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LA PROMOTION DU CINEMA
SENEGALAIS A LA TELEVISION
Directeur de mémoire
Mr. MBAYE Sidy Mbaye
2
Remerciements
Ce qu’on est, ce qu’on fait, on le doit un peu à soi, beaucoup aux autres.
Ce mémoire n’aurait pas été mené à bien sans l’aide précieuse de Tonton
Malick, sans lui ce mémoire serait encore en friche, c’est donc à lui que vont en
premier mes remerciements.
Mention Spéciale à Minielle TALL pour ses conseils, mais surtout, sa franchise
Je ne saurais oublier Madame BAO pour les multiples services qu’elle m’a
rendus tout au long de l’année, ainsi que Coura Keïta
Je terminerai par faire un chapeau bas à tous ces gens passionnés qui ont
accepté de me recevoir en entretien. Joseph Sagna, Abdou Aziz Cissé, Fidèle
Diémé, Alioune Fall et ceux qu’un emploi du temps trop chargé m’a empêché
de voir.
3
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS ................................................................................................................................. 3
SOMMAIRE .............................................................................................................................................. 4
INTRODUCTION ..................................................................................................................................... 6
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE ................................... 10
1 CONTEXTE DE L’ETUDE .......................................................................................................... 11
1.1 LE CINEMA MONDIAL............................................................................................................... 12
1.2 LE CINEMA AFRICAIN ............................................................................................................... 14
1.3 LES MEDIAS ET LA CULTURE .................................................................................................... 17
2 CADRE THEORIQUE .................................................................................................................. 20
2.1 REVUE CRITIQUE DE LITTERATURE .......................................................................................... 20
2.2 PROBLEMATIQUE ..................................................................................................................... 26
2.3 HYPOTHESES ........................................................................................................................... 28
3 CADRE METHODOLOGIQUE .................................................................................................. 29
3.1 CADRE DE L’ETUDE ................................................................................................................. 29
3.2 DELIMITATION DU CHAMP D’ETUDE ........................................................................................ 29
3.3 METHODES ET SUPPORTS RETENUS .......................................................................................... 29
3.4 ENSEIGNEMENTS TIRES DU TERRAIN ........................................................................................ 30
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DU CINEMA NATIONAL ET DU PAYSAGE
TELEVISUEL SENEGALAIS ............................................................................................................... 31
4 LE CINEMA NATIONAL ............................................................................................................ 32
4.1 LES STRUCTURES ..................................................................................................................... 32
4.2 LE FINANCEMENT .................................................................................................................... 36
4.3 LA PRODUCTION ...................................................................................................................... 39
4.4 LA DISTRIBUTION, L’EXPLOITATION ET LA PROMOTION ........................................................... 43
5 LE PAYSAGE TELEVISUEL SENEGALAIS ........................................................................... 47
5.1 LA TELEVISION PUBLIQUE : LA RTS ........................................................................................ 48
5.2 LA TELEVISION PRIVEE ............................................................................................................ 49
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DE LA SITUATION ET RECOMMANDATIONS................ 51
6 ANALYSE DE LA SITUATION .................................................................................................. 52
6.1 UN CINEMA SOUS-DEVELOPPE ? .............................................................................................. 52
6.2 LE CINEMA SENEGALAIS ET SA PROMOTION ............................................................................. 68
6.3 LA PROMOTION DU CINEMA SENEGALAIS A LA TELEVISION ..................................................... 72
7 RECOMMANDATIONS............................................................................................................... 82
7.1 LES QUOTAS ............................................................................................................................ 82
7.2 AU CINEMA ! ........................................................................................................................... 87
CONCLUSION ........................................................................................................................................ 93
BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................................... 95
ANNEXES ................................................................................................................................................ 98
TABLE DES MATIERES..................................................................................................................... 116
4
« Je me mis à regarder autour de moi, et,
émerveillé, je découvris les quantités
d’éléments purement de chez nous, tout à fait
transposables à l’écran. Je commençais à
constater que le geste d’une laveuse de linge,
d’une femme qui se peigne devant une glace,
d’un marchand des quatre saisons devant sa
voiture avaient souvent ici une valeur plastique
incomparable (…). Je sais que je suis français
et que je dois travailler dans un sens
absolument national. Je sais aussi que, ce
faisant, et seulement comme cela, je puis
toucher les gens des autres nations et faire
œuvre d’internationalisme. »
Jean RENOIR
5
Introduction
Un paradoxe…
Notre goût pour le cinéma africain fut éveillé par Sia, le rêve du python,
excellent film du réalisateur malien Dani Kouyaté1. Cette œuvre reçut en 2001
le Grand Prix du Jury au Fespaco (Festival Panafricain de cinéma et de
télévision de Ouagadougou). Elle racontait la légende du serpent Ouagadou
Bida, génie auquel devait être sacrifié chaque année une jeune fille, afin qu’il
perpétue la protection du royaume.
Vaste, le sujet l’était sans doute, mais en « téléphage avancé », nous avions vu
que le cinéma sénégalais était peu présent à la télévision sénégalaise. Les
rares films que nous avons visionnés l’ont été grâce à des chaînes étrangères,
principalement TV5 et Arte. Ces chaînes, culturellement éloignées de nous,
promeuvent un cinéma hors de son cadre naturel d’existence.
1
Cf. Annexe 7 pour la fiche technique et artistique du film
6
Selon Paul Claval, la culture est « la somme des comportements, des savoir-
faire, des techniques, des connaissances et des valeurs accumulées par les
individus durant leur vie, à une autre échelle, par l’ensemble des groupes dont
ils font partie. Elle est un héritage qui se transmet d’une génération à l’autre.2»
Elle est donc en perpétuel mouvement, et comme le remarque Cheliotou, « elle
n’a de sens que dans sa transmission.3»
Dès lors, on peut affirmer que la promotion culturelle est un impératif pour les
pouvoirs publics. En effet, quoi, mieux que l’art, sous toutes ses formes, porte la
culture d’un peuple ? S’il n’y a pas de culture sans communication4, cette
culture ne peut subsister que grâce à l’information et à la diffusion, laquelle
diffusion permettra « un libre accès des masses populaires à la culture et leur
participation active à la vie culturelle5.»
Dans ce cadre là, les médias, en particulier la télévision, à notre sens, jouent un
rôle très important dans cette transmission ou diffusion de la culture.
2
Cité par Iris Cheliotou, La place du public dans les grandes institutions culturelles, mémoire de DESS,
p.10, http://socio.univ-lyon2.fr/IMG/pdf/doc-330.pdf
3
Idem
4
La fonction culturelle de l’information en Afrique, publication de l’Institut culturel africain, NEAS,
Lomé 1985, p.11
5
Idem
6
Notre propos est cependant à nuancer, car les cultures négro-africaines, sont le plus souvent orales, de ce
fait, le problème de son accessibilité ne posait pas vraiment. Par ailleurs, ici, par culture, nous sous-
entendons les productions littéraires, cinématographiques, picturales etc.
7
La problématique des rapports entre les médias de masse et la culture n’est
pas nouvelle. Elle est à lier avec une autre notion, celle de société de masse,
qui fut souvent critiquée. Les médias sont souvent accusés de créer un
« conformisme culturel» (Rieffel, 2002), notamment en privilégiant la
« séduction avant l’analyse» (Allemand et Oullion, 2002).
Pourtant, on est sorti de cette logique de conflit pour entrer dans une logique de
défiance réciproque, qui est plutôt une défiance des différents acteurs du
secteur. Elle n’empêche pas pourtant la télévision de servir l’industrie
cinématographique et cette dernière permet à la chambre réverbérante d’étoffer
sa programmation. De là découle une relation paradoxale d’amour-haine. Ce
qui permet à cette relation bicéphale d’exister, c’est une industrie audiovisuelle
forte. Dans les pays ou cela n’existe pas, les relations sont différentes, on peut
même dire qu’elles sont collaboratives ou d’amour.
7
Rieffel, 2002, pp.85-86
8
En effet, dans une situation ou il n’est pas possible au cinéma de
s’autofinancer, la télévision peut être une vitrine qui lui permet d’accomplir en
partie son destin, qui est d’être regardé.
Nous nous attacherons alors à montrer si la télévision peut être effectivement
une plateforme promotionnelle au cinéma.
9
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE
10
1 Contexte de l’étude
Alors que la mondialisation est bel et bien une réalité, que les
télécommunications ont considérablement réduit les distances spatiales et
temporelles, les populations n’ont jamais été aussi proches8, ni
aussi…lointaines !
Proches, parce que l’information est accessible au même moment que l’on soit
au fin fond de l’Australie ou en plein cœur de Manhattan9. Lointaines parce que
la notion de pertinence est souvent reléguée aux calendes grecques, et surtout
parce que le virtuel ne remplace pas le réel. Par ce fait, ceux qui contrôlent les
moyens de communications, qui ont la puissance technologique abreuvent le
reste du monde de leurs propres images, de leurs propres sons et de leurs
propres pensées. Pour être plus précis, les images du Nord, envahissent les
écrans du Sud. Ces derniers, subissent alors un impérialisme qui a des relents
de nouvelle colonisation :
Une nouvelle bataille se mène alors par ces populations du Sud, qui est celle
pour la sauvegarde de l’exception et de la diversité culturelles.
11
1.1 Le cinéma mondial
La situation n’a pas toujours été ainsi. En effet, en 1908, Pathé Frères devenait
la plus grande compagnie de production du monde, en créant de nombreuses
succursales à l'étranger, dont vingt-deux agences aux Etats-Unis. Au début des
11
Metteur en scène français, il est le premier à faire du cinéma un invention au service de l’art, de
l’imagination, de la pensée d’un auteur, bien loi n des thèmes courants de son époque « entrée d’un train
en gare », « l’arroseur arrosé » etc….
12
Charles Pathé, fondateur de la firme Pathé Frères déclarait qu’il avait industrialisé le cinéma.
13
Inventé par Adolph Zukor, fondateur de la Paramount, c’est un système qui impose le règne de la
vedette, ainsi, plus celle-ci est célèbre, plus elle donnera son aura au film, faisant parfois oublier
l’indigence d’un scénario (Balle, 2001, p.117)
14
Ici, le « film cesse d’être l’œuvre d’un homme pour devenir le résultat d’une entreprise collective » (id,
p.118) et grâce à l’industrialisation du secteur cinématographique
15
Ce sont les grandes compagnies qui détiennent l’ensemble du marché : Paramount, 20th Century Fox
etc.
16
http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Cinema
17
Petite encyclopédie du cinéma, Michel Ciment et al., Editions du Regard, 1998, p.10
12
années 1910, la maison Pathé représente à elle seule 50% du marché
américain. Vincennes, le siège de la société, est la capitale mondiale du cinéma
et en 1912-1913, le cinéma français occupe 85% des écrans du monde entier.
Mais celui-ci va perdre son fugace monopole à partir des années 1914, début
de la Première Guerre mondiale18. Cela a laissé à l’Amérique le temps de mûrir
son cinéma. Et depuis lors, sa réussite, pour autant qu’elle soit décriée, n’en est
pas moins chaque jour plus grande.
Même s’il est vrai qu’il existe d’autres cinémas qui émergent, ceci n’a pas une
très grande incidence sur le cinéma mondial. Car leurs films ne dépassent pas
souvent le marché national, ce qui leur donne une audience toute limitée. Il en
est ainsi du Japon par exemple20.
18
Idem
19
Cinémas nationaux et politiques cinématographiques en Afrique noire : Du rêve Sud-Sud à la défense
de la diversité culturelle, par Ferid Boughedir, www.africultures.com
20
Le Japon est l’un des rares pays au monde ou le cinéma national (53,2%) domine le cinéma américain.
Par ailleurs, 13 des 20 succès de l’année 2006 sont japonais. (Source :
www.obs.coe.int/online_publication/reports/focus2007.pdf, Focus 2007, tendances du marché mondial
du film)
21
En 2000, le cinéma américain a produit 762 films (Source : agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Cinema)
22
Source Ecofinance N°42, avril 2004, Dossier Cinéma Africain, entre réalité et fiction.
13
Cependant, malgré le nombre de ses productions, le cinéma indien ne réalise
que 1,2% de chiffre d’affaires, représentant 0,7 milliards de dollars des 55
engrangés par l’industrie cinématographique mondiale en 200423.
Hormis ces deux exemples24 qui font figure d’exception, les cinémas nationaux
peinent souvent à occuper la place qui leur est due sur les écrans nationaux.
Cela pose le problème de la sauvegarde des identités culturelles. En effet, cette
phagocytose des cinémas nationaux par le tout-puissant Hollywood augure
une marchandisation croissante de la chose culturelle. Dès lors, « la nécessité
de reconnaître que les biens et services culturels sont porteurs d’identité, de
valeurs et de sens25» est une lutte constante pour la protection de l’exception
et la diversité culturelles. A partir de là, de nombreux mouvements vont voir le
jour qui revendiquent leurs différences culturelles, leurs droits à s’exprimer sur
leurs spécificités, et de ne point se courber face à la logique d’un marché
mondial dominé par des industries culturelles à tendance oligopolistique26.
23
Idem
24
On peut y ajouter aussi la Corée du Sud (64,2%) et la Chine (59%). Ceci pourrait être expliqué par des
raisons culturelles en ce sens que ces pays sont «très centrées sur leur culture.» Dans une moindre mesure,
on pourrait citer la France, car les parts du cinéma national et du cinéma américain sont égales (44%).
Source : Focus 2007
25
http://www.unesco.org/culture/clt/cei/dce/2007/pi/32.pdf
26
http://r0.unctad.org/ecommerce/docs/edr01_en/tes-f.pdf
27
Fondateur de la revue CinemAction
14
d’exotisme : « L’Afrique, (…) rencontrant le cinéma aux mains du colonisateur a
été utilisée surtout comme un cadre et l’Africain comme la toile de fond à des
histoires pour Européens. » (Paulin S. Vieyra, p.37, 1969). La vision de ces
films était donc limitée par les préjugés racistes que les européens éprouvaient
à l’endroit des africains, comme l’exprime Chinua Achebe : « tant que les lions
n’auront pas leur propre historien, les récits de chasse continueront de chanter
la gloire du chasseur.»
