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Cher lecteur,
A partir de ce préambule tu dois avoir compris cher lecteur que pour le moins, je
me méfie de la religion. Quelle qu’elle soit.
Tout petit déjà, j’avais constaté que ceux qui dans mon entourage manifestaient
le plus ouvertement leur dévotion étaient ceux-là mêmes qui se comportaient
avec le plus d’hypocrisie dans la vie courante et faisaient preuve du moins de
miséricorde envers les autres. Avec l’âge, mon a priori n’a fait que se renforcer à
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Ce sont des considérations sur l’âme qui m’ont conduit à mon acception de Dieu,
un Dieu immatériel créateur de lois physiques et spirituelles qui ont à leur tour
généré la matière puis la vie. Celle-ci a évolué chez certaines espèces comme
l’homme sur terre, pour leur conférer la notion de conscience, devenant ainsi un
support propice à l’âme. L’âme active présuppose en effet la conscience du bien
et du mal. Je suis arrivé à me faire une idée de ce que sont l’âme et la vie dans
l’au-delà, après m’être interrogé comme tout le monde, sur le sens de la vie sur
terre. Les réponses toutes faites qui m’étaient proposées ne me donnaient pas
satisfaction. Par exemple pour le chrétien, l’homme a commencé son existence
au paradis dans une vie d’insouciance où les notions de douleur et de mal étaient
inconnues. Mais pour son malheur, il a bravé un interdit de Dieu (péché originel),
ce qui l’a fait tomber en disgrâce et a conduit à son exil sur terre, le condamnant
à gagner sa vie « à la sueur de son front ». Le but de l’homme sur terre serait
donc de regagner le paradis perdu à travers la prière, la repentance et les actes
vertueux. Pour les catholiques, l’homme peut retrouver le paradis par ses actes
car Jésus, fils de Dieu s’est « sacrifié » pour rattraper le péché originel évoqué ci-
avant. Pour les protestants, l’homme est encouragé à poser des actes vertueux
et à attendre la volonté de Dieu. Rien ne garantit que ses actes le conduisent au
paradis car son destin est tracé par Dieu depuis sa naissance et tout ce qu’il peut
faire n’y changera rien… Pourquoi un Dieu miséricordieux a-t-il pu s’offusquer
aussi irrémédiablement de ce que sa créature (clairement provoquée et trompée
par un ange déchu) lui a désobéi pour la première fois, cela reste déjà assez
inexplicable pour moi. Mais qu’il étende sa colère à toute la descendance de sa
créature pour une faute ponctuelle commise dans des conditions aussi
discutables, cela dépasse l’entendement et contredit les notions mêmes de
justice et de miséricorde. Ainsi pour le chrétien, Dieu pourtant proclamé
miséricordieux, serait en même temps rancunier ! Quelle contradiction ! Qu’en
est-il du musulman ? Lui croit avoir été créé dans l’unique but de servir Allah sur
terre. Son bonheur, son comportement sur terre… tout cela est subordonné à sa
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Le musulman prétend qu’il ne faut associer personne à Dieu, pourtant il associe en
permanence le prophète à Dieu jusqu’au butin dont 20% reviennent à Dieu et au
prophète ! Le catholique aussi décrète l’unicité de Dieu, ce qui ne l’empêche pas d’en
faire une trinité ! Comment dans ce contexte ne pas élever en vertu suprême le fait pour
les croyants de croire « aveuglément » et en péché mortel l’exercice de l’esprit critique ?
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ce que l’âme atteigne le degré de pureté suffisant pour couper tout lien avec la
matière et rejoindre définitivement le divin, aussi automatiquement qu’un fruit
mûr se détache de sa branche sans avoir besoin de l’intervention de quiconque.
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Une autre question importante est de savoir ce que fait l’âme dans l’au-delà,
avant son retour sur terre. Combien de temps y reste-t-elle ? Est-elle « interrogée
par une sorte de tribunal » ? Entre-t-elle en contact avec d’autres âmes ?
