Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
S
Pourquoi
déba,re
?
Eclairage
sur
«
Le
grand
débat
sur
l’iden9té
na9onale
»
N°1
Mars
2010
www.la‐revue.net
S
O
M
M
A
I
R
E
Dossier Edito :
Une
nouvelle
revue
comme
Déba,re
sur
l’iden9té
na9onale
p.11
une
bonne
résolu9on
p.3
Fragments : Chronologie :
Ce
qu’il
faut
retenir
de
...
Janvier
2010
p.4
Le
grand
débat
en
cita9ons
p.13
Le
grand
débat
en
dates
p.14
Ce
qu’il
faut
retenir
de
....
La
presse
et
le
grand
débat
p.16
Février
2010
p.6
Eclairages :
Par
Anne‐Marie
Thiesse,
historienne p.20
Par
Philippe
Breton,
professeur
en
Sciences
de
l’informa9on
et
de
la
communica9on p.23
2
Pour aller plus loin :
Eric
Besson,
Pour
la
na)on
p.26
Patrick
Weil,
Qu’est‐ce
qu’un
Français
?
p.26
Dominique
Schnapper,
Qu’est‐ce
que
l’intégra)on
p.27
Amin
Maalouf,
Les
iden)tés
meurtrières
p.29
Philippe
Breton,
La
parole
manipulée
p.29
Gérard
Noiriel,
A
quoi
sert
l’iden)té
na)onale
p.30
Diagonales:
Du
Néron
chez
Besson
p.32
Eric
Besson,
une
stratégie
“média
an9‐social”
p.33
Blade
Runner
ou
les
illusions
de
l’inden9té
p.34
Varia :
Le
point
sur
...
la
pauvreté
en
France
p.36
La
point
sur
...
Haï9
p.38
Lectures
p.40
E
D
I
T
O
Une nouvelle revue comme une bonne résolution…
2,5
millions
de
lecteurs
par
jour
pour
20
minutes,
à
mais
qu'historiens,
géographes,
écrivains
et
peine
moins
pour
Métro.
45%
des
Français
de
15
sociologues
ont
tenté
d'éclairer.
Pauvres
écrivains,
ans
et
plus
u9lisent
Internet
pour
faire
des
pauvres
sociologues,
appelés
en
ce
débat
à
recherches
documentaires,
23%
pour
visiter
un
blog
résumer
en
quelques
phrases
des
ques9onnements
ou
un
site
personnel,
21%
pour
lire
la
presse
en
bien
complexes.
C'est
ce,e
contradic9on
‐
entre
un
ligne.
Des
usages
qui
n'existaient
pas
il
y
a
en
sujet
si
passionnant
et
un
débat
si
pauvre
‐
qui
nous
encore
vingt
ans
et
qui
aujourd'hui
font
par9e
de
a
amené
à
prendre,
une
fois
n'est
pas
coutume,
une
notre
quo9dien.
Sans
compter
que
la
télévision,
la
bonne
résolu9on,
sous
la
forme
d'une
nouvelle
radio,
la
presse
con9nuent
de
cons9tuer
nos
revue.
Avec
pour
premier
sujet,
le
débat
sur
sources
d'informa9ons
privilégiées
:
87%
des
l'iden9té
na9onale,
et
pour
voca9on
l'envie
de
Français
déclarent
regarder
la
télévision
tous
les
proposer
sur
l'actualité
un
éclairage
que
nous
jours,
plus
de
trois
électeurs
sur
quatre
disent
souhaitons
différent.
Sous
quelle
forme
?
Une
suivre
un
journal
télévisé
au
moins
cinq
fois
par
revue,
mensuelle,
et
un
blog,
la‐revue.net.
Pour
le
semaine.
blog,
c'est
très
simple
:
il
s'agira
de
proposer
régulièrement
une
perspec9ve,
une
analyse,
une
opinion
sur
l'actualité
immédiate.
Invités
et
Des
supports
qui
se
mul9plient,
des
sources
qui
se
commentateurs
seront
conviés
à
enrichir
un
débat
diversifient.
Il
est
de
bon
ton
aujourd'hui
qui
se
veut
d'annoncer
que
nous
sommes
entrés
d'annoncer
que
sources
débat
qui
se
veut
permanent.
Pour
la
dans
une
société
de
la
connaissance,
revue,
il
il
s'agira
au
contraire
de
faire
l ' i n f o r m a 9 o n
e t
s a
m a î t r i s e
une
pause,
et
de
prendre
le
temps
cons9tuant
l'un
de
ses
fondements.
chaque
mois
de
faire
le
point.
Pour
M a i s
c e , e
o m n i p r é s e n c e
d e
commencer,
une
«
Chronologie
»,
l'informa9on
ne
fait
pas
forcément
de
coup
de
projecteur
sur
les
grands
et
nous
un
lecteur
mieux
informé,
et
pe9ts
événements
du
mois
précédent.
3
plus
cri9que.
De
l'informa9on,
nous
Ensuite,
un
«
Dossier
»,
cœur
de
la
ne
retenons
le
plus
souvent
que
revue,
réunissant
des
contribu9ons
l'émo9on,
les
sen9ments
et
d'un
jour
d'universitaires,
d'intellectuels,
déjà
remplacée
le
l’émo9on
d'éditorialistes,
avec
une
réac9ons
qu'elle
a
pu
susciter
en
d'un
jour
déjà
remplacée
le
l’émo9on
nous
lors
de
son
écoute,
émo9on
d'un
jour
déjà
une
ambi9on,
inviter
nos
lecteurs
à
faire
ensemble
remplacée
le
lendemain
par
une
nouvelle
tout
aussi
un
tour
de
la
ques9on,
détours
compris.
Après,
un
«
drama9que.
Nous
sommes
plus
informés,
sans
Sujet
»,
qui
se
propose
de
faire
le
point
sur
un
forcément
être
mieux
informés.
Voilà
pour
le
thème
précis.
Enfin,
des
«
Comptes
rendus
»,
contexte
général.
d’ouvrages
récents
ou
d’essen9els,
d’ar9cles
de
journaux
ou
de
revues
qui
ont
atré
notre
a,en9on
Car
à
la
source
de
ce,e
revue,
il
y
a
un
contexte
ou
celle
de
nos
chroniqueurs,
sans
oublier
les
«
plus
par9culier.
Celui
d'une
émission
de
radio,
Retours
»,
pages
ouvertes
aux
droits
de
réponse,
entendue
un
soir
de
décembre,
qui
me,ait
aux
opinions,
cri9ques
et
courriers
de
nos
lecteurs.
prises
trois
interlocuteurs
et
deux
animateurs
débordés
autour
d'un
débat
que
quelques
hommes
Parce
que
la
démocra9e
repose
sur
les
mots,
et
que
poli9ques
avaient
décidé
d'imposer
aux
Français.
les
mots
sont
des
armes.
Des
mots
qui
la
menacent
Un
débat
sur
l'iden9té,
au
singulier,
na9onale,
ou
la
renforcent,
qui
ne
sont
en
tout
cas
jamais
celles
des
Français,
la
notre.
Un
débat
«
plébiscité
neutres
mais
toujours
vecteurs
d’idées.
Et
qu’en
par
les
Français
»,
un
débat
qui
met
la
gauche
mal
à
conséquence,
chaque
débat
qui
se
crée,
doit
avoir
.
l'aise,
une
discussion
qui
n'a
de
débat
que
le
nom,
pour
objec9f
la
créa9on
de
champs
de
bataille,
où
tant
sont
encouragés
réac9ons
et
préjugés.
La
peuvent
s’affronter,
à
armes
égales,
sans
tromperie,
ques9on
des
iden9tés,
na9onales
pourquoi
pas,
est
sans
trucage,
à
la
loyale,
les
idées
de
tous
.
pourtant
un
beau
sujet.
De
ceux
qui
ne
se
résolvent
pas
en
quelques
commentaires,
mais
qu'historiens,
géographes
C
H
R
O
N
O
L
O
G
I
E
Ce qu’il faut retenir de … janvier 2010
Collusion
média9que

Régressions
sarkozystes
4‐
Roselyne
Bachelot
invitée
sur
TF1
11‐
Fadela
Amara
dans
un
entre9en
annonce
que
la
moi9é
des
94
millions
de
doses
accordé
au
Progrès
réaffirme
la
commandées
par
la
France
sont
annulées.
C’est
nécessité
de
ne,oyer
les
cités
urbaines
la
fin
de
la
crise
de
la
grippe
A
qui
n'a
pas
été
traitée
comme
un
problème
de
santé
publique
au
Kärcher.
Deux
mois
avant
les
régionales
le
mais
comme
des
scandales
à
répé99on.
gouvernement
ressort
les
trois
«
i
»
:
iden9té
na9onale,
insécurité,
immigra9on.
5‐
Jean‐Michel
Apathie
rec9fie
une
23‐
Le
directeur
général
des
Hôpitaux
informa9on
erronée
sur
les
retraites,
de
Paris
confirme
dans
un
entre9en
au
après
une
pub
dans
le
Grand
journal
de
Canal+
Parisien
la
suppression
de
3.000
à
4.000
Sa
source
?
Un
SMS
du
Premier
Ministre,
postes.
Une
coupe
budgétaire
qui
risque
e nv o y é
s u r
l e
n u m é ro
p e rs o n n e l
d u
d'avoir
des
conséquences
drama9ques
chroniqueur....
notamment
en
terme
de
délais
d'avortement.
11‐
Fox
News
annonce
le
recrutement
d'une
commentatrice
hors
pair...
Sarah
25‐
123
kurdes
découverts
une
plage
de
Palin.
Les
médias
américains,
un
an
après
Bonifacio
sont
immédiatement
placés
l'élec9on
de
Barack
Obama,
s’opposent
plus
que
jamais
au
pouvoir
en
place.
en
centre
de
réten9on.
Les
juges
des
libertés
et
de
la
déten9on
de
différents
tribunaux
vont
ordonner
leur
remise
en
liberté
 2 5‐
Nicolas
Sarkozy
travaille
sa
pour
non
respect
des
procédures.
C'est
un
communica9on
poli9que
dans
un
désaveu
d'Eric
Besson
qui
avait
jugé
que
:
«
Face
4 à
des
situa9ons
d'urgence,
la
protec9on
des
simulacre
de
débat
avec
les
Français
p e r s o n n e s
p r i m e
s u r
l e
p o i n 9 l l i s m e
animé...
par
Jean‐Pierre
Pernaut
!
procédural».
7‐
mort
de
Philippe
Seguin.
La
classe
poli9que
dans
son
ensemble
rendent
hommage
à
l'homme
qui
aura
redonné
de
la
visibilité
et
de
la
crédibilité
à
la
Cour
des
comptes.
10‐
Les
habitants
de
la
Guyane
et
de
la
Mar9nique
reje,ent
massivement
le
statut
d'autonomie
proposé
par
référendum.
Un
échec
reten9ssant
pour
les
progressistes
et
autres
par9sans
du
oui,
un
an
après
la
crise
sociale
qui
avait
ébranlé
la
Mar9nique.
26‐
Après
six
mois
de
travaux,
la
mission
parlementaire
présidée
par
le
député
communiste
André
Guérin
affirme
que
le
voile
intégral
est
contraire
aux
valeurs
de
la
République.
Proposi9ons
socialistes
Nouvelles
du
monde
Mar9ne
Aubry
propose
comme
alterna9ve
aux
01‐
L'Espagne
prend
la
tête
de
la
présidence
trois
«
i
»
de
la
droite
les
trois
«
e
»
socialistes
:
tournante
de
l'Union
Européenne
tandis
que
emploi,
éduca9on,
environnement.
Elle
peaufine
son
les
deux
membres
de
l'exécu9f
européen
élus
en
image
de
présiden9able.
novembre
passé
n'arrivent
toujours
pas
à
s'imposer.
Il
est
plus
que
jamais
difficile
à
l'Europe
de
parler
d'une
12‐
Le
Par9
Socialiste
dépose
une
proposi9on
seule
voix.
de
loi
sur
le
droit
de
vote
des
étrangers.
Ils
font
ainsi
suite
au
livre
d'Eric
Besson
Pour
la
Na9on
plaidant
12‐
Haï9,
le
pays
le
plus
pauvre
dans
ce
sens.
Le
chef
de
l'Etat
un
temps
favorable
à
ce,e
mesure
ne
semble
pas
enclin
à
encourager
sa
majorité
à
d'Amérique
est
dévasté
par
un
voter
une
telle
loi.
tremblement
de
terre.
Rapidement
la
solidarité
interna9onale
s'organise
et
la
générosité
19‐
François
Hollande
compte
ses
troupes
dans
afflue
au
risque
de
voir
d'autres
causes
oubliées.
(
voir
la
perspec9ve
d'une
candidature
en
2012,
il
p.38)
propose
une
stratégie
de
nouvelle
croissance
12‐
Google
menace
de
qui,er
la
Chine,
basée
sur
la
forma9on,
l'innova9on
et
une
nouvelle
poli9que
fiscale.
principal
pays
censeur
de
l'Internet,
qui
mène
des
assauts
contre
les
serveurs
du
géant
américain
en
vue
de
récupérer
des
données
sur
les
pra9ques
de
ses
Ini9a9ves
citoyens.
Secrétaire
de
rédac9on
:
Gau9er
Demouveaux,
journaliste
à
France
Bleu,
diplômé
d’un
Ins9tut
d’Etudes
Poli9ques
et
du
CUEJ,
école
de
journalisme
de
Strasbourg.
Rédacteurs
permanents
:
Laurent
François,
responsable
du
pôle
influence
digitale,
Ogilvy
PR,
directeur
de
la
publica9on
de
tout‐ca
mag’.
Péristète,
anthropologue
et
philosophe
du
quo9dien.
Ont
contribué
à
la
réalisa9on
de
ce
numéro
:
Pascale
Arguedas,
Philippe
Breton,
Hélène
Fabre,
Pascal
Marchand,
Sami
Naïr,
Céleste
Simonet
et
Anne‐Marie
Thiesse.
Nous
les
en
remercions.
C
H
R
O
N
O
L
O
G
I
E
Ce qu’il faut retenir de … février 2010

Régressions
sarkozystes
Collusion
média9que
2
–
Gourbangouli
Berdimoukhamedov
18
–
Canal
+
envoie
des
soldats
est
reçu
à
l’Elysée.
Ce,e
visite
du
président
du
roumains
à
Tahi9.
Après
les
russes
et
la
Turkménistan
est
organisée
dans
la
plus
grande
télévision
colombienne,
L’édi)on
spéciale
de
la
discré9on.
chaîne
à
péage
a
relayé
une
informa9on
du
Times.ro
qui
s9pulait
que
la
Roumanie
avait
envoyé
des
troupes
et
denrées
à
Tahi9
en
voulant
aider
les
sinistrés
d’Haï9.
La
chaîne
diffuse
même
une
10
–
Une
ar9ste
chinoise
censurée
par
réac9on
du
ministre
roumain
:
«
Ce
n'est
pas
la
les
Beaux‐Arts.
Son
œuvre
composée
de
quatre
peine
d'en
faire
un
plat,
franchement,
Haï),
Tahi),
banderoles
détournant
le
slogan
de
campagne
de
Mahi),
Papi),
toutes
ces
îles
ont
des
noms
qui
se
Nicolas
Sarkozy
:
«
Travailler
»,
«
Moins
»,
ressemblent.
»
Sauf
que
la
source
de
ce,e
«
Gagner
»,
«
Plus
»
avait
été
re9rée
de
la
façade
de
informa9on
est
un
site
sa9rique
et
l’informa9on,
un
l’école
au
mo9f
de
son"a@einte
à
la
neutralité
du
canular…
service
public".
