nous avons exposé jusqu’ici Si le monde, tout comme le corps des &tes vivants, est fat elements corpores, et si notre comps posstde une Ame (30a), dod ce probléme théorique sur lequel s'achame Socrate n'est pas une ‘question facile pour tes enfants (14), et d'ailleurs il prendra un grand poids quand it reviendra dans le dialogue, Le renvoi au passage jusque Ia analysé estexplicite (23 c): i a &é dit auparavant que le « dieu a névélé la jrésence du fini et de linfini dans les choses qui sont ». Socrate expose fensuite son argument: « j'essaicrai d'expliquer comment d'une certaine imaniere ['infini est multiple (nod) ». I s'agit d'examiner s'il est possible de penser qu'ilexiste une limite (neépac) au plus chau et au plus Jrwidet si, en général, la progression du plus au moins empéche I'aboutis- ‘sement un terme (xého). Si, eneffet, continue Socrate, ily avait un terme Iyevquéyne yup reReuric), le plus et le moins finiraient (vexerevrivearov), Remarquons ici le jeu de mots entre mépac et rédoc_difficilement traduisible : infin (ce qui n°a pas de limite-népac) cesserait de Ure s'il recevait un terme (se%0¢); en effet TéRo¢ implique Ia fin ow la mort (rereteurfvarov) de Vinfini. Le plus chaud et le plus froid ne sont «ailleurs que des exemples d'un genre auquel appartiennent toujours le pluset le moins: et les exemples qui pourraientétre apportés sont beaucoup plus nombreux (fortement, doucement, chaud et froid, sec et humide, ainsi de suite, 25 ¢). Or, sien chaque chose on rencontre le plus et le moins, on perdmla notion de quantité déterminée (to 6& nosov apaviterov) puisque Je plus chaud et le plus froid nes’ arrétent jamais et sont done illimités; seul Je vo mooov ne bouge pas (éorn). La nécessité d'introduire la quantité déterminge (xo noasy) est évidente: Ie plus et le moins étant toujours reais, leurs fromtigres ne sont jamais arrétées ct toute définition univoque enestexclue, Comme il aété dit ci-dessus, ce discours conduit & T'impos- sibilié de définir n'importe quelle chose en soi. Platon démontre que Ia notion d'illimité améne des conclusions paradoxales: selon ce raison- ‘nement, ce qui est plus chauel serait la fois Iui-méme et son contraire. En effet,ce qui est plus chaud I'est par rapport un moins chaud, et bien sir vice versa : dane.ce qui est plus chaud est toujours moins chaud par rapport ‘aun encore plus chaud, et par conséquent il est aussi son propre conteaire, Ise trouve en effet que la méme chose est & la fois grande et petite, puisgu'elle est petite & l'égard de telle chose mais que celle-ci est ‘grande relativement & une autre. Par conséquent i} arrive que la rmiéme chose est la fois grande et petite, de sorte qu'elle réunit en soi les conteares. (Categories, 5b 35) 126 Lecio Pere Ce discours pris isolément ne serait pas acceptable dans une optique platonicienne; au genre de I'illimité s'associe done le limité, avee tout ce quien découle dans le reste du Philébe. Mais ce qui nous intéresse ici est le discoursd’ Anaxagore. Disons tout de suite que sur ce point le raisonnement de Platon nous semble anaxagoréen, en premier liew parce qu'il reproduit presque ® la lettre les fragments de Simplicius, comme on 'a vu plus haut. En outre, le discours sur lillimité n'y est pas présenté (comme il I'éait auparavant) «dans une perspective polémique, comme devant étreréfuté puis abandonné, maisil est développé par Socrate comme un moment essentiel de la discus. sion sur le plasie. Par conséquent, il peut éte attribué a Anaxagore car it «bat a fond d'une question deja présente