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Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Notations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Beweis ohne Worte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
— Est-ce bien réel ? s’interrogea Pécuchet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Les cahiers du cinéma. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
La mort aux trousses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Barry Lyndon. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Passe ton bac d’abord. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Comédie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Coquilles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
De quoi s’agit-il ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Description. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Désinvolte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Devoir maison. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Une démonstration digressive de l’irrationalité de la racine
carrée de 2. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Où radical-3 du corps Q disparaît. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
2 TABLE DES MATIÈRES
Électronique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Géométrie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Homothéties. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
Écrit à l’imparfait. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
√
Je me souviens de 11 et que ce n’est pas rationnel (extraits) 61
Lettre officielle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Limite pédant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
Mécréant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
Mersenne ne m’aime. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Minimaliste. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Notation polonaise inverse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
Quarante-deux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
Quintine (ou cinquine). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
Le rêve de Théétête. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
Source. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
√
Irrégularité de 2 (irrationalité + 7). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
√
Towards a Stringy Proof of the Irrationality of 2 . . . . . . . . . . 91
Vulgaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
Co-notations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Bibliographie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
INTRODUCTION
√
Nous montrons ici des textes qui démontrent
√ l’irrationalité de 2 (et
de quelques autres). C’est un nombre 2 dont le carré est égal à 2. Un tel
nombre doit exister : c’est, d’après le théorème de Pythagore, la longueur
de la diagonale d’un carré dont la longueur du côté est 1. Ce que l’on veut
démontrer, c’est que ce nombre ne peut pas s’écrire comme une fraction
p
, où p et q sont des nombres entiers.
q
√
(1) 1+ 5
et sa fille (le « nombre d’or »).
2
(2)
Sur lequel il y aurait eu beaucoup à écrire, mais pas grand chose d’aussi élémentaire.
Signalons toutefois, dans une thématique proche que l’artiste qui a fait les décorations
en bronze du temple de Salomon avait réussi à fabriquer un cercle de diamètre dix
coudées dont le périmètre en mesurait trente (d’après la Bible, Premier livre des
Rois, 7.23).
(3)
Que deux de nos pastiches feront disparaître et réapparaître.
(4)
Certaines existent malheureusement vraiment, comme celle qui fait l’objet du sujet
du « Devoir maison » que l’on trouvera quelques pages plus loin.
INTRODUCTION 5
On peut aussi démontrer, √ ce qui est moins fort mais que nous nous
laissons aller à faire, que 2 n’est pas un nombre décimal. On peut en-
core utiliser la décomposition des nombres entiers p et q en produits de
facteurs premiers, comme un des protagonistes nous le rappelle judicieu-
sement.
L’une des « trop compliquées » fait appel à ce que l’on appelle le « cri-
tère d’irréductibilité d’Eisenstein(5) ».
Il y a aussi de nombreuses démonstrations « géométriques » plus ou
moins limpides, qui feront l’objet de plusieurs figures dessinées spéciale-
ment pour ce texte.
Enfin il y a les auteurs que nous nous sommes permis de pasticher (avec
parfois l’aide gracieuse et involontaire de certains mathématiciens à qui
il arrive d’écrire ou d’agir comme tel ou tel « maître de mathématiques »,
voire pire(6) ).
?
(5)
Cet Eisenstein est le mathématicien allemand Ferdinand Gotthold Max Eisenstein
(1823–1852) et non pas le mieux connu cinéaste soviétique Sergueï Mikhaïlovitch
Eisenstein (1898–1948) — une homonymie que nous ne manquons pas d’exploiter
dans une série « cinématographique ».
(6)
Nous avons essayé de traiter ces comportements avec humour — de toute façon il
est peu probable qu’ils lisent ces textes, encore moins qu’ils s’y reconnaissent.
NOTATIONS
(1)
Il se peut que ma coauteur en abuse.
(2)
L’égalité à gauche est la même qu’à droite.
q
p q
q q
p/
1
√ 2=
q
−
1 q
p
−
q
2q − p p−q
√
(ou presque) si 2 était rationnel, il y aurait un triangle rectangle isocèle
à côtés entiers, un autre à côtés entiers plus petits, etc. avec une variante...
q
p
q
p−q
2q − p
comme nombre rationnel, n’existe pas. Ils lurent et relurent une démons-
tration dans laquelle ils découvrirent une fraction qu’il était impossible
de simplifier mais dont les deux termes, supérieur et inférieur, étaient des
nombres pairs. Bouvard n’en voulut rien croire, et plus de vingt fois ils
recommencèrent le calcul. Ils arrivaient toujours à la même conclusion.
— Quelle est la cause de tout cela ?
— Peut-être qu’il n’y a pas de cause.
— Cependant...
Et Pécuchet répéta deux ou trois fois « cependant » sans trouver rien
de plus à dire.
— Ce n’est pas rationnel, dit Bouvard.
— Mais est-ce bien réel ? s’interrogea Pécuchet.
Le docteur Vaucorbeil pouvait, sans doute, les aider. Ils se présentèrent
au moment de ses consultations.
— Messieurs, je vous écoute ! de quoi souffrez-vous ? prenons le mal à
la racine !
Pécuchet répliqua qu’ils n’étaient pas malades, et ayant exposé le but
de leur visite :
— Nous désirons connaître premièrement la raison de l’irrationalité de
la racine de deux.
Le médecin rougit beaucoup, puis les blâma de vouloir apprendre
l’arithmétique.
— Je ne nie pas son importance, soyez en sûrs ! mais actuellement,
on la fourre partout ! L’arithmétique pourrait être une blague, et ceci
expliquerait que vous ne parveniez à la comprendre.
— Cependant, dit Pécuchet, si le numérateur et le dénominateur sont
pairs, on doit pouvoir simplifier la fraction.
Le docteur dénigra ce raisonnement, comme trop éloigné de la nature.
