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DIDM – Médiathèque
Directeur : Philippe MONTILLET
N° ord. : 9.04.003
Sandra Newman, Marsha Schachtel, Institute for Policy Studies, Johns Hopkins University,
Baltimore MD
Lynn Stuart, Jim Gillispie et David Reynolds – Sheridan Library, Johns Hopkins University,
Baltimore MD
Mary Logan – Baltimore Metropolitan Council, Baltimore MD
Matt Cook – Illinois Institute for Technology, Chicago IL
Shannon Paul – American Planning Association, Chicago IL
David Deckelbaum – University of California, Los Angeles CA
Denise Hibay et Robert Armitage – New York Public Library
Luc Declerck - University of California, San Diego CA
Joan Campbell et Rick Davis– Urban Land Institute, Washington DC
Nancy Minter – Urban Institute, Washington DC
L’IAURIF
BIBLIOGRAPHIE 61
L’objectif principal de ce rapport est de rendre compte des changements récents qui ont eu lieu
dans le monde des bibliothèques avec le développement du réseau Internet.
D'après nos recherches, les USA ont bien appréhendé l'avancée des technologies. Les centres de
ressources les plus à la pointe sont souvent des bibliothèques universitaires, les bibliothèques de
"loisirs" (de comtés, de communes) ainsi que les centres de documentation d'entreprises
spécialisées. Nous avons choisi de rencontré 8 spécialistes américains de l’information en milieu
public, privé et universitaire, afin d’avoir une vision d’ensemble du travail documentaire aux USA.
Bien sûr, l’échantillon de l’enquête n’étant pas suffisant, les informations recueillies sont d’ordre
qualitative, ce qui correspond aux objectifs de ce travail.
Problématique
Le premier objectif de cette étude est de dresser le bilan actuel de l’offre d’Internet en terme de
gestion de contenu documentaire. Pour cela, je me suis inspiré d’études de cas en France et de
littérature qui présente des analyses américaines.
En effet, d’après une étude de l’INSEE1, un français sur quatre utilise quotidiennement Internet.
C’est la première source d’information des français pour les besoins pratiques ( bricolage, aide
aux devoirs …) et un foyer sur quatre est équipé d’une connexion.
Le gouvernement français encourage le développement d’Internet en équipant les espaces publics
de l’Internet sans fil (WIFI), ou encore en diffusant des informations civiques et des rapports
publics téléchargeables librement sur Internet. Récemment, le gouvernement a décidé de stopper
l’édition papier du Journal Officiel pour ne proposer uniquement que sa version numérique,
accompagnée des services qu’offrent traditionnellement ce type de site Internet : classement
thématique des documents, recherche dans le texte intégral, accès rapide aux derniers documents
publiés … Cet exemple illustre les évolutions récentes que le développement d’Internet induit sur
le monde de la documentation : l’utilisateur peut maintenant disposer instantanément des textes
intégraux chez lui et sans avoir recours à un intermédiaire.
Le second objectif est de mesurer quel est l’impact de ce développement technologique sur le
monde des bibliothèques : sur la fréquentation des bibliothèques ? sur le travail des
documentalistes et bibliothécaires ? Nous allons en tirer des enseignements issus de nos
investigations auprès des documentalistes américains. Nous verrons que l’analyse de leurs
pratiques quotidiennes et de leur approche des sciences des bibliothèques peut nous apporter des
clés pour penser l’avenir de la documentation. Cette dernière partie sera également notre
conclusion.
Enfin, ce travail est également l’occasion d’apporter à l'IAURIF des idées novatrices pour
accompagner le projet de la médiathèque et peut-être, participer au développement du réseau
Urbamet vers les USA.
1 Internet au quotidien : un Français sur quatre.- Insee Première, n°1076, Mai 2006. www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/IP1076.pdf
Source : Wikipédia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Internet#Liens_externes
Le Web 2.0
Internet a récemment connu une évolution majeure : le Web 2.0. « Web 2.0 est un terme souvent
utilisé pour désigner ce qui est perçu comme une transition importante du World Wide Web,
passant d'une collection de sites Web à une plate-forme informatique à part entière, fournissant
des applications Web aux utilisateurs. Les défenseurs de ce point de vue soutiennent que les
services du Web 2.0 remplaceront progressivement les applications de bureau traditionnelles. »2
En effet, le Web 2.0 est fondé sur le partage des connaissances des utilisateurs grâce à des
évolutions technologiques qui permettent, à l’aide d'outils simples, de publier du contenu sur le
3 www.youtube.com
4 www.dailymotion.com
5 www.google.com
Plusieurs conclusions sont à extraire de l’analyse de ces nouveaux services gratuits du Web 2.0 :
la possibilité donnée à l’utilisateur de publier librement du contenu sur Internet aboutit à
un développement exponentiel d’informations en temps réel
l’engouement des internautes pour ce type de services montre qu’ils correspondent aux
attentes des utilisateurs
ces outils permettent à l’utilisateur d’avoir un rapport direct avec le document et limite
les intermédiaires pour la recherche, l’organisation, la diffusion et le partage du
document primaire
les bibliothèques ont perdu le monopole du savoir
Cependant, sous certains aspects, la concurrence d’Internet est indéniable. Selon une étude
américaine réalisée en 200210, la proportion de la population qui utilise Internet est deux fois
supérieure au nombre d’usagers des bibliothèques. De plus, la communauté d’internautes
correspond à une part instruite et plutôt jeune de la population, habituée des bibliothèques.
