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> mensuel n°645-avril 2010

du Secours Catholique
www.secours-catholique.org

Campagne

Rompre
ISSN : 0026-0290

l’isolement
SOMMAIRE
ÉDITORIAL

ACTUALITÉS

C. PottIEr-BAr FLorEAL / S.C.

Xynthia Au secours des sinistrés 04

04 3 questions à François Soulage :

Ambassadeur de l’Année européenne de lutte
contre la pauvreté et l’exclusion 05

DOSSIER
Précarité Rompre l’isolement à la campagne 06
Interview Jean Sivardière 11

INITIATIVES
Témoignage Accompagner les morts de la rue 12
L’interview de Mgr Dumas, président de Caritas Haïti 15

08
Mission Maroc : Accueillir les migrants 16
C. BELLAVIA / S.C.

xx SPIRITUALITÉ
“Le Seigneur et le Maître” par Mgr Pierre Debergé 17
Le texte en action par le père Jo Rival 17

RENCONTRE
Christian Mounzeo se bat pour la transparence 18

VOTRE SOLIDARITÉ
Coups de pouce 20
Agir/Réagir 21

xx
12 18
E. PErrIot / S.C.

E. PErrIot / S.C.

VOTRE COURRIER 22

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du Secours Catholique
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la pauvreté
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02 MESSAGES AVRIL 2010

 ÉDITORIAL

Cruciale mobilité

L
a France a connu, depuis la fin de la guerre, une évolution
très importante dans le mode d’occupation de son territoire.
Au fil des années et en particulier du fait des changements
dans l’agriculture, la population dite rurale a beaucoup dimi-
nué par rapport à la population urbaine. À l’exode rural, celui
des agriculteurs, s’est ajoutée la disparition d’activités tradi-
tionnelles dans des zones éloignées des villes importantes.
Mais, depuis dix ans, une évolution nouvelle s’est fait jour.
C’est le départ de la ville vers les zones rurales de populations disposant
E. Perriot / S.C.

de revenus moyens ou faibles. C’est en effet le moyen pour elles de béné-

ficier de logements à des prix raisonnables et dans des conditions permet-
tant de loger des familles. Des personnes âgées à la retraite quittent elles
aussi des zones urbaines devenues très coûteuses ou dans lesquelles la
vie est difficile, pour des zones rurales.
À cette évolution de population se sont surajoutés des changements impor-
tants dans le mode de vie. Au fil des années, les commerces ont peu à peu
disparu, concurrencés par les grandes surfaces. Les commerces tradition-
nels de la vie quotidienne se sont eux aussi raréfiés, puis les bureaux de
tabac et enfin, progressivement, dernière évolution et sans doute la plus
dramatique, les services publics, avec la poste, la gendarmerie, le regrou-
À l’isolement pement des écoles, etc. Il en est résulté des conditions de vie de plus en
social s’est ajouté plus difficiles pour les personnes habitant dans ces zones rurales, en par-
ticulier pour se déplacer. La question de la mobilité est devenue cruciale.
aujourd’hui Et à l’isolement social s’est ajouté aujourd’hui l’isolement physique.
Les équipes du Secours Catholique tentent de pallier cette difficulté en étant
l’isolement attentives à la situation des personnes isolées, en organisant des systè-

”
physique. mes de transport à la demande – ou en intervenant auprès des conseils
généraux pour que de tels systèmes se mettent en place – afin de rompre
le cycle vicieux de l’isolement. La ruralité est aujourd’hui un monde difficile
à percevoir, un monde en pleine évolution qui, d’une part, montre peut-
être ce qu’est le monde de demain en termes de mode de logement, mais
aussi démontre la nécessité de disposer de services publics et de services
d’accompagnement permettant de vivre dans ces zones peu denses.
Le Secours Catholique est attentif à ces évolutions. Ses équipes ne cessent
de créer de nouvelles activités pour rompre l’isolement. Mais il manque
souvent de moyens car les zones peu peuplées sont aussi celles où l’on
dispose de moins de bénévoles. C’est un enjeu essentiel pour une évolution
équilibrée de notre pays.
François Soulage,
président national du Secours Catholique

AVRIL 2010 MESSAGES 03

ACTUALITÉS
INTEMPÉRIES
La solidarité en marche auprès des sinistrés de la tempête
Vendée et Charente-Maritime ont subi une très violente tempête dans la nuit du 27 au 28 février, qui a fait 53 morts et des
dégâts considérables. Les bénévoles des associations ont porté secours aux milliers de victimes.

daires que des mobile homes. par les délégations du Secours

Mais il ne pourra s’agir que de
solutions provisoires.
Outre le relogement se pose
le problème des ressources
financières des sinistrés.
En Charente-Maritime, 80  %
d’entre eux sont des person-
nes modestes, qui n’avaient
pas forcément contracté d’as-
Catholique.
En attendant, le sénateur de
Vendée, Bruno Retailleau, a
demandé l’ouver ture d’une
enquête parlementaire « afin de
tirer rapidement les leçons de la
tempête ». Le président du conseil
général de Vendée, Philippe de
Villiers, souhaite de son côté

C. Pottier-Bar floreal / S.C.

surance pour leur maison et
leurs biens. Beaucoup ont
tout perdu, y compris leur
outil de travail, qu’ils soient
ostréiculteurs, agriculteurs ou
L’urbanisation en zone inondable est responsable des dégâts. ar tisans. Cer tes, le gouver-
nement a prévu d’indemniser
que la délivrance des permis de
construire soit désormais confiée
aux départements et non plus aux
seules communes, « qui n’ont pas
la capacité de résistance aux
pressions spéculatives ».
Un plan de réfection des digues

U
ne météo d’une violence
exceptionnelle et une
urbanisation méprisant
la mémoire des événements
climatiques de la région ont eu
raison des lotissements des
communes de La Faute-sur-Mer
et de L’Aiguillon-sur-Mer. Pour
la seule commune de La Faute-
sur-Mer, on déplore 29 morts
et des centaines de personnes
sinistrées. Après le passage de
Xynthia, les secours se sont très
Même réactivité exemplaire en les PME touchées à hauteur (1 350 km) a d’ores et déjà été
Charente-Maritime, avec près de 10 000 euros. Une fois les annoncé par le gouvernement.
de 70 bénévoles chaque jour, aides institutionnelles épui- Et les assureurs prévoient que
prêts à donner un coup de main sées, ceux qui n’auront pas pu le coût de la tempête dépassera
pour le nettoyage des maisons. y recourir ou qui n’auront pas le milliard d’euros. (Voir aussi
La tempête, qui a fait 12 morts reçu suffisamment pour revivre page 23).
dans ce département, a endom- normalement seront accueillis Catherine Rebuffel 
magé 4 000 maisons, dont 120
sont jugées inhabitables par les
autorités. La délégation a mis en
place un lieu d’accueil pour aider
JEUNES
les sinistrés à effectuer leurs
démarches administratives.
Le service civique enfin sur les rails

vite déployés, en particulier les
équipes du Secours Catholique.
« Le réseau des bénévoles s’est
mobilisé à 40 % », se félicite
Jean-Marie Pogu, président de la
délégation de Vendée. Dix jours
après la catastrophe, les équi-
pes comptaient toujours une
centaine de personnes chaque
matin, prêtes à visiter les mai-
sons une par une pour s’infor-
mer des besoins des personnes
sinistrées. Un centre de dépôt de
vêtements et de produits alimen-
taires, ainsi qu’une écoute, ont
été installés dans le gymnase
de L’Aiguillon dès le lendemain
de la tempête.
L
a proposition de loi visant à créer un service civique pour les
Maisons inhabitables. Après jeunes a été adoptée quasiment à l’unanimité au Parlement,
l’urgence viennent les ques- le 25 février dernier. Il est prévu que 10 000 jeunes de 16
tions de fond  : les maisons à 25 ans puissent d’ores et déjà effectuer leur service civique
construites sur des sols meu- cette année. 75 000 candidatures sont attendues à l’horizon
bles, trop proches de la mer, 2014. Sur la base du volontariat, ces jeunes seront accueillis
ne résisteront plus très long- dans des associations, des collectivités locales ou des ONG, en
temps après les inondations. France et à l’étranger, pour une période de 6 à 12 mois. L’État
La plupart d’entre elles devront leur versera une indemnité mensuelle de 540 à 640 euros. Ils
être rasées. Comment reloger pourront également cotiser pour la retraite. Unis-cité, association
au moins 1 500 personnes en pionnière du service civique, salue l’adoption de ce texte. Avec
Charente-Maritime ? Le conseil un bémol : « Il faudra que les missions proposées aux jeunes
général a indiqué avoir trouvé soient complémentaires des actions menées par les salariés,
de quoi reloger 900 familles. En bénévoles et fonctionnaires, » préviennent les responsables de
Vendée, on a reçu 700 offres l’association. Au Secours Catholique, « on sera attentif au finan-
de logement, dont près de 200 cement nécessaire pour mettre en œuvre la loi », rappelle Thomas
ont été retenues, aussi bien Chanteau, du département “Bénévolat réseau jeunes”.
dans des résidences secon- Clémence Richard