dans ta doctrine d’ Anaxagore, et ‘quien est une des plus importantes. Citons B 3: «ni en fait n'y ail un ‘minimum du petit, mais coujours un plus petit ....] comme aussi du grand il y a toujours un plus grand ». L’exemple pris au début par Socrate pour évoquer Iillimité était le plus et le moins chaad (24a), et plus généra- Jement, le plus et le mois qui sont toujours présents dans un genre Une seconde remarque peut nous aider & comparer les termes: le grand est équivalentau petit par moc. En soi chaque chose est ata fois grande et petite (B 3). Ici, la conclusion parait paradoxale, et c'est exactement ce que releve Socrate quand il discute de T'illimité. La signification, chez ‘Anaxagore comme chez Platon, est trés clare, c'est--dire que si les notions sont «plus grand, plus chaud » ete., une définition univoque sera impos sible : chaque chose sera grande (ou chaude) par rapport une plus petite (ou plus froide), et sera petite (ou froide) par rapport ne plus grande (ou plus chaude). Une chose grande peut simultanément étre dite petite, cest-idire etre son contraire: sur ce point, de toute évidence, il ne faut pas rejeter 2 discours qui (en 13d sq.) avait éé défini comme un jeu enfants! De ce point de vue, on voit clairement aussi pourquoi, seion Anaxagore, rien ne trouve une définition en soi, et rien ne peut subsister séparément Ccoptobivr B 6): « On ne trouve pas séparées les choses dans cet unique ordre universel, et aucun coup de hache ne vient trancher le chaud du froid ou le froid du chaud» (B 8). Citons&l'appui le commentaire suivant «Tra gli schemi duali presenti in Anassagora compare anche lo ‘schema del grande-piccolo. Tra lo schema platonico del grande-piccolo e |. Coseaca, Incommensurabile, cit, 7. 302-303, noe sombien sie altamente ‘rosie chelates. mpiitamentsoteruta ne Fle, che i ot di grande non ron nal vert. aintesapiaprecisamente el senso che essend le du serie dlp e det ‘meno tal che Vadocone di nessun membre delle due serie pub dar ogo dw valor di vert. nessun membro della serie del pie del mena eperfetiamenteconforme avert» v LUE LIVRE D"ANANAGORELU PARPLATON 127 anassagoreo del grande-piccolo intercorrono analogie lo achema siretissime! », Sur P’évidence de ves analogies (vérifiables en outre, on T’a dit, chez Arisiote) nous fondons notre conviction que le discours du Philébe peut serviraux fins d'une meilleure comprehension de la partie mathématique- Lislectique de la doctrine d’ Anaxagore Précisons les quelques autres points confirmés par le Philebe, Dans le domaine du grand et du petit (B3) il n'y a pas de limite (népac chez. Platon), il n'y ani maximum, ni minimum. Le discours ne conceme pas seulement le grand et le petit, mais tout ce qui se décline en plus ou moins, soit out ce qui est comparatif (lu en B 8: cf. B 4b): ine se réduit pas & un fou deux exemples. Lanza souligne justement? qu'il est plausible que le Fragment at contenu d'autres exemples de couples, et qu’en outre ily était dit ~ se basant sur B 6 ~ que la progression infinie des rapporss conceme tous les aspects de Ia réalité: «et il n’est pas possible que les choses existent séparément mais toutes partcipent & toutes », oUt se retrouve le motif de Pimpossibilité de la séparation (xopic), et done I'impossibiité qu'une chose puisse existeren soi, De méme une simple lecture du passage de 25¢ soutient cette interprétation: au chaud-froid on peut ajouter sec- humide, grand-petit, lent-rapide, et tout ce qui se décline selon le plus- LL osenza. Iconmenturabile cit. p-ATS, Laueur remargue