La Grande Époque

EpochTimes.com
ÉDITION 163
WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION 1 – 15 OCTOBRE 2009 • BIMENSUEL

► P. 10 Environnement ► P. 9 Nouveau regard ► P. 15 Art de vivre

La recherche face De la résistance à Un sourire
à la désertification la rédemption au aux mille
mondiale cinéma vertus

Chine P. 5
Offensive anti-talibans de Des milliers
d’étudiants
Radio Free Afghanistan manifestent
leur colère dans
un lycée de la
province du
Sichuan
International P. 2
La seconde vie
de l’opposition
iranienne

Économie P. 7
Crise du lait :
dérégulation
SHAH MARAI/AFP/Getty Images

Une nouvelle radio pour la liberté et contre la propagande des talibans. Page 2
Impasse dans les discussions à New York entre Abbas et Netanyahu
JÉRUSALEM – Le président
américain, Barack Obama, a fina-
lement obtenu la rencontre qu’il
souhaitait avec les dirigeants de
la Palestine et d’Israël le 22 sep-
tembre à New York. Après des
mois d’intenses pressions diplo-
matiques, il a pu être l’hôte d’une
rencontre attendue entre le pré-
sident de l’Autorité palestinienne,
Mahmoud Abbas, et le Premier
ministre israélien, Benjamin Neta-
nyahu.
ÉTATS-UNIS
Paterson le provocateur dit non
à Obama
Page 2
Page 2 ................ International
Page 3 ................ International
Page 4 ................. International
ais la rencontre n’a pas vraiment porté
M ses fruits. Elle s’est conclue platement
par une brève remarque d’Obama exhor-
tant les deux parties à trouver un terrain
d’entente.
« Nous devons faire appel à la volonté
pour sortir de cette situation sans issue
qui a emprisonné des générations d’Israé-
liens et de Palestiniens dans un cycle inter-
minable de conflits et de souffrances », a
commenté Obama à la télévision après la
rencontre. « Nous ne pouvons continuer
avec le même scénario où nous essayons
d’aller de l’avant pour ensuite revenir en
arrière. Le succès dépend de ce que tou-
tes les parties agissent avec un sens de
l’urgence. »
ITALIE
Des migrants évoquent des
retours forcés et mauvais
traitements.
Page 3
Page 5 .............................. Chine
Page 6 .............................. Chine
Page 7 ....................... Économie
Barack Obama veut que les négocia-
tions reprennent entre Israéliens et Pales-
tiniens afin qu’une entente permanente soit
conclue pour la fondation d’un État pales-
tinien indépendant. Mais le problème se
trouve dans le refus ou l’incapacité des
deux parties à assouplir leurs revendica-
tions fondamentales.
Les Palestiniens ne sont pas disposés
à considérer une quelconque négociation
avec Israël tant que celui-ci ne mettra pas
un frein à l’expansion des colonies juives, y
compris à Jérusalem-Est. Pour compliquer
les choses, Netanyahu est paralysé par sa
coalition de droite / extrême droite.
De son côté, Israël ne changera pas sa
position selon laquelle les Palestiniens doi-
UKRAINE
Possible faillite de l’État ukrainien
en surendettement.
Page 3
Page 8 ................................. Insolite
Page 9 ................... Nouveau regard
Page 10 .................. Environnement
ou nouvelle
régulation ?
vent formellement reconnaître l’État d’Is-
raël ainsi que son droit de construire dans
la ville sainte de Jérusalem.
Même si Benjamin Netanyahu propose
une formule pour un gel temporaire ou par-
tiel des colonies et que son gouvernement
l’approuve, il est probable que ce soit loin
en deçà des attentes des Palestiniens.
Pour l’instant, les deux côtés ne font que
négocier les conditions préalables à une Des litres de lait répandus par mil-
entrée en négociation ; il est donc d’autant lions dans les champs, non seule-
plus difficile de prédire quelles conces- ment en France mais aussi dans
sions ils auront à faire lorsque débuteront toute l’Europe. Des agriculteurs
les vraies négociations, si jamais elles se
matérialisent. en colère contre la baisse dramati-
que de 30 % du cours du lait entre
Lire la suite page 2 2008 et 2009, qui conduit à un prix
de production supérieur au prix de
marché, et risque de les conduire
ÉCONOMIE à la faillite. De l’autre côté le con-
sommateur moyen ne peut qu’être
G20 de Pittsburgh, un bilan
agacé, surtout lorsqu’il est au chô-
mitigé. mage et qu’il subit l’augmentation
continue des prix des produits de
Page 7 base dans les supermarchés.
Page 11 .................................... Petites annonces Page 14 ......... Santé et bien-être
Page 12 .............................................. Outre-mer Page 15 .................... Art de vivre
Page 13 ................................................... Société Page 16 .................... Art de vivre

Epoch Times Paris Genève Bruxelles Londres Berlin New York Dublin Lima Taipei Tokyo... 1 700 000 exemplaires
2 International www.lagrandeepoque.com 1 – 15 OCTOBRE 2009 ● La Grande Époque

Offensive anti-taliban de
Radio Free Afghanistan
ASHINGTON - À l’occasion de leur réception annuelle du
W 17 Sept, les Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL)
ont annoncé au Newseum le lancement de leurs nouvelles émis-
sions en direction de la zone frontalière afghano-pakistanaise.
Lors de l’annonce des nouvelles émissions, Richard Hol-
brooke, représentant spécial américain pour l’Afghanistan et
le Pakistan, a dit : « Nous ne pouvons pas laisser les talibans
gagner ». Il faut, indique-t-il, expliquer aux populations locales
les raisons de notre présence au Pakistan et en Afghanistan et
les raisons pour lesquelles nous y sommes en tant qu’amis ».
Les régions pachtounes du Pakistan, où les nouveaux pro-
grammes RFE/RL doivent être diffusés, sont un des refuges
principaux – au sein des populations locales - des terroristes et
organisations talibanes. Une des tactiques de ces groupes con-
siste à diffuser localement par la radio propagande, désinforma-
tion... et menaces de mort. Ronny Dory/La Grande Époque
Les six nouvelles heures de programmes quotidiens de
RFE/RL en langue locale pachtoune devraient renforcer l’im- Richard Holbrooke, représentant spécial américain
pact public de Radio Free Afghanistan, qui a actuellement une pour l’Afghanistan et le Pakistan, parle de la
audience hebdomadaire nationale de 7,9 millions d’adultes. Les nouvelle initiative de Radio Free Europe/Radio
nouveaux programmes sont financés à hauteur de 10 millions Liberty pour combattre les émissions de
de dollars par des fonds attribués par le Congrès américain. propagande des talibans...
Cette annonce s’inscrit dans le contexte d’une opposition
croissante de la population afghane à la présence américaine, et l’école pour les filles sont rappelées aux auditeurs
et d’une résistance acharnée par les talibans. L’Associated « Ils contrôlent tout par la radio » explique au New York Times
Press a annoncé l’explosion d’une voiture piégée, à Kaboul un habitant de la vallée, qui restera anonyme. Une précaution
la semaine dernière, qui a tué six soldats italiens et dix civils qu’on comprend quand on sait que chaque soir sont égrenés les
Afghans. La violence des combats contre les insurgés a, selon noms des « infidèles » exécutés, ainsi que la liste des prochains
plusieurs observateurs, atteint son plus haut niveau depuis la condamnés à mort.
chute du régime taliban fin 2001. Cette aggravation de la situa- Avec plus de 70 policiers décapités en 2008, la terreur est
tion serait exacerbée d’une part par l’augmentation de la pré- telle que ceux-ci annoncent par voie de presse avoir démis-
sence des troupes étrangères sur le sol afghan, et d’autre part sionné de leur poste pour sauver leur vie.
par les manipulations avérées des votes lors de l’élection prési- « Ils appellent la police et l’armée des infidèles et ont
dentielle afghane du mois d’août dernier. donné la permission de les tuer » explique Zuleikha, originaire
« Au cours des dernières années, [Les talibans] sont devenus de la ville de Khwazakhela dans la vallée de Swat, que cite
incroyablement sophistiqués », explique Gretchen Peters, jour- JihadWatch.net.
naliste spécialisé sur l’Afghanistan et le Pakistan. La radio des talibans a évolué en même temps que leur lutte :
elle était initialement très populaire auprès des femmes, canton-
Radio Sharia nées à la maison, car elle leur donnait accès à la récitation des
Les médias ont en effet pris une nouvelle dimension dans versets coraniques et à l’apprentissage des principes de l’Islam.
les médias des talibans : dans la vallée de Swat, ne pas écou- Mais l’évolution vers un outil de terreur a changé la donne, et la
SHAH MARAI/AFP/Getty Images
ter l’émission du soir, vers 20h, du chef taliban local peut valoir radio n’est plus écoutée que pour garantir de ne pas être, soi-
mutilation ou décapitation. Chaque nuit les interdictions d’activi- même ou sa famille, sur la liste des prochains exécutés. , 28 ans, présentatrice d’une station de radio FM libre à Kaboul.
tés anti-islamiques comme la vente de DVD, le rasage de barbe RONNY DORY ET AURÉLIEN GIRARD

Paterson le provocateur
dit non à Obama
EW YORK – David Paterson, le gou-
N verneur aveugle de New York qui, il
y a encore un an était le « chouchou » de
la ville, n’est plus en état de grâce : l’at-
mosphère autour de lui s’était nettement
refroidie lors de la 40e parade annuelle du
African-American Day à Harlem la semaine
dernière, en comparaison avec la précé-
dente édition où il avait été acclamé par
la foule.
Entre 2008 et 2009, le remplaçant du sul-
fureux gouverneur Eliot Spitzer – forcé à la
démission après avoir admis ses liens avec
un réseau de prostitution de luxe – a connu
une chute libre dans les sondages dont cer-
tains ne le créditent plus que de 20 % d’opi- Tim McDevitt/La Grande Époque

nions favorables. Le gouverneur de New York

La poignée de main qui ne dit rien. À New-York, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas
(D), et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu (G) se serrent la main devant Barack Obama.
Impasse dans les discussions à
New York entre Abbas et Netanyahu
Suite de la première page
Plus de quinze années ont passé
depuis qu’Israéliens et Palestiniens ont
commencé à tenter de négocier une paix
durable. Les sujets de discussion qui
ont continuellement perturbé les négo-
ciations sont pratiquement toujours les
mêmes. Plusieurs fois les questions
fondamentales ont été débattues, mais
l’impasse systématique à laquelle cela
a abouti a engendré frustration et vio-
lence.
L’échec du processus d’Annapolis, qui
avait pour but d’établir un État palesti-
nien avant la fin 2008, a semé déception
et pessimisme chez les Palestiniens. En
conséquence, ils cherchent actuellement
d’autres chemins que les négociations
pour arriver à leurs fins.
Dans la sphère de la politique pales-
tinienne, certains discutent de la reprise
de la violence contre Israël ou d’un genre
de mouvement de résistance civile.
D’autres, comme le premier ministre
palestinien, Salam Fayyad, cherchent
comment établir unilatéralement un État
palestinien d’ici deux ans.
D’autres encore invitent à rejeter la
solution à deux États et souhaitent en
quelque sorte une fusion avec Israël,
répondant ainsi à l’aspiration de certains
Palestiniens d’avoir un État partagé avec
la population juive.
Tandis que ceux qui favorisent l’op-
tion de deux États – comme le prési-
dent Obama – travaillent dur pour y
arriver, le problème demeure qu’au bout
du compte, ce sont les Israéliens et les
Palestiniens qui doivent eux-mêmes arri-
ver à une solution – et à la vivre.
GIDEON BELMAKER
Selon le New York Times, le directeur
politique de la Maison Blanche, Patrick
Gaspard, a directement demandé à David
Paterson de la part de Barack Obama de
ne pas renouveler sa candidature lors des
élections de 2010 afin d’éviter une défaite
au camp démocrate. Paterson cependant
nous a confirmé qu’il comptait se présenter,
tout en refusant de commenter les « sujets
confidentiels » se rapportant à la Maison
Blanche.
« Cela a été la période la plus stimulante
de ma vie », explique-t-il au NY Daily News,
« Cela a été aussi la période la plus éprou-
vante de ma vie... je continuerai jusqu’à ce
que le public me dise qu’il est temps d’ar-
rêter ».
La baisse de popularité de Paterson
dans les sondages, consécutive à plu-
sieurs bévues politiques a donc conduit les
démocrates à craindre de perdre la course
à la gouvernance de l’État. D’autant que le
populaire Rudolph Giuliani ancien maire de
New York, pourrait être le candidat républi-
cain au poste, ce qui annoncerait un combat
électoral difficile.
S’exprimant sur la baisse de popularité
de son potentiel rival, celui-ci a fait acte de
précampagne dans les colonnes du New
York Times : « Je pense que certaines
des actions du gouverneur sont à l’origine
David Paterson à la parade
annuelle du African-American
Day à Harlem.
« Je pense que certaines des
actions du Gouverneur ont
causé l’augmentation des
dépenses de 9 %, je veux
dire, ça ne se fait pas en
pleine récession. Ca ne se
fait probablement à aucun
moment »,
Rudy Giuliani, ancien maire de
New-York
de l’augmentation des dépenses de 9 %, je
veux dire, ça ne se fait pas en pleine réces-
sion. Ca ne se fait probablement à aucun
moment »
Le gouverneur de New York doit diriger
l’un des plus grands États des États-Unis,
en pleine période de turbulences économi-
ques, avec deux difficultés majeures : faire
voter un budget équilibré capable de main-
tenir un bon niveau de crédit pour l’État et
« dépoussiérer » la législature dont le mode
de fonctionnement est vécu comme para-
lysant et impropre à mener des réformes
de fond.
TIM MCDEVITT ET AURÉLIEN GIRARD
La Grande Époque ● 1 – 15 OCTOBRE 2009 www.lagrandeepoque.com International 3

Page d’accueil du site http://neverforget.us/

Des sites commémorent les

victimes des manifestations
es dizaines de manifestants iraniens ont été tués depuis les manifestations
D qui ont éclaté dans tout le pays après le résultat de l’élection présidentielle
iranienne. Sur un nouveau site multimédia, Neverforget.us, des photos et de
BULENT KILIC/AFP/Getty Images
courtes biographies de plus de soixante-dix des victimes ont été publiées.
En plus des rassemblements physiques, les dissidents politiques iraniens ont amené leurs protestations en Une de celles-ci est Neda Agha Soltan, dont on sait qu’elle est morte les yeux
ligne à travers les mondes virtuels. grand ouverts. Sa mort a été filmée en vidéo par un passant et mise en ligne
sur Internet. Ses derniers moments ont aboli le fossé entre blogs et médias tra-

La seconde vie de
ditionnels et ému des millions de personnes.
Des Iraniens ont continué à utiliser le web pour commémorer d’autres mar-
tyrs des manifestations, dites aussi « Mouvement vert ». L’opposition iranienne
avance que le nombre de manifestants assassinés dépasse 70. Certains ont

l’opposition iranienne
Les dissidents politiques iraniens
protestent maintenant en ligne
à travers des mondes virtuels
comme Second Life. Ces efforts
devraient en fin de compte se
révéler être une voix efficace
pour leur cause comme le mou-
vement virtuel soutient l’intérêt et
continue d’être difficile à conte-
nir par les forces gouvernemen-
tales.
epuis le résultat des élections con-
D testées en Iran, les manifestations
pour la démocratie sont apparues
dans les mondes virtuels. L’un de ces
forums est le monde virtuel de Second Life,
où les utilisateurs d’ordinateurs créent des
avatars et interagissent avec d’autres per-
sonnes dans leur monde. Les iraniens utili-
sent une telle plate-forme en ligne pour tenir
des « Veillées virtuelles » à la mémoire des
manifestants anti-Ahmadinejad tués par les
forces de sécurité.
Ces rassemblements virtuels sont diffi-
ciles à bloquer, car la mécanique de pro-
testation virtuelle est très fluide et des
militants politiques informatisés trouvent
des moyens pour contourner les contrô-
les du gouvernement. Les efforts visant
à restreindre l’utilisation de l’internet de
manifestants virtuels a renforcé la cause
des rassemblements parce que la commu-
nauté en ligne a vu les tentatives comme
une offense faite à l’expression.
Bien que ces manifestations virtuel-
les aient comme limite intrinsèque l’intérêt
qu’elles suscitent auprès des participants,
la combinaison de multiples formes de
médias tels que la couverture télévisée
et les articles internationaux de presse
écrite ont renforcé le niveau d’intérêt pour
les « cyber-protestations ». Il pourrait exis-
ter un potentiel pour un changement de
paradigme dans la dissidence si les pro-
testations en ligne, comme celles du mou-
été torturés à mort après l’arrestation, tandis que d’autre ont été abattus dans
les rues.
Malgré le secret gardé étroitement par le gouvernement, les noms et photos
de certaines des victimes ont fait surface.
L’une des biographies sur Neverforget.us :
Amirhossein, père d’une petite fille de 7 ans, a disparu le 15 juin. Après avoir
couru les hôpitaux de Téhéran pendant une semaine, sans succès, sa famille
desespérée l’a finalement identifié sur une des photos de cadavres dans le
bureau du médecin légiste. Son corps portait des traces de blessure, y compris
une blessure ouverte à la tête, un bras cassé et une blessure par balle au bras,
mais la cause exacte du décès n’est pas connue.
Un autre site, Green Martyrs (Martyrs verts), donne aussi [en farsi] des infor-
mations sur les ‘martyrs’ .
GlobalVoicesOnline.fr
vement démocratique iranien, gagnent en nationale des manifestants du monde réel.
crédibilité en tant que mode forme de pro- MAX BURNS
testation légitime. Les gouvernements non
démocratiques sont tenus pour responsa- Max Burns travaille pour une société de
bles à travers les « cyber-mondes », même conseil privée à Washington DC et colla-
après avoir éliminé la dissidence politique bore avec le Foreign Policy In Focus.