L’offre d’Internet en documents multimédias, notamment par le biais des téléchargements,
pourrait détourner cette catégorie de la population des bibliothèques. Certaines
bibliothèques voient déjà s’éroder le public des sections disques.
7 Voir le message posté le 2 Mars 2007 sur la boîte Yahoo Club doc : http://fr.groups.yahoo.com/group/Club_doc/message/414
8 La fréquentation des bibliothèques publiques a doublé depuis 1989.- Consommation et Modes de vie, n°193, Mai 2006 :
www.credoc.fr/pdf/4p/193.pdf
9 Internet au quotidien : un Français sur quatre.- INSEE Première, n°1076, Mai 2006 : www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/IP1076.pdf
10 George D'Elia, Corinne Jörgensen, Joseph Woelfel.- The impact of the internet on public library use: an analysis of the current
consumer market for library and internet services.- Journal of the American Society for Information Science and Technology,
Vol.53, Issue 10, 2002
Enfin, le CREDOC constate une évolution des pratiques des usagers : les inscriptions
stagnent mais les médiathèques municipales attirent plus de visiteurs occasionnels et les visites
sont plus longues. La médiathèque est devenue un lieu où passer du temps pour voir des
expositions (28% des usagers), assister à des lectures, des débats, des spectacles (20%), consulter
des livres (50%) ou la presse (36%) et est un lieu de travail privilégié des étudiants.
Les bibliothèques assistent donc à une mutation des besoins des utilisateurs vers de
nouveaux médias que les responsables doivent prendre en compte. Ce phénomène est
fortement impulsé par le développement des technologies disponibles sur Internet. La
politique des bibliothèques doit donc surveiller et prendre en compte les évolutions d’Internet et
la médiathèque de demain est de ce fait intimement lié au développement du Web.
Pour conclure, on constate que le livre n’est plus un support suffisamment attractif pour les
bibliothèques. L’évolution de la fréquentation des bibliothèques est donc conditionnée par :
La visibilité et la qualité de services de la médiathèque sur Internet
L’accès libre à Internet ;
De nouveau services : expositions, débats … ;
L’accès à l’emprunt de nouveaux médias (DVD, CD, livres audio …) ;
11 Poissenot, Claude, ENSSIB.- Penser la fréquentation des bibliothèques à l'heure d'Internet.- Mai 2006 :
http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00110440
Pour connaître l’impact du développement d’Internet sur le travail des documentalistes dans la
pratique, je me suis appuyé sur mes expériences personnelles en tant que documentaliste dans
une agence d’urbanisme, et sur le réseau des membres de la FNAU. 19 documentalistes ont
donc répondu à un questionnaire en ligne concernant leurs pratiques documentaires avec
Internet.
84,2% des documentalistes interrogés réalisent une revue de presse et 78,9%, des bibliographies.
Internet est utilisé en premier lieu parce qu’il permet d’accéder aux documents primaires,
(94,7% des documentalistes vont sur Internet pour télécharger des documents) et parce qu’il
fournit de l’information actualisée (84,2% vont sur Internet pour se tenir informé de l’actualité
sur l’urbanisme). Le fait de pouvoir rechercher un contact et des informations bibliographiques
est également bien représenté (78,9%). Cela prouve que ces documentalistes manipulent bien
l’outil et connaissent les sources fiables pour télécharger, contacter une personne ou trouver
des informations bibliographiques.
La veille documentaire est surtout faîte à partir de la presse papier (89,5%). La veille sur Internet
est surtout basée sur des technologies utilisant la boîte e-mail : abonnements à des News-
letters (84,2%) et Alertes mail (78,9%). Cependant, 63,2% des personnes interrogées utilisent des
outils gratuits de veille sur Internet et 36,8% sont abonnées à des RSS.
Enfin, seule une personne est associée à des projets de knowledge management.
