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Al-Ikhtilaf
Shaykh Muhammad ' Umar Bazmul
Le mot ikhtilaf vient de la racine arabe (kha - lam - fa), qui porte trois sens linguistiques de
base, comme Ibn Faris l’a mentionné (qu’Allah lui fasse miséricorde) :
1 - la succession, quelque chose vient et en prend la place ce qui est venu avant
2 - derrière, après
3 - changement, variation
Succession : Le premier sens, la succession, peut être trouvé dans la Parole d'Allah, le
Béni et Glorifié :
« Et c’est Lui qui a assigné une alternance (khilfa) à la nuit et au jour pour quiconque
veut y réfléchir ou montrer sa reconnaissance » [sourate Al-Furqan :62]
La nuit vient après le jour et prend sa place, de même que le jour vient plus tard et prend la
place de la nuit. Ce sens peut aussi être trouvée dans la Parole d'Allah, le Béni et Glorifié :
« C’est Lui qui a fait de vous les successeurs (kahla’if) sur terre » [sourate Al-
An'am :165]
Cela signifie que les nouvelles nations de gens viennent et prennent la place des anciennes.
Ce sens est aussi trouvée dans la Parole d'Allah le Très-Haut :
« Et Moïse dit a Aaron son frère : “Remplace-moi (ukhluf-li) auprès de mon
peuple » [sourate Al-A'raf :142]
Derrière ou Après : Ce sens est trouvé dans la Parole d'Allah, le Béni et Glorifié :
« Il connaît ce qui est devant eux et ce qui est (khalfahum) derrière eux » [sourate Al-
Baqara :255]
Il peut aussi faire référence à quelque chose qui vient après que d'autres en raison de ses
vertus moindres. Comme cela est trouvé dans la Parole d'Allah, le Très-Haut:
« En vérité l’haleine (khuluf) de la bouche du jeûneur est meilleur à Allah que l'odeur de
musc. »[1]
khuluf signifie ici le changement de l'odeur du souffle d'une personne qui jeûne en raison de
sa faim et soif et que ceci est meilleur à Allah que l'odeur de musc.
Ce qui m’est apparent et Allah est plus savant, est que ces trois sens de base mentionnées
par Ibn Faris viennent d'un thème principal - quelque chose vient et en prend la place de ce
qui est venu avant, ou "la succession".
Comme si Ibn Faris avait voulu expliquer le mot en employant ces trois sens de base dans
un effort pour faire apparaître clairement la signification du mot.
Sens de Ikhtilaf dans le Livre et la Sunna
Le mot ikhtilaf n'est pas trouvé dans Shari'a avec le sens linguistique précédemment
exposé. Il porte seulement la signification spécifique de "contradiction et opposition." [3] La
contemplation prudente des textes du Livre et de la Sunna sur la manière dont le mot ikhtilaf
est employé amène aux conclusions suivantes :
1 – Al-Ikhtilaf après avoir eu connaissance des preuves claires d'Allah est une divergence
blâmable et un comportement coupable. Allah, le Béni et Glorifié, dit :
« Mais, ce sont ceux-là mêmes à qui il avait été apporté, qui se mirent à en disputer,
après que les preuves leur furent venues, par esprit de rivalité » [sourate Al-
Baqara :213]
« Ceux auxquels le Livre a été apporté ne se sont disputés, par agressivité entre eux,
qu’après avoir reçu la science » [sourate Al-'Imran :19]
« Et ne soyez pas comme ceux qui se sont divisés et se sont mis à disputer, après
que les preuves leur furent venues, et ceux-là auront un énorme châtiment » [sourate
Al-'Imran :105]
2 - Il est possible qu'un ikhtilaf ait lieu entre des musulmans, mais Allah les guide vers la
vérité tant qu'ils la cherchent de Lui, le Puissant et Magnifique. Allah dit :
« Puis Allah, de par Sa Grâce, guida ceux qui crurent vers cette Vérité sur laquelle les
autres disputaient » [sourate Al-Baqara :213]
« Et Nous n’avons fait descendre sur toi le Livre qu’afin que tu leur montres
clairement le motif de leur dissension » [sourate Nahl :64]
« Sur toutes vos divergences, le jugement appartient à Allah » [sourate As-Shura :10]
« Ô les croyants ! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui
détiennent le commandement. Puis, si vous vous disputez en quoi que ce soit, renvoyez-là à
Allah et au Messager, si vous croyez en Allah et au Jour dernier. Ce sera bien mieux et de
meilleur interprétation (et aboutissement). » [sourate An-Nisa :59]
3 - Les divergences dans la compréhension d'une situation donnée ne sont pas blâmables. Il
y a des accords corrects et incorrects. Celui qui tient une compréhension correcte est
récompensé comme celui qui est arrivé à une conclusion incorrecte, car tous les deux ont
honnêtement essayé d'atteindre la vérité de la question. Allah, Béni et Glorifié, dit :
« Et David, et Salomon, quand ils eurent à juger au sujet d’un champ cultivé où des
moutons appartenant à une peuplade étaient allés paître, la nuit. Et Nous étions
témoin de leur jugement. Nous la fîmes comprendre à Salomon. Et à chacun Nous
donnâmes la faculté de juger et le savoir » [sourate Al-Anbiya :78-79]
« Ne méditent-ils donc pas sur le Coran ? S'il provenait d’un autre qu’Allah, ils y
trouveraient certes maintes contradictions » [sourate An-Nisa :82]
5 – Al-Ikhtilaf, signifiant les différences parmi les diverses actions approuvées en islam,
existe dans Shari'a. Quelqu'un qui choisit une variation que d'autres n'ont pas choisi ne doit
pas être blâmé.