04 MESSAGES AVRIL 2010


LOGEMENT
Des dizaines de milliers
de personnes risquent
de se retrouver à la rue
La fin de la trêve des expulsions locatives et celle du plan
d’hébergement d’urgence font peser de graves menaces
sur les plus fragiles.
C
omme chaque année, le 15 mars arrive telle une date
fatidique pour les locataires qui cumulent plusieurs
mois de loyers impayés. Deux semaines plus tard,
la fermeture prévue des centres d’hébergement d’urgence
D.R.
pour l’hiver fait craindre le pire aux associations pour ce
mois d’avril.
En janvier, on comptait 8 266 personnes ayant trouvé refuge
dans ces centres. Elles devraient logiquement se retrouver à la
rue. Charlotte Niewiadomsky, du Secours Catholique, s’insurge
contre la “politique du thermomètre”. « On ne meurt pas plus
de froid que d’autre chose dans la rue. Le froid n’est qu’un
facteur, c’est la rue qui tue. » Le Secours Catholique, avec
trente autres associations, demande aux pouvoirs publics la
création pérenne de places d’hébergement.
Sur le front des expulsions locatives, même inquiétude chez
les associations. En 2008, il y a eu 11 294 expulsions, soit
un doublement en dix ans. « À celles-ci doivent se rajouter
entre 20 000 et 30 000 familles qui ont pris l’initiative de
partir avant même l’arrivée des forces de l’ordre, afin d’éviter
de traumatiser les enfants », précise Christophe Robert, de
E. PERRIOT / S.C.
La fermeture du Plan hivernal va contraindre plus de 8 000
personnes à dormir dans la rue.
la fondation Abbé-Pierre. En 2006, donc avant la crise, les
chiffres fournis par l’Insee faisaient état de 1,8 million de
personnes en difficultés de paiement, dont 500 000 avaient
déjà deux mois d’impayés. « Nous demandons aux caisses
d’allocations familiales de ne pas suspendre trop vite les
aides au logement en cas d’impayés, car cela précipite la
catastrophe », déclare Robert Burckel, chargé de ces ques-
tions au Secours Catholique.
C.R.
ACTUALITÉS
3 QUESTIONS À FRANÇOIS SOULAGE
Le président du Secours
Catholique a été nommé
ambassadeur pour la France
de l’Année européenne
de lutte contre la pauvreté
et l’exclusion.
« Populariser les
E. PERRIOT / S.C.
meilleures idées »
En quoi consiste votre rôle d’ambassadeur pour cette année
spéciale ?
Il s’agit de rendre publics les propositions et engagements qui
seront pris par les différents acteurs durant cette année et d’en
faire une évaluation, avec le regard de la société civile et non pas
celui du gouvernement. Cela veut dire reprendre les idées qui seront
émises et les populariser. Cette mission s’appuie sur 68 projets
sélectionnés qui permettent d’éclairer des aspects de la lutte contre
la pauvreté, d’informer sur l’illettrisme, le logement, etc., afin de
voir ce qui marche et comment généraliser ces idées.
Quel est le programme de cette mission ?
Trois réunions régionales sont prévues au cours de l’année sur les
thématiques de l’insertion, de l’accès aux droits et du partenariat
territorial. J’y serai présent pour apporter une parole de la société
civile sur ces questions. Je me ferai le porte-parole des propositions
des différents acteurs impliqués sur ces thèmes. En octobre, il y aura
une réunion finale qui fera l’évaluation des projets et de l’évolution
des priorités de la Commission européenne et du gouvernement
français, pour vérifier que ces dernières sont bien intégrées au pro-
gramme européen 2010-2020. J’aurai la totale liberté de désigner
ce qui est satisfaisant et ce qui l’est moins.
Comment s’insère votre fonction de président du Secours
Catholique dans ce rôle d’ambassadeur ?
Nous sommes l’une des plus grandes ONG françaises, menant des
actions dans la plupart des domaines qui touchent la lutte contre
l’exclusion, qu’il s’agisse du partenariat territorial, de l’accès aux
droits ou de l’inclusion sociale. C’est une manière de mettre en
œuvre le Secours Catholique dans sa dimension multifonction-
nelle, une dimension assez rare dans la société française, puisque
nous agissons directement sur le terrain et avons cette vision
transversale. Je pense que notre capacité à être à la fois acteur
et évaluateur explique que nous ayons été choisis.
Propos recueillis par Catherine Rebuffel
AVRIL 2010 MESSAGES 05
DOSSIER
> PAUVRETÉ
La campagne n’est pas
un pays de cocagne
La population des zones rurales est elle aussi frappée de plein fouet par
la crise. Avec pour handicap supplémentaire la difficulté de se déplacer.
L
es apparences sont
trompeuses. L’Insee
observe pour la pre-
mière  fois depuis
trente ans « une crois-
sance démographique
significative de larges
espaces ruraux » (1).
Mais cette croissance ne se traduit
pas par le regain d’activité auquel on
pourrait s’attendre. Car les 11 millions
d’habitants de l’espace rural (18 % de
la population de France métropolitaine)
« se situent en dessous des moyen-
nes nationales, tant en termes de
participation à l’économie nationale
que de revenus, de qualification ou
d’emploi », révèle un récent rapport
de l’Inspection générale des affaires
sociales (Igas) (2).
À Challans (Vendée), l’épicerie
solidaire ouverte en 2006 par le
Secours Catholique fait le plein.
« Nous accueillons un tiers de béné-
ficiaires supplémentaires par rap-
port à 2009 », note la responsable
bénévole, Marie-Paule Roturier : des
mères seules, des intérimaires, des
commerçants qui ont fait faillite…
Il y a aussi « des retraités qui ont
450 euros de loyer pour 600 euros de
ressources et des jeunes de moins de
25 ans qui n’ont pas droit au RSA et
ne sont plus admis dans les foyers de
jeunes travailleurs quand ils ont des
06 MESSAGES AVRIL 2010
la ville en espérant échapper à leurs
difficultés. Mais « ces personnes qui
pensent qu’à la campagne c’est plus
facile, ne se rendent pas compte du
handicap de la distance », observe
enfants. » Ces personnes habitent Michèle Pelfigues. Elle est la respon-
Challans et treize petites communes sable du nouveau point alimentaire
alentour. Les bénévoles mettent l’ac- ouvert en janvier par le Secours
cent sur la gestion de leurs maigres Catholique à Navailles-Angos, dans
ressources. Les bénéficiaires doivent les Pyrénées-Atlantiques. Face à
s’organiser pour répartir leurs dépen- ces difficultés de déplacement, les
ses sur tout le mois. Pour ceux qui bénévoles apportaient en voiture
n’y arrivent pas, une aide à la gestion les colis alimentaires au domicile
est proposée. des personnes démunies. Cette
distribution est maintenue en cas
Le handicap de la distance. Les de nécessité, dans un rayon de
communes rurales disposent parfois 30 kilomètres autour de Navailles.
d’habitations à loyer modéré. On y « En venant elles-mêmes faire les
retrouve d’anciens citadins qui ont fui courses, les familles gagnent en
Ingénierie de projets territoriaux
L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) propose dans son
rapport que les régions établissent des diagnostics territoriaux dans
les territoires ruraux en difficulté et financent l’“ingénierie”, c’est-à-dire
la conception de projets territoriaux. C’est déjà le cas, notamment,
dans le Nord-Pas-de-Calais et en Rhône-Alpes.
Par ailleurs, le Secours Catholique demande que le conseil régional issu
des élections du mois dernier « développe en Rhône-Alpes différents
types de transports en commun adaptés aux zones rurales et poursuive
son soutien au financement d’iniatives en ce sens ». L’association
souhaite également que le conseil régional « maintienne une priorité
pour la formation des personnes les plus démunies », notamment les
jeunes de moins de 25 ans.
Dans la région Picardie, l’association rappelle l’existence de la clause
d’insertion sociale dans les marchés publics. Celle-ci fait obligation aux
entreprises bénéficiaires de ces marchés d’employer des personnes
en insertion.

C. Bellavia / S.C.
autonomie », constate aujourd’hui
Michèle Pelfigues.
À Pontiacq-Vieillepinte, une autre
petite commune des Pyrénées-
Atlantiques, le besoin d’un dépôt ali-
mentaire s’est également fait sentir.
La demande a augmenté en janvier,
observe le Secours Catholique sur
place. Les bénévoles de l’associa-
tion ouvrent le dépôt deux fois par
mois depuis septembre 2009, dans
un local prêté par la mairie. L’accueil
est coordonné avec les permanen-
ces des assistantes sociales du
secteur. Les bénéficiaires du point
d’aide alimentaire profitent de leur
jour de courses pour aller les voir.
Dans plus d’un tiers des départe-
ments de France métropolitaine, le
taux de pauvreté dans la popula-
tion rurale dépassait 19 % en 2006
(11,3 % dans l’espace urbain) (3),
note encore le rapport de l’Igas. Sont
concernées les régions Nord-Pas-de-
Calais, Provence-Alpes-Côte d’Azur,
Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées,
Auvergne et Limousin. «  Dans la
dernière décennie, un dynamisme
démographique rural significatif est
apparu, essentiellement causé par
des migrations de l’urbain vers le
rural, expliquent les inspecteurs de
l’Igas. Malheureusement, ces migra-
tions principalement composées de
ménages d’employés, ouvriers et pro-
fessions intermédiaires accentuent le
déséquilibre socioprofessionnel rural
antérieur. »
Transport solidaire. Exemple
avec Mario, habitant Saint-Martin-la-
Sauvetée (Loire). Cet ancien profes-
sionnel de l’étanchéité des façades
est venu de la région parisienne bien
avant de prendre sa retraite. Il est
bénéficiaire de l’Allocation pour adul-
tes handicapés, environ 600 euros
par mois, et inscrit aux Restos du
Cœur de Saint-Germain-Laval, à une
bonne distance de chez lui. Mario
n’a pas de voiture. « S’il fallait pren-
dre un taxi pour descendre à Saint-
Germain, je ne pourrais pas, ce n’est
pas donné ! »
Alors Mario profite, comme de nom-
breuses autres personnes isolées,
du service de transport solidaire mis
en place par le Secours Catholique.
Il téléphone au chauffeur bénévole
le plus proche de chez lui pour pren-
DOSSIER
dre rendez-vous et être conduit, le Même
jour dit, aux Restos du Cœur. Les s’alimenter
six conducteurs bénévoles du réseau est devenu
se relaient. Le service est réservé compliqué,
aux personnes qui ne paient pas sans moyen de
d’impôt, précise Philippe Pupier, l’or- déplacement.
ganisateur du projet. Une participa-
tion de 2 euros leur est demandée.
Monique, elle, voulait donner 5 euros
à son transporteur pour se rendre à
un rendez-vous médical. Cela aurait
été modeste en regard des 45 euros
qu’elle dépense quand elle prend un
taxi. Son chauffeur n’a évidemment
pas accepté : la charte du service ne
le lui permet pas.
Le monde agricole n’est pas épar-
gné par les difficultés. Les exploi-
tations les plus petites et les plus
fragiles ne résistent pas à la baisse
des revenus agricoles et à la crise
du lait et de la viande. Sur le plan
national, la Mutualité sociale agricole
a relevé plus de 40 000 demandes
de RSA au second trimestre 2009. La
Vendée est particulièrement touchée,
avec 245 demandes durant la même
période. Il s’agit d’exploitations de 10
à 15 hectares qui n’ont pas pu se
développer et ne sont pas viables.
AVRIL 2010 MESSAGES 07
DOSSIER

> REPORTAGE

Solidarité
contre isolement
La Lozère, département rural peu peuplé et enclavé au
cœur du Massif central, réinvente du lien social grâce à la
bonne volonté de ses associations et de quelques élus.
C. Bellavia / S.C.