Elle
sera
remise
en
place
trois
jours
plus
tard.
20‐
Un
électeur
sur
deux
déclare
ne
pas
16
–
Vote
de
la
loi
LOPPSI
2.
L’assemblée
souhaiter
voter
aux
régionales
des
14
et
na9onale
vote
ce
projet
de
loi
de
sécurité
intérieure
21
mars
prochain.
Plusieurs
sondages
généralisant
la
vidéo‐surveillance,
autorisant
le
s’accordent
pour
déclarer
l’absten9on
grande
6 couvre‐feu
pour
les
moins
de
13
ans
et
le
contrôle
gagnant
des
prochaines
régionales
et
pour
cause.
des
ordinateurs.
Depuis
le
début
de
la
campagne
média9que,
les
enjeux
des
régionales
(Forma9on,
Lycée,
TER,
poli9que
économique)
ne
sont
pas
mis
en
avant.
21
–
Albanel
rejoint
France
Télécom.
Seuls
les
affaires
développées
ci‐dessous
font
les
Après
son
passage
au
ministère
de
la
culture,
unes
des
journaux.
Chris9ne
Albanel
rejoindrait
la
direc9on
de
la
communica9on
de
l’entreprise.
 Régionales 2010
03‐
Ilhem
Moussaid
est
inves9e
sur
une
liste
NPA.
Bien
qu’en
posi9on
inéligible,
la
candidate
voilée
suscite
une
vive
polémique
dans
la
sphère
poli9co‐média9que.
10‐
Hélène
Mandroux
ne
parvient
pas
à
s’associer
avec
les
Verts
en
Languedoc‐
Roussillon.
L’affaire
Frêche
aura
été
l’événement
central
de
ces
régionales.
Sa
victoire
ne
semble
plus
pouvoir
être
évitée,
le
PS
décide
une
exclusion
temporaire
des
sou9ens
à
Georges
Frêche…
19‐
Deux
maires
UMP
qualifient
Ali
Soumaré
de
«
délinquant
mul)récidiviste
chevronné
».
La
polémique
prend
de
l’ampleur
quand
la
procureure
de
la
République
de
Pontoise
révèle
que
certaines
affaires
sont
imputables
à
un
autre
Ali
Soumaré.
Le
tête
de
liste
PS
du
Val‐d’Oise
devient
le
centre
de
toutes
les
a,en9ons
média9ques.
Valérie
Pécresse
sera
convoquée
à
l’Elysée,
sa
campagne
pa9ne.

Nomina9ons
23
–
Didier
Migaud
devient
Premier
Président
de
la
Cour
des
comptes.
L’ancien
président
de
la
commission
des
finances
de
l’Assemblée
na9onale
reprend
le
poste
que
Philippe
Séguin
occupait
depuis
2004.
Nicolas
Sarkozy
cherche
à
nouveau
l’ouverture
en
nommant
ce
membre
du
par9
socialiste.
24
–
Michel
Charasse
annonce
sa
nomina9on
au
Conseil
cons9tu9onnel.
Toujours
dans
une
volonté
d’ouverture,
Nicolas
Sarkozy
décide
de
nommer
l’ancien
mi,errandiste
au
Conseil
cons9tu9onnel.
Alors
que
le
président
de
la
République
est
au
plus
bas
dans
les
sondages,
les
candidats
au
débauchage
sont
de
moins
en
moins
nombreux.
Jacques
Barrot
et
Hubert
Haenel
complètent
l’équipe
du
Conseil
cons9tu9onnel.
Le
président
de
l’Assemblée
na9onale
et
celui
du
Sénat
nomment
deux
membres
de
la
majorité
dans
ce
conseil
où
aucun
des
neuf
membres
actuels
n’ont
été
désignés
par
la
gauche.

Repères

Nouvelles
du
Monde
9‐
Paru9on
du
rapport
annuel
de
la
Cour
1‐
Les
Etats‐Unis
renoncent
à
une
des
comptes.
L’état
des
finances
publiques
est
n o u ve l l e
c o n q u ê te
d e
l a
L u n e .
7
jugé
avec
sévérité.
Ce
rapport
affirme
une
Conséquence
indirecte
de
la
crise
économique,
aggrava9on
inquiétante
du
déficit
structurel
B a r a c k
O b a m a
m e t
fi n
a u
p r o g r a m m e
français
l’an
passé.
«
Constella9on
»
de
la
Nasa
lancé
par
Georges
Bush
en
2004
pour
un
retour
sur
la
Lune
en
2020.
J’viens
de
là
où
la
France
est
un
pays
cosmopolite
»
“Je
viens
de
là”
Grand
Corps
Malade
D
E
B
A
T
T
R
E
S
U
R
L’
I
D
E
N
T
I
T
E
N
A
T
I
O
N
A
L
E
En
1992,
Popula)on,
immigra)on
et
iden)té
créer
le
lien
social
nécessaire
au
«
vivre
na)onale
de
Gérard
Noiriel
s’ouvrait
sur
ces
ensemble
».
Patrick
Weil,
auteur
de
Qu’est‐ce
mots
:
«
Depuis
une
dizaine
d’années,
les
qu’un
Français
,
explique
que
la
no9on
de
problèmes
d’immigra)on
et
d’iden)té
na)onale
na9onalité
a
varié
selon
le
temps
(p.26).
Ainsi,
sont
au
cœur
de
l’actualité
poli)que,
non
quatre
critères
peuvent
donner
droit
à
la
seulement
en
France,
mais
dans
l’ensemble
de
na9onalité
française
:
le
lieu
de
naissance,
le
lien
l’Europe
».
L’idée
que
le
sujet
serait
tabou
–
de
filia9on,
la
résidence,
le
statut
matrimonial.
véhiculée
par
le
gouvernement
et
notamment
Selon
les
périodes,
selon
la
représenta9on
que
par
Eric
Besson
qui
y
consacre
un
chapitre
en9er
notre
société
véhiculait
des
femmes,
des
juifs,
dans
son
opuscule
(p.26)
–
n’a
pas
d’autre
des
musulmans
d’Algérie…,
on
leur
a
accordé,
nié
fondement
qu’une
volonté
poli9que
de
diffuser
ou
refusé
la
na9onalité
française.
Il
est
donc
une
doxa
erronée.
défini9vement
erroné
de
croire
que
ce,e
ques9on
est
nouvelle,
tout
comme
il
serait
faux
Depuis
le
XVIIIe
siècle
et
l’avènement
du
concept
de
croire
que
la
na9on
est
essen9aliste
et
de
«
na9on
»
‐
au
sens
poli9que
du
terme
–
ce
immuable.
Comme
tout
individu,
la
na9on
mot
n’a
cessé
d’être
déba,u,
précisé
et
redéfini.
française
est
en
permanente
évolu9on.
Pour
Jules
Michelet,
historien
du
XIXe
siècle
:
l’Angleterre
est
un
empire,
l’Allemagne
une
race,
Dès
lors,
pourquoi
un
tel
débat
?
Parce
que
le
et
la
France
est
une
«
personne
»,
qui
a
pris
concept
de
na9on
est
éminemment
poli9que.
conscience
de
son
existence
en
1789.
«
Qu’est‐ce
Pour
Gérard
Noiriel
(p.30),
la
IIIeRépublique
a
qu’une
na)on
?
»,
la
célèbre
conférence
d’Ernest
«
fabriqué
la
‘’communauté
na)onale’’
en
même
Renan
–
citée,
détournée,
malmenée
pendant
ce
temps
qu’elle
favorisait
le
processus
de
1 débat
–
est
prononcée
quelques
années
après
différen)a)on
des
affilia)ons
»
:
l’iden)té
0 l’humiliante
défaite
Française
contre
la
Prusse
et
na)onale
est
devenue
une
composante
de
fixe
l’idée
d’une
différence
entre
le
concept
l’iden)té
de
tous
les
citoyens,
qui
baignaient
français
et
allemand
de
na9on.
C’est
à
ce,e
dans
un
«
nous
Français
»,
mais
elle
n’était
pas
la
époque,
dans
ce
contexte,
que
se
dessine
l’idée
seule
face@e
de
leur
iden)té.
En
effet,
la
fin
du
«
d’un
plébiscite
de
tous
les
jours
».
Paul
Ricœur
XIXevoit
se
développer
en
même
temps
que
la
définit
notre
iden9té
na9onale
selon
deux
presse
à
grand
)rage,
la
démocra)sa)on
de
critères,
la
«
mêmeté
»
et
l’«
ipsité
».
A
la
fin
du
l’enseignement,
l’émergence
des
premières
XIXe
siècle,
contrairement
aux
allemands,
les
«
catégories
socio‐professionnelles
».
«
Le
fait
français
sont
iden9ques,
la
mêmeté,
et
que
les
individus
soient
ra@achés
à
différents
possèdent
une
histoire
commune
qui
forge
leur
groupes
sociaux
a
mul)plié
les
iden)tés
latentes
sen9ment
d’appartenance
à
la
na9on,
l’ipsité.
La
(poten)elles),
qui
doivent
être
ac)vées
pour
IIIe
République
porte
ce
nouveau
concept
de
s’imposer
».
En
fonc)on
du
contexte,
certaines
de
na9on,
notamment
en
imposant
aux
enfants
un
ces
iden)tés
poten)elles
acquièrent
plus
ou
enseignement
de
l’histoire
basée
sur
la
gloire
de
moins
de
visibilité
dans
l’espace
public.
Dans
les
nos
héros
na9onaux
et
de
la
géographie
années
1880,
la
«
poli)sa)on
de
l’iden)té
enseignée
avec
une
Alsace
toujours
Française.
na)onale
devient
alors
une
arme
essen)elle
pour
comba@re
la
lu@e
des
classes
».
Une
leçon
Anne‐Marie
Thiesse,
historienne
spécialiste
du
d’histoire
à
me@re
en
écho
avec
notre
contexte
sujet,
montre
que
la
construc9on
des
iden9tés
contemporain.
Après
la
seconde
guerre
na9onales
est
un
processus
complexe,
qui
s'est
mondiale,
le
na9onalisme
et
profondément
et
engagé
dès
le
XIXème
dans
la
plupart
des
pays
durablement
discrédité.
Gérard
Noiriel
montre
européens
et
n'en
finit
pas
de
se
renouveler
(p. qu’il
faudra
a,endre
le
début
des
années
80
et
20).
Selon
elle,
il
n’est
«
rien
de
plus
interna)onal
les
prémices
de
la
popularité
de
Jean‐Marie
Le
que
la
forma)on
des
iden)tés
na)onales
».
Les
Pen
pour
que
le
sujet
réapparaisse
dans
les
pays
européens
ont
à
ce,e
époque
cherché
à
médias.
9sser
des
représenta9ons
nouvelles
pour
nouvelles
Depuis,
sous
couvert
de
ne
pas
vouloir
laisser
au
Ce
débat
a
pourtant
échoué.
Censé
se
conclure
par9
fron9ste
le
monopole
de
ce
sujet,
l’iden9té
par
un
grand
colloque
débouchant
sur
un
na9onale
a
été
mobilisée
par
la
droite
nouveau
contrat
d’intégra9on,
le
grand
débat
sur
essen9ellement
et
la
gauche
épisodiquement.
l’iden9té
na9onale
devra
se
contenter
d’un
Porté
par
les
médias,
le
thème
de
l’iden9té
simple
séminaire
gouvernemental
dont
le
seul
na9onale
devient
même
un
sujet
central
de
la
objec9f
était
de
me,re
fin
au
désastre.
Mais
présiden9elle
de
2007,
après
l’annonce
de
la
alors,
pourquoi
consacrer
ce
premier
numéro
à
créa9on
par
le
candidat
Sarkozy
d’un
ministère
ce
sujet
éculé
?
Tout
simplement
parce
que
nous
de
l’Immigra9on
et
de
l’iden9té
na9onale.
Pour
considérons
que
ce
débat
est
nécessaire
et
que
Gérard
Noiriel,
les
différences
entre
le
la
conséquence
première
de
son
échec
va
être
patrio9sme
de
Ségolène
Royal
et
le
na9onalisme
de
faire
disparaître
le
thème,
voire
l’idée
de
de
Nicolas
Sarkozy
sont
aussi
marquées
que
débat,
pour
quelques
années,
alors
qu’il
est
celles
qui
opposaient
Jaurès
et
Barrès
au
début
toujours
plus
important.
A
l’heure
de
la
du
XXème.
S’il
ne
fait
aucun
doute
qu’en
mondialisa9on,
alors
que
l’immigra9on
a
amené
imposant
un
tel
débat,
le
candidat
de
l’UMP
avec
elle
de
nouvelles
cultures,
une
nouvelle
cherchait
à
raviver
le
clivage
droite/gauche
qu’il
religion,
et
leur
corollaire
de
ques9ons
de
avait
estompé
en
début
de
campagne,
ce
sujet
société,
il
est
plus
que
jamais
indispensable
de
n’a
pas
été
choisi
au
hasard.
La
dernière
enquête
pouvoir
répondre
à
la
ques9on
de
ce
qu’est
un
décennale
sur
les
valeurs
des
Français
montre
Français.
Inu9le
de
préciser
que
les
immigrés
l’intérêt
que
ces
derniers
portent
à
ce
sujet.
90%
fraichement
arrivés
sur
le
territoire,
qu’ils
des
personnes
interrogées
se
déclarent
fières
souhaitent
conserver
leur
na9onalité
ou
devenir
d’être
Françaises,
alors
qu’elles
n’étaient
que
français,
a,endent
que
le
pays
d’accueil
donne
82%
en
1981.
Plus
intéressant
encore,
les
une
réponse
à
ce,e
ques9on.
clivages
se
sont
estompés
:
même
les
1
popula9ons
qui
étaient
en
1981
en
retrait
quant
Comme
nous
l’explique
Philippe
Breton
(p.23),
la
1
à
l’affirma9on
de
leur
fierté
na9onale,
comme
démocra9e
est
basée
sur
la
parole.
Ce
qui,
dans
les
militants
de
gauche
et
surtout
d’extrême
les
faits,
montre
la
supériorité
de
ce
régime,
sont
gauche,
ne
se
différencient
plus
aujourd’hui
des
les
débats,
les
échanges
d’idées
qui
produisent
autres
Français.
Ce,e
enquête
révèle
aussi
des
décisions
et
des
poli9ques
plus
ra9onnelles
qu’une
majorité
des
Français
(56%)
pense
que
et
réfléchies.
Si
ce
débat
ne
s’était
pas
paré
de
«
les
immigrés
sont
une
charge
pour
la
sécurité
ses
habits
jacobins
centralisateurs,
en
étant
sociale
du
pays
»,
qu’un
Français
sur
trois
es)me
encadré
par
les
préfets,
pilotés
par
une
volonté
que
la
«
culture
est
menacée
par
les
et
des
enjeux
poli9ques,
il
aurait
pu
perme,re
immigrés
»et
que
ces
derniers
«
aggravent
les
de
réfléchir
à
un
nouveau
modèle
d’intégra9on
problèmes
de
criminalité
»,
même
si
les
immigrés
français.
En
laissant
chaque
citoyen
s’exprimer,
sont
cependant
toujours
mieux
acceptés
en
affirmer
ses
craintes
sans
pour
autant
le
taxer
de
France.
Les
auteurs
de
l’enquête
concluent
que
xénophobie,
un
débat
mieux
organisé
aurait
même
si
l’idée
d’interdire
ou
de
contrôler
permis
à
notre
société
de
mieux
se
connaître,
.
strictement
l’immigra)on
diminue
en
France,
aux
citoyens
de
mieux
vivre
avec
les
étrangers
et
ce@e
ques)on
demeure
un
sujet
qui
divise
la
aux
«
Français
de
souche
»
de
mieux
cohabiter
société
française.