Italie : des migrants évoquent retours forcés et mauvais traitements

’Italie intercepte les migrants et Rights Watch se sont rendus en Libye en et des coups de pied. Pendant à peu près

L demandeurs d’asile africains arri-

vant par bateau, ne vérifie pas leur
statut de réfugié ou autres signes de
vulnérabilité et les refoule par la force
vers la Libye, où nombre d’entre eux
sont détenus dans des conditions inhu-
maines et dégradantes et font l’objet de
mauvais traitements, a déclaré Human
Rights Watch dans un rapport publié le
21 septembre. Le rapport de 92 pages,
« Repoussés, malmenés : L’Italie ren-
voie par la force les migrants et deman-
deurs d’asile arrivés par bateau, la Libye
les maltraite », examine le traitement des
migrants, demandeurs d’asile et réfugiés
en Libye vu par les yeux de ceux qui ont
réussi à partir et se trouvent maintenant
en Italie et à Malte. Il décrit aussi en détail
la façon dont l’Italie intercepte en haute
mer des bateaux chargés de migrants et
les refoule vers la Libye sans procéder
aux vérifications nécessaires.
« La réalité, c’est que l’Italie renvoie
les gens vers un pays où ils subissent
des mauvais traitements », déclare Bill
Frelick, directeur chargé de la politique
des réfugiés à Human Rights Watch et
Des migrants africains attendent de débarquer, au sud de la Sicile.
auteur du rapport. « Des migrants qui ont
été détenus en Libye évoquent régulière-
ment des traitements brutaux et des con-
ditions de surpeuplement et de manque
d’hygiène. »
Le rapport « Repoussés, malme-
MARCELLO PATERNOSTRO/AFP/Getty Images
nés » s’appuie sur des entretiens menés
auprès de 91 migrants, demandeurs
d’asile et réfugiés en Italie et à Malte,
essentiellement en mai 2009, et un entre-
tien téléphonique avec un migrant détenu
en Libye. Des représentants de Human
avril et ont rencontré des représentants
du gouvernement, mais les autorités
libyennes n’ont pas permis à l’organi-
sation de s’entretenir en privé avec des
migrants. Les autorités n’ont pas non plus
accordé à Human Rights Watch l’autori-
sation de visiter aucun des nombreux
centres de détention pour les migrants en
Libye, en dépit de demandes répétées.
« Daniel », un Érythréen de 26 ans
interrogé en Sicile, a raconté à Human
Rights Watch ce qui était arrivé après que
les autorités maltaises aient intercepté
l’embarcation sur laquelle il se trouvait et
l’ait remorquée jusqu’à un bateau libyen,
qui a ramené son groupe en Libye:
« Nous étions vraiment fatigués et
déshydratés quand nous sommes arri-
vés en Libye. Je me suis dit : ‘S’ils me
frappent, je ne sentirai rien.’ Quand nous
sommes arrivés, il n’y avait pas de doc-
teurs, aucune aide, rien que la police
militaire. Ils se sont mis à nous donner
des coups de poing. Ils disaient : ‘Vous
croyez que vous voulez aller en Italie.’ Ils
se moquaient de nous. Nous avions soif
et ils nous donnaient des coups de bâton
une heure, ils ont frappé tous ceux qui
étaient sur le bateau. »
Ils ont été emmenés à la prison de Mis-
rata entassés dans un camion sans aéra-
tion et à nouveau frappés à leur arrivée :
« Nous avons été mal traités à Misrata.
Nous étions des Érythréens, des Éthio-
piens, des Soudanais et quelques Soma-
liens. Les pièces n’étaient pas propres.
On nous donnait seulement une demi-
heure par jour pour prendre l’air dehors,
et la seule raison pour laquelle ils nous
laissaient un peu sortir était pour nous
compter. Nous étions assis au soleil. Si
on parlait on était frappé. J’ai été battu
avec un tuyau en plastique noir. »
« Nombre des migrants arrivant par
bateaux, en fait, viennent de pays pré-
sentant des bilans médiocres en matière
de droits humains et, dans certains cas,
des degrés élevés de violence généra-
lisée », observe Bill Frelick. « Mais au-
delà des personnes qui ont besoin de
protection, tous les migrants ont des
droits humains et devraient être traités
avec dignité. »
Human Rights Watch

Possible faillite de l’État ukrainien en surendettement

IEV, Ukraine – Le gouvernement et la Banque européenne pour la recons- ce que les prix soient mis en conformité « Mes entretiens avec le Chef de mis- pecté les exigences du FMI.

K ukrainien ne remplit pas ses obli-

gations envers le Fonds Monétaire
International (FMI) sur un prêt de 16,4
milliards de dollars. Les économistes du
pays s’inquiètent, car si le FMI décidait
d’arrêter ses financements, le rembourse-
ment de la dette extérieure pourrait para-
lyser le pays, déclare Igor Burakovsky,
directeur de l’Institut de recherche écono-
mique et de conseil en politique.
« Si le pays ne rembourse pas les det-
tes extérieures, alors nous ferons face à
la question de la faillite de l’État », dit-il.
D’autres effets seraient de grande
envergure, dit-il, par effet de domino sur
les programmes avec la Banque mondiale
truction et le développement.
Membre du Parlement ukrainien, Arse-
niy Yatsenyuk, a déclaré la semaine der-
nière que la dette étrangère de l’Ukraine
s’élève à environ 100 milliards de dollars.
Le problème du gaz
Une partie des conditions du prêt du
FMI est une réforme de la société gazière
nationale, Naftogaz, afin de soulager le
budget de l’État consacré au soutien de
cette entreprise.
L’Ukraine a décidé d’augmenter le prix
du gaz de 20 % pour les ménages dès le
1er septembre, puis de continuer avec
des augmentations trimestrielles jusqu’à
avec les dépenses.
Un élément de l’accord avec le FMI
est que les augmentations du prix du
gaz pour les ménages doivent être com-
plétées par un filet de sécurité sociale
pour protéger les plus vulnérables dans
la société.
« Peu de choses ont encore été faites
à cet égard, et nous avons donc une cer-
taine inquiétude à ce sujet », a déclaré un
porte-parole du FMI.
En parallèle, les syndicats ont com-
battu contre la hausse des prix du gaz, et
ont gagné un procès par lequel la justice
ukrainienne demande de mettre un terme
aux augmentations.
sion du FMI m’ont permis de conclure
qu’ils sont très déçus de la manière
dont l’Ukraine agit, car le pays n’a pas
eu comme seul défaut de mal se con-
former aux obligations qu’il a contrac-
tées, mais aussi de désinformer le FMI
quant à leur mise en œuvre », a déclaré
aux médias ukrainiens le Premier chef
adjoint du secrétariat présidentiel Olek-
sandr Shlapak.
Projet de budget 2010
L’Ukraine a déjà reçu les trois premiè-
res tranches de l’emprunt auprès du FMI,
mais à chaque fois les relations se sont
tendues, car le gouvernement n’a pas res-
Les experts ne parient donc pas sur
le fait que le FMI libère la quatrième par-
tie du prêt, conditionnée par les mesu-
res concrètes prises par le gouvernement
ukrainien pour prouver qu’il remplit les
conditions nécessaires au déblocage de
l’argent.
La semaine dernière, le président ukrai-
nien Viktor Ioutchenko a déclaré que cinq
des six conditions selon le FMI n’avaient
pas encore été remplies. Des représen-
tants du FMI et de la Banque mondiale
aident donc les responsables ukrainiens
à préparer un projet de budget assaini
pour 2010.
ANDREY VOLKOV
4 International www.lagrandeepoque.com 1 – 15 OCTOBRE 2009 ● La Grande Époque

Honduras après le retour de Zelaya :

trois scénarios s’entrechoquent
Trois scénarios de sortie de Scénario Chavez
crise s'excluent mutuellement Le scénario Chavez, lui, est cal-
qué sur l'évolution politique récente du
et s'entrechoquent au Honduras Venezuela, de la Bolivie et de l'Equa-
après la réapparition théâtrale à teur. Sous l'inspiration initiale du pré-
Tegucigalpa, le 21 septembre à sident vénézuélien Hugo Chavez, ces
l'ambassade du Brésil, du prési- trois pays de la gauche radicale latino-
américaine ont balayé leur ancienne
dent déchu Manuel Zelaya. Au Constitution et octroyé un « pouvoir ori-
risque de personnaliser à l'ex- ginel » à des Assemblées constituantes
cès, on peut les appeler scéna- pour couler dans leurs nouvelles Char-
rio Obama, scénario Chavez et tes suprêmes respectives des principes
socialisants assortis de la réélection pré-
scénario Micheletti. sidentielle pour assurer la longévité de la
« révolution » et de ses leaders.
e scénario caressé par Roberto Le scénario Chavez prévoit non seu-

L Micheletti, président de facto depuis

le coup d'État du 28 juin dernier,
semble aujourd'hui le moins plausible. Il
repose sur la tenue le 29 novembre, date
fixée longtemps avant la crise actuelle,
des élections présidentielle, législatives
et municipales sans que d'ici là Manuel
Zelaya ne soit rétabli à la présidence
comme l'exige unanimement la commu-
nauté internationale. La campagne élec-
torale est déjà ouverte.
Élu il y a quatre ans, Manuel Zelaya,
constitutionnellement non rééligible,
devait en principe remettre le 27 janvier
2010 l'écharpe présidentielle à son suc-
cesseur élu le 29 novembre. Au moment
de son éviction, il était donc pratiquement
en fin de mandat et l'essentiel, selon le
scénario Micheletti, serait que l'élection
du nouveau président signifie le retour
à la normalité. Accusé de « haute tra-
hison » tant par le Parlement que par la
Cour de Justice, l'armée et même l'Église
hondurienne pour avoir tenté d'ouvrir
frauduleusement la voie à la réélection
Manuel Zelaya (souvent surnommé « Mel ») sourit à ses sympathisants au lendemain de son retour
surprise au Honduras.
présidentielle prohibée par la Charte Roberto Micheletti, été relevé conformé-
suprême, Manuel Zelaya aurait, selon ment à la Constitution.
Les sondages indiquent que la prési-
dence devrait à nouveau se jouer au sein
de la droite, c'est-à-dire entre les deux
principales formations politiques du Hon-
duras, le Parti National et le Parti Libé-
ral. Ce dernier ne considère plus Manuel
Zelaya comme l'un des siens depuis son
ralliement inattendu, en 2008, à la gau-
che radicale « bolivarienne » du prési-
dent vénézuélien Hugo Chavez. Grand
propriétaire terrien et magnat de l'indus-
trie du bois, c'est sous l'étiquette libérale,
de laquelle relève aussi Roberto Miche-
letti, que Manuel Zelaya fut élu président
en 2005.
Son retour à Tegucigalpa, avec domi-
cile provisoire à l'ambassade du Brésil
d'où il harangue ses partisans, et sur-
tout le refus de la communauté internatio-
nale d'avaliser des élections organisées
par un gouvernement qu'elle juge illégal
compromettent le scénario Micheletti. Sa
concrétisation, peu probable, signifierait
essentiellement, en principe du moins,
la consolidation du renoncement à l'aven-
ture « bolivarienne » du Honduras tentée
par Manuel Zelaya.
Scénario Obama
C'est à ce même résultat essentiel
que tend le scénario Obama, mais avec
la différence qu'il prévoit et même exige
le rétablissement de Manuel Zelaya à
la présidence du Honduras jusqu'à la
fin, aussi proche soit-elle, de son man-
dat institutionnel. Car ni le président des
États-Unis, Barack Obama, ni l'Union
ORLANDO SIERRA/AFP/Getty Images
européenne ni l'Organisation des États
américains (OEA) n'entendent caution-
ner l'expatriation forcée d'un chef d'État,
quelle que soit son idéologie, jeté à l'aube
du 28 juin dans un avion à destination du
Costa Rica, en pyjama et sous la menace
de mitraillettes.
Le scénario Obama, qui est aussi celui
de la majorité de la communauté inter-
nationale, s'appuie sur l'Accord de San
José, appelé dans une première version
Plan Arias, car élaboré par Oscar Arias,
actuel président du Costa Rica et prix
Nobel de la Paix 1987. Il prévoit le réta-
blissement de Manuel Zelaya à la prési-
dence du Honduras jusqu'au 27 janvier
2010, une amnistie politique, la forma-
tion d'un « gouvernement d'unité et de
réconciliation nationale », des élections
générales anticipées et une commission
de vérification de l'application de l'accord
chapeautée par l'OEA. Mais ce rétablis-
sement de Manuel Zelaya est conditionné
à son respect de la Constitution et à son
renoncement à toute réforme qui viserait
à y introduire la réélection présidentielle.
Le scénario Obama déboucherait lui
aussi théoriquement sur une victoire élec-
torale apparemment inévitable du Parti
National ou du Parti Libéral, qui se succè-
dent au pouvoir depuis des décennies. A
la présidentielle de 2005, ces deux partis
de droite se répartirent en moitiés quasi
égales 96 % des votes valables. Mais
l'autonomie, quoique réduite, dont dispo-
serait Manuel Zelaya s'il revenait à la tête
de l'État dans le cadre de l'Accord de San
José laisserait une marge d'incertitude
quant à la réussite du scénario Obama.
lement le rétablissement, mais aussi le
maintien au pouvoir de Manuel Zelaya.
La Constitution hondurienne interdisant
la réélection présidentielle (elle prohibe
même toute réforme de cette interdic-
tion), ce scénario ne peut se dévelop-
per qu'en marge de la légalité. En outre,
l'ample majorité conservatrice de l'élec-
torat hondurien ne garantirait pas, que
du contraire, la réélection de Zelaya.
D'où la création d'un climat d'agitation-
répression continue par des minorités
actives sur lesquelles se focalisent les
médias (des images répétitives de dures
interventions policières et une sensation
de chaos peuvent retourner une partie
appréciable de l'opinion). Appels aussi
à l'armée à retourner ses armes con-
tre « les ennemis du peuple », à faire un
coup d'État contre le coup d'État.
La perméabilité des frontières du Hon-
duras avec le Nicaragua, le Salvador et
le Guatemala, trois pays gouvernés par
la gauche, pourrait favoriser le scénario
Chavez. Les sandinistes du Nicaragua et
le Front Farabundo Marti du Salvador dis-
posent de groupes de choc.
Manuel Zelaya dit accepter l'Accord
de San José qui sous-tend le scénario
Obama. Mais en même temps, il appelle
ses partisans à l'insurrection qui sous-
tend le scénario Chavez. Zelaya veut-il
profiter du premier scénario pour revenir
à la présidence et tenter ensuite d'utiliser
les rouages de l'État pour concrétiser le
second, c'est-à-dire pour se maintenir à
la charge suprême au-delà du 27 jan-
vier 2010, date de la passation de pou-
voirs prévue par l'Accord de San José ?
(rappel : aux termes de la Constitution
hondurienne, dont l'Accord de San José
exige le respect, ni Manuel Zelaya ni
Roberto Micheletti ne pourront être can-
didats à la prochaine élection présiden-
tielle - ndlr).
Pour l'heure, craignant l'arrestation,
Manuel Zelaya se cantonne dans l'am-
bassade du Brésil, insolitement transfor-
mée, au-delà d'un éventuel asile politique
que le président déchu ne prétend pas
solliciter, en centre de presse partisan et
en institution phare de la politique inté-
rieure hondurienne avec la bénédiction
du président brésilien Lula da Silva. Ce
type d'ingérence, sous des formes moins
spectaculaires, est vivement condamné
en Amérique latine lorsqu'il est attribué
aux représentations diplomatiques des
États-Unis. À Brasilia, le Parti Populaire
Socialiste l'a rappelé au gouvernement
de Lula.
LatinReporters.com