Je crois que l’âme n’a aucun besoin logique d’être « interrogée» à son arrivée
dans l’au-delà. Surtout par un Dieu omnipotent et omniscient. Quelle information
pourrait recueillir « ce tribunal », que Dieu ne détienne déjà ? A moins de croire
que Dieu est un sadique que l’humiliation de ses créatures amuse ! Essayez un
instant de vous imaginer en juge unique et ultime ! Si vous lisez même dans le
cœur du prévenu de sorte que ses motivations les plus secrètes ne peuvent vous
échapper ; si vous savez tout et avez même assisté en témoin oculaire et auditif
à la perpétration des faits incriminés ; que vous faut-il de plus pour prendre votre
décision ? Quelle plaidoirie pourrait influencer une décision basée sur
votre connaissance totale et intime de la situation ? Un Dieu omniscient
n’a aucun besoin de séance de tribunal pour décider du sort de l’âme. Cela n’a
pas de sens. N’est-il pas plus sensé de considérer que l’âme démarre son séjour
dans l’au-delà par la prise de conscience pleine et entière de ses actes sur terre,
et tout particulièrement de ses fautes, celles-là mêmes qui vont justifier son
retour prochain pour un autre séjour terrestre ? Le corps physique du fait de ses
besoins propres, obscurcit la capacité de perception de l’âme pendant le séjour
sur terre. C’est pourquoi lorsqu’elle se débarrasse du corps physique par la mort,
l’âme se réapproprie sa clairvoyance et voit enfin avec une clarté éblouissante
les actes qu’elle a accomplis sur terre et leurs conséquences bonnes ou
mauvaises sur les autres. Sa perception du bien et du mal devient totale parce
qu’elle n’est plus tempérée ni obscurcie par le corps physique. L’horreur du mal
se montre dans toute son ampleur. A contrario l’indicible sensation de plénitude
engendrée par la pratique du bien s’exprime dans toute sa splendeur. Les lois
spirituelles d’amour et d’empathie lui apparaissent enfin clairement. La véritable
expiation commence alors : l’âme vit par elle-même et de manière exponentielle,
les affres qu’elle a fait connaître aux autres par ses actes négatifs ; par cette
simple prise de conscience, elle souffre pleinement ce qu’elle a fait souffrir
aux autres ; de même et a contrario, elle jouit pleinement du bonheur
qu’elle a procuré aux autres par ses actes d’amour et de compassion. Elle est
mise en contact avec les âmes avec lesquelles elle a interagi sur terre (parents,
amis, partenaires, adversaires…), dans le cadre du ressenti de la souffrance
qu’elle leur a causée ou pour expérimenter la plénitude du bonheur qu’elle leur a
procurés. Cette sensation de plénitude n’est que le prélude à celle qui sera
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désormais son lot lorsqu’elle aura définitivement rejoint le divin dans une
symbiose éternelle. A cette occasion, l’âme mesure enfin les conséquences de sa
régression prochaine du fait de ses actes négatifs, et du délai à passer à nouveau
sous une enveloppe physique peut-être moins favorable que la précédente, pour
recevoir sa juste punition et saisir les opportunités de rédemption qui s’offriront à
elle. S’agissant du temps à passer avant le retour sur terre, c’est celui nécessaire
à cette prise de connaissance intime des actes de la vie précédente. Mais en
réalité, le temps n’a pas de sens dans l’au-delà car dans cet univers, l’âme
n’évolue pas dans le monde à trois dimensions (plus le temps comme quatrième
dimension) que nous connaissons. Le nombre de dimensions y est probablement
infini et le temps n’y a qu’une signification toute relative. C’est pourquoi les âmes
s’y retrouvent sans prise en considération du temps ni du lieu où elles sont, dans
leurs différents états d’évolution jusqu’à la symbiose avec le divin. Ce qui
importe ce n’est donc pas le temps passé dans l’au-delà, mais celui à passer à
nouveau sur terre et dans quelle conditions. C’est pourquoi la pratique du bien
ne peut être une option parmi d’autres. C’est une nécessité vitale. La loi morale
qui doit guider l’action, c’est l’amour du prochain dans la limite des moyens
matériels, intellectuels et spirituels de chacun. Cela signifie qu’il n’est pas
nécessaire de se mettre délibérément en état de manque ou de souffrance pour
aider son prochain dans le besoin. Chacun n’est appelé à le faire que dans la
limite de ses moyens. Les religions classiques l’expriment comme ceci : Dieu ne
donne à chacun que le juste fardeau qu’il peut porter. En réalité, Dieu donne à
chacun le fardeau dont il a besoin pour faire progresser son âme. Il lui
donne aussi les moyens qui vont avec : la capacité d’aimer et de raisonner ; à
chacun d’en faire bon usage. Dieu est rigoureusement juste et exprime
cette justice par les lois naturelles autosuffisantes qui gèrent les univers
physique et spirituel sans aucun besoin de son intervention « miraculeuse ».