jusement que les stati di un'unica teri, tole che la somma delle due sonoctass @rfciente alla (p47), Liafinité de ce theme ananagonden aver le conti dl serie sess, Aiscous dy Phebe es également soulgnée par N. Bousoulas, Essa sur tr srcture da nclange dan a pensce présocrtiqe,« Bulletin de Assocation Q. Bud», 1956, p. 22. (0 Jobrens. Die Fragmente ds Anaxagoras. Bochum, 1939p. 2 observe de Son ce: «Es nb der keine Pun, wo "Grows" aun and “Klein” aint. Man kénnte auch her W > SorB 8, de promitres indications pent re trues en is suivant ore lect qu inerprter 1s camps dont parte Anmnagore come formes de conraires opposéset parts n'a ven nscomeil semble loggue dupes le texte de Plato. Ver aussi Caloger, Logica, ei. abs qui reconnat comme atanagorée le discous de Plato sur le plus ele moans. Nous narivons pas 8 comprendre pourguoi GEER Lloyd, Polar ed analog, adit Napoli joncer que «1 gree tendevano a considerare “ealdo™ ¢ 64 appa io” non ano poiion relative su un unicascalaermometria, guano sonace distin porate (come vediam, od ete da Anasagora fr)». La Nouseaue Bs eiscours Anatagore tent pourant 3 ce qu'latfime exactement le coaaie, tsi B3 et le Phildhe pas sulisints rappelons que B Edéclare qe es choses dan le monde ne som pos ‘purée et que chau et fai ne peuvent pas dre divoupls ila hace: is sot jstement lo es mats de Lloyd) des postion tives sur ne seule échelle, enactment comme majeure mineue CF Pepe, Lamiaracit.ad BS. 2 amasagoracitp2 eS 18 Lucto Pere Nous lisons encore: «The npical member of the class of “the unlimited” is a pair of opposite qualities which represent a single scale hot and cold the scale of temperature, high and low that of pitch, fast cand sow that of velocity; and the typical member of the class of “limit” is ‘definite point on tha scale’ ». It nous semble tres évident que le grand- petit chez Anaxagore sert & indiguer ~ exaciement comme Ie plus et le ‘moins dans le Philebe ~tout ce qui est délimitable seulement par rapport a tun autre, done selon les séries continues qui se définissent ainsi & partir du principe de Iinfinie divisibitité (celle-i étant, comme le remarque préi sément Aristote, le postulat théorique nécessaite la notion de continu) est évident que de ce point de vue les chemins d’Anaxagore et de Platon divergent, ce demier posant & c6té de V'illimité, la limite, caracté ristique du ross. qui ne peut signifier autre chose que la quanité discréte Pourconclure, Arisioteconfirme entierement le bien-fondé de cette lecture intellect anaxagoréen se trouve devant une ticke impossible lorsqu'il veut distinguer. C’est impossible dans le domaine de la quantté (roasv) car il n'y apas de grandeur minimale, et dans celui de la qualité car les affections (natin) ne sont pas séparables®, Voila deux indications utiles il n'est pas possible d'identifier une quantités‘iln'y a pas de grandeur minimale, donc rroody signifie quantité discrete; il n'est pas possible de séparer tes qualités ou les affections. done pour Anaxagore il n'existe pas de qualités ‘ou de contraires séparés des choses. Tout est continu, tout est relatif, done rien n'est connaissable : cette demiere affirmation, on Te sat, est de Platon etd’ Aristote. Ce qui reste est une bonne description de la problématique du ‘continu chez Anaxagore 1. Ross, Plato's Theorvof dest. 136 2. Phy, 188.49 donné par Lanza sous A821 pasage nest pas dans DK, mais tute Aiscours seréfereclarement 3 Anotagore of Ross, Phe. ci, aac ITE, LE TIMEE, DEMOCRITE ET LA NEC Ul est toujours difficile d'apprécier 1a dette de Platon