Cour d' Appel d' Aix-en-Provence
‘Tribunal de Grande Instance de Marseille
1A ch, COLL Correetionnelle tes i
A titre de renseignements
N? minute
N° parquet 14080000024
Affaire Plaidée te 04/11/2014
Décision prononeée le 20/01/2015
JUGEMENT CORRECTIONNEL
du vingt janvier deux mille quinze
A Waudience publique du Tribunal Correctionnel de Marseille te quatre
novembre DEUX MILLE QUATORZE,
Composition du tribunal tors des débats :
Président: Monsieur CASTOLDI Fabrice, premier vice-président,
Assesseurs: Monsieur PIERRE Jean-Luc, vice président,
Monsieur RETAILLEAU Jutien, vice président,
on présence de Madame KASSE Shéryne, auditrice de justice,
Assisté(s) de Madame GOUIN Aurélie, greffigre,
en présence de Madame DIWO Claire, vice-procareur de la République,
Composition du tribunal lors du délibéré
Président: Monsicur CASTOLDI Fabrice, premier vice-président,
Assesseurs; Monsieur PIERRE Jean-Luc, vice président,
Monsieur RETAILLEAU Julien, vice président,
a &té appelée Paffaire,
Je tribunal ayant mis 'affaire en délibéré i audience du 6 janvier 2015
le tribunal ayant prorogé le délibéré & Pandience du 20 janvier 2015
Page 1/13ENTRE +
PARTIE CIVILE :
Monsieur FRATANT Mare, demeurant
MARSEILLE 7EME, partie civile poursuivante,
‘comparant sisté de Maitre MARTINI Catherine avocat au barreau de MARSEILLE,
Monsieur le PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE, pres ce tribunal, partie jointe
er
Prévenu
Nom : MENNUCCI Patrick, Leon, Hugues
né le 8 avril 1955 4 MARSEILLE (Bouehes Du Rhone)
de filiation non renscignée
Nationalits; frangaise
Situation familial: non renseignée
Situation professionnelle
Antécédents judiciares : jamais condamné(e)
demeurant : 13007 MARSEILLE 7EME FRANCE
Situation pénale : libre
‘comparant assisté de Maitre DUPUY Béatrice avocat au barreuu de MARSEILLE,
Prévenu du chef de :
DIFFAMATION ENVERS PARTICULIER(S) PAR PAROLE, BCRIT, IMAGE OU
MOYEN DE COMMUNICATION AU PUBLIC PAR VOIE ELECTRONIQUE faits
commis fe 26 février 2014
DEBATS
A Tappel de la cause, fe 4 niovembre 2014, le président, aprés avoir informé la
personne, de son droit d’étre assistée par un interpréte, a constaté la présence et
Pidentité de MENNUCCT Patrick et a donné connaissance de Pacts qui a sasi le
tribunal
‘Le président a informé MENNUCCI Patrick de son droit, au cours des débats, de faire
des déclarations, de répoudre aux questions qui lui sont posées ou de se tare,
MENNUCCI Patrick a précisé qui souhaitait répondre aux questions et faire des
déclarations,
Page 2/13Maitre DUPUY Béatrice, conseil de MENNUCCI Patrick a prévisé qu'elle n'entendait
plus soutenir et développer les nultités précédemment soulevées,
Le président a instruit Maffaire, interrogé fe prévenu présent sur les faits et regur ses
déclarations
FRATANI Marc a été entendu en ses demandes, son avocat ayant plaidé.
Le ministére public sien est rapporté
Maitre DUPUY Béatrice, conseil de MENNUCCI Patrick a éé entendu en sa
plaidoirie,
Le prévenu a eu la parole en dernier
Le greffier a tenu note du déroulement des débats.
Puis & Hissue des débats tenus a audience du quatre novembre deux mille quatorze, le
tribunal a informé [es partios présentes ou réguliérement représentées que le jugement
serait prononeé le 6 janvier 2015 4 1400 devant fa 11éme chambre correctionnelle
section A.
Le 6 janvier 2015, te Président, Monsieur CASTOLDI Fabrice, a informé les parties
présentes ou réguliérement représentées que le jugement serait prononcé le 20 janvier
2015 a 14800 devant la 1léme chambre correctionnelle section A.