Mende, de notre envoyée spéciale

Le monde rural Dans le départe-
est loin du ment voisin de
paradis rêvé Loire-Atlantique,
des citadins. la crise de la viti-
culture a contri-
bué à la for te
baisse de revenu.
La MSA accorde
l’étalement des cotisations sociales
tandis que l’État les prend partielle-
ment en charge. Mais cela est loin
d’être suffisant. À Falleron (Vendée),
des éleveurs ne peuvent plus se ver-
ser de salaire depuis un an. Six agri-
culteurs de la commune pourraient
prétendre au RSA.
Le monde rural est loin du paradis
rêvé des citadins. Pour s’y installer,
il faut éviter les pièges du logement
insalubre ou de l’éloignement des
lieux de travail, de soins, d’accès
aux droits… Même les ruraux les plus
solides rencontrent des difficultés.
François Tcherkessof.
(1) Insee Première n° 1218, janvier 2009
(2) « Pauvreté, précarité, solidarité en milieu
rural », Igas, novembre 2009. Consultable
sur www.ladocumentationfrancaise.fr
(3) Le taux de pauvreté correspond au pour-
centage de personnes dont le revenu est
inférieur au seuil de pauvreté, de 910 euros
par mois actuellement.
Q
ui n’a pas entendu
parler de l’Aubrac,
ce vaste plateau qui
s’étend entre Lozère,
Aveyron et Cantal ?
Un paysage sauvage,
apaisant ou terrifiant, selon les avis.
Certains, comme Adrien, l’ont sur-
nommé “le désert”. Cet agriculteur
à la retraite vit à Cougoussac, vil-
lage de la commune lozérienne de
Recoules d’Aubrac. « La majorité des
exploitations agricoles qui compo-
saient le village ont été remplacées
par des résidences secondaires »,
regrette-t-il, désignant la dizaine de
maisons posées à flanc de colline.
De loin, ce hameau solitaire sem-
ble sans vie. Cougoussac compte
quatre habitants à l’année. Parmi
eux, Auguste Perret, béret vissé sur
la tête et bleu de travail, s’affaire
à remplir de foin les mangeoires
de ses bêtes. Cet éleveur bovin
de 56 ans possède un cheptel de
36 animaux, essentiellement des
vaches. « Je les vends à des exploi-
tants locaux qui les revendent aux
Italiens », explique ce célibataire
qui, depuis la mort de ses parents
en 2004, est resté seul à la ferme.
Malgré les primes de la Direction
dépar tementale de l’agriculture
et de la forêt – 20 000 euros en
2009 – Auguste estime qu’il ne fait
que sur vivre. «  Avec mon exploi-
tation, je ne gagne même pas le
Smic », explique-t-il. L’état de sa
maison témoigne de ses difficul-
tés. Grande bâtisse aux volets fer-
més, elle semble à l’abandon. « Le
revenu agricole par actif est plus
faible en Lozère que dans les autres
départements français. Le pouvoir
d’achat des agriculteurs, qui jusque-
là stagnait, est en légère baisse »,
constate Pierre Hugon, président
de la commission de l’agriculture
et des affaires européennes au
conseil général de Lozère.
Un niveau de vie qui n’attire pas
les générations futures et voue à
la disparition les exploitants agrico-
les, au nombre de 2 800 en Lozère
(sur 76 800 habitants). Auguste, lui,
aura la chance de voir sa ferme lui
survivre. Son neveu compte repren-
dre l’activité lorsque son oncle sera
en retraite.
Une chance qu’Albert Gallières n’a

08 MESSAGES AVRIL 2010


pas connue. Arrivé à l’âge de la
retraite, cet ancien agriculteur a été
obligé de vendre son exploitation.
Âgé de 81 ans, il habite seul une
grande maison au bout du hameau
Les Faux, au col de Montmirat,
situé au sud de Mende. Autour du
hameau, des prairies à per te de
vue. L’isolement est total.
Atteint d’une hernie discale depuis
de nombreuses années, le vieil
homme se déplace difficilement.
Heureusement, une fois par
semaine, il reçoit la visite de l’aide
ménagère envoyée par une asso-
ciation locale. Cela ne lui coûte
que 13 euros par mois. « J’ai une
retraite de seulement 600 euros,
commente-t-il. Avec l’électricité,
le bois, le gaz et le fuel, il ne
reste plus grand-chose à la fin du
mois. » Du coup, sa maison est mal
chauffée.
Autre visite qui vient rompre son
isolement, celle de l’épicier ambu-
lant, Bernard Pantel. Lui aussi se
sent un peu comme une espèce en
voie de disparition. « Ce métier est
de plus en plus dur. Il n’y a plus
assez de monde dans les villages
et nous devons parcourir beaucoup
de kilomètres pour peu de bénéfi-
ces », explique-t-il, tout en regret-
tant que ses fils ne veuillent pas
lui succéder.
Pourtant, pour Albert, comme pour
d’autres, le passage de Bernard
Pantel est quasiment une question
de survie. En effet, le vieil homme
ne peut plus conduire pour raisons
Une retraite de
seulement 600 euros. 
”
de santé. Certes, ses neveux, vivant
dans les hameaux voisins, l’em-
mènent de temps en temps faire
les courses ; mais cela ne suffit
pas toujours. Pour le reste, Albert
bénéficie d’un service de transport
à la demande mis en place par
la communauté de communes du
Valdonnez avec le soutien du conseil
général.
Comme son nom l’indique, il s’agit
de permettre à des personnes
âgées, handicapées, isolées ou
DOSSIER
À la retraite,
Auguste,
célibataire,
cèdera sa
ferme à
C. Bellavia / S.C.
son neveu.
sans permis de conduire de se
déplacer sur simple demande. « Il
n’existe aucun transport public en
Lozère, hormis le ramassage sco-
laire », obser ve Francis Cour tes,
président de la Communauté de
communes du Valdonnez, à l’ori-
gine du transpor t à la demande.
Un tiers du prix du trajet est pris
en charge par la communauté de
communes, un autre tiers par
le conseil général et le reste
par le client. « C’est très utile
car dans mon village, il n’y
aucun commerce » se félicite
Odette Pauc, 76 ans, sans voi-
ture. Pour autant, ce système
ne profite qu’aux cinq communes
concernées du Valdonnez et reste
encore peu développé dans le
département.
Jérôme, âgé d’une vingtaine d’années,
sans emploi depuis plus de deux ans,
et sans permis de conduire, en aurait
fait le meilleur usage. D’abord pour
se rendre à Pôle Emploi, dont la seule
agence du département se trouve
à Mende, à plus d’une demi-heure
de Marvejols, où il habite. Jérôme
est à la recherche d’un emploi de
AVRIL 2010 MESSAGES 09
DOSSIER
boulanger. « Les seules offres que
l’on m’a proposées jusque-là se
trouvent dans des villes à plus
d’une heure de Marvejols. Comment
veulent-ils que je m’y rende ? En
roller, peut-être ! » ironise le jeune
homme. Pour l’aider à se sortir de
cette situation, la mairie contribue à
financer son permis de conduire. En
attendant, il se contente de petits
boulots et consacre son temps
libre bénévolement au Secours
Catholique.
Accès à la culture. Isolement géo-
graphique, isolement moral mais
aussi culturel. La Lozère compte cinq
théâtres pour un territoire de plus de
5 000 km2. Le théâtre de l’Arentelle
est l’un d’eux. Magnifique bâtisse
de pierre, ce lieu de représentation
animé et dynamique surprend dans
le calme village de Saint-Flour-de-
Mercoire. Tout comme l’araignée
des Cévennes – l’arantelle  – la
compagnie L’Hermine de rien,
propriétaire du théâtre, tisse des
liens entre les différents hameaux
qui l’entourent. Ainsi, cette salle de
120 places accueille chaque année
10 MESSAGES AVRIL 2010
C. Bellavia / S.C.
quinze représentations de compa- À l’isolement
gnies venues de toute la France. géographique,
Mais parce qu’encore une fois, tout s’ajoutent
le monde ne peut pas se déplacer l’isolement
jusqu’ici, la compagnie L’Hermine moral et
de rien va jouer chez l’habitant. culturel.
En outre, elle propose des forma-
tions au théâtre. Comme à Villefort,
où un groupe de neuf femmes et un
homme prépare un spectacle pour
le mois de juin. « Nous sommes
enclavés, complètement excentrés.
Nous devons toujours nous dépla-
cer. L’idée de cet atelier était donc
de faire venir une activité de théâtre
chez nous et de réduire la fracture
culturelle sur notre territoire », expli-
que Isabelle, participante et anima-
trice du foyer rural à l’origine de la
demande. Le fondateur de la com-
pagnie L’Hermine de rien, Bruno
Hallauer, le confirme : « L’objectif
est de rompre l’isolement géogra-
phique, mais aussi la solitude dans
C. Bellavia / S.C.
laquelle la population a tendance
à s’enfermer. » « Et de créer une
solidarité  », complète Isabelle.
Solidarité, comme un antidote à La compagnie L’Hermine de rien va
l’isolement. jouer chez l’habitant.
Clémence Richard
> interview Jean Sivardière
« Mettre en synergie
la route et le rail »
Le président de la Fédération nationale des associations d’usagers des
transports (Fnaut) dénonce l’étalement de la ville à la campagne et prône
le développement du transport collectif.
La question des transports est devenue
cruciale pour le monde rural. Les pouvoirs
publics en ont-ils pris toute la mesure ?
L’offre de transpor ts dans les zones
rurales et périurbaines reste médiocre,
même si elle s’est améliorée depuis une
dizaine d’années. Le développement de
l’intercommunalité a en effet permis l’in-
tégration de zones périurbaines dans les
périmètres de transports urbains. Et les
départements ont amélioré les dessertes
par autocar. Mais nous sommes très loin
de répondre aux exigences de la loi sur les
transports intérieurs de 1982, qui affirme
le “droit au transport”. Les dessertes sont
souvent insuffisantes, voire inexistantes
dans cer taines zones, les fréquences
sont trop faibles ; le plus souvent, elles
ne sont pensées qu’en fonction des sco-
laires. Non seulement ces services sont
insuffisants, mais ils sont menacés. Les
départements, qui les financent, ont moins
d’argent qu’avant. Pire, le rapport de la
Cour des comptes de novembre 2009
propose de supprimer le tiers des lignes
ferroviaires desservant des petites villes
éloignées des grands centres. Il faudrait
supprimer 7 800 km de lignes !
Pour tant il n’y a pas de fatalité et nos
voisins montrent l’exemple. Ainsi la Suisse
et l’Autriche ont mis en place depuis long-
temps une desserte homogène de leur
territoire, grâce au système du car pos-
tal. C’est une pratique très astucieuse
car tout en acheminant la messagerie, il
transporte des voyageurs, ce qui permet
de le rentabiliser.
Les besoins ont-ils évolué en France ?
La population en zone périurbaine et rurale
tend à augmenter, au moins dans certai-
nes régions ; en outre, elle vieillit et se
paupérise. Elle a un accès moins facile à
la voiture, alors qu’en même temps ses
besoins de déplacement se sont accrus du
fait de la disparition des services publics :
par exemple les hôpitaux de proximité,
mais aussi les tribunaux d’instance.
Quelles solutions peut-on imaginer pour
ces zones périurbaines ou rurales ?
Il faudrait densifier la population, ce qui ne
veut pas dire entasser. On peut récupérer
des friches militaires ou industrielles en
ville, et densifier le long des axes lourds de
transports urbains. On peut aussi mieux
exploiter les lignes ferroviaires et densifier
l’habitat et les activités autour des gares
périurbaines. On aurait ainsi une urbani-
sation en doigts de gant, le long des voies
ferrées, comme en Allemagne, pays qui
compte très peu de zones périurbaines
peu denses. La ville en tache d’huile, c’est
typiquement français ou américain.
Mais que fait-on du désir des gens de se
mettre au vert ?
Si l’on améliore les conditions de vie en
ville, avec deux fois moins de voitures, plus
d’espaces verts, moins de bruit, moins de
pollution, moins de stress, déjà on limitera
ce besoin de fuite vers la campagne. Au
lieu de cela, les citadins partis loin des
villes prennent leur voiture pour revenir y
travailler et contribuent à en produire les
nuisances.
En attendant, que fait-on avec cette
réalité ?
Posséder une voiture coûte très cher.
En moyenne, 3 700 euros par an, soit
un coût de 28 centimes par kilomètre.
Un ménage avec de faibles revenus n’en
a pas les moyens. Il faut donc imaginer
d’autres solutions. Par exemple, le covoi-
turage, où l’on se regroupe à plusieurs
pour un même déplacement. Mais les
contraintes sont telles qu’il s’agit plus
d’un dépannage que d’une solution géné-
ralisable. Autre piste, l’“auto-par tage”,
qui permet à plusieurs personnes de dis-
poser d’une même voiture, tour à tour. Là
DOSSIER
E. Perriot / S.C.
encore, cela reste difficile à généraliser.
Il faut donc imaginer des solutions de
transport collectif. À Dole, dans le Jura,
le réseau est exploité par une société
suisse qui a notablement amélioré la
desserte rurale et périurbaine. Le nouvel
exploitant a concentré ses moyens sur la
moitié des lignes, les plus importantes,
et a transformé les autres en lignes à
la demande. Ce qui permet de maintenir
une desserte, mais avec des frais d’ex-
ploitation moindres ! Tout ce qui est du
transport à la demande pourrait se déve-
lopper intelligemment.
Faut-il une tarification des transports plus
incitative ?
La quasi-gratuité ne doit s’adresser qu’à
ceux qui en ont vraiment besoin, sinon
elle favorise trop les trajets sur longue dis-
tance, ce qui incite les gens à aller habiter
toujours plus loin des villes. Il vaut beau-
coup mieux se focaliser sur le logement
que sur le transport. Contrairement à ce
qui se fait en France, où l’on a favorisé le
transport individuel plutôt que les loge-
ments sociaux.
Par ailleurs, il faut mettre de la synergie et
de la complémentarité entre les différents
réseaux, ferroviaires et routiers, au lieu de
les mettre en concurrence. On ferait des
économies qui permettraient de renforcer
les dessertes. Les départements dépen-
sent des fortunes pour les routes, avec
souvent même l’aide des régions. C’est
totalement incohérent !
Propos recueillis par Catherine Rebuffel
AVRIL 2010 MESSAGES 11
INITIATIVES
> TÉMOIGNAGE
L’adieu à Viorel,
un mort victime de la rue
Chaque année, entre 300 et 400 personnes sans abri s’éteignent de
manière plus ou moins anonyme. Le Collectif des morts de la rue les
accompagne jusqu’à leur dernière demeure. Judith connaissait Viorel.
V
iorel, je le connais-
sais depuis
huit ans environ.
Je l’avais ren-
contré au cours
d’une distribution
de repas chauds
aux Restos du
Cœur. J’ai appris, le 14 janvier, que
Viorel était parti, emporté par une
crise cardiaque à 42 ans. Viorel n’est
pas mort de froid. Il a simplement
succombé à de nombreuses années
de souffrance dans la rue. C’était le
13 janvier. Sa mort, sur un quai de
métro parisien, n’a pas fait de bruit.
Personne n’en a entendu parler. Sauf
ses amis de la rue, compagnons de
galère, nombreux, qui l’avaient sur-
nommé “Yoyo”.
Dans le fond, je ne savais pas qui il
était, ni quelle était son histoire. J’ai
même appris ensuite qu’il avait une
fille. Mais je crois pouvoir dire que
l’on s’appréciait. Parfois, les jeudis,
même s’il ne venait pas manger, il
saluait « les amis ». C’est ce qu’il
disait. Nous échangions des nouvel-
les, parfois des blagues, un sourire.
Au bout de toutes ces années, nous
étions devenus proches, familiers,
sans pour autant nous connaître
véritablement.
12 MESSAGES AVRIL 2010
Sans que je puisse y faire quoi que
ce soit.
Je ne voulais pas qu’il parte seul,
comme si sa mort ne signifiait rien,
pour nous et pour ses amis. Je vou-
lais lui dire au revoir, lui dire qu’il avait
compté. Il fallait qu’il soit entouré
J’ai toujours été frappée par son d’un peu de chaleur pour ce départ.
incroyable gentillesse à l’égard J’ai donc contacté le Collectif des
des bénévoles et de tous, malgré morts de la rue. C’est ainsi que j’ai
les difficultés quotidiennes qui l’as- appris qu’il serait inhumé le 8 février
saillaient. Lorsque je m’inquiétais au cimetière parisien de Thiais, dans
de le voir mal en point, il me disait : le “carré des indigents”.
« Ma belle, la vie dans la rue c’est
la jungle, c’est comme ça… », avec Rendez-vous. Nous avions rendez-
un léger sourire, comme pour me vous à 8 heures ce lundi 8 février, avec
rassurer. Souvent, lorsque je le croi- Manu, un autre bénévole de l’asso-
sais dans le quartier, je craignais ciation, et Michel et Gary, deux amis
le pire pour lui. Quand il ne venait très proches de Viorel. Nous devions
pas plusieurs semaines de suite, j’y nous rendre ensemble au cimetière
pensais encore. Et puis c’est arrivé. pour saluer sa mémoire une dernière
Le droit à la dignité pour les morts de la rue
Le Collectif des morts de la rue a été créé en 2002. Il a pour première
mission d’alerter sur la mort prématurée des personnes de la rue (âgées
de 46 ans en moyenne !) et d’en dénoncer les causes. Pour cela, il publie
régulièrement communiqués et faire-part et leur rend hommage deux fois
par an au cours de célébrations collectives. Le Collectif veille également
à la dignité des funérailles et soutient les proches en deuil.
Depuis 2004, l’action s’est étendue à l’accompagnement des morts
isolés (pas forcément à la rue), en convention avec la mairie de Paris.
Des bénévoles de l’association accompagnent l’inhumation d’environ
300 personnes isolées chaque année. Ces morts sont enterrés dans
“l’espace de la fraternité” du cimetière parisien de Thiais (Val-de-Marne).
Dans cinq ans, ces caveaux individuels “à décomposition rapide” seront
libérés pour d’autres morts isolés ou pauvres. Les restes seront inci-
nérés, puis dispersés dans un jardin du souvenir.
> Pour en savoir plus : www.mortsdelarue.org