Ils sortirent. Sur le seuil, Pécuchet baissait la tête. Bouvard dit alors :
— Nous aurions peut-être dû commencer par la géométrie ?
LES CAHIERS DU CINÉMA
(1)
Théorème le nombre racine de deux est irrationnel démonstration. Si ce nombre
était une fraction la décomposition, en facteurs premiers du carré d’un des termes
ferait apparaître une puissance de deux avec un exposant impair ce qui est absurde
Une autre démonstration utilise le critère d’irréductibilité d’Eisenstein qui donne im-
médiatement L’irréductibilité d’un certain polynôme sur le corps des rationnels et
démontre leThéorème. Satisfaite ?
LA MORT AUX TROUSSES(1)
√
Proposition. En utilisant le critère d’Eisenstein, montrer que d n’est
pas rationnel si d n’est pas un carré parfait.
Les candidats avaient beau lire et relire le sujet, ils étaient interlo-
qués par la question posée. Ils se toisèrent tous du regard, impuissants et
désemparés. Certes, Eisenstein, cinéaste extraordinaire, l’un des inven-
teurs de l’écriture et du montage cinématographiques, fut aussi un théo-
ricien de son art, mais, même si les meilleurs d’entre eux se souvenaient
qu’il s’était intéressé aux mathématiques chinoises, nul ne parvenait à
faire le lien entre le regard fiévreux√d’Yvan le Terrible, ou les yeux exor-
bités de « la mère de l’enfant » et d, que le carré d fût parfait ou pas
— précision mystérieuse qui ajoutait d’ailleurs à l’inquiétude de la salle.
Les premiers instants de surprise passés, les plus audacieux se convain-
quirent qu’il fallait se concentrer sur le plus célèbre des films d’Eisenstein,
le « Cuirassé Potemkine », au programme cette année, dont ils avaient
consciencieusement appris qu’il était le paradigme du film rouge en noir
et blanc, et peut-être compter le nombre remarquable de plans-séquences
du film, ou le nombre de marches de l’escalier d’Odessa, que descendait
et redescendait le landau au poupon. Sans trop y croire, certains se ha-
sardèrent aussi à des supputations sur la longueur de l’escalier, fiers de se
rappeler qu’il suffisait d’appliquer le théorème de Pythagore pour mener
à bien le calcul de cette fabuleuse distance. Rien de très concluant dans
(1)
NdlR : « North By Northwest », film de A. Hitchcock.
toutes ces tentatives, il faut bien le reconnaître, de sorte que, l’heure avan-
çant, la plupart des jeunes gens se résignèrent et, désabusés, renoncèrent
à composer.
C’est peu avant la fin de l’épreuve que fut brutalement interrompu le
calvaire des lycéens, quand le principal lui-même annonça aux candidats
au baccalauréat littéraire, option cinéma, qu’il y avait eu une confusion
dans les sujets et qu’on leur avait proposé celui destiné aux candidats
au baccalauréat scientifique, option maths. Un quiproquo fondé sur une
homonymie, voilà tout(2) .
Tous les élèves furent bien entendu soulagés, certains se demandant(3)
ce que les candidats au baccalauréat scientifique avaient bien pu écrire à
propos de
(2)
Cette ficelle fut exploitée dans beaucoup de scenarii, dont celui de « North By
Northwest », film au programme des terminales littéraires cinéma audiovisuel pour 3
ans à partir de 2008 (source wikipedia).
(3)
et peut-être aussi ma co-auteur ?
(4)
NdlR : « Teorema », film de P.P. Pasolini
BARRY LYNDON
Ils sèchent tous : les doublants écœurés, le touriste qui sèche tout le
temps, ce qui ne le change pas, le désinvolte, qui soupire, la méthodique,
qui teste en vain ses méthodes, le finaud qui se creuse les méninges plus
par acquis de conscience qu’autre chose, la rêveuse qui dévore l’étourdi
des yeux, lequel s’est trompé en recopiant le sujet car il a oublié le mot
« athéisme », ce qui a encore moins de sens, le distrait, qui compte les
mouches, même la débrouillarde, ce qui n’est pas peu dire, et l’optimiste,
qui se prend à douter. Tous sèchent, sauf le tricheur, hypocrite et lèche-
cul, qui écrit n’importe quoi pourvu que cela plaise. Pas de doute, il fera
carrière(1) .
(1)
Toute ressemblance avec certains collègues est volontaire et assumée.
√
Proposition. En utilisant le critère d’Eisenstein, montrer que d n’est
pas rationnel si d n’est pas un carré parfait.
P = an X n + an−1 X n−1 + · · · + a1 X + a0 .
L’étourdi a fait les choses dans l’ordre et ajoute que le nombre premier
p divise tous les les coefficients, sauf an . Il écrit que sous ces conditions,
(1)
Ceci, parce qu’il est de degré 2.
PASSE TON BAC D’ABORD 21
Monsieur Jourdain
Je suis fâché des coups qu’il vous ont donnés.
Maître de mathématiques
Cela n’est rien. Un mathématicien sait toujours raison garder et
soutenir, par la puissance de son esprit, les assauts les plus vio-
lents. Laissons cela. Que voulez-vous apprendre ?
Monsieur Jourdain
Tout ce que je pourrai car j’ai toutes les envies du monde d’être
savant ; j’enrage que mon père et ma mère ne m’aient pas fait bien
étudier dans toutes les sciences, quand j’étais jeune.
Maître de mathématiques
Ce sentiment est raisonnable.
Monsieur Jourdain
Je ne demande qu’à être initié. Voyez-vous. J’ai quelque inclina-
tion pour une belle marquise et j’ai idée que la compétence en
mathématiques pourrait l’impressionner.
Maître de mathématiques
N’avez-vous point quelques principes, quelques commencements
des sciences ?
Monsieur Jourdain
Oh ! Oui ! Je sais lire et écrire.
Maître de mathématiques
Par où vous plaît-il que nous commencions ? Vous sied-il que je
vous apprenne un théorème ?
