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Si vous éprouvez une compassion telle que vous pensiez : « Je veux libérer cette
personne de tous ses problèmes », alors il est plus facile d’avoir l’esprit positif et
paisible.
Lors d’un récent séjour à Taïwan, Rinpoché a donné un enseignement, au pied levé, à propos
de la colère, à un banquier qui l’avait questionné à ce propos. En voici une transcription
réalisée à partir des notes prises par son traducteur.
La colère : comment, pourquoi ? Que la colère naisse ou non lorsque quelqu’un est arrogant,
vous manque de respect, ne vous rend pas votre gentillesse, vous ignore ou simplement si
l’attitude de quelqu’un devient tout à coup négative, dépend de votre manière de penser à ce
moment-là. Lorsque vous constatez un changement dans l’attitude physique, verbale ou
mentale d’autrui, le fait que cela provoque votre colère ou non dépend de votre état d’esprit.
Ce changement d’attitude paraît être la cause de votre colère, mais en réalité il n’en est rien.
Cela dépend de votre esprit. Si par exemple au moment où l’autre personne est en colère,
votre esprit est empli de compassion, empreint du souhait que cette personne soit libérée de la
souffrance et des problèmes, particulièrement si vous éprouvez une compassion telle que vous
pensiez : « Je veux libérer cette personne de tous ses problèmes », alors il est plus facile
d’avoir l’esprit positif et paisible.
Par exemple, si on vous frappe avec une canne, il n’y a aucune raison de se mettre en colère
après la canne, car elle se trouve dans la main de l’autre personne. Ce serait totalement
insensé de se mettre en colère après la canne. De même que la canne, la personne n’a aucune
liberté. Elle est l’esclave de la colère, elle est totalement sous son contrôle. Cette personne n’a
donc pas le moindre atome de liberté. Elle est le jouet de la colère. Cette personne n’est donc
qu’un objet de compassion.
Lorsque nous réfléchissons de cette façon s’élèvent, la compassion, la pitié, le souhait qu’il (ou
elle) soit libéré(e) de ses problèmes. Générer de la compassion signifie prendre la
responsabilité de libérer l’autre de la colère en pensant : « Comment puis-je apporter mon aide
pour libérer cette personne du joug de la colère ? Même si vous ne pouvez rien y faire
maintenant, vous pouvez toujours prier en vue d’acquérir cette capacité. Ainsi, peu importe
son degré de colère, vous n’êtes pas affecté : même si on vous insulte sans cesse. Donc le fait
que la colère s’élève ou non, ne dépend pas du comportement d’autrui.
La pensée des souffrances que subit autrui fait naître la pitié dans votre cœur. Cela rend votre
esprit sain : voir cette personne ne fait qu’évoquer en vous la compassion. à ce moment-là
votre unique souhait est d’aider cette personne.
Mais il faut également recourir à la sagesse : si vous méditez sur la nature ultime du soi comme
vide [d’existence inhérente], et sur celle d’autrui comme étant également vide [d’existence
inhérente], si vous méditez avec la vue de la sagesse de la vacuité, la colère ne surgira pas.
Peu importe ce qui peut arriver, même si quelqu’un vous frappe ou autre ; avec un esprit
positif, votre seul souhait sera de l’aider.
Lorsque l’esprit est sous l’emprise de l’attachement, on a renoncé aux autres, on ne pense qu’à
soi, on ne travaille qu’à son propre bonheur. Je ne parle pas de travailler pour les vies futures,
on travaille uniquement pour cette vie-ci. Dans ces conditions, la personne est sujette à la
colère, au manque de respect, elle est agressive dans ses paroles, dans son comportement.
L’ego souhaite pourtant être respecté (recevoir des paroles agréables, de l’amour, obtenir ce
que l’esprit convoite), mais ce que l’on reçoit va à l’encontre de l’ego et de l’attachement.
Lorsque la colère s’élève dans votre esprit, votre état dépend alors de la façon dont vous
l’appréhendez : vous pouvez penser que c’est un état négatif et nuisible pour vous-même. Par
contre votre état d’esprit positif, votre compassion ne pense jamais “nuisible pour moi”. Ce que
fait cette personne ne m’offense pas. Si vous pratiquez la patience en vous disant : « Il (elle)
est en train de m’enseigner la patience », alors petit à petit la colère disparaît. Un état de
bonheur s’installe et avec lui, pas de colère. Tant de paix et tant de bonheur vous envahissent.
Ne vous mettant plus en colère, vous apportez la paix à votre famille et à un nombre infini
d’êtres sensibles. Pour arriver à cela, il suffit de s’entraîner à la patience et cette pratique
dépend de cette personne. Elle est si gentille... Particulièrement lorsque l’esprit apprécie la
patience. Du point de vue de la patience cette personne ne peut être que gentille.
Sous le joug de l’attachement, l’action de cette personne a blessé l’ego. Nous mettons une
étiquette négative : ceci est mauvais (je suis blessé). Sous l’emprise de l’attachement et de la
colère, nous considérons cette personne comme mauvaise ou nuisible. Non seulement nous
avons apposé une étiquette, mais en plus nous y avons cru, offensant par-là l’attachement et
l’ego. Ainsi vous pensez, « ceci me blesse ». En réalité, il ne s’agit que d’une partie de votre
esprit. Votre esprit est aussi compassion et sagesse. Si vous ne mettez pas d’étiquette
négative, la colère ne s’élève pas. Cela revient à mettre une étiquette positive, la patience. En
affichant une étiquette négative, par attachement, vous êtes offensé. L’ennemi vient donc de
notre propre esprit.
La colère peut détruire le monde entier, tout comme Hitler qui ne pratiquait pas la patience et
qui a nuit à de nombreux êtres sensibles. Ainsi, dans le bouddhisme, la méditation est
primordiale, particulièrement la concentration sur la compassion et la sagesse.
Mars 2001