Les choses vont cependant changer après les années 50, grâce à la crise
coloniale et le mouvement vers l’indépendance (Pommier, p.85).
Progressivement, « l’Afrique exotique » va être supplantée par « l’Afrique
ethnographique.» Dans cette veine, vont émerger des films ethnographiques
caractérisés par « la recherche d’une véritable compréhension des cultures
africaines » (Id.), à la suite d’ethnologues français comme Marcel Griaule, Jean
Rouch, Pierre Ponty ou encore Jean Sauvy. A côté de cette tentative de
« révéler les aspects les plus authentiques des cultures africaines » (Id. p.86),
qui à certains égards pouvait ressembler à de l’entomologie28, un cinéma
authentiquement africain avait commencé à se développer et ce dès les
années 20.
28
D’où le reproche de Sembène Ousmane à Jean Rouch « ce qui ne nous plait pas, à nous autres africains,
ce que vous nous étudiez comme des insectes. » (Pommier, 1974, p.86)
15
en 1955 du court-métrage Afrique sur Seine, réalisé par le Groupe Africain de
Cinéma29. A partir de là, les tentatives vont se multiplier.
Ainsi, après les indépendances, le cinéma africain avait amorcé une certaine
dynamique qui a obligé les gouvernements à s’organiser pour gérer ce secteur
stratégique. Rattaché dans la plupart des cas au Ministère de l’Information, ces
services officiels s’occupaient à la fois de la production et de la diffusion des
films produits ou acquis (Vieyra, 1975). Cette diffusion va bénéficier du circuit
de distribution hérité de la période de l’entre-deux guerres. En effet, avec le
développement du cinéma américain, la demande a commencé à s’accroître et
dans la même foulée, le nombre de salles a augmenté.
Par ailleurs, la fin des indépendances a signé l’entrée des organismes privés
qui se lancent dans la production de fictions. Le cinéma africain entre alors
dans une nouvelle ère caractérisée surtout par un manque cruel de
financements. Ce manque de financement touche de plein fouet la production.
Le cinéma africain est numériquement, le plus faible au monde. Hormis ce
déficit de financements, il connaît d’autres problèmes structurels, liés au
manque de politiques culturelles. Puis au-delà se pose le problème de sa
diffusion. Question cruciale, car de sa bonne marche dépend la visibilité de
l’Afrique sur les écrans du reste du monde32.
.
.
..
29
Groupe formé par quatre cinéastes du Sénégal et du Bénin : Mamadou Sarr, Jacques Mélo Kane, Robert
Caristan et Paulin Vieyra. (Vieyra, 1975)
30
Mis à part l’Egypte
31
Il est à noter qu’avant l’indépendance, le cinéma africain faisait souvent la promotion du discours du
colonisateur, et nécessitait son approbation avant de bénéficier de son circuit de distribution. On remarque
dès lors que ce cinéma était plutôt documentaire. La Noire de…, premier long métrage de fiction africain
(réalisé par Sembène Ousmane) voit le jour en 1966. (Vieyra, 1975)
32
Nous développerons tous ces aspects dans la troisième partie de notre travail.
16
1.3 Les médias et la culture
Ne plus pouvoir se raconter, s’identifier, se placer normalement dans le cours
du temps, pourrait conduire des peuples entiers à s’effacer, coupés des autres
et surtout d’eux-mêmes faute d’une mémoire constamment ravivée. (…) En
danger de silence, [nous sommes] exposés à la censure numéro un qui est
commerciale, et qui s’avance sous la bannière de la « libre compétition »,
nombreux sont les conteurs aujourd’hui bâillonnés. Purification esthétique et
ethnique ont toujours été sœurs jumelles. S’y ajoute aujourd’hui le prétendu
libéralisme, qui vient tout simplement nous dire : taisez-vous.33
« Cette invasion d'images (…) qui se prolonge jour après jour, génération après
génération, (finit par) déclencher des processus de rupture avec les mémoires
33
Le cercle des menteurs, p.12, Claude Carrière, Editions Pocket, 2002
34
Telle est la définition que donne l’Unesco de la culture, dans sa (Préambule de la Déclaration
universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle, 2001).
35
Avec tous les risques que cela comporte, car l’Autre ne vit pas notre réalité quotidienne, et même s’il
les connaît, ne les comprend pas forcément.
17
originelles et les racines, jusqu'à des phénomènes d'érosion de la
civilisation.36»
Le concept d’exception culturelle vient à point nommé alors que les Etats-Unis
exercent une grande pression sur les services de cinéma nationaux afin de
dominer les écrans38. La MPAA (Motion Picture Association of America)39, qui
est appuyée par le State Department, « va user de tous les moyens de
pression, de rétorsion, voire de chantage économique ou de boycott pour
empêcher les pays qui ne l’ont pas encore fait, de contrôler totalement
l’approvisionnement de leurs écrans de cinéma et de Télévision, ou de prendre
des lois protectionnistes ou des quotas de diffusion en faveur de leur production
cinématographique ou audiovisuelle nationale.40» Pour les représentants de
l’industrie cinématographique américaine, le cinéma est une marchandise
traditionnelle et il faut par conséquent lui appliquer les règles commerciales de
libre concurrence (Beitone et alii, p.242). C’est d’ailleurs en vertu de cette
contestation que les Etats-Unis n’ont pas ratifié la Convention sur la protection
et la promotion de la diversité des expressions culturelles41.
36
Jean-Claude Batz, producteur et écrivain belge
37
Cinémas nationaux et politiques cinématographiques en Afrique noire : Du rêve Sud-Sud à la défense
de la diversité culturelle, par Ferid Boughedir, www.africultures.com
38
Selon le PNUD (rapport mondial sur le développement humain) « les produits américains dominent de
plus en plus le secteur du divertissement (films, musique et télévision), au détriment des produits de ce
secteur dans les autres pays. (cité par Beitone et alii, p.242)
39
Regroupant les compagnies hollywoodiennes
40
Cinémas nationaux et politiques cinématographiques en Afrique noire : Du rêve Sud-Sud à la défense
de la diversité culturelle, par Ferid Boughedir, www.africultures.com
41
Ils sont les seuls à ne pas avoir ratifié ladite convention, avec l’Australie et la Jamaïque, cf. "La
Diversité culturelle et l'avenir de la création", FIFF 2005, notes d'Olivier Barlet pour
www.africultures.com
18
l'expression artistique locale, et par un mimétisme esthétique qui engendre des
œuvres décalées par rapport à leur environnement culturel. Le contrôle des
réseaux de distribution par les conglomérats dominants laisse rarement aux
industries culturelles du Sud l'occasion de se faire connaître, de contribuer à
une diversification de l'offre. […] La concentration du marché donne aux
industries culturelles dominantes la possibilité d'influencer les références
culturelles ainsi que les repères identitaires des publics42.» Il en va de la survie
de certaines pratiques culturelles qui risquent ainsi de disparaître parce que
trop peu documentées, peu promues, et donc non protégées. Comme le dit
Samba Félix NDiaye (réalisateur sénégalais), les réalisateurs devraient
répondre à l’afflux d’images venues d’ailleurs en «rejoignant leurs télévisions et
en produisant des images pour leur public (car il est important) qu’un autre point
de vue existe et qu’il puisse être vu43.»
42 Les cultures africaines sont-elles à vendre ? Éléments sur la situation du secteur culturel en Afrique
http://www.sudplanete.net/index.php?menu=arti&no=5793
43
Propos recueillis par Olivier Barlet, NGOR l’esprit des lieux, Entretien avec Samba Félix NDiaye,
www.africultures.com,
44
Paulin Soumanou Vieyra, Le Cinéma et l’Afrique.
19
2 Cadre théorique
Ainsi, le livre de Paulin Soumanou Vieyra45, Le cinéma et l’Afrique, est l’un des
ouvrages les plus complets sur le cinéma africain. Etant lui-même cinéaste, son
point de vue était d’autant plus pertinent qu’il provient du cœur de la machine.
45
Cinéaste béninois (qui a longtemps vécu au Sénégal, au point d’être considéré comme un cinéaste
sénégalais)
20
sans nombre, de jeter tous les peuples dans le grand tourbillon des
interdépendances » (p.92)
En partant de sa propre expérience, l’auteur nous fait vivre en temps réel les
avancées timides du cinéma africain, et c’est peut-être là l’une des seules
limites du livre, qui consistera à voir dans le cinéma la « voix prophétique » qui
permettra à l’Afrique de sortir de son sous-développement. Cet aspect irréaliste
est cependant contrebalancé par un autre ouvrage du même auteur, Le cinéma
Africain.
L’auteur dresse ici un état des lieux exhaustif du cinéma africain de ses débuts
à 1973. Il complète avantageusement son ouvrage sus nommé. La technique,
l’idéologie, le jeu des acteurs, la promotion, l’état des lieux des cinémas
africains, de Carthage à Johannesburg, aucun des points les plus
problématique de ce cinéma à l’époque jeune n’est laissé en rade. A partir de
l’exemple africain, il expose ses vues sur le cinéma en général. Le livre devient
par là pédagogique en se transformant en un manuel d’introduction au cinéma.
Il dépasse les clivages cinéma africain, européen, américains. En effet, il
rappelle heureusement qu’un cinéma est toujours le reflet d’une culture
spécifique. Dès lors, la notion même de cinéma africain devient « floue », car il
n’existe pas une Afrique identique mais des « Afriques » à la géographie
culturelle morcelée et dont les frontières ne correspondent pas aux limites entre
les différents pays.
Ses vues sur le public nous ont permis de comprendre la notion de cinéma
d’auteur. Selon lui, il y’a trois sortes de public : un public populaire, un public
moyen et un public intellectuel. De l’un à l’autre, une échelle qui mesure le
niveau d’éducation de chacun. Car il est vrai que le public n’a pas la même
attitude face à un film donné.
D’un autre côté, la partie consacrée aux festivals nous a beaucoup intéressée.
Vieyra dit ici, que les festivals ont une utilité publique, qui est de permettre au
film d’être vu par le plus grand monde. Un festival est un lieu de rencontres,
d’échanges fructueux. Il draine beaucoup de monde, à la fois un public profane
et un public de connaisseurs. Cela permet après le festival, via un circuit de
21
distribution fiable, une bonne circulation des films dans les salles et après en
vidéo (Location ou vente).
Ce livre donc fournit une somme de propositions concrètes pour sauver les
cinémas africains.
Afin de délimiter le cadre de notre étude, nous avons consulté un autre livre de
Vieyra, Le cinéma au Sénégal. Ici, l’auteur fait l’historique du cinéma
sénégalais, jusqu'en 1982. Il passe en revue les débuts du cinéma au Sénégal,
depuis la première projection du cinématographe jusqu’à l’essor des Actualités
Sénégalaises.
Ensuite, il étudie les deux volets qui font le succès ou l’échec d’un film : la
diffusion et l’exploitation. Il nous a permis de faire la comparaison avec la
situation actuelle.
22
Ce cadrage fait, il était important pour nous de voir comment se faisait le
cinéma au niveau mondial. Pour ce faire, nous avons consulté Cinéma et
Société, par Annie GOLDMANN. A travers les cas de cinéastes de la Nouvelle
Vague (Resnais, Godard, Robbe-Grillet et Antonioni46) l’auteure parvient à
montrer l’impact du cinéma dans le changement des mœurs, sa place dans une
société en constante évolution. Le cinéma en effet possède une place
privilégiée dans le monde moderne. Il est l’un des médias les plus importants
de par son impact et son « pouvoir de fascination » sur les masses. Ses
analyses pénétrantes des effets du cinéma en Europe s’appliquent étrangement
au cinéma tel qu’il est vécu en Afrique, en dépit de la distance culturelle. En
effet, elle pose le problème de la relation du cinéaste et de son public. Cette
relation qui est sous-tendue par le discours que le cinéaste sert à ses
contemporains. Pour ce faire, elle opère une différenciation nette entre un
cinéma « à message » et un autre cinéma préoccupé par des considérations
bassement matérielles. Dans le premier cas les cinéastes cherchent « à
exprimer un contenu authentique sans se soucier de savoir s’il est dans le goût
du jour, si le public accueillera favorablement son œuvre» (Goldmann, 1974,
p.15). A contrario, le cinéma commercial est uniquement distractif, considérant
le public comme uniquement « homo ludens », être de loisir qui n’a à cœur que
l’amusement. Nous voyons là la confrontation, qui est au cœur des débats du
cinéma africain, entre un cinéma populaire et un cinéma d’auteur47 aux objectifs
radicalement opposés. L’ouvrage, publié en 1974 garde toute son acuité. Car
l’opposition entre cinéma d’auteur et cinéma populaire ou commercial ne
concerne pas seulement les cinémas africains, mais le cinéma mondial. Il
campe un débat aux territoires multiples annexant à la fois l’art, la culture, la
mondialisation.
46
La Nouvelle Vague « désigne un important mouvement de contestation, dont l'élan est donné dès la fin
des années '50 par une jeune génération de cinéastes français qui dénoncent l'immobilisme de l'industrie
cinématographique, incapable de s'adapter et de refléter l'effervescence intellectuelle et artistique, ainsi
que les changements sociaux radicaux qui se sont opérés depuis la fin de la seconde guerre. (…) [Elle
prône] des méthodes de production plus libres: scènes extérieures, décors naturels, équipe de tournage
réduite, caméra à l'épaule, improvisation dans le jeu des acteurs, souvent peu connus ou carrément
inconnus.» Source : http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Nouvelle_Vague
47
Nous développerons cet aspect plus loin
23
Dans la seconde partie de l’ouvrage, Goldmann a confronté ses hypothèses sur
le rôle et l’impact du cinéma sur la société avec une étude approfondie de
certains films d’auteur de la Nouvelle Vague.
Après cette analyse de type sociologique, nous avons consulté un ouvrage qui
lui, s’intéresse à l’aspect économique du cinéma, Le Cinéma exploité, par René
BONNELL. Excellent ouvrage sur l’économie du cinéma, le livre de Bonnell
nous a permis de connaître l’économie du cinéma français et ses multiples
implications. Le cinéma français est souvent cité comme contrepoids à
l’hégémonie hollywoodienne. Il y a là matière à apprendre pour tous les
cinémas nationaux afin de penser leur exception culturelle.