Campagne électorale en Uruguay

omme tous les cinq ans, voilà l’Uruguay plongé dans un pro-
C cessus électoral qui aboutira le dimanche 25 octobre. Toute-
fois, si l’un des candidats n’obtenait pas la majorité des votes, un
second tour se tiendrait le dernier dimanche de novembre.
Cette élection s’inscrit dans un calendrier électoral chargé en
Uruguay, après les « élections internes », ou élections au sein
des partis qui ont eu lieu en juin dernier, suivies par les élections
présidentielles, et avant les élections municipales en mai 2010.
De nombreux partis politiques sont en course, mais la liste est
relativement réduite si l’on prend en compte uniquement les par-
tis avec de réelles chances de remporter au moins un siège au
Parlement.
Parmi ces partis figurent le Parti National (Parti Blanc), consi-
déré comme un parti traditionnel et le principal opposant au gou-
vernement actuel ; et le Front Large, actuellement au pouvoir,
plutôt à gauche, qui peut aussi être considéré comme un parti
« traditionnel » bien qu’assez jeune.
Les principaux candidats au siège présidentiel seront issus du
Front Large ou du Parti National. L’un des principaux est toujours
bien connu des Uruguayens.
Le Dr Luis A. Lacalle, représentant du Parti National, fut prési-
dent de l’Uruguay de 1999 à 2004, et il est considéré comme un
rival majeur pour le Front Large.
Le candidat de ce dernier est un personnage haut en couleurs,
un marginal loin du protocole politique ou des conventions. José
« El Pepe » Mujica a été lié au Mouvement de Libération Natio-
nale « Tuparamos » dans les années 1960, où il a participé à des
opérations de guérillas, a été arrêté quatre fois, et s’est échappé
deux fois de la prison de Punta Carretas. En tout et pour tout,
José Mujica a passé quinze ans de sa vie en prison, dont une
ultime période de détention de 1972 à 1985. Lors de la chute de
la dictature militaire, et du retour à la démocratie dans le pays,
José Mujica a changé d’armes et devint député et sénateur. Au
sein de l’actuel gouvernement, il est ministre de l’Élevage et de
l’Agriculture.
GlobalVoicesOnline.fr
La Grande Époque ● 1 – 15 OCTOBRE 2009
Des milliers d’étudiants rackettés manifestent leur
colère dans un lycée de la province du Sichuan
À la mi-septembre, des étu-
diants ont réagi après que les
fournitures en eau et électricité
ont été interrompues au lycée
Linyang dans la province du
Sichuan en Chine.
es étudiants en colère ont détruit
D les équipements et les voitures
de l’école, et ont même chassé
le chef de la police locale qui était venu
sur les lieux afin de calmer la situation.
Un professeur de l’école, qui préfère
garder l’anonymat, a dit à La Grande
Époque qu’en raison de la propagation
de la grippe H1N1 et de la température
inhabituellement élevée depuis la fin du
mois d’août, toutes les écoles primaires
et secondaires ont annoncé des vacan-
ces il y a quelques jours.
Cependant, la direction du lycée
Linyang, un pensionnat, a insisté pour
garder les élèves à l’école sans eau ni
ventilateur électrique durant la nuit. Le
lycée compte plus de 3.000 élèves et
employés.
Dans la nuit du 10 septembre, après
que la demande des étudiants voulant
quitter le dortoir a été rejetée, une dis-
pute a éclaté avec le personnel respon-
sable du dortoir. Le conflit a rapidement
dégénéré et les étudiants en colère se
sont rués hors du dortoir et sont allés
jusqu’au bureau du responsable du
fonctionnement et des installations, en
charge de la cafétéria, du supermarché
et des dortoirs des étudiants.
N’ayant pas obtenu gain de cause,
Un vendeur de fruits attend les clients devant un
magasin Wal-mart à Pékin.
Blue Shield, imposé par les autorités chinoises ?
lue Shield, également connu sous le
B nom de Blue Dam, serait plus dange-
reux pour les internautes et les entrepri-
ses. Des internautes chinois ont signalé
à Reporters sans frontières qu’à l’appro-
che du 60e anniversaire de la République
populaire, le 1er octobre, la consultation
de certains sites basés à l’étranger est
plus difficile, et qu’un plus grand nombre
de proxies sont inaccessibles. « Le recul
du gouvernement sur Green Dam face
aux protestations de l’opinion publique
chinoise et internationale et des acteurs
de l’Internet était encourageant. Mais
les informations qui font état de l’installa-
tion par certains fournisseurs d’accès de
Blue Shield sont effrayantes pour la pro-
tection des données personnelles et la
libre expression des internautes en Chine.
Encore une fois, le gouvernement sem-
ble avoir agi en catimini, peut-être pour
éviter une levée de boucliers similaire à
celle enregistrée à propos de Green Dam.
Nous demandons aux entreprises Internet
chinoises et étrangères de résister aux
demandes des autorités d’installer des
filtres et des instruments de surveillance
sans informer leurs clients », a affirmé l’or-
ganisation.
Selon un article du Apple Daily, des
fournisseurs d’accès et les data cen-
ters chinois avaient jusqu’au 13 septem-
bre pour installer Blue Dam avant d’être
« sanctionnés ».
Le système Blue Dam serait un
software plus puissant que Green Dam.
www.lagrandeepoque.com Chine 5
La Grande Époque La Grande Époque
La cantine de l’école après l’assaut. La voiture de « l’entrepreneur » a été renversée par les étudiants.
les lycéens ont cassé les portes et les Un professeur explique que l’école dépensait 50 yuans pour sa consomma- yuans par m² et par mois, soit deux fois
fenêtres du supermarché de l’école sous-traite la gestion des équipements tion d’eau potable mensuelle. plus cher qu’un loyer dans la rue la plus
au moyen de briques, de pierres et de scolaires à un entrepreneur indépen- L’école n’autorise pas non plus les fréquentée de Pékin. De plus, l’eau et
bâtons. Ils ont renversé les tables et dant, qui a investi 12 millions de yuans étudiants à rapporter de la nourriture de l’électricité ne sont pas comprises.
les chaises de la cafétéria, jeté toute la afin de construire la cafétéria, le super- l’extérieur. Nombre d’étudiants font l’ob- Le professeur interrogé explique que
nourriture, détruit la porte du garage et marché et les dortoirs des étudiants. jet de fouilles car ils sont suspectés de des oppositions à ce type de fonction-
ont également endommagé les voitures L’entrepreneur détient le monopole sur tenter de contourner le règlement. Toute nement de l’école ont eu lieu de nom-
dudit responsable. les trois équipements. nourriture trouvée lors de la fouille est breuses fois, mais que toutes ont été
Le directeur adjoint de la police Les étudiants vivent chaque jour dans confisquée et l’étudiant est renvoyé de étouffées. Il soupçonne la direction de
locale, qui était venu afin de calmer la les installations de l’école. D’après eux, l’école. l’école et le bureau d’éducation local
bagarre, a été vertement renvoyé, et on ne leur fournit que des repas chers À cause du monopole, chaque étu- de recevoir des pots-de-vin de la part
l’échauffourée n’a été stoppée qu’après mais de piètre qualité. L’école ne fournit diant doit payer environ 500 yuans par de l’entrepreneur, aux frais de milliers
qu’une dizaine de policiers anti-émeute pas d’eau potable, aussi les étudiants semestre pour son logement. Huit étu- d’étudiants et du bien-être de centaines
ont utilisé des gaz lacrymogène afin de doivent-ils en acheter au supermarché diants vivent dans une pièce de 10 m². de professeurs.
prendre le contrôle des étudiants. de l’école. Une jeune fille a dit qu’elle La location s’élève entre 80 et 100 FANG XIAO
Une femme tuée par les vigiles
d’un supermarché Wal-Mart
Selon le Southern Yangtze River Metropolis Daily, les services de sécurité d’un supermarché auraient battu une
femme soupçonnée de vol à l’étalage, entraînant sa mort : Yu Wiachu, soupçonnée de vol à l’étalage, a été suivie
après avoir quitté le magasin. Stoppée et entourée par cinq agents de sécurité du Wal-Mart, elle a fourni le ticket de
caisse qui lui était demandé. Une dispute s’est ensuivie au cours de laquelle la femme a été frappée à terre par les
vigiles, qui ne portaient plus l’uniforme du magasin. Transportée à l’hôpital, la femme est morte trois jours après. La
Peter Parks/AFP/Getty Images
police a arrêté deux des cinq vigiles, alors que trois autres ont été relâchés pour des raisons non révélées.
Rémi Bleibtreu
Un médicament à base de plantes retiré suite à trois décès
L’installation n’est pas optionnelle comme uite au décès ce mois-ci de trois Trois malades des provinces de de SHL ont été fabriquées dans les
l’auraient promis les autorités, mais obli-
gatoire pour assurer une protection plus
S personnes, l’Administration de la
Nourriture et des Médicaments d’État
Anhui, Yunnan et Jiangsu sont morts
respectivement les 2, 12 et 15 septem-
trois lots incriminés et distribuées dans
tout le pays. La firme, qui est la plus
forte contre les sites pornographiques et (SFDA) ainsi que le ministère de la bre après avoir reçu des injections de grande entreprise pharmaceutique de
pour accroître la capacité de surveillance Santé en Chine ont publié le 17 sep- SHL alors qu’ils prenaient divers autres la province de Heilongjiang fabrique
et de filtrage des connexions Internet. tembre une note commune suspendant médicaments, selon le Service d’Infor- ce produit depuis 14 ans, à hauteur de
De fait, les internautes pourront plus dif- la vente et l’utilisation d’un médicament mation de Chine, un autre média offi- 200 millions de bouteilles annuelles.
ficilement contourner la censure déjà mise à base de plantes chinoises administré ciel. Le Shuang Huang Lian est une for-
en place par le blocage de nombreux sites par injection. La drogue médicinale, fabriquée mule qui contient du lonicera, du scute
et le filtrage par mots clefs. La note de la SFDA stipule que par la succursale Jiamusi de l’Indus- et du forsythia, herbes traditionnelles
Une étude du software Green Dam par les injections de Shuang Huang Lian trie Pharmaceutique Wusulijiang de chinoises, et est communément utilisé
Open Net Initiative prouve que le filtrage (SHL) fournies par la firme Pharma- Heilongjiang avait déjà provoqué un dans le traitement des infections res-
par mots clefs est peu efficace pour les ceutique Duoduo de Heilongjiang ont décès dans la province de Qinghai piratoires. Il est souvent utilisé sous
sites pornographiques officiellement visés, conduit à de graves réactions, selon un dans le nord-est de la Chine en février forme de pilules, mais existe égale-
mais qu’il bloque des sites politiques, cul- article publié le 19 septembre dans le dernier. ment en formule injectable.
turels et d’informations. Par exemple, le média d’État Xinhua. Plus de 450.000 bouteilles de 20 ml RÉMI BLEIBTREU
système va bloquer un site sur lequel il
détecte la couleur de la peau en grande
proportion. Mais tous les sites pornogra-
phiques contenants d’autres couleurs de
peau seront accessibles. En revanche, les
sites montrant un regroupement de mani-
festants ou d’animaux avec la couleur fil-
trée sont censurés.
Avec Green Dam, tous les sites blo-
qués visités étaient enregistrés, et l’ordi-
nateur devenait extrêmement vulnérable
aux attaques de virus. Plus dangereux,
des informations personnelles pouvaient
être extraites et l’ordinateur ralenti.
Plusieurs séries d’ordinateurs fournis
Inscrivez-vous gratuitement
avec Green Dam auraient déjà été mises
en vente [...], juste avant le recul officiel
en vous connectant sur le site
de la Chine sur ce projet. Des cybercafés www.lagrandeepoque.com
l’ont déjà mis en place.
Reporters sans frontières
6 Chine www.lagrandeepoque.com
Baguettes chinoises « fait main »
es baguettes chinoises en bois à usage unique trou-
L vées dans les différents restaurants doivent offrir une
garantie d’hygiène aux consommateurs. Un a priori fort
mis à mal par le témoignage de prisonniers chinois impli-
qués dans leur fabrication.
Mme Liu Wei, membre du mouvement bouddhiste
Falun Gong qui a été détenue dans les camps de travaux
forcés pour femmes de la zone Est de Pékin raconte :
« Nous ne pouvions aller aux toilettes que trois fois par
jour, et pas plus de deux minutes à chaque fois. Nous
ne pouvions pas nous laver les mains et n’avions droit
à un bain qu’une fois par mois. Nous n’avions le droit
de changer de sous-vêtements qu’une fois par semaine.
Les baguettes étaient envoyées aux restaurants dès que
nous les avions finies, sans stérilisation ».
Un autre membre du mouvement, Chen Gang aussi
ÉDITORIAL NEUF COMMENTAIRES
Suite du septième commentaire
3. La persécution du Falun Gong
Parce que les gens en Chine sont entrés dans l’ère des
ordinateurs et des voyages dans l’espace, parce qu’ils
parlent en privé des droits de l’homme, de la liberté et
de la démocratie, ils pensent que les atrocités macabres
sont derrière eux. Le Parti Communiste chinois (PCC) a
revêtu un habit civilisé et il est prêt à communiquer avec
le monde.
Mais on est loin de la réalité. Lorsque le PCC a décou-
vert qu’il existait un groupe qui n’avait pas peur de ses
cruelles tortures et meurtres, les moyens que lui-même
utilisait pour contrôler les gens ont été exacerbés. Le
groupe qui a été persécuté de cette manière est le Falun
Gong.
Si la violence des Gardes rouges et le cannibalisme
dans la province de Guangxi visaient à faire disparaître
le corps des victimes, et qu’on tuait en quelques minutes
ou en quelques heures, alors on peut dire que la persé-
cution des pratiquants de Falun Gong est pour les faire
renoncer à leur croyance en « Authenticité, Bienveillance,
Tolérance ». Les tortures peuvent s’étaler sur des jour-
nées entières, des mois, voire des années. À ce jour, on
estime que plus de 10.000 pratiquants sont morts sous
la torture.
Les pratiquants de Falun Gong qui ont souffert de dif-
férentes formes de torture mais qui ont pu échapper à
la mort ont fait état de plus de 100 méthodes différen-
tes de supplice. Ce qui suit n’en est seulement que quel-
ques exemples.
Le passage à tabac est la méthode la plus commune
pour maltraiter les pratiquants du Falun Gong. La police
et les prisonniers les plus brutaux tabassent directement
les pratiquants et incitent d’autres prisonniers à en faire
de même. Sous les coups, beaucoup de pratiquants sont
devenus sourds, les tissus de leurs oreilles externes se
sont rompus, leurs globes oculaires se sont enfoncés,
leurs dents ont été cassées, suivant les cas ils ont eu le
crâne, la colonne vertébrale, la cage thoracique, les clavi-
cules, le bassin, les bras ou les jambes cassés ; certains
ont eu les bras ou les jambes amputés. Des tortionnai-
res ont écrasé les testicules des hommes et donné des
coups de pied dans les parties génitales des femmes.
Si les pratiquants ne renoncent pas à leurs convictions,
on ne cesse de les frapper jusqu’à ce que leur peau se
déchire et qu’ils soient couverts de plaies béantes. Sous
la torture, le corps de certains pratiquants se déforme
complètement et se couvre de sang, mais les gardes
continuent en les arrosant d’eau salée et en les électro-
cutant avec des matraques électriques. L’odeur du sang
et de la chair brûlée mêlés aux cris d’agonie sont insoute-
nables. Les tortionnaires peuvent aussi utiliser des sacs
de plastique pour recouvrir la tête de leurs victimes, leur
but étant que les pratiquants se rendent par peur de mou-
rir suffoqués.
China Photos/Getty Images
détenu dans un centre à Pékin, continue : « Nous
emballions des baguettes pendant seize à vingt heu-
res par jour, parfois même vingt-deux. Vous ne pouvez
pas imaginer comme c’est sale. Pendant plusieurs mois
nous ne pouvions pas nous laver. Nous avions deux ou
trois minutes pour laver nos mains et vingt personnes
se battaient pour six lavabos. L’eau ne s’écoulait pas,
nous puions. »
« Les baguettes attendaient par terre à même le
sol, on marchait dessus. Le travail était de les embal-
ler dans des papiers du département de prévention des
maladies épidémiques. Plusieurs parmi les prisonniers
avaient des maladies de peau, des purulences, et cer-
tains étaient des drogués ou des personnes atteintes de
maladies sexuellement transmissibles. »
SOH
6 1.047.932 Chinois ont démissionné
du Parti après avoir lu les Neuf
commentaires sur le Parti Commu-
niste. Ce mouvement de démissions
reste pour le peuple un moyen d’ex-
pression non violent, apolitique et sans
précédent dans la société chinoise.
La Grande Époque publie un extrait
traduit de cette série éditoriale chinoise
dans chacun de ses numéros.
Les électrochocs constituent une autre méthode fré-
quemment utilisée dans les camps de concentration
chinois pour torturer les pratiquants du Falun Gong. La
police électrocute leurs parties sensibles à coups de
matraques électriques, notamment la bouche, le sommet
de la tête, les côtes, les parties génitales, les hanches,
les cuisses, la plante des pieds, la poitrine des femmes
et le pénis des hommes. Certains policiers se mettent à
plusieurs pour électrocuter simultanément un pratiquant
à l’aide de plusieurs matraques électriques. Dans un tel
cas, on finit par sentir la chair brûlée et les parties bles-
sées deviennent violettes ou noires. Parfois on électro-
cute en même temps la tête et l’anus de la victime. Les
policiers utilisent souvent dix matraques électriques voire
plus, simultanément, pour frapper les pratiquants sur une
période de temps prolongée. Normalement une matra-
que produit un courant de plusieurs dizaines de milliers
de volts. Lorsqu’on l’allume, elle émet une lumière bleue
et produit un son électrique. Lorsque le courant passe
à travers le corps d’une personne, celle-ci a la sensa-
tion d’être brûlée ou mordue par des serpents. Chaque
choc est aussi douloureux que la morsure d’un serpent.
La peau des victimes rougit, se fissure, brûle et suppure.
Certaines matraques sont si puissantes que le voltage
élevé donne à la victime l’impression d’être frappée à
coups de marteau.
Les policiers utilisent aussi des cigarettes incandes-
centes pour leur brûler les mains, le visage, la plante des
pieds, les côtes, le dos, les mamelons, etc. Ils leur brû-
lent les mains et les parties génitales avec des briquets.
Ils chauffent des barres de fer spéciales dans des étuves
électriques. Ils brûlent ensuite les jambes des pratiquants
au fer rouge. Les policiers utilisent aussi du charbon de
bois incandescent pour brûler le visage de leurs victimes.
On a vu un cas où un pratiquant, après avoir subi des
tortures inhumaines, respirait encore et son cœur battait
toujours. Ils l’ont brûlé à mort. Ensuite, ils ont fait passer
cela pour une « immolation ».
Pour en savoir plus : Les neuf commentaires sur
www.lagrandeepoque.com
Version audio disponible sur le site de la radio Son de
l’Espoir www.sondelespoir.org
1 – 15 OCTOBRE 2009 ● La Grande Époque
AUJOURD’HUI EN CHINE
Nouvelles des correspondants de la radio Son de l’Espoir
(Sound of Hope Network : www.sohnetwork.com)
Les dissidents sous surveillance
étroite
es « Mères de Tian An Men » aux activistes pro-démocrates, tous ceux qui sont considérés
D comme dissidents sont sous surveillance accrue en Chine dans le contexte du 60e anniver-
saire du régime communiste. Une des mères de Tian An Men, Zhan Xianling, a été assignée à
résidence pendant la quatrième session plénière du seizième congrès du Congrès national.
« Cela fait plusieurs jours », explique-t-elle. « Cela a commencé le 15 septembre […] Il y a
dehors trois personnes et une voiture de police. Je suis malade et ne suis descendue qu’une
fois, ils m’ont immédiatement suivie. C’est à ce point qu’ils ont peur de leur peuple, cela signi-
fie qu’ils se sentent coupables. Je suis vieille et malade, pourtant je vois que ces personnes
sont encore plus faibles que moi ».
Qi Zhiyong, un rescapé des massacres du 4 juin 1989, a été forcé le 25 septembre de quit-
ter Pékin, de même que Zeng Jinyan, la femme du dissident emprisonné Hu Jia.
Attaque informatique sur un site internet
« sensible »
L e site chinois d’information « Rights Defend China Net », déjà fermé par les autorités
chinoises pour avoir publié des articles « sensibles », subit depuis le 19 septembre
des attaques informatiques massives. L’éditeur du site, Qiufeng, explique : « C’est très,
très sérieux. Depuis que nous existons, nous n’avons jamais été attaqués comme cela.
Nous sommes encore bloqués aujourd’hui ».
Le site, qui avait en 2008 écopé de 40 jours de fermeture pour avoir publié un article
intitulé Le nombre de médailles d’or aux JO ne détermine pas le bonheur des gens.
Des chrétiens « interdits » attaqués par la
police dans le Shanxi
la mi-septembre, une centaine de chrétiens ont été attaqués par plusieurs centaines
À de policiers et hommes de main supposés de la municipalité. Plusieurs membres des
« familles d’église du canton Fushan » ont été blessés et dix maisons détruites. Les faits ont
eu lieu dans la ville de Linfen, province de Shanxi.
Yang Hongzhen, des Chrétiens de Fushan, a assisté à la scène. Elle explique que le point
de départ est la construction de l’usine « Chaussures du Gospel », construite par un chrétien
qui la transforme en église au moment de Noël, Pâques et autres dates sacrées pour que les
membres de l’église aient un lieu de prière.
Au mois d’août, les membres du département de développement économique et du dépar-
tement de l’éducation ont ordonné l’arrêt de la construction et ont coupé l’eau et l’électricité.
Lors de l’attaque, le 13 septembre, de la communauté de croyants, des maisons ont été
mises à sac : bibles, vêtements, téléphones portables et argent ont été volés.
Pour les membres des « familles d’église du Shanxi », l’opération a été ordonnée directe-
ment par les autorités provinciales. Yang Hongzhen dit avoir vu des officiers de police ordon-
ner à des villageois de frapper les membres de l’église non-officielle.
Les membres de l’église ont cependant eu la bonne idée de filmer les suites de l’incident
et de les poster sur internet.
Un cabinet d’avocats porte plainte
n cabinet d’avocats, dont seulement quatre professionnels sont encore en exercice,
U a déposé quatorze plaintes devant le tribunal administratif contre le ministère de la
Justice chinois. Il demande que celui-ci suspende sa décision de retirer au cabinet sa
licence d’exercice du droit. C’est la première fois qu’un cabinet d’avocats à Pékin ose
faire appel à la justice pour contester une décision officielle.
Ces derniers mois, les officines du ministère de la Justice chinois ont retiré les licen-
ces d’exercice de multiples cabinets d’avocats qui refusaient d’arrêter d’accepter des
« cas sensibles », c’est-à-dire des cas de non-respect des droits de l’homme.
Tong Zhaoping commente : « Nous sommes le premier cabinet à déposer tant de
dossiers. À Pékin, c’est une première, un cabinet d’avocats qui utilise des armes léga-
les pour défendre ses droits. C’est justement parce que nous sommes les premiers que
nous devons endurer des pressions sans précédent ».
Cheng Hai, un autre avocat du cabinet, explique : « Le ministère de la Justice a 15
jours pour répondre. S’il ne le fait pas, il perd par défaut. Il doit donner des faits et une
base légale à ses actes, sinon le jugement par défaut sera contre lui ».
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La Grande Époque ● 1 – 15 OCTOBRE 2009 www.lagrandeepoque.com Économie 7
G20 de Pittsburgh : un bilan mitigé
Le sommet des 20 pays industria-
lisés et émergents à Pittsburgh,
Comment peut-on
qui s’est achevé le vendredi 25 se féliciter et crier
septembre, s’est concentré sur la
règlementation des banques, du victoire face à la crise
système financier et sur la réforme si les destructions
des quotes-parts du FMI pour
réguler et restructurer l’économie d’emplois continuent
globale. Le constat commun étant
que, la crise ayant révélé un dys- et que la dette
fonctionnement majeur des mar- publique s’envole ?
chés financiers, des mesures de Un retour à la discipline des politiques
régulation sont devenues inévita- publiques et budgétaires des États s’im-
bles dans ce domaine. pose pour garantir la stabilité économique
et financière globale. De même, les poli-
ais d’autres défis majeurs affectent tiques monétaires des Banques Centra-

