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Résumé
Dans le prolongement des travaux qu'elle nous avait donné à lire avec La Fabrique du regard (Odile Jacob, 1998), Monique
Sicard nous propose de réévaluer l'image de l'hystérie à la lumière des «médiations», c'est-à- dire des dispositifs et modalités qui
permirent de la révéler. L'auteur montre ainsi comment « l'hystérie » de Charcot ne pouvait être celle de Freud, l'une ayant été
comprise à travers l'hôpital, l'espace public, le dortoir ou la salle commune, la photographie et le dessin, l'autre à travers le
bureau, l'espace privé, le divan, l'écoute et la parole. Toutes deux se servant de l'écrit, du livre et de l'édition pour parvenir à la
connaissance publique. Reste que les théories de Charcot n'auraient sans doute pas trouvé l'écho qui fut le leur si leur auteur
n'avait croisé le chemin de la photographie. Monique Sicard s'intéresse alors au rôle singulier que celle-ci devait jouer dans
l'élaboration de la représentation de « la femme hystérique », soulignant la fonction des médiations techniques, institutionnelles
et politiques dans le regard que l'homme-technique porte sur le corps de la femme.
Citer ce document / Cite this document :
Sicard Monique. La femme hystérique : émergence d'une représentation. In: Communication et langages. N°127, 1er trimestre
2001. pp. 35-49
Titlu original
La femme hystérique : émergence d'une représentation
Résumé
Dans le prolongement des travaux qu'elle nous avait donné à lire avec La Fabrique du regard (Odile Jacob, 1998), Monique
Sicard nous propose de réévaluer l'image de l'hystérie à la lumière des «médiations», c'est-à- dire des dispositifs et modalités qui
permirent de la révéler. L'auteur montre ainsi comment « l'hystérie » de Charcot ne pouvait être celle de Freud, l'une ayant été
comprise à travers l'hôpital, l'espace public, le dortoir ou la salle commune, la photographie et le dessin, l'autre à travers le
bureau, l'espace privé, le divan, l'écoute et la parole. Toutes deux se servant de l'écrit, du livre et de l'édition pour parvenir à la
connaissance publique. Reste que les théories de Charcot n'auraient sans doute pas trouvé l'écho qui fut le leur si leur auteur
n'avait croisé le chemin de la photographie. Monique Sicard s'intéresse alors au rôle singulier que celle-ci devait jouer dans
l'élaboration de la représentation de « la femme hystérique », soulignant la fonction des médiations techniques, institutionnelles
et politiques dans le regard que l'homme-technique porte sur le corps de la femme.
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Sicard Monique. La femme hystérique : émergence d'une représentation. In: Communication et langages. N°127, 1er trimestre
2001. pp. 35-49
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Dans le prolongement des travaux qu'elle nous avait donné à lire avec La Fabrique du regard (Odile Jacob, 1998), Monique
Sicard nous propose de réévaluer l'image de l'hystérie à la lumière des «médiations», c'est-à- dire des dispositifs et modalités qui
permirent de la révéler. L'auteur montre ainsi comment « l'hystérie » de Charcot ne pouvait être celle de Freud, l'une ayant été
comprise à travers l'hôpital, l'espace public, le dortoir ou la salle commune, la photographie et le dessin, l'autre à travers le
bureau, l'espace privé, le divan, l'écoute et la parole. Toutes deux se servant de l'écrit, du livre et de l'édition pour parvenir à la
connaissance publique. Reste que les théories de Charcot n'auraient sans doute pas trouvé l'écho qui fut le leur si leur auteur
n'avait croisé le chemin de la photographie. Monique Sicard s'intéresse alors au rôle singulier que celle-ci devait jouer dans
l'élaboration de la représentation de « la femme hystérique », soulignant la fonction des médiations techniques, institutionnelles
et politiques dans le regard que l'homme-technique porte sur le corps de la femme.