48
Le cinéma a été nommé ainsi par le cinéaste français René CLAIR
24
sortir de la crise dont elle était fréquemment sujette, notamment à cause de
l’arrivée d’autres moyens de loisirs comme la télévision et la…voiture ! Bien que
datant un peu, l’ouvrage garde toujours son intérêt et nous a permis de
connaître les moyens de promotion qui existent dans l’Hexagone, et de voir s’ils
sont transposables.
Pour étudier la télévision, nous nous sommes basés sur deux livres généraux.
Le premier, de Rémy Rieffel, Sociologie des médias.
La partie du livre qui nous a intéressée est celle intitulée Les Médias et la
culture. Il est toujours problématique de faire passer la culture dans les médias
(TV, Radio, presse, Internet). En voulant s’adresser à tout le monde, la
première contrainte est de pouvoir générer un discours que le public dans sa
très grande majorité pourra comprendre. Dans notre optique de promouvoir le
cinéma par la télévision, il nous importait de connaître les contraintes
théoriques qui président à la diffusion d’un produit culturel à la télévision.
Cependant, l’ouvrage, s’il est pertinent en tant qu’il se réfère au contexte des
pays occidentaux, ne correspond pas tout à fait à la situation de la télévision
africaine. Notamment, les effets des médias sur la formation d’une culture de
masse. En Europe, le taux d’équipement en postes télé dépasse les 90%
(Balle, 2001), alors qu’en Afrique, ce taux est beaucoup moins important49.
49
Il nous a été impossible jusqu’à présent de trouver des chiffres exacts concernant le taux d’équipement.
Un professeur nous a cependant dit qu’il était de 10% au Sénégal.
25
pourra se faire qu’en menant des études pour connaître qui est le public
télévisuel, ce qu’il veut, ce qu’il pense de la télévision, de ce qu’elle lui propose.
2.2 Problématique
Machine à illusion et à rêve, tout à la fois art et industrie, le 7ème art possède un
attrait très fort envers le public. Œil ouvert sur le monde qui nous montre ce
qu’on n’aurait sans doute jamais vu, mais aussi main tendue qui dessille notre
regard afin de lui faire voir ce, qu’à force de regarder on n’avait jamais
remarqué ! Comme tout art, il suscite des questions, pose des problèmes, pour
nous pousser à en trouver les réponses. Tout cela fait que le cinéma, même s’il
prétend à l’universel, est avant tout le reflet plus ou moins fidèle de la réalité
latente ou manifeste d’une culture donnée. D’où l’importance qu’il soit promu,
vu par le public auquel il s’adresse en premier lieu.
En effet, la promotion culturelle n’est pas très développée dans le pays. Les
activités de la Direction du Patrimoine Culturel et la Direction de la
cinématographie (rattachées toutes deux au Ministère de la Culture) ne sont
pas visibles donnant l’impression que rien n’est fait pour promouvoir le cinéma.
Selon les dires de Moussa Sène Absa, l’Etat s’est désengagé de son cinéma50.
50
Propos recueilli à la suite d’un échange de mails avec le réalisateur.
26
destinées à disparaître. En ce sens, un travail de promotion, est aussi et surtout
un travail de pérennisation de l’œuvre d’art.
Face à ce vide décriant et anormal, il nous est venu à l’esprit que la télévision
pourrait être un moyen de promotion alternatif. Nous confortant en cela,
l’arrivée de nouvelles chaînes qui enrichissent le paysage audiovisuel
sénégalais.
Ses relations avec le cinéma se situent cependant à double niveau, selon que
ce dernier est considéré comme art ou comme industrie, car les implications et
les enjeux sont alors différents.
51
Télévision, par Louis Goussot et alii, p.219, Encyclopédie Universelle
52
Idem
53
Sociologue canadien, auteur du très célèbre « Pour comprendre les médias »
54
L’invention de la télévision date de 1930, mais l’avènement pour le grand public ne se fit qu’en 1936
(Télévision, par Louis Goussot et alii, Encyclopédie Universelle)
55
Nous développerons l’impact de la télévision sur les entrées en salles plus loin.
27
les salles et ce à travers la co-production de films, et la publicité
cinématographique56. Dans ce dernier cas, il faut qu’il existe un circuit de
distribution et d’exploitation efficace et l’on parlera alors de promotion du
cinéma par la télévision. C’est alors une promotion commerciale (Bonnell,
1986), qui, si elle s’avère essentielle pour la survie de l’industrie
cinématographique, est fortement sujette à caution car le film est un produit
culturel particulier.
2.3 Hypothèses
Notre travail est sous-tendu par deux hypothèses :
¾ La méconnaissance dont est victime le cinéma sénégalais est due à un
manque de promotion ;
56
Elle a longtemps été interdite en France, pour des raisons facilement compréhensibles, mais depuis
quelques temps elle y est permise et régulièrement effectuée.
28
¾ La télévision est un moyen de le promouvoir.
3 Cadre méthodologique
Nous avons alors privilégié la piste des entretiens avec des professionnels,
aussi bien de la télévision (directeurs de programmes des différentes chaînes
du pays) que du cinéma (des fonctionnaires de la Direction de la
cinématographie, des réalisateurs).
57
C'est-à-dire : la peinture, la sculpture, la littérature, le cinéma, la poésie, le théâtre et la musique (cette
dernière bénéficiant d’une place différente dans notre pays)
29
3.4 Enseignements tirés du terrain
Nous avons été confrontés à un problème important, le manque d’informations
précises sur le cinéma sénégalais, principalement de statistiques sur le nombre
de films produits chaque année. Nous n’avons pu obtenir que des chiffres
généraux de la part de la Direction de la Cinématographie.
Au cours de notre étude, nous nous sommes rendus compte qu’un travail de
recherche doit impérativement s’inscrire dans la durée, ne serait-ce que pour
accorder au travail le temps de la maturation et de la distance critique.
30
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DU CINEMA
NATIONAL ET DU PAYSAGE TELEVISUEL SENEGALAIS
31
4 Le cinéma national58
Important, le cinéma l’était sans doute. La plupart des états africains l’ont
compris en mettant sur place des institutions afin d’en réguler le
fonctionnement. Le Sénégal n’échappa point à la règle.
¾ Le Service Cinéma
Il était initialement crée pour assurer la parution de l’actualité filmée59 et
dépendait du Ministère de l’Information. Il a aussi servi de « structure d’accueil
à des réalisations de documentaires d’Etat et a permis à des cinéastes privés
de faire leurs premiers pas.» (Vieyra, 1984, p.38) Avec le développement du
Cinéma et l’arrivée de la télévision au Sénégal, il n’avait plus sa raison d’être.
58
Cf. Annexe 3
59
Appelée « Actualités Sénégalaises » et fonctionnant sur le modèle des actualités françaises.
60
Momar Thiam (1995, p.18)
32
Cela a bien fonctionné pendant un certain temps, puisque la SNC a produit en
quatre ans d’existence, cinq longs métrages et trois courts métrages ainsi
plusieurs documentaires. Mais au bout d’un moment, la machine s’est enrayée
à cause notamment d’une mauvaise gestion. Et 1977 la société est purement et
simplement dissoute, mettant ainsi certains réalisateurs dans l’embarras61.
¾ Le Bureau du Cinéma
Il a été crée conjointement avec la SNC. C’était un organe public rattaché au
Ministère de la Culture. Il avait pour but de « jeter les bases d’une
61
Des films se sont trouvés bloqués dans les laboratoires français pour défaut de payement (Vieyra, 1984)
62
Pour le SIDEC, cf. infra, Diffusion commerciale.
63
Pour ces pistes de relance, cf. Momar Thiam (1995, p.72-74)
33
réorganisation totale de la cinématographie sénégalaise, d’élaborer les projets
de textes d’une législation cinématographique et principalement ceux d’un code
de l’industrie cinématographique. » (Vieyra, 1984, p.42) Ce programme
ambitieux devait, à terme permettre la « création, l’organisation et le
fonctionnement d’un futur Centre National de la Cinématographie Sénégalaise
destiné à prendre sa propre place.» (Idem) Cet organisme demeure encore
dans les limbes.
Dans les années 60, le cinéma sénégalais était relativement développé, même
s’il y’avait encore peu de cinéastes. Ils « étaient divisés par diverses
contradictions65.» Mais en 1965, quatre cinéastes, Paulin Vieyra, Ababacar
Samb Makharam, Georges Caristan et Baïdi Sow « se réunissent autour d’un
64
Cf. Annexe 1 Présentation des missions de la Direction de la Cinématographie
65
Momar THIAM, le Cinéma au Sénégal de 1900 à 1995, p.12à 22
34
leader, Ousmane Sembène, pour former la première Association des Cinéastes
Sénégalais66.» A côté de cette Association, Momar Thiam, Yves B. Diagne,
Mahama Johnson Traoré, Djibril Diop Mambéty et d’autres vont mettre sur pied
une seconde association, dénommée Katanga.
Censé remettre à flot la cinématographie nationale, le FPC fait partie d’un projet
longtemps mûri par les cinéastes sénégalais.
66
Idem
67
Id.
35
Le cinéma sénégalais est, pourrait-on dire, dans sa phase d’adolescence : il se
cherche encore. L’Etat a sans doute beaucoup investi depuis les
indépendances, jusqu’en 2001, date à laquelle, selon un membre du
CINESEAS, la déliquescence du film sénégalais a commencé, notamment à
cause d’un manque de réglementations qui puisse réguler l’exercice de la
profession de cinéaste68.
4.2 Le financement
68
Cf Annexe 2, Le code de l’Industrie Cinématographique et Audiovisuel
69
Trait d’Union : Guide à l’usage des coproducteurs francophones, Editions BLCF, 2006
36
Le Fonds de Promotion est administré par un comité de gestion composé des
membres suivants : le Président, qui est le Directeur de la Cinématographie; un
représentant de la Présidence de la République; un représentant de la
Primature; un représentant du ministère des Finances; trois représentants des
professionnels du cinéma (un réalisateur, un producteur, un
distributeur/exploitant); un représentant de l’association des critiques de
cinéma. Le chef de la Division des Études Techniques et de la Coopération en
assure le secrétariat permanent.
Le comité de gestion se réunit au moins une fois par trimestre sur convocation
de son Président ou à la demande de la majorité de ses membres.
Il s’agit de prêts et de bonifications bancaires dont les montants et les taux sont
fixés par le Comité sur la base des justificatifs fournis par les postulants. Les
montants varient en fonction de la taille du projet.
70
Idem
71
Idem
37
Francophonie, et dotée par elle, ce Fonds est géré conjointement avec le
Conseil International des Radios et Télévisions d’Expression Française
(CIRTEF). Le but du fonds est de promouvoir la création artistique et
audiovisuelle dans les pays du Sud membres de la Francophonie, et de
soutenir dans ces pays, le développement et la structuration d’un secteur
privé indépendant de production audiovisuelle. Il s’agit de contribuer à
élever le niveau qualitatif et à augmenter la quantité des productions
audiovisuelles, et ainsi à favoriser l’accès de ces créations aux circuits
de distribution. Enfin, le fonds vise à élargir la coopération audiovisuelle
francophone par le biais de coproductions et/ou de partenariats
techniques.
72
Idem.
38
¾ Fonds Images Afrique (du Ministère des Affaires Etrangères français),
dont bénéficient les pays membres de la Francophonie.
Les sources de financement, si elles sont légion, n’en demeurent pas moins
difficiles d’accès. Face à la floraison de projets émanant de l’Afrique, mais aussi
d’autres pays du Sud, les financements internationaux sont assaillis. Alors que
les aides nationales sont souvent déficientes et que les financements privés
sont inexistants, il faudrait sans doute trouver des solutions alternatives afin de
relancer la production.
4.3 La production
73
« Industrie du cinéma », par Lavigne et al. in Encyclopédie Universelle, Paris, 1989, p.
74
Idem.
75
Qui comprend la distribution et l’exploitation.
76
Industrie du cinéma, Lavigne et al., Encyclopédie Universelle
39
financement sont effectués par des personnes distinctes. Il n’empêche qu’au
Sénégal, on note une situation autrement plus complexe caractérisée par un
cumul des rôles dû aux spécificités du cinéma national, qui continue par ailleurs
de se développer à son rythme.
En effet, « la logique voulant que les frais engagés dans la production d’un film
soient remboursés par les recettes en salles», et constatant le parc de salles
trop faible pour rentabiliser le film et permettre un juste retour sur
77
On part du principe qu’il est aussi le scénariste, comme souvent le cas au Sénégal et plus généralement
en Afrique francophone
78
Voir infra, 6.1.2 Un public absent ?
79
Petite Encyclopédie du cinéma, Michel Ciment et al., Editions du Regard, 1998, p 21. Il est à noter ici
que ce pouvoir de décision fait référence au Final Cut, sorte de droit de veto final que détenait le
producteur.
40
investissement, on comprend que peu de producteurs « indépendants » soient
enclins à financer le cinéma. Dès lors, il était obligatoire, pour les réalisateurs
de posséder leur propre maison production afin de pouvoir faire des films. Par
ailleurs, les aides étatiques, comme on l’a vu, étant souvent insuffisantes, les
films continuent de se faire en majorité avec l’aide de financements étrangers.
Symptomatique de cet état de fait, Fidèle Diémé, lors d’un entretien, nous
affirmait que c’est la recherche de financement qui allonge le processus de
fabrication de films.
De fait, toutes les sociétés de production existant au Sénégal ont à leur tête des
réalisateurs. Cela donne naissance à ce qu’on peut appeler des «monstres
cinématographiques.» Il existe à ce jour une dizaine de sociétés de productions
cinématographiques. Les plus célèbres sont les Films Domireew, crée par feu
Sembène Ousmane, MSA Productions, de Moussa Sène Absa, Sunu Film
Production ou encore Les Films du Quartier.