M aujourd’hui l’économie globale, pour

lesquels le sommet G20 n’a pas pris
de mesures. Les stratégies de sortie des
États des plans de sauvetage et de relance
avec la question épineuse de l’endettement
public en particulier, ainsi que la façon de
lever les mesures monétaires exceptionnel-
les mises en place par les banques centra-
les n’ont pas été discutées.
Les États membres du G20 ont reconnu
qu’il reste beaucoup à faire pour assurer une
reprise durable de la croissance. « Le sen-
timent de retour à la normalité ne doit pas
nous conduire à un excès de confiance »,
ont-ils dit dans le communiqué.
Depuis les réunions de Washington en
novembre dernier et de Londres il y a cinq
mois, les actions politico-médiatiques des
chefs d’État ont certes permis de restaurer
la confiance des investisseurs sur les mar-
chés boursiers, mais ne sont pas parvenues
à régler les problèmes du monde réel. Com-
ment peut-on se féliciter et crier victoire face
les ont besoin d’être placées au cœur du
débat, car aujourd’hui très expansionnis-
tes, elles font croître rapidement la liquidité
mondiale. L’excès de liquidité conduit aux
bulles spéculatives sur les prix des actifs et
à la déstabilisation des taux de changes.
Le bilan de la tribune diplomatique du
Win McNamee/ Getty Images News G20 à Pittsburgh reste mitigé. Des com-
« Nous nous réunissons en un moment crucial de transition entre la crise et la reprise », écrivent les 20 promis ont été trouvés sur des mesures
chefs d’États et de gouvernement dans leur communiqué final. symboliques de régulation, que ce soit
pour le calcul de fonds propres des ban-
à la crise si les destructions d’emplois conti-urgent de remédier à l’accumulation de cel- La dérive de l’endettement public ne s’est ques ou de limitation des bonus de traders
nuent, les inégalités se creusent, les désé- les-ci. Les dettes publiques ont connu une pas articulée avec une hausse des taux d’in- ou encore pour les paradis fiscaux. Le pro-
quilibres commerciaux augmentent et que progression importante suite aux mesures térêts, lesquels restent aujourd’hui à des chain sommet des ministres des Finan-
la dette publique s’envole ? De nouvelles exceptionnelles mises en place pour endi- niveaux exceptionnellement bas. Ceci est la ces est prévu en Écosse en novembre. Il
bulles sont en train de se former et le spectreguer la récession et soutenir les banques. conséquence directe de la politique d’assou- reste à espérer que les résolutions d’ur-
d’un nouveau choc profond menace l’écono- La dette publique mondiale s’élève à plus de plissement quantitatif des banques centra- gence pour prévenir d’autres crises seront
mie mondiale. 35.000 milliards (1), selon le compteur déve- les qui rachètent massivement les emprunts rapidement mises en œuvre avant qu’il ne
loppé par The Economist. Aux États-Unis la d’État pour empêcher une hausse des taux soit trop tard.
Politiques budgétaires des dette publique a augmenté de 26 % au cours d’intérêt. LAUREN SMITH
États à la dérive des quatre derniers trimestres et atteint
Pour éviter le passage de la crise finan- désormais près de 9.500 milliards de dollars Politiques monétaires à l’ori- (1) http://buttonwood.economist.com/
cière à celle des dettes publiques, il devient fin juin 2009, soit environ 67,2 % du PIB. gine des bulles spéculatives content/gdc

Crise du lait : dérégulation ou nouvelle régulation ?

Comment sortir de l’impasse ?
La production laitière en Europe est actuellement
basée sur le système des quotas. Ceux-ci ont été ins-
titués en 1984 afin de stabiliser la production laitière
qui était alors en croissance continue et dont les sur-
productions revenaient très chères en frais de stoc-
kage. En limitant la production, on avait également
l’espoir de voir les prix se stabiliser, mais la réalité a
été rapidement différente, surtout depuis les années
2000 avec la mondialisation : en effet le lait, en pou-
dre notamment, est devenu un produit échangeable à
travers le monde. Son prix de vente suit maintenant
les fluctuations des marchés mondiaux.
Le prix du lait est devenu particulièrement volatile
ces dernières années : lors de la crise alimentaire en
2008, il est monté de plus de 20 % par rapport à l’an-
née 2000, mais à présent, avec la baisse de la con-
sommation chinoise et la concurrence accrue de
pays comme la Nouvelle Zélande, il a récemment
chuté de plus de 30 %. De telles fluctuations sur le
court terme ne sont pas compatibles avec les inves-
tissements des agriculteurs, basés en général sur de
longues périodes.
Par ailleurs, depuis 2003, et afin de répondre posi-
tivement à la demande d’une plus grande ouverture
du marché européen, la Commission Européenne
s’est engagée à réformer la Politique Agricole Com-
Le marché des quotas de CO2 perturbé
ors de la fixation des quotas nationaux de
L CO2 pour la période 2008-2012, la Com-
mission Européenne a émis des doutes sur
les évaluations faites par la Pologne et l’Es-
tonie, et leur a imposé des permis d’émission
plus faibles que leurs demandes. L’Esto-
nie notamment estimait avoir besoin de plus
d’émissions de CO2 du fait de la mise hors
service de la centrale nucléaire d’Ignalina, à
la fin de l’année. Varsovie et Talinn s’estimant
lésées, elles ont alors contesté la décision
devant la Cour de Justice des Communautés
Européennes.
Cette dernière a rendu son verdict en faveur
des deux pays plaignants, en arguant du fait
que la Commission Européenne n’a qu’un
droit de regard sur les quotas proposés par
les États membres et a eu tort de refuser
leurs propositions sur la seule base des dou-
tes entourant leurs données. La Lituanie et la
République tchèque, qui ont également saisi
la justice, se sont réjouies de ce verdict.
En effet, plusieurs pays européens, dont
également la France et l’Italie, semblaient se
diriger vers une renégociation de leurs quotas
d’émissions de CO2. L’Italie a adressé dès la
semaine dernière une lettre en ce sens à la
Commission européenne, dans laquelle elle
Fred Tanneau /AFP/Getty Images
Les agriculteurs répandent des millions
de litres de lait dans les champs.
L’objectif est de transformer les
agriculteurs en « entrepreneurs »,
ce qui suppose de les laisser
produire les quantités qu’ils
souhaitent.
mune (PAC) vers plus de libéralisme, ce qui revient
à déréguler le marché. L’objectif est de transformer
les agriculteurs en « entrepreneurs », ce qui suppose
de les laisser produire les quantités qu’ils souhaitent.
Les pays européens ont donc décidé de supprimer le
dénonce le quota « excessivement bas » qui
lui est attribué, et sa difficulté à s’y conformer
dans la mesure où son « industrie est déjà
très efficace ». De son côté, la France défend
l’idée d’un accroissement des permis d’émis-
sions de CO2 dans le cadre d’un fonds de
réserve pour les nouvelles entreprises.
Barbara Helfferich, porte-parole de l’exé-
cutif européen, a cependant écarté catégo-
riquement l’hypothèse d’une renégociation.
« Il n’est pas question d’augmenter les per-
mis. Les plafonds ont déjà été fixés », a-t-
elle déclaré.
Cela n’a pas empêché le cours du quota
de CO2 de baisser immédiatement de 4 %,
avec une tendance de chute de 10 % en deux
jours. En effet, si les émissions nationales sont
revues à la hausse par la Commission Euro-
péenne, les quotas des entreprises seront
certainement révisés à la hausse. Les quotas
proposés sur le marché seront alors plus nom-
breux, ce qui entraînera une baisse du cours.
L’Association internationale pour l’échange
des droits d’émission (IETA) a toutefois invité
les États membres « à ne pas exploiter une
lacune du marché des émissions qui doit sim-
plement être comblée ».
PATRICK C. CALLEWAERT
régime des quotas en 2015, tout en accroissant les
quotas de 1 % chaque année d’ici à cette date.
Marché à terme du lait pour antici-
per l’évolution des prix
Dans le contexte actuel de baisse des prix du
marché, l’idée d’augmenter les quotas n’est plus du
tout acceptée par les agriculteurs, car cela renforce
la baisse des prix ; d’où leur demande de revoir les
quotas à la baisse, autrement dit de renforcer la régu-
lation, pour maintenir les prix. La seconde revendica-
tion des agriculteurs est également de faire pression
sur les industriels, qu’ils accusent d’encaisser la
majeure part de la valeur ajoutée (sur un litre de lait
vendu 0,67 euro hors taxes, le distributeur, l’industriel
et l’agriculteur en perçoivent respectivement 0,09,
0,32 et 0,26 euro hors taxes). Bruxelles est disposée
à réfléchir à un équilibre des pouvoirs dans la chaîne
de distribution, mais ne souhaite pas réduire les quo-
tas : la solution qu’elle préconise pour éviter la vola-
tilité des prix consiste à créer un marché à terme du
lait, afin de donner aux agriculteurs une plus grande
visibilité sur les prix.
Entre les agriculteurs et la Commission Euro-
péenne s’est donc instauré un dialogue dont on per-
çoit difficilement l’issue.
PATRICK C. CALLEWAERT
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... ON EN PARLE ...
Par Lauren Smith
Les Français
consomment trois fois
plus qu’il y a 50 ans
a consommation des Français a été multipliée par
L trois en 50 ans, selon la publication de l’Insee intitu-
lée Cinquante ans de consommation en France parue
le 24 septembre. Cette progression de consomma-
tion qui représente 55 % du produit intérieur brut s’est
accompagnée de profonds changements des com-
portements. L’alimentation représente toujours une
part importante des ménages, mais elle est en baisse
passant de 38 % en 1960 à 25 % en 2007, souligne
l’Insee. Les dépenses d’habillement sont aussi en
réduction et passent de 14 % à 9 %. En revanche,
les dépenses liées au logement ont fortement pro-
gressé, passant de 16 % à 19 %, ainsi que les dépen-
ses de transport de 11 % à 18 %, de communication et
des loisirs de 10 % à 16 %. Cette tendance témoigne
d’une forte hausse du niveau de vie, les dépenses de
première nécessité ont fait place au fil des années aux
services dont la part est passée de 30 % à 50 %.
Monaco et la Suisse
ne figurent plus sur
la « liste grise » des
paradis fiscaux
a principauté de Monaco et la Suisse ont été offi-
L ciellement retirées de la « liste grise » des paradis
fiscaux de l’OCDE (Organisation de coopération et de
développement économique) respectivement le 24 et
25 septembre. D’après les exigences de l’OCDE, le
seuil des douze accords de transparence fiscale est
requis pour intégrer la « liste blanche » des pays ver-
tueux. Ce critère de douze conventions est largement
contesté du fait de la forte tendance de certains para-
dis fiscaux à conclure des accords entre eux. Monaco
a conclu la moitié de ses douze conventions avec des
pays de la « liste grise » dont l’Andorre, les Bahamas ou
le Liechtenstein. La Suisse a également atteint le seuil
de douze accords en signant des conventions avec
l’Autriche, le Danemark, les États-Unis, la Finlande, la
France, la Grande-Bretagne, les Îles Féroé, le Luxem-
bourg, le Mexique, la Norvège, l’Espagne et le Qatar.
Désormais les deux pays devraient tenir leurs engage-
ments et se montrer coopératifs en matière fiscale.
8 En images www.lagrandeepoque.com 1 – 15 OCTOBRE 2009 ● La Grande Époque

Brendon Thorne/Getty Images

SYDNEY, AUSTRALIE : L’Opéra de Sydney, vu en pleine tempête le 23 septembre 2009. De fortes tempêtes de sable ont frappé l’Ouest de la région de New South Wales en
Australie, et recouvert la ville de Sydney et ses alentours.

GEORGES GOBET/AFP/Getty Images

BRUXELLES - Des fermiers belges répandent du lait devant les

JAY DIRECTO/AFP/Getty Images
PHILIPPINES - Le 26 septembre à Quezon, en banlieue de Manille, des Philippins mettent des enfants en
sécurité pendant les inondations causées par la tempête tropicale Ketsana. Des dizaines de personnes ont
été tuées dans les glissements de terrain causés par la tempête.
bureaux du Parlement Européen le 21 septembre. Comme leurs
collègues français, ils protestent contre la baisse de cours du lait. En
novembre 2008, les ministres d’Agriculture européens ont accepté
d’augmenter les quotas de production de lait d’un pour cent par an
avant de les fixer en 2014-2015.