13 documentalistes ont exprimé leurs attentes par rapport aux évolutions de leur métier et des
nouvelles technologies. D’une manière générales, les documentalistes sont tout à fait près à
travailler davantage avec les nouvelles technologies. Ils souhaitent pouvoir disposer « d’outils »
qui permettraient « d’optimiser » leur travail quotidien.
Ils souhaitent que les NTIC soient un « gain de temps » à deux niveaux :
- pour chercher l’information : « trouver de l’information rapidement », « gagner du temps et
être plus exhaustif », « accéder immédiatement à l’information pertinente » …
- pour traiter l’information : « optimisation du temps d’indexation », un « traitement des
information rapide et efficace »
Les entretiens ont été réalisés entre Mars et Mai 2007 auprès de 8 responsables de structures et de
services. Ces investigations ont été complétées par la visite de bibliothèques publiques de grandes
villes (Los Angeles, Chicago, Library of Congress à Washington, Enoch Pratt Library à
Baltimore) et par des entretiens complémentaires auprès de chargés de projets (Baltimore
Metropolitan Council, Sheridan Library à la Johns Hopkins University de Baltimore).
La relation avec les usagers est également très importante, et favorise la fréquentation. En
effet, beaucoup de spécialistes que j’ai rencontré jouissent d’une relation privilégiée avec les
étudiants. Matt Cook, de l’Université de Chicago, connaît la plupart des sujets de recherche des
hauts-diplômés. Il enseigne également auprès de 130 étudiants des techniques en recherche
d’information. Le travail d’amélioration des services de la bibliothèque s’est fait en relation étroite
avec les étudiants.
D’après Denise Hibay, responsable de la gestion des collections à la New York Public Library, les
américains aiment leurs bibliothèques municipales. Ils apprécient la proximité, la gratuité,
l’accès à de nombreux services … A l’heure de la dématérialisation des échanges humains, les
bibliothèques ont un rôle à jouer de lien social entre les individus. Pour Denise Hibay, la
bibliothèque est un « espace civique sacré », un lieu de socialisation et d’accès libre à la
culture.
La salle de lecture de la Merriam Library à l’American Le centre de ressources de l’Urban Institute. Confort et
Planning Association ouvrages en accès libre
La Geisel Library de l’Université de San Diego : un La Sheridan Library de la Johns Hopkins University :
bâtiment hyper moderne à l’image de son environnement un vaste bâtiment à l’entrée principale du campus
La Galvin Library de l’Université de Chicago donne la possibilité aux étudiants de consulter des documents sur de
gros coussins ou dans un salon. Egalement de nombreux postes informatiques connectés à Internet
Le centre de ressources de l’APA propose aux chargés d’études d’alimenter directement les
dossiers documentaires accessibles dans la salle de lecture avec des articles de presse.
Horaires d’ouverture
Les bibliothèques publiques sont ouvertes tous les jours, et proposent parfois des horaires
nocturnes.
La consultation du fonds
Les bibliothèques tentent de rendre leur fonds documentaire le plus accessible possible sans
intermédiaire. Les documents sont en général rangés selon le mode de classification Dewey ou
celui de la Library of Congress.
La Geisel Library de l’université de San Diego Les armoires à photographies de la Chicago Public
Library
Une partie du fonds de plans et d’atlas de la Charles Le fonds de périodiques en libre accès à la Galvin
Young Research Library de l’université de Los Angeles Library de l’université de Chicago
Tous ces services disponibles sur l’Intranet des bibliothèques peuvent faire l’objet de nombreuses
visites dans les bibliothèques. Cependant, il est important de noter que des ordinateurs distants
peuvent se connecter au serveur de la bibliothèque. Ces ordinateurs peuvent ainsi accéder
aux bases auxquelles souscrit la bibliothèque. C’est le cas par exemple à la Johns Hopkins
University, où les adresses IP des ordinateurs personnels des étudiants sont reconnus par le
serveur de la bibliothèque. Cela permet aux étudiants de disposer à distance des services mis à
disposition par la Sheridan Library.
L’utilisation de l’espace
Les bibliothèques publiques américaines réfléchissent de plus en plus à une utilisation de l’espace
disponible dans leurs locaux. Certains documentalistes soulignent l’importance de
l’aménagement de l’espace des bibliothèques. L’université de San Diego a ainsi embauché
une entreprise spécialisée pour réfléchir à une amélioration de l’espace intérieur des bibliothèques
du campus. En effet, les bibliothèques mal agencées semblaient connaître une baisse de la
fréquentation.
