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Les Afriques - N° 93 - 15 au 21 octobre 2009 INDUSTRIE ET SERVICES 15

« Le renseignement opérationnel permet


de balayer l’incertitude et de décider »
GwethMarshall Consulting est spécialisé en intelligence économique et stratégique, particulièrement sur l’Afri-
que centrale. Guy Gweth, qui dirige un réseau d’une trentaine de consultants spécialisés en Afrique, en Chine, en
Europe ou en Amérique, lève le voile sur ce secteur d’activités encore embryonnaire en Afrique.
Propos recueillis par sitions ne sont pas prises. Souvenez-vous de
Dominique Flaux, Genève la bataille qui opposa Boeing et Aibus en 1955
autour d’un contrat de 6 milliards de dollars
Les Afriques : L’Afrique présente-t-elle, en Arabie saoudite et le rôle décisif qu’y joua
pour les investisseurs étrangers, des risques la NSA. Ce risque est le même un peu partout
spécifiques par rapport à d’autres pays en dans le monde.
développement ? A l’extérieur, les entreprises africaines nous
Guy Gweth : Chaque fois qu’on nous pose cet- rapportent des retours d’expérience où leur
te question dans un forum d’affaires interna- plus gros handicap est celui de la réputation.
tional, on s’attend généralement à ce que nous On n’attribue pas spontanément le Nobel de
rajoutions une couche sur les questions de pi- qualité à une entreprise africaine opérant
raterie maritime et de prises d’otages dans le à l’international. Il faut donc travailler les
Puntland somalien ou dans le golfe de Guinée, perceptions. Notre conseil aux investisseurs
sur la menace islamiste dans le nord du conti- africains : développer une « politique de bon
nent, sur la criminalité, le sida et la chute de citoyen » où qu’ils s’installent. En plus de res-
l’espérance de vie sui generis des travailleurs en pecter les normes, ils doivent communiquer
Afrique australe, et sur les difficultés de l’Har- sur leur contribution à l’économie locale sous
monisation du droit des affaires en Afrique forme de créations d’emplois, d’apports en de-
(OHADA). Aussitôt qu’on crève ces abcès de vises et de protection de l’environnement.
fixation médiatique, il apparaît que l’Afrique Autre souci, la cadence de nouvelles normes et
présente sensiblement les mêmes risques que les ratings qui sont de véritables tamis pour les
les autres régions en développement d’Améri- exportations africaines en Europe et aux États-
que du Sud, d’Asie ou de l’ex-bloc soviétique, Unis. Ils exigent une veille permanente.
notamment : le risque économique et finan- Enfin, on ne le dit pas assez, les entrepreneurs
cier, le risque politique et le risque criminel. africains, peut-être plus que leurs homologues
Rappelons, sur ce point, que le nord de l’Amé- d’Asie et d’Amérique du Sud, sont souvent
rique latine est toujours considéré comme victimes de ce que nous appelons le « syndro-
la région la moins sûre du monde d’après le me de crédulité ». Le businessman européen de
Global Business Leader Survey de Llyods. plus de cinquante ans, habillé en costume et
Le plus intéressant, c’est que les entreprises que cravate, est encore celui qui rassure le plus.
nous accompagnons, par exemple en Afrique Les affaires Enron, Parmalat, Refco..., ou plus
subsaharienne, comprennent de mieux en récemment les fraudes de Sir Allen Stanford
mieux que certains investissements supportent et de Bernard Madoff, ont révélé un pan de ce
parfaitement un risque faible dans un pays à que cache cette technique de manipulation.
risque fort lorsqu’ils sont considérés comme vi- C’est l’une des raisons pour lesquelles, dans
Guy Gweth : « Pour nous, les sept urgences de l’intelligence économique en Afrique sont l’agroalimentaire, les
taux par le pays d’accueil. Il importe par consé- 85% des cas, nos clients nous commandent assurances, les banques, le BTP, les télécoms, les NTIC et les transports aériens. »
quent de distinguer le risque-pays global du ris- spontanément des enquêtes préalables à toute
négociation d’affaires. LA : Qui sont les clients de votre cabinet et sing, l’étude des procédures et le profiling des
« Les entrepreneurs africains que leur proposez-vous ? donateurs. Cependant, les six premiers mois
LA : Quels sont les secteurs d’activité en GW : Aussi curieux que cela puisse vous pa- de 2009 nous ont permis d’observer un signal
sont souvent victimes de ce que Afrique qui nécessitent le plus d’intelligence raître, 55% de nos clients sont des entreprises faible non négligeable : dans notre portefeuille,
nous appelons le “syndrome économique et de veille concurrentielle ? étrangères opérant ou souhaitant investir en 1/5 de ces organisations manifeste, en effet, le
GW : En Afrique, nous avons recensé sept Afrique subsaharienne. 15% sont des ONG in- besoin de s’approprier les techniques de guerre
de crédulité”. Le businessman grands secteurs qui nécessitent de vraies stra- ternationales et 20% seulement sont des entre- de l’information sur Internet. On est curieux
européen de plus de cinquante tégies d’intelligence économique soutenues prises et des administrations d’Etat africaines. de voir si cette tendance haussière va se confir-
par les États, comme on le voit au Japon avec Les 10% restants sont constitués de think tanks, mer au cours des 36 prochains mois.
ans, habillé en costume et le Ministère de l’économie, du commerce ex- d’établissements d’enseignement supérieur et
cravate, est encore celui qui térieur et de l’industrie. Pour nous, ce sont de personnalités (politiques, businessmen, ar- LA : En quoi les TIC peuvent-elles aider les
les sept urgences de l’intelligence économique tistes et sportifs) de niveau international. entreprises africaines à rééquilibrer l’asy-
