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En arrivant en Asie1, [César] apprit que Domitius2, après avoir été battu par Pharnace3,
fils de Mithridate4, s’était enfui du Pont avec peu de troupes ; que Pharnace, poursui-
vant avec chaleur sa victoire, s’était emparé de la Bithynie5 et de la Cappadoce, et se
préparait à envahir la Petite Arménie6, dont il avait fait soulever les rois et les tétrar-
ques7 : César marche promptement contre lui avec trois légions et lui livre une grande
bataille près de la ville de Zèla8 ; il taille en pièces toute son armée et le chasse du
royaume du Pont. Ce fut alors que, pour marquer la rapidité de cette victoire, il écrivit
à Matius9, un de ses amis de Rome, ces trois mots seulement : « Je suis venu, j’ai vu, j’ai
vaincu. » En latin, ces trois mots terminés de même ont une grâce et une brièveté qui
disparaissent dans une autre langue10.
traduction : abbé Dominique Ricard [1741-1803]
On ne peut pas, à l’évidence, aller jusqu’à rendre par « guerre éclair » [Blitzkrieg] : l’anachro-
nisme rendrait le passage comique. Mais César se flattait davoir — en cinq jours — mis un
terme victorieux à la guerre. Tout en ayant le titre de consul, il va être nommé par le sénat
dictateur pour dix ans.
César s’est donc trouvé une formule percutante, un bon slogan1 : une parataxe, trois formes
reproduisant un schéma rythmique identique, avec rime et allitération, aussi significatives
qu’expressives.
1
Paradoxe : le mot vient, par l’intermédiaire de l’anglais, du gaélique sluagh-gairm « cri
(gairm) de guerre » des Highlanders [cf. vieil-irlandais slúag, slóg ; gallois llu ; en Gaule, dans
le second élément de l’ethnonyme latinisé Catuslogi : leur pāgus avait Eu pour chef-lieu.]