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NOUVEAU REGARD
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►Chronique d’un observateur du 7e
De la résistance à l’idée de rédemption au cinéma
L’armée du crime de Robert
Guediguian
L’armée du crime (2009) est un bel
ouvrage. Ce film de Guediguian nous rap-
pelle l’extraordinaire épisode du groupe
Manouchian. Le réalisateur utilise sa con-
naissance cinématographique comme réfé-
rence pour son travail. L’appellation de cette
unité composée de résistants et qui donne
le nom au film vient des Allemands eux-
mêmes soucieux de présenter ces hommes
comme de simples terroristes et surtout pas
comme des résistants aux nazis. Mal con-
seillés, les Allemands voulaient les discré-
diter en décourageant tout mouvement de
révolte contre l’occupant à l’approche des
alliés.
Manouchian est un Arménien né dans
la douleur et la répression des siens. Les
Turcs ont assassiné toute sa famille en
1915. Il devient un résistant convaincu et
déterminé. Chef de la section MOI (Mou-
vement ouvrier International) du groupe
FTP (Francs-Tireurs et Partisans), constitué
d’Arméniens, de Juifs, de républicains espa-
gnols, il n’oublie jamais son attachement à
la cause ouvrière. Sensible à la persécution
des Juifs, il compare les faits à l’extermina-
tion des Arméniens. Hitler n’avait-il pas dit
dans l’un de ses discours : « Qui aujourd’hui
se souvient de la tuerie des Arméniens ? ».
Manouchian s’en remet corps et âme à une
cause qui a toujours été la sienne, la défense
de la liberté de l’homme contre tout oppres-
seur et assassin.
Boris Bruhman fondateur du
groupe FTP-MOI
L’organisation est fondée en mars 1942
par Boris Bruhman, issu d’une famille ayant
fui la Russie, et à qui l’on avait retiré la direc-
tion du groupe, injustement, pour avoir
provisoirement refusé d’intensifier la lutte
devenue trop dangereuse à son sens dans
le contexte que l’organisation traversait.
Cela devait malgré tout se confirmer...
Manouchian est arrêté par la police fran-
çaise avec plusieurs de ses amis à Evry-
Petit-Bourg le 16 novembre 1943 à cause
Instant terrestre www.instanterrestre.com
Cendrillon des tropiques
La scène où évolue notre comédienne est une complice qui entretient et dissimule tous ses caprices. Si la jungle de
Bornéo n’offre pas toutes les garanties de l’apprécier, le visiteur devra observer un double jeu ; ceux de la pudeur
et de la persévérance. Et comme toutes les célébrités, elle joue sur le mystère en incarnant jusqu’à la perfection
son rôle de Cendrillon des tropiques. Mais de règles, elle s’en passe bien, jouant sur l’effet de surprise tout au long
de sa vie. Au début, ce n’est qu’un parasite (eh oui, on peut naître tare et se bonifier sur le tard) se nourrissant des
racines de plantes bien choisies. Son régime est sévère car pour se faire la plus belle, pas de digression. Le bour-
geon se présente initialement comme une pousse ordinaire, de couleur marron, puis atteint, très rapidement, la
taille d’un ballon de football pour s’ouvrir progressivement et dévoiler le rouge vif de ses pétales. Ainsi, elle pour-
suit son éclosion. Après une longue et éprouvante gestation où la beauté tutoie une perfection transitoire. Pour se
faner et s’éteindre à jamais tel le phénix. Ainsi va la vie de la Rafflesia, féerique et cruelle.
La Grande Époque
UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION
d’une trahison. Bruhman est rappelé par
le groupe en décembre 1943. Il exécutera
le traître responsable de l’arrestation de 23
de ses camarades fusillés au mont Valérien
le 23 décembre 1943. Cet épisode n’est pas
sans rappeler Marie-Octobre (1958) le beau
film de Julien Duvivier qui traite de la déla-
tion parmi les résistants. Ce film est incon-
tournable sur ce sujet. Reggiani y campait
un traître.
Robert Guédiguian a conçu un film d’ac-
tion comparable à L’armée des Ombres de
Jean-Pierre Melville (1969) avec Lino Ven-
tura et Paul Meurisse, tourné dans son
studio de la rue Jenner dans le 13e arrondis-
sement de Paris. Jean-Pierre Melville avait
ajouté à l’intrigue la dimension de la torture
physique et morale que chaque combat-
tant devait maîtriser pour pouvoir faire sur-
vivre le groupe.
L’affiche rouge
L’œuvre brillante de Cassenti (prix Jean
Vigo 1976) est un film sur la formation du
groupe Manouchian, puis son anéantisse-
ment grâce à l’étroite collaboration de la
police française avec les autorités occu-
pantes. Faisant coïncider un passé recons-
titué dans une pièce jouée par la troupe
d’Ariane Mnouchkine et l’évocation de l’his-
toire, ce film avait la particularité d’évacuer
le côté « bon ouvrage hollywoodien » sou-
vent éloigné de la réflexion qui éclaire les
événements. Il s’agit en définitive d’une
oeuvre où l’analyse historique domine avec
une variante légèrement fictionnelle. L’écri-
ture de l’oeuvre est originale. Elle fait se
superposer deux options sur la vision de
l’histoire : l’interprétation de personnages
basée sur le ressenti des événements, et la
vision froide des faits vue comme une actua-
lité fluctuante.
Longtemps, les gens cultivés ont pré-
tendu que les juifs n’avaient pas résisté
pendant la guerre. Voilà un exemple parmi
d’autres qui contredit cette calomnie émise
par les mêmes fascistes responsables de la
guerre et du massacre de toutes les minori-
tés. L’affiche rouge est là pour témoigner.
Photo et texte de Stéphane Cabaret
EpochTimes.com
Un groupe de résistants dis-
crets
Mosco Boucault avec son excellent film
Des terroristes à la retraire (1985) montre
les FTP MOI trahis par des communistes
soucieux de ne pas perdre le leadership de
leur parti. Un débat houleux avait eu lieu à la
télévision avec le réalisateur il y a une ving-
taine d’années.
Il n’était nul besoin à Quentin Tarentino
de nous concocter une fiction d’une durée
de 2 heures 48, Inglourious Basterds (2009)
pour souligner même caricaturalement
que tout aurait pu être différent si les juifs
s’étaient réveillés avant la disparition d’Hitler
en se prenant pour des héros de westerns.
Ils avaient depuis belle lurette combattu les
nazis avec succès d’abord dans les troupes
britanniques et dans la résistance soviéti-
que.
Les films de guerre sont extrêmement
nombreux. Ce sont surtout les films sur
la résistance, plus proches de notre sujet,
qui ont marqué la filmographie internatio-
nale et surtout les esprits. Ces films peu-
vent évidemment êtres des films de groupes
de résistance organisés par les militai-
res eux-mêmes et constitués de patriotes.
Les Canons de Navarone (1961) de Lee
Thompson a monopolisé une idée militaire
de la résistance. De même pour Opération
Crossbow (1965), Quand les aigles atta-
quent (1969), Paris brûle-t-il (1966) de l’ex-
cellent réalisateur René Clément, l’auteur
de Jeux interdits (1952). Ces films ont per-
mis aux Parisiens de sentir que chacun était
un peu résistant et avait participé à des opé-
rations pour libérer Paris. Le temps était à
la réconciliation et il fallait selon les gouver-
nements de l’époque penser à reconstruire
le pays et non pas à se lancer dans une
chasse aux sorcières. Le film avait rencon-
tré un vif succès. La publicité avait déferlé
sur le film, la télévision avait fait un repor-
tage sur les Champs Elysées où Jean-
Paul Belmondo tombait de bicyclette suite
à des coups de revolver, évitant ainsi une
patrouille allemande. Dans le scénario, la
musique nostalgique donnait le ton au cœur
des Français occupés.
La ligne de démarcation
Claude Chabrol dans La ligne de démar-
cation (1966) montre des résistants français
soucieux de conserver leur morale en arrê-
tant des profiteurs de guerres, des passeurs
malhonnêtes qui dénoncent et détroussent
des familles juives tentant de se réfugier
ailleurs. Le film montre cependant que des
Français patriotes préservent leur morale
contre l’occupant. Dans Les Violons du bal
(1973) avec Marie-José Nat, Michel Drach,
réalisateur de Le Passé Simple (1977) mon-
tre la résistance dévoyée par les intérêts
pécuniaires peu à même de sauver qui que
ce soit.
Comble de l’horreur, de la déception
morale dans Lacombe Lucien (1974), Louis
Malle montre un jeune rejeté par la résis-
tance qui, par dépit et sans état d’âme,
s’engage dans la milice n’hésitant pas à
dénoncer ses amis et ses compatriotes
par souci de confort et pour être reconnu.
Le personnage semble un peu sommaire,
c’est ce qui à l’époque de la sortie du film
avait provoqué de nombreuses polémiques
des associations de résistants n’admettant
pas des conclusions si véhémentes sur une
situation non généralisable. Dans la France
profonde, un dialogue s’était engagé sur les
radios et les télévisions remettant à l’ordre
du jour tous les griefs liés à la faiblesse de la
résistance française apparue selon certains
trop tardivement, ce que rejette le comité
national de la résistance. Louis Malle, par
souci de rédemption, tournera Au revoir les
enfants (1987), un film magnifique. Sort le
film de Robert Enrico, Le Vieux Fusil (1975)
avec Romy Schneider et Philippe Noiret,
une œuvre revigorante, laissant derrière
elle un parfum de soulagement par rapport
à la mémoire de tous ces événements tra-
giques que la France a vécus pendant l’oc-
cupation.
Vincente Minelli, un homme
de sensibilité « historique »
Notons que Vincente Minnelli a réalisé
l’un des plus grands et plus beaux films
sur la résistance, Les Quatre Cavaliers de
L’apocalypse avec Glenn Ford. Le tournage
a eu lieu en plein été mais l’action se passait
en automne. Vincente Minnelli a fait venir
d’autres contrées et par caisses entières
des feuilles dorées d’automne pour les col-
ler sur les arbres.
La minutie de Minelli est légendaire, sa
précision, son sens de l’action et de la nar-
ration placent ce film au-dessus de tous les
autres. Rien ne manque dans cette œuvre :
les batailles, les discussions, l’amour. L’ac-
tion en elle-même est constamment pré-
sente. Le thème est prenant : l’histoire
d’un homme riche venu d’Argentine dont
une branche de la famille est d’origine alle-
mande. Il s’engage dans la résistance car il
se sent lié par la liberté que permet l’amour
des siens. Il veut que son père, admirateur
des Français, soit fier de lui, sans toutefois
l’inquiéter par son engagement dont il gar-
dera le secret jusqu’au bout. Il ne va pas
hésiter. Et le film le dit clairement au travers
de son intrigue et de ses images : l’amour
ÉDITION 163
1 – 15 OCTOBRE 2009 • BIMENSUEL
- le ferment de la vie - sans dignité, sans
liberté, sans reconnaissance même pos-
thume, ne vaut pas la peine d’être vécu.
L’idée de rédemption dans
le film
L’explication des horreurs, la justification,
les excuses, rien n’est convaincant pour jus-
tifier ou excuser les millions de personnes
qui ont péri : assassinées, torturées, brû-
lées. Peut-on oublier ? N’est-ce pas une
responsabilité immense qui nous dépasse
et que seul Dieu, s’il existe, serait à même
de prendre ?
Le ruban de la virginité de la
vie
Il est tout de même significatif que la
palme d’or du festival de Cannes 2009 ait
été donnée à Michael Haneke pour son film
Ruban blanc qui symbolise la pureté d’un
enfant. L’intrigue, qui se situe à la veille de
la première guerre mondiale, tend à sou-
ligner que l’éducation rigoriste, la cen-
sure, la répression ont cultivé la montée
du fascisme. En suivant cet exemple, on
n’explique pas, selon Michel Ciment (que
j’approuve), comment la société anglaise
d’une morale sévère a-t-elle engendré un
pays aussi démocratique que le Royaume-
Uni ? La question de l’explication et de la
justification en ce qui concerne le nazisme
ne fonctionne pas, pas plus que la psycha-
nalyse. Le film fait penser par son austérité
à Ingmar Bergman. La photo y fait penser
aussi mais la comparaison s’arrête là.
Cependant les Allemands dans un pre-
mier temps ont tenté d’expliquer, de disser-
ter calmement avec finesse sur les origines
de la société allemande. Les films de Wim
Wenders, excellents, sont significatifs d’une
tentative cruciale pour tourner la page, avec
Alice dans les villes (1973) et ses films sui-
vants. Fassbinder contribue avec ses films
comme Les larmes amères de Petra von
kant (1972), ou Le Marchand des qua-
tre saisons (1972), à dissiper le malaise
de l’après guerre et esquisser des explica-
tions justifiant la conduite de leurs parents. Il
faut noter que le pardon dans les films alle-
mands est carrément inexistant.
Restent les films étrangers illustrant les
tentatives tardives, mais existantes tout de
même, de résistance : la tentative du colo-
nel Stauffenberg à mettre sur pied Opéra-
tion Walkyrie en 1944, complot destiné à
tuer Hitler, le film homonyme (2009) est joué
par Tom Cruise qui le produit également.
Cette œuvre fait de Tom Cruise un Super-
man qui sauvera le monde du mal comme le
héros auquel il est comparé.
Le comble de la malhonnêteté, et de l’in-
dignité, n’hésitons pas à le dire, revient au
réalisateur de Fureur (2003), dans lequel
Hitler est montré comme un pauvre bougre,
responsable de rien, à l’allure distinguée
intérieurement, personnage somptueuse-
ment interprété par le grand acteur Bruno
Ganz auquel chacun donnerait le bon Dieu
sans confession. Le personnage d’Hitler a
subi les inconvénients des bombardements.
Il est plein de poussière. Il sort de son Bun-
ker pour féliciter des enfants âgés de 13 à
15 ans, fiers de porter l’uniforme allemand,
qui vont se faire tuer à la fin de la guerre
quand tout est perdu. Le film décrit com-
ment Goebbels et sa femme se donnent
la mort après avoir empoisonné leurs cinq
enfants. Ils sont tristes et malheureux, mais
ont-ils pensé à l’aube de leur mort à tous ces
enfants assassinés dans les camps ?
Le réalisateur ne s’est pas soucié de cela.
La rédemption ne peut se produire qu’après
une observation et une réflexion délicates
des ravages produits par ce nationalisme
raciste qu’a constitué le nazisme.
NB : Le jeudi 6 octobre à 14h, nos lec-
teurs, sur simple présentation du journal,
sont invités à la projection du film Le chan-
teur de Métro d’Alain Penso. Au théâtre
Dejazet, 41, faubourg du Temple, Paris 3e.
Métro République.
ALAIN PENSO
10 Environnement
Les scientifiques face au problème de la désertification
mondiale
e rôle de l’utilisation des sols agri-
L coles dans la réduction des émis-
sions de gaz à effet de serre est-il
important ? Extrêmement, répondent des
scientifiques spécialisés dans le domaine
de la gestion des terres dans de grandes
régions arides. Réunis à Buenos Aires,
la capitale argentine, du 22 au 24 sep-
tembre afin de discuter du changement
climatique et de la désertification des ter-
res arides, les experts affirment que la
prévention de la désertification est non
seulement possible, mais surtout impé-
rative pour garantir le succès d’une nou-
velle donne sur le climat.
S’attaquer aux causes
Le consortium des terres arides, la
science pour le développement a orga-
nisé un évènement intitulé « Compren-
dre les tendances de la désertification et
la dégradation », qui a eu lieu en même
temps que la 9e session de la Confé-
rence des parties, à la Convention des
Nations unies sur la lutte contre la déser-
tification.
Le DSD est constitué de cinq organi-
sations de recherche, dont l’institut pour
l’environnement et la durabilité du Cen-
tre commun de recherche de l’UE. Tou-
tes sont expertes en matière de gestion
durable des terres et des campagnes de
sensibilisation contre la dégradation des
terres. Les membres de la conférence
ont mis l’accent sur une question impor-
tante : pour lutter contre la désertifica-
tion, des méthodes scientifiques doivent
être développées afin d’aider les gens à
surveiller et à évaluer la dégradation des
terres. Les méthodes existantes n’abor-
dent malheureusement ce problème que
superficiellement.
Nouvelles espèces menacées dans le bassin du Grand
Mékong : inquiétudes au sommet de Copenhague
e Fonds mondial pour la nature
L (WWF) a déclaré le 25 septembre
que 163 des nouvelles espèces
végétales et animales découvertes en
2008 dans la région du Grand Mékong
seraient actuellement menacées par le
réchauffement climatique. Jusque-là,
ces espèces étaient inconnues de la
science, malgré plus de 40 ans d’étu-
des faites dans la région. Ce sont des
poissons, des lézards, des oiseaux, des
grenouilles et des plantes. On y trouve
par exemple une grenouille pourvue
de dents et mangeuse d’oiseaux, un
gecko qui semble tout droit débarqué
d’une autre planète et un oiseau qui pré-
fère de loin courir plutôt que voler. Le
28 septembre débutera à Bangkok une
nouvelle session de négociations de la
convention cadre des Nations unies sur
le climat. Ce sujet inquiétant ne man-
quera pas d’être abordé. L’objectif de
cette rencontre sera de préparer le som-
met de Copenhague de décembre qui
vise un accord fondamental pour succé-
der au Protocole de Kyoto. Un ferry traverse le fleuve Mékong à Phnom Penh.
Le Mékong, un des deltas
les plus fragiles au
monde
Selon le WWF, la température va con-
tinuer à augmenter, ainsi que le niveau
des océans. La fonte des glaces aidant,
l’eau salée se répandra dans le fleuve
et les conséquences seront préjudicia-
bles aux espèces et aux habitants qui
en dépendent. Selon le groupe d’ex-
www.lagrandeepoque.com
En Mongolie intérieure, un berger fait brouter ses moutons dans un pâturage aride.
Les conditions climati-
ques et l’activité humaine
D’après les experts, des approches
innovantes en sciences et technologie
pourraient permettre de s’attaquer aux
causes de la désertification et d’appor-
ter certaines réponses. Par ailleurs, une
approche holistique pourrait sensibili-
ser davantage la population et l’aider à
dépasser les impacts négatifs de ce pro-
cessus géologique qui résulte des condi-
tions climatiques et de l’activité humaine.
Plus la désertification se propage, plus
la perte de la capacité de production des
terres est grande.
Plus de 40 % de la superfi-
cie mondiale
Au début de l’année, trois groupes de
travail ont rédigé des ébauches de livres
blancs pour la conférence de l’UNCCD
qui résument les connaissances scien- Un tiers de la population
perts pour l’étude des changements cli-
matiques des Nations unies, le delta du
Mékong est l’un des deltas les plus fra-
giles au monde. « Des espèces rares,
menacées et indigènes comme celles-
là sont très vulnérables car les change-
ments climatiques réduiront encore leur
biotope déjà restreint. » Les espèces
dépendent les unes des autres, de leur
survie dépend celle des autres.
tifiques relatives à la gestion des terres
et de l’eau. D’après l’un des deux livres,
les terres arides représentent plus de
40 % de la superficie mondiale des ter-
res ; donnée inquiétante, surtout si l’on
considère qu’environ un tiers de la popu-
lation réside dans ces régions. La déser-
tification ayant déjà touché 20 % de ces
terres, le problème devient alarmant.
« Nous devons considérer ces terres
arides comme une priorité dans notre
effort mondial pour aider la population
rurale pauvre à faire face au change-
ment climatique », explique le Dr William
Dar, directeur général de l’Institut inter-
national de recherche sur les cultures
des zones tropicales semi-arides (ICRI-
SAT), un membre du DSD soutenu par
le groupe consultatif pour la recherche
agricole internationale (CGIAR).
242 millions d’habitants
dépendent du Mékong
Stuart Chapman, responsable du pro-
gramme de la région du Grand Mékong
pour l’organisation écologique à WWF
indique que « certaines espèces seront
capables de s’adapter aux changements
climatiques, d’autres non, ce qui risque
de conduire à l’extinction de nombreuses
espèces. » De nombreux pays dépen-
1 – 15 OCTOBRE 2009 ●
AFP/Getty Images
vit dans les régions arides
De son côté, le président du DSD
Mahmoud Solh déclare : « Les écosys-
tèmes fragiles des régions arides sont
extrêmement vulnérables à la déserti-
fication des terres. Les agriculteurs de
ces régions sont déjà confrontés à une
météo rude et variable et à des res-
sources limitées. » Le Dr Solh, qui est
également directeur général du Centre
international de recherches agricoles
dans les zones arides, ajoute : « Nous
devons absolument unir nos forces pour
les aider aujourd’hui à faire face à ces
restrictions et leur donner l’espoir de
s’adapter demain au changement cli-
matique ».
Propagation de 11 % des
terres arides
Les scientifiques font remarquer que la
perte de biodiversité sera importante
Tang Chhin Sothy/Getty Images
dent du delta du Mékong : le Cambodge,
le Laos, le Myanmar, la Thaïlande, le
Viêtnam et une partie de la Chine. Ce
fleuve de l’Asie du Sud–Est est né dans
les hauteurs de l’Himalaya, situées au
Tibet oriental. Ce sont environ 70 mil-
lions d’habitants qui vivent à proximité
du bassin, et 242 millions d’habitants qui
en dépendent, des populations compta-
bilisées sur plusieurs pays. Le bassin du
La Grande Époque
(une évaluation effectuée au Rajas-
than, en Inde, a montré que le nombre
des espèces végétales a baissé de 54
à 9), et les terres arides finiront par ne
plus pouvoir fournir des conditions de vie
adéquates aux hommes. À terme, l’insta-
bilité sociale et politique s’amplifiera, de
même que la pauvreté rurale. D’après
les dernières données du Groupe d’ex-
perts intergouvernemental sur l’évolu-
tion du climat, le changement climatique
continuera à nuire aux terres arides,
et entraînera leur propagation dans le
monde à hauteur de 11 %.
Les terres arides contri-
buent à 4 % des émissions
D’après les experts, les terres ari-
des dégradées ne parviennent pas à
séquestrer le carbone (capture et stoc-
kage de carbone depuis l’atmosphère
dans les puits de carbone). Les statis-
tiques actuelles suggèrent que les sols
dans les zones arides contiennent plus
de 25 % des dépôts mondiaux de car-
bone organique. La dégradation de ces
terres conduit à la libération de carbone
dans l’atmosphère. En bref, les terres
arides dégradées contribuent à 4 % par
an des émissions mondiales.
« La science et la technologie détien-
nent la clé de la lutte contre la déserti-
fication et le changement climatique »,
affirme le Dr Dar. « Grâce à l’association
intelligente des politiques holistiques
et d’une action mondiale, la science
de pointe pourra contribuer à atténuer
le phénomène de désertification et de
dégradation des terres, en améliorant
les conditions de vie de millions de
personnes pauvres résidant dans des
régions arides. »
CORDIS NOUVELLES
Mékong est utile à l’irrigation, à la pêche,
à la pisciculture, à la production hydro-
électrique, au transport, à la fourniture
d’eau à l’industrie et aux particuliers. Il
est également connu et célèbre pour ses
habitations et ses marchés flottants.
Les glaciers fondent plus
vite que les négociations
n’avancent
Lors du G20, le 23 septembre à New
York, le secrétaire général de l’ONU Ban
Ki-moon, a déploré l’inefficacité des ren-
contres : « Le changement climatique
est la question géopolitique la plus pres-
sante du XXIe siècle. Mais les glaciers
fondent plus vite que les négociations
sur le climat n’avancent ». Ils encoura-
gent les pays « à parvenir à un accord
scientifique robuste. » Il a rappelé qu’il
avait voyagé cette année des glaces de
l’Arctique aux steppes de la Mongolie et
avait vu de ses propres yeux les effets
que les changements climatiques ont sur
la planète et sur ses habitants.
Les membres du G20 ont tenté lors
de cette rencontre, de se prononcer sur
le climat. Ils sont restés dans le vague,
tenant des propos généralistes, parlant
de finances, de suppression des subven-
tions inefficaces. Les spécialistes sont
inquiets à moins de 90 jours du som-
met international, car un nouvel accord,
qui doit s’élaborer, permettra de rempla-
cer le protocole de Kyoto qui se termi-
nera en 2013.
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12 Outre-mer www.lagrandeepoque.com 1 – 15 OCTOBRE 2009 ● La Grande Époque