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Sicard Monique. La femme hystérique : émergence d'une représentation. In: Communication et langages. N°127, 1er trimestre
2001. pp. 35-49
In: Communication et langages. N127, 1er trimestre 2001. pp. 35-49. Rsum Dans le prolongement des travaux qu'elle nous avait donn lire avec La Fabrique du regard (Odile Jacob, 1998), Monique Sicard nous propose de rvaluer l'image de l'hystrie la lumire des mdiations, c'est-- dire des dispositifs et modalits qui permirent de la rvler. L'auteur montre ainsi comment l'hystrie de Charcot ne pouvait tre celle de Freud, l'une ayant t comprise travers l'hpital, l'espace public, le dortoir ou la salle commune, la photographie et le dessin, l'autre travers le bureau, l'espace priv, le divan, l'coute et la parole. Toutes deux se servant de l'crit, du livre et de l'dition pour parvenir la connaissance publique. Reste que les thories de Charcot n'auraient sans doute pas trouv l'cho qui fut le leur si leur auteur n'avait crois le chemin de la photographie. Monique Sicard s'intresse alors au rle singulier que celle-ci devait jouer dans l'laboration de la reprsentation de la femme hystrique , soulignant la fonction des mdiations techniques, institutionnelles et politiques dans le regard que l'homme-technique porte sur le corps de la femme. Citer ce document / Cite this document : Sicard Monique. La femme hystrique : mergence d'une reprsentation. In: Communication et langages. N127, 1er trimestre 2001. pp. 35-49. doi : 10.3406/colan.2001.3059 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_2001_num_127_1_3059 un lu Q_ in 1 LU ^-" -1 ai uo La femme hystrique : mergence d'une reprsentation Monique Sicard Dans le prolongement des travaux qu'elle nous avait donn lire avec La Fabrique du regard (Odile Jacob, 1998), Monique Sicard nous propose de rvaluer l'image de l'hystrie la lumire des mdiations, c'est-- dire des dispositifs et modalits qui permi rent de la rvler. L'auteur montre ainsi comment l'hystrie de Charcot ne pouv ait tre celle de Freud, l'une ayant t comprise travers l'hpital, l'espace public, le dortoir ou la salle commune, la photographie et le dessin, l'autre travers le bureau, l'espace priv, le divan, l'coute et la parole. Toutes deux se servant de l'crit, du livre et de l'dition pour parvenir la connaissance publique. Reste que les thories de Charcot n'auraient sans doute pas trouv l'cho qui fut le leur si leur auteur n'avait crois le chemin de la pho tographie. Monique Sicard s'intresse alors au rle singulier que celle-ci devait jouer dans l'laboration de la reprsentat ion de la femme hystrique , soulignant la fonction des mdiations techniques, institutionnelles et politiques dans le regard que l'homme-technique porte sur le corps de la femme. Peut-tre faut-il prciser que l'histoire se passe au XIXe sicle : juste pour que personne ne s'attende y trouver des avions, des machines laver et des psychanalystes. Il n'y en a pas ici. Alessandro Barrico, Soie, Albin Michel, 1997 C'est au moment de l'avnement de la IIIe Rpublique et au cur de l'espace hospitalier que Charcot commence en 1872 s'intresser l'hystrie. Il est depuis dix ans mdecin de l'hos pice de la Salptrire. Aprs sa mort, en 1893, alors que se poursuit la publication entreprise sous sa direction des tomes successifs de la Nouvelle Iconographie de la Salptrire, la question de l'hystrie disparat des proccupations des mdecins de l'hpital. Il n'est plus fait dans l'ouvrage mention de ces crises, pourtant abondamment dcrites depuis plus de vingt ans. 36 Le corps saisi par l'image Le corps est un objet privilgi de l'installation d'un savoir de mdiation. Par sa seule prsence, il trouble son observateur, brouillant les relations entre sujet et objet. Rien d'tonnant ce que, favoris en outre par une puissante institution hospitalire, le corps fminin ait offert la mdecine du xixe sicle l'opportu nit de mise en place de rituels et de techniques de connais sance. Hors de l'hpital, les femmes hospitalises restaient inaccessibles. Elles ne furent connues des contemporains de Charcot que par les photographies, les schmas et dessins, les textes abondants rdigs par les mdecins eux-mmes. Se pen cher sur ces intermdiaires afin de questionner l'hystrie d'une il neuf, c'est inviter s'affranchir, dans un premier temps, de l'interprtation qu'en fit Freud par la suite. Nous devons bien admettre que si ces mdiations techniques, institutionnelles, pol itiques sont ce par quoi la femme hystrique dut passer pour tre , cette dernire n'existerait pas sans elles. LES TROIS HYSTRIES L'hystrie de Charcot n'est pas celle de Freud : elle n'use pas des mmes modalits de la mdiation. la premire l'hpital, l'e space public, le dortoir ou la salle commune, la photographie, le dessin. la seconde