E. Perriot / S.C.
fois. Je ne savais pas si tous deux
seraient au rendez-vous. Ils étaient là
pourtant, en avance. Michel, contrarié
car d’autres personnes avaient pro-
mis de venir. Après une nuit dans la
rue, on peut avoir du mal à se réveiller
tôt et à envisager ce trajet.
Dans le métro qui nous emmène à
Thiais, Michel parle peu, il reste en
retrait. Gary lit le journal, échange
avec Manu les dernières nouvelles.
Après le métro et le bus, nous voilà
enfin arrivés devant la grande porte
grise du cimetière. Plusieurs autres
personnes attendent le convoi. Elles
sont également là pour Viorel. Trois
personnes de deux associations qui,
comme nous, le connaissaient. Et de
l’autre côté de la porte, un homme,
son frère jumeau. J’ignorais qu’il
avait un frère dans la région ! Avec
lui d’autres personnes, des membres
éloignés de sa famille. Autre bonne
surprise, un prêtre est là, à l’initiative
du frère de Viorel. Il parle roumain et
dira quelques mots dans la langue
maternelle du disparu.
Le convoi se faisant attendre, nous
décidons d’avancer jusqu’au carré des
indigents, où seront inhumés Viorel
et trois autres personnes. Une jeune
femme arrive, elle vient pour l’une de
FRANCE INITIATIVES
Au cours d’une
célébration
collective
pour les morts
de la rue, en
novembre
dernier à Paris.
ces autres personnes. La camion- un peu apaisé. « Viorel était fatigué,
nette se montre enfin. Deux bénévo- nous dit-il. Il me répétait : “Je suis
les du Collectif des morts de la rue en fatigué”. Maintenant j’espère qu’il va
descendent. Ils se rendent régulière- se reposer. » Gary est bouleversé. Il
ment au cimetière pour accompagner s’en excuse. « Quand le cercueil a dis-
les personnes mortes dans la rue. paru au fond, j’ai compris que je ne le
Ils diront un mot pour chacune d’el- verrais jamais plus. Avec Yoyo, nous
les. Ils ont apporté quelques fleurs. avons vécu vents et marées pendant
Le cercueil de Viorel est débarqué tellement d’années ! »
en premier. Nous l’accompagnons De nouveau le bus, puis le métro.
Retour à République. Nous
allons prendre un café dans un
Maintenant j’espère centre d’accueil où Viorel était
”
bien connu. Sur le mur, une
qu’il va se reposer.  affichette indique le décès de
cinq personnes, avec leur nom
devant sa tombe. Le prêtre officie et la date de leur mort. Viorel est le
pendant 15 minutes, en roumain. dernier sur la liste. Pour le moment.
Nous sommes réunis autour de lui : Gary et Michel ne peuvent pas s’em-
sa famille, ses amis, et nous qui le pêcher d’envisager qu’ils seront peut-
fréquentions dans nos associations. être les prochains.
Le prêtre a terminé sa célébration. Il Avant de nous quitter, nous décidons
remercie les employés du cimetière d’aller boire quelque chose ensem-
pour leur patience. Ceux-ci font glis- ble, cette fois-ci dans un vrai bistrot.
ser le cercueil de Viorel. Des fleurs Nous levons nos verres à la mémoire
sont été déposées sur sa tombe. Un de Viorel. Gary, qui travaille, insiste
bloc de ciment anonyme. Le nom de pour nous inviter. Refuser serait lui
Viorel figurera uniquement sur son faire affront. Puis chacun retourne à
cercueil. ses occupations. Avec le sentiment
Après avoir salué la famille de Viorel, d’avoir pu dire au revoir à Viorel
nous repartons à pied, dans le froid convenablement.
et le mauvais temps. Michel semble Judith Marie
AVRIL 2010 MESSAGES 13
INITIATIVES France

EXCLUSION

Reconnect aide
à reprendre contact

S. Le clezio / S.C.
Une association permet un contact téléphonique à ceux qui
n’en ont pas les moyens.

I
l y a un an, Éric Chatry, 43 ans, «  L’idée est excellente  !  »
ancien stratège en marke- reconnaît Benoît, un bénévole
ting dans de grands groupes de La Rampe, la structure ILLETTRISME
commerciaux, lance un concept du Secours Catholique de
novateur  : attribuer une ligne Colombes (Hauts-de-Seine) où La fondation SNCF
téléphonique gratuite aux sans- Éric Chatry a commencé son
abri, aux travailleurs pauvres et bénévolat en 2008.
lance un appel à projets

