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SUMA DES PRATIQUES PSY

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ENQUETE SUR LA REFORME DE LA PSYCHIATRIE LEGALE EN ALLEMAGNE

Ulrich KOBBÉ

Introduction
VST 2 a rapporté, en particulier dans les numéros 12/1989 et 27/1992, les évolutions psychiatri-
ques et juridiques intervenues au niveau du traitement et de l'internement des malades mentaux
criminels. Cet article se propose donc de décrire, de façon critique, la situation allemande et de
la commenter*.
La situation allemande
A la différence de la législation française, le droit pénal allemand prévoit l'internement des crimi-
nels ayant commis un délit dans l'état d'irresponsabilité ou dans l'état de diminution importante
de la responsabilité (articles 20 et 21 du Code Pénal allemand) dans des établissements spé-
ciaux relevant de la psychiatrie légale (article 63 du Code Pénal allemand) qui ne dépendent pas
des autorités judiciaires. Du fait de la structure fédérale de l'Allemagne, les dispositions d'exécu-
tion et les conceptions sont du ressort des Etats fédéraux si bien - que sur le plan juridique, les
lois concernant l'application du "Massregelvollzug"3 sont extrêmement différentes, - et qu'il exis-
tent, d'un Etat fédéral ("land") à l'autre, divers concepts avec un "Massregelvollzug" soit centrali-
sé, soit décentralisé. Ceci a des répercussions extrêmes comme en Rhénanie-Westphalie où,
dans une partie de ce "Land" - Westphalie-Lippe - on trouve une solution d'internement centrali-
sé, et dans l'autre - en Rhénanie - une solution d'internement décentralisé.
Point de départ
L'évolution du "Massregelvollzug" passant des institutions de pur gardiennage aux institutions à
visées thérapeutiques a seulement commencé dans les années 80, à un moment où la psychia-
trie générale avait déjà subi une réforme institutionnelle et une sectorisation modèle. Tout
comme la psychiatrie générale, la psychiatrie légale se conforma également aux idées de la
psychiatrie sociale en tant que concepts politiques concrets ayant, à l'origine, des leitmotivs
idéologiques qui ne furent pas toujours - en tant que tels - ouvertement déclarés. Cependant, la
pratique est presque devenue une «jungle» de par le canevas de relations entre la médecine, la
psychologie, la justice et l'administration dont elle est constituée. La «brèche ouverte de l'idéolo-
gie»
C'est pourquoi il est indispensable de tenter de décrire les grandes lignes simultanées ou suc-
cessives de l'évolution de cette réforme (Kobbé 1991) avec le but de faire alterner théorie et pra-
tique et, dans ses intrications, de s'en faire une idée. Dans ce sens et à titre expérimental, ce
résumé partira de textes disponibles et de faits descriptibles. Sur ce point, un travail de critique
idéologique à l'intérieur des institutions psychiatriques se trouve toujours confronté à l'ambiva-
lence de la réalité, à savoir à l'antagonisme qui lui est inhérent, c'est-à-dire que chaque réforme
renferme - de façon plus que contradictoire - son propre désaveu.

