Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
________________________
1) Des facteurs économiques et sociaux qui distinguent et diversifient les temps de l'enfant et
du jeune, distinguant et diversifiant du même coup les acteurs de son éducation
a) Réduction structurelle du temps de travail (durée annuelle : 5000 heures en 1850, 1532
heures en 2000, durée hebdomadaire : 72 à 84 heures en 1837, 48 heures en 1919, 40 heures
en 1936, 39 heures en 1982, 35 heures en 1998), diminution continue du temps de travail
économiquement nécesssaire à la production de la richesse (croissance de la productivité liée
aux progrès technologiques) : émergence progressive d'un temps extrascolaire (défini
d'abord en référence à l'Ecole), puis de la notion de loisirs, de vacances, plus tard appelé
“temps libre”.
b) Réduction structurelle du temps scolaire (durée annuelle : 1338 heures en 1894, 888
heures en 1998, 816 ou 888 heures en 2008, dans un pays qui a la plus courte année scolaire
en Europe : 166 jours de classes). Le temps scolaire, y compris le travail à la maison, ne
représente plus que 12 % du temps de l'enfant (8/9 ans). Le tiers-temps éducatif à cet âge
représente 14 % de ce temps.
c) Développement progressif du travail féminin : besoins de prise en charge des enfants
après l'école et hors des périodes scolaires. Le temps périscolaire, le temps extrascolaire, à
nouveau.
d) Urbanisation des modes et rythmes de vie : distinction voire séparation croissante des
temps de vie chez l'individu, y compris l'enfant et le jeune (temps des études et de la
formation, temps du travail, temps des loisirs, temps des vacances). Les contraintes du travail
industriel ou tertiaire ne structurent plus avec la même force, avec la même évidence que dans
le secteur primaire, les modes et rythmes de vie, l'imaginaire social des individus, la
transmission des valeurs. Différents temps, différents espaces de vie, différentes
structures, différents adultes référents, différents contenus et modes d'éducation.
e) Allongement de la durée des études, tant pour répondre à la demande scolaire des familles
que pour satisfaire les besoins en compétences de l'économie (éloignement de la perspective
du travail dans le parcours du jeune). Accès différé au travail et à ses modes spécifiques de
socialisation. Allongement de la jeunesse, entre préadolescence et insertion professionnelle.
Contradiction flagrante entre revendication de plus en plus précoce de l'autonomie de
l'individu et conquête réelle de l'indépendance. Fort besoin d'accompagnement
individualisé des adolescents et des jeunes adultes pour concevoir, définir et mettre en oeuvre
leurs projets (formation, orientation, loisirs, vacances, accès au logement, accès aux droits,
engagement social).
Ces 3 facteurs ont généré de leur côté l'émergence de nouveaux acteurs : travailleurs sociaux
(éducateurs spécialisés, conseillers et accompagnateurs dans les Missions locales pour
l'emploi, les Permanences d'Accueil, d'Information et d 'Orientation), animateurs-
accompagnateurs, médiateurs sociaux .
3) Des facteurs idéologiques qui viennent croiser les logiques des acteurs, qu'ils soient
institutionnels, associatifs ou parentaux
Je renvoie ici au classement des référentiels mobilisés par les acteurs des politiques de
jeunesse, réalisé par Jean-Claude Richez, responsable de l’Unité de la recherche,
des études et de la formation de l'INJEP (Institut National de la Jeunesse et
de l’Education Populaire) de Marly-le-Roi.
1) La conception familialiste
La jeunesse ne relève pas du politique, mais reste dans la sphère familiale.
Elle
repose sur une représentation des jeunes comme mineurs, incapables sur
le plan juridique,
déresponsabilisés, sans droits propres en dehors de la famille. Cette
représentation pendant
très longtemps dominante dans notre pays a laissé d’importantes
empreintes dans les
politiques jeunesse et ses institutions. Voir le rôle clef que jouent encore
les Caisses
d’allocation familiale ou encore le RMI qui n’est accessible qu’à partir de 25
ans comme
toute une série de dispositions qui renvoient les jeunes au cadre familial et
en font un véritable
mineur sur le plan social.
2) Contrôle social
On doit surveiller les jeunes, au besoin les punir. Les jeunes sont un
danger, ils sont suspects,
voire menaçants. Cette représentation est très prégnante. Elle se cristallise
dans les années
cinquante et est institutionnalisée à travers la constitution d’un corps
comme celui de la
prévention spécialisée. Elle trouve aujourd’hui son prolongement dans des
dispositifs comme
Ville Vie Vacances. Dans cette logique, il s’agit d’occuper les jeunes pour
éviter les bêtises, les dérapages, les déviances et en cas d’échec de
Nous noterons enfin que ces différents modèles ne font pas aujourd’hui clivage
politiquement,
en tous les cas au niveau territorial. Une sorte de division du travail semble
cependant
s’établir entre l’Etat privilégiant le modèle contrôle/insertion alors qu’un
nombre significatif
de collectivités retenaient plutôt le modèle développement/autonomie.