Assisté de Madame GOUIN Aurélie, greffiére, et en présence du ministére public.
A cette date, vidant son délibéré conformément & la loi, le Président, Monsieur
CASTOLDI Fabrice, premier vice-président, a donné lecture de la décision, en vertu
de larticle 485 du code de procédure pénale,
Assisié de Madame GOUIN Aurélie, areffiere, et en présence du ministére public,
Le tribunal a délibéré ct statué conformément a la loi en ces termes :
MENNUCCI Patrick a été cité & comparaitre & faudionce du 15 avril 2014 & 14h00
(119A), 4 la demande de Monsieur FRATANI Mare, partie civile poursuivante, selon
acte d'huissier de justice en date du 14 mars 2014, délivré & personne.
MENNUCCI Patrick n'a pas comparu: & Taudience du 15 avril 2014 ; mais était
réguligrement représenté par son conseil muni d’un mandat.
Par jugement en date du 15 avril 2014, fe tribunal a ordonné le renvoi de Paffaice A
audience du 24 juin 2014 & 14h00 11°A ; a fixé 4 mille deux cents curos (1200
euros), le montant de la somme a verser par Marc FRATANI au régisscur de ce
tribunal, avant le 15/05/2014, sous peine de non recevabilité de la citation directe,
La partie civile a consigné fa somme ordonnée par le tribunal le 14 mai 2014 (fiche
2014/41),
Page 3/13A audience du 24 juin 204, MENNUCCI Patrick n'a pas compare ; mais était
réguliérement représenté par son conseil muni d'un mandat.
Par jugement du 24/06/2014, le tribunal @ ordonné le renvoi de Vaffaire & audience du
(02/09/2014 & i4h00 112A, te conseil de la partie civile ayant sollicité le renvoi
MENNUCCI Patricic n'a pas comparu a Yaudience du 02 septembre 2014, mais était
réguliérement représenté par son conseil muni d'un mandat.
Le tribunal a ordonné le renvoi contradiotoire de V'affaire a faudience du 04 novembre
2014 A 14h00 devant la | !éme chambre correctionnelle section A.
MENNUCCI Patrick a comparu & audience du 04 novembre 2014, assisté de son
conseil ily a lieu de statuer contradictoirement & son gard.
MENNUCCI Patrick est prévenu
~comme, auteur, du délit de diffamation publique envers un particulier, délit préve et
i par les articles 29 all, 32 all de la Loi du 29 juillet 1881 en tenant le 26
évtier 2014 sur les ondes de fa chaine d'information BM TV les propos reproduits
ci-aprés en caractéres gras, qui portent atteinte & Thonneur et & la considération de
Monsieur Mare FRATANI
« Bcoutes-moi, je n'ai pas Francois HOLLANDE coume directeur de campagne, mais
Je sais gui est le divecteur de campagne de Jean Claude CAUDIN (..) ef puis depuis
quelques .. jours il a un directeur de communication qui est Mare FRATANT,
Fancien garde du corps de Bernard TAPIB, qui vient de prendre position pour I,
sans doute donnant une indication au milicw du banditisme de ce qu'il faut faire &
Marseille, done je, je, je constate.. Je parle de Marc FRATANL.. qui donne des
indications, qui maintenant se permet de donner ce type d'iadications ()
Motifs de la décision
Le rappel des faits. de la procédure et des arguments invoques
Linterventic yp Mennucei et fa citation directe du 14 mors 2014
Monsieur Patrick Mennucei est député de te quatriéme circonscription des
Bouches du Rhéne. Candidat aux derniéres élections municipales de Marseille i a été
interviews par Madame Ruth Elkrief lors d’une émission diffusée en direct te 26
février 2014, vers (9h40, par la chaine d’information en continu BFM TV,
Sur le fondement d’un constat d’huissier du 3 mars 2014 contenant
retranseription partielle du contenu de cette émission et capture des images et
bandeaux écrits correspondants, Monsieur Fratani soutient, selon citation directa du |4
mars 2014, que certains des propos tenus lors de cette intervention, repris en gras ci
dessus, sont constitutifs du délit de diffamation publique envers un particulier.
