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Application
de la réglementation
en matière de bien-être
aux travailleurs étrangers
cnacdossier
Éditeur responsable :
CNAC
Carl Heyrman - Rue Saint-Jean 4 – 1000 Bruxelles
Numéro d’inscription auprès de la Bibliothèque Royale (dépôt légal) 2515.
Le comité de rédaction de CNAC dossier veille à la fiabilité des informations publiées,
lesquelles ne pourraient toutefois pas engager sa responsabilité.
La reproduction des textes et des illustrations est autorisée moyennant l’autorisation
expresse de l’éditeur et la mention explicite de leur provenance.
Colophon Information et abonnement :
CNAC dossier est une publication trimestrielle du Comité National d’Action pour la sécurité et CNAC – Rue Saint-Jean 4 – 1000 Bruxelles
l’hygiène dans la Construction (également disponible en néerlandais 'NAVB dossier'). Tél. : 02/552.05.00 - Fax : 02/552.05.05
E-mail : cnac@cnac.be - Internet : www.cnac.be
Rédaction :
Raymond Brems, Christian Depue, Carl Heyrman, Véronique le Paige, Emmy Streuve, Mise en pages et impression :
Isabelle Urbain, Arlette Vandenhoute, Nicolaas Van Leeuwen, Evy Vinck. www.mwp.be
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2 Application de la réglementation en matière de bien-être aux travailleurs étrangers
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Introduction
Depuis l’élargissement de l’Union européenne à Chypre, à l’Estonie, à la Lettonie, à la Lituanie,
à Malte, à la Pologne, à la Tchéquie, à la Slovénie et à la Slovaquie en date du 01.05.04 et à la
Roumanie et à la Bulgarie le 01.01.07, de nombreux travailleurs et entreprises de ces nouveaux
Etats membres européens travaillent en Belgique suite à l’ouverture des frontières.
Le CNAC et d’autres organisations constatent que :
• De nombreux travailleurs étrangers sont venus travailler dans la construction en Belgique.
• Beaucoup d’entre eux ne parlent pas français, néerlandais, allemand ou anglais. Par conséquent,
ils éprouvent souvent des difficultés à comprendre les instructions de sécurité et peuvent diffi-
cilement communiquer avec leurs collègues belges.
• Ces travailleurs sont vulnérables dans le domaine du bien-être, de la prévention et de la pro-
tection.
• Les formalités nécessaires en matière de surveillance médicale ne sont la plupart du temps pas
remplies pour les travailleurs étrangers et ces derniers ne disposent souvent pas des équipements
de protection individuelle requis.
De nombreux immigrés latino-américains travaillent aux Etats-Unis dans le secteur de la construc-
tion. Leur part dans le nombre d’accidents mortels du travail est toutefois nettement plus élevée
que leur part de l’occupation dans le secteur : 6,5% d’accidents mortels du travail contre 11,2 %
d’occupation dans le secteur en 1992 et 15 % d’accidents mortels du travail contre 23,5 % d’oc-
cupation dans le secteur en 2000.
Il s’agit la plupart du temps de jeunes travailleurs de la construction, peu qualifiés qui ne parlent
pas très bien anglais et qui exercent en général un métier dangereux de la construction. Il est
difficile de dire dans quelle mesure ces facteurs expliquent la part plus importante de travailleurs
latino-américains dans le nombre d’accidents mortels du travail mais, de manière générale, on
admet que l’expérience, la formation et une communication aisée diminuent le risque d’accident.
Etant donné que les travailleurs latino-américains accusent un retard sur ces points aux Etats-Unis
et qu’ils exercent plus souvent un métier dangereux, ils sont incontestablement plus vulnérables
dans le domaine du bien-être.
La situation aux Etats-Unis est comparable à celle de la Belgique : la mauvaise connaissance des
langues et le manque de formation en sécurité et santé de la main-d’œuvre étrangère sont des
similitudes marquantes.
Le CNAC a en outre constaté que les réglementations concernant la surveillance de la santé et les
équipements de protection individuelle ne sont pas bien respectées. Il est donc évident que le
bien-être de la main-d’œuvre étrangère n’est pas garanti de manière optimale dans le secteur de
la construction.
Etant donné que l’occupation de travailleurs étrangers en Belgique suscite de nombreuses ques-
tions, nos avons jugé utile de consacrer un CNAC dossier à cette problématique.
Réglementation d’application
Nonobstant le fait que la législation nationale relative au bien-être, à la prévention et à la protec-
tion soit dérivée en grande partie de la législation européenne, elle diffère d’un pays à l’autre.