Le premier film sénégalais réalisé, Afrique sur Seine fut un court métrage sur la
vie des étudiants africains en France. Il a été réalisé par un groupe de jeunes
cinéastes dont Paulin Soumanou Vieyra80. Beaucoup d’autres courts et moyens
métrages furent par la suite réalisés. Nous avons entre autres Grand Magal de
Touba de Blaise Senghor, Une nation est née, de Paulin Vieyra etc. Le long
métrage81 n’entrera au Sénégal et en Afrique qu’en 1966, grâce au film de
SEMBENE Ousmane, la Noire de… Cette œuvre, qui fut récompensée par le
80
Paulin VIEYRA, Robert CARRISTAN, Jacques MELO KANE et Mamadou SARR.
81
Un film de long métrage, suivant les normes internationales est un film dont le minutage dépasse 65
minutes (Vieyra, 1984)
41
Prix Jean Vigo82 va signer le point de départ d’une période faste qui dura 10
ans (jusqu’en 1976) (Vieyra, 1984, p.68). Durant cet intervalle, des œuvres très
fortes furent réalisées : L’Afrique en piste, de Yves Badara Diagne et J. P.
Lovovitch, sur l’entraînement des athlètes noirs en France, et Délou Thiossane,
sur la sculpture nègre. D’autres cinéastes vont s’affirmer, tels Sembène, qui
réalise en 1968 Mandabi, ou encore Momar Thiam, avec La malle de Maka
Kouli. Djibril Diop Mambéty, jeune cinéaste va apporter au cinéma sénégalais
« une autre vision des êtres et des choses, par une écriture filmique bien
personnelle » (Vieyra, 1984, p.74) avec des films comme Contras City, Badou
Boy ou encore le très anticonformiste Toukki Bouki. Mahama Johnson Traoré,
Safi Faye (première femme cinéaste), Tidiane Aw, Ben Diogaye Bèye entre
autres vont marquer l’histoire du cinéma sénégalais.
En 2007, il est toujours aussi difficile de faire des films au Sénégal, en moyenne
3 à 4 ans. Il faut inclure dans cette durée, le temps pris pour trouver les
financements. Cela n’empêche pas cependant que quelques films émergent et
fasse une longue carrière. Parmi les films les plus vus de ces dernières années,
nous pouvons noter Le Prix du pardon, de Moussa Sène Absa, TGV, de
Moussa Touré, Molaadé, de Sembène Ousmane (qui a obtenu pour ce film le
Prix Un certain regard au Festival de Cannes de 2004).
Les sociétés de productions sont malgré tout légion, mais nul ne connaît leur
nombre, car c’est un domaine ou l’informel règne en maître. Chaque réalisateur
possédant, comme nous l’avons énoncé plus haut, sa propre société de afin de
82
Le ' Prix Jean Vigo' est décerné depuis 1951. Il est attribué à « un réalisateur français distingué pour
son indépendance d'esprit et son originalité de style», en pratique ce ne sont pas les qualités formelles du
film qui sont primés, mais la portée sociale et humaine de la réalisation. Les jeunes réalisateurs sont
souvent distingués par ce prix. (http://nezumi.dumousseau.free.fr/jeanvigo.htm)
42
s’auto-produire. En plus de cela, il n’existe pas actuellement une législation
effective pour encadrer cette activité.
4.4.1 La diffusion
83
Pour cette partie, la principale source a été le l’ouvrage de Paulin Soumanou Vieyra, intitulé, Le cinéma
au Sénégal, Editions OCIC/L’Harmattan, Dakar 1984
43
distribution, qui selon Blaise Senghor84 (cité par Vieyra) consiste à « permettre
l’exploitation du film dans les salles de cinéma pour le compte du producteur.»
Il est à noter ici la distinction qui existe entre l’activité de production et celle
d’exploitation. Si c’est le producteur qui met le film sur les rails, distributeurs et
exploitants en assurent la marche. Cependant, les distributeurs et exploitants
ne prennent pas de risques en octroyant au producteur des avances sur
recettes, d’une part parce qu’il n’existe pas de production régulière et d’autre
part, parce que le distributeur possède ses propres salles. Ceci a longtemps
conditionné la rentabilité (ou plutôt l’absence de rentabilité) des films africains.
Les producteurs étaient obligés « d’abandonner aux circuits un pourcentage
variant entre 50 et 75% de leurs recettes nettes.» Dans ce contexte, le premier
film africain distribué, Le mandat de Sembène Ousmane, ne l’a été qu’en
196985.
84
Cinéaste diplômé de l’IDHEC (maintenant FEMIS), licencié ès lettres, Ambassadeur du Sénégal à
l’UNESCO et décédé en 1976.
85
D’autres films suivront, Diankha bi, de Johnson TRAORE, Karim, de Momar THIAM, Badou Boy de
Djibril MAMBETY etc. (Vieyra, 1984)
86
Cependant, en s’écroulant, les deux sociétés françaises donnent le jour à la SOPACIA (Société de
Participations Cinématographiques Africaines) dont la gestion fut confiée à l’UGC.
87
L’Etat Sénégalais en détient 80% des parts et l’UGC 20%.
44
Celle-ci disposait ainsi d’un droit de veto lui conférant un pouvoir égal à celui
des directeurs Sénégalais.
En 2007, on ne compte plus que trois sociétés de distribution (qui font en même
temps de l’exploitation) au Sénégal, qui gèrent un parc de 18 salles91, dont 9 à
Dakar, pour un total de 16 400 places :
¾ CONCORDE SA
88
Elle se fait par le réseau des centre culturels étrangers, qui via leur gouvernement, achètent au
producteur les droits d’exploitation non commerciale.
89
Selon Amadou Tidiane Ndiagane, Directeur de la Cinématographie, Source : Le 221 N°22 Janvier
2007, Politique de relance de l’exploitation et de la distribution cinématographique, par Chucky.
90
Directeur de la SOSIFIC SA, exploitant et distributeur
91
Cf. annexe, pour le Tableau de présentation des salles de cinéma au Sénégal.
45
¾ SOSIFIC SA
¾ CINEVISION
Ces dernières années, douze salles ont été fermées, transformées pour la
plupart en Centres commerciaux92. En disparaissant, ces salles ont emporté
11.200 places et fait baisser la fréquentation, avec tous les effets que cela
entraîne. (cf. Schéma de John SOPRAOS)
4.4.2 La promotion
46
accessible. Aussi, toute action de promotion doit obligatoirement être
accompagnée d’une diffusion du produit filmique.
Les festivals, sont en la matière un intense relais promotionnel, car si situant à
cheval entre l’artistique et le commercial. Il en existe deux au Sénégal : Le
Festival du film de quartier94, qui se tient chaque année au mois de décembre,
et le Festival Image et Vie95, qui a lieu au courant du mois de juin. Leur
audience en est cependant toute limitée du fait d’un faible rayonnement et d’un
manque de suivi, notamment de la diffusion, carence due, il faut le reconnaître,
à leur manque de moyens matériels.
94
Organisé par le Médiacentre, unique organisme de formation aux métiers de l’audiovisuel
95
Organisé par l’ONG Image et Vie qui s’occupe de promotion culturelle, www.imagevie.org
96
Source : http://www.rts.sn/histoire_TV.htm
47
Radiodiffusion Télévision du Sénégal (ORTS), qui deviendra par la suite RTS
puis RTS1.
…à aujourd’hui
Malgré la promesse d’ouverture annoncée lors des élections de 2000 par le
gouvernement, le secteur de la télévision sénégalaise est resté longtemps
occupé par la seule RTS qui couvre 70% du territoire. Depuis septembre 2002,
une deuxième chaîne, RTS2S, est entrée dans la course, même si elle est en
partie dépendante de la RTS. Devenue totalement privée et rebaptisée 2STV à
l’occasion, la chaîne est détenue à 100% par la société de production
audiovisuelle indépendante Pyramide Culturelle du Sénégal (PCS, propriété du
producteur musical sénégalais El Hadj Ndiaye). Par ailleurs, plusieurs
opérateurs privés ont commencé à émettre à la fin de l’année 2006 : Walf TV
du groupe Walfadjri, Radio Dunya Vision (RDV), de la société Excaf, dirigée par
Ben Bass Diagne, NBN, de Khalil Guèye et Canal Info, de Cheikh Tidiane
Ndiaye et Vieux Aïdara.
Chaîne généraliste, elle est censée représenter toutes les teintes de la Nation
sénégalaise. Elle émet environ 16 heures par jour. Eu égard à son statut
d’entreprise publique, sa programmation regroupe une immense palette
d’émissions qui vont du sport à la culture en passant par la musique, et les
informations etc., des séries, des téléfilms et une fois par semaine, du cinéma.
Grosse machine (elle emploie environ 600 personnes), elle connaît beaucoup
de difficultés, aussi bien dans la gestion que dans la programmation. Aussi,
l’arrivée de la concurrence et de la « RTS298 » devrait sans doute à la longue
97
Source : www.rts.sn
98
Dépendante de la RTS1, cette nouvelle chaîne sera à vocation culturelle
48
permettre de changer les choses. Car comme tout établissement public, elle a
une mission de service public très importante à jouer.
5.2.1 2STV
2STV découle du partenariat entre la RTS et ORIGINES SA, elle a démarré ses
programmes depuis le 21 juin 2003 sur le canal UHF23. Ce projet pilote
(RTS2S) à l’expiration de la phase test va donner naissance à 2STV.
Seconde chaîne du paysage télévisuel sénégalais, elle s’en différencie sur des
points, dont le principal est qu’elle ne diffuse pas d’informations. Si elle est se
dit spécialisée dans le culturel, dans la réalité, elle est plutôt généraliste. En
effet, sa grille de programmes est composée de films, de séries, de dessins
animés, de téléfilms et de magazines consacrés aussi bien à la culture
(Culturama) qu’au sport (Sensei), en passant par la religion (Yoon Wi), avec
cependant une nette prédilection pour la musique99.
5.2.2 RDV
Elle appartient au Groupe Excaf Télécoms. Cette chaîne de télévision émet 24
heures sur 24 et couvre l'ensemble du territoire national. Elle est accessible par
diffusion terrestre hertzienne avec une qualité d'images en numérique, au
Sénégal et dans la sous-région grâce au satellite NSS7100.
5.2.3 WALF TV
Elle a commencé à émettre en France depuis le 22 décembre 2006, via le
satellite101, ce qui en fait la première chaîne sénégalaise à émettre par
99
A laquelle sont consacrées sept magazines.
100
www.excaf.com/rdvcouverture.html
101
Eutelsat- Hot Bird 7 A sur la fréquence 12,692 Ghz polarisation horizontale- Nss 7 sur la fréquence
4,055 Ghz polarisation circulaire droite...) Source : www.osiris.sn/article2808.html
49
technologie numérique. Appartenant au Groupe Walfadjri, Walf Télévision est
ce que l’on pourrait appeler une télé-radio, qui cherche, selon le PDG du
groupe, Sidy Lamine NIASSE, à « parler et à informer à la fois le téléspectateur
et l’auditeur de la radio.» Lors de ses premiers mois de lancement, ses
programmes étaient composés de clips musicaux. Au fil des mois, la grille s’est
étoffée, notamment en insérant les programmes de la radio Walf FM.
Dernière née du paysage audiovisuel sénégalais (1er février 2007), elle émet à
partir de l’Internet. Dirigée par Khalil GUEYE, c’est une « est une télévision
professionnelle indépendante qui offre chaque jour un journal télévisé en
français et en Wolof.102» Elle propose des documentaires, des informations sur
tous les thèmes. Son magazine phare, Au fond des choses passe chaque mois,
et présente un personnage particulier du monde politique, culturel etc.
Cependant, le site Internet de mauvaise qualité rend la navigation malaisée, et
cela nuit à son audience.
102
Source : www.osiris.sn/article2712.html
50
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DE LA SITUATION ET
RECOMMANDATIONS
51
6 Analyse de la situation
« Les cinémas d’Afrique Noire, nés dans les années 60, après les
indépendances politiques de leurs pays, arrivent trop tard pour fonder des
industries audio visuelles dans la pleine acceptation du terme. Non seulement
leurs marchés de salles sont déjà dominés par les fournisseurs de films
étrangers, mais (à l’unique exception du Nigeria !), ces marchés contrairement
à ceux de leurs prédécesseurs indiens, mexicains ou égyptiens, sont (pris un à
un) trop limités en salles et en nombre de spectateurs potentiels pour pouvoir
rentabiliser une industrie cinématographique Nationale.»
Ferid BOUGHEDIR
Les difficultés du cinéma africain sont des thèmes récurrents qui émergent lors
de la plupart des rencontres consacrées à ce cinéma : « Création, argent, Etat :
sempiternel triptyque que les colloques regroupant réalisateurs et organisateurs
de festivals égrènent sans que les principaux acteurs y soient présents : les
financeurs et surtout les politiques.104»
103
Même si l’expression tend à se mettre au pluriel
104
Afrique : comment sauver le cinéma ?, par Olivier Barlet
52
Discours mille fois débattu, dont on peut avoir l’impression qu’il tombe dans
l’oreille de sourds. Depuis les indépendances, jusqu’à nos jours, le cinéma
africain peine à sortir la tête de l’eau. Le nombre de salles s’amenuise105 de jour
en jour, le cinéma américain gagne de plus en de terrain, les réalisateurs
peinent à trouver les financements nécessaires pour démarrer leurs projets.
105
Exceptions notables, l’Afrique du Sud et le Burkina, ou le cinéma fait l’objet d’une véritable politique
de soutien de la part de l’Etat. Le Burkina est le seul pays d’Afrique Subsaharienne à disposer d’un parc
de 55 salles et à produire un long métrage par an. (Source : Ecofinance N°42 Avril 2004, Burkina, pays
de l’exception culturelle, par Emmanuelle Pontié)
106
Cinéma : un public sans marché par Olivier Barlet,
http://www.sudplanete.net/index.php?menu=arti&no=5801
53
toutes les demandes de l’industrie cinématographique, dont les coûts de
production sont toujours plus élevés, les réalisateurs africains, pour continuer à
exercer leur art, doivent se tourner du côté des institutions étrangères.