Page 4/13Monsieur Fratani considére en effet “gu'en lassociamt au miliew et en lui
préiam Ia copacité d'influencer le banditisme”, Monsieur Mennucci " vise &
accréditer Vidée qu'l ogirait auprés de la mafia locate pour influencer te résultat
dams Vintérée d'un des candidats en Tice”. 11 estime done qu'en assimilant “ 4 1
intermédiaire proche du milieu cuvrant en coulisses pour tenter d'influencer le
rrésultat électoral”, le prévenu allégue d'un fait précis qui porte atteinte & son honneur
et a sa considération,
Monsieur Fratani souligne aussi que la portée des propos tenus doit
sinterpréter “ dans le contexte particulier de fa vie marseillaise et du sens revétu par
Vemploi des termes milieu et banditisme”.
La partie civile reléve également que Monsieur Mennucci a cité son nom a
deux reprises, réitérant par ailleurs trois fois Iidée selon laquelle “ if donnerait des
indications de vote au milieu”.
1 fait par ailleurs remarquer que les aliégations diffamatoires ont été tenues “
sur la principale chaine d'information continue et d une heure de grande écoute”.
Liintervention a été diffusée plusieurs fois. Elle resterait accessible sur le lien
“Biinty /politique/Menucei/", 1] précise enfin“ qu’en indiguant qu'il serait le
directewr de communication de Monsieur Gaudin et qu'il aurait suivi ue formation
de garde du corps, propos grotesques en eux mémes” Monsieur Mennucci " ajoute au
préjudice subi”.
La pattie civile réclame en conséquence 20 000 € A titre de dommages et
intéréts outre indemnité de 5000 € sur le fondement de article 475-1 du code de
procédure pénale.
Monsieur Frateni soubaite en parailéle que te tribunat ordonne a titre de
mesure complémentaire * la publication itégrale du jugement @ intervenir dans le
Journal La Provence et sur le site Internet de Campagne de Monsieur Mennucci”.
Cotte citation directe a été notifige au ministére public le 17 mars 2014.
Lofire de prewe du 21 mars 2014.
Monsieur Mennucei a régularisé, par acte d’huissier du 21 mars 2014, une
offre de preuve de vérité relative aux propos inerimings suivants :
“Qui est Marc Fratani... Vancien garde du corps de Bernard qui vient de
prendre position pour tui, sans doute domnant une indication au miliew du banditisme
de ce qu'il fut faire & Marseille”
Ise prévaut é ce titre et pour en établir la véracité de cing pices de procédure
extraites dune information pénale instruite par un magistrat de ta juridict
interégionale spécialisée de Marseille
Le pretnier procés verbal de police versé aux débats est daté du 30 avril 2010,
Il a pour objet létude de ta facturation détaillée dune ligne téléphonique identifiée
‘comme appartenant & Monsieur Léon Fragione.
Le second a été rédigé le 10 mai 2010 et concemne I’analyse comparative des
facturations téléphoniques détaillées des cortespondants du publiphone du bar “ les
Page 5/13boule
Le toisiéme document correspond 4 la demande de mise sous surveillance
technique, effectuée le 11 mai 2010, de fa ligne téléphonique attribude Monsieur
Fragione.
Le quatriéme procés verbal ctabli fe 1! mai 2010, porte sur l'environnement
du méme Fragione.
La demiére correspond au procés verbal de la premiére comparution de
Monsieur Fragione devant le juge «instruction, le 10 décembre 2010, Cette pidce est
cotée D 11673 4D 11680,
La procedure d'audience
La procédure pénale initiée par Monsieur Fratani a été appelée & audience du
{5 avril 2084,
Ce demier a versé dans le délai prescrit la consignation de 1200 € mise & sa
charge.
Le dossier a été renvoyé successivement et & la demande de [une ou de Pautre
des parties a l’audience du 24 juin puis a celle du 2 septembre 2014
Liaffaire @ été retenue et plaidée du 4 novembre 2014. Le délibéné,
initialement fixé au 6 janvier 2015, a été prorogé 4 l’audience de ce jour,
Monsieur Fratani était présent et assisté, 11a été eniendu parle tribunal,
Le ministére public s’en est rapporté
Monsieur Mennucei était présent et assisté. It a été entendu parle tvibura
Les arguments invagués par Monsieur Mermucei
Aux termes des écritures visées a "audience du 4 novembre 2014, Monsieur
Mennucci expose que deux allégations distinetes fui sont imputées.
