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Cour d' Appel d' Aix-en-Provence ‘Tribunal de Grande Instance de Marseille 1A ch, COLL Correetionnelle tes i A titre de renseignements N? minute N° parquet 14080000024 Affaire Plaidée te 04/11/2014 Décision prononeée le 20/01/2015 JUGEMENT CORRECTIONNEL du vingt janvier deux mille quinze A Waudience publique du Tribunal Correctionnel de Marseille te quatre novembre DEUX MILLE QUATORZE, Composition du tribunal tors des débats : Président: Monsieur CASTOLDI Fabrice, premier vice-président, Assesseurs: Monsieur PIERRE Jean-Luc, vice président, Monsieur RETAILLEAU Jutien, vice président, on présence de Madame KASSE Shéryne, auditrice de justice, Assisté(s) de Madame GOUIN Aurélie, greffigre, en présence de Madame DIWO Claire, vice-procareur de la République, Composition du tribunal lors du délibéré Président: Monsicur CASTOLDI Fabrice, premier vice-président, Assesseurs; Monsieur PIERRE Jean-Luc, vice président, Monsieur RETAILLEAU Julien, vice président, a &té appelée Paffaire, Je tribunal ayant mis 'affaire en délibéré i audience du 6 janvier 2015 le tribunal ayant prorogé le délibéré & Pandience du 20 janvier 2015 Page 1/13 ENTRE + PARTIE CIVILE : Monsieur FRATANT Mare, demeurant MARSEILLE 7EME, partie civile poursuivante, ‘comparant sisté de Maitre MARTINI Catherine avocat au barreau de MARSEILLE, Monsieur le PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE, pres ce tribunal, partie jointe er Prévenu Nom : MENNUCCI Patrick, Leon, Hugues né le 8 avril 1955 4 MARSEILLE (Bouehes Du Rhone) de filiation non renscignée Nationalits; frangaise Situation familial: non renseignée Situation professionnelle Antécédents judiciares : jamais condamné(e) demeurant : 13007 MARSEILLE 7EME FRANCE Situation pénale : libre ‘comparant assisté de Maitre DUPUY Béatrice avocat au barreuu de MARSEILLE, Prévenu du chef de : DIFFAMATION ENVERS PARTICULIER(S) PAR PAROLE, BCRIT, IMAGE OU MOYEN DE COMMUNICATION AU PUBLIC PAR VOIE ELECTRONIQUE faits commis fe 26 février 2014 DEBATS A Tappel de la cause, fe 4 niovembre 2014, le président, aprés avoir informé la personne, de son droit d’étre assistée par un interpréte, a constaté la présence et Pidentité de MENNUCCT Patrick et a donné connaissance de Pacts qui a sasi le tribunal ‘Le président a informé MENNUCCI Patrick de son droit, au cours des débats, de faire des déclarations, de répoudre aux questions qui lui sont posées ou de se tare, MENNUCCI Patrick a précisé qui souhaitait répondre aux questions et faire des déclarations, Page 2/13 Maitre DUPUY Béatrice, conseil de MENNUCCI Patrick a prévisé qu'elle n'entendait plus soutenir et développer les nultités précédemment soulevées, Le président a instruit Maffaire, interrogé fe prévenu présent sur les faits et regur ses déclarations FRATANI Marc a été entendu en ses demandes, son avocat ayant plaidé. Le ministére public sien est rapporté Maitre DUPUY Béatrice, conseil de MENNUCCI Patrick a éé entendu en sa plaidoirie, Le prévenu a eu la parole en dernier Le greffier a tenu note du déroulement des débats. Puis & Hissue des débats tenus a audience du quatre novembre deux mille quatorze, le tribunal a informé [es partios présentes ou réguliérement représentées que le jugement serait prononeé le 6 janvier 2015 4 1400 devant fa 11éme chambre correctionnelle section A. Le 6 janvier 2015, te Président, Monsieur CASTOLDI Fabrice, a informé les parties présentes ou réguliérement représentées que le jugement serait prononcé le 20 janvier 2015 a 14800 devant la 1léme chambre correctionnelle section A. Assisté de Madame GOUIN Aurélie, greffiére, et en présence du ministére public. A cette date, vidant son délibéré conformément & la loi, le Président, Monsieur CASTOLDI Fabrice, premier vice-président, a donné lecture de la décision, en vertu de larticle 485 du code de procédure pénale, Assisié de Madame GOUIN Aurélie, areffiere, et en présence du ministére public, Le tribunal a