L
à d’autres catégories fragiles. Le projet de Reconnect vise a fondation Solidarité SNCF lance pour la deuxième
Un “plus” pour les aider à sortir un public nombreux et diversi- année consécutive un appel à projets pour prévenir
de leur isolement et leur facili- fié : personnes en réinsertion, l’illettrisme. “Prévenir pour aider à grandir” est des-
ter les démarches de recherche travailleurs pauvres, sans-abri tiné aux associations qui agissent dans ce domaine et sur
d’emploi, par exemple. et jeunes en errance, femmes deux  tranches d’âge  : la petite enfance jusqu’à 6  ans et
Le principe est simple. Une com- battues, prostitué(e)s, sortants l’adolescence de 10 à 15 ans. Date limite d’envoi des dos-
pagnie de téléphonie achète de prison  ; et tous ceux qui siers : 30 avril.
des minutes aux opérateurs n’ont pas les moyens d’acheter > Pour en savoir plus : www.fondation-solidaritesncf.org
classiques. Elle les revend des cartes téléphoniques pré- C.R.
sans marge à Reconnect, une payées ou qui subissent une
association loi 1901. De leur contrainte physique ou morale.
côté, les travailleurs sociaux et François de Pierrebourg, direc-
les partenaires de Reconnect teur de Reconnect, explique d’une assistance pure et sim- Par ailleurs, quatre jeunes adul-
identifient les bénéficiaires et que « les femmes battues, par ple et de les responsabiliser. tes viennent d’être embauchés
leur attribuent deux numéros : exemple, n’osent pas donner En juin 2009, 250 personnes pour améliorer l’action et diffu-
le premier où ils pourront être leur numéro. Avec ces lignes utilisaient Reconnect. En janvier ser l’information. Et Bordeaux
appelés ; le second, 2010, elles étaient 350. Une et Lyon bénéficient désormais
identique à l’excep- progression plus lente que prévu des mêmes ser vices que la
tion du dernier chif- Un service encore peu pour Éric Chatry, le président fon- région parisienne.
fre, pour appeler dateur, qui avait tablé sur un mil- Le fondateur de Reconnect
leur boîte vocale. connu de ses bénéficiaires. 
Ce sont des numé-
ros de téléphone fixe qui débu- sécurisées auxquelles elles
” lier de lignes au bout d’un an.
D’après lui, plusieurs causes
expliquent ce retard. D’abord,
attend que cette activité
prenne son essor pour dévelop-
per d’autres idées novatrices,
tent par 01 ou 09. Ils donnent accèdent grâce à un code les associations, enthousias- toujours tournées vers les plus
davantage confiance à l’inter- secret, elles peuvent être join- tes au début, ne se sont pas pauvres. Le coffre-fort numéri-
locuteur que des numéros de tes par les travailleurs sociaux approprié le projet, pourtant que, qui permettra de scanner
mobiles. ou toute autre personne en qui conçu pour elles. D’autre part, les papiers d’identité, docu-
Quelques fonctionnalités ont elles ont confiance ». les personnes qui en auraient le ments personnels et fiches
récemment été ajoutées. Le coût représente environ plus besoin ignorent l’existence de paie, serait en effet utile
Notamment la possibilité de 10  euros par trimestre et de cette prestation. à ceux qui n’ont pas d’endroit
composer le 5 pour rappeler par ligne, soit 2  ou 3  euros Pour y remédier, une campagne sûr pour les conserver.
gratuitement. Ou encore l’envoi par mois. À terme, l’idée est d’information est en prépara- Jacques Duffaut
d’un SMS sur le portable du d’amener les bénéficiaires à tion. Afin de toucher le public le
bénéficiaire (s’il en a un) annon- payer cette somme symboli- plus large possible, elle prendra > Pour plus d’informations : 
çant un nouveau message. que, afin de les aider à sortir la forme d’une bande dessinée. www.reconnect.fr

14 MESSAGES AVRIL 2010

 France/monde INITIATIVES

CHÔMAGE gers, avaient été instaurées dans
chaque agence locale de l’ANPE,
Les comités de liaison dans le cadre de la loi contre
les exclusions de 1998. Elles
de retour à Pôle Emploi avaient progressivement disparu,
faute d’efficacité. Ces comités
au moins quatre fois par an dans
les départements et deux fois
par an nationalement. « Dans le
contexte actuel de crise profonde
de l’emploi, tout ce qui peut favo-
riser le dialogue est une bonne

P
ôle Emploi a décidé de
relancer les “comités de
liaison” au niveau dépar-
temental. Ces instances de
concertation avec les organisa- comprendront désormais trois nouvelle », s’est félicité Jacques
tions de défense des chômeurs représentants d’organisations Lepage, en charge de ces dos-
et les syndicats, destinées à de chômeurs, au lieu d’un seul siers au Secours Catholique.
recueillir le point de vue des usa- précédemment. Ils se réuniront Catherine Rebuffel

L’interview de Mgr Pierre Dumas

Deux mois après le tremblement de terre, le président de Caritas Haïti compte

sur la communauté internationale et le gouvernement haïtien pour démarrer
la reconstruction du pays.

« Que l’État indique la direction »

Que pensez-vous de l’avancée de l’aide actions soient pensées en coordination
en Haïti ? avec Caritas Haïti, pour que nous n’ayons
Depuis le 12  janvier, la communauté pas l’impression que l’on fait à notre place.

internationale a montré beaucoup de
générosité. Tous se sont manifestés et
Haïti a été au cœur des préoccupations.
Mais après cette période d’émotions, je
crains qu’on ne commence à oublier et
que les promesses n’aboutissent pas.
En même temps, je reste confiant car
la communauté internationale ne peut
pas faire marche arrière, quelles que
soient les autres urgences du moment.
Mais si beaucoup a été fait, on peut faire
davantage. De nombreux sinistrés man-
quent encore de tentes ou de bâches
pour s’abriter tout simplement.
Comment s’insère le réseau Caritas
et plus particulièrement le Secours
Catholique dans ce dispositif ?
Aujourd’hui nul ne peut travailler de manière
isolée. Pour être efficaces, nous devons agir
ensemble. Au sein du réseau Caritas, il est
nécessaire de conjuguer nos efforts pour
mieux envisager l’avenir, au côté de ce peu-
ple qui doit rester acteur de son futur. Pour
donner une réponse coordonnée, articu-
lée et intelligente, nous devons également
travailler avec les membres de la société
civile et les acteurs sociaux. Au niveau de
la confédération, il est important que les
Le Secours Catholique a bien saisi ces
enjeux. Les visites des différentes délé-
gations et nos échanges avec Paris nous
ont fait sentir que le Secours Catholique
nous comprend. La qualité de l’aide va
déterminer le sens de l’action.
Comment la reconstruction se
présente-t-elle ?
Il ne faut pas passer trop de temps à réflé-
chir à un plan d’action. Le gouvernement
doit prendre des décisions courageuses
que seul l’État peut prendre ! Où recons-
truire Port-au-Prince ? Avec quelles normes
de reconstruction ? Nous sommes tous là
pour y travailler, mais il faut néanmoins que
l’État haïtien indique la direction.
Comment percevez-vous la présence
américaine dans le pays ?
Au départ, leur présence donnait l’im-
pression de vouloir tout militariser. Ce
peuple qui souffre n’avait pas besoin d’un
déploiement de force, mais plutôt d’une
main amie. Il faut respecter notre dignité
de peuple, sans rajouter à l’humiliation
historique que nous vivons. Aujourd’hui, il
faut humaniser l’aide. Alors, si force mili-
taire il y a, elle doit être là pour aider à
Caritas Internationalis
reconstruire le pays et non comme force
d’occupation.
Quels risques la situation politique fait-
elle peser sur la reconstruction ?
La situation est toujours fragile. Les élec-
tions législatives de février et de mars
n’ont évidemment pas eu lieu. Mais
depuis le 12 janvier, nous ne pouvons plus
raisonner comme avant et nous devons
laisser derrière nous les contentieux his-
toriques. Les responsables politiques
doivent accepter leurs responsabilités
sans créer de vide institutionnel. Il faut
trouver une date butoir pour organiser
des élections générales avant la fin de
l’année, puisque le mandat présidentiel
arrive à son terme. Il est nécessaire de
conserver les quelques acquis démocra-
tiques que nous avons encore. Après tout
ce qu’Haïti a traversé, il faut éviter une
situation chaotique dans le pays.
Propos recueillis par
Mathilde Magnier, à Port-au-Prince.

AVRIL 2010 MESSAGES 15

INITIATIVES France/MONDE

MISSION MAROC
ÉDUCATION « Le Maroc, rempart de l’Union
Lutter contre les discriminations européenne contre l’immigration »
au collège Le Centre d’accueil des migrants (Cam) de Caritas Maroc
offre une deuxième chance aux candidats à l’émigration.

L
e collège Adolphe-Chérioux de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne)

P
a organisé une journée de lutte contre les discriminations le asser par le Maroc pour gagner
30 mars. Ce collège avait été marqué par l’agression à l’arme l’Europe est devenu mission
blanche d’un élève au sein de l’établissement le 2 février dernier. impossible pour les migrants
Avec le réseau “Rencontres jeunes et handicaps”, les élèves de subsahariens depuis la création en
6e et de 5e avaient à réfléchir au cours d’ateliers culturels, éduca- 2005 de l’Agence européenne pour
tifs et sportifs, au sens des valeurs de tolérance, de partage, de la gestion de la coopération opéra-
solidarité et d’égalité des chances. Les classes de 4e devaient tionnelle aux frontières extérieures
travailler sur l’homophobie et celles de 3e sur le racisme. (Frontex). « Le Maroc est un très bon

E. Perriot / S.C.
C.R. élève. Il est devenu un véritable rem-
part de l’Union européenne  », com-
Maguy Kersual
mente Maguy Kersual, chargée de
PALUDISME projet au département Mona (Moyen-
Orient Nord-Afrique) au Secours Catholique, de retour de mission
Un plan pour neutraliser la maladie au Maroc. Devant une politique d’immigration restrictive, les
La Journée mondiale contre le paludisme du 25 avril rappelle migrants subsahariens, entre 10 000 et 15 000 sur le territoire
qu’un enfant meurt toutes les 30 secondes de cette fièvre. marocain, finissent par s’établir au Maroc qui, de pays de tran-
sit, s’est transformé en pays d’accueil. « Il y a moins de rafles

L
’anophèle Gambiae
femelle, moustique
vecteur de la mala-
ria, tue chaque année un
million de personnes et en
infecte 370 000 de plus.
Un enfant meurt toutes
E. Perriot / S.C.
de migrants, constate Maguy. Par ailleurs, les migrants ont un
meilleur accès aux autorités administratives de Rabat. » En 2006,
Caritas Maroc y a fondé un Centre d’accueil des migrants (Cam).
Celui-ci s’adresse surtout à ceux qui, n’ayant pas le statut de
réfugiés, vivent dans l’insécurité et la pauvreté. Depuis, le Cam a
accueilli près de 4 000 migrants, proposant un appui socio-psy-
chologique, une aide médicale et un soutien financier et technique

les 30 secondes du palu-
disme. Contrecarrer la
maladie en associant les
progrès médicaux à la volonté politique, tel est l’objectif du Fonds
mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Avant
2015, le Fonds entend stopper les effets du paludisme, qui frappe
les pays les plus pauvres.
Au Togo, par exemple, ce fléau fait plus de ravages que le sida. Sœur
Véronique est pilote d’un plan global local à l’OCDI, la Caritas natio-
nale. Depuis son bureau de Lomé, elle explique : « Le programme
financé par le Secours Catholique et Sanofi-Aventis, son partenaire
pharmaceutique, s’adresse à quatre pays d’Afrique occidentale :
Côte d’Ivoire, Niger, Bénin et Togo. »
pour monter des activités génératrices de revenus. « Aujourd’hui,
les enjeux majeurs sont la mise en place d’une véritable stratégie
nationale de protection des migrants avec les autres acteurs de
l’Église », explique Maguy Kersual. Caritas, qui travaille en réseau
avec d’autres associations nationales, compte renforcer cette
coopération associative pour aboutir à une meilleure intégration
des migrants dans la société marocaine.
Clémence Richard
SAINT-ÉTIENNE
Des détenus montent sur scène