Monsieur Jourdain
Comment dîtes-vous ?
Maître de mathématiques
Théorème. Un théorème s’établit par une suite de raisonnements
logiques, qu’on appelle une démonstration.
Monsieur Jourdain
Un théorème, un théorème qui sera la démonstration que je suis
un homme amateur de sciences. Voilà ce qu’il me faut pour la
belle marquise, au lieu que de me faire escroquer par tous ces
poètes de pacotille qui voudront me vendre très chers les mêmes
vers qu’ils vendent aux autres galants. Au moins vous, Monsieur
le mathématicien, employez des mots que personne ne comprend.
Un théorème, j’en suis certain, me donnera le savoir.
Maître de mathématiques
Je m’en vais vous en donner un exemple.
Monsieur Jourdain
Voilà, j’imagine. Que cela a l’air excitant ! Poursuivons, poursui-
vons, il me tarde de savoir la suite.
COMÉDIE 25
Maître de mathématiques
Maintenant que vous l’avez bien imaginé, multipliez-le par lui-
même.
Monsieur Jourdain
Là, cela se corse. J’ai soupçon que cela ne sera pas si facile. Mul-
tiplions, multiplions. Voilà j’y viens. Alors, où est le théorème à
présent ?
Maître de mathématiques
Oh, mais cher ami, vous ne devez point montrer tant de hâte.
Sachez que la science des mathématiques est aussi une école de
patience. Si donc, comme je vous l’ai demandé, vous avez bien
multiplié, il faut maintenant que vous supposassiez que vous trou-
viez deux comme résultat.
Monsieur Jourdain
Cela devient ardu mais j’entends bien. Multiplions, multiplions
et deux trouvons. Mais, monsieur le mathématicien, j’ai grande
hâte de savoir votre théorème. Croyez-vous que cela maintiendra
la marquise en haleine ?
Maître de mathématiques
N’ayez pas tant de précipitation, nous y venons, nous y venons.
Je ne doute pas que la marquise ne vous suive avec intérêt et ne
soit impressionnée par votre intelligence. Le théorème est que le
nombre tel que vous l’avez imaginé n’est pas rationnel.
Monsieur Jourdain
Ah là, mon ami, je ne vous suis plus. Que me chantez-vous là ?
Maître de mathématiques
Il n’est pas rationnel, c’est-à-dire qu’il n’est pas raisonnable.
Monsieur Jourdain
J’y suis : mon nombre imaginaire, celui qui..., qui quoi déjà. Aidez-
moi, de grâce !
Maître de mathématiques
qui, multiplié par lui-même vaut 2
26 COMÉDIE
Monsieur Jourdain
Est déraisonnable. Voilà, je l’ai, le théorème de la marquise. Un
nombre imaginaire est déraisonnable. Croyez-vous que cela suffise
pour ma cour ?
Maître de mathématiques
Vous pourriez entreprendre d’exposer la démonstration, où se ma-
nifesterait la raison démonstrative de votre esprit supérieur.
Monsieur Jourdain
Voyons alors comment cela se présente. Mon esprit supérieur doit-
il être dans une disposition particulière ?
Maître de mathématiques
Il faut que vous soyez d’humeur à raisonner, voilà tout. Laissez-
moi vous aider pour le début. C’est qu’en effet, il y faut un peu
de subtilité. Par l’absurde il faut procéder.
Monsieur Jourdain
Par l’absurde. Mais ne disiez-vous pas qu’il fallait au contraire
être raisonnable ?
Maître de mathématiques
Par la force de notre raison tangible, que nous allons ici pour ainsi
dire inverser tout en gardant notre droiture d’esprit, nous allons
remarquer que notre nombre imaginaire ne saurait être rationnel,
enfin, raisonnable.
Monsieur Jourdain
Là, je ne suis plus. Nous raisonnons pour finalement trouver qu’un
nombre n’est pas raisonnable. J’ignorais que les mathématiques
fussent si étranges. Ne poursuivons-nous pas une méthode et son
contraire en même temps ? Il doit y avoir quelque diablerie là-
dessous. En avez-vous vérifié la validité auprès de votre confes-
seur ? Cela commence à m’inquiéter.
Maître de mathématiques
Tranquillisez vous. Si vous me laisser poursuivre, vous verrez par
vous-même que tous ces raisonnements se complèteront en un
tableau harmonieux.
COMÉDIE 27
(1)
par inadvertance
COQUILLES(1)
(1)
Ouf, ma co-auteur vient de corriger une grave couille dans le titre.
(2)
Le lecteur — au grande dame de ma coauteur, j’emploie le mot lecteur au sens
générique du terme, il pourrait tout aussi bien s’agir d’une lectrice, que je salue
d’ailleurs. J’en profite pour souligner que je n’ai aucun mal à considérer la lectrice
comme le féminin du lecteur, alors que je ne peux admettre qu’autrice, si proche
d’autiste, soit le féminin d’auteur, ni co-autrice le féminin de coauteur — le lecteur
donc, quel que soit son sexe, aura reconnu un alexandrin à rimes bordantes quasi-
symétriques.
(3)
du whisky.
(4)
du campari.
(5)
le whisky et le campari. Atchoum !
(1)
Même si ma co-autrice sait bien qui est dd.
(2)
Censuré : d’une part, ma co-autrice ne veut pas de publicité de marque, de l’autre,
je déteste le xxx.
DE QUOI S’AGIT-IL ? 33
(3)
Non, pas de publicité de marque, insiste ma co-autrice.
34 DE QUOI S’AGIT-IL ?
1414
— Ben ouais, 1,414 = , mon gars. Si c’est irrationnel, ça peut pas
1000
être décimal.