délibéré ct statué conformément a la loi en ces termes : MENNUCCI Patrick a été cité & comparaitre & faudionce du 15 avril 2014 & 14h00 (119A), 4 la demande de Monsieur FRATANI Mare, partie civile poursuivante, selon acte d'huissier de justice en date du 14 mars 2014, délivré & personne. MENNUCCI Patrick n'a pas comparu: & Taudience du 15 avril 2014 ; mais était réguligrement représenté par son conseil muni d’un mandat. Par jugement en date du 15 avril 2014, fe tribunal a ordonné le renvoi de Paffaice A audience du 24 juin 2014 & 14h00 11°A ; a fixé 4 mille deux cents curos (1200 euros), le montant de la somme a verser par Marc FRATANI au régisscur de ce tribunal, avant le 15/05/2014, sous peine de non recevabilité de la citation directe, La partie civile a consigné fa somme ordonnée par le tribunal le 14 mai 2014 (fiche 2014/41), Page 3/13 A audience du 24 juin 204, MENNUCCI Patrick n'a pas compare ; mais était réguliérement représenté par son conseil muni d'un mandat. Par jugement du 24/06/2014, le tribunal @ ordonné le renvoi de Vaffaire & audience du (02/09/2014 & i4h00 112A, te conseil de la partie civile ayant sollicité le renvoi MENNUCCI Patricic n'a pas comparu a Yaudience du 02 septembre 2014, mais était réguliérement représenté par son conseil muni d'un mandat. Le tribunal a ordonné le renvoi contradiotoire de V'affaire a faudience du 04 novembre 2014 A 14h00 devant la | !éme chambre correctionnelle section A. MENNUCCI Patrick a comparu & audience du 04 novembre 2014, assisté de son conseil ily a lieu de statuer contradictoirement & son gard. MENNUCCI Patrick est prévenu ~comme, auteur, du délit de diffamation publique envers un particulier, délit préve et i par les articles 29 all, 32 all de la Loi du 29 juillet 1881 en tenant le 26 évtier 2014 sur les ondes de fa chaine d'information BM TV les propos reproduits ci-aprés en caractéres gras, qui portent atteinte & Thonneur et & la considération de Monsieur Mare FRATANI « Bcoutes-moi, je n'ai pas Francois HOLLANDE coume directeur de campagne, mais Je sais gui est le divecteur de campagne de Jean Claude CAUDIN (..) ef puis depuis quelques .. jours il a un directeur de communication qui est Mare FRATANT, Fancien garde du corps de Bernard TAPIB, qui vient de prendre position pour I, sans doute donnant une indication au milicw du banditisme de ce qu'il faut faire & Marseille, done je, je, je constate.. Je parle de Marc FRATANL.. qui donne des indications, qui maintenant se permet de donner ce type d'iadications () Motifs de la décision Le rappel des faits. de la procédure et des arguments invoques Linterventic yp Mennucei et fa citation directe du 14 mors 2014 Monsieur Patrick Mennucei est député de te quatriéme circonscription des Bouches du Rhéne. Candidat aux derniéres élections municipales de Marseille i a été interviews par Madame Ruth Elkrief lors d’une émission diffusée en direct te 26 février 2014, vers (9h40, par la chaine d’information en continu BFM TV, Sur le fondement d’un constat d’huissier du 3 mars 2014 contenant retranseription partielle du contenu de cette émission et capture des images et bandeaux écrits correspondants, Monsieur Fratani soutient, selon citation directa du |4 mars 2014, que certains des propos tenus lors de cette intervention, repris en gras ci dessus, sont constitutifs du délit de diffamation publique envers un particulier. Page 4/13 Monsieur Fratani considére en effet “gu'en lassociamt au miliew et en lui préiam Ia copacité d'influencer le banditisme”, Monsieur Mennucci " vise & accréditer Vidée qu'l ogirait auprés de la mafia locate pour influencer te résultat dams Vintérée d'un des candidats en Tice”. 