Autant l’univers physique tout entier est régi (on ne sait pourquoi) par les quatre
forces qui le gouvernent depuis le « big bang »2 : la force électronucléaire forte,
la force électronucléaire faible, la force électromagnétique et la force de gravité,
auxquelles nul ne peut se dérober, même pas les planètes et les galaxies, autant
l’univers spirituel est dirigé par les forces d’amour et d’empathie (et d’autres
forces encore que nous ignorons) auxquelles nul ne peut se soustraire.
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Sans que cela soit encore démontré, la science accepte l’idée que la matière soit née
d’une « explosion » appelée big bang, il y a 15 milliards d’années, laquelle a donné les
étoiles, les planètes et le « vide » autour.
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Les religieux ont une bien curieuse conception de la miséricorde divine. N’en
viennent-ils pas à se plaindre de ce que certains de leurs disciples « oublient »
Dieu quand ils sont heureux et ne le redécouvrent que quand ils sont à la peine ?
Ne pourrait-on leur rétorquer, et alors ! Pourquoi pas ? Pourquoi devrait-il en être
autrement ? Pourquoi ce Dieu qui dans leur conception a créé l’homme à son
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Je ne prie Dieu (avec mes propres mots, pas avec une litanie apprise par cœur)
que lorsque je souffre ou lorsque je sens que je vais faiblir dans mes
principes moraux. En effet quand on souffre on cherche à se raccrocher à tout
ce qui peut atténuer cette souffrance et spontanément on en arrive à appeler au
secours la puissance suprême, Dieu. A d’autres occasions, la tentation peut être
forte de satisfaire les besoins du corps physique (tricher pour obtenir des
avantages indus) en procédant à des « arrangements » avec l’exigence morale. Il
est tellement plus facile de mentir et de tricher (quand on pense ne pas pouvoir
être pris) que de s’astreindre à la rigueur! C’est alors que je demande à Dieu de
me donner la force de résister à la tentation. Mais, il ne faut pas s’y tromper,
C’est ma faiblesse humaine qui me pousse à solliciter Dieu quand je suis
à la peine et à le remercier quand les choses vont bien. Cela me fait du
bien, même si je sais que Dieu n’a rien à y faire car ses lois s’appliquent
mécaniquement et suffisent à régler le cours de la vie ici-bas sans autre
intervention de sa part. Le Dieu auquel je crois n’attend pas de moi sur terre des
marques d’adoration sous forme de prières codifiées, parce qu’il n’en a pas
besoin ; il n’attend pas de moi la pratique de rites, parce qu’il n’en a pas besoin ;
il n’attend pas de moi la fréquentation d’un temple quelconque, parce qu’il n’en a
pas besoin. Il n’attend de moi que ce qui m’est nécessaire à l’évolution de mon
âme ici-bas : que j’effectue mon parcours en progressant suffisamment
dans ma pratique du bien, pour le rejoindre définitivement avec une
âme apurée. Si les prières et les rites peuvent m’aider dans ce parcours, tant
mieux, mais il ne s’agit là que de moyens que je m’accorde pour accompagner
mes actes envers les vivants car seuls ces actes comptent, seuls ils sont la
finalité ici-bas car seuls ils déterminent l’état de propreté de mon âme. Je n’ai par
conséquent aucune appréhension de la mort physique car c’est elle qui donnera
à mon âme la possibilité de rejoindre automatiquement le divin si elle a atteint le
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Je considère l’acte de faire le bien comme l’acte le plus naturel qui soit ; tout
aussi naturel que la pièce qui tombe quand on la lance en l’air ; il n’y a donc pas
de mérite particulier à faire le bien car on ne fait que laisser faire la nature à
travers les « forces d’amour et d’empathie ». Tout comme il n’y a aucun mérite