Pour
un
candidat
qui
cherchait
avec
ceux
«
de
feuillages
»…
le
clivage,
rien
de
mieux
dès
lors.
Line MAZUIR et Grégory BOZONNET
Des
commentaires,
remarques
ou
proposi9ons,
écrivez‐nous,
contact@la‐revue.net
« J'ai
connu
des
paysages
Et
des
soleils
merveilleux
Au
cours
de
lointains
voyages
Tout
là‐bas
sous
d'autres
cieux
Mais
combien
je
leur
préfère
Mon
ciel
bleu
mon
horizon
Ma
grande
route
et
ma
rivière
Ma
prairie
et
ma
maison.
Douce
France
Cher
pays
de
mon
enfance
Bercée
de
tendre
insouciance
Je
t'ai
gardée
dans
mon
cœur!
Mon
village
au
clocher
aux
maisons
sages
Où
les
enfants
de
mon
âge
Ont
partagé
mon
bonheur
Oui
je
t'aime
Et
je
te
donne
ce
poème
Oui
je
t'aime
Dans
la
joie
ou
la
douleur
Douce
France
Cher
pays
de
mon
enfance
»
Bercée
de
tendre
insouciance
Je
t'ai
gardée
dans
mon
cœur
“Douce France”
Charles Trenet
F
R
A
G
M
E
N
T
S
André Valentin, maire UMP de Gussainville “Il est
temps qu'on réagisse, parce qu'on va se faire
bouffer. Y en a déjà 10 millions, 10 millions que
l'on paye à rien foutre.” Eric Besson, novembre 2009 : "Le peuple
français s'est déjà saisi du débat et il a
envie qu'il ait lieu."
Marine Le Pen (FN) : "Le débat sur l'identité nationale mérite mieux que des discussions de sous-
préfecture encadrées par M. Besson avec quelques emplois-jeunes issus d'associations subventionnées
qui ne représentent personne et une poignée de syndicalistes qui ne représentent personne.”
François Bayrou (MoDem) "L'identité nationale n'appartient pas aux politiques. C'est comme l'histoire, il
n'appartient pas aux politiques de s'en accaparer.”
Le
grand
débat
en
citaQons
1
3
Martine Aubry, première secrétaire du PS : "Je ne pardonnerai jamais à Nicolas Sarkozy d'avoir mélangé
l'identité nationale et l'immigration.”
1
4 Le grand débat en dates
29
novembre
2009
:
Le
maire
UMP
de
Gussainville
9ent
en
marge
d'un
débat
des
2
décembre
2009
:
lancement
sur
le
site
propos
xénophobes.
Le
même
jour
les
Mediapart
de
l’ini9a9ve,
«
nous
ne
suisses
approuvent
un
référendum
déba,rons
pas
».
interdisant
la
construc9on
de
nouveaux
minarets.
9
décembre
2009
:
le
président
de
la
République
9ent
une
tribune
dans
Le
Monde
10
décembre
2009
:
Michèle
Alliot‐Marie
et
sur
le
thème
de
la
laïcité.
50
députés
UMP
du
«
chêne
»
s’expriment
dans
le
Figaro
pour
l'unité
na9onale.
La
droite
montre
ses
divisions
sur
le
débat.
15
décembre
2009
:
Nadine
Morano
fait
un
amalgame
et
affirme
que
les
jeunes
ne
doivent
pas
me,re
leur
casque,e
à
l'envers
et
parler
en
verlan.
8
février
2010
:
le
grand
colloque
de
clôture
du
débat
devient
un
séminaire
gouvernemental,
la
fin
de
ce,e
consulta9on
est
le
symbole
même
de
son
échec.
« Plutôt
que
d'être
issu
d'un
peuple
qui
a
trop
souffert
J'aime
mieux
élaborer
une
thèse
Qui
est
de
pas
laisser
à
ces
messieurs
Qui
légifèrent,
le
soin
de
me
balancer
Des
ancêtres
On
a
beau
être
né
Rive
gauche
de
la
Garonne
Converser
avec
l'accent
des
cigales
Ils
sont
pas
des
kilos
dans
la
cité
gasconne
A
faire
qu'elle
ne
soit
pas
qu'une
escale
On
peut
mourir
au
front
Et
faire
toutes
les
guerres
Et
beau
défendre
un
si
joli
drapeau
Il
en
faut
toujours
plus
»
Pourtant
y
a
un
hommage
à
faire
A
ceux
tombés
à
Montécassino
“Le
bruit
et
l’odeur”
Zebda
LA
PRESSE
ET
LE
GRAND
DEBAT
SUR
L’IDENTITE
NATIONALE
Si
les
Français
ne
se
sont
pas
appropriés
ce
débat
sur
l'iden)té
na)onale,
la
presse
a
au
contraire
massivement
fait
écho
à
ce@e
ini)a)ve
gouvernementale.
Mais
pour
en
dire
quoi
?
Les
ou)ls
informa)ques
nous
perme@ent
aujourd’hui
d’examiner
avec
précision
les
ar)cles
parus
dans
la
presse
sur
un
sujet
précis.
Nous
avons
donc
demandé
à
Pascal
Marchand,
professeur
de
psychologie
sociale
et
auteur
de
L'analyse
de
discours
assistée
par
ordinateur,
de
nous
proposer
une
première
analyse
de
ce
débat.
La
première
étape
a
consisté
à
construire
Cinq
classes
ont
pu
être
définies,
en
fonc9on
du
un
corpus
de
textes,
c’est‐à‐dire
à
extraire,
dans
les
vocabulaire
significa9vement
présent
ou
absent
principaux
9tres
de
presse,
tous
les
ar9cles
traitant
(voir
schéma
ci‐dessous)
et
ont
été
rassemblées
du
débat
sur
l’iden9té
na9onale,
entre
le
en
deux
catégories.
lancement
officiel
et
la
fin
de
l’année
2009.
L’analyse
a
donc
porté
sur
812
ar9cles,
issus
de
‐
Une
première
catégorie,
«
poli9que
»,
quatre
quo9diens
locaux
(L'est
Républicain,
Ouest
regroupe
la
classe
2,
soit
les
termes
qui
touchent
France,
Le
Parisien
et
Le
Progrès),
sept
quo9diens
directement
au
débat
et
à
son
organisa9on
na9onaux
(La
Croix,
Les
Echos,
Le
Figaro,
(préfet,
organiser,
réunion…),
et
la
classe
4,
c’est‐
L'Humanité,
Libéra)on,
Le
Monde
et
La
Tribune)
et
à‐dire
des
mots
qui
ont
trait
aux
stratégies
trois
hebdomadaires
(L'Express,
Le
Nouvel
électorales
(Sarkozy,
élec9ons
régionales,
Le
économiste,
Le
Point).
Pen…).
L’u9lisa9on
d’un
logiciel
(Alceste)
a
ensuite
permis
de
repérer
les
mots
les
plus
fréquemment
u9lisés
‐
La
seconde
catégorie
est
plus
centrée
sur
le
qui
ont
été
regroupés
en
classes.
contenu
même
du
débat,
et
se
compose
de
trois
classes
:
la
classe
1,
qui
regroupe
des
mots
se
ra,achant
aux
trajectoires
individuelles
1 (parent,
enfant,
marseillaise…),
la
classe
5,
6 les
termes
se
rapportant
au
vivre
ensemble
(na9on,
histoire,
social…)
et
la
classe
3,
les
occurrences
centrées
autour
de
la
religion
(Islam,
religion,
Suisse…).
Des
thèmes
qui
évoluent
Ce,e
analyse
permet
de
me,re
en
lumière
dans
un
premier
temps
la
chronologie
du
débat
et
l’évolu9on
des
thèmes
abordés
dans
la
presse.
Trois
étapes
peuvent
être
dis9nguées
dans
ces
dix
premières
semaines
de
débat.
Le
gouvernement
peine
alors
à
réorienter
le
débat
vers
un
autre
sujet
que
celui
imposé
par
les
médias
après
le
vote
des
Suisses
pour
l’interdic9on
de
la
construc9on
de
nouveaux
minarets.
Enfin,
la
dernière
phase
du
débat
va
surtout
tourner
autour
des
«
dérapages
»,
et
notamment
sur
l’interven9on
de
Nadine
Morano,
qui
affirme
lors
d’une
réunion
publique
en
préfecture
«
Moi,
ce
que
je
veux
du
jeune
musulman,
quand
il
est
français,
c'est
qu'il
aime
son
pays,
c'est
qu'il
trouve
un
travail,
c'est
qu'il
ne
parle
pas
le
verlan,
qu'il
ne
me@e
pas
sa
casque@e
à
l'envers".
1
7
Des
couvertures
du
débat
différentes
selon
les
journaux
En
effet,
ce,e
analyse
nous
permet
également
de
dis9nguer
les
journaux,
selon
les
couvertures
qu’ils
ont
faites
du
débat.
Il
est
ainsi
possible,
dans
un
premier
temps,
de
regrouper
les
journaux
locaux,
qui
u9lisent,
plus
que
les
autres
9tres,
le
vocabulaire
issu
de
la
classe
2.
En
effet,
la
presse
locale
a
surtout
rendu
compte
des
débats
dans
les
préfectures,
annonçant
et
résumant
les
rencontres
organisées,
contrairement
aux
9tres
na9onaux,
plus
enclins
à
par9ciper
au
débat
lui‐même.
Un
autre
classement
permet
de
rassembler
les
journaux
en
trois
catégories,
selon
les
angles
privilégiés.
Certains
s’intéressent
en
priorité
aux
jeux
poli9ques
nés
de
ce,e
consulta9on,
relevant
les
déclara9ons
des
protagonistes
et
analysant
leur
impact
électoral
:
c’est
le
cas
du
Figaro
ou
du
Parisien
par
exemple..
L'Express,
Le
Monde
et
La
Croix
u9lisent
davantage
des
mots
comme
religion,
mosquée,
minaret...
qui
laisseraient
penser
à
une
lecture
de
ce
débat
plus
ancrée
dans
la
ques9on
confessionnelle,
à
l'opposé
de
journaux
comme
Libéra)on,
Le
Point
ou
L'humanité,
qui
oscillent
entre
une
cri9que
du
discours
sarkozyste
et
une
réflexion
plus
ciblée
sur
les
ques9ons
de
citoyenneté
et
de
racisme.
1
8 Un
débat
inopportun
Globalement,
il
semble
qu’un
consensus
se
soit
établi
sur
la
finalité
de
ce
débat.
Les
éditorialistes
des
grands
quo9diens
locaux
témoignent
de
la
lassitude
des
journalistes
après
trois
mois
de
débat.
Daniel
Ruiz
pour
La
Montagne
évoque
un
débat
qui
est
devenu
«
un
gueuloir
et
s’est
égaré
dans
une
totale
confusion
entre
le
poli)que
et
le
religieux
»,
ce
que
confirme
Olivier
Picard,
pour
les
Dernières
nouvelles
d'Alsace
:
«
il
est
temps
d’en
finir
avec
le
grand
n’importe
quoi
cacophonique
qui
a
fait
dériver
une
réflexion
intellectuellement
légi)me
vers
un
défouloir
souvent
indigne
d’une
grande
démocra)e
».
Tous
saluent
l'avènement
du
séminaire
gouvernemental,
qui,
bien
que
censé
n'être
qu'une
étape
dans
ce,e
consulta9on,
marque
en
fait
la
fin
de
ce
débat
non
maîtrisé.
Pour
Jacques
Camus
de
La
République
du
centre,
il
s'agit
d'une
«
opéra)on
de
sauvetage
»
et
son
confrère
du
Midi
Libre
est
encore
plus
cri9que,
puisqu'il
évoque
un
«
séminaire
aux
allures
d'enterrement
».
Et
à
l’étranger
?
La
presse
interna9onale
semble
aussi
unie
pour
cri9quer
ce
projet
français
de
débat
sur
l'iden9té
na9onale.
Le
journal
sénégalais
Le
Soleil
est
vraisemblablement
celui
qui
résume
le
mieux
leur
sen9ment
:
«
En
France
où
il
existe
un
ministère
de
l'immigra)on,
de
l'intégra)on
et
de
l'iden)té
na)onale,
certains
poli)ques
ne
semblent
pas
avoir
pris
conscience
de
la
marche
irréversible
de
l'humanité
vers
un
monde
où
les
cultures,
les
peuples
et
les
na)ons
vont
de
plus
en
plus
s'imbriquer,
se
mélanger
et
se
mé)sser.
».
Les
journaux
hispanophones
ont
trouvé
de
bonnes
formules
:
pour
le
journal
argen9n
Pagina
12,
ce
débat
est
une
«
mauvaise
idée
»,
qui
pour
El
País,
«
risque
de
s'envenimer
un
peu
plus
chaque
jour
et
de
se
transformer
en
boomerang
contre
celui
qui
l'a
lancé
».
Les
9tres
américains
n'ont
pas
non
plus
été
tendres,
notamment
le
Washington
Post
qui
a
cru
que
le
sigle
UMP
signifiait
union
pour
un
mouvement
patrio9que,
ou
le
Times
qui
reprenait
le
9tre
de
Marianne
sur
Eric
Besson
:
«
l'homme
le
plus
haï
de
France
».
.
Après
s'être
accaparée
ce,e
consulta9on
sur
l'iden9té
na9onale,
la
presse
a
rapidement
tourné
le
dos
à
l'ini9a9ve,
pour
finir
unie
sur
le
constat
d'échec
de
ce
débat
et
sur
la
vacuité
des
proposi9ons
qui
en
ont
découlé
Laurent François, “Les deux France”
Londres, 6 mai 2007
Second tour de l’élection présidentielle
E
C
L
A
I
R
A
G
E
S
La
construc)on
des
iden)tés
na)onales
est
un
processus
complexe,
qui
s'est
engagé
dès
le
XIXème
dans
la
plupart
des
pays
européens
et
n'en
finit
pas
de
se
renouveler.
Nous
avons
interrogé
Anne‐Marie
THIESSE,
historienne,
spécialiste
du
sujet
‐elle
est
l'auteur
de
La
créa9on
des
iden9tés
na9onales,
Europe
XIXème‐XXème
siècle.
Comme si de rien n'était
Le
concept
de
na9on
prend
son
sens
actuel
à
la
fin
du
XVIIIème
siècle.
La
fin
des
monarchies
de
L'idenQté
naQonale,
quesQonnée
depuis
droit
divin
crée
le
besoin
de
trouver
une
source
plusieurs
décennies
de
légi9mité
nouvelle
pour
que
l'État
puisse
fonc9onner
comme
un
corps
poli9que.
Si
le
concept
de
na9on
a
depuis
longtemps
été
Apparaît
alors
l'idée
d'une
communauté
trans‐ l'objet
de
nombreuses
réflexions,
la
no9on
sociale
dont
la
légi9mité
n'est
plus
donnée
par
d'
«
iden9té
na9onale
»
est
beaucoup
plus
une
transcendance.
Nul
pouvoir
n'est
légi9me
récente.
Le
terme
d'
«
iden9té
»
est
en
effet
a
s'il
n'émane
de
la
na9on.
La
na9on
doit
donc
priori
associé
à
l'idée
d'individu,
alors
que
le
devenir
une
communauté
cohésive,
avec
un
mot
«
na9on
»
renvoie
à
un
collec9f.
Le
projet
poli9que
commun,
mais
aussi
avec
une
concept
d’iden9té
collec9ve
a
émergé
avec
les
culture
commune.
revendica9ons
de
groupes
minoritaires
dans
les
années
1960‐70.