11 estime done qu'en assimilant “ 4 1 intermédiaire proche du milieu cuvrant en coulisses pour tenter d'influencer le rrésultat électoral”, le prévenu allégue d'un fait précis qui porte atteinte & son honneur et a sa considération, Monsieur Fratani souligne aussi que la portée des propos tenus doit sinterpréter “ dans le contexte particulier de fa vie marseillaise et du sens revétu par Vemploi des termes milieu et banditisme”. La partie civile reléve également que Monsieur Mennucci a cité son nom a deux reprises, réitérant par ailleurs trois fois Iidée selon laquelle “ if donnerait des indications de vote au milieu”. 1 fait par ailleurs remarquer que les aliégations diffamatoires ont été tenues “ sur la principale chaine d'information continue et d une heure de grande écoute”. Liintervention a été diffusée plusieurs fois. Elle resterait accessible sur le lien “Biinty /politique/Menucei/", 1] précise enfin“ qu’en indiguant qu'il serait le directewr de communication de Monsieur Gaudin et qu'il aurait suivi ue formation de garde du corps, propos grotesques en eux mémes” Monsieur Mennucci " ajoute au préjudice subi”. La pattie civile réclame en conséquence 20 000 € A titre de dommages et intéréts outre indemnité de 5000 € sur le fondement de article 475-1 du code de procédure pénale. Monsieur Frateni soubaite en parailéle que te tribunat ordonne a titre de mesure complémentaire * la publication itégrale du jugement @ intervenir dans le Journal La Provence et sur le site Internet de Campagne de Monsieur Mennucci”. Cotte citation directe a été notifige au ministére public le 17 mars 2014. Lofire de prewe du 21 mars 2014. Monsieur Mennucei a régularisé, par acte d’huissier du 21 mars 2014, une offre de preuve de vérité relative aux propos inerimings suivants : “Qui est Marc Fratani... Vancien garde du corps de Bernard qui vient de prendre position pour tui, sans doute domnant une indication au miliew du banditisme de ce qu'il fut faire & Marseille” Ise prévaut é ce titre et pour en établir la véracité de cing pices de procédure extraites dune information pénale instruite par un magistrat de ta juridict interégionale spécialisée de Marseille Le pretnier procés verbal de police versé aux débats est daté du 30 avril 2010, Il a pour objet létude de ta facturation détaillée dune ligne téléphonique identifiée ‘comme appartenant & Monsieur Léon Fragione. Le second a été rédigé le 10 mai 2010 et concemne I’analyse comparative des facturations téléphoniques détaillées des cortespondants du publiphone du bar “ les Page 5/13 boule Le toisiéme document correspond 4 la demande de mise sous surveillance technique, effectuée le 11 mai 2010, de fa ligne téléphonique attribude Monsieur Fragione. Le quatriéme procés verbal ctabli fe 1! mai 2010, porte sur l'environnement du méme Fragione. La demiére correspond au procés verbal de la premiére comparution de Monsieur Fragione devant le juge «instruction, le 10 décembre 2010, Cette pidce est cotée D 11673 4D 11680, La procedure d'audience La procédure pénale initiée par Monsieur Fratani a été appelée & audience du {5 avril 2084, Ce demier a versé dans le délai prescrit la consignation de 1200 € mise & sa charge. Le dossier a été renvoyé successivement et & la demande de [une ou de Pautre des parties a l’audience du 24 juin puis a celle du 2 septembre 2014 Liaffaire @ été retenue et plaidée du 4 novembre 2014. Le délibéné, initialement fixé au 6 janvier 2015, a été prorogé 4 l’audience de ce jour, Monsieur Fratani était présent et assisté, 11a été eniendu parle tribunal, Le ministére public s’en est rapporté Monsieur Mennucei était présent et assisté. It a été entendu parle tvibura Les arguments invagués par Monsieur Mermucei Aux termes des écritures visées a "audience du 4 novembre 2014, Monsieur Mennucci expose que deux allégations distinetes fui sont imputées. II soutient que le second passage dénoncé “ gui dome des indications, qui maintenant se permet de donner ce type d'nalications” n'est pas en lien étroit avec le premier et “1 impute rien de précis @: Monsieur Fratani mais porte wn jugement sur son comportement dans la campagne électorale”. Ce propos ne * [ui impute { notamment pas} pas de donner des consignes au milien du banditisme mais simplement de se