Ces aides, qui n’étaient cependant accordées qu’au coup par coup, n’étaient
pas assez importantes pour subventionner un cinéma devenu prolifique. Du
coup beaucoup de productions étaient laissées en rade, faute de moyens
suffisants. Ces aides sont donc essentielles, car sans elles, le cinéma serait
sans doute moribond, comme le dit Bassek Ba Kobhio, réalisateur
camerounais, lors du colloque de Bruxelles en juin 1997(!), « ces financements
sont comme quand on est sur une natte : si on la retire, on dort par terre !110»
107
Cinéma : un public sans marché par Olivier Barlet, http://www.sudplanete.net/index.php?menu=arti&no=5801
108
En faisant revenir les spectateurs dans les salles
109
Cf. 6.1.2 Un public absent ?
110
Olivier Barlet, Afrique : comment sauver le cinéma ?
http://www.africultures.com/index.asp?menu=revue_login&no=611&gauche=1
54
Pour Joel Phiri, producteur du Zimbabwe, « le cinéma africain n'a pas encore
de véritable réalité économique ! » De fait : comment se faire financer alors
qu'on ne peut jamais garantir aux financeurs qu'ils reverront leurs fonds ?111
C’est sans doute à cause d’une telle situation que les privés n’interviennent pas
dans le secteur.
La dépendance envers les fonds occidentaux est chaque jour plus grande, alors
que les choses deviennent de moins en moins faciles pour les réalisateurs
africains.
111
Idem
112
Le cinéma africain est mal parti, par Sophie Hoffelt, www.africultures.com. Ces jeunes qui sont par
ailleurs confrontés à un manque de formations professionnelles au cinéma.
113
Le triangle du nouveau regard par Jean Michel Frodon, Supplément Cahiers du cinéma, Cinéma
d’Afrique, février 2007
55
On le rappelle souvent, le cinéma est art et industrie. Au-delà des prétentions
artistiques qui le sous-tendent, un film aspire à être diffusé en salles. Ce circuit
de distribution et d’exploitation en constitue le marché. Un film alors n’a pas
vocation à exister par simple désir d’art – en tout pas seulement ! Parce que les
moyens mis en œuvre pour qu’il voie le jour sont lourds, il se doit d’être
rentabilisé. Le premier pas réside donc en son exploitation en salles, pendant
le temps nécessaire à la remontée de recettes (Un an ou deux selon les pays)
et ensuite par la distribution en DVD, VCD, VHS ou encore récemment VOD114,
puis par l’exploitation en vidéoclub, et enfin la diffusion à la télévision. Dès lors,
il est essentiel qu’il y’ait un circuit de distribution et d’exploitation disposant d’un
réseau dense de salles permettant l’entrée de recettes. Autrement, cela
engendre une situation complexe dont il est difficile de sortir, ainsi que le
montre le schéma ci-après.
Figure 1 John SOPRAOS115 : The Decline of the cinema (Balle, 2001, p.123)
Baisse de la
PRODUCTION des films
(en nombre et en qualité
114
Video On Demand, qui est le visionnement d’un film sur le WEB, souvent payant.
115
Economiste Britannique
56
à sa disparition, car le public ne suit plus. Puis, il sera de plus en plus difficile de
faire des films. Ce cercle vicieux correspond d’une certaine façon à la situation
de l’industrie et du commerce du film en Afrique de nos jours. Il n’existe que
peu de salles en Afrique. Une première cause peut être trouvée dans le fait que
l’accent a été mis plus sur la production du film que sur son marché. Dans les
lois du marketing, c’est plutôt le contraire, on fait le produit en fonction de la
demande du marché, et ce afin d’assurer une bonne distribution et un retour sur
investissement permettant de continuer le processus de production. C’est
exactement ce qui manque en Afrique, un circuit de distribution et d’exploitation
permettant de favoriser l’émergence d’autres films116, c’est-à-dire, selon Olivier
Barlet, donner naissance à un « marché en tant que système d’échange
économique.»
Sans salle donc, pas de cinéma. Leur nombre s’amenuise de jour en jour. Au
Mali et en Côte d'Ivoire, la plupart des salles ont fermé. Quand elles existent,
elles sont dans de telles conditions de vétusté que les réalisateurs africains
refusent la projection par peur de voir leur copie s'abîmer.
Le petit écran supplante donc le grand, et cela n’est pas seulement une
spécificité africaine, mais bien mondiale, et l’essor des vidéos clubs aggrave
encore la saignée. Et cela sans générer des remontées de recettes : les
télévisions négligent de verser des droits de diffusion adaptés (quand elles ne
se font pas payer pour diffuser les films !), tandis que le piratage est la règle du
116
Bien entendu, nous ne parlons pas de faire des films en fonction de la demande. Cf. 6.1.2 Un public
absent
57
secteur informel des vidéo-clubs117 et du commerce des VHS, DVDs et VCDs
« par terre », en vente ambulante ou dans les échoppes et les marchés118.
Cependant, le piratage ne met pas en danger le cinéma national, sauf s’il
devient populaire, à l’instar du septième art américain qui est la principale proie
des pirates. Ceux-ci déstructurent cependant le marché en asséchant la
clientèle potentielle des salles.
« Si à l'avenir la dimension des écrans peut refaire honneur au cinéma, qu'en sera-t-il du
partage collectif d'émotions sur des références communes, fonction inhérente au cinéma
au-delà de sa fonction de distraction ? Dans le noir de la salle se joue une émotion
commune qui a un sens et une fonction sociale. Il est rassurant d'avoir peur ensemble et
constructif de rêver ensemble.120»
La culture est souvent vécue par les dirigeants africains comme un secteur
budgétivore, car étant « dans l’impossibilité » de créer des richesses et de
117
Les quelque 2 000 "vidéoprojectionnistes" burkinabè, en projetant chaque jour toutes les deux heures,
réalisent un chiffre d'affaires de plus de cinq milliards de Fcfa (sept millions et demi d'euros). Cinéma :
un public sans marché par Olivier Barlet
118
Cinéma : un public sans marché par Olivier Barlet,
http://www.sudplanete.net/index.php?menu=arti&no=5801
119
Idem
120
Idem
58
participer à l’effort de développement, d’où leur manque de valorisation et de
promotion. En effet, toute dépense dans la culture peut s’avérer être un
investissement à perte. Cela vient du fait que sa dimension économique n’est
pas prise en compte et que le développement culturel est conçu en dehors de
l’implication du secteur privé. Or, la marchandisation mondiale de la chose
culturelle est tributaire d’un marché capable de la prendre en charge. De ce fait
toute politique culturelle nécessite des moyens importants. L’Etat, face « aux
urgences prioritaires en tout sens » n’a pas toujours les fonds nécessaires pour
renforcer les caisses du Ministère de la Culture. Ce dernier souvent considéré
comme une voie de garage, souffre en outre d’une certaine instabilité, en ce
sens lorsqu’un ministre change, celui qui le remplace recommence le travail,
d’où la difficulté de mettre en place des politiques fortes121.
Les politiques culturelles ont pour rôle d’offrir un encadrement juridique, fiscal,
financier, de créer des infrastructures et de favoriser la création des formations
afin de mettre en place un embryon d’industrie culturelle122, puis assurer une
diffusion de ladite culture par les moyens modernes d'information et de
communication et par la mise en place, d'une véritable politique de
promotion123.
121
Politiques culturelles africaines et coopération culturelle européenne : le Manuel du Secrétariat ACP,
Isabelle Bosman http://www.sudplanete.net/index.php?menu=arti&no=5825
122 Elle devra veiller par exemple à pallier : la pauvreté des artistes et opérateurs culturels, le manque de
régulation du secteur culturel, le manque de gestion du droit d'auteur, les grandes difficultés de
financement, le manque d'infrastructures etc. Source : Idem
123
La culture : enjeu de développement pour l'Afrique, par Youma Fall
http://www.sudplanete.net/index.php?menu=arti&no=5797
59
Le septième art est très exposé. Non seulement son marché local n’est pas très
étendu et souffre de problèmes structurels, mais encore, il doit faire face à la
concurrence du cinéma américain, qui lorsqu’il arrive sur le marché est déjà
rentabilisé, d’où des coûts de diffusion (aussi bien dans les salles qu’à la
télévision) très compétitifs. A l’étranger, il doit affronter les cinémas asiatiques
et ceux d’Amérique latine, qui sont très dynamiques.
Il n’existe pas un public du cinéma africain, mais des publics, « aussi différents
les uns des autres que l’est le jour et la nuit » (Vieyra 1975, p.299). Cette
différence, loin d’être liée aux aléas de la géographie, est due, toujours selon
Vieyra, « aux degrés d’évolution sociale et culturelle de ceux qui composent les
diverses catégories des spectateurs africains.»(Id.) Se crée ainsi une
60
stratification au niveau du public du cinéma : d’une part un public averti,
intellectuel, et de l’autre, un public peu averti, ou populaire. Entre ces deux
extrêmes, un public moyen « qui a une certaine formation intellectuelle.»
(Vieyra, 1975, p.302)
La notion de cinéma d’auteur est née en France, grâce François Truffaut. Très
éloignée de sa connotation actuelle, elle désignait un cinéma reflet de la
pensée du réalisateur, libre des pressions (financières notamment). Ce dernier
devenait ainsi auteur en maîtrisant l’écriture de son œuvre. Truffaut avait à
cœur de briser l’hégémonie américaine (en 1957 déjà !) en transgressant les
diktats cinématographiques d’Hollywood (La petite encyclopédie du cinéma,
p.12).
« L’avènement du cinéma d’auteur marque une rupture avec les maisons de
productions. Tout comme il transgresse les conventions et règles qui existaient,
avec l’arrivée de nouveaux acteurs, d’une nouvelle vision, de styles nouveaux
et différents à la manière de l’écrivain qui imprime ses idées sur un papier,
c'est-à-dire dire ce qu’il pense, ce qu’il ressent.» (Emmanuel SANOU124)
124
Quelle identité pour les cinémas africains ? Panel : Cinéma d’auteur, cinéma populaire, par Yacouba
SANGARE
61
d’auteur peuvent aussi bien être rentables. Dans tous les cas, le public cherche
à être captivé par quelque chose.125»
Dans tous les cas, le public est une variable essentielle de l’industrie
cinématographique, car sans lui, pas de marché.
La question du public est une problématique globale qui entre dans le cadre
des effets de la mondialisation. En effet, l’un de ses effets est l’uniformisation
des comportements et des goûts. Ainsi que le dit Sissako, réalisateur du très
médiatique Bamako, «à force de boire du Coca, on croit que c'est la boisson
universelle, au détriment du bissap ou du gingembre126.» Habitué au cinéma
américain ou indien qui est fait en général pour plaire, le public peut se trouver
« déphasé » par rapport aux films africains, souvent engagés et reflet de la
pensée de leur auteur.
62
La réduction des salles, et l’omniprésence du cinéma étranger tendraient peut-
être à phagocyter le discours des cinéastes africains à cause d’un déficit de
représentation. Il en résulte ainsi un public africain ignorant du point de vue de
ses artistes, ce qui les rend, à notre sens, plus « poreux » à d’autres points de
vue sur nos propres réalités.
63
¾ Soutenir la distribution coordonnée de films africains sur plusieurs territoires,
¾ Accroître la programmation des films africains dans les salles de cinéma,
¾ Consolider le marché en s'appuyant sur le levier des entrées et des recettes,
¾ Contribuer à la structuration du secteur de la distribution et de l'exploitation,
¾ Organiser des synergies entre le cinéma et la télévision,
¾ Développer les compétences des professionnels africains en les associant à
des réseaux internationaux d'exploitants et de distributeurs130.
L’espoir suscité par les actions de Africa Cinémas semblait en fin d’année 2004
remis en question avec la crise survenue au sein de l’équipe dirigeante (le
producteur Burkinabé Toussaint Tiendrébéogo était le directeur délégué jusqu'à
sa récente décision de démissionner de Africa Cinéma), en raison des
divergences d’orientation des objectifs de la structure et du manque apparent
de liberté de champ d’action.
En effet, Africa Cinémas n’est pas une structure opérationnelle sur le terrain
mais un simple programme coiffé par Europa Cinémas, dont l’essentiel des
missions est d’encaisser les subventions européennes pour les redistribuer
selon ses critères. D’une grande compétence dans l’appui aux salles en Europe
et en Méditerranée, son équipe dirigeante méconnaît les besoins réels des
cinémas africains qu’elle a mission d’aider, car sur le terrain, l’intervention de
Africa Cinémas se limite à l’équipement technique des salles et ne prend pas
en compte leur rénovation physique.
Par ailleurs, lors de la Rencontre Africa Cinémas, qui s’est tenue pendant le
FESPACO 2007, les responsables du programmes ont déploré le manque de
moyens mis en œuvre pour pallier le nombre insuffisant de salles, ce qui a
comme corollaire, une paralysie de la distribution, car « sans salle, pas de
diffusion, et sans distributeur, pas de structuration du marché.131» Le résultat en
est que le programme n’aide que peu de salles de cinémas à se développer. Au
Sénégal par exemple, son aide se limite à la SOSIFIC, qui gère deux salles, El
Hadji et U3.
130
www.africacinemas.com/fr/contacts.php
131
Rencontre Africa Cinémas – FESPACO 2007, par Aurore Enghelen
www.cinemasfrancophones.org/upload/rencontre_africa_cinemas.doc
64
Du côté des films, il a contribué à la distribution de TGV, du réalisateur
sénégalais Moussa Touré ainsi que Madame Brouette, de Moussa Sène Absa.
D’autres films africains bénéficient de son aide, comme Le Silence de la Forêt
de Bassek Ba Khobio, Lumbumba de Raoul Peck, Taafe Fanga d'Adama
Drabo.
Malgré son bilan plus que mitigé, l’aventure Africa Cinémas continue son petit
bonhomme de chemin, chemin tortueux certes, mais sa position d’éclaireur lui
permet de guider et de donner de l’espoir, un tant soit peu, à tous ces diffuseurs
qui ne comptent que sur ce programmes pour garder la tête hors de l’eau.
Des sites web dédiés au cinéma africain, il en existe une pléthore, mais nous
nous limiterons aux deux principaux qui sont d’énormes bases de données
permettant de circonscrire le cinéma africain.