Ainsi, beaucoup de bibliothèques proposent des salons isolés dédiés à la lecture et équipés de
mobilier confortable. La Johns Hopkins University proposent aux étudiants hauts-diplômés de
louer à l’année des « Carrel Lockers », des boxes fermés à clés. D’autres bibliothèques offrent
L’Anchor Library de Baltimore a ouvert ses portes le 10 Mai 2007 La salle de cours équipée
d’ordinateurs
Nous allons donc présenter dans cette partie les spécificités des sites Internet des bibliothèques
publiques américaines.
Certaines bibliothèques considèrent les ressources Internet comme un ensemble et ont choisi de
les présenter dans un produit commun. D’autres distinguent les ressources par leur nature en
mettant en avant les ressources de type « banque de données payantes ».
Les modalités d’accès aux bases présentées sont précisées en distinguant le monde entier des
utilisateurs de la bibliothèque. L’accès aux banques de données payantes se fait ensuite à partir de
l’adresse IP de la bibliothèque.
Le catalogue des signets des bibliothèques de l’université de San Diego. Le classement est thématique et le site
permet de rechercher dans le catalogue, de visualiser les modalités d’accès aux sites référencés et de proposer d’autres
signets.
La bibliothèque travaille depuis 3 ans sur un projet de bibliothèque numérique. Ce projet a deux
axes principaux :
- Institution Repository : projet qui consiste à récupérer les documents de travail des différents
départements de l'Université
- Numérisation de collections particulières du fonds de la bibliothèque
Institution Repository :
L'objectif est de collecter les documents de travail de différents départements de recherche de
l'université afin de les conserver et de les diffuser à un plus large public. Ce travail consiste à
scanner des rapports de recherche, des documents de travail (digitalized documents) ... et à
récupérer des documents plus récents automatiquement au format pdf. Donc numériser le passer
et récolter l'avenir. Pour l'instant, aucun accès direct à la base de données n'est possible aux
étudiants, mais à l'avenir, ils pourront directement publier leurs rapports sur cette base de
données. Pour l'instant, le projet se concentre sur la sensibilisation des utilisateurs et des auteurs à
ce nouveau service.
Numérisation de collections
La bibliothèque s'est lancée dans la numérisation en haute qualité de collections particulières :
1. 200 manuscrits rares de l'époque médiévale du Roman de la Rose : http://rose.mse.jhu.edu/
2. 30 000 partitions de musiques traditionnelles américaines :
http://levysheetmusic.mse.jhu.edu/
Le premier projet est encore en construction. L'objectif premier est la conservation de ces
documents rares, car une copie numérique de ce genre de document évite les manipulations du
papier. Le second objectif est la diffusion de ces documents. En effet, peu de bibliothèques
possèdent ce type de manuscrit, et cela évite aux chercheurs de se déplacer dans toutes les
bibliothèques du monde. Enfin, le troisième aspect est la recherche en nouvelles technologies. En
effet, un outil Open Source est utilisé ici pour la reconnaissance de caractères et la recherche en
full-text dans ces documents manuscrits. ( Text incoding Initiative ). Cependant, certains
caractères, comme les premières lettres des textes, sont dans une typologie particulière. David
travaille donc en relation étroite avec des maîtres de conférences spécialisés dans l'histoire
médiévale pour mettre au point un système qui permette à l'ordinateur de comprendre ces signes.
Ce projet s'est fait en partenariat avec plusieurs bibliothèques et certains de ces documents
appartiennent à des musées de l'Etat de Maryland.
Le même principe a été adopté pour la numérisation de partitions.
Certaines bibliothèques proposent de s’abonner au fil RSS des rubriques d’actualités. Mais le plus
intéressant est lorsque les catalogues de bibliothèques proposent cette option.
Le catalogue du Graham Resources Center de l’Université de Chicago propose de s’abonner au fil RSS des
dernières acquisitions de la bibliothèque
16 Source : Wikipédia
20 http://www.hclib.org/pub/
La veille documentaire
Les centres de ressources questionnés pratiquent tous une veille sur Internet à partir de
technologies basées sur la messagerie : news-letters gratuites ou payantes et alertes e-mail de
type Google.
Certains utilisent des services gratuits disponibles sur le Web. Google News a été le plus cité.
Shannon Paul, de l’American Planning Association, précise qu’elle encourage les chargés d’études
à utiliser ces services.
La documentaliste de l’Urban Institute met à profit de nombreux services gratuits qui lui
permettent d’effectuer une veille sur Internet. Outre divers abonnement à des news-letters et des
alertes e-mail, son principal outil de travail est un agrégateur gratuit de fils RSS, « Bloglines »22.