méler publiquement de la campagne électorale alors qu'il n'a mulle giualié pour se faire”. Monsieur Mennucei conclut done a la relaxe de ce chef. S'agissant du premier passage reproché, ie prévenu soutient qu'il s'agie dune allégation partiellement vraie et pow le surplus imprécise et non diffematoire” ie L'imputation précise qui consiste & accuser Monsieur Fratani Wadmet * Page 6/13 de donner des indications an miliew du banditisme et done d’eniretenir des liens avec Je miliew du banditisme * peut éure considérée comme attentive a Phonneur et @ la consideration de ce dernier, Monsieur Mennucei estime cependant que les cing documents communiqués au titre de Poffie de preuve suffisent a établir la véracité de cette allegation diffamatoire aux motifs que Monsieur Fratani entretient bien des relations avec le milieu du banditisme dans la mesure oii il est I’ami d’enfance de Monsieur Fragione ‘mis en examen pour Paide apportée & Monsieur Bernard Baresi lui méme poutsuivi Pour crime. Ita été en relation téléphonique avec Monsieur Pragione “ rout aut fong de Vannée 2010 sur une période ow celui ci est précisément accusé d'avoir illicitement apporté de l'aide & Monsieur Baresi. Il est enfin présenté “ par la police comune un proche du fugitif Franck Barresi et @ tout le moins cone une relation plus ou moins airecte de ce fugitif’ Pour le prévenu, fe reste de l’imputation selon laquelle la partie civile “donne des indications de ce qu’il faut faire & Marseille” »’est ni précise, ni diffamatoire, Elle ne peut faire Pobjet de preuve contraire et ne se trouve done pas pénalement répréhensible. Monsieur Mennucei revendique a titre subsidiaire le bénéfice de la bonne foi cn soulignant que “ que le débat qui s'est élevé autour des municipales & Marseille etait un débat d'intérét général , ajoutant qu'il était” directement impliqué dans les ‘Faits dont il témoignait * et précisant enfin que ce débat s inscrivait dans un contexte de polémique politique et Electoral”, A.ce titre , il rappelle que Monsieur Fratani avait soutenu, dans le cadre dune interview publige par le journal “Le Point ” le 24 février 2014, la candidature de Monsicur Gaudin. S'agissant du contenu de ses déelarations, Monsieur Mennucct fait observer “ qu'il disposatt d'une base factuelle suffisaate et sérieuse pour affirmer que Monsieur Fratani entretenait des liens avec le milieu du banditisme”, se référant aux extraits de livee et aux coupures de presse suivants qui évoquent cette situation - ouvrage “ Le Flambeur” consacré en 1994 & Monsieur Tapie ~ ouvrage “ Le Pen en Provence” publié en 2004 ~ ouvrage “ Les Parrains du siécle” paru en 2011 ~ ouvrage * Marseille Ma Ville” écrit en 2014 ~ article publié par le journal “ L’Humanité” le 15 mai 1998 + article publié par fe journal “ Le Monde” le 15 janvier 2013 Dans ces conditions, Monsieur Mennucei estime que Minfraction reprochée rest ni constituée, ni punissable, Il conclut done a sa relaxe. Il demande au surplus que Monsieur Fratani soit condamné & lui payer “ 5000 € a sitre de domnages ef intéréts pour procédure abusive et téméraire”. Les arguments invoqués par Monsieur Frotani En réplique et selon les conclusions visées & audience du 4 novembre 2014, Monsieur Fratani " conclut au caractére irrecevabie de I'offre de prewve pour non respect du formalisme prévu par Varticle R 156 du code de procédure pénale” Page 7/13 La partie civile estime en outre " gue si l'article 35 de la loi du 29 juillet 1881 autorise la production de pices extraites d'ume procédure d'enquéte, d'une instruction ou de fa violation d'un secret professionnel” ta teneur de ce texte qui Stinscrit dans le contexte de la loi sur la presse " impligue qu il s‘agisse d'une affaire en cours susceptible d intéresser le grand public Monsieur Fratani invoque par ailleurs fe bénéfice des dispositions larticle de Particle 10 de lk CEDH qui assure ta protection de la réputation et des droits d'autrui dans fa mesure en particulier