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TES ENFANTS'

ME GONFLENT!

De nombreuses familles vivent recomposées,


pour le meilleur et le pire... Mais comment faire
pour que l'air soit respirable lorsqu'on ne peut
plus voir les gosses de l'autre, même en peinture?
TEXTE STÉPHANIE MILLIQUET

aris, ambiance feutrée autour d'un café, une


...... dizaine de femmes entre 30 et 40 ans vident leur
....iIII , sac. Bienvenue au «club des marâtres». Nathalie,
. . . . . .,.. la trentaine, élancée, parle d'un air détaché. C'est
une habituée. Les mots filent calmement entre
ses lèvres rouge carmin: «Il y a dix ans, j'ai ren­
contré un homme avec trois filles, presque ados.»
«Ah! le mauvais lot!» lance sa voisine, une petite brune dans la
quarantaine. Les autres s'y mettent aussi: «Mon mari s'en fiche
que ses filles me pourrissent la vie, il trouve que tout est normal».
<<je parie qu'il dit que c'est toi qui as un problème», souffle une
autre marâtre. L'assemblée acquiesce, échanges de clins d'œil
complices: le coup a l'air classique. UN LIVRE
Drôle d'idée que de créer un espace de discussion spécial Belle-mèritude
marâtres? On a beau avoir des copines, des mamans, des confi­ Dans la famille
dentes, une sorte de tabou bien-pensant plane sur la tête des recomposée, quel
belles-mères: quand on en est une, on est priée de trouver que les statut a la marâtre?
C'est la question
enfants de son homme sont d'adorables petits anges. Et si ce n'est
qu'abordent Michel
pas le cas? Tant pis, on fait semblant. c'est donc pour délier ces lan­
Moral et Marie-Luce
gues trop longtemps muselées que Marie-Luce Iovane-Chesneau a
lovane-Chesenau
fondé ce club pas comme les autres. Elle sait de quoi elle parle: dans Belle-Mère ou
belle-mère, elle vit la belle-mèritude au quotidien et cosigne tout marâtre, quelle Place
prochainement un livre de réflexion sur le sujet Belle-Mère ou pour la Femme du
Marâtre, quelle Place pour la Femme du Père? (Ed. de l'Archipel). Père? disponible
L'autre auteur de l'ouvrage est le docteur en psychologie Michel mi-mars.
Moral, spécialisé dans les relations des familles recomposées. (Ed. de l'Archipel).

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-----~~- .~_.,---~-_.
fantille

Alors, comment se débrouillent ces femmes qui n'avouent pas En Suisse, un mariage sur deux se solde par un divorce. Bien
que ça ne marche pas avec les gosses de l'autre? «Lorsque j'ai qu'il n'y ait pas de statistique qui les recense, les familles recom­
demandé de l'aide à mon entourage, ne sachant plus comment posées sont nombreuses. Et chacune a son lot de désagréments à
me positionner par rapport à mes belles-filles, personne n'a pu gérer. Mais les belles-mères sont unanimes, la plus grand obsta­
me répondre, raconte Marie-Luce Iovane-Chesneau. On me disait: cle, c'est leur statut. Ou plutôt leur absence de statut. Marie-Luce
«Tu n'es pas la mère, ça n'est pas à toi d'intervenir», ou «Tu savais Iovane-Chesneau enchaîne: «La difficulté pour une femme, c'est
bien qu'il avait des enfants.» En discutant avec des copines dans son positionnement au sein de la famille recomposée. L'idée
la même situation, je me suis rendu compte que je n'étais pas reste bien ancrée que la mère est le parent principal. Le père
seule et qu'il y avait un réel besoin de mode d'emploi.» étant moins parent, c'est à la belle-mère que revient l'autotité
pour les petits tiens du quotidien. Le papa, lui, se cantonne à des
La place du père... activités récréatives.» Marâtre de deux petits garçons, Anne
Alors, dure dure la vie de famille recomposée? Ces dernières raconte toute l'ambiguïté de son rôle lorsqu'elle interrompt une
années, on l'a surtout décrite comme un grand clan joyeux et partie de cache-cache entre son conjoint et ses enfants en ctiant:
nomade, choisi plutôt que subi. Or, ces femmes qui le vivent au «A table!» Quoi qu'elle fassè, la belle-mère semble avoir un rôle
quotidien ne seraient-elles pas en train de casser cette image plus ingrat. C'est à elle que reviennent souvent les tâches gâche­
fleur bleue? Admettre que la recomposition d'une famille ne se plaisir liées à la gestion ménagère, alors qu'un beau-père aura
fait pas sans accrocs reste chose délicate. Pire, avouer à son tendance à rester dans un regish-e plus ludique ou fmancier avec
homme qu'on ne s'en sort pas avec ses gosses, relève pratique­ l'enfant de sa nouvelle compagne.
ment de l'impossible. <<Je ne pouvais quand même pas lui dire
que ses enfants m'insupportent!» s'exclame Diane, belle-mère de Un peu d'autorité
deux jeunes adultes. Comment faire pour en parler quand «Yen a marre de cette vision où ce sont toujours les enfants qui
même? Avec un homme qui a tout sauf envie d'entendre cela? souffrent alors que la plupart du temps, les beaux-parents sont
Jean-Claude Métraux, pédopsychiatre à Lausanne, voit passer bienveillants et cherchent un équilibre dans cette nouvelle
moult familles en difficulté. Il note que «le père est souvent pris famille!» s'exclame Marie-Luce Iovane Chesneau. En effet, les