Guadeloupe : fort potentiel pour les énergies renouvelables

Avec une croissance de 10,7 % cailloux et agrandir le volume. Les résul-
des consommations d’éner- tats étant intéressants, la construction de
trois autres puits de forage ont été déci-
gie entre 2000 et 2006, l’archi- dés (BO5, BO6, BO7) sur le même site.
pel guadeloupéen doit faire face
aujourd’hui à des nouveaux LGE : Pourquoi une seule centrale
besoins en énergie. Ce chiffre géothermique en France ?
Jules Cairo : C’est la seule centrale
impressionnant est essentielle- à haute énergie (250 °C) en France.
ment dû à la hausse de la con- Dans les autres régions, en Alsace ou
sommation résidentielle (des en région parisienne, on a des gisements
de moyenne énergie qui nécessitent de
particuliers), 30,7 % entre 2000 la réinjection.
et 2006, couplé à celle du ter- Dans l’arc antillais, on a par exemple
tiaire (15,4 %) et des transports la Dominique qui a un potentiel énorme.
(4,7 %). Les Philippines produisent des milliers de
mégawatts.

a hausse du pouvoir d’achat des LGE : Pouvez-vous nous en dire

L ménages mais aussi la modifi-

cation des modes de vie tournés
vers le confort sont autant de facteurs
qui poussent la population à consom-
mer davantage. Pour exemple, l’usage
de la climatisation multipliée par cinq
entre 1999 et 2006, ou l’augmentation
du parc automobile et donc de la con-
sommation de carburant… Ajouté à cela,
une tertiairisation de l’activité profession-
nelle qui s’est orientée vers le tourisme et
les services.
La principale source d’énergie en Gua-
deloupe est le pétrole (86 % des con-
sommations), énergie fossile qu’elle ne
possède pas et qu’elle doit acheminer,
selon le cadre tracé lors du Grenelle de
l’Environnement en matière de maîtrise et
d’économie d’énergie. Il était urgent de se
tourner vers d’autres sources d’énergie…
Il est vrai que l’archipel semble bien doté
naturellement dans ce domaine : le soleil
et le vent, bien sûr, mais aussi la géother-
mie présente dans la région volcanique
de la Basse-Terre…
Des éoliennes sont placées sur des
sites stratégiques de la Guadeloupe et de
ses îles. Coup de chapeau à la Désirade
qui a été la première en 1993 à installer
un parc éolien de 20 aérogénérateurs
adaptés aux conditions météorologiques
régionales : anticycloniques donc rabat-
tables en cas d’alerte !
L’énergie solaire proposée aux par-
ticuliers n’est pas en reste mais consti-
tue aujourd’hui encore un investissement
conséquent lors de l’installation. L’usage
du photovoltaïque est pourtant possible
à différents niveaux. Chez le particulier,
Jules Cairo, directeur de la centrale géothermique de Bouillante en Guadeloupe, en salle des commandes.
l’installation de panneaux solaires lui per-
met d’acquérir rapidement une autono-
mie énergétique et même de revendre la
surproduction d’électricité à EDF…
Les propriétaires de terres non méca-
nisables ont la possibilité d’installer une
centrale solaire au sol ou « ferme photo-
voltaïque ». Cette dernière produit ainsi
une énergie propre (sans émission de
CO2) pour des centaines de foyers. Il est
recommandé toutefois de pratiquer une
activité agricole parallèle.
Et bien sûr, le plus simple en matière
de solaire demeure le chauffe-eau
solaire, dont l’installation est d’ailleurs
obligatoire depuis le décret n°2009-424
du 17 avril 2009, pour toutes les cons-
tructions neuves en compensation de la
climatisation, gourmande en énergie.
La géothermie demeure la spécificité
de la Guadeloupe dans le domaine des
énergies renouvelables, car c’est le seul
site en France qui exploite cette énergie.
Intéressante de par sa disponibilité et son
impact environnemental faible, la géo-
thermie constitue une source d’énergie
en pleine expansion.
À Bouillante, commune située dans
l’ouest de la Basse-Terre, la centrale
se découvre dès l’entrée dans le bourg
même de Bouillante.
Jules Cairo, directeur de la centrale, a
aimablement répondu aux questions de
La Grande Epoque.
LGE : Quelle sont les origines de la
centrale géothermique de Bouillante ?
Comment a-t-elle été créée ?
Jules Cairo : Bouillante est connue
depuis toujours pour son activité fumerol-
lienne et ses eaux ferrugineuses, certains
l’appelaient d’ailleurs « Fontaines Chau-
des » autrefois. En 1964, un professeur,
le professeur Jacques Solier a utilisé ses
eaux pour des bains thermaux et avait
réussi à soigner quatre personnes.
La Grande Epoque
À la suite de cela, le BRGM (Bureau
des Recherches Géologiques et Miniè-
res) a effectué des tests pour savoir si la
géothermie était possible et les premiers
forages (Bouillante1=BO1) ont été effec-
tués en 1969, à 800 mètres pour 228 °C,
tout comme un geyser type Yellowstone !
Puis il y a eu un deuxième site de
forage de Bouillante2. On a foré à 540
mètres pour une température de 242 °C.
Avec la nationalisation de l’électricité et
l’apparition d’EDF, une boucle d’essai
(test des matériaux résistants à la géo-
thermie) a été effectuée par celle-ci et
la centrale électrique a été construite en
1985. De 1986 à 1992, EDF a exploité la
centrale puis elle a été mise en stand by
avant d’être reprise par la CFG qui l’ex-
ploite donc depuis 1996.
Il y avait un seul forage avec le BO4
à 2.500 mètres pour 252 °C. Mais le
volume de forage étant trop petit, de l’eau
froide a été injectée afin d’éjecter des
plus sur la Dominique (n.d.r. île indé-
pendante située entre la Guadeloupe
et la Martinique) ?
Jules Cairo : Des études de pros-
pection ont été faites par le BRGM et
ont démontré ce potentiel énorme à la
Dominique. Le projet est de construire
une centrale qui approvisionnera pour
moitié (25 watts chacune) la Martini-
que et la Guadeloupe par le biais d’un
câble sous-marin et bien sûr, la Domini-
que elle-même. Les investisseurs seront
l’AFD, l’ADEME internationale, le Com-
monwealth, et les régions Guadeloupe
et Martinique.
LGE : La Guadeloupe est une zone
sismique très active. Quelles peuvent
être les conséquences sur la cen-
trale ?
Jules Cairo : Cinq stations sismiques
enregistrent les phénomènes qui peuvent
arriver et entraîner la fermeture des puits
si besoin est. On peut vérifier la qualité de
la vapeur en analysant la minéralisation
de l’eau qui sort…Mais on n’a pas enre-
gistré de changements jusqu’à présent
au niveau de la vapeur…
Énergie solaire, éolienne, géothermi-
que, la Guadeloupe semble posséder
les atouts lui permettant d’acquérir une
autonomie relative en matière de pro-
duction d’énergie, faisant d’elle l’un des
départements français pionniers dans ce
domaine si sensible en ces temps diffici-
les.
FRÉDÉRIQUE PRIVAT
LA GRANDE ÉPOQUE
GUADELOUPE

Un orfèvre de la mer à Marie-Galante

Nos pas nous amènent sur
l’île de Marie-Galante, vérita-
ble joyau des Antilles, située
non loin de la Guadeloupe où de
nombreux artistes trouvent l’ins-
piration au contact d’une nature
sauvage. Tel est le cas de Jean
Pol Jacob qui nous fait partager
sa passion.
Jean Pol va nous entraîner dans son
échoppe « OCEOM » et nous faire décou-
vrir de véritables beautés, des bijoux faits
de coquillages véritables recouverts d’or.
LGE : Bonjour Jean Pol, quel est
votre parcours ?
Jean Pol : Mon parcours est un petit
peu atypique car je viens de l’édition
de publicité à Paris où j’ai travaillé pen-
dant 25 ans. Un jour, j’ai décidé de venir
en Guadeloupe et racheté un petit ate-
lier de bijouterie. J’avais très envie de
créer des bijoux un peu spéciaux qu’on
ne trouvait nulle part ailleurs. Des bijoux
sortis de mon imagination. Je me suis
intéressé alors à tous les coquillages et
objets marins qui sont rejetés par la mer
et j’ai décidé d’en faire des bijoux en les
trempant dans des bains d’or 24 carats.
Je réalise donc toute une collection de
bijoux : des broches, des pendentifs avec
toutes sortes d’objets qui viennent de
l’océan. J’utilise une technique tout à fait
spéciale et très pointue avec des coquilla-
ges naturels qui n’ont absolument aucun
moulage et sont blindés de métal. Ils sont
ensuite recouverts d’or 24 carats, techni-
que dont je garde jalousement le secret.
Jean Pol : Au fil des années, ma clien-
tèle me ramène de temps en temps des
petits objets qui leur sont tout à fait per-
sonnels. Ils les ont trouvés sur les pla-
ges ou ailleurs et ils me demandent de
les monter en bijoux, ce que je fais avec
grand plaisir.
LGE : Je vois dans votre vitrine un
objet tout à fait particulier !
Jean Pol : Il s’agit d’un trophée qui à
été réalisé à l’occasion de la transat Belle-
Île en mer / Marie-Galante 2009. En fait
c’est une copie. Il y a eu trois exemplai-
res réalisés. Ce trophée a été remis au
vainqueur de la transat Gildas Morvan.
J’ai travaillé avec un sculpteur bellilois -
étant donné que Belle-Île en mer et Marie-
Galante sont maintenant jumelées depuis
deux ans. Nous avions l’idée d’un jume-
La Grande Epoque lage artistique et avons produit une pièce
« Des coquillages enrobés d’or pour se parer ». tout à fait originale, en dehors des tro-
phées classiques, remis lors des compéti-
LGE : Tous ces coquillages parais- jets marins que je récupérais sur l’archi- tions sportives.
sent extrêmement fragiles, vous devez pel de Guadeloupe. Pour étoffer un petit Il y a eu quelques déclinaisons sur les
avoir un grand pourcentage de perte ? peu ma collection, je travaille aussi avec affichettes et des bouteilles de rhum, mais
Jean Pol : Au départ comme toute des collectionneurs de coquillages, des l’emblème est fait avec un véritable dol-
fabrication empirique - car il n’y a pas importateurs de certains modèles dont les lar de Marie-Galante. C’est un oursin
d’école pour ce que je fais - je me suis petites étoiles qu’on ne trouve pas ici. Je plat dans lequel j’ai incrusté un crustacé
un peu arraché les cheveux pour arriver me fournis aussi chez les éleveurs asiati- recouvert d’or qui est typique de Belle-
ques. Il y a tout un réseau de collection-
à solidifier des éléments fragiles poreux. Île en mer et symbolise la fusion entre
Au fil des années, j’ai mis au point des neurs par lequel j’arrive à avoir certains les deux îles.
techniques personnelles pour durcir tou- modèles qu’on ne trouve pas ici. Mais en
général je travaille quand même à 80 %
tes ces matières et arriver à avoir un bijou LGE : C’est vraiment très beau. Et
avec des coquillages de l’archipel guade- là, ce médaillon en dollar a t-il une his-
très solide qui garde tous les détails de la LGE: Merci Jean Pol. Vous avez
pièce originale. loupéen et des Antilles. toire ? une très belle collection qui fait vrai-
Jean Pol : Ce médaillon a été réalisé ment rêver.
LGE : D’où tenez-vous tous ces LGE : Acceptez-vous de faire des à l’occasion de la première transat 2007.
coquillages ? bijoux sur demande avec des coquilla- Cette idée d’associer deux coquillages de
Jean Pol : Je travaille depuis des ges rares ou avec des objets person- deux îles m‘était venue. J’en ai profité
années avec 80 % de coquillages et d’ob- nels. pour offrir un médaillon à Laurent Voulzy, Pour en savoir plus : www.oceom.fr
initiateur du jumelage Belle-Île - Marie-
Galante et en hommage à sa chanson.
LGE : Dans votre collection, quel est
votre coquillage préféré ?
Jean Pol : Vous savez, moi je n’ai
aucune préférence car je les trouve tous
absolument fabuleux. La nature est telle-
ment bien faite. Ce sont déjà des petits
chefs-d’œuvre naturels. Je ne fais que
les magnifier, les sublimer. En fait, le véri-
table artiste, c’est la nature. Je n’ai pas
de préférence. Je les trouve tous magni-
fiques en les regardant à la loupe. Par
contre, dans ma clientèle, mes meilleu-
res ventes se font sur ce fameux dollar de
sable qui est une pièce que les gens ne
connaissent pas beaucoup. Elle est vrai-
ment typique des Antilles.
LGE : Il me semble que les graines
du pays vous inspirent également.
Jean Pol : Tout à fait, pour étoffer la
collection. Comme la technique que j’uti-
lise me permet de plaquer n’importe quel
support, j’ai décidé de faire des essais
avec des petites séries sur des graines
du pays : notamment les graines de Filao
qui ressemblent à des petits ananas, des
petits bourgeons de Zaccadi qui ressem-
blent à des petits litchis et d’autres cho-
ses… anis étoilé, badiane, tout ce qui me
tombe sous la main pourvu qu’il ait un
aspect assez original.
MAGGY SANNER
LA GRANDE ÉPOQUE
GUADELOUPE
La Grande Époque ● 1 – 15 OCTOBRE 2009
Lire avec les mains…
Un morceau de bois à la place du
tronc de l’arbre et une fourrure de
poils pour dessiner la silhouette
de la souris, telles sont quelques-
unes des images tactiles que l’on
peut découvrir dans les livres
confectionnés par les « Doigts
qui rêvent ». Cette maison d’édi-
tion associative a été créée par
un instituteur spécialisé, Philippe
Claudet, afin de remédier à l’ab-
sence d’ouvrages de jeunesse
« adaptés » aux enfants mal-
voyants ou aveugles.
En effet, la France compte 1,7 million de
personnes déficientes visuelles, soit 2,8 %
de la population totale. 65.000 d’entre elles
seraient aveugles et 146.000 très mal-
voyantes (Insee Handicaps-Incapacités-
Dépendances 1999-2000). Une enquête
de l’Association des parents d’enfants
déficients visuels, réalisée en 2006, mon-
tre que 70.300 enfants seraient atteints de
ce handicap (de la malvoyance partielle à
la cécité totale) et représenteraient 4,7 %
des moins de 20 ans. Un chiffre important
et pourtant peu pris en considération par
les maisons d’édition jeunesse ou éduca-
tive qui ne publient aucun support adapté
à ce jeune public.
Le but de ces albums « tact’illustrés »
est de donner aux enfants malvoyants
(pré-lecteurs de cinq à sept ans) les
moyens de pouvoir apprendre à lire mal-
gré leur handicap. La maison d’édition
cible également les parents non-voyants,
pour qu’ils puissent partager les lectures
avec leurs enfants voyants. Les albums
sont ainsi conçus pour être lus et touchés
par un large public : des illustrations en
relief ou découpées permettent de suivre
l’histoire de façon tactile ; un texte trans-
crit en braille accompagne le texte en gros
caractère.
Le succès de livres « pas ordinai-
res »
Pour fabriquer ces livres « pas ordinai-
res », l’association fait appel à l’économie
solidaire : des membres d’établissements
d’aide par le travail (ESAT) s’occupent du
découpage des pièces quand des groupes
de femmes retraitées réalisent les travaux
de couture. Tous œuvrent de manière
bénévole. L’assemblage des albums et le
travail de finalisation sont, eux, réalisés par
les Ateliers pour Voir, un chantier d’inser-
tion qui accueille un groupe d’une dizaine
Construire la paix
« Si la guerre est la négation de
la culture, cette dernière est aussi
un moyen de mettre un terme
à la guerre » citation de Ber-
tha Von Suttner (9 juin 1843 - 21
juin 1914), première femme prix
Nobel de la paix en 1905.
L’organisation des Nations Unies
« pour l’éducation, la science et la
culture (UNESCO) est née le 16
novembre 1945 ». Pour elle, « le plus
important n’est pas de construire des sal-
les de classe dans les pays dévastés ou
de restaurer des sites du Patrimoine mon-
dial. L’objectif que s’est fixé l’Organisation
est vaste et ambitieux : construire la paix
dans l’esprit des hommes à travers l’édu-
cation, la science, la culture et la commu-
nication ».
Une femme à la tête du secrétariat
de l’UNESCO
La récente élection d’un nouveau direc-
teur général à l’UNESCO, une femme, a
mis sous les feux de l’actualité cette insti-
tution. En 1945, l’Organisation des Nations
Unies pour l’éducation, la science et la cul-
ture (UNESCO) a été construite pour deve-
nir l’institution de la veille intellectuelle au
sein du système des Nations unies. Son
objectif : « Les guerres prenant naissance
dans l’esprit des hommes, c’est dans l’es-
prit des hommes qu’il faut élever les défen-
ses de la paix ». Les outils pour y parvenir
Une lecture variée accessible à tous, c’est l’objectif de ces maisons d’éditions qui créent des livres pour les non-voyants.
de salariés pour 12 mois avant de leur
retrouver un emploi ordinaire.
La fabrication d’un livre nécessite en
moyenne plus d’une dizaine d’heure de
travail et huit mois de maquettage au
préalable. Conçus artisanalement par des
parents, des professeurs, des psycholo-
gues ou des artistes, les modèles sont réa-
daptés par les équipes professionnelles
des Doigts qui rêvent, avant d’être produits
en 300 exemplaires. D’autres albums sont
aussi adaptés de grands classiques de la
littérature (Le Petit Chaperon Rouge, Jac-
ques et le haricot magique).
Malheureusement, la maison d’édition
ne parvient pas encore à répondre à l’im-
portante demande du public, des écoles
spécialisées et des bibliothèques.
Elle produit pourtant entre 3.000 et
4.000 albums par an (exemples de titres :
Ali et Léo, Qui sent le fromage ?) parmi
reposaient sur des échanges libres dans
le domaine de l’éducation, de la science,
de la culture entre les différentes nations.
Apprendre à se connaître et à se reconnaî-
tre, partager et échanger : faire émerger le
respect dans la diversité culturelle. Pour
qu’une paix durable et sincère soit accep-
tée par tous.
Le préambule déclare que les États
signataires de l’Acte constitutif sont « réso-
lus à assurer à tous le plein et égal accès
à l’éducation, la libre poursuite de la vérité
objective et le libre échange des idées et
des connaissances ». Le but de l’Organi-
sation a été défini comme suit : « Contri-
buer au maintien de la paix et de la sécurité
en resserrant, par l’éducation, la science et
la culture, la collaboration entre nations,
afin d’assurer le respect universel de la jus-
tice, de la loi, des droits de l’homme et des
libertés fondamentales pour tous, sans dis-
tinction de race, de sexe, de langue ou de
religion, que la Charte des Nations unies
reconnaît à tous les peuples. »
Les enjeux d’une élection
Cette élection a officiellement démarré
le 31 mai 2009, après la clôture du dépôt
des candidatures.
Il y avait officiellement quatre femmes et
cinq hommes, candidats au poste de direc-
teur général en charge de l’administration
de l’Unesco. La candidature égyptienne a
énormément été abordée dans la presse.
En effet Monsieur Farouk Hosni, semblait
partir favori pour ces élections. Mais au
bout de cinq tours, les suffrages des 48
lesquels huit nouveautés éditoriales. Ces
livres s’exportent énormément à l’étranger
où aucune initiative de ce genre ne s’est
réellement développée à grande échelle.
Grâce aux subventions privées et publi-
ques, les livres sont proposés à la vente
en moyenne à 60 euros, un prix bien infé-
rieur au coût de fabrication et de main
d’œuvre nécessaire (entre 130 et 140
euros par livre).
Où se les procurer ?
Proposés au public dans un catalogue
répertoriant plus de 70 références, fran-
çaises et étrangères, ces ouvrages sont
encore impossibles à trouver en librai-
ries. Ils peuvent par contre être comman-
dés via le site internet de l’association (1)
ou achetés lors de la plupart des différents
salons du livre en France. De nombreux
exemplaires sont aussi disponibles dans
La Bulgare Irina Bokova succède au Japonais Koïchiro Matsuura à la
tête de l’Unesco.
États membres du Conseil Exécutif de
l’Unesco ont privilégié la candidature d’une
femme. Madame Irina Bokova de Bulgarie
est ambassadrice en France. Ce choix doit
encore être confirmé, le 15 octobre 2009,
par la Conférence Générale, instance
suprême et Parlement de l’Organisation.
Elle est composée de ministres de l’Edu-
cation, de la Science et de la Culture et des
délégués des 193 États membres.
Ces élections illustrent l’importance
www.lagrandeepoque.com
les bibliothèques municipales qui offrent
aujourd’hui aux enfants une gamme variée
de livres adaptés.
Outre les bibliothèques traditionnelles,
il existe aussi depuis 1986, une bibliothè-
que entièrement destinée aux malvoyants.
C’est Olga d’Amore, une enseignante elle-
même aveugle, qui a souhaité créer une
structure permettant aux parents aveu-
gles ou malvoyants de faire la lecture à
leurs enfants, voyants ou non. L’idée est
aussi de favoriser l’accès à la lecture pour
les enfants aveugles et malvoyants et
les aider à s’intégrer dans un milieu sco-
laire classique. Pour cela, l’ABBE, Asso-
ciation Braille Bibliothèque Enfantine (2),
édite des livres en double écriture (braille
et gros caractères) afin de permettre aux
voyants et non-voyants d’échanger autour
d’un même ouvrage… Les 40 person-
nes qui travaillent dans la bibliothèque,
FRANCOIS GUILLOT/AFP
accordée à ce poste. En effet, il permet
souvent à un représentant désigné, d’un
des 193 États membres, d’occuper un
poste stratégique au sein d’une organi-
sation relevant des Nations unies. Com-
posée de trois instances, l’Unesco est
surtout reconnu pour ses programmes de
sauvegarde du patrimoine de l’humanité,
matérielle et immatérielle ainsi que pour
sa décennie internationale de la promo-
tion d’une culture de « la non violence et
Société 13
photos.com
de la fabrication jusqu’au prêt, sont tou-
tes bénévoles. Reconnue comme œuvre
de bienfaisance, l’ABBE bénéficie d’aides
financières de fondations, institutions, ou
simplement de dons des particuliers.
Bibliothèque de prêt par correspon-
dance, l’ABBE propose aussi une exposi-
tion itinérante gratuite, pour présenter son
travail et compte plus de 3.000 ouvrages
pour les 4-12 ans. À ce jour, on compte 90
emprunteurs réguliers (individuels, écoles
ou services de soin) qui représentent envi-
ron 200 personnes qui ont recours aux ser-
vices de l’ABBE. Parmi ces 200 personnes,
un tiers sont des parents non voyants.
FRÉDÉRIQUE PRIVAT
LA GRANDE ÉPOQUE
Avec Reporters d’Espoirs
(1) www.ldqr.org
(2) http://bibli.braille.enfant.free.fr
de la paix au profit des enfants du monde
(2001-2010) ».
Une analyse de cette organisation met
en avant une certaine rupture de la philo-
sophie construite autour d’une culture de
la paix, préconisée par les objectifs assi-
gnés par l’ONU et portée par l’avant der-
nier directeur général, Monsieur Federico
Mayor. Ainsi le directeur général sortant
Monsieur Matsura, a selon les experts,
mené une politique de gestionnaire ou
de réformes économiques. Cette réforme
économique a, entre autres, été à l’ori-
gine de la disparition d’une des publica-
tions phares de l’Unesco, Le courrier de
l’Unesco qui depuis 1947 était publiée en
trente langues.
Ces élections ont donc comme enjeu
de redonner à l’UNESCO, sa place et son
rayonnement en faveur d’une réelle culture
de la paix. Il ne s’agit pas là de savoir si
une femme est mieux placée qu’un homme
pour occuper cette place. Mais plus de
mettre en avant le fait qu’après la décen-
nie de réformes économiques, il devient
urgent de prioriser le dialogue entre les
peuples, de se pencher sur les fonde-
ments pour permettre au dialogue entre
les peuples de se reconstruire. Car toute
mondialisation nécessite une gouvernance
mondiale. Il semble impossible d’envisager
une approche politique à ce niveau, sans
instaurer une réelle démocratie mondiale
qui repose sur la reconnaissance de tous,
mais aussi sur l’expression et la participa-
tion de tous au patrimoine de l’humanité.
EDWIGE ANSAH
14 Santé et Bien-être www.lagrandeepoque.com 1 – 15 OCTOBRE 2009 ● La Grande Époque