le bureau, l'espace priv, le divan, l'coute et la parole. l'une et l'autre, l'crit, le livre, l'dition. En 1895, dans ses tudes sur l'hystrie, Freud donne une pre mire dfinition pleinement ne des techniques de l'coute et du rcit, parfaitement libre de l'anatomie et des gographies du corps : Lhystrie est dtermine par un incident sexuel survenu avant la pubert et qui a t accompagn de dgot et d'effroi [...] . Le mot dsigne aujourd'hui une nvrose dont les conflits psychiques s'expriment en des symptmes corporels divers j (crises, paralysies, contractures....). Les conflits refouls, les \ dsirs interdits se manifestent ainsi sous forme de syndromes H corporels varis. Le mot possde en outre une acception popu- |> laire : l'hystrique est ce nerveux, sujet des crises de nerfs, qui 5 s'exprime avec trop de conviction... L'hystrique est gnrale- * ment de sexe fminin : dans la littrature, c'est le mot femme | qui le plus souvent prcde l'adjectif hystrique ; suivent de e peu les mots fille ou mre 1. L'adjectif est notamment uti- I lise pour qualifier les fministes. O 1 . Sources : base numrique Frantext, INALF, CNRS, Paris. La femme hystrique : mergence d'une reprsentation 37 Mais pour Charcot, l'hystrie est une crise se droulant en trois priodes. La premire (pileptod) compte parmi ses symp tmes la figure caractristique du corps renvers en arc de cercle. La seconde (clonique) est celle des mouvements violents qui ncessitent l'usage de la camisole de force. La troisime (te rminale) est une phase de rsolution marque par des priodes d'extase ou de mlancolie. Le mot hystrique n'a pas attendu Charcot pour exister. Issu du grec hyster (utrus), il qualifie l'origine des manifestations de femmes, dont les grandes pidmies hystriques du Moyen ge et la danse de Saint-Guy, dcrite par les Hughtington en 18722 sous le nom de chore. Sous l'influence de saint Augustin et de l'assimilation qu'il fit entre plaisir sexuel et pch, les manifestations hystriques (des femmes mais parfois des hommes) furent longtemps perues comme des interven tions du diable. La figure de la sorcire - celle qui, ayant pactis avec le diable, recherche le plaisir sexuel - est une figure clas sique de l'hystrie. Chacune des trois poques de l'hystrie ici schmatiquement dfinies - aprs Charcot, avec Charcot, avant Charcot - est non seulement marque par des mdiations qui lui sont propres, mais galement par des reprsentations (des mises en pr sence, des images mentales) spcifiques hrites du pass. Ainsi Charcot et ses collaborateurs n'ont-ils eu de cesse, dans les annes 1 870, que de chercher les signes de la possession et de la sorcellerie chez les femmes hystriques. En contrepartie, l'espace de l'hpital a contribu faire de l'hystrie une pathol ogie. Au-del, c'est toute une image de la femme qui se consol ide au xixe sicle et dont le service de Charcot fut l'un des principaux inventeurs. L'effrayant dessin d'une femme en che veux, grimaante, hurlante et dchirant ses vtement est l'un des aboutissements de cette aventure3 (fig. 1). L'histoire, cependant, n'avait pas commenc par le dessin, mais par le rcit et la pho tographie. 2. On sait aujourd'hui que cette dernire, encore nomme chore de Hughtington , est une maladie d'origine gntique. 3. P. Richer, tudes cliniques sur l'hystro-pilepsie ou grande hystrie, Paris, 1881. Illustration non autorise la diffusion 38 Le corps saisi par l'image I I I 1 L'HYSTRIE CAPTE. MERGENCE DE L'OBJET PAR LA PHOTOGRAPHIE Charcot dcouvre la photogra phie avec le mdecin Guillaume Duchenne de Boulogne4. En 1862, il a ouvert ce dernier les portes de l'hpital de la Salptriere, lui facilitant la mise en uvre de photographies d'ex pressions du visage. En retour, sensibilis aux performances du nouveau mdium, il n'hsitait pas appeler Duchenne, par tendresse et drision, mon cher matre . De 1876 1879, sont publis les trois volumes de l' Iconographie photographique de la Salptriere (Delahaye diteur), crits par les mdecins Bourneville et Rgnard, et illustrs des photo graphies du dernier. Ulconographie photographique de la Salptriere fut prcde par les tomes de la Revue photographique des hpitaux, publis entre 1869 et 18735 par les mdecins Bourneville et de Montmja (Delahaye diteur). La photographie, systmatique ment utilise dans ce dernier ouvrage, ses applications la mdecine, sont prsentes l comme une grande nouveaut : nous dirions aujourd'hui que le nouveau mdium est figure de la modernit, qu'il donne de l'Institution une belle image . La photographie avait dj valu un plein succs ce mme de Montmja, alors responsable du service photographique de l'h pital Saint-Louis, lors de la publication en 1868, avec Hardy, de la Clinique photographique de l'hpital Saint-Louis6. Comme le 4. M. Sicard, Quand se croisent le visage, la photographie, la mdecine et l'lectricit, Duchenne de Boulogne, cole nationale suprieure des beaux-arts, Paris, 1999. 