Des
popula9ons
qui
se
Les
pays
européens
se
lancent
alors
dans
la
sentaient
discriminées
du
fait
de
leur
origine,
ethnique,
géographique
ou
encore
de
leur
De
vrais
débats
à
mener
appartenance
sexuelle
se
sont
cons9tuées
en
catégories
définies
par
ce
caractère
commun
Plutôt
que
de
se
réfugier
dans
une
concep9on
s9gma9sant
et
ont
réclamé
leurs
droits
au
nom
de
la
na9on
comme
un
corps
contaminé
d'une
iden9té
collec9ve
:
ainsi
pour
les
essayant
de
retrouver
un
état
antérieur,
il
iden9tés
régionales,
l’iden9té
femme,
beur,
a u r a i t
é t é
n é c e s s a i r e
d e
r é fl é c h i r
homosexuelle.
collec9vement
à
l’avenir.
Déba,re
sur
un
projet
commun
aurait
pu
consister
à
se
saisir
L'expression
d'
«
iden9té
na9onale
»
apparaît
des
ques9ons
qui,
au
même
moment,
étaient
au
cours
de
la
décennie
80.
Là,
c’est
le
groupe
au
cœur
du
sommet
de
Copenhague
:
«
majoritaire
»
qui
réu9lise
la
démarche.
Les
construire
un
modèle
social
et
économique
où
grands
changements
socio‐économiques
qui
une
nouvelle
défini9on
du
bonheur
et
du
vivre
bouleversent
à
ce,e
époque
les
repères
de
la
ensemble
remplacerait
notre
mode
de
vie
société
n'y
sont
certainement
pas
étrangers,
de
consumériste
qui
arrive
en
bout
de
course.
la
première
vague
de
chômage
massif
à
l'avènement
de
la
globalisa9on.
A
par9r
des
Nous
avons
du
mal,
en
ce
début
de
21°
siècle,
années
80,
le
terme
d'
«
iden9té
na9onale
»
à
repenser
le
poli9que
dans
un
univers
fait
son
entrée
dans
le
champ
poli9que
et
globalisé.
Le
débat
sur
l'iden9té
européenne
a
scien9fique
;
dans
les
années
90,
après
la
chute
avorté,
l’échec
de
Copenhague
montre
du
Mur
de
Berlin,
et
l’élargissement
de
l’U.E.
l’absence
de
pensée
du
poli9que
adapté
au
apparaissent
toutes
sortes
de
réflexions
autour
monde
de
la
globalisa9on.
Nous
devons
de
l’iden9té
européenne.
réfléchir
à
notre
projet
commun
dans
un
contexte
de
préoccupa9on
environnementale.
Nous
devons
repenser
l'éduca9on
dans
un
La
naQon
vicQme
de
pandémie
sociale?
2
monde
où
les
formes
de
communica9on
et
de
circula9on
des
savoirs
changent
très
vite.
Et
il
1
.
Quand
on
se
réfère
à
l’iden9té
collec9ve
en
la
serait
temps
de
penser
que
la
na9on
n’est
pas
détachant
de
tout
contexte
historique
on
un
isolat
qui
n’aurait
que
des
problèmes
l’inscrit
dans
une
perspec9ve
«
essen9aliste
».
internes
traitables
par
des
purga9ons
.
La
na9on
est
conçue
comme
une
essence
immuable,
ou
comme
un
corps
fragile
pour
qui
l’évolu9on
est
porteuse
de
dégénérescence.
Ce,e
iden9té
serait
dès
lors
menacée
par
l'intrusion
de
«
corps
extérieurs
»,
in‐
intégrables
et
pernicieux,
des
virus
ou
des
microbes
parasites
du
corps
social.
Le
débat,
base
de
la
démocraQe
an9raciste
tout
aussi
dogma9que.
Or
la
ques9on
de
savoir
qu'est‐ce
qu'un
Français
ne
peut
Comprendre
ce
«
Grand
débat
sur
l'iden9té
trouver
de
réponse
dans
ces
conflits.
Les
na9onale
»,
c'est
d'abord
se
rappeler
que
la
étrangers
qui
vivent
en
France,
qu'ils
souhaitent
démocra9e
repose
sur
la
parole.
La
démocra9e
ou
non
devenir
Français,
ne
peuvent
se
est
un
bon
régime
:
les
décisions
qui
sont
prises
retrouver
dans
de
tels
affrontements.
C'est
sont
plus
ra9onnelles,
car
plus
réfléchies.
Les
dommage,
car
l'étranger
qui
arrive
sur
un
tyrans
ne
prennent
rarement
de
bonnes
nouveau
territoire
est
d'une
certaine
manière
en
décisions,
c'est
pourquoi
ils
ne
gagnent
pas
les
a,ente
d'informa9ons.
Il
cherche
à
comprendre
guerres.
En
démocra9e,
les
décisions
prises
comment
se
comporter,
que
garder
de
sa
culture
sont
efficaces,
car
elles
sont
généralement
d'origine,
qu'est‐ce
qui
est
socialement
précédées
par
des
débats.
On
est
plus
acceptable
par
la
na9on
qui
l’accueille.
intelligent
collec9vement.
Jean‐Pierre
Vernant,
historien
spécialiste
de
la
Grèce
An9que,
a
ainsi
Nous
n'avons
pas
été
capables
de
répondre
au
largement
démontré
que
la
démocra9e
est
le
défi
de
l'immigra9on
et
de
l'individualisme,
à
régime
de
la
parole,
où
le
débat
occupe
une
cause
d'un
faux
débat
entre
«
racistes
»
et
«
posi9on
centrale.
C'est
pourquoi
ce
«
Grand
an9racistes
».
Et
nous
avons
laissé
la
ques9on
de
débat
»
revêt
un
caractère
par9culier.
l'intégra9on
se
poser
uniquement
sous
la
version
pathologique
de
la
délinquance,
dans
un
2
contexte
de
peur
et
de
violence
peu
propice
à
la
3
Pourquoi
déba]re
de
l'idenQté
naQonale
réflexion.
Un
débat
na9onal
était
donc
nécessaire.
La
France
a
connu
ces
dernières
années
de
profonds
changements
démographiques
et
sociaux.
Il
n'est
donc
pas
étonnant
qu'un
Un
débat
volontariste
?
gouvernement
ait
souhaité
me,re
en
place
un
débat
sur
l'
«
iden9té
na9onale
».
Les
citoyens
S'il
s'était
tenu
dans
un
contexte
apaisé,
le
débat
sont
demandeurs
de
débats,
et
nombre
d'entre
proposé
par
Eric
Besson
aurait
pu
répondre
aux
eux
aspiraient
à
une
consulta9on
sur
l'iden9té
interroga9ons
de
la
société.
Les
posi9ons
figées
na9onale,
car
un
tel
débat
devrait
perme,re
de
par9cipants,
le
sur‐inves9ssement
poli9que
de
discuter
de
théma9ques
que
les
Français
des
organisateurs
n'ont
pas
permis
d'y
parvenir.
souhaiteraient
aborder.
En
effet,
la
seconde
Pourtant,
le
lynchage
d'Eric
Besson
n'était
en
moi9é
du
XXème
siècle
a
été
marquée
par
rien
une
solu9on.
l'émergence
de
deux
transforma9ons
majeures,
qui
ont
joué
sur
notre
cohésion
Ce,e
consulta9on
est
d'abord
apparue
comme
na9onale.
L'arrivée
de
nombreux
étrangers,
et
beaucoup
trop
volontariste.
Organisé
par
le
donc,
de
nouvelles
mœurs
et
de
nouvelles
pouvoir
lui‐même,
ce
débat
a
hérité
d'un
travers
religions,
s'est
faite
dans
une
société
traversée
désastreux
des
débats
français
:
le
centralisme
par
un
développement
sans
précédent
de
excessif.
En
France,
le
pouvoir
centralise
toujours
l'individualisme.
Un
débat
sur
la
na9on,
et
sur
les
débats,
quelque
que
soient
les
circonstances
les
liens
que
l'on
entre9ent
avec
elle,
était
donc
et
les
domaines.
Nous
sommes
encore
marqués
nécessaire.
par
le
legs
de
Saint
Louis,
qui
veut
que
le
roi
organise,
juge
et
tranche
les
débats.
Une
Mais
un
tel
débat
est
en
France
altéré
par
la
a t t u d e
h é r i t é e
d e
l ' A n c i e n
R é g i m e
prégnance
de
l'idéologie
du
Front
na9onal,
dommageable
à
l'ini9a9ve
et
à
la
par9cipa9on
ainsi
que
par
la
existence
d'une
pensée
populaire.
Ainsi,
à
par9r
du
moment
où
ce
débat
était
géré
par
le
pouvoir
central,
il
devenait
consulta9on
a
rapidement
tourné
à
un
débat
biaisé
:
et
les
réunions
organisées
en
sur
le
débat.
préfectures
prenaient
un
parfum
d'Ancien
Régime.
Un
débat
virtuel
?
.
nouvelle
consulta9on
doit
voir
le
jour,
9rant
les
impliquées
sans
qu'il
s'agisse
forcément
d'élus.
leçons
de
ce
débat,
et
perme,re
aux
Français
Mais
pour
en
arriver
là,
il
fallait
pouvoir
baser
de
s'interroger
sur
leur
vivre‐ensemble
ce
débat
sur
la
confiance.
A
défaut,
ce,e
Laurent François, “Les deux France”
Londres, 6 mai 2007
Second tour de l’élection présidentielle
P
O
U
R
A
L
L
E
R
P
L
U
S
L
O
I
N
1.
Sur
l’idée
de
naQon
toute
poli)que
de
fermeté
dans
le
domaine
de
la
Eric
BESSON,
Pour
la
naDon
sécurité
(…)
et
toute
volonté
de
réguler
les
flux
Le
ministre
de
l'immigra9on
migratoire.
»
Cet
ouvrage
ne
peut
cependant
pas
et
de
l'iden9té
na9onale
être
résumé
à
ces
clichés
poli9ques,
le
ministre
avait
accepté
de
répondre
à
avance
des
arguments
pour
nourrir
ce
débat.
En
nos
ques9ons
et
s'est
se
posi9onnant
contre
l'idée
de
citoyenneté
finalement
désisté.
Pour
mondiale,
Eric
Besson
re9ent
l'a,en9on
du
que
sa
voix
soit
entendue
lecteur.
Se
détachant
des
Essais
de
Montaigne
et
dans
ces
colonnes,
il
nous
a
de
nombreux
auteurs
humanistes,
il
affirme
que
été
proposé
un
exemplaire
la
citoyenneté
s'ancre
dans
notre
na9on
et
n'a
d e
Po u r
l a
n a 9 o n ,
s a
pas
de
sens
au
delà
de
l'échelle
européenne
ce
contribu9on
au
«
grand
qui
peut
paraître
surprenant
à
l'ère
de
la
d é b a t
s u r
l ' i d e n 9 t é
mondialisa9on.
Par
la
suite,
Eric
Besson
se
Grasset
&
Fasquelle
na9onale
».
Ce
manifeste
posi9onne
en
faveur
du
droit
de
vote
des
janvier
2010
p r o ‐ n a 9 o n
b a l a y e
120
pages,
9
euros
étrangers
avec
une
expression
très
forte
:
sommairement,
en
quatorze
«
vouloir
priver
des
étrangers
qui
travaillent,
chapitres,
tous
les
aspects
de
la
ques9on
:
vivent,
font
vivre,
et
payent
leurs
impôts,
de
toute
universalité,
laïcité,
intégra9on,
mondialisa9on...
forme
de
citoyenneté
et
de
toute
par)cipa)on
à
Le
premier
temps
de
cet
opuscule
signé
par
le
notre
vie
démocra)que,
n'a
d'autre
sens
qu'une
ministre
de
l'Immigra9on
et
de
l'iden9té
ségréga)on
».
Cet
engagement
aurait
pu
donner
na9onale
est
consacré
à
une
sur‐valorisa9on
de
du
sens
à
son
ouvrage
Pour
la
na)on
et
plus
la
na9on
française
par
un
biais
classique
:
globalement
à
ce
débat,
il
explique
toutefois
magnifier
ses
grands
hommes
(de
Charlemagne
2 au
Général
de
Gaulle),
ses
symboles
ainsi
que
quelques
pages
plus
tard
que
nous
ne
sommes
6 «
la
beauté
et
l'hospitalité
de
ses
paysages
».
pas
prêt
pour
ce,e
idée.
A
l'image
de
ce,e
grande
consulta9on,
Eric
Sans
surprise,
Monsieur
Besson
avance
l'idée
Besson
semble
avoir
vu
trop
grand.
En
nous
qu'avant
ce
débat
l'iden9té
na9onale
était
un
proposant
un
opuscule
généraliste
sur
la
na9on,
sujet
tabou.
Il
consacre
d'ailleurs
un
chapitre
le
ministre
de
l'iden9té
na9onale
n'enrichit
ni
le
en9er
à
ce,e
idée
ne
manquant
pas
d'écorner
débat,
ni
le
concept
de
na9on.
son
ancienne
famille.
«
La
gauche
[a]
engendré
Lu
par
G.
BOZONNET
une
idéologie
fondée
sur
l'angélisme,
contestant
Patrick
WEIL,
Qu’est‐ce
qu’un
Français
?
M a i s
q u ’e s t ‐ c e
q u ’ u n
C’est
un
ouvrage
qui
peut
se
lire
comme
un
Français
?
Existerait‐il
une
roman,
le
roman
d’une
na9on
qui
s’affirmerait
«
qualité
»
de
Français,
qui
en
procédant
à
l’évic9on
ou
à
l’inclusion
d’une
nous
dis9nguerait
des
par9e
de
ses
habitants,
au
fur
et
à
mesure
de
autres,
des
étrangers
?
Trop
son
histoire.
Organisé
en
trois
grandes
par9es
souvent
dans
ce
débat
nous
«
La
construc)on
d’un
droit
moderne
de
la
avons
entendu
parler
du
na)onalité
»,
«
Les
crises
ethniques
de
la
Français
comme
d’une
na)onalité
française
»,
«
La
na)onalité
en
e s p è c e
q u e l q u e
p e u
pra)que
et
en
comparaison
»,
l’ouvrage
se
veut
menacée,
en
tout
cas
bien
exhaus9f.
Edi9ons
Gallimard
différencié
des
autres,
Il
montre
tout
d’abord
que
«
la
na)onalité,
c’est
février
2005,
édi9on
solidement
campé
sur
une
en
effet
du
droit
».
Un
Etat
s’appuie
sur
un
revue
et
augmentée
646
pages,
11,40
euros
iden9té
que
l’on
croirait
territoire,
et
une
popula9on.
Or
pour
définir
presque
immuable.
Il
est
d’autant
plus
urgent
de
ce,e
popula9on,
pour
assoir
la
permanence
de
se
plonger
dans
les
650
pages
qui
composent
l’Etat
alors
que
des
gens
meurent
et
d’autres
l’ouvrage
de
Patrick
Weil,
Qu’est‐ce
qu’un
les
remplacent,
il
faut
me,re
en
avant
des
Français
?
.
«
ou9ls
juridique
».
Pour
Patrick
Weil
quatre
critères
sont
u9lisés
pour
construire
ce,e
permet
de
découvrir
au
fil
des
pages
qui
a
été
na9onalité
:
le
lieu
de
naissance,
le
lien
de
Français,
ne
l’est
plus,
ou
le
sera.
Femmes,
juifs,
filia9on,
la
résidence,
le
statut
matrimonial.
On
musulmans
d’Algérie
ont
fait
les
frais
de
ces
peut
être
Français
parce
que
l’on
est
né
en
France,
défini9ons
changeantes.