J’avoue qu’il m’avait embrouillée. Au point que je m’étais laissée en-
traîner à cette démonstration compliquée... Alors que, il avait bien raison,
l’irrationalité, c’était plus simple, et, là c’est ma co-autrice qui avait rai-
son, plus fort. Il était plutôt mignon, comme dit ma co-autrice, qui avoue
une petite faiblesse pour les garçons mignons mais bêtes. Bête, celui-là
ne l’était pas. Tout au plus un peu vulgaire. Un futur lecteur, peut-être.
Après tout, il m’avait demandé « de quoi parlait » le livre. Elle aurait pu
y aller moins brutalement. J’essayai de rattraper le coup.
— C’est un livre dans lequel il y a aussi des poèmes, des jeux de mots.
Toujours à propos de racine de deux.
— Vous écrivez des poèmes sur racine de deux ? Vous rigolez ?
— C’est vous, qui rigolerez, quand vous les lirez. Il y a aussi des films.
— Ah oui. Je vois le genre. Des trucs avec des nombres, Matrix, pas
vrai ?
Je m’étais déjà plantée une fois, sur ses connaissances mathématiques.
Je pouvais me planter encore, mais il ne me semblait pas du style à
connaître Pasolini ou Eisenstein. Trop jeune pour Passe ton bac d’abord.
Peut-être avait-il vu la Mort aux trousses. Je sentais que ma co-autrice
se bidonnait, l’air absorbé dans ses <table align="center"> <tr><td
align="center" width="50%" etc. De qui se moquait-elle ? J’aurais
le temps de régler ça plus tard. Mais ça se réglerait. En pensant à ce
qu’elle écrivait quand elle se mettait à la langue naturelle, j’ajoutai, en
esquivant la question :
— Il y a aussi des personnages. Et même des gens comme vous.
— Vous voulez dire quoi, des gens comme moi ?
Disons que ma co-autrice avait introduit dans ses textes un certain
nombre de côtés désagréables de ce genre de type, la désinvolture, par
exemple. Attendrissant, tout de même. Je me promis de lui consacrer un
chapitre, à lui ou à un de ses semblables.
Un groupe de jeunes arrivait, ses amis, ils le saluaient bruyamment,
s’installaient à sa table.
Je me remis à écrire.
DESCRIPTION
√
Proposition. n un entier naturelle, ben alors n 6∈ N.
√
Sinon, on prend des entier p, q avec n = p/q et donc p2 = nq et donc
p divise n car p et premier et donc n ne peux pas être quelles conques.
Alors voilà.
Adèle B***
2nde 6
Lundi 25 mai 2009
√
Exercice. Vérifions que 2 est√un irrationnel. La démonstration se fait
par l’absurde : On suppose que 2 est rationnel, c’est à dire qu’il s’écrit
sous forme irréductible : p/q où p et q sont des entiers naturels non nuls.
(1) Justifier que p2 = 2q 2
√ √
p/q = 2 ⇔ (p/q)2 = ( 2)2
√
⇔ (p/q)2 = 2 car ( 2)2 = 2
⇔ p2 = 2q 2
(b) Dans ce cas, par quel chiffre se termine p ? Par quels chiffres
peut se terminer q ? La fraction p/q est-elle irréductible ?
(c) Conclure(1) .
Désolée madame, mais je sais pas le faire. Mon frère été malade
en plus et j’avais pas le tant. C’étais trop long votre DM.
J’ai pensé une idée, je vais pas avoir bon, surment c’est trop
simple. Si p2 = 2q 2 , p, y peut pas être impaire. Et s’il est pair, alors
p2 il est divisible par 4 (c’est juste ?) après on peu diviser par 2 alors
maintenant q il est pair. Alors la fraction elle est pas irréductible.
Je sais que c’est faux parce que c’est trop facile mais je trouve pas
ou.
(1)
Cet énoncé est authentique, on le trouvera sur http://www.ilemaths.net/
forum-sujet-15771.html (NdlR).
UNE DÉMONSTRATION
DIGRESSIVE(1)
DE L’IRRATIONALITÉ
DE LA RACINE CARRÉE DE 2
Préliminaires. Dans cet article, qui fait suite à plusieurs autres que
nous avons écrits il y a déjà quelques semaines, sur des questions voi-
sines mais néanmoins un peu différentes, la période intermédiaire ayant
été consacrée à l’étude d’autres problèmes, qu’il serait intéressant (mais
peut-être un peu hors du sujet(2) ) de citer ici (mais nous ne le faisons
pas), nous démontrons que l’équation algébrique (algébrique a un sens
mathématique précis, ici ce mot rend compte du fait que x2 − 2 est sans
contestation possible un polynôme(3) et d’ailleurs, c’est important, à co-
effcients rationnels(4) puisqu’en effet, le coefficient du terme de plus haut
degré, ici x2 puisqu’il n’y a pas de termes en x3 , x4 ou plus, vaut 1 (x2
veut dire 1 · x2 , comme la plupart des lecteurs le savent certainement),
celui de x qui n’apparaît pas mais qu’il faut quand même considérer
comme présent, mais avec le coefficient 0 qui le fait apparemment, mais
apparemment seulement (pour nous exprimer plus clairement, le rien que
l’on peut, ou plus exactement que l’on ne peut pas, discerner entre x2 et
−2 dans x2 − 2, est un 0 · x,
x2 − 2 = 1 · x2 − 0 · x − 2,
voilà ce qu’il faut lire), disparaître, et le terme constant, celui sans x
du tout, vaut −2, ces trois nombres, 1, 0 et −2 étant, comme nous le
(1)
Ô combien ! NdlR.
(2)
quoique pas complètement.
(3)
Je reviendrai dans un autre papier sur la passionnante question de l’apparition de
l’accent circonflexe dans (ou plutôt sur) le mot polynôme au milieu du xxe siècle.
(4)
Les lecteurs pourront se reporter quarante-sept lignes plus bas pour trouver une
explication de ce mot.
(10)
Sur les vies et les opinions, ainsi que sur les œuvres de ces deux mathématiciens,
voir les célèbres conférences de ma co-autrice.