1
Extrait d'une intervention pendant le 21e Congrès Mondial de Psychiatrie Sociale à Hambourg, juin 1994. Le texte non-publié a été
élaboré et prévu pour être publié dans VST (voir note 2).
2
VST = ‹Vie Sociale et Traitements›, Revue du Champ Social et la Santé Mentale, éditée par la CEMÉA.
3
"Massregelvollzug" = institutions particulières avec des mesures de soins et de sécurité propres en RFA. («mesures d'internement,
de traitement et de sécurité»).
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Le survie de l'asile
Ce qui sauta le plus aux yeux et eut le plus d'impact sur l'opinion publique en ce qui concerne
les preuves tangibles de cette réforme, ce fut - depuis le début des années 80 - la construction
de nouvelles institutions
- à Marsberg (Westphalie),
- à Düren (Rhénanie),
- à Berlin et
- à Straubing (Bavière).
«Si construire est un procès, alors la forme de cette construction constitue le jugement». C'est
pourquoi cette architecture doit être également comprise - au niveau de sa symbolique - comme
instrument de la politique légale dont l'intention doit être lisible dans ces formes de langage que
représentent ces nouveaux ensembles architecturaux (voir vst 2/1988). Paradoxalement, les
conditions architecturales «rigides» et «difficilement transformables» peuvent être, en substance,
plus facilement et plus rapidement améliorées vue les conditions de vie réelles à l'intérieur des
institutions, à savoir les conditions initialement «souples» ou «plastiques» que sont les données
relationnelles et psychosociales.
Si l'on prend en considération que le côté répressif de cette architecture, vis-à-vis de la mission
que ces institutions ont à remplir, n'est pas à nier, rien ne laisse douter du caractère progres-
siste de ces complexes architecturaux qui - par exemple, à Berlin - sont décrits comme étant de
«structure monastique» et construit sur une «conception transparente» (sic!).- A Düren, au
contraire, l'établissement est conçu tel un village, bref un système d'espace social qui simule vie
publique et vie privée et qui coupe l'institution de la réalité grâce à un mur de sécurité haut de
plusieurs mètres.- Le centre de thérapie de Marsberg, de structure plus petite, est conçu de telle
façon que la transparence recherchée doit aider «à atténuer l'impression d'emprisonnement» et
«à diminuer le risque de révolte contre cet emprisonnement».- A Straubing, au contraire, on a à
faire à une institution qui - au niveau de ses installations intérieures - est extrêmement «mo-
derne»: Elle est entourée d'un mur de béton d'une hauteur de 5 mètres, de rayons micro-ondes,
de télécaméras, de projecteurs et de clôtures et elle est, par ailleurs, «prémunie» (!) par des bri-
gades de sécurité privées surnommées «Shérifs noirs».
Si l'on examine ces complexes architecturaux, leurs caractères à la fois de simulation de la
normalité et de simulacre sont des monumensonges (Baillon 1988) et doivent être compris
comme un phantasme construit à travers lequel la société cherche à éliminer une partie d'elle-
même sous forme d'une prison qui doit être un hôpital. Il reste également à se demander, vu ces
concentrations dans des centres de psychiatrie légale, si celles-ci ne peuvent pas être définies
comme - en fin de compte - point de départ d'une réforme conservatrice puisque, de par elles, le
rejet en masse de ces exclus de la société par ailleurs, de ces malchanceux de toujours, se
poursuit et se projette dans le futur.
«Thérapeutique noire» et techniques interventionnistes
C'est dans une réflexion exemplaire sur les conceptions institutionnelles des centres de psychia-
trie légale que l'on peut inclure le projet présenté pour Haina (Hesse) qui comprend des idées
d'ordre pédagogique et psychopédagogique et de «très très simples» modifications de compor-
tement. Sous forme d'une réforme, la théorie émancipatrice est ici réduite à des mesures tech-
nico-sociales, vue le fait que le caractère de processus de l'action psychothérapique est inversé
en une domination du faisable. Cette pratique rappelle fatalement - par analogie avec la «péda-
gogie noire» - les programmes de conditionnement que l'on croyait dépassés et laisserait toute
liberté d'y associer une «thérapeutique noire».
A Straubing en Bavière, «l'hôpital-prison» doté d'une sécurité optimale (bâtiments retranchés,
surveillance parapolicière) soutient que l'on puisse réaliser les concepts de soins en communau-
té thérapeutique. Ceci suit certes un idéal de desemprisonnement du "Massregelvollzug", mais
3