Car
on
peut
être
parce
qu’un
de
nos
parents
y
est
né,
parce
que
Français
ou
ne
pas
l’être,
mais
aussi
l’être
à
l’on
y
vit,
ou
parce
qu’on
est
marié
à
un
Français.
moi9é,
en
avoir
le
nom,
sans
les
droits.
De
la
C’est
pour
cela
que
«
la
na)onalité,
c’est
aussi
une
Révolu9on
aux
couloirs
des
préfectures
poli)que
».
La
législa9on
du
pays
sélec9onnera
le
d’aujourd’hui,
l’histoire
de
la
na9onalité
nous
ou
les
critères
qui
feront
les
Français.
Remonter
invite
à
nous
garder
des
fausses
cer9tudes:
être
l’histoire
au
côté
de
Patrick
Weil
devient
alors
un
Français
n’est
pas
si
évident.
passionnant.
C’est
s’embarquer
dans
un
voyage
Lu
par
L.
MAZUIR
au
long
cours
qui
»
Enfin
je
pense
faut
jamais
les
oublier
Les
trois
mots
qui
se
terminent
en
Té
“C’est
ça
la
France”
Marc
Lavoine
Amin
MAALOUF,
Les
idenDtés
meurtrières
mais
aussi
d'espoir.
Maalouf
est
profondément
«
Depuis
que
j'ai
qui@é
le
humaniste.
Il
met
la
liberté
plus
haut
que
tout
Liban
pour
m'installer
en
et
livre
une
réflexion
en
faveur
de
la
tolérance,
France,
que
de
fois
m'a‐t‐on
en
abordant
les
no9ons
d'iden9té,
les
passions
d e m a n d é ,
a v e c
l e s
qu'elle
suscite,
les
dérives
sanglantes.
Il
meilleures
inten)ons
du
s’appuie
sur
son
vécu,
l’actualité,
l’Histoire.
monde,
si
je
me
sentais
C'est
une
invita9on
à
la
réflexion
sereine
sur
"plutôt
français"
ou
"plutôt
notre
besoin
d'appartenance,
sur
l'Islam
et
l i b a n a i s " .
J e
r é p o n d s
l'Occident,
la
démocra9e,
la
mondialisa9on,
la
invariablement
:
"L'un
et
survie
des
langues.
«
Si
celui
dont
j’étudie
la
l'autre
!"
Non
par
quelque
langue,
ne
respecte
pas
la
mienne,
parler
sa
souci
d'équilibre
ou
d'équité,
langue
cesse
d’être
un
geste
d’ouverture,
LGF
‐
Livre
de
Poche
février
2001
mais
parce
qu'en
répondant
devient
un
acte
d’allégeance
et
de
soumission.
189
pages,
4,50
euros
différemment,
je
men)rais.
»
Une
réflexion
essen9elle,
intelligente,
qui
Ce
qui
fait
que
je
suis
moi‐même
et
pas
un
autre,
invite
à
un
humanisme
ouvert,
dans
lequel
la
c'est
que
je
suis
ainsi
à
la
lisière
de
deux
pays,
de
vision
planétaire
de
l'homme
et
sa
diversité
deux
ou
trois
langues,
de
plusieurs
tradi)ons
i d e n 9 t a i r e
n e
s o n t
p a s
f o r c é m e n t
culturelles.
C'est
cela
mon
iden)té...
»
Partant
contradictoires.
Amin
Maalouf
je,e
ce
cri
du
d'une
ques9on
anodine
qu'on
lui
a
souvent
coeur,
une
part
de
lui‐même,
un
appel
qui
posée,
Amin
Maalouf
s'interroge
sur
la
no9on
transparaissait
déjà
dans
ses
romans.
Il
met
en
d'iden9té,
sur
les
passions
qu'elle
suscite,
sur
garde
contre
le
choix
de
«
s’enfermer
dans
une
ses
dérives
meurtrières.
Pourquoi
est‐il
si
difficile
mentalité
d’agressé
»,
de
s’installer
dans
«
la
d'assumer
en
toute
liberté
ses
diverses
tenta)on
du
désespoir
».
La
bataille
n’est
pas
appartenances
?
Pourquoi
faut‐il,
en
ce,e
fin
de
perdue
d’avance.
«
L’avenir
n’est
écrit
nulle
siècle,
que
l'affirma9on
de
soi
s'accompagne
si
part.
»
L’idée
revient
presque
à
chaque
2
souvent
de
la
néga9on
d'autrui
?
Nos
sociétés
chapitre.
Sans
prétendre
détenir
la
vérité,
il
9
seront‐elles
indéfiniment
soumises
aux
tensions,
rêve
d’une
autre
concep9on
de
l’iden9té,
aux
déchaînements
de
violence,
pour
la
seule
ouverte,
respectueuse
des
différences,
fondée
raison
que
les
êtres
qui
s'y
côtoient
n'ont
pas
sur
les
valeurs
humaines
universelles.
On
peut
tous
la
même
religion,
la
même
couleur
de
peau,
ne
pas
partager
toutes
ses
idées,
on
peut
ne
la
même
culture
d'origine
?
Y
aurait‐il
une
loi
de
pas
être
d’accord
sur
son
analyse,
sa
vision,
la
nature
ou
une
loi
de
l'Histoire
qui
condamne
mais
en
aucun
cas,
on
ne
peut
jeter
la
pierre
les
hommes
à
s'entre‐tuer
au
nom
de
leur
contre
un
«
fana)que
»,
de
la
paix.
iden9té
?
Lu
par
P.ARGUEDAS,
cri9que
li,éraire
sur
http://
C'est
parce
qu'il
refuse
ce,e
fatalité
que
l'auteur
livre-de-lecture.fr, auteure de Pourquoi ? et d’
a
choisi
d'écrire
Les
Iden9tés
meurtrières,
un
Interview(s) aux éditions Alphabet de l’espace.
livre
de
sagesse
et
de
lucidité,
d'inquiétude
Gérard
NOIRIEL,
A
quoi
sert
l’idenDté
naDonale
?
»
La
peur
remplace
le
pétrole,
chez
l'électeur
la
haine
se
ravive,
“Sarkoland”
Trust
D
I
A
G
O
N
A
L
E
S
Du
Néron
chez
Besson
Eric
Besson
est
un
personnage
magnifique.
François
Hollande
qui
l’a
bien
connu
parle
de
«
traitre
heureux
».
Le
portrait
me
paraît
toutefois
moins
facile.
Besson
est
un
homme
de
revanche
d’abord.
Ce
qui
interpelle
dans
son
parcours,
c’est
le
désir
qui
l’anime,
le
désir
de
prendre
sa
revanche
sur
le
des9n.
Sen9ment
profond
et
inconscient
surement
:
son
père
s’est
tué
en
mission
trois
mois
avant
sa
naissance.
Hasard
du
des9n
qui
éclaire
son
i9néraire
poli9que,
chao9que
et
peu
lisible,
et
induit
une
volonté
de
faire
la
nique
au
mauvais
sort.
La
preuve
?
Chez
Besson,
le
panache
n’est
jamais
loin
du
mauvais
coup.
En
1982,
il
passe
le
concours
de
l’ENA,
tremplin
des
élites
françaises…
et
le
rate.
Signe
dis9nc9f
(déjà),
il
emprunte
de
l'argent
à
sa
grand
mère
pour
acheter
un
9ers
de
page
dans
Le
Monde
proclamant
«
J’ai
échoué
à
l’ENA
»
!
Résultat
:
un
poste
chez
Renault
puis
de
directeur
de
rédac9on
du
journal
Challenges,
ce
qui
nuance
son
passage
au
par9
socialiste.
En
fait,
Besson,
c’est
le
«
bling‐bling
»
avant
l’heure,
d’autant
plus
décomplexé
qu’il
navigue
entre
droite
et
gauche.
Décomplexé,
Besson
l’affirme,
le
prouve,
l’acte.
Jusque
dans
son
mariage,
où
il
prend
soin
à
la
mairie
de
ne
pas
jurer
fidélité.
On
comprend
pourquoi
son
épouse
a
éprouvé
le
besoin
de
faire
une
thérapie
de
450
pages
pour
mieux
digérer
l’affront.
Revanche
et
orgueil
donc.
Explica9on
suffisante
?
Le
Ministre
serait
il
un
monstre
froid,
digne
des
grandes
heures
de
la
Ve
république
?
Non
pas
vraiment.
La
revanche
a
d’autres
moteurs.
Détail
intéressant
:
le
ministre
actuel
prend
toujours
soin
de
dissimuler
sa
vie
personnelle.
Il
a
ainsi
fait
condamner
Voici
pour
diffusion
de
clichés
volés
et
a,einte
à
la
vie
privée.
Pourquoi
tant
de
mal
?
Pourquoi
chercher
à
cacher
son
jardin
secret
quand
l’aréopage
de
Sarkozy,
Da9
en
tête,
joue
des
ragots
pour
faire
3
monter
sa
côté
poli9que
?
2 Réponse
:
Besson
se
sait
fragile
(et
oui…).
Il
sait
que
derrière
ses
nombreuses
liaisons,
il
y
a
la
fragilité
d’un
homme
hypersensible.
Pas
de
guimauve
dans
ces
lignes,
mais
l’analyse
du
fonc9onnement
de
l’homme.
L’intelligence
de
Besson
est
intui9ve
à
la
base.
Il
se
nourrit
puissamment
de
l’affect
pour
développer
de
l’intelligence
tac9que
et
poli9que.
Son
autre
versant
est
décrit
dans
le
livre
de
son
ex‐femme
:
séducteur
invétéré,
égocentrique,
coléreux…
Une
faille
de
taille
dans
un
univers
de
«
crocodiles
poli9ques»
et
leur
pa9ente
adresse
à
tendre
des
pièges.
Faut‐il
y
voir
la
source
de
son
irra9onnelle
volte
face
en
2007
?
Il
a
reproché
dans
son
livre,
«
la
brutalité
»
de
Royal.
Un
qualifica9f
suranné,
digne…
d’un
amoureux
éconduit,
quand
on
y
pense.
Avec
le
Président,
rien
à
voir.
Celui‐ci
le
sou9ent,
le
couvre,
l’encourage
(pendant
les
conseils
des
Ministres).
Sarkozy
sait
manager
l’homme
qui
a
fait
basculer
la
présiden9elle
en
jouant
l’affect
plus
que
de
raison.
Après,
rien
de
mieux
pour
aller
au
bout
du
monde…
et
faire
le
«
sale
boulot
»
d’expulsion
de
masse.
Chatel,
Bertrand,
Bachelot.
D’aucuns
ne
se
seraient
sa9sfaits
du
traitement
du
président
et
aurait
troqué
les
compliments
contre
la
perspec9ve
d’un
poste
plus
avenant.
Pas
Besson,
qui
sacrifie
la
ra9onalité
aux
signaux
affec9fs,
et
à
l’annonce
future
d’une
récompense
naturelle.
L’affect
et
l’orgueil
assouvi
perme,ent
d’endurer
le
pire
des
opprobres
:
celui
par
exemple
d’être
ministère
de
l’iden9té
na9onale,
le
premier
depuis
l’ère
Pétain.
Pas
grave.
L’ironie
ra,rape
le
monde
de
Ka•a
:
le
ministre
de
l’iden9té
na9onale
sort
avec
une
tunisienne
de
22
ans.
Loin
sont
les
expulsions
massives…
Quand
les
poli9ques
assument
leur
cynisme,
la
tyrannie
n’est
pas
très
loin.
Besson
est
.
un
bon
témoin
de
la
post‐modernité
chère
à
Lipovetski
qui
annonce
de
son
panache
le
sacrifice
des
autres
pour
la
sa9sfac9on
de
son
amour.
Il
y
a
peut
être
du
Néron
en
lui
:
«
le
monde
peut
bruler
s’il
ne
brule
pas
d’amour
pour
moi
»
Péristète,
Antropologue
et
philosophe
au
quo9dien.
Le
reste
n'a
pas
vraiment
d'importance,
c'est
pourquoi
son
pseudonyme
nous
suffira.
Eric
Besson
:
une
stratégie
«
média
anQ‐social
»
Dans
le
cadre
du
«
Grand
débat
sur
l’idenDté
naDonale
»,
Eric
Besson
a
souhaité
uDliser
les
potenDalités
des
nouvelles
technologies.
Laurent
François,
responsable
du
pole
influence
digitale
d’Ogilvy
PR,
analyse
la
popularité
virtuelle
du
ministre
de
l’immigraDon
et
de
l’idenDté
naDonale.
Le
bouche‐à‐oreille
était
autrefois
vola9le
et
temporaire.
Désormais,
avec
Internet,
chaque
posi9on
prise
par
un
citoyen
laisse
une
emprunte.
Ces
traces
digitales
perme,ent
d’extraire
des
enseignements
majeurs
sur
les
popula9ons
exposées
dans
un
espace
de
conversa9on
en
ligne.
Commençons
par
l’histoire
d’Eric
Besson
en
nous
inspirant
de
tendances
modélisées
par
le
moteur
de
recherche
Google.
Nous
avons
tendance
à
croire
que
le
premier
point
d’entrée
dans
la
conversa9on
est
rela9f
à
une
requête
sur
ces
moteurs.
Ce
sont
eux
qui
vont
conduire
le
citoyen
vers
un
forum
ou
un
blog.
Ce
sont
ces
recherches
qui
prouvent
ou
non
un
intérêt
pour
un
sujet
dans
le
temps.
Force
est
de
constater
qu’avant
l’abandon
de
Ségolène
Royal,
Eric
Besson
n’était
pas
recherché
par
les
internautes.
Par
la
suite,
malgré
le
renfort
d’a,en9on
des
médias
dits
«
classiques
»
il
tombera
rapidement
dans
l’oubli
sur
la
toile.
On
constate
cependant
une
hausse
des
recherches
sur
le
dernier
semestre
2009
due
aux
posi9ons
radicales
du
Ministre
rela9ves
à
l’immigra9on
et
l’iden9té
na9onale.
Selon
Google
AdWords
et
son
générateur
de
mots
clés
qui
recense
de
façon
automa9que
une
liste
de
requêtes
courantes
mensuelles,
on
se
rend
compte
qu’Eric
Besson
n’a
été
recherché
qu'un
peu
plus
de
dix
mille
fois
par
mois
par
les
citoyens
résidant
en
France
!
Pire,
la
requête
associée
la
plus
fréquente
concerne
«
Eric
Besson
+
immigra9on
».
Et
là,
seulement
320
requêtes
ont
été
exprimées.
Plus
intéressant
encore
est
de
regarder
la
démographie
des
citoyens
qui
se
rendent
sur
le
site
du
«
Grand
3
débat
sur
l’iden9té
na9onal
».
Selon
Google,
voici
à
quoi
ressemble
le
profil
des
220
000
premiers
visiteurs
:
3
Popula9on
majoritairement
masculine
(alors
que
la
conversa9on
dans
les
«
médias
sociaux
»
est
globalement
plus
féminine),
aux
revenus
plutôt
aisés…
Un
débat
représenta9f,
vraiment
?
Une
analyse
approfondie
confirme
ces
premiers
éléments.
Toujours
selon
Google
Ad
Planner
(l’ou9l
que
les
régies
publicitaires
u9lisent
pour
savoir
sur
quels
sites
placer
les
réclames)
dont
l’algorithme
ne
ment
pas,
un
internaute
qui
vient
sur
le
site
du
«
grand
débat
»
a
31
fois
plus
de
chance
d’être
aussi
présent
sur
le
blog
qui
cristallise
la
«
fachosphère
»
(terminologie
née
sur
lexpress.fr),
«
Français
de
Souche
»
et
34
fois
plus
de
chance
d’être
aussi
passé
sur
le
site
du
Front
Na9onal
qu'un
internaute
lambda.