5. En cette anne 1873, elle devient la Revue photographique des hpitaux de Paris. 6. M. Sicard, corps et raison , in vA corps et raison, photographies mdicales 1840-1920, Marval, Mission du patrimoine photographique, Paris, 1995. Figure 1 . Paul Richer, Etudes cliniques sur l'hystro-pilepsie ou grande hystrie, Paris, 1881. La femme hystrique : mergence d'une reprsentation 39 feront ensuite la Revue photographique des hpitaux et \' Iconographie photographique de la Salptrire, la Clinique facil itait la diffusion internationale des savoirs, la discussion, la confrontation des points de vue par l'analyse de cas et le partage du regard. Paralllement, les belles collections scientifiques et philosophiques de Gustave Baillire, diteur et mdecin, tissaient un rseau international de correspondants, dcisif pour la pro pagation des ides nouvelles en psychologie7. L'hystrie n'apparat qu' l'extrme fin du dernier tome de la Revue photographique des hpitaux. Elle y est dcrite mais non photographie : lorsque s'annonait une crise, on envoyait en toute hte chercher un photographe qui arrivait gnralement lorsque la crise tait termine. Pour pallier ces inconvnients, l'i nterne Rgnard prit la charge de la ralisation des photographies au sein de l'hpital. L'insuffisante luminosit des lieux explique ces photographies o les femmes hystriques sont dans la cour mme de l'hpital, mme le sol ou sur leur lit. bien regarder les images de l'Iconographie photographique de la Salptrire qui ont aliment la fivre de toute une littrature (Zola, les Goncourt, Flaubert, Maupassant...)8, on ne peut manquer d'tre simultanment mu et frapp par l'inconsistance heuristique de leur objet. Les photographies de crise , gnralement prcdes par des por traits des femmes soigneusement encadrs, sont peu spectaculaires. La crise s'y traduit par des corps agits, des postures de prire, des expres sions de tristesse, renforcs par le flou n des longs temps de pose, par les dcadrages lis la ncessit d'un pied photographique (fig. 2). Figure 2. Paul Rgnard & L'abondance, la prcision des textes, Boumeviiie, iconographie les descriptions anatomiques et de la Salptrire, 1875. 7. La Querelle de l'hystrie de 1870 1914, Bibliothque du collge international de philo sophie, PUF, Paris, 1998. 8. Mais en ralit, la littrature s'est empare de l'hystrie avant la ralisation et la diffu sion des photographies. Illustration non autorise la diffusion 40 Le corps saisi par l'image I CO psychologiques forment avec les images un contraste saisissant. La photographie semble n'avoir pas rpondu aux attentes. La plus spectaculaire de ces images, l'une des dernires de l'o uvrage, a t ralise en 1879, souvent reproduite et devenue emblmatique de l'hystrie de Charcot. Elle est celle d'une femme au corps devenu si rigide qu'il repose l'horizontale sur le dossier de deux chaises. Mais cette image mme est le fruit d'une pratique d'hypnose, une figure que l'on voit encore dans nos cirques contemporains. Rien d'essent iel donc, dans ce corps inou. Rien de naturel dans cette crise dclenche. Grce l'hypnose, dit Charcot, le sujet se trouve transform en une sorte de statue expressive, modle immobile reprsentant avec une vrit saisissante des expressions les plus varies et dont les artistes pour raient assurment tirer le plus grand parti 9 (fig. 3). Il ajoute : L'immobilit de ces att itudes (cataleptiques) [...] est minemment favorable la reproduction photograp hique. Comme Duchenne de Boulogne, Charcot et ses collaborateurs sont crateurs de leur objet de recherche. Ce monde rel qu'ils prtendent dcouvrir est en ralit le fruit de techniques de mdiations, de rituels d'investigation, de mises en scne. l'aide de courants lectriques de faible intensit, Duchenne gnrait sur les visages des expressions artificielles (bonheur pai sible, angoisse...) qui se conservaient durant quelques minutes, soit le temps ncessaire, l'poque, leur enregistrement photographique. De la mme manire, les collaborateurs de Charcot ne cherchent pas capter le mouvem ent, mais l'arrter, immobiliser les corps dont ils conserver ont une empreinte photographique de qualit qui, pour eux, est une image de l'hystrie. De ces mises en scne, le corps hori zontal et spectaculaire constitue l'ultime avatar. 