ou les piéces praduites “sont issues d'une enquéte dans lequelle il n'a été poursuivi ni en qualité d'autew ou coauteur, ni en celle de complice” 1 ajoute que fa procédure en question est antérieure de quatre ans aux propos tenus. Elle est sans tien avec |'élection municipale, Il remarque également que le prévenu “1 ait pas impliqué dans ta procédure dont les pidces sont exiraites et ne justifie pas se trouver dans l'urgence de l'information destinée aw grand public qui (pése sur la journaliste professionnelle”, Monsieur Fratani indique aussi que son casierjudiciaire est vierge. Sur le fond, il estime que constitue une diffamation “ fe fait d'érablir wa tien Centre tui} et un certain miliew marseillais induisant que [son] engagensent serait suivi par ce milieu” La partie civile rappelle au demeurant que 'ofite de preuve, pour produire effet prévu par ta Joi, doit étre parfaite, compléte et corrélative en toutes ses dispositions aux imputations formutées dans leur aeceptation, leur matérialité et leur portée. Monsieur Fratani souligne a cet égard que les pidces pénales produites “ne démontrent pas son appartenance réelle ou présumée ui milieu Marseillais pas plus que son role de parram électoral”, Biles révélent simplement “ qu'il a ex des relations épisodiques avec Vim des ses amis de jeunesse, Monsiaur Fragione, esquelles w ont pas dépassé deux entretions sur ta dure de investigation”. La partie civile considére par ailleurs que les conditions de la bonne foi, dont se prévaut 4 titre subsidiaire Monsieur Mennucci, ne sont pas établies. Il prétend en premier lieu que les propos proférés & son encontre, pour tenter nuire a la candidature de Monsieur Gaudin, sont empreints d’animosité personnetle. Loin du débat d°idées, Monsieur Mennucci a préféré " agiter le specire du bandlirisme et des effluves sulfurées qui 'accompagnent". I considére ensuite que le prévenu s'est trompé de cible et a manqué délibérément de prudence dans l'expression en fe rattachant aw milieu marseillais" alors méme que la question de Ia joumaliste “ iui imposait de prendre toutes les précautions nécessaires". I estime également " gue Iattague d'une personne isolée qui m'éiait pas candidate ne présentait pas un but information légitime du grand public” Monsieur Fratani conteste enfin le caractére sérieux des investigations évoquées par le prévenu en indiquant notamment “ gue si il a grandi dens Tes quartiers populaires de Marseille et si il a fait connaissance jeame de personnes ayant Page 8/13 eu quelques démélés avec la justice”, cela ne le place pour autant “ en position de parrain du milicu Marseillais” En réponse, le conseil de Monsieur Mennucci insiste sur le caractére général des dispositions 35 de la loi du 29 juillet 1881 " qui repose sur le principe constitutionnel des droits de la défense" et estime en conséquence que Pofite de reuve est recevable, U reprend pour le surplus ("ensemble de son argumentation. Lors de l'audience, Monsieur Mennucci a rappelé "qu'il était intervenu dans un contexte électoral” et aprés * avoir eu Ia surprise de connattre la position de Monsieur Fratani”. 1) a évoqué a nouveau les nombreux ouvrages “ dens lesuels Monsieur Fratani est présenté comme proche du banditisme “ ajoutant cependant gui n avait jamais dit que ce dernier était un délinguant” L’analyse du tribuaal ur la procédure Tl est constant que Monsicur Fratani a consigné dans le délai prescrit Ia consignation fixée le 15 avril 2014. La citation directe du 14 mars 2014 a été notifiée au ministére public le 17 mars 2014, Le tribunal est donc réguliérement saisi de Paction publique dirigée a Vencontre de Monsieur Mennucei et de action civile découlant du délit de famation publique visé & te préve teneur ef l'appréciation des propos tenus STagissant des faits reprochés, il convient de rappeler que le prévenu est député des Bouches du Rhéne. I] était maire du premier secteur de Marseille. Il s’est A nouveau présenté aux élections