II soutient que le second passage dénoncé “ gui dome des indications, qui
maintenant se permet de donner ce type d'nalications” n'est pas en lien étroit avec le
premier et “1 impute rien de précis @: Monsieur Fratani mais porte wn jugement sur
son comportement dans la campagne électorale”. Ce propos ne * [ui impute
{ notamment pas} pas de donner des consignes au milien du banditisme mais
simplement de se méler publiquement de la campagne électorale alors qu'il n'a mulle
giualié pour se faire”.
Monsieur Mennucei conclut done a la relaxe de ce chef.
S'agissant du premier passage reproché, ie prévenu soutient qu'il s'agie
dune allégation partiellement vraie et pow le surplus imprécise et non diffematoire”
ie L'imputation précise qui consiste & accuser Monsieur Fratani
Wadmet *
Page 6/13de donner des indications an miliew du banditisme et done d’eniretenir des liens avec
Je miliew du banditisme * peut éure considérée comme attentive a Phonneur et @ la
consideration de ce dernier,
Monsieur Mennucei estime cependant que les cing documents communiqués
au titre de Poffie de preuve suffisent a établir la véracité de cette allegation
diffamatoire aux motifs que Monsieur Fratani entretient bien des relations avec le
milieu du banditisme dans la mesure oii il est I’ami d’enfance de Monsieur Fragione
‘mis en examen pour Paide apportée & Monsieur Bernard Baresi lui méme poutsuivi
Pour crime. Ita été en relation téléphonique avec Monsieur Pragione “ rout aut fong de
Vannée 2010 sur une période ow celui ci est précisément accusé d'avoir illicitement
apporté de l'aide & Monsieur Baresi. Il est enfin présenté “ par la police comune un
proche du fugitif Franck Barresi et @ tout le moins cone une relation plus ou moins
airecte de ce fugitif’
Pour le prévenu, fe reste de l’imputation selon laquelle la partie civile “donne
des indications de ce qu’il faut faire & Marseille” »’est ni précise, ni diffamatoire, Elle
ne peut faire Pobjet de preuve contraire et ne se trouve done pas pénalement
répréhensible.
Monsieur Mennucei revendique a titre subsidiaire le bénéfice de la bonne foi
cn soulignant que “ que le débat qui s'est élevé autour des municipales & Marseille
etait un débat d'intérét général , ajoutant qu'il était” directement impliqué dans les
‘Faits dont il témoignait * et précisant enfin que ce débat s inscrivait dans un contexte
de polémique politique et Electoral”,
A.ce titre , il rappelle que Monsieur Fratani avait soutenu, dans le cadre dune
interview publige par le journal “Le Point ” le 24 février 2014, la candidature de
Monsicur Gaudin.
S'agissant du contenu de ses déelarations, Monsieur Mennucct fait observer “
qu'il disposatt d'une base factuelle suffisaate et sérieuse pour affirmer que Monsieur
Fratani entretenait des liens avec le milieu du banditisme”, se référant aux extraits de
livee et aux coupures de presse suivants qui évoquent cette situation
- ouvrage “ Le Flambeur” consacré en 1994 & Monsieur Tapie
~ ouvrage “ Le Pen en Provence” publié en 2004
~ ouvrage “ Les Parrains du siécle” paru en 2011
~ ouvrage * Marseille Ma Ville” écrit en 2014
~ article publié par le journal “ L’Humanité” le 15 mai 1998
+ article publié par fe journal “ Le Monde” le 15 janvier 2013
Dans ces conditions, Monsieur Mennucei estime que Minfraction reprochée
rest ni constituée, ni punissable, Il conclut done a sa relaxe. Il demande au surplus
que Monsieur Fratani soit condamné & lui payer “ 5000 € a sitre de domnages ef
intéréts pour procédure abusive et téméraire”.