9. Charcot, Leons sur la mtallothrapie et l'hypnotisme, p. 443, cit par M. Ouerd, Charcot, Leons sur l'hystrie virile, Paris, Le Sycomore, 1 984. Figure 3. Effets cataleptiques de la prsentation la patiente d'une lumire de fort clat , Bourneville & Rgnard, Iconographie photographique de la Salptrire, tome 3, 1878-1879. La femme hystrique : mergence d'une reprsentation 41 Comme Duchenne de Boulogne, ce que photographient les mdecins de la Salptrire est donc dj une photographie. Du monde qui les entoure, ils n'enregistrent que les mdiations. Ce qu'ils dcrivent n'est autre que les artefacts qu'ils fabriquent, crant eux-mmes les signes de possession qui marquent, sans qu'elles le sachent, le trs faible chantillon de femmes concer nes par les observations. Il est vraisemblable que la vigueur nouvelle rencontre par le concept d'hypnose en cette seconde moiti du xixe sicle fut stimule par ces photographies10, qui firent alors le tour du monde, rejointes plus tard, partir de 1887, par celles - aussi spectaculaires - de Jules Bernard Luys, direc teur de la maison de sant d'Ivry. L'installation seule du dispositif photographique suffisait dclen cher les crises. Comme en tmoignent les commentaires des mdecins : Aprs beaucoup de difficults, nous parvenons, M. Rgnard et moi, obtenir qu'elle se laisse photographier, et nous pouvons avoir l'aspect de sa physionomie quelques instants avant le dbut d'une attaque pileptique. [...] Ou encore : peine le temps ncessaire pour avoir l'preuve tait-il coul que G... tait prise de convulsions. Quelle trange dmarche qui consiste installer l'appareil photographique avant l'apparition du phnomne dont la plaque sensible est cense conserver l'em preinte ! Il faut imaginer le lourd dispositif mis en place par les procds au collodion humide. Les plaques sensibles devant tre prpares juste avant leur utilisation, il fallait installer un atelier au voisinage immdiat de l'appareil de prise de vue, que la lenteur des temps de pose obligeait nantir d'un pied. Il fallait parfois user de la camisole de force pour maintenir la patiente dans le cadre photographique. L'moi provoqu au cur des dortoirs de femmes en proie l'ennui tait invitable. Quoi qu'il en soit, le dispositif photographique ne passait pas inaperu : les regards- camras des mdecins posant en mme temps que leurs patientes qu'ils maintenaient fermement, dans l'espoir - certa inement - que la photographie serait nette, en font foi. L'HYSTRIE RACONTE. FAONNEMENT DE L'OBJET PAR LE LIVRE Si la photographie fut l'une des conditions ncessaires de l'me rgence de la crise d'hystrie, elle n'en fut pas une condition 10. celles de Rgnard, il convient d'ajouter celles de Luys. 42 Le corps saisi par l'image suffisante. Les rcits de corps contracts, de bouches baveuses, de langues pendantes sont trop nombreux pour affirmer que rien ne s'est pass entre les quatre murs de l'hpital. Pour quelles ra isons cependant, partir de 1876, l'dition d'ouvrages illustrs s'est-elle soudain resserre sur un objet unique (la crise d'hyst rie) ? Comment un objet a-t-il pu merger avec une telle inten sit puis disparatre photographiquement trois ou quatre annes plus tard, en 1879? L'explication rsiderait en partie dans le double rle jou par le corps hystrique, simultanment objet- sujet du regard mdical (non pas simplement observ, mais cr par lui et le faonnant en retour) et objet-sujet du livre photogra phique (non pas seulement enregistr, mais n'existant que pour lui et l'enrichissant en retour). La crise hystrique, ainsi, nat simultanment du regard port par les hommes sur le corps des femmes et de la ncessit de publier et diffuser textes et photo graphies. Pour Charcot, la transmission des observations s'effectue par le livre, mais aussi par la prsence d'lves. Ces modalits de la transmission conditionnent son propre regard. Son Regardez bien ! engendre la mise en uvre d'un spectacle dans l'espace de la scne. Chaque lment du trio form par le matre, les lves, la malade est ainsi acteur pour les deux autres. Les femmes, elles, rpondent la demande implicite du matre, n'of frant que ce qu'elles peuvent offrir en retour : leurs propres corps, leurs propres crises. Il n'est pas tonnant, ds lors, que ces der nires se droulent d'une manire plus exacte, plus rgulire dans le service du matre que dans les services voisins. Il n'est pas surprenant, non plus, que la prsence d'hommes-mdecins- libres suffise dclencher l'extrmit basse de la diagonale, chez les femmes-ouvrires-clotres, la manifestation de dsirs c\i interdits ; cela est logique. Je suis comme lectrise par sa pr- ^ sence , dit l'une d'elles, utilisant les mtaphores en usage. | Le livre, lui, fonctionne non seulement comme appel l'obser- | vation, mais aussi comme mmoire et rfrence. Les photogra- ^ phies directement colles sur des pages rserves dans le premier tome de l' Iconographie de la Salpthre font place des | lithophotographies dans les tomes suivants, aussi exactes que les photographies mais galement aussi rsistantes que le texte | imprim. Comme la photographie, elles prouvent le a t (S et identifient. Comme le texte imprim, elles certifient. La femme hystrique : mergence d'une reprsentation 43 L'organisation en chapitres reflte non une chronologie, mais