municipales de mars 2014. Crest & Poccasion de cette campagne électorale qu'il a été interviews lors Pune émission diffusée sur la chaine de télévision BEM TV le 26 février 2014. Selon le procis verbal de constat dhuissier du 3 mars 2014 produit aux débats par Monsieur Fratani, les propos inerininés s’insorivent dans la séquence suivante : La journaliste Ruth Elivieff interroge Monsieur Mennucci en tui indiquant que selon Monsieur Gaudin, Monsieur Hollande serait son directeur de campagne. Monsieur Mennucci réfute cette affirmation puis, en réponse a la journatiste qui fe relance d°une courte question, indique que Monsieur Rue, le secrétaire général du synuticat des territoriaux Force ouvriére est le directeur de campagne de Monsieur Gaudin, Page 9/13 {I ajoute immédiatement * e¢ depuis quelques .. dee jours, il a w directeur de communication qui est Mare Fratani, l'ancien garde du corps de Bernard Tapie, qui vient de prendre position pour lui sans doute donnant une indication au milieu dia banditisme sur ce qu'il faut faire Marseille. Done je le constate." La journaliste intervient & nouveau en le questionnant de ta fagon suivante ‘Bot ce que vous dites quelque chose sur Bernard Tapie et le banctitisme [a Monsieur Mennucei précise immédiatement “ qu'il ne parle pas de Bernard Tapie mais de Mare Fratani* puis poursuit, alors que Madame Ruth Elkrief se contente dacter sa réponse d'un simple " d'cecord”, en ajoutant “ gui done des indications, qui maintenant se permet de donner de type indications donc on voit bien qu'il y a tn rassemblement ¢ Marseille pour au fond éviter le changement, les view réseauor doivent résister. le systeme Force Ousritre doit continuer a exister et que rien ne change surtout tout va bien Madame la marquise “, Aux termes de sa citation directe, Monsieur Fratani, nommément et publiquement visé, considére que les propos “ sans doute donnant une indication aw milieu du banditisme sur ce qu'il faut faire & Marseille” et “ qui donne des indications, gui maintenant se permet de donner ce type d'indications” portent atteinte son honneur et sa considération Si Monsieur Mennucci admet que la premiére allégation est susceptible d'étre (partiellement) diffamatoire, il considére en revanche que la deuxiéme phrase reprise & {a prévention ne lest aucunement. 1! prétend en effet, comme développé ci dessus, que le second passage incriminé n'est pas en lien étroit avec le précécent et que son propos ne consistait pas a dire (ou redire) que Monsieur Fratani donn{ait} des consignes au ailie du banditisme” mais simmplement & faire observer que ce dernier * se melfait) publiquement de la campagne électorale alors qu'il n'afvait) mole qualité pour se faire”. Pour le tribunal, cette distinction est artificielle. Les propos se font écho et c'est la méme idée qui est reprise. Monsieur Mennucci qualifie Monsieur Fratani de directeur de la communication de Monsieur Gaudin puis d’ancien garde du corps de Monsieur Tapie en soulignant * qu if vient de prendre position [pour son adversaire) sans doute donnant une indication au milieu du banditisme de ce qu ‘il faut faire (pour les Elections mumicipales} & Marseille Le prévenu ayant également associé Monsieur Fratani Monsieur Tapie, la Journaliste le relance en posant la question rappelée supra qui se termine par interrogation * et fe banditisme Ia ?*, Monsieur Mennucci précise alors qu’il ne parle pas de Bernard Tapie mais de Marc Fratani gui donne des indications, qui se permet de donner ce type d indication’. La répétition immediate, dans ce contexte, du vocable * donner des indications” et l'utilisation du terme "ce ‘ype d'indications” renvoie nécessairement 4 Vallégation prononeée quelque seconde suparavant selon laquelle Monsieur Fratani donne * une indication cu miliew at banditisme de ce qu'il faut faire & Marseille”. La fotalité du propos incriming porte done atteinte 4 tonneur et a la considération du plaignant. Page 10/13, Sur Lofire de