La réglementation d’application est essentiellement basée sur les articles suivants du Traité de
l’Union européenne.
• L’article 39 (l’ancien article 48 du Traité de Rome) qui définit les droits du travailleur ;
• L’article 95 (l’ancien article 100A du Traité de Rome) qui vise la libre circulation des marchandises ;
• L’article 137 (l’ancien article 118A du Traité de Rome) qui vise l’amélioration de la sécurité et
de la santé des travailleurs.
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Application de la réglementation en matière de bien-être aux travailleurs étrangers 3
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Marchés publics
Les directives concernant les marchés publics peuvent également être citées. Au cours des diffé-
rents stades de la procédure d’adjudication, les marchés publics peuvent contenir des éléments ou
des conditions avec un but social (bien-être, prévention et protection).
Les conditions ne peuvent pas avoir pour but d’exclure les entreprises étrangères et elles doivent
être compatibles avec le droit européen.
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4 Application de la réglementation en matière de bien-être aux travailleurs étrangers
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Applicabilité de la réglementation
belge aux employeurs étrangers
Première hypothèse : un employeur étranger, établi dans un pays
membre de l’Union européenne, occupe des travailleurs en Belgique
Un employeur étranger, établi dans un Etat membre de l’Union européenne et qui occupe des tra-
vailleurs en Belgique, est tenu de respecter les obligations de la Loi sur le bien-être du 04.08.96.
Cette obligation résulte des principes de droit généraux belges et de la directive 96/71/CE trans-
posée en droit belge par la loi du 05.03.02. L’employeur étranger a normalement connaissance de
cette obligation.
Les prescriptions de la Loi sur le bien-être sont en outre en grande partie la transposition de la
directive-cadre en matière de sécurité et de santé des travailleurs du 12.06.89 (89/391/CEE), de
sorte que les diverses législations nationales contiennent les mêmes principes de base dans les
différents Etats membres de l’Union européenne.
En principe, le respect de la réglementation belge ne peut pas poser de problème pour l’employeur,
certainement en ce qui concerne les mesures de prévention qui doivent être respectées sur le lieu
de travail (signalisation de sécurité, équipements de protection individuelle, équipements de tra-
vail…). Cela vaut également pour les mesures organisationnelles comme la création d’un service
interne de prévention, l’affiliation à un service externe et la concertation sociale.
Si, conformément à leur propre législation, les employeurs étrangers disposent de leurs propres
structures organisationnelles, ils peuvent les utiliser. Ils doivent toutefois veiller à respecter la
législation belge.
Un employeur allemand qui est affilié auprès d’un service valable selon la législation allemande qui
assure le suivi médical des travailleurs peut de la sorte faire appel à ce service et ne doit pas s’affilier
après d’un Service Externe belge pour la Prévention et la Protection (SEPP) durant la période d’occu-
pation en Belgique. Dans ce cas, le service allemand doit toutefois exécuter les tâches et examens
imposés par la législation belge, à savoir donner un avis sur les analyses des risques établies par
l’employeur ; analyser les accidents du travail avec 4 jours minimum d’incapacité de travail et plus
spécialement les accidents graves du travail ; analyser la prévention de la violence et du harcèlement
moral et sexuel au travail ; prendre des décisions quant à l’aptitude médicale des travailleurs exposés
à certains risques (maladie professionnelle, poste de sécurité, poste de vigilance…).
Tout employeur reste pénalement responsable vis-à-vis de ses propres travailleurs du non-respect
des obligations prévues dans la réglementation sur le bien-être. L’employeur pour qui des travaux
sont effectués est cependant tenu d’écarter toute entreprise dont il peut savoir que l’employeur
ne respecte pas les obligations imposées par la Loi sur le bien-être et ses arrêtés d’exécution.
Un employeur pour qui des travaux sont effectués qui autorise dans son entreprise un employeur
dont il sait que celui-ci ne respecte pas la réglementation en matière de bien-être vis-à-vis de ses
travailleurs est donc punissable.