Q
Tout comme le plan d’action global international, le plan régional met
en place toutes les méthodes de pointe pour enrayer la maladie. uatre détenus se sont pro- répété, à la maison d’arrêt, la
D’abord, une formation des personnels médicaux. Ensuite l’emploi duits le 23 février en pre- quinzaine de saynètes qu’ils ont
de tous les moyens de prévention actuels : moustiquaires, insecti- mière partie du spectacle jouées dans un théâtre de la ville.
cides, traitements environnementaux, suivi spécifique des femmes de l’humoriste Michel Boujenah, « C’est une façon de se prouver
enceintes... Enfin, un traitement pour éviter que la maladie une fois pendant le festival des Arts à eux-mêmes et de montrer aux
déclarée ne soit fatale. Sanofi-Aventis propose un médicament (ACT) burlesques de Saint-Étienne autres qu’ils sont capables de
qui allie deux molécules capables d’arrêter les crises en trois à cinq (Loire). Ils font partie du groupe sortir de la délinquance », se
jours, selon leur gravité. Ce programme concerne au total 12 pays de prisonniers qui ont participé réjouit Gaëlle Dupuis, du Service
d’Afrique, avec une priorité pour la République démocratique du au stage de théâtre d’humour pénitentiaire d’insertion et de
Congo et un budget sur trois ans de 3,1 millions d’euros. animé par le comédien Mamane. probation (Spip).
Jacques Duffaut Les prisonniers ont imaginé et François Tcherkessof

16 MESSAGES AVRIL 2010

 SPIRITUALITÉ
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 13, 6-11)
Et Pierre lui dit : « Toi, Seigneur, tu veux me laver les pieds ! » Jésus lui déclara : « Ce que je veux faire,

TEXTE ESSENTIEL
tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les
pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras point de part avec moi. »
Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! »
Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver : on est pur tout entier.
Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. » Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi
il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. »

“Le Seigneur et le Maître” LE TEXTE EN ACTION

Par le père Jo Rival, aumônier général

Par Mgr Pierre Debergé, recteur de l’Institut catholique de Toulouse

C
Les pieds de Pierre
omment ne pas pieds, moi le Seigneur et le Maître,

être bouleversé
par cette scène
où, s’abaissant à
un rang inférieur à
celui de l’esclave,
Jésus se met à
laver les pieds de
ses disciples ? La réaction de Pierre,
qui par deux fois ne peut accepter une
telle éventualité, reflète le caractère
scandaleux du geste accompli par
Jésus. S’il se méprend sur la nature
réelle de ce geste, il refuse surtout
que le Fils de Dieu fait homme puisse
s’abaisser à ce point.
Pourtant, en lavant les pieds de ses
disciples, Jésus ne renonce pas à son
autorité, car il est bien “le Maître et
le Seigneur” en qui ils ont mis leur
confiance, mais en s’agenouillant à
leurs pieds et en se faisant leur ser-
viteur, il révèle une façon nouvelle
d’exercer l’autorité : dans l’humilité,
le service et l’amour. Quelques heu-
res plus tard, Jésus, étendu sur le
bois de la croix, exercera pleinement
cette autorité en donnant sa vie par
amour pour l’humanité.
Pour l’heure, en soulignant l’in-
compatibilité apparente qui existe
entre l’acte qu’il vient d’accomplir
et la dignité qu’il revendique, Jésus
conclut  : «  Si je vous ai lavé les
P
vous devez vous aussi vous laver les
pieds les uns aux autres ; car c’est
un exemple que je vous ai donné : ce
que j’ai fait pour vous, faites-le vous
aussi » (Jn 13,14-15). L’amour fra-
ternel et le service sont ainsi érigés
comme la règle de vie des disciples
du Christ qui, en se faisant serviteurs
de leurs frères humains, s’engagent à
la suite de leur “Maître et Seigneur”
sur le chemin du don total.
Il n’en est pas moins vrai que le visage
de Dieu, révélé par le geste de Jésus
lavant les pieds de ses disciples, bou-
leverse les images que l’on se fait
souvent de lui. Un Dieu qui, à travers
la figure de son Fils, s’agenouille et
se fait serviteur ne peut être distant
et dominateur. C’est un Dieu qui se
propose et, par là même, s’expose
au refus. C’est un Dieu Amour qui
laisse à ceux qui se réclament de lui
la liberté de prendre – ou non – leurs
responsabilités.
Mais si la tentation est grande parfois
de se reposer sur l’image d’un Dieu
Tout-Puissant qui nous dispenserait
de nous engager au ser vice de la
justice, de la fraternité et de la paix,
saisir que l’Amour de Dieu est engagé
dans nos gestes d’amour, c’est une
force pour donner le meilleur de soi-
même et tenir la parole donnée. n
ierre se débat. Il ne veut pas qu’on
touche à ses pieds. Il est ému au
constat que Jésus est à genoux
devant lui. Il se souvient sans doute
que naguère ce sont ses amis et lui
qui se sont prosternés devant Jésus,
affirmant : « Vraiment tu es fils de Dieu »
(Mt. 14/33).
Pierre est un chef d’entreprise. Il a son
bateau, ses employés, et une grande mai-
son à Capharnaüm, là où se réunissent
Jésus et ses apôtres. Il a du tempérament,
jusqu’à prendre à part Jésus et à le dis-
suader vertement de monter à Jérusalem
(Mt. 16/23). Il a dû avaler sa salive quand
Jésus lui a répliqué : « Retire-toi ! Derrière-
moi, Satan ! »
C’est que Jésus veut assouplir cet homme
volontaire et débordant de générosité. Il
faut du temps pour transformer un pêcheur
du lac en pêcheur d’hommes. Lui qui ne
veut pas que Jésus s’agenouille devant lui
va s’effondrer aux pieds d’une servante
(Mt. 26/70). Jésus, d’un regard qui vaut
tous les messages, fait fondre sa fausse
dureté pour l’amener à aimer comme lui.
Se convertir, c’est consentir à un amour
qui nous veut du bien. C’est accepter qu’un
autre nous mette la ceinture pour une mis-
sion nouvelle auprès des hommes. C’est
entendre, au creux du Carême : « Pierre,
m’aimes-tu ? » (Jean 21/15)…

AVRIL 2010 MESSAGES 17

RENCONTRE
RENCONTRE
> CONGO-BRAZZAVILLE
Christian Mounzeo lutte
pour la transparence
Cet ardent défenseur de la justice sociale contraint le pouvoir, au
Congo-Brazzaville, à changer ses pratiques. Objectif : le partage des
richesses nationales avec la population.
S
ous son allure
débonnaire,
Christian
Mounzeo n’est
pas homme
à se laisser
impressionner.
Ce Congolais
de Brazzaville à l’air pacifique est en
fait un révolté perpétuel. Il le sera du
moins aussi longtemps que dureront
les injustices dans son pays, où la
moitié de la population ne mange
pas à sa faim et n’a pas accès aux
services de base. Or ce territoire de
350 000 km² pour moins de 4 mil-
lions d’habitants regorge de riches-
ses et figure au 4e rang des pays
exportateurs de pétrole en Afrique.
Christian Mounzeo est responsable
pour le Congo de la coalition “Publiez
ce que vous payez” (PQVP), une
plate-forme d’ONG qui vise à la trans-
parence des revenus issus de l’ex-
traction minière. Il préside également
une ONG de défense et de promotion
des droits humains, “Rencontre pour
la paix et les droits de l’homme”. Il
est donc en première ligne pour inter-
peller le gouvernement congolais.
Au risque de déranger le président
Denis Sassou Nguesso, au pouvoir
depuis plus de trente ans.
18 MESSAGES AVRIL 2010
de deux exécutions sommaires.
Ce nouvel événement m’a définiti-
vement poussé à m’engager dans
la défense des droits humains »,
explique Christian.
2002 marque une étape impor-
tante. Christian participe, avec la
« Enfant de parents divorcés, j’ai commission Justice et paix de son
vécu dans ma chair les injustices pays, à l’Initiative de paix de Nairobi
produites par la cellule familiale », qui vise à agir sur les causes des
raconte Christian Mounzeo, âgé de conflits pour mieux les prévenir.
44 ans. « Cela m’a formé à la lutte Cette rencontre amène ses partici-
pour le respect des droits. » Une pants à la conclusion que les res-
enfance difficile, donc, et une jeu- sources naturelles sont à l’origine
nesse marquée elle aussi par des des conflits dans la plupart des pays
obstacles insurmontables pour qui d’Afrique centrale. L’opacité de la
n’est pas né du bon côté. Étudiant, gestion de ces ressources, qui bien
Christian se destine au journalisme. que nationales sont en réalité “pri-
À l’époque, les seuls employeurs vatisées” dans les mains de quel-
sont les médias gouvernementaux. ques-uns, génère des frustrations et
conduit aux conflits.
D’où l’idée de rendre
Les ressources naturelles transparents les reve-
nus issus du pétrole
cause de conflits. 
” au Congo-Brazzaville,
afin de répondre à
Or les ajustements structurels exi- l’exigence de justice sociale et donc
gés par le Fonds monétaire inter- de favoriser la paix.
national à la fin des années 1980 Des ONG lancent la campagne
impliquent un “dégraissage” de la internationale “Publiez ce que vous
fonction publique. Plus d’embau- payez”, soutenue en France par le
che… sauf pour ceux qui ont des Secours Catholique.
relations ou qui appartiennent aux Huit ans plus tard, les choses avan-
“bons” clans. cent lentement, très lentement.
Les années 1990 s’ouvrent, comme « Depuis 2003, la question du pétrole
partout en Afrique, à la démocra- n’est plus un tabou, observe-t-il. On
tie, après le discours de La Baule peut désormais en parler sans crain-
du président François Mitterrand. dre pour sa vie. Avant, on disait que
En 1993 éclate une guerre civile. le pétrole tuait. »
« Je suis alors le témoin oculaire Avant d’en arriver là, il y a eu bagarre.