••
AVOUER À SON
HOMME QU'ON
NE S'EN SORT PAS
DU TOUT AVEC

entre les attentes de son enfant et celles de sa


compagne. Il aura tendance à négliger cette
dernière, pour se consacrer à l'enfant qu'il ne
voit qu'un week-end sur deux. Il aimerait
définir son rôle de père.»
L'important est donc que les adultes puis­
enfants n'ont, a priori, aucune raison de se montrer très coopéra­
tifs avec «la nouvelle» et sont bien capables de lui mener la vie
dure. Selon Michel Moral, «si les enfants sont parfois hostiles à la
marâtre, c'est qu'ils pensent que leurs parents vont se remettre
ensemble. Ou alors, les filles peuvent développer un sentiment
de rivalité face à une femme qui a su séduire leur père.»
SES GOSSES

RELÈVE sent se mettre d'accord entre eux et tenir un Evidemment, les belles-mères se donnent beaucoup de peine:
PRATIQUEMENT
DE L'IMPOSSIBLE. discours commun face à l'enfant: «Vous sympas, de bonne volonté, dynamiques et bienveillantes... Alors
n'êtes pas obligés de vous aimer, mais de où est le problème? «Souvent du côté du père», rétorque le psy­
vous respecter!» C'est le genre de petite phrase qui remet les chologue. Plusieurs cas de figure sont des classiques: l'homme
pendules à l'heure en cas de tensions. Cela évite de se retrouver, éprouve un gros sentiment de culpabilité, soit parce qu'il a aban­
comme Marie, face à un petit bout de 4 ans et de lui dire les yeux donné la mère de ses enfants, soit parce qu'il n'a pas su la rendre
dans les yeux: «Tu me détestes,je te déteste, mais nous n'y pou­ heureuse et qu'elle a fini par partir. Conséquence: «Le père est
vons lien, va falloir faire avec!» Et le médecin de préciser qu'«il plutôt laxiste, d'autant plus qu'il ne voit ses enfants le plus sou­
ne faut pas avoir honte si les relations ne se nouent pas comme vent qu'un week-end sur deux.» Et pour une belle-mère, qui de
on l'aurait souhaité. C'est une situation nouvelle qui n'est pas surcroît est chez elle, avoir une horde de hooligans en culotte
simple et qui nécessite qu'on prenne les choses en main.» (suite en page 30)

PETIT VADEMECUM POUR LES BELLES-MÈRES CET LES BEAUX-PÈRES.J

• Oser demander: «Montre­ • Ne jouez pas le rôle de sœurs. La rivalité, la concur­ • Considérez-vous comme
moi l'album de famille.» bonne copine. L'enfant rence, il n'a pas besoin de ça un partenaire éducatif du
.
L'enfant a besoin que l'on analysera cela comme de la en cette période où sa place papa, que vous soutenez
reconnaisse cette période démagogie et perdra la consi­ est si difficile à trouver. sans vouloir le remplacer.
de sa vie. Il ne le proposera dération qu'il a pour vous. • Si cet enfant était le vaire, Si vous représentez un
pas spontanément pour ne • Mettez-vous à sa place. vous supporteriez, sans modèle positif auquel
pas blesser. Demandez-vous si tel mot ne doute, ses défauts. Pensez-y l'enfant peut s'identifier sans
• Ne pas comme"re l'erreur va pas le blesser comme il avant de condamner. trahir son parent biologique,
de ne s'intéresser qu'au vous aurait blessée à son âge. • Utilisez l'humour et le la relation sera positive et la
cadet quand un enfant naît • Ne le comparez pas à ses conseil positif plutôt que la reconstruction de la famille
dans le nouveau couple. demi-frères ou à ses demi- réprimande. bien plus solide.