L’objectif n’est pas que l’employeur pour qui des travaux sont effectués contrôle si l’entreprise qui
réalise des travaux chez lui respecte ces obligations. Cette tâche incombe à la Direction générale
Contrôle du bien-être au travail (DG CBE). L’employeur pour qui des travaux sont effectués doit tou-
tefois s’assurer qu’il a affaire à un employeur conscient de l’importance du bien-être. Il peut à cette
fin demander certains documents à l’employeur concerné comme par exemple un certificat VCA,
s’informer auprès d’autres entreprises qui ont déjà travaillé avec l’employeur en question, vérifier
la disposition de l’employeur à répondre aux exigences reprises dans le cahier des charges…
En cas de sérieux doute quant à la “bonne foi” de l’employeur étranger, il est conseillé à l’employeur
pour qui des travaux sont effectués de se couvrir. C’est entre autres possible en refusant l’employeur
en question. Dans l’exemple de l’employeur allemand, c’est également possible en stipulant dans
le contrat que son propre SEPP va se charger du suivi médical des travailleurs étrangers, aux frais
de leur employeur.
Etant donné qu’il s’agit d’entreprises d’Etats membres de l’Union européenne pour lesquelles la direc-
tive-cadre est d’application, la plupart des obligations ne sont pas nouvelles et ne constituent pas
de problèmes importants pour des employeurs étrangers. Les principes mentionnés dans la directive-
cadre sont transposés dans leur législation nationale et leur sont également d’application.
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Toutefois, tout comme tous les employeurs étrangers qui effectuent des travaux en Belgique avec
leurs travailleurs, cet employeur est tenu de respecter toutes les dispositions de la Loi sur le bien-
être du 04.08.96 et de ses arrêtés d’exécution et ce, même si son entreprise n’est pas établie au
sein de l’Union européenne.
Tout comme c’est le cas dans la première hypothèse, l’employeur pour qui des travaux sont effec-
tués doit dans ce cas également écarter tout employeur étranger dont il peut savoir que celui-ci
ne respecte pas les obligations prévues dans la réglementation sur le bien-être.
Pour définir concrètement la responsabilité de l’employeur pour qui des travaux sont effectués,
il est indiqué de distinguer les mesures de prévention, sur le lieu de travail même, des mesures
organisationnelles.
Les mesures de prévention belges sont en tout cas d’application et l’employeur pour qui des travaux
sont effectués doit s’assurer que l’employeur étranger connaît la législation belge et est disposé
à l’appliquer.
Cela peut en grande partie être solutionné par un contrat qui permet à l’employeur pour qui des
travaux sont effectués, de prendre lui-même les mesures nécessaires sur le compte de l’employeur
étranger si celui-ci ne devait pas respecter ses obligations.
Pour les mesures organisationnelles comme par exemple l’affiliation auprès d’un SEPP, l’employeur
pour qui des travaux sont effectués peut demander les coordonnées du SEPP et/ou du conseiller en
prévention-médecin du travail avant le début des travaux. Pour les plus petits travaux, le médecin
du travail de l’employeur pour qui des travaux sont effectués peut se tenir à la disposition des
travailleurs étrangers ; pour des travaux plus importants, il est indiqué que l’employeur fasse lui-
même appel à un SEPP.
La réglementation belge est donc intégralement d’application aux entreprises étrangères qui tra-
vaillent en Belgique. Celles-ci doivent respecter les dispositions du Code belge sur le bien-être au
travail et faire en principe appel à un SEPP. Cela ne signifie toutefois pas que les conseils donnés
par des services étrangers et que les études réalisées par ceux-ci doivent à nouveau avoir lieu. Les
structures belges doivent toutefois les valider, à savoir les apprécier et les accepter.
Les entrepreneurs étrangers doivent par ailleurs fournir les équipements de protection individuelle
nécessaires et ceux-ci doivent être utilisés par les travailleurs.
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dessinée ; en d’autres termes, une visualisation de l’instruction. Les images sont souvent plus élo-
quentes que les mots. C’est ainsi que le CNAC a publié le CNAC dossier n°118 “Bien-être dans la
construction - Conseils” dans lequel les textes sont remplacés par des dessins en couleurs où des situ-
ations ‘oui’ (bon) ou ‘non’ (mauvais) sont dépeintes. Vous pouvez trouver ce fascicule sur notre site
www.cnac.be > Publications > CNAC dossiers. Il peut également servir pour l’accueil des jeunes travail-
leurs ou personnes qui éprouvent des difficultés à lire ou à écrire dans nos langues nationales.
Vous trouverez également des informations en matière d'accueil sur notre site web:
• Dossier 109: Accueil des nouveaux travailleurs dans la construction (http://www.cnac.be/CNAC/
fr/Publications/CNAC_dossiers/109.htm)
• Dossier 111: Guide d'accueil - Fiches de prévention (http://www.cnac.be/CNAC/fr/Publications/
CNAC_dossiers/111.htm)
Conaissance de la langue
La langue est peut-être la différence culturelle la plus importante et la plus difficile à surmonter.