Les arguments invoqués par Monsieur Frotani
En réplique et selon les conclusions visées & audience du 4 novembre 2014,
Monsieur Fratani " conclut au caractére irrecevabie de I'offre de prewve pour non
respect du formalisme prévu par Varticle R 156 du code de procédure pénale”
Page 7/13La partie civile estime en outre " gue si l'article 35 de la loi du 29 juillet 1881
autorise la production de pices extraites d'ume procédure d'enquéte, d'une
instruction ou de fa violation d'un secret professionnel” ta teneur de ce texte qui
Stinscrit dans le contexte de la loi sur la presse " impligue qu il s‘agisse d'une affaire
en cours susceptible d intéresser le grand public
Monsieur Fratani invoque par ailleurs fe bénéfice des dispositions larticle de
Particle 10 de lk CEDH qui assure ta protection de la réputation et des droits d'autrui
dans fa mesure en particulier ou les piéces praduites “sont issues d'une enquéte dans
lequelle il n'a été poursuivi ni en qualité d'autew ou coauteur, ni en celle de
complice”
1 ajoute que fa procédure en question est antérieure de quatre ans aux propos
tenus. Elle est sans tien avec |'élection municipale, Il remarque également que le
prévenu “1 ait pas impliqué dans ta procédure dont les pidces sont exiraites et ne
justifie pas se trouver dans l'urgence de l'information destinée aw grand public qui
(pése sur la journaliste professionnelle”,
Monsieur Fratani indique aussi que son casierjudiciaire est vierge.
Sur le fond, il estime que constitue une diffamation “ fe fait d'érablir wa tien
Centre tui} et un certain miliew marseillais induisant que [son] engagensent serait
suivi par ce milieu”
La partie civile rappelle au demeurant que 'ofite de preuve, pour produire
effet prévu par ta Joi, doit étre parfaite, compléte et corrélative en toutes ses
dispositions aux imputations formutées dans leur aeceptation, leur matérialité et leur
portée.
Monsieur Fratani souligne a cet égard que les pidces pénales produites “ne
démontrent pas son appartenance réelle ou présumée ui milieu Marseillais pas plus
que son role de parram électoral”, Biles révélent simplement “ qu'il a ex des
relations épisodiques avec Vim des ses amis de jeunesse, Monsiaur Fragione,
esquelles w ont pas dépassé deux entretions sur ta dure de investigation”.
La partie civile considére par ailleurs que les conditions de la bonne foi, dont
se prévaut 4 titre subsidiaire Monsieur Mennucci, ne sont pas établies.
Il prétend en premier lieu que les propos proférés & son encontre, pour tenter
nuire a la candidature de Monsieur Gaudin, sont empreints d’animosité personnetle.
Loin du débat d°idées, Monsieur Mennucci a préféré " agiter le specire du bandlirisme
et des effluves sulfurées qui 'accompagnent".
I considére ensuite que le prévenu s'est trompé de cible et a manqué
délibérément de prudence dans l'expression en fe rattachant aw milieu marseillais"
alors méme que la question de Ia joumaliste “ iui imposait de prendre toutes les
précautions nécessaires".
I estime également " gue Iattague d'une personne isolée qui m'éiait pas
candidate ne présentait pas un but information légitime du grand public”
Monsieur Fratani conteste enfin le caractére sérieux des investigations
évoquées par le prévenu en indiquant notamment “ gue si il a grandi dens Tes
quartiers populaires de Marseille et si il a fait connaissance jeame de personnes ayant
Page 8/13eu quelques démélés avec la justice”, cela ne le place pour autant “ en position de
parrain du milicu Marseillais”
En réponse, le conseil de Monsieur Mennucci insiste sur le caractére général
des dispositions 35 de la loi du 29 juillet 1881 " qui repose sur le principe
constitutionnel des droits de la défense" et estime en conséquence que Pofite de
reuve est recevable,
U reprend pour le surplus ("ensemble de son argumentation.
Lors de l'audience, Monsieur Mennucci a rappelé "qu'il était intervenu dans
un contexte électoral” et aprés * avoir eu Ia surprise de connattre la position de
Monsieur Fratani”. 1) a évoqué a nouveau les nombreux ouvrages “ dens lesuels
Monsieur Fratani est présenté comme proche du banditisme “ ajoutant cependant
gui n avait jamais dit que ce dernier était un délinguant”
L’analyse du tribuaal
ur la procédure
Tl est constant que Monsicur Fratani a consigné dans le délai prescrit Ia
consignation fixée le 15 avril 2014.