(11)
Nous nous permettons d’emprunter cette notion philosophique à Karl Marx, qui
l’a utilisée dans un contexte un peu différent, quoique pas complètement disjoint des
mathématiques, puisque dans ses thèses sur Feuerbach, Feuerbach étant à la fois le
nom d’un théorème un peu désuet mais fort joli (qui affirme que le cercle d’Euler est
tangent aux cercles inscrit et exinscrits) et celui du philosophe frère de l’auteur de ce
théorème, du moins je le crois. Il ne sera pas davantage question de lutte des classes
dans cet article.
(12)
Dès qu’on a décidé de mettre un accent sur polynôme, on doit en mettre un
sur trinôme (voir la note 3). Je prévois de revenir sur la question délicate monome/
monôme dans un article ultérieur.
44 DÉMONSTRATION DIGRESSIVE
soustraire, enfin nous savons, mais souvent, nous ne pouvons pas, alors il
faut en inventer d’autres (c’est un procédé assez général, la symétrisation
d’un monoïde, mais il serait exagéré d’insister) qui sont les mêmes avec
un signe moins (−), chaque entier récupère son anti-entier (si l’on veut
bien m’autoriser cette allusion aux anti-particules et à la physique du
xxe siècle), −5 pour 5, etc. (sauf 0, ce moins que rien, qui est son propre
anti-zéro, pas étonnant qu’il soit nul puisqu’il s’annihile lui-même) et
tous ceux-là ensemble sont les « entiers » tout court, qui contiennent les
entiers naturels
N⊂Z
(N pour nombre ou pour naturel, Z pour Zahlen, dont l’unique lectrice
qui continue à lire sait fort bien que ça veut dire « nombres » en alle-
mand, en ce temps-là (quel temps ? je n’ai pas le temps) on faisait des
mathématiques en allemand). Et ce Z est un « anneau » (pas de malédic-
tion attachée à ce mot, qui signifie qu’on peut ajouter, soustraire, mais
aussi multiplier ces nombres, on pouvait déjà multiplier les entiers natu-
rels, pas besoin de signe − pour apprendre les tables de multiplication,
je signale néanmoins, en cas que de besoin(19) que − par − donne +, ce
qui complète agréablement les tables de multiplication pour les calculs
dans Z), mais pas plus, en d’autres termes, on ne peut pas diviser, enfin,
pas tout, 6 : 2 on peut, mais 1 : 2, on ne peut pas(20) (un seul exemple de
division impossible suffit aux mathématiciens pour affirmer, avec un peu
de mauvaise foi qu’« on ne peut pas diviser »). Il faut donc encore une fois
construire de nouveaux nombres, les « nombres rationnels » (malgré de
longues années de familiarité, je m’interroge encore sur la raison de cette
terminologie) qui sont tout simplement les fractions (je signale qu’il s’agit
là aussi d’une construction générale, le corps des fractions d’un anneau
intègre, je ne suis toutefois pas certaine que ce soit le lieu ici d’expliquer
ce qu’est l’intégrité) avec, comme on le sait, trois problèmes
– on ne divise pas par 0, ce qui n’est pas à proprement parler un
problème mais plutôt un dogme, une loi, une règle, un commandement,
tu ne tueras point(21) , tu ne diviseras point par zéro, oui, la marge est
trop étroite pour
(19) parler de classe
Comme dit une avocate que je connais.
(20)
Aussi incroyable que cela puisse paraître, un voyageur de ce tgv, assis non loin d’équivalence
de moi, lit un livre intitulé Un sur deux.
(21)
Pour ma co-autrice : oui, il s’agit bien de la Bible. Et ce n’est pas la dernière
allusion religieuse dans ce texte...
46 DÉMONSTRATION DIGRESSIVE
(23)
Il faut remarquer ici que le « nous », sujet auquel se rapporte l’attribut « hellé-
niste », n’est pas un pluriel, mais une sorte de singulier de modestie, employé par
beaucoup d’auteurs, il était donc naturel que je m’y conformasse, étant de plus une
personne d’un naturel modeste, bref il n’y a pas de faute d’orthographe, pas ici.
48 DÉMONSTRATION DIGRESSIVE
mais je trouve plus élégant d’utiliser cqfd (en mots, le célèbre « Ce Qu’il
Fallait Démontrer »), ce qui se dit en anglais qed (d’où la commande pour
le petit carré, qui est \qed, tout simplement)(24) .
Remarques
– Nous proposons aux lecteurs de remplacer
√ 2 par 4, pour être sûrs
qu’ils ont bien compris
√ les arguments : 4 = p/q, p2 = 4q 2 , 4|p2 , etc.
– Le nombre 2 peut être construit avec une règle et un compas :
dessiner un carré de côté 1 (ce qui√exige d’avoir choisi une unité, disons
un truc), les diagonales mesurent 2√trucs,
– ce n’est pas le cas du nombre 3 2, solution de x3 − 2 = 0, ce qui
fait qu’on ne peut pas « dupliquer » un cube de côté 1 truc (construire
à la règle et au compas un temple cubique de volume double de celui
d’un temple cubique donné, un problème posé dans l’antiquité grecque,
nous n’avons pas la place d’écrire, et nos lecteurs n’ont pas le temps de
lire, la digression pourtant tentante qui aurait pu prendre place ici et
dans laquelle nous aurions pu donner quelques opinions définitives sur
les oracles en particulier et les religions en général, une autre occasion de
citer Marx, l’opium du peuple après le joint de Cardan), la raison en est
bien simple, dès lors que la notion de corps est dégagée : avec une règle
et un compas, on ne construit que des racines √ carrées et, par répétition,
n
quatrièmes, etc., mais certainement aucune avec n impair, or, on l’a
remarqué, 3 est un nombre impair.