ÎAFRICULTURES.ORG
Portail virtuel de la revue éponyme, le site Africultures est ouvert à toute
l’actualité africaine des arts et de la culture. Le cinéma y occupe une place de
choix. Olivier Barlet, le Directeur de la revue, grand spécialiste du cinéma
africain, y écrit souvent des articles pertinents sur la situation du septième art
sur le continent. Leur équipe est présente dans toutes les grandes
manifestations cinématographiques et d’autres plus modestes. Des analyses,
des dossiers, ainsi qu’un répertoire des cinéastes africains figurent sur le site.
ÎCINEMASFRANCOPHONES.ORG
Cf. 1.1.3.3 Les organismes internationaux, le BLCF.
65
6.1.3.3 Les organismes internationaux
ÎUNESCO
En tant qu’organisme international de référence dans le domaine de la culture,
l’UNESCO ne pouvait manquer de s’intéresser au cinéma en général.
Cependant, les cinémas des pays en développement ont une importance
particulière en raison de l’intérêt que l’organisme porte aux enjeux de la
diversité culturelle. Ainsi, son action pour les cinémas émergents se fait à un
quadruple niveau :
La protection de la diversité des expressions culturelles :
o La convention internationale de la protection des expressions
culturelles
Le développement des industries audiovisuelles132 :
o DOCNET AFRICA une plate-forme en ligne pour les contenus
audiovisuels africains
o Promouvoir l'industrie cinématographique du Niger
Les droits d’auteurs :
o Accord de Florence
o Protocole de Nairobi
Des projets multisectoriels concernant les arts du spectacle vivant et
l’audiovisuel.
ÎOIF133
L’Organisation Internationale de la Francophonie soutien la production, la
diffusion et la promotion. Le programme "Images", dont les principaux
instruments sont le Fonds francophone de production audiovisuelle du Sud
et la Bourse francophone de promotion internationale d'un film du Sud,
permet de soutenir la production, la diffusion et la promotion dans les circuits
cinématographiques et télévisuels de fictions et documentaires produits par des
professionnels du Sud. Par ailleurs, l’OIF apporte un appui aux festivals et
rencontres professionnelles (Fespaco au Burkina Faso, MipTV134 en France,
132
http://portal.unesco.org/culture/fr/ev.php-
URL_ID=31479&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=-477.html
133
http://www.francophonie.org/actions/cinema/ini-cinema.cfm.htm
134
Marché international de l’audiovisuel qui se déroule chaque année à Cannes
66
etc.), favorisant ainsi la mise en marché et la circulation des images du Sud
auprès des professionnels et du grand public. Elle agit également pour la
distribution des œuvres, notamment en zones rurales, via des projections de
cinéma numérique ambulant dans dix pays africains.
135
www.cinemasfrancophones.com/historique
67
nationaux et internationaux, en passant par les formations, les différentes aides
etc.
« On ne promeut pas sur du vide », dixit Joseph Sagna136. Cette remarque d’un
producteur qui connaît très bien les problèmes du secteur, ne manque pas de
pertinence. En effet, il se tourne moins d’un long métrage par an. Il est évident
qu’on ne saurait construire une industrie sur un seul film, ni donc, effectuer des
actions de promotion d’envergure, celle-ci étant le corollaire à une production
conséquente et supposée pouvoir se rentabiliser. Cependant, derrière ce
déficit de production, on constate qu’il se fait, entre 40 et 50 films par an, selon
Abdou Aziz Cissé137. Parmi ces films, la part belle est constituée de courts et
moyens métrages ainsi que des documentaires138. Or le long métrage, qui est
par excellence la base de l’industrie cinématographique est sous représenté.
136
Producteur et propriétaire de JESCOM, société de production audiovisuelle, lors d’un entretien
effectué le 22 août 2007
137
Animateur culturel à la Direction de la Cinématographie, lors d’un entretien effectué le 28 août 2007
138
Le Documentaire constitue bien un genre cinématographique qu’on appelle volontiers « cinéma du
réel.» Mais ses problèmes sont spécifiques par rapport au cinéma de fiction, nous n’en parlerons pas dans
notre présent travail.
68
6.2.1.2 Courts métrages
On y trouve en majeure partie des jeunes, parce qu’ils n’ont pas les moyens
financiers de faire des grosses productions, et que c’est le format par
excellence d’apprentissage du métier de cinéaste139. Il existe une centaine de
jeunes cinéastes sénégalais (selon Abdou Aziz Cissé), dont l’audience est toute
confidentielle, à cause du manque de médiatisation de leur pratique. Par
ailleurs, c’est un cinéma qui est différent de ceux de leurs aînés de « l’âge
d’or.» Il existe une cassure très nette entre eux et cette première génération,
ainsi que les pouvoirs publics, d’où leur quasi invisibilité.
À Dakar, après la fermeture du Plazza, celle du Paris a scellé le sort des salles
du centre-ville. La plupart des 80 salles recensées en 1973 au Sénégal par
Paulin Vieyra, qui comptaient 59 560 places et accueillaient 4 461 000
spectateurs, ont été vendues. Il n'en reste plus que 16 en 2007, qui laissent peu
à peu la place à des centres commerciaux.
139
En effet, il n’existait qu’une seule formation au cinéma, mais qui a été arrêtée faute de moyens
69
6.2.2.2 Des festivals
(Cf. 4.4.2 La promotion)
Le premier pôle de diffusion est le festival. Il constitue une vitrine très ouverte
qui donne une caution « qualitative » au film. Au Sénégal, il n’existe que deux
festivals140, le Festival Image et Vie, et le Festival du film de quartier. Sans
grands moyens, notamment promotionnels, ces festivals n’ont pas l’envergure
que pouvait posséder les RECIDAK, même si elles constituent une alternative
importante et essentielle.
Aussi les fêtes du cinéma sont trop peu importantes pour impulser une vraie
dynamique à la promotion du cinéma, et ce malgré les mesures prises par
l’Etat.
Il n’existe qu’un seul fond d’aide aux cinéastes de la part de l’Etat, et les
montants octroyés ne dépassent pas vingt millions par films. Lorsqu’on sait que
le budget moyen d’un film tourne autour de cinq cents millions de francs CFA,
on voit bien qu’elle est très insuffisante. D’où la forte dépendance envers les
financements étrangers, par opposition à une période faste où le cinéma
parvenait à s’autofinancer.
140
Cf. 4.4.2 La promotion
141
Les débats du cinéma sénégalais,
http://www.africultures.com/index.asp?menu=affiche_murmure&no_murmure=2136&murm=1
70
6.2.3.2 Désengagement ?
Cependant, toutes ces mesures en sont encore à l’état de projet. Ce qui laisse
le cinéma national dans une situation toujours aussi précaire.
Î Synthèse
Promotion et diffusion sont intimement liées. La promotion ne peut exister que
si les salles existent. Car la promotion a pour premier rôle de faire venir les
spectateurs dans les salles. Le premier vecteur de cette promotion constitue le
festival142 puis la publicité cinématographique, et tous les autres moyens du
marketing et de la communication ainsi que la promotion culturelle ou artistique
qui permet d’engager un dialogue critique. Ces différentes promotions, on l’a
vu, sont peu développées, parce que le Sénégal ne possède pas à proprement
parler d’industrie cinématographique.
71
6.3 La promotion du cinéma sénégalais à la télévision
L’apparente simplicité qui nous était apparu au tout début de nos recherches,
s’est révélé cacher une ardente complexité. Aussi, le problème de la promotion
nous a paru à bien des égards constituer un écheveau réellement étriqué, dont
il serait difficile de dénouer les cordes, car elle s’insère dans un cadre bien plus
vaste.
72
Regards143, qui passe sur la RTS1. Consacrée à la littérature sénégalaise,
c’est une émission bimensuelle qui invite des personnalités du monde littéraire
à s’interroger sur leur œuvre. Plutôt promotionnelle que réellement critique c’est
une émission somme toute très consensuelle. Sur la même chaîne, Melting
Pot, un magazine généraliste qui traite de la culture sans exclusive, le premier
mercredi de chaque mois.
143
Il est à noter qu’elle n’est plus diffusée depuis quelques mois.
73
Î Au vu du nombre de cinéastes qui existent dans le pays, et dont les films
sont souvent primés dans des festivals à l’étranger, le cinéma est sous-
représenté. Cependant, sa situation n’est point isolée au sein du tissu culturel
national. En effet, il en est tout autant de la littérature (roman et poésie), de la
peinture, de la sculpture ou encore de la photographie. De fait, comme le
montre le tableau, le paysage télévisuel sénégalais souffre d’une cruelle
indigence en matière de culture. Seule la musique échappe à ce sort.
RTS1, 2STV, RDV, Walf Tv, la musique y est omniprésente, aussi bien sous
forme de clips que d’émissions consacrées aux chanteurs.
74
La RTS1 non plus n’en fait pas l’impasse, mais compte-tenu de sa vocation de
service public, elle est moins prolifique en la matière que ses concurrentes.
Toutes ces émissions sont hebdomadaires, et sont rediffusées en moyenne
deux fois. Mais est-ce pertinent ? Certes, il y’a beaucoup de gens qui font de la
musique, et ils sont très exposés. Peut-être surexposés. Cela donne
l’impression que la culture sénégalaise se limite à la musique alors qu’il n’en est
rien. Quelle est la place du public ? Désire autant de musique ? Où est-ce le
signe d’un manque de créativité dans la production ? Autant de questions que
seule une étude approfondie permettrait de déterminer.
Tout cet espace pris par la musique dans la grille des programmes insère le
cinéma dans un créneau peu étendu.
Les films de la RTS1 lui sont fournis grâce à la coopération qu’elle entretient
avec CFI. Ce sont généralement des films français qui passent le vendredi soir
en dernière partie de soirée.
75
La RDV est la plus prolifique en matière de films parce qu’elle ne respecte
aucune règle : elle n’achète pas ses films. Souvent piratés144, elle les passe
directement sans autorisation. La plupart sont américains, avec cependant une
constante, un film indien chaque matin.
On ne disserte pas sur le néant, car ce serait lui donner corps. On pourrait,
sans ironie dire cela sur le cinéma sénégalais à la télévision, et on aurait raison,
car le cinéma sénégalais est totalement absent des grilles de programmes des
télévisions sénégalaises. Cet état de fait n’est sans doute pas isolé, dans la
mesure où le cinéma n’occupe pas une énorme place dans les grilles de
programmes. Cependant, là où l’on diffuse au moins un film par semaine, on
n’en voit aucun qui soit sénégalais.
Créé en 1989 et financé par le Ministère des Affaires étrangères français, CFI
est un organisme à but non lucratif. Il a pour mission de favoriser le
développement et la professionnalisation des télévisions dans les pays en
développement (Afrique et Océan Indien, Asie-Océanie, Europe centrale et
orientale, Monde arabe). CFI a ainsi développé un réseau de plus de 100
télévisions partenaires, auxquelles sont proposées, chaque année,
gratuitement, près de 5 500 heures de programmes, français pour la plupart, et
144
Il lui arrive de passer des films avant leur sortie à l’étranger
76
africains145. Aussi bien documentaires ou films d’animation, mais encore
œuvres fiction, l’éventail de programmes est très large. De là découle quelques
paradoxes :
D’une part CFI propose des programmes gratuits à des chaînes
publiques, qui sans cela, n’auraient pas les moyens de le faire ;
D’autre part, cette action déresponsabilise les chaînes télévisées en ce
sens qu’elles n’investissent pas dans la production audiovisuelle,
Le cinéma coûte cher. Nous l’avons déjà dit. L’action de CFI se situe aussi bien
au niveau de la coproduction que de l’achat des droits de diffusion. Selon
Joseph Sagna, la « diffusion » d’un film sur CFI rapporte neuf millions de
francs. Puisqu’il est impossible de rentabiliser un film par le circuit normal des
salles cela s’avère être une substantielle source de revenus. Car à la télévision,
la rentabilisation du produit filmique ne peut être envisagée que sur le long
terme.
Grâce à CFI, les chaînes africaines parviennent à passer des films africains.
Cependant, cette action connaît certaines limites.
Cet altruisme a cependant des limites. En effet, en habituant les chaînes à cette
gratuité des films, CFI crée une situation de déresponsabilisation, puisque ces
dernières n’investissent plus dans la production audiovisuelle. Celle-ci se situe
à un double niveau :
Les chaînes de télévisions perdent l’habitude d’investir dans les
productions nationales, préférant attendre que CFI les leur offre
gracieusement. Ce faisant, tous les films que CFI n’a pas achetés se
retrouvent ainsi à l’ombre.
En proposant des programmes, CFI assèche le marché de la production
audiovisuelle (d’émissions et de magazines particulièrement), créant un
cercle vicieux qui rendrait le Sud dépendant du Nord.
145
Rapport d’activité 2006, http://www.cfi.fr/IMG/pdf/RACFIfr.pdf
77
Au Sénégal, on est parvenu à une situation paradoxale. Il faut savoir qu’au
départ, la collaboration avec CFI est un échange entre télévisions africaines.
Cela veut dire que chaque chaîne, pour obtenir des images d’autres consoeurs,
doit produire un nombre égal d’heures consommées (par un système de débits
et de crédits). Ce système a l’heureux avantage de donner un coup de fouet à
la production audiovisuelle qui est ainsi lancée, tout au moins au niveau des
chaînes publiques146.
Première chaîne sénégalaise et seule télévision publique, elle assure par ce fait
une mission de service public à laquelle ses concurrentes ne sont pas
astreintes. Entre autres : la création, la recherche, la conservation, exploitation
du patrimoine national, la diffusion culturelle et l’action internationale, la
formation des hommes ainsi que l’expression des partis, l’information du
consommateur et promotion du cinéma. (Desmoulins, 1992, p.52)
146
Il est certain, que cela aurait un fort effet stimulant, qui gagnerait les autres chaînes concurrentes, un
cercle vertueux serait ainsi enclenché qui permettrait à un marché d’exister, et d’alimenter l’économie.