un ordre conceptuel. Le cas de Th. L., fleuriste, plac en exergue (premier chapitre) de Y Iconographie, indique non ce qui est mais ce qu'il convient de voir. Th. L. est entre le 12 aot dans le ser vice de M. Charcot; elle tait ge de 18 ans. Les crises dont elle est victime se droulent de manire complte, avec une grande rgularit : le cas sert de guide l'ensemble de l'ouvrage. Curieusement, Charcot qui ne cesse d'inciter ses collaborateurs recueillir des informations dans les salles de l'hpital en les illustrant de photographies, ne les utilise pas lui-mme pour illus trer ses leons. Graphiques et schmas sont mieux adapts un exercice d'autorit scientifique. Or, en ces temps de savoirs posit ifs, ce qui est recherch est l'tablissement de signes objectifs (que dcrivent les mdecins), non la description de symptmes (que ressentent les patients). Pourtant, Bourneville et Rgnard avaient commenc leurs tr avaux par la ralisation d'un album d'une centaine d'images lorsque Jean Martin Charcot les encouragea publier les obser vations conduites dans les salles de l'hpital. D'initiatrice, la pho tographie devint illustratrice, servant de bien-fond aux commentaires crits et aux rcits des femmes. La publication, la diffusion des descriptions de cas par le livre ont enfin conditionn la forme du rcit chronologique emprunte par les textes. Les biographies qui s'crivent l sont riches de sus pense, prcisment parce que l'aboutissement de l'histoire (l'hys trie, l'hpital...) est connu. La lecture est stimule par le relev systmatique des vnements dramatiques (vols, viols, gros sesses, accidents), par celui des trangets de comportement, signatures d'une anormalit ( colire, elle se fchait, devenait toute noire ; jusqu' 4 mois, elle a tt une chvre ...). crire implique une coute attentive. Car, que faire d'autre qu'inviter le rcit remonter, favoriser le souvenir, quand l'anatomie reste si difficile d'accs, que l'anatomopathologie ne rvle de lsions ni du cerveau, ni de l'utrus ? Il convient de faire confiance au tmoignage direct des femmes lorsqu'il ne peut tre confront d'autres preuves. L, dans Y Iconographie et l'installation un peu force d'une confiance dans le fminin (dont une etymologie serait fides minus : moindre confiance), dans le tmoignage des femmes, prend ancrage la cure analytique freudienne. Illustration non autorise la diffusion Illustration non autorise la diffusion 44 Le corps saisi par l'image L'HYSTRIE DMONIAQUE. L'OBJET MIS EN SCIENCE PAR SES TRACS Aux photographies de l'Iconographie succdrent les dessins au trait - et parfois ombrs - raliss par Paul Richer pour ses tudes cliniques sur I'hystro-piiepsie ou grande hystrie, publies en 1881, anne des grandes rorganisations administrat ives et institutionnelles. L'ouvrage clarifie, ordonne, dcrit avec prcision les phases de la crise. Les dessins au trait se compltent d'enregistrements graphiques. Dans cet ordre visuel tout neuf, la crise n'est plus ce Prote qui se pr sente sous mille formes et qu'on ne peut saisir, une maladie htroclite compo se de phnomnes bizarres, incohrents, tou- Figure 4. Hystro-pilepsie , Rgnard & Bourneville, Iconographie photographique de la Salptrire, tome 3, 1878-1879. jours changeante, inacces sible par consquent, l'analyse et qui ne pourra jamais se soumettre aux investigations mthodiques 11. Cette fois, rien n'est laiss au hasard, tout se passe [...] suivant des rgles bien dtermines [...], valables pour tous les temps 12. Ces rgles, ces lois, il convient de les montrer : le dessin supple aux incertitudes de la photographie (fig. 4 et 5). I I Figure 5. Hystro-pilepsie , dessin vraisemblablement ralis d'aprs la photographie de la figure 4, Paul Richer, tudes cl iniques sur I'hystro-piiepsie ou grande hystrie, Paris, 1881 . 1 1. J. M. Charcot, prface P. Richer, tudes cliniques sur I'hystro-piiepsie ou grande hystrie, op. cit. 12. Ibid. La femme hystrique : mergence d'une reprsentation 45 II en abolit le hasard. Par les temps de rnovation o nous sommes, dit Charcot Richer, je crois (votre) mthode fort recommandable. Il ne me parat pas douteux, en effet, que ces grands pisodes, minutieusement tudis, profondment fouills, conformment aux tendances scientifiques qui vous ont constamment guid, seront les meilleurs documents utiliser lorsqu'il s'agira, quelque jour, de reconstituer sur des bases nou velles l'histoire tout entire. Mme lorsque, de manire flagrante, les dessins ont t calqus d'aprs les photographies, l'espace du trac est diffrent de celui de l'empreinte. Il offre voir une crise nouvelle. Particulirement enrichissante est l'analyse de ce que montre le dessin qui n'existe pas dans l'empreinte photographique dont il est prcis ment issu. Les cheveux attachs sur la photo sont dfaits sur le dessin, une bretelle abaisse, les draps du