En 2005, la coalition
“Publiez ce que vous payez”
organise une table ronde à
Pointe-Noire, réunissant les
compagnies pétrolières, le
gouvernement et la société
civile. Une grande première !
Le gouvernement annonce
vouloir adhérer à l’Initiative
de transparence pour les
industries extractives (Itie),
créée en 2002 (voir Messages de
mars 2010). Dans la foulée, il plaide
pour l’annulation de sa dette dans
le cadre de l’initiative pour les pays
pauvres très endettés (PPTE). L’ONG
de Christian Mounzeo demande alors
aux bailleurs internationaux d’assu-
jettir cette démarche à une obligation
de réelle transparence des revenus
et de lutte contre la corruption.
Christian déclenche aussitôt les
foudres du pouvoir congolais et se
retrouve en prison, accusé d’être
un “ennemi de la République” ainsi
que Brice Mackosso, son collègue.
En 2006 il est assigné à résidence
et voit son ONG attaquée en justice
pour de prétendus détournements
de fonds. « Tous les citoyens d’op-
position de la société civile ont subi
le même sort », témoigne-t-il. Il doit
son salut au soutien du Secours
Catholique, son partenaire.
L’affaire arrive devant le tribunal et
Christian Mounzeo est condamné
à trois mois de prison avec sursis
et 300 000 francs CFA d’amende.
Depuis l’affaire est en Cassation.
« Ils ont essayé de nous déchoir de
nos droits civiques et surtout d’en-
tamer notre crédibilité, obser ve
Christian, au moment où nous étions
en train de mettre en place le comité
pour l’Itie. ».
Corruption. Puis le pouvoir congolais
change de tactique et accepte de met-
tre en place un observatoire de lutte
contre la corruption, auquel participe
Christian Mounzeo. Un geste payant,
puisque le FMI et la Banque mondiale
décident, en janvier dernier, d’accorder
au Congo-Brazzaville l’effacement de
son ardoise (plus de 5 000 milliards de
francs CFA, soit 7,7 milliards d’euros).
Pour Christian, la décision est plus que
prématurée. « Certes, le gouverne-
ment a mis en place une panoplie de
mesures permettant la lutte contre la
corruption, avec par exemple un code
des marchés publics, qui n’existait
pas avant ! Mais il aurait fallu pou-
voir observer leur mise en pratique
pendant un an, avant de se féliciter
de la transparence », s’agace-t-il. Le
militant anti-corruption réclame en
outre un audit de la dette en question.
« Nous aimerions savoir de quoi elle
RENCONTRE
Avec
Christian, les
militants de la
transparence
demandent
un audit de
E. perriot/ S.C.
la dette.
est constituée », insiste-t-il. Que sont
devenus les excédents de recettes liés
au boum pétrolier de 2008 ? Encore
une question sans réponse. L’opacité
persiste et Christian ne cache pas son
scepticisme.
Concernant la recevabilité de la can-
didature du Congo-Brazzaville à l’Itie,
au conseil duquel siège Christian
Mounzeo, là encore, les preuves
concrètes d’une transparence des
revenus du pétrole manquent.
Et si Christian persiste à pousser le
gouvernement congolais dans ses
retranchements, c’est toujours à ses
risques et périls. « Les menaces se
font plus subtiles, mais la pression
est bien réelle. Mes proches aussi
en font les frais. » Les appels au
meurtre ne sont pas rares dans la
presse. Des homonymes de Christian
ont été punis à sa place. L’espoir
réside en une alternance politique,
mais dernièrement, l’opposition a
fait l’objet d’un implacable achar-
nement judiciaire. « Tant que durera
la “Françafrique”, ce sera difficile »,
observe Christian Mounzeo.
Catherine Rebuffel
AVRIL 2010 MESSAGES 19
VOTRE SOLIDARITÉ
Coups de pouce
Le Secours Catholique répond chaque mois en France à
50 000 appels à l’aide. Voici six de nos “coups de pouce”,
merci de tous les soutenir. Sachez que tout excédent
financier sera affecté à des situations similaires.
Par souci de confidentialité, les prénoms sont modifiés.
6451
FRANCHE-COMTÉ
Redémarrer
Après de sérieux problèmes de
santé, Mariette, 55 ans, a trouvé
un emploi aidé de 12 mois puis
effectué une formation à l’Afpa
pour devenir assistante de vie
aux familles. Malgré les diffi-
cultés matérielles (la formation
est à 80 km de son domicile),
Mariette, motivée et accompa-
gnée par un travailleur social
et l’équipe locale du Secours
Catholique, s’adapte très bien
aux diverses contraintes. Le prin-
cipal obstacle est de financer
l’achat d’un véhicule, condition
impérative pour pouvoir commen-
cer rapidement son activité.
Grâce à votre soutien de
1 700 euros, Mariette achè-
tera une voiture d’occasion et
deviendra autonome.
6452
MIDI-PYRÉNÉES
Devenir aide-soignante
Après l’assassinat de son mari,
Missa s’est réfugiée en France,
où elle vit seule avec sa fille
depuis de nombreuses années.
Elle a préparé et obtenu le
diplôme d’Etat d’auxiliaire de vie
sociale, puis entrepris des étu-
20 MESSAGES AVRIL 2010
des d’aide-soignante, qu’elle a
dû interrompre pour prendre un
travail rémunéré. Afin d’amélio-
rer son revenu, Missa a résolu
de reprendre ces études : sa
formation se déroule très bien,
mais son petit budget, malgré
l’aide de sa famille, ne suffit
plus à faire face aux dépenses
quotidiennes.
2 000 euros l’aideront dans
ses efforts pour se qualifier et
accéder à un CDI.
6453
POITOU-CHARENTES
Se former pour
retrouver un emploi
Après un licenciement écono-
mique, Nadine, 42 ans, mère
d’un enfant de 11 ans, a entre-
pris une formation de manager
d’hôtel-restaurant, une com-
pétence recherchée dans sa
région très touristique. Malgré
la gestion rigoureuse de son
petit budget, Nadine ne peut à
elle seule faire face aux frais.
Hébergée près du lieu de sa
formation par des amis, sou-
tenue moralement par ses
parents, elle fournit sa parti-
cipation, et deux institutions
interviennent.
600  euros permettront à
Nadine de terminer sa forma-
tion pour rejoindre un secteur la vie courante, ce qui a créé
économique porteur d’emploi. quelques impayés. Sa famille,
sans grands moyens, la sou-
6454 tient comme elle peut.
LANGUEDOC-ROUSSILLON 1 300 euros l’aideront à repren-
dre pied.
Regarder de
nouveau vers l’avenir 6455
Son compagnon étant décédé NORD-PAS-DE-CALAIS
subitement, Marie se retrouve
Retrouver
seule et sans ressources pour
élever sa petite fille de 2 ans. de l’autonomie
Les frais d’obsèques ont grevé À la suite d’un grave accident
son maigre budget. Malgré le du travail, Roger, 55 ans, doit
modeste emploi à mi-temps recevoir un lourd appareillage
qu’elle vient de trouver et un qui lui rendra une par tie de
accompagnement des ser vi- son autonomie. Mais le coût
ces sociaux, elle n’a pu faire en est élevé et, malgré l’inter-
face à toutes les dépenses de vention de plusieurs organis-
PROJET INTERNATIONAL
SÉNÉGAL
Défendre les droits des travailleuses domestiques
L
es jeunes Sénégalaises issues du milieu rural sont nom-
breuses à partir en ville pour chercher du travail. Elles
trouvent surtout des places de domestiques, et sont
souvent exploitées par leurs employeurs. Selon une enquête
de Caritas Sénégal, 75 % d’entre elles ne mangent pas à leur
faim et 80 % vivent dans des taudis. Non seulement leurs
salaires sont très bas, mais elles ne disposent d’aucune
protection sociale. Caritas Sénégal, avec les congrégations
religieuses féminines et la Jeunesse ouvrière chrétienne fémi-
nine, a créé il y a neuf ans le Conseil d’appui aux employées
de maison (CAEM). Celui-ci dispense chaque année des for-
mations professionnelles et d’alphabétisation à une centaine
de jeunes filles. Le CAEM les aide aussi sur le plan juridique
afin qu’elles recouvrent leurs droits. Pour soutenir le CAEM, le
Secours Catholique s’est engagé à hauteur de 21 000 euros
sur trois ans.
Vous aussi, permettez à ces jeunes travailleuses de mener
une vie plus digne en participant avec 6 000 euros au finan-
cement du CAEM.

mes et institutions, une par t
impor tante reste à la charge
de la famille. Roger perçoit
une pension d’invalidité et
son épouse, âgée de 60 ans,
cherche un emploi.
Votre don de 2 000 euros sera
une aide décisive et un sou-
tien moral.
6456
AUVERGNE
Terminer ses études
Sélim prépare une licence
professionnelle dont la partie
prise (2 semaines/mois) dans
une autre ville, assez éloignée
de la première. Les ressources
très modestes de ses parents
ne suffisent pas à en assumer
le coût. Sélim, qui perçoit une
petite indemnité et travaille
pendant les vacances, a réduit
ses dépenses au minimum
vital et partage ses deux loge-
ments avec d’autres étudiants
pour réduire encore les coûts.
Accompagné par les bénévoles
du Secours Catholique, Sélim
déploie beaucoup d’énergie pour
se construire un avenir solide.
VOTRE SOLIDARITÉ
AGIR / RÉAGIR
HAÏTI
Reconstruire les écoles
pour reconstruire les vies
À Port-au-Prince, près de 90 %
des établissements scolaires
ont été détruits par le séisme
du 12 janvier, soit 5 000 écoles.
Un bilan catastrophique pour un
pays dont 60 % de la population
est analphabète et où un enfant
sur deux seulement est scola-
risé. Directeur de quatre écoles
dans Cité Soleil, bidonville de
Port-au-Prince, le père Zucchi,

théorique a lieu dans une ville 2 000 euros l’aideront à mener
et la partie pratique en entre- à bien la fin de ses études.
Du don à l’action
En décembre 2008, nous lancions un appel à coup de pouce
pour Dmitri, 21 ans, issu d’une famille de réfugiés. Dmitri avait
une vocation : devenir coiffeur. Ses moyens ne lui permettant
pas de payer entièrement la formation, une aide de 2 000 euros
vous avait été demandée. Votre intervention a permis à Dmitri de
réaliser son rêve. Il a obtenu en juillet 2009 son CAP de coiffure,
travaille dans un salon de coiffure et envisage maintenant de
préparer le BEP. Autres bonnes nouvelles : son frère a de son
côté obtenu un CAP de cuisine et leur mère vient elle-même
d’obtenir un CDI. Une conclusion heureuse pour cette famille
qui désirait s’intégrer avec tant de détermination et qui vous
remercie chaleureusement.
V. Mudry / S.C.
prêtre salésien, est déterminé à
reprendre la situation en main.
« La rentrée va se faire tout de
suite après les fêtes de Pâques », espère-t-il. C’est pourquoi
il a déjà planifié la reconstruction de ses établissements qui
abritent 2 500 élèves. Dégagement des débris, évaluation des
bâtiments encore debout, acquisition de matériel et fournitures
scolaires, construction de salles de classe temporaires dans
les cours des différentes écoles… La liste est longue et l’aide
de Caritas, qui soutient et finance le projet, essentielle. Pour la
reconstruction des écoles, les prêtres salésiens et Caritas ont
sollicité la participation des habitants de Cité Soleil à travers
des programmes “argent contre du travail”. Une initiative bien-
venue pour des populations d’une extrême pauvreté. En Haïti,
il est essentiel de promouvoir la scolarisation des enfants, car
le réflexe parental est encore trop souvent de les garder à la
maison pour aider à la vie quotidienne.
Mathilde Magnier