78
manœuvre financière est très limitée. Ce qui fait qu’elle ne peut acheter tous les
films qu’elle voudrait, et les cinéastes refusent de brader leurs films.
Toutes les personnes que nous avons interrogées ont été d’accord sur ce point,
la RTS1 leur propose des sommes dérisoires pour diffuser leurs films et parfois
veut leur faire payer ladite diffusion.
Il y’a là, un oubli patent de son rôle de service public, amnésie qui provoque
aussi celle du public, qui ne voyant pas son cinéma, le pense inexistant.
147
Alioune Fall, responsable des programmes de la RTS nous a rappelé que TV5 leur offrait aussi des
films
148
Nous n’avons pu rencontrer leur Directeur des programmes, malgré nos demandes répétées.
79
La RDV non plus ne diffuse pas de films sénégalais. Plus spécialisée dans le
film américain d’Hollywood, qu’elle acquiert de surcroît illégalement, on peut
supposer qu’elle ne soit pas encline à financer la diffusion des films sénégalais.
Un grand flou réside autour des cahiers de charges des chaînes de télévision.
Selon Abdou Aziz Cissé, il existe bien une clause qui prévoit un quota, non pas
de films sénégalais, mais « d’œuvres audiovisuelles sénégalaises.» Du coup, la
définition d’œuvre audiovisuelle étant très large, les chaînes télévisées, en
particulier la RTS1 ont trouvé des parades en y intégrant entre autres des
téléfilms, des émissions dédiées à la « culture sénégalaise » etc. Nous n’avons
pu consulter malgré nos tentatives, ces cahiers de charge.
80
6.3.2.6 Le théâtre filmé
A l’issue de cette analyse, nous allons effectuer dans la partie suivante des
propositions pratiques afin de faire évoluer les choses.
81
Amiens, Bamako, Carthage, Johannesburg, Marrakech,
Ouagadougou, Yaoundé, Londres, Milan, Namur, Venise, Los
Angeles, Montréal, New York. Autant de capitales qui célèbrent
chaque année dans le cadre de festivals les cinémas d’Afrique.
Tribunes d’exception pour un cinéma pratiquement réservé à
une élite tant les salles obscures sur le continent se font rares.
S’ils s’affichent à l’occasion de festivals, les cinémas d’Afrique
n’ont que rarement la chance d’avoir une seconde vie. Le petit
écran pourrait leur offrir cette opportunité, mais très souvent les
problèmes liés à la promotion et à la distribution, ou aux deux à
la fois, entravent ce parcours.
Denise Epoté DURAND, Directrice de TV5 Afrique
7 Recommandations
A l’issue de notre étude, nous préconisons deux solutions pour pallier les
problèmes du cinéma sénégalais à la télévision. D’une part des quotas de
diffusion, pour le faire connaître et d’autre part une émission dédiée, pour y
intéresser le public et le lui faire comprendre et aimer.
82
chaînes télévisées la programmation d’œuvres qui, sans cela, « ne seraient pas
programmées, au profit d’émissions jugées plus rentables.149»
Le patrimoine peut être défini comme étant l’ensemble des biens culturels qui
appartiennent à la nation :
L’enjeu d’une véritable politique du patrimoine consiste donc à sauvegarder, mais aussi
à faire revivre, pour le bonheur des générations actuelles et futures, ce qui constitue
l’un des trésors artistiques majeurs du XXe siècle. Serge Toubiana
149
La pertinence des quotas de diffusion, Van der Heijden Georgina et Tobelem Aurélie
www.u-
paris2.fr/deadtcom/telechargements/cours/franceschini/audiov_2006_pertinence_quotas_diffusion.pdf
83
7.1.1.2 La promotion des œuvres cinématographiques nationales
7.1.2.1 Pertinence
150
Lors d’un numéro de Autour du verbe, consacré aux problèmes du cinéma sénégalais, sur la RDV
84
un très grand danger qui est l’amnésie du public à l’endroit de sa mémoire
cinématographique.
7.1.2.2 Limites
9 La rémunération
Etant donné que les télévisions n’ont pas beaucoup de ressources financières,
cela pourrait amener les cinéastes, à privilégier une rémunération à long terme
plutôt qu’immédiate.
85
7.1.3 Mode opératoire
Comme nous l’avons déjà dit, les quotas ne peuvent s’insérer que dans un
programme de politique culturelle. Ils supposent un important volet administratif
et parlementaire avant d’être mis en place.
Les quotas ne peuvent être mus que par une volonté politique manifeste. Parce
que c’est une contrainte sur la programmation des chaînes télé. Ce qui peut
être vu comme une entrave à leur liberté commerciale. Dès lors, elle est plus
applicable à la télévision publique qu’à la télévision privée.
86
7.1.3.3 L’aspect juridique : les droits d’auteur et droits voisins
La difficulté réside cependant dans le calcul des droits voisins, qui rémunèrent
non pas le premier passage du film, mais les rediffusions. Cependant, il faudra
sans doute éviter à ce que ces droits voisins deviennent une entrave à la
rediffusion, comme ils l’ont été en France.
7.2 Au cinéma !
87
sont le Festival Image et Vie et le Festival du Film de quartier. On pourrait
ainsi nouer un partenariat avec les organisateurs des ces deux manifestations
(à savoir l’ONG Image et Vie et la société de production Les Films du quartier)
afin de passer les courts métrages qui ont été sélectionnés dans leurs
programmes.
Le magazine du cinéma
7.2.3 Contexte
7.2.3.1 Opportunités
88
Peu visible dans les médias, coupés de leur public, une vitrine telle qu’une
émission télévisée permettrait sans doute aux cinéastes de se faire connaître,
non seulement du public, mais aussi des potentiels « financeurs.»
7.2.3.2 Menaces
9 Incertitudes…
L’émission trouvera-t-il son public ? C’est une question qui se pose d’emblée,
non pas parce que l’émission soit unique en son genre, mais parce que le
téléspectateur sénégalais demeure une boîte noire.
7.2.4 Séquencier
Nous présenterons ici l’émission en détail : les différentes rubriques qui la
composent, le synopsis des émissions normales et des émissions spécial
festival.
7.2.4.1 Rubriques
9 Rencontre
Elle englobe toute l’émission. Ce seront des questions sur l’auteur, sa vision du
cinéma, des commentaires de l’actualité, des commentaires de films etc.
89
9 Les invités
Selon l’actualité du moment, Au cinéma ! invitera deux ou trois personnalités du
monde cinématographique, pour une courte interview.
9 Leçon de cinéma
C’est une rubrique nouvelle, qui présentera, d’une manière pédagogique un
aspect du cinéma. Elle durera cinq minutes, durant lesquelles, images à l’appui,
soit le présentateur, soit le réalisateur, va essayer d’expliquer sommairement ce
qu’est un plan, le montage, la réalisation, la direction d’acteur etc., les
différences entre les genres cinématographiques etc. A la fin, on proposera soit
des livres ou des sites web pour approfondir.
9 Actu’ciné
Cette rubrique passera en revue l’actualité cinématographique du moment,
nouveautés africaines, sénégalaises et mondiales. On y parlera aussi des
festivals etc.
Rubriques Minutage
Rencontre Tout le long de l’émission
Indications de tournage
Pour la réalisation, nous avons deux possibilités, faire le tournage en extérieur
ou en intérieur.
Î Extérieur
Ce sera une déambulation à travers les rues de Dakar et la rencontre avec le
réalisateur se ferait dans divers endroits.
90
Î Intérieur
Dans le cas d’un tournage en intérieur, l’émission pourra se passer dans une
salle de cinéma, ou dans un studio ou serait recrée cette ambiance «cinéma.»
7.2.5 Financement
91
Plutôt que de faire une analyse financière de l’émission, qui dépasserait sans
doute le cadre de ce mémoire, nous préférons indiquer un plan de sponsoring,
qui présentera les contreparties entre le sponsor et le magazine151.
9 Pourquoi Sponsoriser ?
151
CF. Annexe pour les différentes rubriques du Dossier de Sponsoring
92
Conclusion
Tout est dit, et l’on vient trop tard depuis plus
de sept mille ans qu’il y’a des hommes et qui
pensent. La Bruyère, in Les Caractères
Au final, on peut affirmer que les possibilités de promouvoir la télévision sont là,
et permettront de changer les choses, car le sort du cinéma, au Sénégal, est
93
désormais lié à celui de la télévision. Car maintenant, on ne peut plus penser le
cinéma d’une manière isolée, sa rentabilité ne peut plus provenir des seules
recettes en salles, comme le rappelle Olivier Barlet : « il n'est pas sûr qu'on
revienne un jour à une logique de salles, alors même que le petit écran
triomphe partout.»
Sans doute on pourra trouver là les limites d’un travail tel que le nôtre. Les
moyens d’approches de la promotion du cinéma à la télévision sont multiples.
Notre travail alors n’est qu’un premier pas. La promotion est tributaire d’une
bonne diffusion qui elle-même dépend d’une production suffisamment
alimentée.
Aussi, notre intérêt futur se porte-t-il du côté des relations collaboratives que
pourront nouer la télévision et le cinéma. Loin de se limiter au seul cadre
cinématographique, on pourra penser une nouvelle approche de leurs rapports,
à travers des échanges techniques (stylistiques diront certains) notamment à
travers les séries télévisées et le théâtre filmé. Ceci est une autre forme de
promotion, qui favorisera peut-être l’émergence d’une réelle industrie de
l’audiovisuel, rompant avec « l’informalisation » actuelle du secteur.
94
Bibliographie
BALLE Francis, Médias et Sociétés, Montchrestien, Paris, 2001
BINET J., BOUGHEDIR F., BACHY Victor, Cinéma noirs d’Afrique, Revue
CinémAction, Edition l’Harmattan, Paris, 1983
95
Documents de la Direction de la Cinématographie
Articles
Maya V.Z., Chucky et Youssouf C. Diatta, Dakar sans grand écran, le cinéma
est-il mort ? Le 221 N°22, Janvier 2007
96
Entretien d'Olivier Barlet avec Charles Mensah, Le prix à payer
http://www.sudplanete.net/index.php?menu=arti&no=5816
97
Annexes
ANNEXE 1 : LISTE DES PERSONNES INTERROGEES ..............................................................................................99
ANNEXE 2 : GRILLES D’ENTRETIEN..................................................................................................................100
ANNEXE 3 : MISSIONS DE LA DIRECTION DE LA CINEMATOGRAPHIE ...............................................................103
ANNEXE 4 : CODE DE L’INDUSTRIE CINEMATOGRAPHIQUE ET AUDIOVISUELLE ...............................................106
ANNEXE 5 : TABLEAU DE PRESENTATION DES SALLES EN EXPLOITATION AU SENEGAL ...................................110
ANNEXE 6 : TABLEAU DE PRESENTATION DES SALLES FERMEES ......................................................................111
ANNEXE 7: FICHE TECHNIQUE SIA, LE REVE DU PYTHON .................................................................................112
98
Annexe 1 : Liste des personnes interrogées
99
Annexe 2 : Grilles d’entretien
1. Présentation
1.1. Fonction
1.2. Dernier film réalisé ou produit
2. Situation du cinéma sénégalais
2.1. Quels sont les principaux problèmes du cinéma sénégalais ?
2.2. Pourquoi est-ce que le Cinéma sénégalais est si peu visible ?
2.3. Existe-t-il un manque de promotion ?
3. Promotion du Cinéma à la TV
3.1. Que pensez-vous de la situation de la promotion du cinéma
sénégalais à la télévision ?
3.2. Pourquoi est-ce qu’il n’y a pas de promotion ? A cause d’un
déficit de production ou d’une absence de volonté politique ?
3.3. Les quotas vous semblent-ils être une mesure efficace ?
3.4. Que pensez-vous d’une émission sur le cinéma sénégalais ?
3.5. Promouvoir le cinéma à la télé, ne serait-ce pas favoriser la
visibilité, au détriment de la rentabilité immédiate ?
3.6. Quelles autres mesures faudrait-il prendre pour corriger
l’absence de films sénégalais à la télévision ?
1. Présentation
2. Situation du cinéma sénégalais
2.1. Quels sont les principaux problèmes du cinéma sénégalais ?
2.2. Pourquoi est-ce que le Cinéma sénégalais est si peu visible ?
2.3. Existe-t-il un manque de promotion ?
2.4. Que deviennent les RECIDAK ? Pourquoi ont-elles été
arrêtées ?
3. Promotion du Cinéma à la TV
3.1. Existe-t-il des quotas de diffusion à la télévision ?
3.2. Existe-t-il des quotas de production à la télévision ?
100
3.3. Que pensez-vous de la situation de la promotion du cinéma
sénégalais à la télévision ?
3.4. Pourquoi est-ce qu’il n’y a pas de promotion ? A cause d’un
déficit de production ou d’une absence de volonté politique ?
3.5. Les quotas vous semblent-ils être une mesure efficace ?
3.6. Que pensez-vous d’une émission sur le cinéma sénégalais ?
3.7. Promouvoir le cinéma à la télé, ne serait-ce pas favoriser la
visibilité, au détriment de la rentabilité immédiate ?
3.8. Quelles autres mesures faudrait-il prendre pour corriger
l’absence de films sénégalais à la télévision ?
Axes de discussion :
1. La RTS1 et la culture
2. La RTS1 le cinéma
3. La RTS1 et le cinéma sénégalais
101
4.2. Les quotas vous semblent-ils être une mesure efficace ?
4.3. Que pensez-vous d’une émission sur le cinéma sénégalais ?
4.4. Promouvoir le cinéma à la télé, ne serait-ce pas favoriser la visibilité, au
détriment de la rentabilité immédiate ?
4.5. Quelles autres mesures faudrait-il prendre pour corriger l’absence de films
sénégalais à la télévision ?