lit relevs, laissant - pour des raisons scientifiques - apparatre des jambes dnu des. Dj, en 1 861 , Nadar, sous couvert de science, ralisait huit pho tographies d'un hermaphrodite. En 1868, la Clinique de l'hpital Saint-Louis avait pris le relais avec ses formes monstrueuses, ce que la pathologie a de plus intressant et de plus rare . L'anne suivante, c'tait le tour de la Revue photographique. ct de leurs photographies, les dessins pour la Grande Hystrie de Paul Richer font office d'images pour enfants... Lune des figures caractristiques de la crise est le corps en arc de la priode clonique, souvent dcrit dans Y Iconographie de la Salptrire : le corps, violemment courb et soulev au-dessus du lit, est maintenu dans cette position durant plusieurs minutes. Mais curieusement, aucune photographie ne montre cet arc parf ait, dfini pourtant comme signature de la crise ; tout au plus l'une des femmes apparat-elle en appui sur les talons, soulevant ainsi le bas du dos, mais rien d'autre. Les dessins de Richer, eux, rendent compte abondamment de cette figure en cercle (fig. 6), n'hsitant pas pour cela faire appel un tmoignage extrieur l'hpital : celui de Charles Bell, qui dessine en 1872 le corps tendu d'un soldat bless la tte la bataille de Coronne. Si l'on dessine ainsi l'arc de cercle sans l'avoir jamais vraiment vu, c'est qu'il semble fournir lui seul une explication la crise : Pour les exorcistes, c'tait l une marque de la possession dia bolique [...]. Ordinairement les Dmons, aprs leurs contorsions Illustration non autorise la diffusion 46 Le corps saisi par l'image ." ."&-.,. **/'BJ ?. Figure 6. L'arc de cercle , Paul Richer, tudes cliniques sur l'hystro-pilepsie ou grande hystrie, Paris, 1881. et agitations, met tent les filles ainsi tourmentes en un arc parfait, ce qu'ils pratiquaient en leur approchant la tte en arrire, jusque contre les talons et les faisaient porter sur la face et sur la bouche, les bras rapidement tendus, tellement que les reins s'arrondissaient comme le dessous d'une arcade13. L'arc de cercle, caractris tique, renverrait de manire univoque la prsence invisible du diable, comme les corps moins spectaculaires de femmes debout, simplement courbes en arrire. Passons rapidement sur les trs nombreux dessins au trait mont rant des femmes allonges dans leur lit mais agitant les jambes de manire dsordonne : ils n'ont pas d'quivalent photogra phique. Le livre de Richer peut tre lu comme un catalogue des signes universels de la possession. Sorte de manuel pratique l'usage des mdecins, il nous rappelle qu'en 1484 la bulle d'Innocent VIII avait institutionnalis la lutte contre les sorcires, mais que celle- ci n'aurait pas exist avec l'ampleur qu'elle a connu par la suite sans l'imprimerie et la diffusion, en 1494, du Malleus malefica- rum, qui offrait aux lecteurs une sorte de dictionnaire des signes de la sorcellerie. L'HYSTRIE MASCULINISE, FRAGMENTE. DISSOLUTION DE L'OBJET PAR LES INSTITUTIONS Rien n'est plus instructif que la mise en rapport de mdiations et de rsultats qu'elles ne laissaient pas supposer. Il est remar quable de constater qu' partir du moment o les conditions sont enfin runies pour que soient photographies les crises, prc isment, de telles images n'existent plus. En 1 888, lorsque parat la Nouvelle Iconographie, les femmes hystriques, devenues ob-scnes , hors la scne, ne sont pas photographies une 13. P. Richer, tudes cliniques..., op. cit. La femme hystrique : mergence d'une reprsentation 47 seconde fois. Pourtant, six annes auparavant, le ministre Gambetta a fait voter les budgets permettant la construction d'une vritable chaire de clinique des maladies du systme ner veux, dirige par Jean Martin Charcot. Les conditions matrielles de la transmission - recherche et enseignement - sont alors bru talement amliores. Et avec elles, celles de l'observation. L'atelier de photographie est entirement rorganis. Il est dirig depuis 1882 par un photographe professionnel: Albert Londe. Surtout, la chimie photographique a profondment volu : les procds au glatino-bromure, la rduction des temps de pose qu'ils permettent ouvrent la voie l'instantan. La saisie prcise d'un corps en mouvement, jusque-l casse-tte des photo graphes, est enfin rendue possible. La Nouvelle Iconographie de la Salptrire, dirige par Jean Martin Charcot et signe de de La Tourette, Paul Richer et Albert Londe, n'offre que des photographies de dtails (paralysie des jambes, fermeture d'une paupire). Les symptmes de l'hystrie sont devenus des contractures d'organes. Photographis avec mthode par une mdecine institutionnalise, ils sont accompa gns de schmas directeurs, de diagrammes et de traces. Il a suffi que changent les conditions de la ralisation photogra phique (Albert Londe met au point des systmes techniques or