Il est établi que le prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) avait l'habitude d'ouvrir ses prières
avec un certain nombre de différentes invocations. Le tashahud a été aussi exécuté avec un
certain nombre de formulations différentes. Diverses choses peuvent être dites dans ruku' et
sujud et il y a des variations dans la manière d’accomplir la prière du Witr. Il y a beaucoup
d'autres exemples.
Accomplir n'importe quelle variation est parfaitement acceptable, car celui qui le fait
accomplit une bonne action. Cela peut être compris du hadith d'Ibn Mas'ud (radiallahu
‘anhu) des différences des récitations du Qur'an. Il a dit qu'il a entendu un homme réciter un
verset d’une façon qu'il n'avait pas entendue du messager d'Allah (sallallahu 'alayhi wa
sallam), donc il l'a emmené au messager d'Allah (sallallahu 'alayhi wa sallam) et lui a
mentionné ceci. Ibn 'Abbas a alors remarqué la désapprobation sur le visage du prophète
lorsqu’il (sallallahu 'alayhi wa sallam) a dit :
« Vous deux faites bien, seulement ne divergez pas ! Ceux qui sont venus avant vous ont
divergé et ainsi ils ont été détruits. » [4]
6 – Al-Ikhtilaf qui cause l'animosité, la haine, ou la division des musulmans ne fait pas partie
de l'islam. A ce propos, Allah, le Béni et Glorifié, dit :
« Ô les croyants ! Craignez Allah comme Il doit être craint. Et ne mourez qu’en pleine
soumission. Et cramponnez-vous tous ensemble au “Habl” (câble) d’Allah et ne soyez
pas divisés; et rappelez-vous le bienfait d’Allah sur vous : lorsque vous étiez
ennemis, c’est Lui qui réconcilia vos cœurs. Puis, pas Son bienfait, vous êtes
devenus frères. Et alors que vous étiez au bord d’un abîme de Feu, c’est Lui qui vous
en a sauvés. Ainsi, Allah vous montre Ses signes afin que vous soyez bien guidés.
Que soit issue de vous une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable,
et interdit le blâmable. Car ce seront eux qui réussiront . Et ne soyez pas comme ceux
qui se sont divisés et se sont mis à disputer, après que les preuves leur furent
venues, et ceux-là auront un énorme châtiment. » [sourate Al-'Imran :102-105]
Nous connaissons toute question sur laquelle les musulmans ont différé sans se fâcher l'un
avec l'autre ou se diviser comme faisant partie des affaires de l’islam. Et toutes les
questions qui ont causé l'animosité, la colère, le détournement et le boycottage des
musulmans l'un de l'autre, comme ne faisant aucunement partie de l’islam. Et en effet c'est
ce à quoi le prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) a fait référence quand il a expliqué le
verset :
As-Shatibi a mentionné ceci [5] et a ensuite dit : « Et il est évident que l'islam appelle à
réparer les liens brisés, l'amour mutuel, le respect et à être aimable l'un envers l'autre. Donc
tout avis qui mène à autre que cela ne fait pas partie de l'islam. »
[1] Hadith authentique sur l'autorité d'Abû Hurayra (radiallahu ‘anhu). Rapporté par Al-
Bukhari dans le Livre du jeûne, dans le Chapitre de la Vertu du jeûne (1894) et en d'autres
endroits. Muslim l'a rapporté dans le Livre du jeûne, dans le Chapitre Préserver la Langue
(1151). Voir Jami'ul-Ussul (9/450).
[4] Rapporté par Al-Bukhari (2410, 3476, 5062). Voir Jami'ul-Ussul (2/484). Ce hadith est
aussi trouvé dans Sahih Al-Bukhari avec une différence légère : « …ils étaient destructifs, »
au lieu de, « …ils ont été détruits. » Voir Fathul-Bari (9/102).