Son impact est considérable en cas de travail au-delà les frontières nationales.
A des moments formels, des travailleurs étrangers peuvent rencontrer des difficultés avec la langue
lorsqu’ils souhaitent faire part de leur avis ou lorsqu’ils veulent proposer quelque chose. Même
lorsqu’une personne pense bien maîtriser une autre langue, il subsiste encore de nombreux pièges
et il peut très bien arriver que les paroles ne correspondent pas à la pensée.
Lors d’entretiens informels, les travailleurs étrangers peuvent également se sentir exclus de par le
fait qu’ils ne peuvent pas prendre part à la conversation. Dans les entreprises belges où le français
est la langue véhiculaire, il est trop peu tenu compte des étrangers qui ne maîtrisent pas le fran-
çais. On adressera moins vite la parole à ces étrangers qu’à leurs collègues belges étant donné que
ceux-ci s’expriment le plus facilement dans leur langue nationale.
Des cours de langue sur mesure constituent à n’en pas douter un soutien appréciable pour se
familiariser avec les différences culturelles.
Logement
Les travailleurs étrangers sont également confrontés à des problèmes liés au logement tempo-
raire. Malheureusement, certains se retrouvent dans de mauvaises conditions, voire des conditions
dégradantes.
Il s’agit des principaux textes réglementaires comportant des exigences auxquelles le logement
doit répondre :
• le Règlement Général pour la Protection du Travail (RGPT) et plus spécifiquement les articles
513 à 524ter inclus ;
• l’AR du 25.01.01 concernant les chantiers temporaires ou mobile. L’annexe III prévoit entre autres :
“Lorsque la sécurité ou la santé des travailleurs, notamment en raison du type d'activité ou des
effectifs dépassant un certain nombre de personnes et de l'éloignement du chantier, l'exigent, les tra-
vailleurs doivent pouvoir disposer de locaux de repos et/ou d'hébergement facilement accessibles.”
“Les locaux de repos et/ou d'hébergement doivent être de dimensions suffisantes et être équipés
d'un nombre de tables et de sièges à dossier tenant compte du nombre des travailleurs.”
“S'il n'existe pas de tels locaux, d'autres facilités doivent être mises à la disposition du personnel
pour qu'il puisse s'y tenir pendant l'interruption du travail.”
“Les locaux d'hébergement fixes, à moins qu'ils ne soient utilisés qu'à titre exceptionnel, doivent
comporter des équipements sanitaires en nombre suffisant, une salle de repas et une salle de
détente. Ils doivent être équipés de lits, d'armoires, de tables et de chaises à dossier en tenant
compte du nombre de travailleurs et être affectés en prenant en considération, le cas échéant, la
présence de travailleurs des deux sexes.”
Afin de loger temporairement les travailleurs de la construction, l’employeur peut, en fonction de
la situation, utiliser tant une maison d’habitation qu’un hôtel, une pension, des unités d’héber-
gement, des caravanes, des résidences de vacances… Il peut, si nécessaire, prendre contact avec
les services communaux.
Il arrive encore assez souvent de constater de mauvaises conditions de logement comme dormir dans
des étables, sur des matelas qui sont partagés, dans des conditions d’hygiène insuffisantes qui nui-
sent à l’intégrité physique. Les opinions divergent quant à savoir ce qu’est un logement correct.
Le CNAC estime qu’il doit s’agir d’un espace de logement adéquat, sécurisé et hygiénique qui répond
à la réglementation existante. Les exigences minimales de sécurité et de qualité ne peuvent pas
être diminuées.
Un logement correct doit donc répondre aux caractéristiques suivantes :
• résister aux influences climatologiques ;
• être équipé d’un éclairage artificiel ;
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8 Application de la réglementation en matière de bien-être aux travailleurs étrangers
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Le rôle de chacun
Toutes les personnes présentes sur un chantier doivent collaborer et coordonner leurs actions pré-
ventives. A cette fin, une communication efficace est indispensable. Chaque personne doit savoir
ce que l’on attend d’elle.
Rôle de l’employeur
La Loi sur le bien-être prévoit que l’employeur doit appliquer les principes généraux de préven-
tion.
Un de ces principes est le suivant : “donner des instructions appropriées aux travailleurs et établir des
mesures d'accompagnement afin de garantir d'une façon raisonnable l'observation de ces instructions”.