102
Annexe 3 : Missions de la Direction de la Cinématographie
REPUBLIQUE DU SENEGAL
Un Peuple - Un But - Une Foi
--------------
MINISTERE DE LA CULTURE
--------------
DIRECTION DE LA CINEMATOGRAPHIE
--------------
LE DIRECTEUR
103
11. organiser la diffusion du film cinématographique et audiovisuel à des fins
culturelles et non lucratives par divers supports dont notamment les ciné-
bus ;
18. acquérir les droits non commerciaux des films et documents audiovisuels
dont elle assure la diffusion à des fins non lucratives et pour les besoins
d'animation culturelle, de formation et de sensibilisation ;
104
27. mettre en place et coordonner les activités du Comité sénégalais de
Sélection des Films et des Projets liés à l'industrie cinématographique et
audiovisuelle ;
105
Annexe 4 : Code de l’industrie Cinématographique et audiovisuelle
Ces textes ont été adoptés par le Conseil des Ministres en juin 2004.
Ils concernent :
B - I - Autorisations De Tournage
Le tournage non autorisé est puni par la confiscation des négatifs du film
et d'une amende de 3.000.000 F CFA à 10.000.000 F CFA pour le long
métrage et de 1.000.000 F CFA à 5.000.000 F CFA pour le court métrage.
N.B. : La seule observation qui a été faite lors du 1er passage des textes
en Conseil des Ministres, est la faiblesse de la redevance, mais celle-ci a été
proposée sur la base d'un prix plancher appliqué dans d'autres pays africains
comme l'Afrique du Sud, le Kenya et le Maroc.
Elle est une structure prévue par la loi n° 2002-18 du 15 avril 2002
portant règles d'organisation des activités de production, d'exploitation et de
promotion cinématographiques et audiovisuelles.
106
Tenant compte de l'importance du secteur de l'audiovisuel dans la
communication, la formation et la culture, le gouvernement de la République a
pris des initiatives et mis en place ce mécanisme qui est une opportunité pour
soutenir et autofinancer les activités de l'industrie cinématographique par la
modernisation des structures et équipements techniques.
Il sera tenu sous la responsabilité d'un conservateur qui reçoit les dépôts
des titres qui comprennent les cessions, les apports, les transferts, les
délégations, le nantissement, les conventions, les décisions de justice et
sentences.
B - IV - La Billetterie Nationale
Les recettes générées doivent être réparties entre les ayant droits.
- le producteur
107
- le distributeur
- l'exploitant
- la collectivité locale concernée
B - V - La Carte Professionnelle
Aussi, sur la base d'expérience acquise par la pratique et prouvée sur les
plateaux de tournage, des vocations naissent et des cinéastes s'affirment.
- la réalisation
- la production
- l'écriture du scénario
- l'administration
- la prise de vue
- la prise de son
- la direction artistique
- la décoration
- le montage
- le maquillage
- l'électricité et la machinerie
- la photographie
- le plateau
- l'habillement
- les conseillers (effets spéciaux, cascadeurs, dresseurs…)
- la distribution et l'exploitation cinématographique
- la télévision
- les effets spéciaux
- le laboratoire photo
- la caricature et le dessin
- la projection de film
- les dessins animés
- le multimédia, jeux vidéo, livres interactifs
108
revendication récurrente des acteurs et opérateurs culturels du 7ème Art depuis
plusieurs années.
109
Annexe 5 : Tableau de présentation des salles en exploitation au
Sénégal
110
Annexe 6 : Tableau de présentation des salles fermées
Nom de la Salle de
Localisation Capacité Etat Actuel
cinéma
Centre ville Démoli projet
LE PARIS 800 places d’hôtel152
(Dakar)
Centre ville Immeuble de
VOG 400 places rapport
(Dakar
Centre ville En cours de
800 places démolition
ABC (Dakar
Centre ville Centre
800 places commercial
PLAZA (Dakar)
Avenue
REX 800 places Fermé
Faidherbe
Centre ville Centre
EL MALICK 800 places commercial
(Dakar
Avenue 1.000 Centre
ROXY Blaise Diagne places commercial
1.500
AL AKBAR Niarry Tally Eglise
places
EL MANSOUR Rue 10 1.500
Fermé
Dakar places
LUX Colobane 800 places En transformation
NGOR Ngor 800 places Imprimerie
Centre
MAGIC Hlm 5 800 places commercial
152
Cependant, il est prévu, selon le Directeur de la Cinématographie, la construction, sur le même lieu
d’un autre cinéma, de 250 places celui-ci.
111
Annexe 7: Fiche technique Sia, le rêve du python
Source : www.sialefilm.com/fr
Synopsis
Koumbi est une cité dominée par un empereur, maître de l´univers. Elle est
frappée par la misère. Pour lui redonner prospérité, les prêtres de l´empereur
doivent pratiquer un sacrifice humain habituel auquel le peuple ne croit plus.
Sia est désignée pour le sacrifice. Mais elle est fiancée à Mamadi, un vaillant
lieutenant de l´armée. Celui-ci apprenant la décision se rebelle et parvient à
éviter le sacrifice de sa belle.
Le pouvoir change de main, mais le mensonge qui le régit demeure. Sia en a
conscience, elle qui a été violée par les prêtres, s´est attachée au discours de
Kerfa, un vieux fou à la parole sage mais subversive.
Contre toute attente, au lieu de se coiffer de la couronne d´impératrice que lui
offre son fiancé nouveau maître de la ville, Sia prendra la route, comme Kerfa
l´a fait avant elle, afin de faire prospérer une parole de paix et de justice. Parole
qui passe par une sorte d´anathème sur la ville et ses habitants qui ne
parviennent pas à tirer les leçons de l´histoire.
Distinctions
112
Genre Fiction
Année 2001
Durée 96 minutes
Support 35 mm - couleur - Fenêtre 1,85
Visa d'exploitation numéro 97516
Langue Bambara
Sous-titres Français, Anglais, Allemand
Sous titrage LVT
Son DTS stéréo
Pellicule Fuji
Matériel caméra DCN & Cinécam
Matériel machinerie Ross Production
Repiquage DCA
Mixage musique Studio Capitale
Mixage son Studio des 3 Arts
Laboratoire Neyrac
Équipe technique
113
Ester Marty Kouyaté
Abdou Ouolo’s
Christophe Dupuy
Photographes Didier Bergounhoux
Ibrahim Ware
Habilleuse Martine Some
Maquilleuse Aminata Kaboré
Bill Mamadou Traoré
Accessoires
Amara Traoré
Machinerie Abel Naba
Lumière Hassane Maiga
Groupman Seydou Ouédraogo
Chef cuisinier Adolphe Kaboré
114
Annexe 8 : Plan du dossier de Sponsoring
1. Présentation
1.1. Le concept
1.2. Les rubriques
1.3. Synopsis
2. Intérêt de l’émission et Contexte
2.1. Pertinence
2.2. Contexte
3. Budget
4. Plan de sponsoring
5. Composition de l’équipe
115
Table des matières
REMERCIEMENTS ................................................................................................................................. 3
SOMMAIRE .............................................................................................................................................. 4
INTRODUCTION ..................................................................................................................................... 6
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE ................................... 10
1 CONTEXTE DE L’ETUDE .......................................................................................................... 11
1.1 LE CINEMA MONDIAL............................................................................................................... 12
1.2 LE CINEMA AFRICAIN ............................................................................................................... 14
1.3 LES MEDIAS ET LA CULTURE .................................................................................................... 17
2 CADRE THEORIQUE .................................................................................................................. 20
2.1 REVUE CRITIQUE DE LITTERATURE .......................................................................................... 20
2.2 PROBLEMATIQUE ..................................................................................................................... 26
2.3 HYPOTHESES ........................................................................................................................... 28
3 CADRE METHODOLOGIQUE .................................................................................................. 29
3.1 CADRE DE L’ETUDE ................................................................................................................. 29
3.2 DELIMITATION DU CHAMP D’ETUDE ........................................................................................ 29
3.3 METHODES ET SUPPORTS RETENUS .......................................................................................... 29
3.4 ENSEIGNEMENTS TIRES DU TERRAIN ........................................................................................ 30
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DU CINEMA NATIONAL ET DU PAYSAGE
TELEVISUEL SENEGALAIS ............................................................................................................... 31
4 LE CINEMA NATIONAL ............................................................................................................ 32
4.1 LES STRUCTURES ..................................................................................................................... 32
4.1.1 Les institutions d’Etat : une gestion erratique ................................................................... 32
4.1.2 Le CINESEAS ou Cinéastes sénégalais Associés............................................................... 34
4.1.3 Le Fonds de Promotion Cinématographique ..................................................................... 35
4.2 LE FINANCEMENT .................................................................................................................... 36
4.2.1 Les aides nationales........................................................................................................... 36
4.2.2 Le financement international ............................................................................................. 37
4.3 LA PRODUCTION ...................................................................................................................... 39
4.3.1 Le paradoxe sénégalais : cumul des rôles ......................................................................... 40
4.3.2 La production sénégalaise ................................................................................................. 41
4.4 LA DISTRIBUTION, L’EXPLOITATION ET LA PROMOTION ........................................................... 43
4.4.1 La diffusion ........................................................................................................................ 43
4.4.2 La promotion...................................................................................................................... 46
5 LE PAYSAGE TELEVISUEL SENEGALAIS ........................................................................... 47
5.1 LA TELEVISION PUBLIQUE : LA RTS ........................................................................................ 48
5.2 LA TELEVISION PRIVEE ............................................................................................................ 49
5.2.1 2STV................................................................................................................................... 49
5.2.2 RDV.................................................................................................................................... 49
5.2.3 WALF TV ........................................................................................................................... 49
5.2.4 NBN (News Box Network).................................................................................................. 50
5.2.5 CANAL INFOS................................................................................................................... 50
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DE LA SITUATION ET RECOMMANDATIONS................ 51
6 ANALYSE DE LA SITUATION .................................................................................................. 52
6.1 UN CINEMA SOUS-DEVELOPPE ? .............................................................................................. 52
6.1.1 Faiblesses structurelles...................................................................................................... 53
6.1.1.1 Une production sous perfusion…............................................................................................ 53
6.1.1.2 Une diffusion sinistrée ............................................................................................................ 55
6.1.1.3 L’absence de politiques culturelles ......................................................................................... 58
6.1.2 Un public absent ? ............................................................................................................. 60
116
6.1.2.1 Cinéma d’auteur et cinéma populaire...................................................................................... 60
6.1.2.2 Le public du cinéma africain................................................................................................... 62
6.1.3 Des initiatives..................................................................................................................... 63
6.1.3.1 Africa Cinémas : pour une relance de la diffusion .................................................................. 63
6.1.3.2 Alternatives virtuelles ............................................................................................................. 65
6.1.3.3 Les organismes internationaux................................................................................................ 66
6.2 LE CINEMA SENEGALAIS ET SA PROMOTION ............................................................................. 68
6.2.1 Déficit de production ......................................................................................................... 68
6.2.1.1 Longs métrages ....................................................................................................................... 68
6.2.1.2 Courts métrages ...................................................................................................................... 69
6.2.2 Absence d’un circuit de diffusion....................................................................................... 69
6.2.2.1 Des salles inexistantes............................................................................................................. 69
6.2.2.2 Des festivals............................................................................................................................ 70
6.2.3 Rôle de l’Etat ..................................................................................................................... 70
6.2.3.1 Aide insuffisante ..................................................................................................................... 70
6.2.3.2 Désengagement ? .................................................................................................................... 71
6.3 LA PROMOTION DU CINEMA SENEGALAIS A LA TELEVISION ..................................................... 72
6.3.1 Etat des lieux...................................................................................................................... 72
6.3.1.1 La culture à la télévision ......................................................................................................... 72
6.3.1.1.1 Les émissions culturelles ................................................................................................... 72
6.3.1.1.2 La cacophonie musicale..................................................................................................... 74
6.3.1.2 La part du cinéma.................................................................................................................... 75
6.3.1.2.1 Le cinéma étranger ............................................................................................................ 75
6.3.1.2.2 Le cinéma sénégalais ......................................................................................................... 76
6.3.2 Les causes de l’absence ..................................................................................................... 76
6.3.2.1 CFI : le double visage ............................................................................................................. 76
6.3.2.1.1 Un altruisme de bon aloi.................................................................................................... 77
6.3.2.1.2 Des limites à l’altruisme .................................................................................................... 77
6.3.2.2 La situation de la RTS1........................................................................................................... 78
6.3.2.3 La situation des chaînes privées .............................................................................................. 79
6.3.2.4 La faiblesse de la production................................................................................................... 80
6.3.2.5 Le non-respect des cahiers de charge ...................................................................................... 80
6.3.2.6 Le théâtre filmé....................................................................................................................... 81
7 RECOMMANDATIONS............................................................................................................... 82
7.1 LES QUOTAS ............................................................................................................................ 82
7.1.1 Rôle des quotas de diffusion............................................................................................... 82
7.1.1.1 La protection et la valorisation du patrimoine culturel............................................................ 83
7.1.1.2 La promotion des œuvres cinématographiques nationales ...................................................... 84
7.1.2 Pertinence et limites........................................................................................................... 84
7.1.2.1 Pertinence ............................................................................................................................... 84
7.1.2.2 Limites .................................................................................................................................... 85
7.1.3 Mode opératoire................................................................................................................. 86
7.1.3.1 Termes préalables ................................................................................................................... 86
7.1.3.2 Conditions d’application ......................................................................................................... 86
7.1.3.3 L’aspect juridique : les droits d’auteur et droits voisins.......................................................... 87
7.2 AU CINEMA ! ........................................................................................................................... 87
7.2.1 Présentation du concept..................................................................................................... 87
7.2.2 Pertinence du concept........................................................................................................ 88
7.2.3 Contexte ............................................................................................................................. 88
7.2.3.1 Opportunités............................................................................................................................ 88
7.2.3.2 Menaces .................................................................................................................................. 89
7.2.4 Séquencier.......................................................................................................................... 89
7.2.4.1 Rubriques................................................................................................................................ 89
7.2.4.2 Synopsis Au cinéma ! ............................................................................................................. 90
7.2.4.3 Synopsis Au cinéma ! Côté court............................................................................................ 91
7.2.4.4 Synopsis émissions spécial festivals ....................................................................................... 91
7.2.5 Financement....................................................................................................................... 91
CONCLUSION ........................................................................................................................................ 93
BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................................... 95
ANNEXES ................................................................................................................................................ 98
TABLE DES MATIERES..................................................................................................................... 116
117