prewe Stagissant de imputation précise qui consiste, selon la formulation choisie en défense, “d accuser Monsieur Fratari de donner des indications au milieu du Sanditisme et donc d’entreienir des liens avec le milieu dit banditisme" , Monsieur Mennucci considére en démontter la véracité & aide des cing documents produits le 21 mars 2014. Monsieur Fratani se prévaut de Particle R 156 du code de procédure pénale our voir déclarer irrecevable !'offre de preuve. Cet argumentaite juridique fondé sur lun texte réglementaire (décret du 4 juillet 1972) est toutefois inopérant des lors que les dispositions de Varticle 35 de la loi du 29 juillet 1881, complétée a ce titre le 4 juin 2010, autorise “ Je prévenw & produire pour les nécessités de sa défense, sans que cette production puisse donner lieu & des poursuites pour recel, des éléments rovenant d'une violation du secret de l'enquéte ou de l'instruction ou de taut autre seoret professionnel, s'ils sont de nature & établir sa bonne foi ou la véracité des faits diffamatoires”” Ainsi et méme si la partie civile a pu s’étonner que Monsieur Mennucei, qui est pas journaliste et guti n’était pas partie & le procédure en question, puisse étre en possession de pieces pénales issues d'un dossier, ancien, volumineux et sensible, instruit par la JIRS de Marseille, Voftie de preuve est admissible dans son principe a partir du moment ou Je prévenu a jugé utile A sa défense de produire les documents qu'il détenait. Cependant et pour atieindre l'effet absolutoire prévu par Varticle 35 susvisée, Vofite de preuve doit étre parfaite, complete et corrélative aux imputations dans toute leur portée ot leur signification diffamatoire. Ces conditions ne sont pas remplies en Fespice. Les cing pices tirdes d'une procédure de plusieurs milliers de cétes, dont le tribunal ignore au demeurant les suites judiciaires, montrent certes que Monsieur Fratani a eu quelques contacts téléphoniques avec Monsieur Fragione, tune des personnes suspectées par les services de police, Ce demier a d'ailleurs indiqué au juge dinstruction (Cote 11675) guils étaient amis d'enfance. Ces circonstances, pas plus que le fait détre présemté par Jes enquéteurs comme “ wie relation plus ow moins direcre d'un fugitif” ne sont pas suffisantes pour établir que Monsicur Fratani serait “un parrain diectoral”, donnant des indications au milieu du banditisme Marseiliais et ceuvrant en coulisses auprés de ce miliew " en f ful] discs ce qu'il faut faire”. Au demeurant, ii ne ressort pas des documents examinés que Monsieur Fratani, qui précise que son casier judicinire est vierge, ait été inquisté a titre personnel, Il apparait en fait que Monsieur Mennucci a procédé par amaigame en se Jivrant, sous forme d'affirmations renouvelées, & des assimilations hatives, Sur J'exception de bonne fot Le prévenut revendique a titre subsidiaire fe bénéfice de In bonne foi, II souligne en outre que les propos reprochés se sont inscrits dans un contexte de polémique politique et électoral est vrai & cet égard que si l’adversaite politique de Monsieur Mennucei était Monsieur Gaudin et que si Monsieur Fratani 1°était pas candidat, ce dernier avait Page 11/13 cependant pris position en faveur du maire sortant dans un article qui venait d°éire publié par !"Hebdomadaire “ Le point {I peut certes paraitre singulier que le prévenu ait consacré une partie du temps @antenne donné per une chaie nationale pour évoquer, dans les termes rappelés ci dessus, les démarches et la situation de Monsieur Fratani. Pour autant et en raison de initiative publique prise par ce dernier qui s'est mélé au combat” électoral, fe but poursuivi était Iégitime et Stranger A toute animosité personnelle. Il est en revanche constant qu’en présentant de fagon péremptoire, par la précision et fa épétition de affirmation, Monsieur Fratani, qualifié de directeur de la communication de Monsieur Gaudin et dancien garde du corps de Monsieur Tapie, comme donnant des