21 http://www.sla.org/
22 www.bloglines.com
Traitement de l’information
Logiciel
Tous les centres de ressources interrogés utilisent des logiciels documentaires qui permettent le
travail en réseau, la diffusion sur Internet et l’interopérabilité. L’offre semble très variée
puisque aucun centre n’a le même logiciel. Les documentalistes manipulent également des
logiciels de gestion de contenu sur le Web (« HomeSite »), de veille sur Internet (« Bloglines »,
« Vignet Content Management System »), et de génération de cartes (« Arcmap », « Arcview »).
Catalogage
Le résultat de l’étude des pratiques de catalogage dans les centres visités est sans appel : les
tâches de catalogage dans tous les centres visités sont réduites et automatisées.
- Les documentalistes ne rédigent pas de résumés dans la base documentaire.
Le résumé est utilisé pour des opérations de signalement. La documentaliste de l’Urban Institute
rédige parfois un court résumé lorsqu’elle signale un nouveau rapport intéressant sur le blog de la
bibliothèque. Shannon Paul, de l’American Planning Association, reprend des résumés
d’éditeurs de la base Amazon.com lorsqu’elle signale une nouvelle publication à ses
utilisateurs. Les résumés des études des agences visitées qui sont disponibles sur Internet sont
effectués par les auteurs eux-même. L’Urban Institute propose également une synthèse de
chaque rapport réalisée par les auteurs et insérée en début d’étude.
- L’indexation par mots-clés est automatisée.
Ce phénomène s’explique par le fait que toutes les bibliothèques visitées utilisent les services de
l’OCLC23. Cette fondation, créée en 1967, propose des services qui permettent de réduire les
coûts de traitement des 57000 bibliothèques membres issues de 112 pays. L’offre principale
de l’OCLC est Worldcat24, un catalogue partagé multimédias alimenté par les bibliothèques du
monde entier. C’est le plus grand OPAC25, ou catalogue en ligne du monde, avec plus de 84
millions de notices. En France, la BNF, ou encore l’OCDE sont membres. Chaque bibliothèque
membre a la possibilité :
- De consulter la base (ouverte à tout le monde)
- D’alimenter la base
- De récupérer des informations bibliographiques automatiquement
Cette dernière opération est possible si la base documentaire du destinataire est inter-opérable.
La communication entre les bases peut s’effectuer grâce à différents protocoles : la norme Z 39-
5026, la norme OAI27 ou le Shibboleth (pas encore très courant). Amazon.com, Librarything,
Worldcat, BN-OPALE PLUS, Gallica ou encore Google Books Search sont inter-opérables. Cela
signifie que tous ces catalogues sont capables de partager de l’information.
La Geisel Library de l’université de San Diego va ainsi proposer prochainement sur son
catalogue des informations issues d’Amazon.com : scan de la première page, résumés
d’éditeurs, commentaires d’utilisateurs, autres éditions …
Sous-traitance
Quelques centres de documentation sous-traitent des tâches documentaires. Cette pratique est
très développée notamment à la Geisel Library. La bibliothèque sous-traite la numérisation de
document, notamment de photographies et de livres (dans une entreprise située en Inde). Elle
sous-traite également le catalogage de livres rares, rédigés en caractères non-latins et qui ne se
trouvent pas dans la base de l’OCLC : des livres en coréen, chinois ... Enfin, le plus surprenant
est pour le traitement physique des ouvrages. L’achat de livres se fait auprès d’un groupeur qui
prépare les livres avant de les envoyer, de façon à ce que les bibliothécaires n’est plus qu’à les
mettre en rayon. A la réception, les livres sont déjà estampillés, cotés, magnétisés et plastifiés. La
société28 fournie également la notice de pré-catalogage. Luc Declerck, responsable des évolutions
technologiques, précise que la sous-traitance est économique et efficace pour la bibliothèque
et qu’il pense le pratiquer de plus en plus.
Diffusion de l’information
Produits documentaires
La principale tâche des documentalistes est d’orienter l’utilisateur dans ses recherches.
Pour répondre à cet objectif, les documentalistes américains se servent d’Internet pour fournir à
l’utilisateur des sources pertinentes. C’est pourquoi le principal produit documentaire des centres
de ressources interrogés est une liste de signets organisés thématiquement et accessible sur
Internet. Les autres produits documentaires réalisés par les documentalistes sont assez variés
mais en faible quantité. Seuls deux centres réalisent des bibliographies, et un autre produit une
liste des nouveautés tous les mois. Tous les produits sont publiés sur Internet ou Intranet.