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Jeanne, 35 ans, unfils d'une pyemièye
union et un deu~ieme avec son conjoint
«J'EN VEUX A MON AMI DE
MAL AIMER MON FILS»
«Quand mon fils a rencontré mon conjoint, il avait 2 ans. Tout se
passait à merveille. Mon homme en faisait des tonnes, lui fabri­
quait des épées en bois... Il avait un rôle de tonton, ne prenant que
les bons moments. J'ai accouché du deuxième enfant lorsque
Yvan avait 5 ans et demi, et les choses se sont gâtées peu après.
Il a fallu commencer à expliquer, négocier. Ce n'était plus un
«petit». Et c'est ainsi que le combat de coqs a commencé. Le ton
est monté très vite, avec d'incessants conflits de
pouvoir. Yvan essayait de s'affirmer et mon ami
a fini par dire ton fils, alors que c'est juste un
gosse qui cherche des limites. Mais comme il MON AMI A FINI
PAR DIRE «TON»
n'est pas le sien, il ne le tolère pas. Mon fils a fini FILS, ALORS QUE

par penser que mon homme lui préférait l'en­ C'EST JUSTE UN

GOSSE QUI ,

fant que nous avions eu ensemble. A un certain COMME LES


stade, la violence physique et verbale était inac­ AUTRES, CHERCHE
ceptable et j'ai voulu partir, avec les deux DES LIMITES.

enfants. Mais je n'ai pas pu... nous avons fini par conclure un
pacte: je m'occupe de l'éducation de mon fils aîné avec son père
biologique et mon compagnon n'intervient pas. Mais au fond de
.moi, je lui en veux, car un enfant ne peut pas prendre sur lui.»

Alice, 50 ans, 3 enfants, en couple Diane, 47 ans, 2 filles d'un pyemiey


depuis quatye ans avec un homme lit, puis unfils ae 6 ans avec son
aJ,Unt deux filles de 9 et 7 ans conjoint actuel, pèye dIe deux enfants
«J'AI CHOISI UN HOMME,
«JE SUIS INDIFFERENTE
"' "'
PAS UN PERE!» A MA BELLE-FILLE»
<<Je ne supporte pas ses filles car elles sont mal éduquées, elles «Au début, je ne voulais pas être le substitut de la mère des
mangent comme des cochonnes, s'essuient avec le revers de la enfants de mon compagnon. J'avais peu d'exigences et c'était
manche! Je rêvais de jolies petites filles et je me retrouve face à une erreur. Je faisais beaucoup pour eux sans leur demander
deux miss cracra pas féminines pour deux sous. Lorsque j'ai ren­ d'aide. Je faisais la lessive, les repas, comrt1e si c'était mes
contré mon ami,j'ai choisi un homme, pas un père. Je n'ai pas enfants. Elsa avait 15 ans et était très attachée à son père. Pour
envie de gâcher ma relation pour des divergences d'opinion moi, il est impossible de prendre l'homme sans les enfants. On
LL quant à l'éducation de ses filles. J'ai été très ne peut pas faire fi de la vie antérieure de L L
•• claire à ce sujet dès le début et, d'un com­ l'autre. Ma relation avec Elsa était simple, mais ••
mun accord, nous avons décidé de garder elle a commencé à se croire à l'hôtel et c'est la
MOI QUI RÊVAIS DE ELLE SE CROIT À
JOLIES PETITES nos appartements respectifs. De plus, mes raison de notre discorde. Je ne sais jamais ce L'HÔTEL, C'EST LA
FILLES, JE ME fils ont déjà un père et je ne voulais pas leur qu'elle fait ni quand elle est là. Dans une famille RAISON DE NOTRE
RETROUVE FACE À DISCORDE. JE NE
DEUX MISS imposer l'homme que j'aime. Je n'ai pas le recomposée, l'essentiel c'est que le conjoint qui SAIS JAMAIS CE

CRACRA PAS droit d'imposer mes valeurs à des filles qui est le parent biologique se positionne. L'enfant QU'ELLE FAIT