Effet
polarisant
puisque
parallèlement,
nous
aurons
sta9s9quement
28
fois
plus
de
chances
de
retrouver
l’internaute
présent
sur
le
site
du
«
grand
débat
»
sur…le
site
du
Par9
Socialiste
!
Toutefois,
si
Eric
Besson
arrive
à
émerger
par
le
coup
et
par
la
polarisa9on,
il
ne
dispose
d’aucune
communauté
d’alliés
en
ligne.
Le
Ministre
ne
rend
de
toutes
façons
pas
la
tâche
facile
à
ses
éventuels
supporters
:
son
«
blog
»
ne
permet
pas
les
commentaires
et
ses
vidéos
ne
sont
exportables
sur
aucun
autre
espace
web.
A
contrario
de
ses
détracteurs
qui
se
font
un
malin
plaisir
de
suivre
les
différentes
interven9ons
du
Ministre
et
de
les
commenter
sur
leurs
blogs
ou
dans
les
médias
en
ligne.
Une
simple
requête
suffit
sur
Google
:
des
résultats
à
90%
néga9fs
voire
très
néga9fs.
A
l’ère
de
la
démocra9e
de
la
réputa9on,
c'est‐à‐dire
un
temps
où
les
différents
par9es
prenantes
poli9ques
parlent
et
défendent
leurs
idées
ou
leurs
champions
en
leurs
noms
dans
les
conversa9ons
en
ligne,
Eric
.
Besson
fait
preuve
de
carence
stratégique.
S’il
avait
suivi
les
mésaventures
de
la
Mercedes
Classe
A
et
son
effet
sur
les
ventes,
il
aurait
peut‐être
compris
que
ce
n’est
pas
parce
qu’on
parle
de
vous
sur
Internet,
que
vous
avez
réussi
votre
intégra9on
virtuelle…
Laurent
François
Diagonales
Blade
Runner
ou
les
illusions
de
l’idenQté
(article à ne lire que si vous avez déjà vu le film)
A
l’heure
du
débat
sur
l’iden9té
na9onale,
il
est
Loin
de
tout
parallèle
polémique,
on
ne
peut
u9le
de
revoir
Blade
runner.
qu’être
saisi
dans
le
rapprochement
entre
la
chasse
Rappelons
l’histoire
:
dans
un
futur
proche,
la
aux
immigrants
clandes9ns
à
la
recherche
d’un
lieu
société
humaine
a
intégré
des
replicants,
sorte
de
de
dignité
en
Occident
et
celle
des
clones
en
quête
clones
quasi
parfaits
à
la
durée
de
vie
limitée,
de
ce
qui
les
main9endra
encore
en
vie.
Heureux
perme,ant
de
sa9sfaire
aux
basses
taches.
Quand
effet
de
prisme
dans
les
lumières
irisées
de
Ridley
certains
d’entre
eux
se
rebellent,
des
blade
runner
‐
Sco,
:
les
replicants
dans
l’énergie
du
désespoir
tueurs
de
replicants
‐
s’en
chargent.
L’un
d’eux
va
révèlent
beaucoup
plus
d’humanité
à
base
d’envie,
avoir
fort
à
faire
avec
la
nouvelle
troupe
de
délicatesse
et
d’expérience
jusqu’à
l’infime
d’insurgés…
On
passera
l’effort
esthé9sant
du
film,
compassion
de
leur
chef
qui
épargne
Deckard
à
propre
à
tous
les
films
de
Ridley
Sco,.
Force
est
de
l’heure
de
mourir.
Si
les
replicants
décident
d’être
constater
que
ce,e
œuvre
interpelle
pour
son
triple
humains
et
arrivent
à
le
devenir
au
delà
même
de
rapport
à
l’iden9té.
ce
dont
sont
capables
les
autres
humains,
qu’en
estil
de
l’iden9té
est‐il
de
l’iden9té
na9onale
?
Choix
Iden9té
existante
tout
d’abord.
Si
le
ou
des9n
?
film
met
en
avant
la
no9on
de
replicant,
c’est
avant
tout
pour
parler
C’est
le
troisième
thème
fort
du
de
la
ques9on
de
la
nature
humaine.
q u e s 9 o n n e m e n t
«
b l a d e
Face à
des
clones‐ouvriers
qui
runnerien
».
Iden9té
qu’on
choisit
choisissent
de
se
rebeller
plutôt
que
ou
qui
vous
choisit
?
(Pe9t
rappel
de
mourir,
les
humains
font
pale
3 figure
à
a,endre
leur
des9n.
La
ul9me
à
ceux
qui
souhaitent
4 condescendance
dont
ils
font
preuve
découvrir
le
film
:
ne
lisez
pas
la
s u i t e ) .
D e c ka r d ,
a p r è s
av o i r
dans
le
film
renvoie
à
la
cer9tude
a p p r é h e n d é
l ’ h u m a n i t é
d e s
(illusoire
?)
de
leur
supréma9e
:
dans
r e p l i c a n t s ,
f a i t
u n e
a u t r e
un
univers
décadent
et
oppressant
découverte
:
il
est
aussi
l’un
d’eux.
(rappelons
nous
l’omniprésence
de
Au
moment
où
il
rela9vise
ses
la
nuit
et
de
la
pluie),
l’énergie
et
la
opinions
sur
leur
nature
(de
non‐
rage
de
vivre
des
replicants
humain,
donc
négligeable)
et
décide
contrastent
avec
la
passivité
et
la
de
le
devenir
un
peu
plus
en
aimant
misérabilité
du
sort
accepté
par
des
et
en
décidant
de
sauver
Rachel,
il
apprend
sa
apprend
humains
frêles
et
suffisants.
Deckard,
le
blade
dynamiques
véritable
nature.
Outre
la
piroue,e
narra9ve,
la
runner,
se
retrouve
pris
à
par9
entre
ces
deux
mise
en
abîme
est
fascinante,
car
elle
rappelle
que
dynamiques,
entre
morgue
désabusée
du
chasseur
si
le
plus
difficile
est
de
faire
des
choix,
le
regard
des
de
primes
et
l’humanisme
amoureux
d’une
autres
est
un
des9n
qui
est
difficile
à
vivre.
Un
replicante
qui
ne
souhaite
que
pouvoir
témoigner
des9n
beaucoup
plus
oppressant
et
condi9onnant
d’empathie
et
d’émo9ons
sincères.
Ce,e
que
celui
qu’on
veut
bien
se
programmer.
A
la
fois
authen9cité
d’émo9ons
est
au
cœur
du
processus
reflet
de
sa
conscience,
de
ses
choix
et
projec9ons,
d’humanisa9on
et
pose
les
vraies
ques9ons
.
l’iden9té
se
révèle
un
miroir
qui
révèle
autant
iden9taires
du
film.
Sommes
nous
ce
que
nous
qu’elle
condamne
et
pousse
à
déplacer
la
nature
héritons
ou
ce
que
nous
exprimons
?
Elles
amènent
réelle
de
ce
qui
compte
sur
la
valeur
des
actes
les
ques9ons
sur
l’iden9té
choisie.
Pourtant,
dans
des
sociétés
de
plus
en
riches,
ne
faudrait‐il
pas
pouvoir
offrir
à
tous
l’accès
à
ces
richesses,
qui
sont
pour
nous
devenues
essen9elles
?
En
1984,
les
Etats
de
l’Union
Européenne
s’étaient
mis
d’accord
sur
une
défini9on
commune
de
la
pauvreté
:
sont
pauvres
«
les
personnes
dont
les
ressources
(matérielles,
culturelles
et
sociales)
sont
si
faibles
qu’elles
sont
exclues
des
modes
de
vie
minimaux
acceptables
dans
l’État
membre
où
elles
vivent
».
Parce
que
l’exclusion
est
la
première
des
pauvretés.
2.
Qui
est
pauvre
?
•
Les
travailleurs
pauvres
:
Ceux
qui
ont
un
salaire
qui
ne
leur
permet
pas
d’être
au
dessus
du
seuil
de
pauvreté,
soit
3,7
millions
de
travailleurs,
15
%
des
ac9fs,
mais
ce
manque
de
ressources
peut
être
compensé
par
le
salaire
de
leur
conjoint.
Ceux
qui
travaillent
mais
dont
le
revenu
et
celui
de
leur
conjoint
ne
leur
permet
pas
d’être
au
dessus
du
seuil
de
pauvreté,
soit
1,7
million
de
travailleurs
en
2005.
Pourquoi
?
Faiblesse
des
salaires,
essor
du
temps
par9el
et
frac9onnement
de
l’emploi
en
sont
les
causes
principales.
•
Les
non‐diplômés
:
on
compte
22,9%
de
pauvres
parmi
les
non‐diplômés,
contre
5%
pour
les
9tulaires
d’un
bac
technique
ou
d’un
diplôme
supérieur.
•
Les
enfants
:
la
pauvreté
touche
plus
de
2
millions
d’enfants
en
France.
Ce,e
pauvreté
est
la
conséquence
du
bas
niveau
de
revenus
de
leurs
parents
dû
en
par9culier
au
chômage
ou
à
la
précarité
de
leur
emploi.
•
Le
nord
et
le
sud
:
la
pauvreté
touche
plus
par9culièrement
les
départements
les
plus
au
nord
et
les
plus
au
sud
(entre
15
et
19%
de
pauvres).
•
Les
personnes
isolées
:
célibataires,
veufs
et
parents
isolés
se
singularisent
par
un
taux
de
pauvreté
monétaire
autour
de
15
%.
‐
Plus
de
800
000
jeunes
(18‐24
ans)
sont
concernés
par
la
pauvreté,
qui
est
à
son
niveau
le
plus
élevé
:
18,6
%
chez
les
femmes,
16,4
%
chez
les
hommes.
‐
Près
d’1
personne
sur
4
vivant
dans
une
famille
monoparentale
est
confrontée
à
la
pauvreté
monétaire.
‐
3
personnes
pauvres
de
plus
de
65
ans
sur
4
vivent
seules.
3.
Comment
lu]er
contre
la
pauvreté
?
•
En
cherchant
à
mieux
connaître
le
phénomène
Connaître.
Différents
organismes
se
sont
donnés
pour
plus
complexes
à
mener,
et
leur
efficacité
moins
évidente
à
tâche
une
meilleure
connaissance
de
la
pauvreté
:
des
prouver.
Il
est
donc
important
de
connaître,
pour
pouvoir
organismes
français
officiels,
comme
l’INSEE
et
l’ONPES
déba,re.
ou
associa9fs,
comme
l’Observatoire
des
inégalités,
et
ParQciper.
De
plus,
les
organismes
qui
souhaitent
mieux
connaître
la
pauvreté
se
basent
sur
l’exper9se
des
3
des
organismes
interna9onaux
comme
l’Eurostat
ou
l’OCDE.
Par
des
rapports,
des
colloques
ou
des
le,res
associa9ons,
tels
que
les
Restos
du
cœur
ou
le
Secours
7
d’informa9on,
ils
informent
le
grand
public
et
les
populaire.
Cela
permet
d’obtenir
des
données
très
décideurs.
récentes,
différentes
des
enquêtes
menées
sur
le
temps
Déba]re.
Mieux
connaître
la
pauvreté
permet
aux
long
comme
celles
de
l’INSEE
et
des
retours
d’expériences
citoyens
de
se
posi9onner
par
rapport
aux
précieux
pour
iden9fier
les
disposi9fs
qui
fonc9onnent
et
proposi9ons
d’ac9ons
émises
par
les
décideurs
les
effets
pervers
de
certaines
poli9ques
publiques.
poli9ques.
Par
exemple,
vouloir
réduire
le
taux
de
pauvreté
est
louable.
Mais
pour
que
ce,e
poli9que
De
plus
en
plus,
on
tente
de
faire
appel
directement
aux
soit
efficace,
la
tenta9on
est
grande
de
privilégier
les
personnes
en
situa9on
de
pauvreté,
sous
la
forme
disposi9fs
s’adressant
aux
«
moins
pauvres
des
d’entre9ens
qualita9fs
par
exemple,
pour
comprendre
la
pauvres
»,
car
il
suffi
souvent
de
très
peu
pour
qu’ils
priva9on
du
côté
de
ceux
qui
l’endurent,
pour
comprendre
repassent
au
dessus
du
seuil
de
pauvreté.
Les
ac9ons
les
poli9ques
publiques
du
point
de
vue
de
ceux
qui
en
en
direc9on
des
très
pauvres
sont
beaucoup
doivent
en
bénéficier.
•
En
lu]ant
contre
l’exclusion
‐
Lu]e
contre
l’exclusion.
La
lu,e
contre
la
pauvreté
‐
Minimas
sociaux.
Un
peu
plus
de
3
millions
de
personnes
s’est
longtemps
traduite
par
une
poli9que
sont
allocataires
de
minima
sociaux,
6
millions
de
d’assistance
:
il
s’agissait
de
préserver
la
société
des
personnes
au
total
en
vivent...
conséquences
de
la
pauvreté.
Aujourd’hui,
il
s’agit
‐
RMI.
Au
1er
janvier
2009,
le
montant
maximum
du
RMI
plutôt
d’une
lu,e
contre
l’exclusion
:
il
faut
garan9r
était
de
454
€
pour
une
personne
seule,
de
682
€
pour
un
des
droits
aux
individus
touchés
par
la
pauvreté.
C’est
couple
sans
enfants,
et
de
954
€
pour
un
couple
avec
deux
l’objec9f
par
exemple
du
droit
opposable
au
enfants.
logement,
si
difficile
dans
la
pra9que
à
me,re
en
place.
•
En
payant
des
impôts
?
Patrimoine
(+31%
en
huit
ans
pour
les
capitaux
La
lu]e
contre
la
pauvreté
passe
par
la
lu]e
contre
les
mobiliers)
inégalités.
Entre
1998
et
2005,
le
revenu
réel
des
0,01
%
‐
une
forte
croissance
des
inégalités
salariales
:
le
de
foyers
les
plus
riches
a
augmenté
de
42,6
%
contre
dernier
cen9le
de
salaires
a
crû
de
14
%,
contre
4%
de
une
augmenta9on
de
4,6
%
pour
les
90
%
de
foyers
les
progression
pour
les
neuf
premiers
déciles
de
salaire.
.
moins
riches.
Les
remèdes
?
Les
causes
?
L’impôt,
tout
simplement,
qui
permet
de
prendre
aux
‐
une
forte
augmenta9on
des
revenus
du
plus
riches
pour
redistribuer
aux
plus
pauvres
LM
L
E
P
O
I
N
T
S
U
R
…
HAITI
La
Perle
des
AnQlles
Lors
de
sa
découverte
en
1492,
Hispaniola
(qui
regroupe
les
actuels
Etats
d'Haï9
et
de
la
République
dominicaine)
possède
tous
les
éléments
pour
devenir
«
la
Perle
des
An9lles
».
Les
nombreux
gisements
d'or
intéressent
sitôt
les
Espagnols.
Toutefois,
l'exploita9on
massive
de
ce,e
ressource
va
décimer
en
moins
d'un
demi‐siècle
la
popula9on
indigène,
les
colons
décident
d'importer
des
esclaves
d'Afrique.
Dès
le
XVIIème
siècle,
l'île
atre
les
convoi9ses
des
Français
voisins.
Haï9
commence
à
se
dessiner
lorsque
l'Espagne
cède
un
9ers
de
l'Hispaniola
à
la
France
qui
y
implante
des
planta9ons
basées
sur
l'esclavage.
En
1791,
émule
de
la
Révolu9on
française,
une
figure
de
la
contesta9on
émerge
sur
l'île.