rassure le plus. » en Afrique : l’agroalimentaire, les assurances, Le problème c’est que, pour trois quarts de métrie d’information dont elles souffrent
les banques, le BTP, les télécoms, les NTIC, nos missions, nous intervenons comme des dans leurs rapports avec les entreprises
que-projet. Prenons l’exemple du Nigeria. Voici les transports aériens. Les démarches ini- urgentistes ou des sapeurs-pompiers, c’est- internationales ?
un pays qui n’est pas – loin s’en faut – le mieux tiées dans ce sens par SGMB Bank au Maroc, à-dire lorsque le client est au plus mal. Notre GW : Jacques Bonjawo, un ancien de Microsoft,
noté des Africains dans les ratings de Coface, Kenya Airways, Orascom en Egypte, MTN discours, aujourd’hui, c’est de dire aux entre- a consacré 208 pages à cette problématique au
International Investors, Moody’s ou Standard et Vodacom en Afrique du Sud, sont les cinq prises : « Nous sommes prêts à vous accompa- niveau du continent dans Internet, une chance
& Poors’s… et qui a attiré 20 milliards de dol- grands exemples que nous suivons depuis 2007 gner en permanence pour vous laisser le temps pour l’Afrique, paru chez Khartala en jan-
lars d’investissements directs étrangers en 2008, sur le continent. de vous concentrer sur votre cœur de métier. » vier 2002 (Ndlr : voir son interview dans Les
passant au 19e rang du classement mondial Car l’intelligence économique est un processus Afriques No 92). Internet est à la fois un danger
pour l’afflux d’investissements directs, grâce à LA : Comment, à votre connaissance, les gou- de création de la valeur dont aucune entreprise et une opportunité incommensurable pour
ses gisements de gaz et de pétrole. vernements africains gèrent-ils leurs besoins digne de ce nom ne peut se passer avec l’exa- les entreprises africaines. Un danger parce
d’informations économiques ? cerbation de la concurrence internationale. que, jusqu’à preuve du contraire, une grande
LA : A quels types de risques les entreprises GW : C’est une question délicate. Et il faut évi- Des enquêtes de terrain à la veille concurren- partie de la toile demeure une zone de non-
africaines sont-elles particulièrement ex- ter les conclusions générales malgré la tenta- tielle, juridique et sociale en passant par les droit extrêmement complexe à surveiller. On
posées, dans leur pays, en Afrique et hors tion. Il y a beaucoup trop de disparités sur le opérations d’influence et de benchmarking… y trouve le meilleur et le pire. Les arnaques et
Afrique ? continent. Ce n’est pas le nom de votre heb- nous marchons aux côtés de nos clients insti- autres attaques informationnelles y sont plus
GW : A l’intérieur, les entreprises africaines domadaire Les Afriques qui nous démentira. tutionnels et individuels, veillant s’ils le sou- courantes que le public ne peut le croire. La
font face aux risques évoqués précédemment, Cependant, si l’on prend la moyenne entre haitent sur leur réputation dans les médias et fraude 419 a été rebaptisée « secam nigérian »
au même titre que les investisseurs étrangers. le Tchad et l’Afrique du Sud par exemple, on sur Internet. pour saluer une expertise qui pourrait rappor-
Elles sont, en plus, défavorisées par un système observe que l’information économique exis- Avec les administrations d’Etat, nous agis- ter plus avec davantage de matière grise... Mais
bancaire qui ne se presse pas pour appuyer les tante est souvent éparse, approximative, non sons surtout au niveau de la protection du une fois ces dangers minimisés, Internet appa-
opérateurs privés, et les assurances qui rivali- centralisée et assez peu actualisée. Pis, elle est patrimoine informationnel et de la moder- raît comme une fenêtre de tir inespérée pour
sent d’adresse pour éviter d’indemniser leurs partagée avec parcimonie, quelquefois avec nisation des techniques de renseignement les entreprises africaines. Songez que fin 2008
victimes en cas de sinistre. Même en évitant partialité. Dans ce contexte, les gouvernements électronique. Je rappelle qu’en 2008 les en- la toile enregistrait 253 millions d’internautes
de la généraliser, cette situation, hélas la plus africains ont tendance à solliciter des opéra- treprises ont perdu l’équivalent de 4,6 mil- chinois, 241 millions d’Européens et 218 mil-
courante sur le contient, a pour effet de freiner teurs étrangers a priori plus « compétents » et liards de dollars en données informatiques lions d’Américains. Reste à relever le défi de la
les ardeurs. plus « impartiaux » que les nationaux, même sensibles (brevets, données clients, données stratégie et de la pertinence de la communi-
L’autre risque important est l’espionnage si la vraie question est surtout celle de la va- financières, etc.) et que ces pertes ont à leur cation en fonction des cibles dans une sphère
économique. J’aime à rappeler aux clients leur et de la pertinence d’une information à un tour généré 600 millions de dollars de frais devenue interactive.
que l’Afrique est sur écoute 24h/24 et que les moment « M ». En tout état de cause, 95% des de réparation dans le monde !
communications téléphoniques, fax ou in- décideurs n’attendent qu’une chose : le rensei- Quant aux ONG, nous les accompagnons dans www.gwethmarshall.com
ternet sont susceptibles d’être interceptés et gnement opérationnel qui permet de balayer la détection des sources de financements inter- ou http://gwethguy.wordpress.com
utilisés par la concurrence si certaines dispo- l’incertitude et de décider. nationaux, la conduite des projets de fundrai-

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