iginaux, appareils multiobjectifs, dclenchs lectriquement distance) pour que soit photographie en 1 885 une crise d'hys trie masculine. Car ce n'est plus un mdecin investi d'un savoir et d'une autorit sociale qui, s'approchant des femmes avec son appareil photographique, favorise le dclenchement d'une crise, mais un photographe professionnel qui fait venir le patient dans son atelier, le met en scne et se cache derrire tout un arsenal lectrique et mcanique. Cela suffit: le regard port sur les hommes agits ou paralytiques par un non-mdecin conduit tablir un parallle avec l'hystrie fminine. Certes, l'hystrie masculine avait fait l'objet d'une thse en 187014, mais les photographies ralises par Albert Londe d'un corps masculin contract l'extrme augmentrent nettement la pro portion d'hommes hystriques et rendirent caduque - logiquement - toute hypothse concernant l'origine utrine de la maladie. 14. Selon Nicole Edelman, l'hystrie masculine tait devenue pensable ds 1618 avec les travaux de Ch. Lepois. 48 Le corps saisi par l'image Dans les annes 1880, alors que se dveloppent les liberts publiques, l'exhibition de l' autre (le malade, le monstre) est officiellement freine. Jean-Jacques Courtine rapporte l'tonne- ment provoqu par l'interdiction, par la prfecture de police de Paris, de l'exhibition de deux frres siamois par leur pre qui pra tiquait le commerce du regard. L'affaire est mettre en relation avec l'interdiction prononce Londres d'exhiber John Merrick, l'homme-animal, l' elephant man dont David Lynch conte l'his toire. Car, en cette fin de xixe sicle, les monstres, les btes humaines , comme les nomme Zola, acquirent une me. D'objets du regard, ils deviennent sujets souffrants. Peut-tre les ides darwiniennes ont-elles, dans cette volution, presque ce revirement, une part de responsabilit : si la continuit rgne entre l'homme et l'animal, alors l'animal est un sujet souffrant, et le monstre, intermdiaire entre l'un et l'autre, ne l'est pas moins. Certes, les femmes hystriques ne sont pas des monstres mais elles restent des curiosits, des cas que l'on exhibe et dont on diffuse mondialement les images. Elles cumulent deux han dicaps : elles sont femmes et ouvrires, doublement ravales au bas de l'chelle sociale, l'oppos exact des mdecins. Ces derniers ne feront jamais que les enfermer dans leur double destin, frappant d'interdit - parce que pathologique - toute vellit d'insertion sociale. Nous voyons la cause de la femme et celle du peuple offrir une similitude frappante , crit-on en 187915. Mme dpendance, mme ignorance, mme impuis sance les rapprochent, mme besoin d'enthousiasme facile exploiter, mme lan imptueux et sans rancune [...], mme mobilit, mmes comportements, mme rsignation, mme orages, mme ignorance des intrts personnels les plus srieux, mme exclusion des intrts sociaux. Et cette similitude $$ s'explique par un mot : le manque d'instruction. Les institutions de la IIIe Rpublique ne se mettent en place que | lentement. Si l'enseignement des femmes s'installe peu peu |* l'gal de celui des hommes, ces dernires devront encore *j attendre soixante ou soixante-dix ans le droit de vote. L'ducation est favorise, mais il s'agit bien, pour la Rpublique, S I | 15. Questions politiques et sociales, 1879, rponse diverses objections, dcembre O 1844, cit par G. Fraysse, Les Femmes et leur histoire, Paris, Gallimard, Folio , 1998. La femme hystrique : mergence d'une reprsentation 49 d'viter le chaos au sein des familles, de former des mres, non des citoyennes part entire. Si quelque chose s'est bien pass au sein de la Salptrire, les publications en ont exagr le ct spectaculaire. Mais l'amont est tributaire de l'aval : sans la diffusion de ces Revues ou Iconographies intermdiaires entre le livre et le priodique, sans leurs lecteurs, l'hystrie de Charcot n'aurait pas mme merg ; il n'y aurait ni formulations d'hypothses scientifiques ni production de rcits labors. La grande hystrie n'eut qu'un temps : celui de l'avnement de la Rpublique et de l'galitarisme qui en fut issu. Le regard mdical dut se porter sur le corps des femmes comme il le faisait jusque- l pour les hommes. En corollaire, l'hystrie alors dcrite chez les femmes fut dcrite aussi chez les hommes. Cette flambe du regard est renforce par les postures d'autorit occupes par les mdecins, qu'elles soient d'ordre institutionnel, scientifique ou conomico-social : ce qu'ils disent est vrai, ce qu'ils disent avoir vu existe. Elle prend profondment appui sur la modernit photographique, elle aussi phmre. Ainsi merge, se construit puis se dissout un objet inou qui, certes, s'enracine dans des reprsentations antrieures mais reste crateur de figures de rfrence qui marqueront Freud, et au-del - pour le meilleur et pour le pire - l'image des femmes. Monique Sicard