Sérum de Quinton : l’eau aux mille vertus

L’homme : un aquarium
vivant
Le corps humain est constitué à 90 %
d’eau comme la lymphe, le plasma san-
guin et le liquide interstitiel qui possèdent
la même composition et la même struc-
ture minérale vivante que l’eau de mer.
Comme dans cette dernière, on y
trouve les sels minéraux et les oligo-élé-
ments, organisés et structurés de façon
dynamique et synergique. Chacun de
nous possède sa propre eau de mer inté-
rieure dans laquelle vivent, se nourris-
sent et se reproduisent les cellules. Cette
« mer » que l’on appelle le milieu intérieur
est le fondement sur lequel se construit
l’activité de l’organisme. Toutes les fonc-
tions transitent et se fondent sur le milieu
intérieur. Il a un rôle fondamental, puis-
que la qualité du fonctionnement cellu-
laire dépend de son intégrité.
Réciproquement, sa composition, sa
structure et son équilibre dépendent tota-
lement de l’activité cellulaire. Sur le plan
physiologique, le milieu intérieur corres-
pond à une notion de la médecine paral-
lèle, le « terrain ».
Le terme de « terrain » est judicieu-
sement emprunté à l’agriculture : on sait
que le sol n’est pas le support inerte de la
matière végétale qui y croît, mais que sa
composition minérale, sa vie microbienne,
sa structure et son pH influencent consi-
dérablement la santé des cultures qui s’y
développent. De manière analogue, on
reconnaît aujourd’hui que le terrain d’un
individu le prédispose à tel développe-
ment physiologique et le sensibilise à cer-
tains types de pathologies. Pour maintenir
sa santé, il faut préserver l’équilibre du
milieu intérieur, c’est-à-dire du « terrain ».
Les cellules doivent bénéficier d’un
environnement sain et équilibré, d’un
milieu intérieur non dénaturé par les pol-
lutions résultant d’une mauvaise hygiène
de vie. Quand une personne vit mal,
mange et boit n’importe quoi ou agresse
son organisme avec des produits non
naturels et toxiques, elle pollue son envi-
ronnement intérieur. Une fois l’équilibre
intérieur rompu, les défenses naturelles
n’assurent plus sa protection ; les micro-
bes peuvent alors se développer et les
maladies apparaître.
Le plasma marin : eau de
vie
L’eau de mer est un milieu de vie extra-
ordinairement riche et complexe. Elle pré-
sente de nombreuses particularités dont
certaines sont encore inexpliquées. La
richesse et la diversité des sels minéraux
et des oligo-éléments présents dans l’eau
de mer sont exceptionnelles.
Quinton, entouré d’une équipe médi-
cale, a développé durant plus de 25 ans
ce qui fut appelé la « méthode marine »
à l’aide notamment du « plasma de Quin-
ton », en solution isotonique injectable. Il
part du principe qu’en régénérant le milieu
intérieur appauvri, duquel se nourrissent
les cellules, au moyen de préparations
d’eau de mer purifiée, de composition
équilibrée et complète, le malade recons-
truit globalement son terrain. Les cellules
peuvent à nouveau y puiser les éléments
qui leur sont nécessaires.
Le plasma marin ne combat pas direc-
tement les maladies. Il agit sur le terrain
déséquilibré qui a permis leur apparition.
Il permet ainsi à l’organisme de combler
ses carences, de retrouver son équilibre
et de faire face par lui-même aux agres-
sions. Il aurait aussi une action très impor-
spéciales, en des lieux et à des moments
où la pureté de l’eau est parfaite. Elle est
prélevée dans des lieux uniquement con-
nus des Laboratoires Quinton. Son trans-
port s’effectue en véhicule isotherme en
moins de 48 heures jusqu’au laboratoire
de conditionnement. La mise en ampou-
les est faite au cours des 24 heures sui-
vantes en conditions de stérilité absolue,
sans contact métallique, sans élévation
de température, selon le protocole origi-
nal du biologiste.
Le plasma marin conserve ainsi en
tout temps son équilibre moléculaire,
son caractère de milieu vivant ainsi que
la totalité de ses oligo-éléments et de
ses micronutriments cellulaires bio dis-
ponibles.
Quinton affirme que cette solution
est une aide dans le traitement de nom-
breuses maladies telles que les problè-
mes digestifs, la déminéralisation, les
Jean Morin/La Grande Epoque allergies, les troubles psychiques, les
L’eau de mer est similaire aux liquides vitaux de notre corps. Injectée, affections cutanées de tous ordres, les
elle régénère notre organisme et lui permet de renforcer ses défenses asthénies neurovégétatives, les ano-
immunitaires. rexies, les diarrhées infantiles, les déshy-
dratations profondes, les gastro-entérites,
tante au niveau préventif en diminuant les ses principales propriétés vitales. L’eau la tuberculose, le choléra, le typhus et
risques de maladies. D’après ses con- de mer est un milieu vivant qui n’a rien bien d’autres pathologies.
cepteurs, il rééquilibre à long terme, plu- à voir avec un simple mélange d’eau et
tôt que d’agir de façon symptomatique en de sel. Il a donc fallu mettre au point une Un anti-médicament
négligeant la cause profonde de la mala- méthode spécifique de conditionnement « Le plasma marin n’est pas un sérum
die, et ne présente aucune toxicité pour assurant la non-altération de ses quali- contre telle ou telle affection, mais aide la
notre organisme. tés intrinsèques. cellule vivante », écrivait le Dr Jarricot. En
Le plasma marin est une eau de mer Par ailleurs, l’eau de mer ne peut être effet, le caractère unique du plasma marin
soigneusement élaborée et préservée prélevée n’importe où. La composition est qu’il reconstruit nos défenses naturel-
sans pour autant porter atteinte à sa de cette eau varie selon la distance par les en renforçant les bases de notre ter-
structure complexe et fragile dont décou- rapport à la côte, le climat et la végéta- rain, quelles que soient les maladies dont
lent ses propriétés thérapeutiques sup- tion marine. L’eau de mer qui sert actuel- nous sommes affligés.
posées. En effet, laissée à l’air libre, elle lement à la fabrication du plasma est donc MAGGY SANNER
s’oxyde. Stérilisée à haute température, puisée dans l’océan à 10 m du fond et à
ses oligo-éléments précipitent et elle perd 30 m de la surface avec des précautions Pour en savoir plus : www.quinton.fr

La dépression soignée par la médecine chinoise antique

Wen Zhi utilise la colère
pour traiter la dépression
Le roi Qi Min était le souverain de
l’Etat de Qi durant la période des royau-
mes combattants de l’ancienne Chine.
Quand il est tombé malade, des repré-
sentants ont été envoyés dans l’état de
Song pour inviter le ministre Wen Zhi, un
médecin qualifié, à venir le soigner. Après
avoir examiné le malade, Wen Zhi a dit au
prince héritier : « Le traitement de cette
maladie nécessite de faire enrager le roi
Min, mais une fois sa colère réveillée,
ma vie sera en danger ». Le prince héri-
tier et la reine ont promis de protéger Wen
Zhi. La maladie du roi Qi Min était une
mélancolie inquiétante et constante que
l’on appelle la dépression en médecine
moderne. Wen Zhi conçut une « théra-
pie psychologique particulière » pour trai-
ter le roi Qi Min.
Par quatre fois, Wen Zhi ne vint pas
ausculter le roi Qi Min alors que cela était
prévu. Puis, lorsque Wen Zhi arriva dans
dre son pouls. Son manque de respect fla-
grant suscita la fureur du roi Qi Min, qui
était déterminé à faire tuer Wen Zhi. C’est
de cette façon que Wen Zhi guérit la mala-
die du roi Qi Min.
Malheureusement, bien que le prince
héritier et la reine aient tout essayé pour
protéger Wen Zhi, le médecin qualifié finit
par perdre la vie. Selon la légende, le roi
Qi Min le fit bouillir dans un chaudron
durant trois jours et trois nuits, mais Wen
Zhi ne mourut pas. Toujours aussi enragé,
le roi Qi Min étouffa finalement le médecin
en plaçant le couvercle sur une marmite.
La sagesse de Hua Tuo
dans la thérapie par la
colère
Hua Tuo est un brillant médecin de la
La Grande Époque
HuaTuo. dynastie Han. Il traita un patient atteint
d’une maladie similaire. Mais Hua Tuo
la chambre du roi, il n’enleva pas ses agit plus prudemment que Wen Zhi car
vêtements ni ses chaussures à la porte et le patient était un gouverneur du comté.
se mit à genoux sur le lit du roi pour pren- Hua Tuo confia au fils du gouverneur, que
seul un accès de colère pouvait guérir son
père. Hua Tuo écrivit alors une lettre très
dure qui critiquait les idées du gouverneur
et la lui fit apporter par son fils. La let-
tre accusait le gouverneur de commettre
divers méfaits. Puis Hua Tuo écrivit éga-
lement une autre lettre, dans laquelle il
décrivait en détail son raisonnement et
son plan de traitement pour la maladie.
Il donna également cette lettre au fils du
gouverneur.
Convoqué à la résidence du gouver-
neur, Hua Tuo accepta un montant con-
sidérable pour ses services sans aller
rendre visite au gouverneur pour le trai-
ter. Le gouverneur lut la première lettre
de Hua Tuo et fou de rage, ordonna à
son fils de poursuivre et de tuer Hua Tuo.
Comme le fils du gouverneur avait lu la
seconde lettre de Hua Tuo décrivant de
façon détaillée ses plans de traitement,
il envoya des gardes pour arrêter Hua
Tuo mais en leur ordonnant de ne pas se
dépêcher, permettant ainsi au médecin
d’échapper à ses poursuivants.
Ayant appris que Hua Tuo avait pu
s’échapper avec la somme substantielle
qu’il avait reçue pour des frais de con-
sultation non données, le gouverneur
entra dans une colère monstrueuse. Il en
vomi trois litres de sang de couleur som-
bre. Une fois calmé, il découvrit qu’il était
guéri.
Zhang Zi He, l’un des quatre éminents
chercheurs en médecine de la dynastie
Jin, a également rapporté un cas médical
similaire dans sa célèbre œuvre littéraire
Ru Men Shi Qin. Son traitement consis-
tait à rester dans la maison de la per-
sonne atteinte, manger et boire à sa table,
demander des honoraires médicaux sans
prescrire aucun traitement. Poussé à ses
limites, le patient laissait éclater sa colère,
après quoi il découvrait que sa mala-
die était guérie. Les trois cas utilisaient
la même méthode : fâcher leurs patients
pour favoriser leur rétablissement.
HU NAI WEN