La citation directe du 14 mars 2014 a été notifiée au ministére public le 17
mars 2014,
Le tribunal est donc réguliérement saisi de Paction publique dirigée a
Vencontre de Monsieur Mennucei et de action civile découlant du délit de
famation publique visé & te préve
teneur ef l'appréciation des propos tenus
STagissant des faits reprochés, il convient de rappeler que le prévenu est
député des Bouches du Rhéne. I] était maire du premier secteur de Marseille. Il s’est A
nouveau présenté aux élections municipales de mars 2014.
Crest & Poccasion de cette campagne électorale qu'il a été interviews lors
Pune émission diffusée sur la chaine de télévision BEM TV le 26 février 2014.
Selon le procis verbal de constat dhuissier du 3 mars 2014 produit aux débats
par Monsieur Fratani, les propos inerininés s’insorivent dans la séquence suivante :
La journaliste Ruth Elivieff interroge Monsieur Mennucci en tui indiquant que
selon Monsieur Gaudin, Monsieur Hollande serait son directeur de campagne.
Monsieur Mennucci réfute cette affirmation puis, en réponse a la journatiste
qui fe relance d°une courte question, indique que Monsieur Rue, le secrétaire général
du synuticat des territoriaux Force ouvriére est le directeur de campagne de Monsieur
Gaudin,
Page 9/13{I ajoute immédiatement * e¢ depuis quelques .. dee jours, il a w directeur
de communication qui est Mare Fratani, l'ancien garde du corps de Bernard Tapie,
qui vient de prendre position pour lui sans doute donnant une indication au milieu dia
banditisme sur ce qu'il faut faire Marseille. Done je le constate."
La journaliste intervient & nouveau en le questionnant de ta fagon suivante
‘Bot ce que vous dites quelque chose sur Bernard Tapie et le banctitisme [a
Monsieur Mennucei précise immédiatement “ qu'il ne parle pas de Bernard
Tapie mais de Mare Fratani* puis poursuit, alors que Madame Ruth Elkrief se
contente dacter sa réponse d'un simple " d'cecord”, en ajoutant “ gui done des
indications, qui maintenant se permet de donner de type indications donc on voit
bien qu'il y a tn rassemblement ¢ Marseille pour au fond éviter le changement, les
view réseauor doivent résister. le systeme Force Ousritre doit continuer a exister et
que rien ne change surtout tout va bien Madame la marquise “,
Aux termes de sa citation directe, Monsieur Fratani, nommément et
publiquement visé, considére que les propos “ sans doute donnant une indication aw
milieu du banditisme sur ce qu'il faut faire & Marseille” et “ qui donne des
indications, gui maintenant se permet de donner ce type d'indications” portent atteinte
son honneur et sa considération
Si Monsieur Mennucci admet que la premiére allégation est susceptible d'étre
(partiellement) diffamatoire, il considére en revanche que la deuxiéme phrase reprise &
{a prévention ne lest aucunement. 1! prétend en effet, comme développé ci dessus, que
le second passage incriminé n'est pas en lien étroit avec le précécent et que son propos
ne consistait pas a dire (ou redire) que Monsieur Fratani donn{ait} des consignes au
ailie du banditisme” mais simmplement & faire observer que ce dernier * se melfait)
publiquement de la campagne électorale alors qu'il n'afvait) mole qualité pour se
faire”.
Pour le tribunal, cette distinction est artificielle. Les propos se font écho et
c'est la méme idée qui est reprise. Monsieur Mennucci qualifie Monsieur Fratani de
directeur de la communication de Monsieur Gaudin puis d’ancien garde du corps de
Monsieur Tapie en soulignant * qu if vient de prendre position [pour son adversaire)
sans doute donnant une indication au milieu du banditisme de ce qu ‘il faut faire (pour
les Elections mumicipales} & Marseille
Le prévenu ayant également associé Monsieur Fratani Monsieur Tapie, la
Journaliste le relance en posant la question rappelée supra qui se termine par
interrogation * et fe banditisme Ia ?*, Monsieur Mennucci précise alors qu’il ne parle
pas de Bernard Tapie mais de Marc Fratani gui donne des indications, qui se permet
de donner ce type d indication’.
