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Haïti: La solution à la crise politique est dans le droit
Par Henri M. Dorleans, Ex-ministre de la Justice ( 2005 - 2006)
"Selon le principe de la responsabilité et en vertu des dispositions de l’article 136 de la constitution, le Président de la république, Chef de l’Etat, devrait tirer les conséquences de sa carence, en démissionnant de ses fonctions qu’il n’est pas en mesure de remplir. "
Titlu original
Haïti: La solution à la crise politique est dans le droit, Henri M. Dorleans
Haïti: La solution à la crise politique est dans le droit
Par Henri M. Dorleans, Ex-ministre de la Justice ( 2005 - 2006)
"Selon le principe de la responsabilité et en vertu des dispositions de l’article 136 de la constitution, le Président de la république, Chef de l’Etat, devrait tirer les conséquences de sa carence, en démissionnant de ses fonctions qu’il n’est pas en mesure de remplir. "
Haïti: La solution à la crise politique est dans le droit
Par Henri M. Dorleans, Ex-ministre de la Justice ( 2005 - 2006)
"Selon le principe de la responsabilité et en vertu des dispositions de l’article 136 de la constitution, le Président de la république, Chef de l’Etat, devrait tirer les conséquences de sa carence, en démissionnant de ses fonctions qu’il n’est pas en mesure de remplir. "
Henri Marge Dorlans, ex-Ministre de la Justice ( 2005 2006) Selon le principe de la responsabilit et en vertu des dispositions de larticle 136 de la constitution, le Prsident de la rpublique, Chef de lEtat, devrait tirer les consquences de sa carence, en dmissionnant de ses fonctions quil nest pas en mesure de remplir. La solution la crise politique est dans le droit Par Henri M. Dorlans Un ami trs proche est pass me voir la semaine dernire mon bureau pour me demander si je navais pas, cette fois encore, une proposition de solution la crise politique actuelle ou annonce. Il tait plutt du en apprenant que je nen avais aucune, absorb que jtais dans la prparation de mes interventions au colloque scientifique de la rentre du barreau de Port-au-Prince sur lEtat de droit. De toute faon, les responsables politiques nont jamais tenu compte de mes propositions antrieures, comme, pour citer les plus rcentes : celle faite en 2003 pour sauver le mandat du prsident Aristide, celle faite aprs le tremblement de terre pour relancer le pays suite cette dure preuve et celle sur la manire de rsoudre le problme pos par lamendement constitutionnel publi dans le Moniteur du 13 mai 2011. Les hommes au pouvoir font peu de cas des opinions de ceux qui ne le sont pas, sauf si ces derniers peuvent bloquer les rues. Alors, pourquoi continuer de faire des propositions qui ne servent pas ? Des amis et proches qui ont entendu ou lu mes interventions au colloque du barreau sur lEtat de droit, ont insist pour que je formule une proposition de solution. A la vrit je nen ai pas et je ne veux pas en avoir. A dfaut de solution je voudrais soumettre aux lecteurs une analyse juridique de la crise. Ils sont libres den dduire une ou des solutions. Lanalyse sera faite sous trois angles juridiques : celui de la responsabilit, celui de la hirarchie entre des normes constitutionnelles et celui du principe pro homine (pro democratia).