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La Grande Époque ● 1 – 15 OCTOBRE 2009
Manger bio coûte moins cher
es exploitations biologiques ont
L en général des rendements infé-
rieurs à ceux de leurs homologues
en agriculture intensive. Les cultures
n’étant pas « poussées » par les engrais
chimiques ni « protégées » par les pes-
ticides, et davantage d’espace étant
offert aux animaux ou aux plantations,
la production est, en moyenne, 20 %
plus faible.
S’y ajoute un surcoût de main d’œu-
vre : 25 % de plus pour les produc-
tions biologiques, moins mécanisées.
Les producteurs bios doivent de plus
payer le coût de leur certification et sont
pénalisés par le système français de
subventions agricoles. En France, ces
exploitants ne reçoivent pas les soutiens
que leur faible impact sur l’écosystème
et les nappes phréatiques justifierait
amplement. Si l’on inclut dans le coût
total de production les dépollutions, le
traitement des eaux, les dépenses de
santé publique liées à l’agriculture inten-
sive, les échelles de prix s’inversent.
Avec une vision « durable » des choses,
le bio, c’est vraiment moins cher…
Quand on achète un produit de l’agri-
culture intensive, on le paie plusieurs
fois. Une première fois aux caisses du
magasin, une deuxième au fisc, par les
impôts qui servent à financer les sub-
ventions agricoles, via la Politique Agri-
cole Commune. Une troisième fois par
les prélèvements sociaux obligatoires
pour aider ceux qui se retrouvent exclus
Offrez-vous un sourire
’acte de sourire est une chose fas-
L cinante. Il est intéressant de voir
comment il arrive naturellement
et sans difficulté quand on est heureux.
Nous pouvons aussi le produire cons-
ciemment, parfois avec authenticité
et parfois non. C’est intriguant de voir
comme un sourire nous touche émotion-
nellement. Un sourire n’est pas seule-
ment le résultat de nos émotions, mais
il peut aussi être le déclencheur de nos
émotions. Sourire quand on n’a pas le
moral peut avoir un effet stimulant.
Nos sourires ont également une inci-
dence considérable sur notre entou-
rage. Sourire à une personne d’un
groupe ethnique différent permet de
réduire des attitudes raciales négatives.
Une étude montre que lorsque des indi-
vidus d’un groupe ethnique reçoivent
des sourires de la part d’individus pro-
venant d’un autre groupe ethnique, leur
attitude à leur sujet change et devient
plus positive.
D’ailleurs, le chercheur Dale Jorgen-
son, un expert des effets du sourire, a
démontré que les personnes qui sou-
rient aux autres sont plus susceptibles
de recevoir des sourires en retour et
Mudgirls ou les extraordinaires constructions en torchis
e torchis est probablement la
L méthode de construction la plus
écologique, elle est à nouveau en
vogue. Utilisée pour construire des mai-
sons et des fours durant des siècles,
le torchis est un mélange d’argile, de
sable, de paille, d’eau et de terre, sem-
blable au pisé. Il est ininflammable,
résiste aux tremblements de terre, vit
longtemps et est peu coûteux.
Les bâtiments en torchis se trouvent
dans de nombreuses régions du monde,
y compris sur la côte ouest du Canada
et des États-Unis ainsi que dans le Nord
de la France. Dans le Devon, en Angle-
terre, des cottages de torchis blanchis à
la chaux avec des toits en chaume sont
toujours debout. Malgré leurs 500 ans,
ils ont résisté au passage du temps.
« Mélangé à la main mais plus sou-
vent avec les pieds, le torchis permet
d’être créatif et donne des murs sains
qui respirent », souligne Rose Dickson
de Mudgirls Natural Building Collective,
un réseau de femmes basé sur l’île de
Vancouver et du Gulf Islands qui cons-
truisent des maisons de torchis. « Ce
matériau est renouvelable, il a un fai-
ble impact sur l’environnement car il
demande très peu de manipulation ».
Le torchis évite également les émana-
Si les données de première approche indiquent que manger bio coûte entre 10 et 20 % plus cher que
l’alimentation « conventionnelle », une approche plus globale tend à montrer… le contraire.
du monde agricole : les 150.000 à
200.000 exploitations qui disparaissent
en Europe chaque année au nom de la
productivité. Une quatrième fois, enfin,
en finançant les coûts pour l’environne-
que plus un individu reçoit de sourires,
meilleure est son humeur. Alors, quand
vous souriez aux autres, cela fait une
différence dans leur journée comme
dans la vôtre.
Aujourd’hui, en rentrant, j’ai choisi de
faire un effort consciemment pour regar-
der directement les gens et leur offrir un
sourire. C’est très différent de mon habi-
tude car je suis souvent rêveuse ou pré-
occupée par mon agenda chargé, ne
m’intéressant que très peu à ceux qui
m’entourent.
Ça fait du bien !
C’était vraiment une expérience
incroyable. C’est agréable de sourire
aux gens et de les voir s’égayer et sou-
rire à leur tour. J’ai même souri à des
gens dont je pensais qu’ils ne me don-
neraient même pas l’heure et beaucoup
d’entre eux ont répondu tout en étant
surpris de mon sourire ! Presque tous
ceux à qui j’ai souri sont devenus gais.
J’ai même vu des gens qui semblaient
un peu tristes changer immédiatement
d’expression.
Parfois, nous ne sourions pas aux
autres parce que nous ne sommes pas
Un banc construit par les Mudgirls aux Jardins communautaires
Nanaimo sur l’île de Vancouver.
tions de colles et autres produits chi- poussiéreux, l’environnement est totale- ne sont pas conformes aux normes exi-
miques qui vont avec les matériaux de ment sain », ajoute-t-elle.
construction classiques. « Si les fini-
tions sont bien faites, l’habitat n’est pas torchis est excellent en termes d’éner- cabanes et les hangars mesurant envi-
ment et la santé liés à l’agriculture inten-
sive, dont il n’est pas aisé de chiffrer le
montant, faute d’étude exhaustive.
On sait néanmoins que contribuant
pour près de 20 % à l’émission des gaz
rassurés. Pourtant, sourire aux autres
peut accroître notre propre estime.
Réfléchissez à la façon dont vous mar-
chez normalement dans la rue. Êtes-
vous sur vos gardes, le regard droit
devant vous ? Remarquez-vous ceux
qui vous entourent ? Si vous êtes céli-
bataire en sortant d’une bibliothèque,
d’un café, ou de la librairie, souriez-vous
lorsque vous voyez un bel homme ou
une femme séduisante ou feignez-vous
ne pas regarder ? Professionnellement,
ne vous sentez-vous jamais intimidé par
d’autres qui peuvent avoir un poste plus
élevé ou qui semblent tout avoir ? Les
évitez-vous ? Qu’en est-il des person-
nes d’autres classes sociales ?
Je souhaite vous encourager à sou-
rire à ces personnes. Souriez à cette
personne que vous voyez à l’arrêt du
métro tous les matins ; souriez à quel-
qu’un qui semble avoir eu une rude jour-
née ; souriez à celle qui vous regarde
de travers ; souriez à celle qui semble
s’intéresser à vous. C’est comme un
cadeau. Il se peut que ce soit tout ce
dont il ait besoin. Il se peut qu’il choi-
sisse de ne pas le recevoir ou de ne
pas vous répondre, mais vous constate-
Mudgirls Natural Building Collective des formes arrondies qui permettent
Parce qu’il absorbe la température, le tannique. Elles construisent donc des
www.lagrandeepoque.com Art de vivre 15
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à effet de serre, en 3e position après
les transports et l’industrie, l’agricul-
ture intensive participe aussi très lar-
gement au réchauffement de la planète,
et donc aux coûts afférents. On retrouve
Le sourire est non seulement contagieux, mais aussi bon pour notre
santé et notre bien-être.
rez sans doute que davantage de gens humeur, d’augmenter votre confiance et
sourient plutôt que de tourner la tête. d’améliorer la journée des autres.
C’est un moyen simple d’être de bonne
gie passive, il garde la chaleur en hiver
et reste frais en été. Les Mudgirls se
spécialisent dans la méthode de cons-
truction traditionnelle au torchis. Il n’y
a pas de fondations en ciment. Lors-
que cela est possible, elles n’utilisent
que les matériaux locaux et naturels.
Elles partent généralement de ce qu’el-
les trouvent sur place et la perturbation
environnementale immédiate est ainsi
réduite au minimum.
Les femmes alignent soigneusement
les pierres récoltées afin qu’elles tien-
nent aussi solidement qu’un mur de bri-
que. Le torchis est ensuite appliqué à
la main directement sur les pierres tel
du ciment. Les piliers et les poutres pro-
viennent de bois recyclé, et des bar-
deaux de cèdre remplacent les tuiles du
toit, ce qui permet de développer natu-
rellement un toit végétal fait de mousse
ou d’herbes.
Le collectif utilise un style particulier,
une meilleure résistance du bâtiment
tout en apportant un design original.
Les maisons en torchis des Mudgirls
gées dans la plupart de la Colombie-Bri-
des pesticides dans 61 % des eaux sou-
terraines et dans 96 % des eaux de sur-
face. Pour qu’elle soit potable, toute
cette eau doit être traitée, pour un coût
considérable auquel participent très lar-
gement les contribuables. À ceci et par
un petit raccourci logique, on peut ajou-
ter le coût des 12 milliards de bouteilles
d’eau minérale consommées chaque
année.
Comment ne pas inclure enfin au
moins une partie du coût pour la société
des cancers provoqués par les polluants
environnementaux : coûts de traitement,
coûts liés à la non participation des
malades à la vie économique du pays,
coûts de sécurité sociale.
Un lien commun affirme que sans
engrais chimiques ni pesticides, la pro-
duction agricole chuterait au point de
ne pouvoir satisfaire tous les besoins
alimentaires. Pourtant, plusieurs pays
d’Europe ont drastiquement diminué les
pesticides et s’en portent bien : le Dane-
mark de 47 %, la Suède de 64 %, la Hol-
lande de 43 %, la Norvège de 43 %...
La France est aujourd’hui l’un des
trois pays du monde qui consomme le
plus de pesticides par 1.000 habitants !
Le médiatique gastronome et défen-
seur du « bon vivre » Jean-Pierre Coffe
l’a dénoncé sur France Inter plusieurs
fois, en présence de représentants de
l’agroalimentaire et de la chimie fran-
çaise qui n’ont pas démenti les chiffres.
lagedefaire.org
Hana Kotulanova/La Grande Époque
MELISSA KING
ron 30 mètres carrés car aucun permis
n’est alors requis.
« Même si les matériaux sont bon
marché, voire gratuits, construire une
maison en torchis demande beaucoup
de main d’œuvre, ce qui en augmente
le coût. Cependant, il y a beaucoup
de travail qui ne nécessite pas d’expé-
rience et les gens peuvent le faire eux-
mêmes. Si une maison en torchis a de
bonnes fondations et est construite cor-
rectement, elle ne pourrira jamais ni ne
se délabrera. Si ces maisons sont négli-
gées ou démolies, elles vont naturel-
lement se décomposer sans affecter
l’environnement », explique Dickson.
« Si pour une raison ou une autre,
la maison est abandonnée au point
que le temps la détruise, elle retour-
nera à la terre et un jardin biologique
pourra s’y épanouir. » Bien que spécia-
lisé dans la construction au torchis, le
collectif utilise aussi d’autres matériaux
naturels tels que les bottes de paille, le
bois flotté, le pisé, le bois cordé et des
matériaux recyclés comme le verre, les
pneus de voiture et les bouteilles en
verre.
SANDY WU
Pour en savoir plus : www.mudgirls.ca
16 Art de vivre
Le ballet des grands blancs à Paris
es Grands Blancs, ce sont les
L Grands Crus d’Alsace, qui comp-
tent parmi les plus merveilleux et
remarquables grands vins blancs
de France, car apportant chacun sa note
propre et sa spécificité en fonction du ter-
roir privilégié et classé dont il est issu.
Cette diversité et cette richesse, à l’in-
térieur de l’appellation même « Grands
Crus d’Alsace », fait de la palette des
« Grands Blancs » un patrimoine vini-
cole exceptionnel, aisément évolutif et
donc perpétuellement à redécouvrir… et
les sommeliers de tous pays, spécialisés
dans leur mise en valeur auprès d’une
clientèle de haut niveau savent à quelle
épreuve est mise leur conscience pro-
fessionnelle comme leur « métier » s’ils
veulent pouvoir la satisfaire… Tradition-
nellement depuis des années, la pres-
tation à Paris des « Grands Blancs » a
lieu en deux étapes complémentaires,
une présentation-dégustation au Grand
Hôtel, 2 rue Scribe, au printemps suivie,
à l’automne, d’une journée gastronomique
spécialisée en présence des profession-
nels de la restauration et donc de nom-
breux sommeliers, abritée en 2008 dans
de grands salons de la rue de Richelieu,
l’une comme l’autre étant due à l’initiative
du Conseil Interprofessionnel des Vins
d’Alsace (CIVA) à Colmar.
La présentation. Dégusta-
tion de mars 2009
Étaient présents une trentaine des plus
grands noms de la viticulture alsacienne,
originaires pour un tiers du Bas-Rhin et
pour deux-tiers du Haut-Rhin, avec Col-
mar pour centre de gravité…
Certains d’entre eux reviennent fidèle-
ment chaque année et nous les citons tou-
jours avec le même plaisir. Ce sont parmi
quelques autres grands fidèles les vigne-
rons de Pfaffenheim & Gueberschwihr
à Pfaffenheim, associés à Dopf-Irion à
Riquewihr, qui assument continuelle-
ment la quasi-présidence de cette pré-
sence périodique de l’Alsace dans notre
capitale.
D’autres se risquent pour la première
fois à faire le « voyage de Paris » avec
leurs plus belles bouteilles. Nous ne pou-
vons que donner un aperçu du potentiel
offert aux connaisseurs lors de cette ses-
sion.
Notons la jolie gamme de Riesling du
domaine Gresser à Andlau, de millésimes
2006 à 2007, vinifiés de telle sorte à res-
FRANCE, Strasbourg : Photo prise le 15 octobre 2004 à Strasbourg
d’une affiche publicitaire apposée sur un abri-bus, vantant les vins
d’Appelation Alsace Contrôlée.
www.lagrandeepoque.com
Vue de Pfaffenheim.
ter « jeunes » et à ne comporter que 5 à
8 grammes de sucres résiduels, c’est-à-
dire assez peu. Les plus « heureux »,
très agréables en bouche, sont les Ries-
ling 2006 et 2007 Grand Cru Moenchberg
(terroir marno-calcaire et colluvions) mais
aussi le très « jeune » Riesling 2007
Grand Cru Wiebelsberg (sablo-gréseux-
grès rose des Vosges).
Voici le domaine Marcel Deiss à Ber-
gheim dont la démarche, très originale
et nouvelle, consiste à mettre en valeur,
non les cépages proprement dits mais
les Grands Crus dont ils sont issus, par
le biais d’assemblages très finement éla-
borés susceptibles d’une garde de 20 ans,
pour lesquels il n’a été fait appel à aucune
AFP
1 – 15 OCTOBRE 2009 ● La Grande Époque
www.dmp-concept.com
« correction » (d’acidité, de sucres, etc.). situé sur un éperon rocheux en rebord de teurs et en voie d’abandon, les crémants,
Les vins sont maintenus à un taux de montagne et est constitué de grès rose et etc., restent l’accompagnement privilégié
sucres résiduels compris entre 10 et 15 de roches volcaniques. et naturel de la gastronomie alsacienne.
grammes par litre. Sont seulement cités Le Gewurztraminer Grand Cru Kitterlé Elle est de plus en plus appréciée dans de
le Grand Cru et le millésime. 2005 est de très grand caractère et con- nombreux pays du monde (Scandinavie,
Voyons aussi la cave de Ribeauvillé, vient particulièrement aux préparations de Europe centrale et Russie, pays méditer-
pour ses Riesling, Pinot gris et Gewurz- foie gras et comme vin de dessert. Il est ranéens, Moyen-Orient, Antilles, Japon,
traminer, très orientés vers le « bio », sise aussi un apéritif moelleux de classe. Chine, Thaïlande, Océanie…) et souvent
sur cinq Grands Crus de caractère diffé- Les autres Grands Crus sont le Saering davantage même qu’en France, ce qui
rents. (marno-calcaro-gréseux) et le Spiegel finit par poser problème.
À Ribeauvillé encore, Louis Sipp, dis- (marno-gréseux). Les vins qui en pro- Cette gastronomie permet tous les bon-
posant de trois Grands Crus, Oster- viennent sont de caractère assez jeune et heurs et toutes les adaptations et ce ne
berg (marneux) Kirchberg de Ribeauvillé léger. Leur durée optimum de garde est sont pas les propositions de recettes ori-
(marno-calcaro-gréseux) et Schoenvourg de cinq ans. ginales qui manquent pour s’en convain-
(marno-sableux-gypseux) dont sont issus cre, imaginées par les plus grands chefs
des Riesling, Pinot gris, Gewurztraminer, Pour conclure d’Alsace.
de 2002 à 2007. Répétons-le, les vins d’Alsace en Et c’est encore bien sûr au CIVA
Nous voici à la cave des vignerons plus des Grands Blancs, les divers Pinot qu’on peut les demander: 12 avenue
de Pfaffenheim déjà citée ; signalons blancs, les Pinot noirs et toute la liste des de la Foire au Vins - BP 11217, 68012
le Grand Cru Steinert (calcaire), le par- cépages spécifiques des terroirs alsaciens Colmar Cedex. Tél.: 03.89.20.16.20.
fait Pinot gris 2002 et le Gewurztraminer dont certains très anciennement cultivés www.vinsalsace.com; civa@civa.fr
2007, ayant beaucoup de « corps » en rai- et limités désormais à de tout petits sec- HENRI DURRENBACH
son de ses 30 grammes de sucres rési-
duels, et au Grand Cru Zinnkoepflé (petite
tête au soleil) calcaro-gréseux, le déli-
cieux Pinot gris 2004.
N’oublions pas le domaine du clos
Saint-Landelin, vignoble René Muré
à Rouffach, le plus ancien de tous les
« bio » d’Alsace où l’on cherche à modé-
rer la teneur en sucres résiduels ; une des
bouteilles les plus réussies est le Pinot
gris 2005 Grand Cru Vorbourg (calcaro-
gréseux), léger, mais de caractère.
Passons chez Éric Rominger à Wes-
thalten, disposant de deux Grands Crus,
dont l’un est le Zinnkoepflé, mais un peu
particulier, comportant de petits compo-
sants fossiles, « les Sinnèles » d’où l’ap-
pellation des vins correspondants.
Citons comme bel équilibre le Ries-
ling 2004. Les Sinnèles, un délicieux vrai
Riesling à 8g/l de sucres résiduels, dont
les vignes ont plus de 25 ans.
Poussons jusque chez Seppi Land-
mann à Soultzmatt, qui dispose d’un seul
Grand Cru, le Zinnkoepflé, et qui travaille
lui aussi à réduire la teneur en sucres
résiduels. Le « coup de cœur » est le
Gewurztraminer 2000 – Sigillé Confrérie
Saint-Étienne, limité à quelque 20 gram-
mes de sucres résiduels par litre.
Un petit tour, enfin, à Guebwiller aux
domaines Schlumberger, qui étaient
représentés au Grand Hôtel par Séverine
Beydon-Schlumberger. Ils sont établis sur
quatre Grands Crus : Kessler (sablo-gré-
seux) et Kitterlé (gréso-volcanique) sont
intéressants l’un et l’autre. Le Grand Cru
Kitterlé (« le brise mollets ») est connu
dès 1699. C’est un terroir d’exception