indications au miliew du banditisme sur ce qu’il fallait faire & Marseille, Monsieur Mennucei a manqué tout 4 la fois de mesure et de prudence dans expression. Etant Jui méme aneré de longue date dans la vie locale et en connaissant toutes les caractéristiques, il ne pouvait au surplus ignorer la portée particuligre dans cette ville dur terme “ miliew du Banditisme ". Llargument selon lequel Monsieur Mennucei disposerait «dune base factuelle sufisente et sérieuse pour affirmer que Monsieur Fratani entretenait des Tiens avec le miliew du bemditisme » sera également écarté. Les ouvrages et articles de presse communiqués par la défense sont consacrés A des sujets divers, allant de Monsieur Tapie a Monsieur Le Pen, Certains des livres invoqués ont &té éerits il y a plusieurs années. Si ces documents ne sont pas dénués de leur intérét, leur conteru en absence d'éléments tangibles ou de faits matériels vérifiés ou vériflables en tien avec, les accusations, ne sauraient séricusement justifier les affirmations péremptoires de Monsieur Mennucci Admettre T'inverse reviendrait 4 donner crédit 4 des rumeurs, fussentelles persistantes. Dans fe contexte particulier de la présente action, une telle conclusion disqualifierait aussi In parole publique. Au surplus, ie prévenu ne se borne pas a Gvoquer les liens qui existeraient entre ta partie civile et des individus défavorablement connus, il lui impute de fait un réle actif consistant a donner des indications au mitiew du banditisme tel un" parrain électoral”. Dans ces conditions, le tribunal entrera en voie de condamnation, {1 prononcera a [encontre de Monsieur Mennucei, qui est venu s'expliquer devant le tribunal et qui a pris le soin d'indiquer lors des déhats qu’il n’avait jamais dit que Monsieur Fratani était un délinquant, une amende de 1000 €. 11 n'y a pas lieu pour le surplus & publication de la présente dévision, La constitution de partie civile présentée par Monsieur Fratani est eéguligre en la forme et sera déclarée recevable. ‘Au regard de l'ensemble des circonstances de la cause, le prejudice moral su par ce dernier, indiscutable dans son principe, sera réparé par !octroi d'une somme de 1500 € a titre de dommages et intéréts. L'équité commande enfin d"allouer & la partie eivile une indemnits de 1000 € au titre des frais innépeétibles, Page 12/13 Par ces motifs Le tribunal, statuant publiquement, en premier ressort et contradictoirement & !égard de MENNUCCI Patrick et FRATANI Mare, Sur l'action publique + Dit que les propos incrimings visés 4 la citation directe du 14 mars 2014 portent atteinte & honneur et d la considération de Monsieur Fratani Déclare recevable en la forme Vofre de preuve du 21 mars 2014 Dit toutefois que la vérité des faits diffamatoires n'est pas rapporiée dans les conditions de certitude exigées par la loi Rejette exception de bonne foi Déclare Monsieur Mennucci coupable Le condamne en répression & une amende de mille exros (1000 euros) Dit n’y avoir [ieu a publication de la présente décision En application de Varticle 1018 A du code général des impors, la présente décision est assujettic & um droit fixe de procédure de 127 euros dont est recevable MENNUCCI Patrick, Le condanmé est informé qu’en cas de paiement du droit fixe de procédure dans Ie délai dum mois & compter de la date oit il a eu connaissance du jugement, il bénéficie d'une diminution de 20% de la somme d payer. Sur T'action civile : Regoit la constitution de partic civile de Monsieur Fratani Condamne Monsieur Mennucei & lui payer mille euros (1000 euros) en réparation du préjudice subi Le condamne en outre & Ivi payer unte indemnité de mille euros (1000 euros) au titre des frais iépétibles Le tout en application des articles 406 et suivants et 485 du code de procédure pénale ef des articles susvisés. et le présent jugement ayant été signé parle président et la greffitre. LA GREFFIERE LE PRESIDENT. Page 13/13

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