Ainsi, les pratiques des documentalistes américains sont donc très orientées vers l’information
numérique :
Les bibliothèques acquièrent de plus en plus de documents numériques, et
numérisent des documents
Les tâches de catalogage sont mutualisées, automatisées et simplifiées
Les recherches bibliographiques sont décentralisées : elles sont directement assurées
par l’utilisateur, depuis son domicile. Le documentaliste reste le référent du « où
chercher », mais a perdu sa légitimité du « comment chercher »
Les utilisateurs demandent de plus en plus de l’information numérique intégrale
Le traitement de l’information numérique est la principale tâche du
documentaliste : il organise les accès à l’information pour simplifier et orienter les
recherches des utilisateurs
Internet est un outil pertinent pour le documentaliste pour rechercher l’information,
l’organiser, la sélectionner et la diffuser
29 www.wikipedia.org
30 www.myspace.com
31 www.secondlife.com
L’évolution du métier
Le métier est devenu plus technique, mais les documentalistes ont conscience que leur tâche
principale est d’être au service des utilisateurs, et que la technologie est un moyen d’améliorer
cette relation.
Les technologies sont vues comme une bonne chose pour le métier, même si elles rendent les
gens « paresseux et impatients » (David Deckelbaum).
Les bibliothèques n’hésitent pas à faire appel à des compétences extérieures pour mener à bien
leurs projets. Ainsi, les partenariats public / privé sont très courants.
Le plus médiatisé est l’accord entre Google, les Universités et les grandes bibliothèques
américaines. En effet, ces dernières ont confié à Google la numérisation d’une partie de leurs
fonds documentaires pour que celui-ci le mette en accès libre via l’interface Google Books
Search. Google Scholar n’est quant à lui qu’un accès via Google aux collections numériques de
certaines bibliothèques américaines. Le fonds de certains Instituts, comme l’INIST en France, est
dorénavant accessible par Google.
Ces partenariats laissent imaginer que l’on pourrait à l’avenir interroger le fonds de toutes les
grandes bibliothèques du monde à partir d’une seule interface. C’est le rêve de beaucoup de
documentaliste américains. C’est pourquoi ils développent des projets de diffusion de leur fonds
documentaire et renforcent les liens avec l’OCLC.
Worldcat trouve davantage de réponses que Google. De plus, les informations bibliographiques
relatives au livre sont plus précises chez Worldcat.
En cliquant sur le titre, Worldcat affiche la notice bibliographique de l’ouvrage, avec un aperçu de la
couverture du livre. Il me localise grâce à mon adresse IP et me propose de rechercher le livre dans
les bibliothèques les plus proches de chez moi.
Google affiche un fac-similé du livre, qui a été numérisé dans le cadre du projet « Google Book
Search ». Il propose de rechercher directement dans le contenu du livre, de l’acheter (chez
amazon.com par exemple), ou de l’emprunter dans d’autres bibliothèques.
En cliquant sur “Chercher dans ma bibliothèque”, Worldcat lance une requête directement dans la
bibliothèque de la JHU, à laquelle je suis connecté par adresse IP.
En choisissant l’option d’emprunter le livre, Google me renvoi sur Worldcat.
La suprématie des bibliothèques américaines se justifie donc par leur réseau. Internet est
l’outil privilégié qui permet la communication entre tous les centres de ressources. Ces pourquoi
les bibliothèques américaines sont en perpétuelle réflexion sur le développement de nouveaux
outils Web et misent sur Internet pour leur émancipation.
On pourrait dores et déjà imaginer aux Etats-Unis un centre de ressources sans fonds
documentaire propre. Le budget serait dédié uniquement à l’acquisition de banques de données
externes et au développement de technologies de gestion de contenu numérique. Actuellement,
les bibliothèques universitaires visitées dépensent davantage d’argent pour les abonnements à des
banques de données externes que pour l’acquisition de documents papier. Le centre de ressources
de l’Urban Land Institute a un fonds documentaire de 1000 références et puise son information à
95% sur Internet (d’après Rick Davis).
En Europe, les projets récents de numérisation du savoir, l’évolution rapide des « territoires
numériques », les orientations gouvernementales en faveur de la recherche en nouvelles
technologies, l’évolution du nombre d’Internautes et les nouvelles options prises par les éditeurs
de contenus laissent présager un avenir similaire, très orienté vers l’information numérique.
Les documentalistes et les bibliothèques devront savoir s’adapter à ces changements.
D’après une enquête réalisée par IDP pour le magazine Archimag en 200634, « la fonction info-
documentaire doit aujourd’hui être plus globale, transversale et partagée ». Les besoins des
utilisateurs résident moins dans l’acquisition et le traitement de documents externes que dans
l’organisation de l’ensemble de l’information entrante et sortante de l’entreprise. On devrait donc
assister à un fractionnement du métier en plusieurs spécialités dans les grandes structures (web
manager, knowledge manager, veilleur ...) et à une demande de polyvalence des documentalistes
dans les PME et les administrations locales. Les « concurrents » (informaticiens, gestionnaires et
chargés de communication) sont nombreux et compétents. Les professionnels de l’infodoc
devront faire valoir leur culture de l’information, leurs compétences en NTIC et leur capacité à
synthétiser et à hiérarchiser l’information. « Ils devront indiscutablement être aussi de très bons
gestionnaires (gestion de budget, d’équipe) et posséder de très bonnes capacités relationnelles ».