La répétition immediate, dans ce contexte, du vocable * donner des
indications” et l'utilisation du terme "ce ‘ype d'indications” renvoie nécessairement
4 Vallégation prononeée quelque seconde suparavant selon laquelle Monsieur Fratani
donne * une indication cu miliew at banditisme de ce qu'il faut faire & Marseille”. La
fotalité du propos incriming porte done atteinte 4 tonneur et a la considération du
plaignant.
Page 10/13,Sur Lofire de prewe
Stagissant de imputation précise qui consiste, selon la formulation choisie en
défense, “d accuser Monsieur Fratari de donner des indications au milieu du
Sanditisme et donc d’entreienir des liens avec le milieu dit banditisme" , Monsieur
Mennucci considére en démontter la véracité & aide des cing documents produits le
21 mars 2014.
Monsieur Fratani se prévaut de Particle R 156 du code de procédure pénale
our voir déclarer irrecevable !'offre de preuve. Cet argumentaite juridique fondé sur
lun texte réglementaire (décret du 4 juillet 1972) est toutefois inopérant des lors que les
dispositions de Varticle 35 de la loi du 29 juillet 1881, complétée a ce titre le 4 juin
2010, autorise “ Je prévenw & produire pour les nécessités de sa défense, sans que
cette production puisse donner lieu & des poursuites pour recel, des éléments
rovenant d'une violation du secret de l'enquéte ou de l'instruction ou de taut autre
seoret professionnel, s'ils sont de nature & établir sa bonne foi ou la véracité des faits
diffamatoires””
Ainsi et méme si la partie civile a pu s’étonner que Monsieur Mennucei, qui
est pas journaliste et guti n’était pas partie & le procédure en question, puisse étre en
possession de pieces pénales issues d'un dossier, ancien, volumineux et sensible,
instruit par la JIRS de Marseille, Voftie de preuve est admissible dans son principe a
partir du moment ou Je prévenu a jugé utile A sa défense de produire les documents
qu'il détenait.
Cependant et pour atieindre l'effet absolutoire prévu par Varticle 35 susvisée,
Vofite de preuve doit étre parfaite, complete et corrélative aux imputations dans toute
leur portée ot leur signification diffamatoire.
Ces conditions ne sont pas remplies en Fespice. Les cing pices tirdes d'une
procédure de plusieurs milliers de cétes, dont le tribunal ignore au demeurant les
suites judiciaires, montrent certes que Monsieur Fratani a eu quelques contacts
téléphoniques avec Monsieur Fragione, tune des personnes suspectées par les
services de police, Ce demier a d'ailleurs indiqué au juge dinstruction (Cote 11675)
guils étaient amis d'enfance. Ces circonstances, pas plus que le fait détre présemté par
Jes enquéteurs comme “ wie relation plus ow moins direcre d'un fugitif” ne sont pas
suffisantes pour établir que Monsicur Fratani serait “un parrain diectoral”, donnant
des indications au milieu du banditisme Marseiliais et ceuvrant en coulisses auprés de
ce miliew " en f ful] discs ce qu'il faut faire”.
Au demeurant, ii ne ressort pas des documents examinés que Monsieur
Fratani, qui précise que son casier judicinire est vierge, ait été inquisté a titre
personnel, Il apparait en fait que Monsieur Mennucci a procédé par amaigame en se
Jivrant, sous forme d'affirmations renouvelées, & des assimilations hatives,
Sur J'exception de bonne fot
Le prévenut revendique a titre subsidiaire fe bénéfice de In bonne foi, II
souligne en outre que les propos reprochés se sont inscrits dans un contexte de
polémique politique et électoral
est vrai & cet égard que si l’adversaite politique de Monsieur Mennucei était
Monsieur Gaudin et que si Monsieur Fratani 1°était pas candidat, ce dernier avait
Page 11/13cependant pris position en faveur du maire sortant dans un article qui venait d°éire
publié par !"Hebdomadaire “ Le point
{I peut certes paraitre singulier que le prévenu ait consacré une partie du temps
@antenne donné per une chaie nationale pour évoquer, dans les termes rappelés ci
dessus, les démarches et la situation de Monsieur Fratani. Pour autant et en raison de
initiative publique prise par ce dernier qui s'est mélé au combat” électoral, fe but
poursuivi était Iégitime et Stranger A toute animosité personnelle.