√
Perspectives. Si 2 n’en est pas un trou, c’est du moins une lacune
de Q, qui en est √ rempli, si l’on ose dire. Ces lacunes sont comblées par
l’ajout, outre de 2, de beaucoup(25) d’autres nombres. Le résultat est
le corps des nombres dits « réels », R, qui lui n’a pas de lacune (il est
complet). Pour ne pas mécontenter le rapporteur de mes travaux de la
semaine prochaine, j’ai décidé de couper ici cet article et de proposer
la suite, consacrée, les lecteurs un peu instruits l’auront deviné, à la
quadrature du cercle, un peu plus tard. À ce sujet, je me permets quand
même de mentionner que, si l’on croit l’auteur du Livre des Rois (26) (dont
(24)
L’auteur ne sait apparemment pas plus le latin que le grec, qed est mis pour Quod
Erat Demonstrandum. NdlR
(25)
Cette fois, vraiment beaucoup, mais on se souvient que je ne peux mentionner le
procédé diagonal de Cantor, qui aurait pourtant eu toute sa place ici.
(26)
Pour ma co-autrice, délibérément ignare en ces matières, je signale qu’il s’agit d’un
des livres « historiques » de la Bible.
DÉMONSTRATION DIGRESSIVE 49
personne ne me fera croire que ce n’était pas un être humain (et dont je
serais fort étonnée que ce soit une femme)), c’est-à-dire si l’on croit que
π est égal à 3 (puisque le gars décrit un cercle de diamètre dix truques
(les truques sont des coudées mais ça n’a pas d’importance ici) dont la
circonférence mesure trente truques)(27) , la quadrature du cercle serait
extrêmement facile, puisqu’il s’agirait tout simplement de dessiner à la
règle et au compas un carré d’aire π, c’est-à-dire,
√ rappelons-le, sous notre
hypothèses, 3, autrement dit une longueur 3, ce qui est on ne peut plus
facile(28) .
Remerciements. Nous remercions la sncf pour le tgv 6201 dans le-
quel la recherche présentée ici a pu s’amorcer(29) , ainsi que pour le tgv
6222, dans lequel elle s’est achevée(30) .
(27)
Il reste la possibilité que l’objet en bronze décrit par notre gars ne soit pas un
cercle plat, mais un peu bombé, uns sorte de calotte sphérique, un peu comme le
bouclier sur lequel se pavane Abraracourcix ou le sol de la place Stanislas à Nancy : si
le cercle est courbe, sa circonférence est plus petite, tout le monde peut comprendre
ça (sinon, écrivez-nous).
(28)
À la demande de ma co-autrice (qui n’est pas à l’abri des contradictions), j’in-
clus une figure — pour ce que ça me coûte, de dessiner un triangle équilatéral...
2 2
√
3
1 1
(29)
Les lecteurs ne pourront bénéficier de la description des voyageurs et de leurs
activités, téléphone, nescafé, des soi-disant gares, du temps pourri qu’il faisait, puisque
la plupart des remarques à ce sujet ont été massacrées par les ciseaux (moraux, elle
n’était pas dans le train, mais je la connais) de ma co-autrice.
(30)
Du moins nous l’espérons. NdlR
OÙ RADICAL-3 DU CORPS Q
DISPARAÎT
√
Proposition. Il n’y a pas, dans Q, 3 (radical-3).
Ou : x2 = 3 sans solution qui soit fraction. Prouvons ça ainsi qu’un
savant du nom d’Anton Voyl fit jadis. Si l’on n’y croit pas, dit Anton,
faisons ainsi. Soit d’abord p/q la fraction qu’on croit, qu’on dit radical-3.
Carrons-la. Ainsi
p2
= 3.
q2
Multiplions tout ça par q 2 . Alors
p2 = 3q 2 .
Donc p2 dans sa composition a un trois, donc aussi p. So far, so good,
dit-il, car ainsi qu’un savant doit, il jactait pas trop mal l’anglais. Nous
posons donc p = 3p0 . Alors
9p02 = 3q 2 .
Divisons tout par trois, nous avons
3p02 = q 2
ou
q 2 = 3p02
ainsi qu’on voudra choisir. Mais ! L’aurions-nous omis (caramba ! sâcra
Anton qui savait du latin, cajaranjambaja, ajouta-t-il, car il parlait aussi
javanais), alors disons, supposons, ça nous pouvons, supposons p, q sans
composant commun (sinon nous divisons par plus grand commun truc,
on sait tout ça...). Mais alors q 2 , puis q aussi, ont un trois, voilà un trois
pour p, un trois pour q, fini ! cria Anton ravi : là gît la contradiction !
(1)
NdlR : ne pas confondre avec laitance.
√
1 2
Démonstration par pliage de papier... √ = .
2 2
A3
A4
1 A1
√
2
A2
√
2 A0
√ 1
Démonstration par anthyphérèse... 2−1= √ .
2+1
√
2
1
√ √
1+ 2 2−1
p B B
A
C D
p−q
C
2q − p D
√
L’homothétie de centre A et de rapport 2 envoie C sur C 0 , puisque
AC 0 p √
= = 2.
AC q
Mais cette même homothétie envoie aussi B sur B 0 : cette fois le rapport
vaut 2q/p, mais
p 2q
= puisque p2 = 2q 2 .
q p
Elle envoie donc D sur D0 . Donc les trois points A, D et D0 sont alignés.
Il y a donc une homothétie de centre D qui envoie le rectangle ABCD
sur le petit rectangle rouge. On√ a ainsi construit un rectangle dont les
côtés ont aussi un rapport de 2 et qui est plus petit que le rectangle
originel.
Remarque. On peut raconter cette démonstration de façon plus roma-
nesque, en disant que le rectangle ABCD est une feuille de papier A4 et
le rectangle AB 0 C 0 D0 une feuille de papier A3.
Quoiqu’il en soit, ce n’est pas beaucoup plus simple que de dire que
p √ 2q − p √
= 2⇒ = 2,
q p−q
ce qui se démontre par un calcul pas très long :
p √
2− √ √ √
2q − p q 2− 2
= p =√ = (2 − 2)(1 + 2) = 2.
p−q −1 2−1
q
ÉCRIT À L’IMPARFAIT
(1)
Dans les textes écrits à l’imparfait, on utilise surtout les verbes être, avoir, et faire.