FÉMININES. NI QUAND ELLE


ne sont pas les miennes. Elles ont déjà une doit savoir jusqu'où il peut aller avec sa belle­ EST LÀ.
vie difficile suite à la rupture de leurs parents, alors si en plus mère. C'est très important pour le couple, il faut
elles doivent se taper mes remarques ... Leur éducation, c'est pouvoir dire elle n'est pas votre mère mais il faut la respecter.
entre lui et son ex, moije ne veux rien avoir à y faire. Je le vois Mon ami refuse d'intervenir. Alors je n'en parle plus, mais je ne
bien quand nous sommes les quatre: il est partagé entre elles et m'investis plus dans la relation avec Elsa. Je ne lui demande plus
moi. Le soir, il bâcle la fin de l'histoire, les met au lit sans douche. comment va sa vie. Cela fait plus d'une année que je me suis
Je ne veux pas de ça, car ces moments sont très importants. Ils les détachée d'elle. Elle m'a fait la gueule pendant deux mois. Ça ne
construisent entre eux pour la vie. Mais ça demande beaucoup me touche plus, je ne la regarde plus avec les mêmes yeux. Je me
de courage d'être sincère et dire ce qu'on pense à l'autre.» fiche de ce qui lui arrive et elle me le rend bien.»

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: fantille

courte qui déferlent dans son foyer sans pouvoir lever le petit leur hostilité à l'encontre de leur belle-mère. Elle est considérée
doigt pour les dompter, c'est désagréable. Michel Moral poursuit: comme une rivale car c'est elle qui a su conquérir le père. <<Je
«Elles se plaignent de ne pas avoir de délégation de l'autorité, de trouvais l'attitude d'Elsa à l'égard de son père incroyable, elle
ne pas pouvoir faire valoir leurs propres règles, même quand il passait son temps à se vautrer sur ses genoux. Cette fusion était
s'agit de choses toutes simples comme d'ôter ses chaussures en très étonnante!» soupire Diane.
entrant. Ces femmes n'ont pas la possibilité de sévir.» De son Et même lorsque le couple formé par le père et la belle-mère
côté,]ean-Claude Métraux souligne que «l'enfant doit sentir que affiche une sexualité intense, les enfants essayeront de les sépa­
le père est le garant de la règle sinon il aura l'impression que rer, débarquant par exemple dans leur chambre au milieu de la
celui-ci est faible ou que la belle-mère est difficile. Les adultes nuit en hurlant qu'ils ont soif...
doivent donc se concerter mais le père reste le porte- L L

parole légitime.» La place de la belle-mère est donc bien • • La reconnaissance de l'autre


étroite: la loi ne lui reconnaît pas de statut et le père, se s'il y a autant de situations que de familles recompo­
LES FILLES
sentant coupable, délègue peu son autorité et tend à sur­ MANIFESTENT sées, «l'important, insiste]ean-Claude Métraux, c'est
protéger ses mômes. «La nouvelle se retrouve donc là à PLUS D'HOSTILITÉ la reconnaissance des difficultés qu'éprouve chacun
À LEUR BELLE­
faire la cuisine et tenir compagnie au père», ajoute MÈRE, QU'ELLES des protagonistes, au moins en ce qui concerne les
Michel Moral. VOIENT COMME adultes». La famille recomposée devra s'adapter aux
UNE RIVALE.
inévitables changements qui découlent de cette situa­
A chaque âge ses peines tion. C'est cette capacité d'adaptation qui sera décisive. Le nuage
La relation entre belle-mère et beaux-enfants s'établit différem­ rose, sur lequel surfent tous les nouveaux couples, a tendance à
w
ment en fonction de l'âge de ceux-ci. Ainsi, lorsque les enfants leur dissimuler les complications susceptibles de survenir. Si les u
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sont petits, le lien peut se faire rapidement. «D'autant plus qu'il choses s'enveniment, des tensions peuvent rapidement apparaître. ~
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me semble qu'un père encombré de sa progéniture attire un cer­ «Il ne faut pas s'adresser à c;

tain type de femmes, assez maternelles, qui voient en cet homme l'autre en termes de reproche, C<
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de la stabilité», note Michel Moral. En revanche, si les enfants poursuit le spécialiste, mais a
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sont adultes, il y a souvent des problèmes car la belle-mère peut essayer de se mettre à sa place '"
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être soupçonnée d'en vouloir à l'héritage familial. et ainsi éviter que l'enfant soit 5
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La préadolescence et l'adolescence sont les âges les plus chao­ à nouveau pris en tenailles ~
tiques. Si les garçons sont plongés dans leurs jeux vidéo et restent dans un conflit de couple.» of­
a
I
relativement indifférents, les filles manifestent plus violemment Familles, je vous haime... 0..

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