Enfin, l’étude américaine de George D'Elia, Corinne Jörgensen et Joseph Woelfel a développé
trois scénarios prospectifs pour les bibliothèques :
1) Statu quo : l’échec du livre électronique permet aux bibliothèques de continuer de se
développer, parallèlement à Internet.
2) Changement : la bibliothèque continue d’exister sous réserve de rénovation de ses
missions et services, notamment en favorisant d’avantage l’accès à Internet
3) Obsolescence : Internet supplante les services proposés par les bibliothèques qui ne
répondent plus aux évolutions sociologiques de la population (ségrégation résidentielle,
autonomie des individus …)
Ces scénarios montrent que l’avenir des sciences de l’information ne pourra être que numérique.
Ainsi, on pourrait résumer les mutations des sciences de l’information à l’avenir par le syllogisme
suivant :
33
Michel, Jean.- L'information et documentation. Un domaine d'activité professionnelle en mutation.- LCN - Les Métiers du
Numérique" (Hermès) Volume 1, n°3-2000, pp. 47-64 : http://michel.jean.free.fr/publi/JM328.htm
34
Les nouveaux horizons de l’infodoc. Etude prospective sur l'évolution des différentes fonctions de l'information-
documentation.- Archimag, 2006 .- Communiqué de presse :
http://www.forumdelageide.com/fileadmin/Forum_2006/Espace_Presse_actu_EXPOSANTS/CP_horizons_infodoc_forum_g
eide.pdf
Les nouvelles technologies donnent une légitimité aux documentalistes pour être
les principaux acteurs de projets innovants. Ils participent à des projets de développement
de plate-formes de documents numériques, notamment avec des partenaires privés ;
Le paysage du contenu numérique sur Internet tend de plus en plus vers une navigation
simplifiée entre les sources d’information. A l’avenir, les catalogues des bibliothèques
seront tous interconnectés et seront intégrés dans une offre globale d’information
sur Internet ;
La relation avec l’utilisateur a changé. Pour faire face à la demande d’autonomie des
utilisateurs, le documentaliste est disponible, accessible et au service du lecteur
dans les bibliothèques. Mais c’est maintenant sur Internet que les relations
documentaliste-lecteur sont les plus abouties. Le documentaliste peut donc utiliser
les technologies pour mettre en place un nouveau type de relation réciproque avec
l’Internaute-lecteur. L’utilisateur devient acteur de sa bibliothèque.
En effet,. le continent nord-américain est à l’initiative du réseau Internet et les USA restent à la
pointe des innovations technologiques, entraînées par des géants comme Google, Macintosh ou
Microsoft. Le « patrimoine numérique » nord-américain est donc plus ancien et plus fourni qu’en
Europe. C’est pourquoi l’utilisation d’Internet est souvent plus intuitive et systématique
aux Etats-Unis.
Des documentalistes rencontrés au cours de cette enquête nous ont donné quelques pistes de
réflexion qui pourraient être transposables aux spécificités françaises35.
Ainsi, la bibliothèque de l’Université de San Diego propose toujours plus de contenu en
ligne, enregistre des fréquentations records sur son site Internet, recueille les
commentaires de ses lecteurs sur son catalogue bibliographique et réussi en parallèle à
accueillir toujours plus d’étudiants entre ses murs en développant des activités annexes :
expositions, manifestations, spectacles vivant, emprunt facilité de tout type de documents
etc …
Internet et bibliothèque ne sont donc pas opposés. Bien au contraire, Internet donne une
nouvelle légitimité au documentaliste.
Les centres de ressources peuvent donc proposer une offre de service en ligne qui correspond
aux attentes de leurs public pour développer le rayonnement extérieur et ainsi augmenter la
fréquentation physique des établissements.
------------------
Lors de mes investigations auprès des documentalistes américains, j’ai pu constater l’importance
du lien qui existe entre documentation et Internet. En terme de ressources humaines,
Internet est un gain de temps considérable pour observer, pour échanger, pour agir. En terme de
métier, la documentation est amenée à évoluer en parallèle avec les nouvelles
technologies. Les américains travaillent beaucoup avec Internet car cela optimise les tâches de
traitement documentaire et cela correspond aux attentes des utilisateurs.
Anderson, Chris
La Longue Traîne : La nouvelle économie est là !