Quelques exceptions pour mettre, donner, dire, s’appeler, et quelques autres sont
tolérées.
(2)
Dans les textes écrits à l’imparfait, les yeux des personnages sont toujours grands
ou beaux et le plus souvent bleus.
(3)
Dans les textes écrits à l’imparfait, les détenteurs de savoir (ici, mathématique)
sont le plus souvent de sexe masculin.
(4)
Une démonstration écrite à l’imparfait se doit d’être imparfaite.
[2]
Je me souviens que mon oncle avait une 11cv immatriculée 3316 R6.
[11]
[51]
[67]
[90]
[133]
[170]
√ √
Je me souviens de 2 et de 11.
[176]
(1)
Ma co-autrice ayant insisté pour que nous fournissions une explication, en voici
une :
1
√
11
√
10
1
3
JE ME SOUVIENS 63
[187]
[198]
[243]
[254]
[275]
√
Je me souviens que je savais calculer 11 avec la table de logarithmes,
on cherchait log 11 dans la table, on le divisait par 2, puis on cherchait
de quel nombre ce nouveau nombre était le logarithme.
[285]
Je me souviens que tous les nombres dont les chiffres donnent un total
divisible par 9 sont divisibles par 9 et que si on met des soustractions,
c’est pareil avec 11, par exemple 1936 est divisible par 11 mais pas 1943.
64 JE ME SOUVIENS
[292]
Je me souviens des heures que j’ai passées, en 11e je crois, à poser des
divisions et à essayer de continuer aussi loin que possible pour que « ça
s’arrête », mais que je devais en général m’arrêter moi-même parce qu’il
n’y avait plus assez de place pour abaisser des zéros à la gauche du trait
vertical.
[293]
√ √
Je me souviens que ( 11)2 = 11 mais que − 11 aussi est une racine
de 11.
[330]
[352]
[407]
[425]
[441]
[468]
Je me souviens que les autobus étaient désignés par des lettres et pas
par des chiffres (et qu’on a remplacé le K, onzième lettre de l’alphabet,
par 84, qui n’est même pas un nombre premier).
[476]
Je me souviens du 11 février.
[480]
Je me souviens
(à suivre)
LETTRE OFFICIELLE
Monsieur le Ministre,
Théorème 1
(1) Il existe un nombre réel dont le carré vaut 2.
(2) Ce nombre est irrationnel.
Démonstration de l’existence. L’ensemble
n o
A = x ∈ R | x2 ≤ 2
est majoré (par 2). Il admet donc une borne supérieure s. On a s2 ≤ 2
par définition. Supposons s2 < 2, disons s2 = 2 − η avec η > 0.
Lemme 2. Pour tout η > 0, il existe ε > 0 tel que 4ε + ε2 ≤ η.
Démonstration du lemme. Pour ε = 0, 4ε + ε2 = 0, la fonction x 7→
4x + x2 est continue (c’est une fonction polynomiale), donc pour ε > 0
assez petit, on a
4ε + ε2 < η.
On écrit alors
(s + ε)2 = s2 + 2ε + ε2
= 2 − η + 2sε + ε2
≤ 2 − η + 4ε + ε2 puisque s ≤ 2
≤ 2 d’après le lemme 2.
Donc s + ε ∈ A. C’est une contradiction avec la définition de s. Donc
s2 = 2.
Proposition
√ 3. Soit d un entier positif qui n’est pas un carré dans N.
Alors d est irrationnel.
√
Remarque 4. L’existence de d est assurée par une démonstration ana-
logue à celle donnée pour 2 ci-dessus.
Lemme 5. L’ensemble
√ n √ o
Z[ d] = a + b d | a, b ∈ Z ,
muni des lois + et · induites par celles de R, est un sous-anneau de R.
nous savons que ce nombre est positif, que son dénominateur l’est, donc
son numérateur est un entier positif, en particulier on obtient
1
un ≥ .
q
Appliquons maintenant le lemme 7 :
1
0 = lim un ≥ ,
n→+∞ q
√
ce qui est absurde. Donc d 6∈ Q.
Il reste à démontrer les trois lemmes.
√
Démonstration du lemme 5. Il est clair que 0 ∈ Z[ d]. De plus,
√ √ √
(a + b d) − (a0 + b0 d) = (a − a0 ) + (b − b0 ) d,
√
de sorte que Z[ d] est un sous-groupe du groupe additif de R. De même
√ √ √
(a + b d) · (a0 + b0 d) = aa0 + bb0 d + (ab0 + ba0 ) d
√
montre la stabilité de Z[ d] pour la multiplication.
√
Démonstration du lemme 6. Comme d 6∈ N, il existe un entier m tel
que √
m < d < m + 1.
Donc, on a √
0 < −m + d < 1,
et on peut choisir a = −m et b = 1.
Démonstration du lemme 7. Fixons un ε > 0 et montrons qu’il existe un
entier N tel que, pour n > N , un < ε.
Pour ε ≥ 1, c’est clair : on peut choisir N = 1.
Sinon, on a Log ε < 0 (la notation Log(1) désigne le logarithme népé-
rien) et
Log ε
> 0.
Log u
Choisissons
Log ε
N≥ .
Log u
(1)
légèrement kitch et inspirée par ma co-autrice
72 LIMITE PÉDANT
(1)
Cette remarque est suggérée par ma co-autrice, par émulation dans la pédanterie.
MÉCRÉANT
√
Démonstration. Par l’absurde. Car sinon 2 serait rationnel(1) .
(1)
Et π serait un nombre entier.
(1)
NdlR : inspiré par Mersonne ne m’aime, la célèbre romance policière de Nicole-Lise
Bernheim et Mireille Cardot.