SEPP
Lorsque l’employeur ne dispose pas en interne des compétences nécessaires ou qu’il n’en dispose
pas en suffisance, il doit faire appel à un SEPP. Il existe au sein des SEPP des départements chargés
de la surveillance médicale des travailleurs. Les SEPP se composent d’experts en prévention de
différentes disciplines : sécurité au travail, médecine du travail, ergonomie, hygiène industrielle et
aspects psychosociaux du travail.
Approche pratique
Les aspects légaux liés au travail avec des travailleurs étrangers ont essentiellement été exposés
dans les chapitres précédents. Qu’en est-il maintenant dans la pratique ?
Les explications qui précédent révèlent deux aspects particulièrement importants : d’une part le fait
de donner des formations et des instructions adaptées et d’autre part la communication entre les
travailleurs de l’entrepreneur principal et les travailleurs étrangers. À propos de ce dernier aspect,
il ne faut pas non plus perdre de vue les antécédents culturels des travailleurs. Il est également
important de prévoir un logement pour ces travailleurs.
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10 Application de la réglementation en matière de bien-être aux travailleurs étrangers
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• les risques liés à l’utilisation des équipements de travail (échelles, échafaudages, machines
portatives…) ;
• les risques liés aux activités spécifiques (excavations, coffrage, ferraillage, levage, maçonnage,
pose d’éléments préfabriqués).
Une très large attention est consacrée dans cette formation à la terminologie française ou néerlan-
daise utilisée. Entre autres lors de l’utilisation d’équipements de travail, une photo de l’équipement
de travail dont il va être question, est présentée avant d’aborder les risques liés à son utilisation.
La formation est conçue de manière telle qu’au terme de celle-ci, les participants sont en mesure
d’indiquer les risques inacceptables sur une photo.
du groupe. Le collectivisme n’a à ce niveau aucune signification politique mais indique la cohésion
et la loyauté au sein de groupes plus importants.
Orientation à long terme (OLT)
Ce dernier paramètre souligne la mesure dans laquelle des organisations et des sociétés accordent
de l’importance à l’économie et à la persévérance. Des valeurs telles que le respect pour la tradition
et l’observation d’obligations sociales sont à leur tour associées à une orientation à court terme.
Des aspects à la fois positifs et négatifs sont liés à ces deux visions.
Analyse des indicateurs culturels pour quelques pays
Pays européens
Le résultat moyen pour le paramètre ‘tolérance pour l’incertitude’ (ICI) est de 74 pour les différents
pays européens. Pour la Belgique, il s’élève à 94 ce qui signifie que l’on accorde dans notre pays
exceptionnellement beaucoup d’importance à la régularisation et à la limitation à un minimum
des scénarios imprévus. Cela ressort également de la réglementation en rapport avec le bien-être
au travail et dans le code de la route.
La Belgique enregistre un résultat de 39 pour l’indice d’orientation à long terme (OLT) ce qui
signifie que les Belges poursuivent des résultats plutôt à court terme.
Pays arabes
Les indicateurs culturels de pays arabes au Moyen-Orient (Koweït, Emirats Arabes Unis, Arabie
saoudite, l’Irak…) sont les suivants :
Les indicateurs culturels du Moyen-Orient
100
90
80
70 80
60 68
50
52
40
30 38 ?
20
10
0
IDH IDV MAS ICI OLT
Les chiffres montrent que la tolérance pour l’incertitude est dans ces pays comparable à celle des
pays européens et qu’une grande importance est également accordée dans les pays arabes aux
règles pour éviter autant que possible les circonstances imprévues.
L’acceptation de la distance hiérarchique est manifestement plus élevée que dans les pays euro-
péens. Dans les pays arabes, les personnes ont peu de problèmes avec l’inégalité entre différents
membres d’une organisation et au sein d’une société.
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12 Application de la réglementation en matière de bien-être aux travailleurs étrangers
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Le résultat pour l’individualisme est relativement peu élevé ce qui signifie que les pays arabes
accordent une grande importance au fait d’appartenir à un groupe et à la loyauté vis-à-vis des
membres de ce groupe.
Les indicateurs pour le Maroc, pays d’Afrique du Nord, sont les suivants :
Bien que le Maroc soit également un pays arabe, nous notons cependant quelques différences nota-
bles avec les pays arabes du Moyen-Orient. Au Maroc, l’acceptation de l’autorité est moins élevée
qu’au Moyen-Orient et le résultat pour l’individualisme est nettement plus élevé ce qui signifie que
l’on accorde en Afrique du Nord moins d’importance au fait d’appartenir à un groupe.