Pearson Education : 2007.- 280 p.
Archimag ; IDP
Les nouveaux horizons de l’infodoc. Etude prospective sur l'évolution des différentes fonctions
de l'information-documentation
Archimag : 2006.-
Communiqué de presse Pdf :
http://www.forumdelageide.com/fileadmin/Forum_2006/Espace_Presse_actu_EXPOSANTS/
CP_horizons_infodoc_forum_geide.pdf
Battelle, John
La révolution Google
Eyrolles : 2006.- 530 p.
Bernat, Jean-Pierre
Les enjeux pour l'entreprise. L'information en entreprise. Enjeux pour les professionnels de
l'information.
ADBS : 2002.-
Page Web : http://www.adbs.fr/site/management/enjeux/bernat.php
Bibliobsession (blog)
Exemples de mise en place de services de web 2.0 dans les bibliothèques.
Bibliobsession : 2006.- 45 p.
Power Point : http://slideshare.net/bibliobsession/services-20-dans-les-bibliothques-vers-des-
bibliothques-20/6
Castells, Manuel
La Société en réseaux
Fayard : 2001. Nouvelle édition
36
Les documents sont classés par ordre alphabétique d’auteurs. Le format des documents numérique est indiqué, ainsi que leurs
adresses Internet. Les liens ont été vérifiés en juin 2007
Dujol, Lionel
Blogs de bibliothèques. Un nouveau service au usagers ?
Chez l’auteur : 2006.- 28 p.
Power Point : http://www.slideshare.net/hulot/blogs-de-bibliotheques-un-nouveau-service-aux-
usagers
Garreau, Angelina
Les blogs, entre outils de publication et espaces de communication. Un nouvel outil pour les
professionnels de la documentation
Maîtrise des sciences de l'information et de la documentation, CAOA, Université : sept. 2005.-
Pdf :
http://memsic.ccsd.cnrs.fr/documents/archives0/00/00/02/73/mem_00000273_00/mem_000
00273.pdf
Hannay, Timo
The Scientific Paper of the Future
Nature Publishing Group : oct. 2006.
Power Point : http://blogs.nature.com/wp/nascent/061014_eScience_Hannay.pdf
INSEE
Internet au quotidien : un Français sur quatre
INSEE : 2006.- Insee Première, n°1076, Mai 2006.- 4p.
Pdf : www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/IP1076.pdf
Jeanneney, Jean-Noël
Quand Google défie l'Europe
Mille et Une Nuits : 2005.-
Journées d'étude interprofessionnelles "Un métier, des métiers : convergence des métiers des
archives, des bibliothèques et de la documentation",
BNF : 2005.- 4 p.
Pdf : http://isidora.cnrs.fr/spip.php?article25
Les-infostratèges.com
Dossier spécial : "web 2.0"
Les-infostratèges.com : déc. 2006.-
Page Web : http://www.defidoc.com/publications/dossierspecial_web2.0.htm
M. Maness, Jack
Library 2.0 Theory: Web 2.0 and Its Implications for Libraries
Webology, 2006.- Webology, Volume 3, Number 2, June, 2006.-
Page Web : http://www.webology.ir/2006/v3n2/a25.html
Maresca, Bruno
La fréquentation des bibliothèques publiques a doublé depuis 1989
CREDOC : 2006.-. Consommation et modes de vie, n°193, mai 2006.- 4 p.
Pdf : http://www.credoc.fr/publications/abstract.php?ref=CMV193
Michel, Jean
L'information et documentation. Un domaine d'activité professionnelle en mutation.
LCN - Les Métiers du Numérique" (Hermès).- Volume 1, n°3-2000, pp. 47-64
Page Web : http://michel.jean.free.fr/publi/JM328.htm
Ministère de l'équipement
Des TIC et des territoires. Quelles conséquences des technologies de l'information et de la
communication sur la vie urbaine, les territoires et la mobilité ?
Ministère de l’équipement : 2005.- 356 p., tabl., fig., ann., bibliogr.
Papy, Fabrice
Les bibliothèques numériques
Hermès Science Publications : 2005.- 224 p.
Poissenot, Claude
Penser la fréquentation des bibliothèques à l'heure d'Internet.
Institut Universitaire et Technologique : Mai 2006.- 12 p.
Word : http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00110440
Pomart, Paul-Dominique
1973-1993 : Quelle évolution du métier de documentaliste ?
Documentaliste – Sciences de l’information : 1993.- Vol.30, n° 4-5, p.210-212
Roch, Marie-Eve
Numérisation
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Roederer, Benoît
L’évolution de la fonction information-documentation. Résultats de l’enquête ADBS 1999
ADBS Editions : 2000.- 158 p.