(2)
Groupettes autonomes révolutionnaires contre l’environnement sexiste.
(3)
Mixture de rouges, aussi appelée cardinale.
(4)
Coquetèle à base de Campara et de Martina.
(5)
Femmes lesbiennes et mères.
MINIMALISTE
p ∈ N, q ∈ N, q 6= 0, p∧q =1
p2
= 2 ⇒ p2 = 2q 2 ⇒ 2|p2 ⇒ 2|p ⇒ 4|p2 ⇒ 4|2q 2
q2
⇒ 2|q 2 ⇒ 2|q ⇒ p ∧ q ≥ 2.
(1)
(1)
À quatre mains : les [démonstrations NdlR] plus courtes ne sont pas souvent les
meilleures, mais sont parfois les plus dures.
Et puis Goldbach(1) :
42 = 37 + 5 = 31 + 11 = 29 + 13 = 23 + 19.
Et alors(2) ?
(1)
Beurk.
(2)
Ma coauteur déteste la conjecture de Goldbach, qui suggère que les nombres pairs
sont somme de deux nombres premiers. Elle prétend que les nombres premiers sont
faits pour être multipliés, pas pour être ajoutés. NdlR.
(3)
Du nombre.
(4)
Mathématicien que ma co-autrive révère, principalement parce qu’il avait un ami
nommé Le Blanc. Cité ici pour un de ses lemmes : si a divise le produit bc et a est
premier avec b, alors a divise c.
QUINTINE (OU CINQUINE)
p2 par le carré 25
s’ensuit, mais notre rationnel,
la fraction soupçonnée de
pouvoir être la racine,
irréductible supposée est
(1)
Il convient de prononcer p carré égale 5 q deux, p sur q est racine, et plus généra-
lement de façon à ce que l’on entende des octosyllabes dans les vingt premiers vers.
Le fait que 8 et 5 soient premiers entre eux à été déterminant pour le choix de la
prosodie utilisée.
%%%%%%%%%%%%%%%%%%
%%pour faire le s+7 (translation dans rq)
%%beaucoup de substantifs
%%%%%%%%%%%%%%%%%%
\vfill
\begin{flushright}
{\tiny Tous droits réservés -- A.Leblanc \&\ L.Duchêne -- 2009}
\end{flushright}
√
IRRÉGULARITÉ DE 2
(IRRATIONALITÉ + 7)
(1)
Nous avons fermement refusé le suif intégriste de notre co-auto-adhésive qui nous
incitait à ajouter 7 aux sympathectomies mathématiques, non pas tant qu’il nous eût
déplu de remplacer 2 par 9 dans cette démoustication mais bien parce qu’il nous√ a été
impossible de choisir un didactyle dans lequel déterminer ce que pourrait être + 7.
by
Abstract.
In this paper we expose a tentative new proof of fundamental
results in arithmetic geometry and algebraic number theory, exten-
sively using powerful tools from string theory. We develop here the
tremendously new ideas in the method and show some of the possible
applications.
√
irrationality of 2) have been already given several proofs which appea-
red in the literature, these proofs are not quite satisfactory. Our proof
gives a tractable and illustrating illustration of some of the new and
general ideas in this paper.
The main new idea is to consider a D3-brane, and the couplings ass-
ciated to it. The quiver construction provides a hyper-super-spectral se-
quence (as shown in the foundational paper [3] of the third author).
Experimental evidence shows, and we firmly believe that the formula
1/2
P n P
X X X n − 2P
4π `j − α+ (1 − `β ) +
√
j=1 α=1 β=1 2
2= Z ∞
2
n exp(−w ) dw
−∞
[6] Witten (E.), Euclld (F.), Pythagorea (G.), Thales (H.) and Euler
(I.), Number theory form a physicist wiew point, Springer, 1986.
This work was supported partially by grants from the SRFL, the AFAL
and the FIDB. We also got support from the contracts FBI 6578-67,
BMW98-Z-987, AFNOR 54321, VIP 8756-54-76, NSF 32456, AERES
43657-076, ANR « Tomato-45 », MST 5-B-56, VIH 564-09-A-23, PDF
2009-67, INRI 0000-33-JC, JFK 61-D-78, ASO-78 and ETC.
The authors gratefully acknowledge the skillful assistance of Mrs. Pe-
cresse who suggested that we write a few more papers and is thus at the
origin of this research.
VULGAIRE
(1)
NdlR : comme dit l’une des co-autrices.
Allusions à et citations de
Nicole-Lise Bernheim et Miereille Cardot, Arnaut Daniel, Fiodor Dos-
toïevski, Sergei Eisenstein, Gustave Flaubert, Carl Friedrich Gauß, Al-
fred Hitchcock, James Joyce, Stanley Kubrick, Stéphane Mallarmé, Felix
Mendelssohn, Molière, Pier Paolo Pasolini, Platon, Georges Perec, Mau-
rice Pialat, Jacques Roubaud, Claude Simon, Sir George Stokes, Léon
Tolstoï,
des mathématiciens, des mathématiciennes, des physiciens, des chauf-
feurs de bus,
des auteurs de manuels scolaires,
des plagiaires par anticipation, notamment les auteurs du site http:
//www.cut-the-knot.org/proofs/sq_root.shtml qui avaient notam-
ment copié notre idée du titre Lieder ohne Worte, et Benoît Rittaud,
√ qui
nous a piqué, il y a déjà plusieurs années, l’idée de parler de 2 dans
des livres, articles, et sur le site http://www.math.univ-paris13.fr/
~rittaud/RacineDeDeux,
le petit Robert (2000), l’Abrégé du dictionnaire Grec-Français par
M.A. Bailly (librairie Hachette, 1901), la Bible de Jerusalem (seulement
l’une d’entre nous), le compagnon LATEX, la sncf (du soutien de laquelle
l’une d’entre nous a abusé pendant l’écriture de ces textes), le cnrs, la
ratp,
XX