Toussaint
Louverture
anime
un
mouvement
qui
se
transforme
en
révolte
des
esclaves.
La
Conven9on,
née
des
idéaux
de
liberté,
abolit
deux
ans
plus
tard
l'esclavage
sur
l'île.
L'arrivée
de
Napoléon
Bonaparte
au
pouvoir,
en
1799,
change
le
cours
de
l'histoire.
Les
négociants
et
colons
mar9niquais
essaient
de
le
convaincre
de
rétablir
l'esclavage
indispensable
aux
ac9vités
économiques
et
de
des9tuer
Toussaint
Louverture.
Ce
dernier
s'est
pourtant
montré
très
loyal
au
pouvoir
Français
en
réintroduisant
le
travail
forcé
dans
les
planta9ons
et
en
réprimant
dans
le
sang
les
révoltes.
Inquiet
par
ce
personnage
trop
puissant
le
Consul
de
France
confie
au
général
Leclerc
la
mission
de
reprendre
le
contrôle
de
l'Île
et
de
restaurer
l'esclavage.
En
1802,
avec
la
capture
de
Toussaint
Louverture,
l'expédi9on
semble
avoir
porté
ses
fruits,
mais
la
3 popula9on
résiste
et
deux
ans
plus
tard,
les
troupes
de
Jean‐Jacques
Dessalines
défont
l'armée
8 française
et
proclament
l'indépendance
d'Haï9.
Les
derniers
colons
sont
massacrés,
l'autre
par9e
de
l'Hispaniola
se
ra,ache
à
l'Espagne,
l'île
est
scindée
en
deux.
En
dates
1492
:
Christophe
Colomb
découvre
l'île.
1517
:
Les
amérindiens
sont
décimés.
Le
roi
d'Espagne,
Charles
Quint,
autorise
l'importa9on
d'esclaves
venus
d'Afrique
pour
pallier
le
manque
de
main
d'oeuvre
1791
:
Début
de
la
révolte
des
esclaves.
Premier
acte
de
révolu9on
de
Saint
Domingue.
1804
:
Haï9
proclame
son
indépendance,
les
derniers
colons
sont
massacrés.
1825
:
La
France
reconnaît
l'indépendance
d'Haï9
en
échange
de
150
millions
de
francs‐or.
1915
:
Suite
à
des
émeutes
à
Port‐au‐Prince,
l'armée
américaine
s'installe
en
Haï9...pour
près
de
vingt
ans.
1957
:
François
Duvalier,
alias
«
Papa
doc
»
élu
président
installe
une
dictature
impitoyable.
1990
:
Premières
élec9ons
libres
Jean‐Bertrand
Aris9de
est
élu.
1994
:
L'armée
américaine
intervient
à
nouveau
pour
réintroduire
Aris9de
renversé
par
un
coup
d'Etat
en
1991.
2004
:
les
na9ons
unies
créent
une
mission
interna9onale
de
stabilisa9on,
la
Minustah.
Une histoire d'instabilités
En
1824,
la
France
reconnaît
l'indépendance
d'Haï9
en
échange
d'une
indemnité
de
150
millions
de
francs
or.
L'île,
autrefois
prospère,
sombre
dans
le
marasme.
Bien
que
renégociée,
il
faut
plus
de
soixante
ans
à
l'île
pour
s'acqui,er
de
ce,e
de,e,
cause
de
violences
endémiques.
Au
début
du
XXème
siècle,
l'armée
américaine
s'installe
en
Haï9
pour
me,re
fin
à
une
série
d'émeutes
meurtrières.
Provoquant
de
profonds
rejets
dans
l'immense
majorité
de
la
popula9on
haï9enne,
les
Américains
qui,ent
l'île
‐
toujours
aussi
instable
‐
vingt
ans
plus
tard.
De
1957
à
1986,
Haï9
est
dirigée
par
François
Duvallier
alias
«
Papa
Doc
»
puis
par
son
fils.
Ini9alement
élu
en
jouant
sur
le
ressen9ment
des
Noirs
à
l'égard
des
Créoles,
il
établit
une
dictature
impitoyable.
Des
émeutes
populaires
renversent
«
Baby
Doc
»
en
1990
et
les
premières
élec9ons
libres
installe
le
«
père
Aris9de
»
au
pouvoir.
Proposant
un
pouvoir
basé
sur
une
lecture
très
à
gauche
des
Evangiles,
il
est
renversé
par
l'armée
en
moins
d'un
an.
L'ONU
tente
d'intervenir,
mais
c'est
l'armée
américaine
qui
replace,
en
1994,
Aris9de
au
pouvoir.
Il
est
réélu
quelques
années
plus
tard,
mais
la
pression
de
la
rue
et
une
interven9on
américaine
soutenue
par
la
France
le
contraint
à
l'exil.
En
2006,
une
force
interna9onale
des
Na9ons
unies
est
mise
en
place.
Mais
la
misère,
la
sous‐alimenta9on,
la
violence
et
l'insécurité
con9nuent
de
prévaloir.
Le
taux
de
chômage
avoisine
les
80%
et
65
%
des
Haï9ens
vivent
sous
le
seuil
de
pauvreté
absolu.
Le
président
Préval
élu
en
2006
pour
lu,er
contre
les
carences
en
nourriture
ne
parvient
pas
à
lancer
une
véritable
réforme
agraire.
Dans
leur
Atlas
des
crises
et
conflits
paru
quatre
mois
avant
le
séisme
en
Haï9,
Pascal
Boniface
et
Hubert
Védrine
imaginent
trois
scénarios
possibles
pour
l'avenir
de
l'île.
Premier
scénario,
le
pouvoir
se
stabilise
et
lu,e
contre
la
pauvreté
perme,ant
à
l'île
de
ra,raper
le
développement
économique
de
Saint‐
Domingue.
Seconde
possibilité,
la
violence
et
l'anarchie
se
main9ennent
ainsi
que
le
sous‐développement.
Le
troisième
scénario
peut
paraître
visionnaire,
les
auteurs
envisagent
une
catastrophe
naturelle
d'une
telle
ampleur
qu'une
réac9on
interna9onale
alimenterait
un
fond
pour
le
développement
de
l'île
Une nature peu clémente
En
2008,
quatre
ouragans
consécu9fs
ont
traversé
la
région.
Les
infrastructures
fragiles
et
vétustes
du
pays
vont
rencontrer,
en
l'espace
de
deux
semaines,
deux
ouragans
dévastateurs,
Fay
et
Gustav
endommageant
la
région
située
entre
Port‐au‐Prince
et
Mirebalais
ainsi
que
le
Sud
Ouest
de
l'île.
Quelques
mois
plus
tard,
en
mai
2009,
la
moi9é
d'Haï9
est
touchée
par
des
pluies
torren9elles
et
son
corollaire
d'inonda9ons.
Le
pays
le
plus
pauvre
des
Amérique
peine
à
se
reconstruire
lorsque
le
12
janvier
dernier,
un
séisme
d'une
rare
violence
a
endommagé
tout
le
pourtour
de
la
baie
de
Port‐au‐Prince
causant
d'innombrables
dégâts
et
quelques
200
000
vic9mes.
Selon
Pascal
Boniface
.
et
Hubert
Védrine
(voir
encadré),
ce,e
catastrophe
pourrait,
grâce
à
l'a,en9on
de
la
scène
interna9onale,
perme,re
à
Haï9
d'enfin
redevenir
l'île
prospère
qu'elle
fut
jadis,
la
perle
des
Caraïbes
GB
L
E
C
T
U
R
E
S
Quand
les
premiers
secrétaires
se
livrent...
A
quelques
mois
d'intervalles,
deux
Premiers
secrétaires
embléma)ques
du
Par)
socialiste
se
sont
livrés
à
un
travail
de
mémoire.
Le
premier,
François
Hollande
revendique
un
Droit
d'inventaires
(novembre
2009,
Edi)ons
du
Seuil).
Le
second,
Lionel
Jospin,
se
raconte
(Lionel
raconte
Jospin,
janvier
2010,
Edi)ons
du
Seuil).
L'un
écrit
pour
l'avenir,
l'autre
pour
la
postérité.
Et
pourtant,
sur
la
forme
comme
sur
le
fond,
les
deux
ouvrages
se
ressemblent.
Pas
de
révélaQons
ces
livres,
sans
pourtant
Lionel
Jospin
n'a
pas
écrit
ses
vraiment
9rer
profit
du
rôle
mémoires.
Son
livre,
réalisé
à
central
que
les
deux
hommes
par9r
d'entre9ens
avec
Patrick
o n t
p u
j o u e r.
S o u s
s o n
Rotman
et
Pierre
Favier,
ne
apparente
austérité,
Lionel
mul9plie
ni
les
anecdotes,
ni
Jospin
est
celui
qui
se
livre
le
l e s
révé l a 9 o n s .
L ' a n c i e n
plus,
notamment
sur
«
sa
premier
ministre
n'aime
pas
grande
in)mité
poli)que
»
ça.
Lors
de
son
intense
avec
François
Mi,errand,
mais
EdiQons
du
Seuil
campagne
de
promo9on,
a u s s i
s u r
l e s
r e l a 9 o n s
Edi9ons
du
Seuil
janvier
2010
entretenues
avec
Jacques
novembre
2009
277
pages,18,50
euros
l'
«
heureux
retraité
»
de
la
394
pages,
20
euros
poli9que
a
affirmé
ne
pas
être
Chirac
lors
de
la
cohabita9on
:
en
faveur
de
la
totale
transparence
qui
est,
selon
«
rela)on
avec
une
cordialité
tant
normale
lui,
«
l'apanage
des
régimes
totalitaires
».
Dans
qu'ar)ficielle
».
Il
éclaire
aussi
légèrement
son
cet
ouvrage,
tout
comme
dans
le
documentaire
passé
trotskiste
et
nous
dévoile
son
ascension
qui
l'accompagne,
jamais
il
ne
se
livre
ni
ne
fend
poli9que.
François
Hollande,
qui
a
lui
aussi
adopté
un
récit
linéaire
de
son
parcours
poli9que,
révèle
4 son
armure.
Les
deux
interviewers
doivent
aussi
ses
choix,
des
raisons
de
son
renoncement
à
0 même
parfois
insister
:
«
La
ques)on
avait
un
la
présiden9elle
de
2007
–
avec
ce,e
phrase
contenu
plus
personnel,
plus
in)me
»
le
relancent‐t‐ils,
en
vain.
Pierre
Favier
est
pourtant
cruelle
de
lucidité
à
son
propos
:
«
J'étais
le
rodé
à
l'exercice
:
c'est
d'ailleurs
lui
qui
est
aussi
premier
secrétaire,
pas
le
leader.
»
‐
à
celles
de
sa
en
charge
des
entre9ens
avec
un
François
candidature
pour
2012.
Et
dans
l'op9que
de
ce,e
Hollande
guère
plus
loquace.
Contrairement
à
dernière,
s'appuie
sur
ce
livre
pour
gommer
Lionel
Jospin,
l'ex‐député‐maire
de
Tulles
ne
toutes
ses
aspérités
afin
de
paraître
le
plus
s’a,arde
pas
sur
son
enfance,
et
débute
son
consensuel
possible
pour
rassembler
tous
les
récit
à
l'ère
Mi,errand.
Mais
les
lecteurs
qui
courants
du
P.S.
espéraient
des
révéla9ons
sur
sa
vie
privée
devront
se
contenter,
au
sujet
de
sa
rupture
avec
Ségolène
Royal,
de
la
simple
formule
«
ma
vie
Pas
d’autocriQque
sen)mentale
était
déjà
ailleurs
».
Si
l’on
peut
comprendre
les
ré9cences
des
deux
hommes
à
Si
un
point
devait
unir
les
deux
ouvrages,
les
deux
évoquer
des
sujets
plus
personnels,
le
lecteur
hommes,
c'est
l'absence
totale
d'autocri9que.
peut
pourtant
s’étonner
de
l’absence
totale
de
Dans
les
faits,
au
fil
du
livre,
Lionel
Jospin
ne
se
révéla9ons
poli9ques
:
aucun
détour
par
les
distribue
guère
de
mauvais
points.
La
sécurité
«
a
cuisines
internes
au
PS
au
menu…
été
traité
très
sérieusement
»
assure‐t‐il,
et
«Notre
poli)que
économique
et
sociale
a
été,
globalement,
une
réussite.
»
Quant
aux
35
heures,
Deux
livres
d’histoire
très
décriées,
«
mon
regret,
dix
ans
après,
c’est
surtout
que
certains
socialistes
ne
soient
pas
La
lecture
de
ces
deux
ouvrages
est,
bien
sûr,
un
capables
de
défendre
une
réforme
embléma)que,
précieux
rappel
de
l'histoire
de
la
Vème
posi)ve,
qu’ils
ont
pourtant
souhaitée,
République
:
même
un
lecteur
aguerri
peut
encouragée.
Cela
dénote
chez
eux
une
faiblesse
découvrir
de
nouveaux
éléments
dans
chacun
de
de
caractère
dont
les
effets
poli)ques
me
désolent.
»
François
Hollande,
dont
le
9tre
de
garara
lorsqu'il
écrit
que
«
La
présidence
n'est
plus
François
Hollande,
diplômé
d'HEC
et
de
l'IEP
de
simplement
ac)ve,
elle
est
absolue.
Ce
n'est
pas
Paris,
s'est
fait
connaître
en
se
présentant
aux
seulement
un
changement
de
style,
mais
un
législa9ves
contre
Jacques
Chirac
en
1981
changement
de
régime
!
».
Il
ajoute
que
dans
l'année
de
sa
sor9e
de
l'ENA.
Il
demeure
a,aché
«
sur
tous
[l]es
terrains,
d'inquiétantes
régressions
à
la
terre
de
son
parachutage
et
devient
député
sont
apparues
»
et
que
«
la
présidence
Sarkozy
ne
de
Corrèze
dès
1988.
Il
préside
actuellement
le
revendique
pas
seulement
tous
les
pouvoirs,
elle
conseil
général
de
ce
département.
Premier
nie
tous
les
contre‐pouvoirs...
».
Lionel
Jospin
le
secrétaire
du
par9
socialiste
de
1997
à
2008,
il
rejoint
en
ce
sens
:
«
le
pouvoir,
pour
moi,
c'est
signe
avec
Droit
d'inventaires
son
cinquième
une
pyramide
(...)
là,
la
pyramide
est
sur
la
tête,
ouvrage
et
affiche
sa
volonté
de
se
présenter
aux
elle
repose
sur
la
pointe,
elle
n'est
pas
stable
(...)
si
élec9ons
présiden9elles
de
2012.
une
décision
ne
repose
que
sur
le
président
et
un
de
ses
conseillers,
la
base
est
trop
étroite
».
son
opus
est
un
hommage
à
l'ancien
premier
Les
deux
ouvrages,
écrits
sur
ce,e
forme
ministre,
ne
peut
qu'aller
en
ce
sens
:
«
La
frustrante
de
l'entre9en
poli9que,
avec
pour
période
Jospin
est
l'une
des
plus
honnêtes,
des
conséquence
un
style
oral
et
saccadé,
perme,ent
plus
sérieuses,
des
plus
réussies
de
la
gauche
au
de
mieux
cerner
certains
événements
poli9ques
pouvoir
».
L'intéressé
lui
répond
en
soulignant
de
la
dernière
par9e
du
XXème
siècle.
Ils
ne
sont
«
les
qualités
d'analyses
»
et
«
les
talents
pourtant
en
aucun
cas
des
mémoires,
et
d'expression
»
de
son
premier
secrétaire.