I.- La solution vue sous langle du principe de la responsabilit Dans un Etat de droit, les autorits nont pas de pouvoir. Elles ont des comptences quelles exercent en pleine responsabilit. Quest-ce quune responsabilit ? Une responsabilit est une obligation de remplir une charge et de rparer une faute. Elle est un devoir de rpondre, en toutes circonstances, de ses actes et de sa carence et den subir les consquences. Une responsabilit implique, en amont, une obligation de prendre des dispositions pour quune chose arrive et pour quune autre narrive pas. Elle suppose, en aval, celle dassumer les consquences au cas o la chose qui devrait arriver, narriverait pas ou que la chose qui ne devrait pas arriver, arriverait. Lorsqu on est responsable, on assume soi-mme les consquences de son chec. La responsabilit, dans le cas qui nous concerne, est tablie larticle 136 de la constitution, lequel se lit comme suit : Le Prsident de la Rpublique, Chef de lEtat, veille au respect et lexcution de la Constitution et la stabilit des institutions. Il assure le fonctionnement rgulier des pouvoirs publics ainsi que la continuit de lEtat . Il est trop facile pour le Prsident de dsigner des personnes et des entits qui lauraient empch de rpondre aux obligations de sa charge. Lorsque la constitution et la loi donnent des responsabilits, ils fournissent galement des moyens pour sen acquitter. Cest la thorie des pouvoirs implicites, que nous nallons pas dvelopper dans le cadre de cet article. Ainsi la rponse est sans ambages, quand on cherche dsigner la personne responsable : 1. de la non tenue des lections pour le premier tiers du Snat et du mal fonctionnement du du grand corps pendant deux ans, avec 20 snateurs au lieu de 30 ; 2. de la menace de dysfonctionnement du parlement partir du deuxime lundi de janvier 2015 ; 3. de la prsence la tte des communes dHati des agents excutifs intrimaires plutt que des conseils municipaux lus par la population. Selon le principe de la responsabilit, il ny a pas deux personnes responsables de ces situations. Il ny en a quune : cette mme personne qui est dsigne par larticle 136 de la constitution : le Prsident de la rpublique, Chef de lEtat. La situation devient proccupante quand, au lieu de tirer les consquences de sa carence, lExcutif se frotte les mains devant la perspective de pouvoir fonctionner sans parlement, partir du lundi 12 janvier 2015. Une telle attitude est contraire au principe de la responsabilit. Nul ne peut profiter de sa propre faute, selon un principe gnral de droit. Quil survienne un chambardement dans un pays et que les institutions et des personnalits de la socit conviennent dune formule pour la continuit de lEtat, il sagirait l dune initiative patriotique. Mais que lon ait un prsident et un parlement issus dlections, et que le parlement doive tomber en dysfonctionnement parce que le mandat de ses membres serait arriv terme, tandis que le prsident responsable du fonctionnement rgulier des pouvoirs publics puisse, lui, rester en poste, il sagirait l ni plus ni moins que dun coup dEtat non classique. La situation de lExcutif devient encore aggravante quand, encore du fait de sa carence, la question du mandat des parlementaires (et plus tard celle de la fin du propre mandat du Prsident) ne pourra tre soumis lapprciation du Conseil Constitutionnel. Cest lExcutif qui na pas mis sur pied ce Conseil prvu par la constitution, pour trancher de telles questions. L encore, lExcutif se fourvoie quand il lance lui-mme des ngociations. Il devient juge et partie, ce qui est contraire au droit. Le premier Ministre a enseign la nation rcemment ce quil faut faire quand une personnalit qui a une responsabilit, ne peut sen acquitter. Il a donn la leon en mettant fin aux services du ministre de lEnergie.
II.- La solution vue sous langle de la hirarchie entre des normes constitutionnelles Tout le monde connait bien le principe de la hirarchie des normes, thoris par Kelsen. Pour simplifier, disons quil y a dans le corpus juridique dun pays des normes suprieures (la constitution), des normes intermdiaires (les traits internationaux ratifis puis les lois) et des normes infrieures (les arrts, rglements, etc.). Il sagit dune pyramide au sommet de laquelle trne la constitution. Les traits internationaux ratifis doivent tre conformes la constitution, les lois conformes la constitution et aux traits, les arrts conformes aux lois. Ce quil faut tout aussi bien savoir, cest quil existe, entre les rgles constitutionnelles, une hirarchie interne. Pour viter un dveloppement fastidieux et faciliter la comprhension