cavers ses prédéeesseurs. L’entreprise est paniculigrement délicate lorsqu'il ne les promettaient, de maniére rationnelle (einoyac) les principes étantillimités, de rendre compte de tous les accidents et de toutes les substances, & cause de quoi et comment ils sont cengendrés, C'est pourquoi ils disent que c'est seulement pour ceux 1.Comme les Fragmente de Diels-Kranz, I collection de S. Lara, Democritea coll, ‘mend, interpret ext, Leningrad, 1970, dont Vospitalit est reste ce jour inégalée ‘intgre pas de textes du Timee a corps abdéitin, Lara propose seulement let rappro chements¢"usage dans ses notes de commentaire 2 Je repens ci-dessous Tessentiel des dévloppemenis que jai consacrés & cate question dane Démoerte la echerche dex caus Pais, 1996p 66-75 et 266-291 et das ‘ome etndcesite. Démeerie, Epicure, Lacrce, Pars, Kp. 1631 LE TiME®, DEMOCRITE ET LA NECESSITE 135 ‘qui posent les éléments comme illimités que tout se produit confor rgment larson art yo») [La méme idée transparait dans un texte du Pseudo-Plutarque, dapres Jequel «routes les choses sans exception ont été engendrées, le sont ote soront par Ja nécessité>»*, Le texte de Simplicius est plus précis, dans la omiques la responsabilité se la production de toutes choses, La nécessité n’est done pas une instance paricalidre, en quelque sorte hypostasige par rapport aux corps qu'elle Elle est le fait méme de existence d'une infinité d'atomes de toutes formes en mouvement dans un vide illimité, C’est sans doute en ce sens «gu'l “aut comprendre les textes qui tendent 2 nier 1a réalité objective du hasard, dont nous ne parlons le plus souvent que pour masquer notre isnorance des causes. L'expression dAristote «T'ancienne théorie qui imine la fortune »” sort. de I'avis de Simplicius*, &désigner Démoctite et cle suppose qu aux yeux de ce demir, rien ne se produit sans eause?. Cela he signifie pas, notons-le dés & présent, que Démocrite refuse toute forme ile hasard objectf, et cela & P'intéricur méme de la nécessité il peut fort bien ertiquer le recours vulgaire & invocation du hasard® sans nier pour stan qu‘ily ait une forme de hasard objectif compatible avec le principe selonlequel rien n’arrive sans cause. Corrélativement, dvéiyen désigne aussi (b) le _mécanisme des mouvernents atomiques. Ainsi, selon une notice d’Aétius, la nécessité est autre que « la résistance (Gvetronia), le transport (fopa) et le coup shay) de la matidre (An) »7. La matiére désigne ici les atomes. Ce texte coontte que la nécessité n'est pas seulement le principe d’existence de ce qui est, mais qu'elle égit également ce mode d’tre particulier que constituent les mouvements, Le coup ~ comme la secousse (naduée)~ spparait ici ‘comme la manifestation de la nécessité*, De ce point de vue, Aristote est pasfaitement fondé a remarquer que Démocrite n’indique pas la cause brigirelle du mouvement, parce qu'il estime qu’il n'y a pas de cause de ce ‘mesure oil impute AI'illimitation des formes Commeaire sur la Physique d Arisove, 28.2228 [68 A38 DK 2 Siromaies,7 (68439 DR 5 Phys, 196014, 4. Commentire sur la Ph sigued Avistore, 380.1420 [68 68D 5. Voir sur ce point les tsmoignages Aristo Aus et Lactance réons par Diels Kranz ousten 684 7, '.Woirles tenes Euste de Césarée td Sobéeprésents sous len" 688 119 71.26,2(68 A 66K], Voi, dans emdie sens, Anstoe chez Simplicvs, ommen= tare a le Trait diel Aristo, 294.3%; Rose 208 (68 A 37 DK], ob a nécesscé est "eppone ax associations csc tons stomigos. .VoirlestemoignagesAdtvs de Chron et de Simpliisréunis sous le n° 68 A. 