pour la pièce de tomber quand on l’a lancée en l’air : elle subit l’effet de la force
de gravité. Même avec l’avion, l’homme s’est donné seulement les moyens de
contourner la force de gravité ; pas de l’annihiler. Quand les moteurs de l’avion
tombent en panne en plein vol, la force de gravité reprend ses droits. Lorsqu’on
déroge aux lois de la nature, on en subit les conséquences. Les actes positifs
nettoient systématiquement l’âme et rejaillissent dans une certaine mesure sur
la qualité de la vie des intéressés ici-bas ; c’est clairement le cas pour les grands
hommes de cœur que sont Gandhi, mère Theresa ou Martin Luther King. A
contrario, les actes négatifs salissent l’âme avec la même automaticité, avec des
répercussions sur les impétrants ici- bas, plus ou moins visibles selon le cas.
C’est la raison pour laquelle il faut interpréter chaque épreuve que nous inflige la
vie, comme la conséquence du non respect des lois spirituelles : il s’agit de
punitions et d’occasions d’expiation, mais aussi d’opportunités de rédemption
par des actes de bonté envers autrui. Pour rectifier le tir nous disposons de deux
outils : notre capacité de raisonner et notre capacité d’aimer.
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Le nombre d’étoiles dans notre seule galaxie est estimé à plus de 100 milliards ! Le
soleil est l’étoile qui exerce son attraction sur la terre. Des milliers de planètes gravitent
autour de chaque étoile…
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Si c’était le cas, les prêtres n’auraient pas eu besoin de s’allier aux rois (détenteurs de
la force) pour exercer le pouvoir depuis la nuit des temps. Ils l’exerceraient tout seuls à
coup d’incantations.
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peurs, nourrit nos espoirs, et soulage nos souffrances7. C’est déjà beaucoup
mais, il faut le répéter, cela ne peut en aucun cas se substituer à l’action ni
en tenir lieu. C’est par l’action que l’on modifie le sort de l’âme tout comme
c’est par l’action que l’on modifie le cours de sa propre vie sur terre. La
méditation, les prières et les rites peuvent préparer à l’action qui seule compte.
C’est pourquoi si églises, temples et mosquées sont utiles, c’est principalement à
l’homme pour permettre à ceux qui en ont besoin de mieux se préparer à
l’action ; aux religieux aussi parce que c’est leur moyen privilégié d’existence et
de puissance ; pas à Dieu qui n’en a nul besoin mais au nom de qui ils sont
érigés. N’est-il pas curieux de constater que les religieux s’accordent à
reconnaître que l’homme ne sera jugé qu’à ses actes, et que dans le même
temps ils prêtent à la prière et aux rites (donc à leur nécessaire intermédiation
d’officiants) une capacité autonome d’action susceptible de se surajouter à ces
actes ? Ami lecteur, retiens que c’est exclusivement par ses actes propres
qu’ici-bas l’homme répond aux lois physiques et aux lois spirituelles
édictées par Dieu pour régir l’univers. Ces lois s’appliquent …
inexorablement.
Dieu n’intervient pas et n’a pas à intervenir en dehors de ses lois. Celles-ci sont
autosuffisantes et préservent l’exigence de justice stricte qui caractérise le divin.
Novembre 2009
S. T.
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Prière et méditations font peut-être partie des lois spirituelles dont le fonctionnement
précis n’a pas encore été découvert. Au plan spirituel l’homme en est encore aux
balbutiements alors qu’au plan technique il est pleinement dans le 21ème siècle. Sans
progrès significatif au plan spirituel pour canaliser le progrès technique, la survie de
l’homme sur cette planète est désormais très sérieusement hypothéquée.
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