Nous devons toutefois être prudents avec ces chiffres. Selon Hofstede, le résultat du contrôle de
l’incertitude est plus élevé que ce que nous constatons dans nos entreprises chez les travailleurs
de pays arabes.
Pays de l’Extrême-Orient
Nous prenons comme exemple les indicateurs culturels de l’Inde :
• IDH : 77
• ICI : 40
• MAS : 52
• IDV : 42
• OLT : 68
Nous voyons ici clairement la différence avec les pays arabes du Moyen-Orient et de l’Afrique du
Nord. L’acceptation de l’autorité et de l’inégalité au sein d’une organisation est ici aussi très éle-
vée. La tolérance pour l’incertitude est toutefois beaucoup moins élevée que dans les pays arabes
ce qui signifie que la population indienne est moins encline à éviter des situations imprévues et
à réglementer tout dans le détail. Tout comme c’est le cas dans les pays arabes, le résultat pour
l’individualisme s’avère être très faible, ce qui souligne l’importance que ces personnes accordent
à l’appartenance à un groupe et à la loyauté vis-à-vis du groupe.
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Application de la réglementation en matière de bien-être aux travailleurs étrangers 13
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Les indicateurs culturels du Pakistan, pays voisin, montrent un certain nombre de différences
étonnantes avec ceux de l’Inde :
• IDH : 51
• ICI : 68
• MAS : 48
• IDV : 10
• OLT : 3
Comparativement à l’Inde, l’acceptation de l’autorité est nettement moins élevée, ce qui signifie
que les Pakistanais sont moins disposés à accepter l’inégalité au sein d’une société ou d’une
organisation. L’indicateur relatif à la tolérance pour l’incertitude est plus élevé qu’en Inde. Les
Pakistanais sont donc plus enclins à éviter les scénarios imprévus et à établir des règles et des
réglementations efficaces en suffisance.
Le résultat pour l’individualisme est encore moins élevé qu’en Inde. Les Pakistanais accordent une
très grande importance à l’appartenance à un groupe et à la loyauté à l’égard de ce groupe. Les
Pakistanais ne sont par ailleurs pas axés du tout sur le futur. Leur orientation à long terme est quasi
nulle. La société est orientée sur le court terme : elle possède donc des valeurs telles que le respect
pour les traditions et veille à éviter de perdre la face. Combinée au collectivisme, cette orientation
à court terme fait en sorte que les travailleurs pakistanais sont tentés de suivre l’exemple d’autres
membres du groupe de crainte de perdre leur respect.
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14 Application de la réglementation en matière de bien-être aux travailleurs étrangers
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Conclusion
Etant donné que l’information et une communication aisée permettent de réduire le risque d’acci-
dents du travail, les propositions suivantes pourraient être prises en considération :
• standardiser les formations ‘bien-être’;
• organiser des formations linguistiques axées sur la profession ;
• utiliser des pictogrammes universels.
Des formations axées sur la profession sont entre autres organisées par le FOREM, le VDAB, l'Actiris
et le Fonds de Formation professionnelle de la Construction (FFC).
La connaissance des paramètres culturels du groupe démographique dont sont issus les travailleurs
étrangers est importante pour adapter la formation et les procédures d’application sur le chantier.
Bibliographie
• La concurrence déloyale dans le secteur de la construction. Reconnaissance de terrain en matière
de mécanismes de fraude sociale, leur étendue et leurs conséquences pour le secteur de la cons-
truction. – Pacolet J. et Baeyens K. - Louvain : Katholieke Universiteit Leuven. Hoger Instituut
voor de Arbeid, 2007. – 160 p.
• L’occupation de main-d’œuvre étrangère dans le secteur de la construction. Décryptage et analyse
critique de montages de concurrence déloyale. – Buelens J.- Anvers : Universiteit Antwerpen,
2007. – 249 p.
• Buitenlandse arbeidskrachten op de Belgische arbeidsmarkt. Sociaal recht en vrij verkeer. -
Van Overmeiren F. – Bruxelles : Groep De Boek, Larcier, 2008. – 329 p.
• Op vreemd terrein. – Arbouw Journal nr. 1, Maart 2004, pp. 10-13. Amsterdam : Arbouw.
• Allemaal andersdenkenden – omgaan met cultuurverschillen. - Hofstede G. en Hofstede G.J. -
Amsterdam/Antwerpen: Uitgeverij Contact, 2005. – http://www.geert-hofstede.com
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