Il est en revanche constant qu’en présentant de fagon péremptoire, par la
précision et fa épétition de affirmation, Monsieur Fratani, qualifié de directeur de la
communication de Monsieur Gaudin et dancien garde du corps de Monsieur Tapie,
comme donnant des indications au miliew du banditisme sur ce qu’il fallait faire &
Marseille, Monsieur Mennucei a manqué tout 4 la fois de mesure et de prudence dans
expression. Etant Jui méme aneré de longue date dans la vie locale et en connaissant
toutes les caractéristiques, il ne pouvait au surplus ignorer la portée particuligre dans
cette ville dur terme “ miliew du Banditisme ".
Llargument selon lequel Monsieur Mennucei disposerait «dune base
factuelle sufisente et sérieuse pour affirmer que Monsieur Fratani entretenait des
Tiens avec le miliew du bemditisme » sera également écarté. Les ouvrages et articles de
presse communiqués par la défense sont consacrés A des sujets divers, allant de
Monsieur Tapie a Monsieur Le Pen, Certains des livres invoqués ont &té éerits il y a
plusieurs années. Si ces documents ne sont pas dénués de leur intérét, leur conteru en
absence d'éléments tangibles ou de faits matériels vérifiés ou vériflables en tien avec,
les accusations, ne sauraient séricusement justifier les affirmations péremptoires de
Monsieur Mennucci
Admettre T'inverse reviendrait 4 donner crédit 4 des rumeurs, fussentelles
persistantes. Dans fe contexte particulier de la présente action, une telle conclusion
disqualifierait aussi In parole publique. Au surplus, ie prévenu ne se borne pas a
Gvoquer les liens qui existeraient entre ta partie civile et des individus
défavorablement connus, il lui impute de fait un réle actif consistant a donner des
indications au mitiew du banditisme tel un" parrain électoral”.
Dans ces conditions, le tribunal entrera en voie de condamnation, {1
prononcera a [encontre de Monsieur Mennucei, qui est venu s'expliquer devant le
tribunal et qui a pris le soin d'indiquer lors des déhats qu’il n’avait jamais dit que
Monsieur Fratani était un délinquant, une amende de 1000 €.
11 n'y a pas lieu pour le surplus & publication de la présente dévision,
La constitution de partie civile présentée par Monsieur Fratani est eéguligre en
la forme et sera déclarée recevable.
‘Au regard de l'ensemble des circonstances de la cause, le prejudice moral su
par ce dernier, indiscutable dans son principe, sera réparé par !octroi d'une somme de
1500 € a titre de dommages et intéréts.
L'équité commande enfin d"allouer & la partie eivile une indemnits de 1000 €
au titre des frais innépeétibles,
Page 12/13Par ces motifs
Le tribunal, statuant publiquement, en premier ressort et contradictoirement &
!égard de MENNUCCI Patrick et FRATANI Mare,
Sur l'action publique +
Dit que les propos incrimings visés 4 la citation directe du 14 mars 2014
portent atteinte & honneur et d la considération de Monsieur Fratani
Déclare recevable en la forme Vofre de preuve du 21 mars 2014
Dit toutefois que la vérité des faits diffamatoires n'est pas rapporiée dans les
conditions de certitude exigées par la loi
Rejette exception de bonne foi
Déclare Monsieur Mennucci coupable
Le condamne en répression & une amende de mille exros (1000 euros)
Dit n’y avoir [ieu a publication de la présente décision
En application de Varticle 1018 A du code général des impors, la présente
décision est assujettic & um droit fixe de procédure de 127 euros dont est recevable
MENNUCCI Patrick,
Le condanmé est informé qu’en cas de paiement du droit fixe de procédure dans
Ie délai dum mois & compter de la date oit il a eu connaissance du jugement, il bénéficie
d'une diminution de 20% de la somme d payer.
Sur T'action civile :
Regoit la constitution de partic civile de Monsieur Fratani
Condamne Monsieur Mennucei & lui payer mille euros (1000 euros) en
réparation du préjudice subi
Le condamne en outre & Ivi payer unte indemnité de mille euros (1000 euros)
au titre des frais iépétibles
Le tout en application des articles 406 et suivants et 485 du code de procédure
pénale ef des articles susvisés.
et le présent jugement ayant été signé parle président et la greffitre.
LA GREFFIERE LE PRESIDENT.
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