7 136 PIERRE-MARIE MOREL quiest oujours et de ce qui estillimité!, Démocrite, outefois, pouvait for, bien considérer que sa physique ne souffrait d'aucun déficit causal. Gant donné la radicalité et la totale efficacité du principe que la nécessité représente ses yeux. Le terme dvayxn s'applique aussi (c) au tourbillon cosmogonique (Givn). Ainsi, d'apres Diogéne Laérce, « toutes les choses se produisent selon la nécessité, le tourbillon étant la cause de la génération de toutes, choses et il le nomme Nécessit »?. Ce témoignage, mis en regard de la cosmogonic attribuée & Leucippe par Diogéne aux paragraphes 30-33, suggere que Ia nécessité universelle, ou nécessité pré-cosmique, se dlfférencie et se particularise & son état encosmique, Ainsi s’explique que tous les mondes ne soient pas identiques, certains n°ayant ni Soleil ni Lune, tandis que d’autres en ont plusieurs et que d'autres encore sont privés animaux, de plantes et d"humidité* alors que la ncessité les régit tous, Par ailleurs, la nécessité peut étre assimilée (@) au hasard, que les témoignages désignent par royn ou adrozarov. I semble que ce soit principalement le cas lorsque Démocrite entend définir e principe qui régit univers antérieurement 3 la constitution d'un monde particulier, ou plus exactement indgpendamment delle. Aristote indique, au livre I! de la Physique, que la fonction de" auromaton est pré-cosmique Hy en a qui font du hasard fa cause de notre ciel et de tous les rmondes. Ils pensent en effet que c'est par le hasard que sont engen- 4drés le fourbillon et le mouvement qui a produit la séparation et Ia constitution du tout dans ordre qui est fe sien. Et ce qui est tout & fait Gtonnant, cest qu'ils disent d'une part que les animaux et les Plantes ne doivent ni Jeur existence ni leur naissance & la fortune, mais que c'est en vérité Ia nature ow intellect ou quelque autre chose du méme gente qui en est la cause —ce n'est pas en effet un ‘tre quelcongue qui nait de la semence de chaque chose, mais de cette semence-ci nait un olivier ot de cette autre un homme -, et autre part que le ciel et les plus divins des objets apparents sont engendrés par le hasard et qu'il n'y a J& aucune cause semblable & celle des animaus et des plantes' 1. Geom tl 6,742820-21, Voir aussi Cie, Defi. 17168 A S6 DK 2. Vies. IX, 48 68 AJ DK), Voirencore 'pposition de lanécessie de ladiné dans Jetémoignage de Sextus Empiius, Contre es avant, IX, 113 [68.8 83 DK]; Stobée, Cho de totes, K 4 7. Voir aus la Suda art donyrasiow qui seprend a forme de Diogéne ere, 4 Selon Hippoyt,Réfation de totes lex hres, 13 [68 40 DK} 4. Physique, Il 4, 16224-3868 A 69 DK], Voie asi Part. an I 1, 641B15-235, Simplicius, Commentare ar la Physigued Arist, 327 24-26 68 A 67 DK], qulassoie a hasard et & a focune la formation di tution cosmogoniq, et op. cit, 3301620 LE rmée, DEMOCRITE FT L4 NEcESSITE BT Letexteestalasifetne concern pas seulement es Abdéritans. I nous invite en tout eas 8 distinguer deox régimes distncts & Pintrieur de la stusaité physique. Aristote voit en eflet dans Tatiude quit ert une Sontndiction cosmologique, pusque lord y est soumis & un désordee vial Démocritepowvaitnéanmoins adopter une tell position sans y voir jurméme une contradiction, Nos savonsautre part que, dans un passage {Icsonttaité De la nature, Epicure présente les abdritains comme ceux au font «dy hasand et de la nécesité la cause de toute chose» lassant nite que abroparow et dryen. loin de s’opposer, peuvent ete en un

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