Et
si
n'apporteront
que
peu
d'informa9ons
nouvelles
l'autocri9que
n'est
pas
leur
fort,
la
cri9que
est
ou
personnelles
aux
lecteurs.
A
la
différence
de
aussi
retenue
dans
les
deux
ouvrages.
Pas
de
celui
de
Lionel
Jospin,
François
Hollande
ajoute
règlements
de
compte
à
proprement
parler,
une
dimension
programma9que
à
son
ouvrage,
même
si
François
Hollande
raille
la
vola9lité
en
insistant
sur
un
point
qui
sera
le
thème
de
sa
idéologique
de
certains
de
ses
camarades,
et
campagne
en
2012,
s'il
est
choisi
:
la
réforme
4
que
Lionel
Jospin
s'en
prend
(lui
aussi)
à
Laurent
fiscale.
1
Fabius,
en
rappelant
leurs
éternels
différends.
Si
dans
son
précédent
opus,
L'impasse,
Lionel
Jospin
avait
a,aqué
avec
vigueur
Ségolène
Lionel
Jospin,
diplômé
de
l'IEP
de
Paris
et
de
Royal,
aujourd'hui,
il
n'entend
soutenir
«
aucun
l'ENA,
a
commencé
sa
carrière
dans
la
candidat
»
(il
ajoute
pourtant
hors
micro
«
et
diploma9e
avant
d'enseigner
l'économie
à
l'IUT
encore
moins
une
candidate
»).
de
Sceaux.
Proche
de
François
Mi,errand,
il
devient
premier
secrétaire
du
Par9
socialiste
pendant
son
premier
septennat.
Ministre
de
la
Deux
livres
d’opposiQon
jeunesse
et
des
sports
puis
ministre
de
l'éduca9on
pendant
le
second
mandat
Les
deux
hommes
concentrent
leurs
cri9ques
sur
mi,errandien,
Lionel
Jospin
reprend
la
tête
du
la
droite,
et
en
par9culier
sur
le
chef
de
l'Etat.
par9
entre
1995
et
1997.
Premier
ministre
de
S'il
est
intéressant
de
voir
que
l'ancien
premier
1997
à
2002,
il
s'est
officiellement
re9ré
de
la
vie
ministre
ne
s'associe
pas
au
chœur
consensuel
poli9que
après
sa
défaite
aux
élec9ons
autour
de
Jacques
Chirac
‐
dénonçant
son
«
côté
présiden9elles
de
2002.
crasseux
de
la
poli)que
»
et
épinglant
au
passage
Dominique
de
Villepin
–
c'est
bien
à
Nicolas
Sarkozy
que
sont
adressés
les
mots
les
Deux
ouvrages
–
émanant
de
deux
des
.
plus
durs.
Si
François
Hollande
met
en
garde
le
personnalités
principales
du
Par9
socialiste
‐
qui
lecteur
contre
toute
tenta9ve
d'an9‐sarkozysme
ne
cons9tueront
pas
pour
autant
des
bases
primaire,
sa
plume
est
aiguisée
solides,
pour
ce
par9
en
quête
d'un
leader
GB
Viennent
de
paraître
Grenelle
?
Pourquoi
emploie‐t‐on
ce,e
Denis
BARBET,
Grenelle,
histoire
poliDque
expression
?
Comment
a‐t‐elle
évoluée
entre
1968
et
aujourd'hui
?
Denis
Barbet,
grâce
à
une
d’un
mot
Quelle
est
l'origine
de
ce
analyse
de
poli9que
lexicale
nous
permet
de
mot
Grenelle
?
Ini9alement,
mieux
comprendre
ce
phénomène
qui
outrepasse
le
ministère
du
travail
où
la
sphère
discursive.
En
réunissant
un
ont
été
signés
les
accords
impressionnant
corpus
de
presse,
ce
chercheur
d eva nt
m e , re
fi n
a u x
nous
fait
découvrir
des
Grenelle
oubliés
comme
événements
de
Mai
68
était
celui
de
la
chasse
ou
de
la
pétanque,
il
nous
situé
rue
de
Grenelle,
d'où
propose
aussi
de
mieux
comprendre
la
réussite
l'expression
d'Accords
de
média9que
de
l'expression
Grenelle
de
Grenelle.
Denis
Barbet,
l'environnement
et
ses
émules,
près
de
cent
maître
de
conférences
à
expressions
allant
du
Grenelle
du
PSG
à
celui
de
la
l'IEP
de
Lyon,
nous
rappelle
profession
comptable.
La
rece,e
d'un
Grenelle
Presses
Universitaires
de
Rennes
q u e
d è s
1 9 8 3 ,
P i e r r e
réussi
:
tout
d'abord
un
contexte
de
crise
aigüe
janvier
2010
Beregovoy
alors
ministre
qui
jus9fie,
et
c'est
le
deuxième
point,
de
réunir
le
280
pages,
18
euros
des
affaires
sociales
du
plus
grand
nombre
d'interlocuteurs
concernés
gouvernement
Mauroy
avait
organisé
une
autour
d'une
table.
Ajouter
à
cela
le
besoin
de
grande
consulta9on
in9tulée
«
le
Grenelle
de
la
transcender
les
clivages
pour
obtenir
un
résultat
p ro t e c 9 o n
s o c i a l e
» .
L e
G r e n e l l e
d e
«
révolu9onnaire
»,
et
vous
avez
les
quatre
l'environnement
proposé
par
le
président
de
la
ingrédients
nécessaires
pour
mener
à
bien
un
République
et
Jean‐Louis
Borloo
–
ainsi
que
tous
Grenelle.
Un
ouvrage
clair
et
complet
qui
permet
les
autres
Grenelle
plus
ou
moins
engagés
de
mieux
appréhender
un
élément
majeur
du
depuis
–
ont
bien
sûr
contribué
à
populariser
discours
de
Nicolas
Sarkozy.
ce,e
expression.
Mais
au
juste‐qu'est‐ce
qu'un
Lu
par
G.
BOZONNET
4
2 Valérie
PECRESSE,
Et
si
on
parlait
de
vous
?
«
peuple
».
Transport,
sécurité,
santé,
éduca9on
Les
régionales
version
2010
ne
tous
ses
thèmes
de
campagnes
sont
illustrés
par
s'engagent
guère
mieux
pour
des
éléments
de
sa
vie
privée,
allant
même
‐
à
la
majorité
que
celles
de
2004.
l'instar
de
Clémen9ne
Autain
–
jusqu'à
me,re
en
P o u r
n e
p a s
d o n n e r
avant
l'agression
sexuelle
dont
elle
a
failli
être
l'apparence
d'un
cinglant
vic9me
à
24
ans.
d é s ave u
d e
l a
p o l i 9 q u e
Un
seul
message
est
martelé
tout
au
long
des
?
gouvernementale,
l'idéal
serait
p a g e s
d e
c e
l i v r e
:
f a c e
a u
p r é t e n d u
de
ravir
à
la
gauche
une
des
«
immobilisme
»
de
la
majorité
actuelle,
elle
serait
régions
stratégiques,
au
choix
:
une
président
de
région
qui
«
agit
».
Un
hommage
l'Île
de
France,
le
Languedoc
au
discours
sakozyste
qu'elle
assume
parfaitement,
Roussillon
ou
la
région
Poitou‐ au
point
de
se
référer
très
fréquemment
à
l'ac9on
Charentes.
Valérie
Pécresse
présiden9elle
et
d'écrire
qu'elle
est
«
fière
d'être
L'Archipel
janvier
2010
entend
être
l'actrice
de
ce,e
membre
du
gouvernement
».
Alternant
cri9ques
182
pages,
18
euros
victoire
en
reprenant
à
violentes
contre
la
mandature
Huchon
et
proposi9ons
éculées
:
rénova9on
de
logements,
Jean‐Paul
Huchon
la
région
la
plus
peuplée
de
crèches
plus
proche
des
domiciles,
ouverture
des
France,
plus
peuplée
que
dix‐neuf
des
vingt‐sept
lycées
le
week‐end
pour
profiter
de
leurs
pays
de
l'Union
Européenne.
C'est
dans
ce
contexte
équipements,
l'ouvrage
peine
à
convaincre
le
qu'elle
publie
Et
si
on
parlait
de
vous
?
aux
édi9ons
lecteur
à
cause
de
mul9ples
approxima9ons
:
de
l'Archipel.
expressions
floues,
références
culturelles
non
Contrairement
à
ce
qui
est
annoncé
dans
le
9tre,
la
maîtrisées
ou
erreurs
lexicales
étonnantes
:
en
ministre
de
l'enseignement
supérieur
et
de
la
évoquant
une
«
triangulaire
fratricide
avec
le
FN
»,
recherche
parle
surtout
beaucoup
d'elle.
Cet
souhaite‐t‐elle
vraiment
se
prévaloir
d’une
telle
ouvrage
regorge
d'anecdotes
de
son
quo9dien
de
proximité
avec
l’extrême
droite
?
En
défini9ve,
un
mère
francilienne
débordée,
censées
illustrer
«
les
exercice
de
communica9on
poli9que
qui
n'est
pas
galères
»
des
habitants
de
la
région,
mais
dont
le
maîtrisé
et
qui
explique
que
la
candidate
elle‐
but
est,
bien
sûr,
d'a,énuer
son
image
de
même
ne
s'y
réfère
presque
jamais
dans
sa
neuilléenne
et
de
paraître
plus
proches
du
campagne.
Lu
par
G.
BOZONNET
Pierre
JOXE,
Cas
de
conscience
croie
lire,
alors
qu’on
a,endrait
de
Pierre
Joxe
la
Le
23
février
2010,
Nicolas
rigueur
du
juriste,
la
pondéra9on
de
l’homme
Sarkozy
a
annoncé
les
noms
de
d’expérience,
le
talent
narra9f
de
l’homme
trois
hommes,
nommés
pour
p o l i 9 q u e .
D a n s
u n
o u v r a g e
à
v e n i r
?
remplacer
les
membres
du
Lu
par
L.MAZUIR
Conseil
cons9tu9onnel
dont
le
mandat
de
neuf
ans
arrivait
à
Le
classique
son
terme.
Comme
Dominique
William
FOOTE‐WHYTE
Street
Corner
Society
Schnapper,
qui
publie
en
mars
Street
Corner
Society
est
un
Une
sociologue
au
Conseil
o u v r a g e
m a j e u r
p o u r
l a
cons)tu)onnel,
Pierre
Joxe
a
sociologie
urbaine
car
William
choisi
de
revenir
sur
son
Labor
et
Fides
parcours,
dans
un
ouvrage
Foote
Whyte
est
un
pionnier
en
février
2010
245
pages,
19,50
euros
in9tulé
Cas
de
conscience,
sociologie
que
ce
soit
au
niveau
de
la
méthode
ou
du
contenu.
publié
aux
Edi9ons
Labor
Fides.
Cas
de
conscience
Pour
la
méthode
il
u9lise
celle
C’est
l’angle
choisi
par
Pierre
Joxe,
énarque,
des
anthropologues
c'est
à
dire
ancien
socialiste,
ministre
de
l’intérieur
et
de
la
l'observa9on
par9cipante.
Il
défense
sous
la
présidence
de
François
Mi,erand,
La
Découverte
s'immerge
complètement
dans
pour
retracer,
au‐delà
des
neufs
ans
passés
au
juillet
2007)
le
groupe
social
qu'il
étudie
(les
403
pages,
13
euros
50
italo‐américains
du
quar9er
du
Conseil,
sa
carrière
poli9que.
De
la
censure
de
la
presse
lors
de
la
guerre
d’Algérie,
à
la
loi
sur
la
North
End
à
Boston)
et
il
par9cipe
à
toutes
les
délinquance
des
mineurs
soumise
à
la
sagesse
du
ac9vités
sociales
des
groupes
qu'il
étudie
plus
Conseil
cons9tu9onnel,
en
passant
par
la
spécifiquement
:
les
«
gars
de
la
rue
»
et
les
«
gars
libéra9on
de
terroristes
du
temps
où
il
était
de
la
fac
».
L'originalité
de
Whyte
c'est
qu'il
ne
ministre
de
l’intérieur,
l’auteur
s’arrête
sur
ces
parle
pas
de
désorganisa9on
sociale
aux
sujets
de
4
«
cas
de
conscience
»,
revenant
sur
ces
moments
ces
groupes
considérés
comme
déviants
par
la
3
décisifs
où
la
prise
de
décision
n’empêche
pas
le
société
américaine.
Pourtant
même
s'il
se
doute.
démarque
de
l'école
de
Chicago
(qui
préfère
une
Détours
analyse
en
terme
de
désorganisa9on
sociale),
il
Passionnant
à
première
vue,
se
dit
le
lecteur
qui
u9lise
une
méthode
interac9onniste
à
l'égale
des
parcourt
la
quatrième
de
couverture.
Pourtant,
sociologues
de
Chicago.
Whyte
veut
étudier
les
l’ouvrage
est
finalement
assez
frustrant.
Pierre
interac9ons
pour
déterminer
les
rela9ons
sociales
Joxe
choisit
d’aborder
trois
périodes
de
sa
vie
:
sa
de
domina9on
entre
les
individus.
Grâce
à
ce,e
jeunesse,
son
passage
au
gouvernement,
ses
méthode
il
détermine
qui
sont
les
chefs
de
bande
années
au
Conseil
cons9tu9onnel.
Chacun
de
ces
des
«
gars
de
la
rue
»
et
des
«
gars
de
la
fac
».
Les
récits
est
intéressant,
d’abord
pour
la
plongée
premiers
ont
rapidement
arrêtés
leurs
études
et
dans
l’histoire
de
la
Cinquième
République
qu’ils
traînent
dans
la
rue
ou
dans
les
clubs
à
la
proposent.
Mais
le
format
très
court
de
ces
recherche
d'ac9vités
leur
perme,ant
de
passer
le
«
cas
»
n’autorise
qu’une
analyse
très
temps.
Ils
sont
conscients
que
malgré
leurs
qualités
superficielle
:
les
évènements
sont
rapidement
individuelles
ils
n'accèderont
pas
au
modèle
relatés
avant
une
brève
conclusion
sur
le
mo9f
de
américain
d'intégra9on
par
le
travail
et
la
poli9que.
«
ai‐je
pris
la
bonne
décision
?».
Les
seconds
ont
réussis
leurs
études
et
aspirent
à
Un
roman
d’aventure
l'ascension
sociale
promise
par
la
société
On
regre,e
alors
que
Pierre
Joxe
n’ait
pas
américaine.
Whyte
propose
une
analyse
qui
souhaité
s’arrêter
plus
longuement
sur
ces
p e r m e t
d e
c o m p r e n d r e
l e
p h é n o m è n e
affaires.
Il
aurait
fallu
prendre
le
temps
d’apporter
d'immigra9on
et
d'assimila9on
dans
la
société
plus
d’éléments
de
contexte,
de
détailler
plus
américaine
par
le
biais
de
ces
groupes
qui
se
précisément
le
cheminement
des
décisions,
de
différencient,
se
côtoient,
se
cherchent,
se
développer
plus
longuement
ces
points
de
vue.
La
déconstruisent
et
ce
reconstruisent
dans
un
rapide
succession
de
ces
péripé9es
si
cap9vantes
phénomène
d'interac9on
perpétuelle.
finit
par
ressembler
à
des
comptes‐rendus
rédigés
par
la
presse,
et
finalement,
c’est
un
roman
Lu
par
Céleste
SIMONET,
étudiante
à
l'Ins9tut
d’aventure
que
l’on
d'Etudes
Poli9que
de
Lille
Le
mois
prochain…
AVR
IL
Femmes
et
poli9ques
:
Mais
qui
va
garder
les
enfants
?
En
a,endant
:
www.la‐revue.net