de la question par tous, on va considrer un exemple. Nous proposons les deux rgles constitutionnelles suivantes : celle sur lexistence des trois pouvoirs de lEtat et celle sur la dure du mandat des parlementaires. La rgle sur lexistence des trois pouvoirs de lEtat est prsente sous le titre V de la constitution : De la souverainet Nationale, et traite aux articles 59, 59.1, 60, 60.1 de la constitution. Lisons : Article 59 : Les citoyens dlguent lexercice de la souverainet nationale trois (3) Pouvoirs : 1) le Pouvoir Lgislatif ; 2) le Pouvoir Excutif ; 3) le Pouvoir Judiciaire. Article 59.1 : Lensemble de ces trois pouvoirs constitue le fondement essentiel de lorganisation de lEtat Article 60 : Chaque pouvoir est indpendant des deux autres dans ses attributions quil exerce sparment Art. 60.1 : Aucun deux ne peut, sous aucun motif, dlguer ses attributions en tout ou en partie, ni sortir des limites qui lui sont fixes par la constitution et par la loi. Aprs avoir pos la rgle constitutionnelle sur lexistence des trois pouvoirs, considrons celle relative la dure du mandat des parlementaires. Elle est prvue aux articles 92 et 92.1, pour les dputs et 95, pour les snateurs. Lisons. Article 92 : Les Dputs sont lus pour quatre (4) ans.. Article 92. 1 : Ils entrent en fonction le deuxime lundi de janvier qui suit leurs lections Au cas o le lections ne peuvent aboutir avant le deuxime lundi de janvier, les dputs lus entrent en fonction immdiatement aprs la validation du scrutin et leur mandat de quatre (4) ans est cens avoir commenc le deuxime lundi de janvier de lanne de lentre en fonction. Larticle 95 traite de la dure du mandat des snateurs : Article 95 : Les Snateurs sont lus pour six (6) ansIls entrent en fonction le deuxime lundi de janvier qui suit leurs lections . Au cas o les lections ne peuvent aboutir avant le deuxime lundi de janvier, les snateurs lus entrent en fonction immdiatement aprs la validation du scrutin et leur mandat de six (6) ans est cens avoir commenc le deuxime lundi de janvier de lanne de lentre en fonction (fin des articles) La lettre de la constitution ne semble tenir compte que de lventualit dune entre en fonction tardive des nouveaux lus, mais lesprit de la constitution devrait porter rflchir sur le sort des actuels/anciens parlementaires au cas o les lections ne peuvent aboutir avant le deuxime lundi de janvier , sans que lon puisse imputer la faute aux parlementaires en question ou lexistence dune manuvre antidmocratique. En tout cas, il est vident que la rgle de lexistence des trois pouvoirs a la primaut sur celle de la dure du mandat des parlementaires. Il ne sagit mme pas dune interprtation. La constitution le dit clairement larticle 59.1 : Lensemble de ces trois pouvoirs constitue le fondement essentiel de lorganisation de lEtat Lexistence des trois pouvoirs appartient au noyau dur de la constitution. Il sagit dune rgle indrogeable. III.- La solution vue sous langle du principe pro homine/pro democratia La question sous tude peut aussi bien tre aborde sous langle du principe pro homine bien connu des juges et des spcialistes des droits humains. Selon ce principe, le juge, face deux rgles contradictoires mais galement en vigueur, doit appliquer celle qui est la plus favorable au justiciable. On peut tout aussi bien, par analogie, penser un principe pro democratia qui permette, dans la contradiction entre la rgle de lexistence des trois pouvoirs comme fondement essentiel de lEtat et celle de la dure du mandat des parlementaires, dappliquer la rgle la plus favorable la dmocratie. Et ce niveau, il n y a plus de doute. Il ny a ni Etat de droit ni dmocratie sans lexistence continue et permanente du parlement. Le Pouvoir excutif ne peut pas tre dmocratiquetout seul. Si le parlement ne doit plus exister, la souverainet nationale retournera aux citoyens qui lavaient dlgue, avec toutes les consquences imaginables sur le plan de la stabilit politique, conomique et sociale.
Conclusion Lanalyse juridique de la crise politique annonce invite deux solutions possibles. Selon le principe de la responsabilit et en vertu des dispositions de larticle 136 de la constitution, le Prsident de la rpublique, Chef de lEtat, devrait tirer les consquences de sa carence, en dmissionnant de ses fonctions quil nest pas en mesure de remplir. Si on retient la rgle de la hirarchie entre les normes constitutionnelles et le principe pro democratia, le parlement devrait continuer de fonctionner jusquaux prochaines lections lgislatives. Que la raison lemporte.
Henri M. Dorlans dorleansh@yahoo.com 10 octobre 2014