doit être illusionnant parce que ni les expériences faites jusqu'à présent ni les (contre-)indicati-
ons justifient en aucune façon de telles communautés thérapeutiques dans ce type d'institution,
et parce que la communauté thérapeutique ne peut - ni dans le présent, ni dans le futur - être
conçue comme une structure institutionnelle rigide mais seulement comme phase temporaire
d'une évolution dynamique de l'institution. Ce concept ne représente rien d'autre qu'une techno-
logie sociale instrumentalisée, un règlement de conflits visant à plus d'efficacité au milieu de mé-
thodes de sécurité et de soins progressivement mises en place, revêtant un caractère stratégi-
que et technico-sociale.
Modèle «psychothérapie institutionnelle»
Les concepts de soins qui ont été, d'autre part, présentés pour Marsberg et Haldem (Westphalie)
se réfèrent au modèle institutionnel français de «psychothérapie institutionnelle». Leurs concep-
tions théoriques sont relativement vastes visant - de par son intention et ses bases théoriques -
à un concept humaniste du traitement institutionnel des malades mentaux criminels. Le pro-
blème qui se pose est qu'il n'est pas toujours suffisamment clair si - et jusqu'à quel point - ce
concept communautaire basé sur les interactions n'est cependant pas, en fin de compte, dominé
par un concept organisationnel de l'autorité latente de la direction. Bien que la psychanalyse soit
- au fond - un procédé autoréflexif et visant à l'émancipation, elle est menacée d'une évolution
totalitaire par les changements au cours de son institutionnalisation. C'est-à-dire elle court le
danger de reproduire une structure hiérarchique et une mise sous tutelle au lieu d'acquérir plus
d'autonomie. Nous connaissons tous les ambitions que peuvent avoir certains praticiens pour
l'instrumentalisation de leur pratique en faveur de nouveaux intérêts riches en connaissances de
pointe. De par ce fait, on doit également exiger de ce concept qu'il prévoie - de façon structurelle
- le lieu de la contrainte de l'abandon d'aprioris personnels qui, souvent, n'est seulement percep-
tible que dans la pratique (Kobbé 1994). Car seul ce point de départ autorégulatif et autocritique
permettrait de réduire à néant les possibilités d'une instrumentalisation du praticien.
Métastases
Bâtiments et conceptions institutionnelles sont, en outre, complétées par la création de disposi-
tifs supplémentaires de soins ambulatoires et de secteur au niveau communal. Ces programmes
d'une psychiatrie sociale menacent cependant - si l'on regarde de plus près la littérature - de se
changer en un concept de contrôle expansif de l'institution du "Massregelvollzug" qui se métas-
taserait dans la société: L'interconnexion - en fonction des besoins - des offres de soins dans le
secteur conduit, par la force des choses, au rattachement et à la mise en place de services psy-
chosociaux et juridiques ayant des prétentions au niveau du contrôle et de la prévention.
Par là même, l'institution du "Massregelvollzug" conserve son image de centre d'un dispositif
désormais varié et diversifié. Celui-ci possède une dialectique propre basée sur la réforme et le
contrôle et il entretient une collaboration souple entre les institutions médico-psychologiques et
entre les institutions juridiques.
Résumé contradictoire
Les contradictions de ces institutions ainsi que celles de leurs réformes peuvent se comprendre,
au niveau de l'analyse du discours, comme des discours tant divergents que convergents de la
justice, de la médecine et de la psychothérapie. Vu les contradictions intrinsèques et les conflits
incorporés, à l'origine, dans les innovations, une enquête sur la réforme au niveau de la pratique
dans le "Massregelvollzug" doit se limiter à essayer de rétablir la «vérité» derrière ces simula-
cres, c'est-à-dire à mener l'analyse non pas à grand renfort de contre-projets, mais dans un but
d'analyse déconstructive. Comme résumé de cette ébauche de discussion sur les progrès en
question accompli dans le "Massregelvollzug" en Allemagne on se hasardera aux thèses suivan-
tes: - les évolutions et changements des conditions préalables et conditions-cadres non discur-
sives sont à définir - en soi - comme amélioration de la qualité juridique, architecturale et profes-
sionnelle; - les réformes entreprises restent cependant inévitablement contradictoires vu leurs
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implications dans les discours stratégiques; - une vraie réforme de la psychiatrie légale dans le
sens d'une compréhension se basant sur la psychiatrie sociale ainsi que dans le sens d'une pra-
tique appropriée visant au desemprisonnement n'a pas vraiment eu lieu; - ils existent plutôt des
domaines de travail et des secteurs de clinique où se sont effectués des changements extrê-
mement contradictoires et hétérogènes, en partie radicaux, et pour lesquels l'on doit se ques-
tionner sur leur caractère de simulacre, sur les répercussions dialectiques négatives des
«comme si» et sur le développement de l'efficacité technico-sociale; - les institutions peuvent
être définies comme des systèmes expérimentaux avec, pour particularité, le caractère chiméri-
que et secret de leurs prétendus buts.

Bibliographie
Baillon, G.: Monumensonge. En: vst vol. 34 (1988) nº 2, p. 18-21
Kobbé, U.: La psychiatrie judiciaire, branche oubliée par la psychiatrie sociale. En: Chanoit, P.F. & Verbizier, J. de
(Éd.): Psychiatrie sociale à l'heure européenne. Érès, Toulouse (1991) p. 145-154
Kobbé, U.: Beyond excluding discourses in forensic institutions. En: Forensische Psychiatrie und Psychotherapie
WsFPP vol. 1 (1994) nº 1, p. 161-172
Dossier «Architecture et psychiatrie». En: vst nº 2 (1988) p. 14-35
Dossier «Les lois qui divisent». En: vst nº 12 (1989) p. 10-29
Dossier «Soigner derrière les barreaux». En: vst nº 27 (1992) p. 8-31

Ulrich Kobbé
iwifo-Institut Lippstadt
BP 30 01 25
D-59543 LIPPSTADT
ulrich.kobbe@iwifo-institut.de
ulrich@kobbe.de

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