✁
Oui, je choisis de soutenir particulièrement :
: Retournez ce coupon accompagné de
à l’ordre du Secours Catholique à votre
votre don
délégation L’appel 6451 FXM02 . .............................................. E
diocésaine ou au Secours Catholique, 106 rue du Bac L’appel 6452 FXM02 . .............................................. E
75341 Paris cedex 07. L’appel 6453 FXM02 . .............................................. E
Mes coups de pouce

L’appel 6454 FXM04 . .............................................. E

Oui, je soutiens toutes les actions du Secours Catholique : L’appel 6455 FXM05 . .............................................. E
5099 RD00................................................. E L’appel 6456 FXM07 . .............................................. E
Oui, je soutiens les sinistrés de la tempête en France :
Projet international :
Mention “Tempête France” RFU002.............................................. E
Sénégal RIP063 ............................................... E
Oui, je soutiens tous les appels
“Coups de pouce” : FXM00............................................... E TOTAL : .............................................. E

Legs et donations : reconnu d’utilité publique, le Secours Catholique est habilité à ­recevoir legs, donations et assurances-vie. Pour tout renseignement : Père Raymond Izard,
Secours Catholique, 106 rue du Bac - 75341 Paris Cedex 07. Tél. 01 45 49 74 96. Déduction fiscale : si vous êtes imposable, la réduction d’impôt est de 75 % pour les
versements effectués en faveur d’organismes sans but lucratif, dont le Secours Catholique, qui portent secours aux plus démunis, à travers la fourniture gratuite de soins,
de repas et de logement, dans la limite de 513 euros en 2010, puis 66 % au-delà de cette somme, et ce, dans la limite de 20 % du revenu imposable. Si les dons effectués au cours d’une année
dépassent cette limite de 20 % du revenu imposable, il est possible de reporter la déduction de l’excédent successivement sur les cinq années suivantes. Confidentialité : le Secours Catholique
a conclu un accord d’échange de fichiers avec la Fondation Caritas France, qui poursuit le même objet social de lutte contre la pauvreté, et dont il est le fondateur unique. Conformément à la loi
Informatique et libertés n° 7817 du 06/01/1978, vous pouvez accéder aux informations vous concernant, demander leur rectification ou leur suppression. Pour exercer ces droits, adressez-vous à
votre délégation diocésaine ou au département relations donateurs du Secours Catholique, 106 rue du Bac - 75341 Paris cedex 07. Tél. 01 45 49 73 50. Transparence : le Secours Catholique est
membre cofondateur du Comité de la Charte. Chaque année, ses comptes sont contrôlés par un commissaire aux comptes assermenté, extérieur à l’association.

AVRIL 2010 MESSAGES 21

À LIRE


 La misère, à qui le tour ?

 Le Comité varois du 17 octobre, Journée mondiale du
> VOTRE COURRIER
LOGEMENT
Coûteuse mise aux normes
Votre article (Ndlr : sur le mal-logement) semble ignorer à quoi
conduit le concept de “logement décent” selon les multiples
normes imposées. Avez-vous essayé de chiffrer le coût des
travaux rendus de ce fait indispensables ? Très fréquemment,
leur coût est sans rapport avec les loyers perçus et de ce fait,
je comprends que des logements que l’on pourrait dire accep-
tables restent vides et des habitants sans toit…
P.L., Nancy (Meurthe-et-Moselle)
URBANISME
Faire entendre la voix
du Secours Catholique
Votre dernier éditorial, “Changer la ville”, réclame un nouvel
urbanisme pour que renaisse la mixité sociale (…). On ne peut
qu’adhérer à cette résolution.
Le Secours Catholique ne devrait-il pas faire valoir cette préoccu-
pation lors des enquêtes publiques qui précèdent l’approbation
des documents d’urbanisme, Schéma directeur de la Région
Ile-de-France (SDRIF), Schémas de cohérence territoriale (SCOT),
Plans locaux d’urbanisme (PLU)… ? Tout particulièrement lors-
que les documents mis à l’enquête par les collectivités locales
concernées ne sont manifestement pas compatibles avec les
objectifs de construction de logements qui permettraient de
réduire la pénurie de logements et de limiter ainsi la hausse
des prix et la ségrégation sociale qui en résulte.
Pourquoi, le plus souvent, n’entend-on lors de ces enquê-
tes publiques que les seules associations qui refusent le
changement ?
D.G. (par courriel)
> Envoyez-nous vous aussi vos réactions, vos impressions et vos analyses en nous écrivant à l’adresse suivante : Courrier des
lecteurs, Messages du Secours Catholique, 106 rue du Bac, 75007 Paris. Par courriel : messages@secours-catholique.org
22 MESSAGES AVRIL 2010
> LE LIVRE DU MOIS
Comité varois du 17 octobre, 189 p., 10 euros
refus de la misère, a publié un recueil de témoignages,
d’adultes et d’enfants, en butte aux mille et une diffi-
cultés générées par une situation de pauvreté indigne
de l’un des pays les plus riches de la planète. Sur
différents thèmes, tels que le logement, la famille, le
travail, la santé…, les témoins racontent leur galère,
tout simplement. Les situations relevées montrent à
quel point l’absence de réflexion de bons sens, chez les
politiques comme dans les administrations, conduit les
plus démunis (d’un point de vue financier mais aussi
relationnel) à l’impasse et à l’exclusion. Cet échan-
tillon de témoignages souligne aussi que les politiques
prennent de moins en moins en compte ces personnes
dans la misère, au poids électoral si faible.
On peut se procurer ce petit ouvrage à la délégation du
Secours Catholique de Toulon, 165 rue Henri-Vienne
83000 Toulon.
Catherine Rebuffel
VIOLENCE
Derrière la burqua
Lecteur de Messages, je suis outré quand je lis le texte du Père
Jo Rival – Messages n° 644, page 17. Je cite : « La violence
est partout… violence même devant une burqua… »
Ce n’est pas devant la burqua qu’il y a violence, mais derrière.
Au nom de la tolérance, du bien séant, de la fraternité, on ne
peut pas dire n’importe quoi, et le faire passer comme message
pour rejeter le mal.
Quand on sait ce que représente la burqua : intolérance, mariage
forcé, soumission, domination de l’homme, maltraitance physi-
que… et j’en passe – et tout ceci même en France – on ne peut
pas la défendre, on ne peut que combattre violemment.
Le Christ n’a-t-il pas lui-même fait excès de violence face aux
vendeurs du temple ? Il faut parfois faire violence pour imposer
le bien.
Cher Père Rival, revoyez votre expression et tout en rejetant la
violence, rejetez aussi cette infâme burqua, qui n’est qu’une
prison et un déshonneur pour notre civilisation.
P.P. (par courriel)
EN IMAGES

Les bénévoles au rendez-vous

La tempête Xynthia a déclenché un vaste élan
de solidarité. Les bénévoles des délégations
du Secours Catholique de Vendée et de
Charente Maritime ont prodigué les premiers
secours, tout en proposant une écoute aux
sinistrés.
Photos : Caroline Pottier-Bar Floréal / S.C.
Une rencontre...

Des rires...

Un partage...

S. Godefroy/S.C.

Devenez famil e d’accueil

www.secours-catholique.org
 m e n su e l - n ° 6 4 5 - a v r i l 20 1 0

Dans le monde comme en France :

RéPONDRE AUX URGENCES
ET AGIR DANS LA DURÉE
E. Perriot / S.C.

Dans la nuit du 28 février, la tempête Xynthia frappait l’ouest

de la France. Merci à ceux qui ont répondu à l’appel aux dons
Pierre Levené, que nous avons lancé en faveur des sinistrés.
Secrétaire Général
Aussitôt, nos Délégations de Vendée et de Charente-Maritime
du Secours Catholique
apportaient les premiers secours aux personnes les plus touchées :
couvertures, vêtements, eau. Après cette phase d’urgence, nos
bénévoles s’efforçent d’accompagner les plus vulnérables, ceux qui ont tout perdu et
n’avaient pas d’assurances, les retraités les plus modestes. Ils aident ceux qui n’ont plus
d’outil de travail à se remettre sur pied : pêcheurs, maraîchers, petits artisans.

Dès la page 4 de ce Messages, la première de vos Actualités fait le point sur la situation.
Cette catastrophe naturelle ne nous fait pas oublier les urgences sociales. Le 15 mars
fut la fin de la trêve hivernale des expulsions locatives. Ceci, pendant que des centres
d’hébergement ferment. Le résultat est qu’en ce moment même, des milliers de familles,
hommes, femmes et enfants, risquent de se retrouver à la rue.
Or, comme le rappelle un témoignage bouleversant que vous pouvez lire pages 12 et 13,
des centaines de personnes meurent dans nos rues tous les ans. L’âge moyen de décès
des sans abri est de 46 ans ! Ce n’est pas seulement le froid qui tue. Ce sont les conditions
de vie indignes, la misère et l’abandon.

Il nous faut poursuivre notre combat de fond contre la précarité. À cet égard, nous sommes fiers
que notre Président ait été nommé Ambassadeur pour la France de l’Année Européenne de lutte
contre la pauvreté et l’exclusion. Page 5, il vous explique pourquoi nous sommes « l’une des
plus grandes ONG françaises ». Menant des actions « directement sur le terrain », nous avons

106, rue du Bac - 75341 Paris cedex 07 - Tél : 01 45 49 73 00

Fax : 01 45 49 94 50 - www.secours-catholique.org
Association reconnue d’utilité publique - Membre de Caritas Internationalis
une « vision transversale » des problèmes des plus défavorisés ; c’est la force et la légitimité du
Secours Catholique. Nous avons une responsabilité, un rôle à jouer, et nous sommes écoutés.

François Soulage présente dans son Éditorial votre Dossier de ce mois consacré à la France
rurale. La crise n’épargne pas les habitants de nos campagnes. Le taux de pauvreté y est
près de deux fois plus élevé que dans les villes. Une épicerie solidaire en Vendée, ou des
dépôts alimentaires que nous avons ouverts dans les Pyrénées-Atlantiques font le plein.
Et la demande augmente depuis janvier.
Ces difficultés sont accrues par la raréfaction des services publics : hôpitaux, écoles,
bureaux de poste. Les manques de trains et d’autobus renforcent l’isolement géographique.
Ce qui nous conduit à soutenir des projets de transports solidaires, vitaux pour les habitants
des zones les plus enclavées. Lisez page 9 notre reportage en Lozère.

Le mois dernier, nous disions notre reconnaissance pour l’élan de solidarité exprimé
après le séisme qui avait meurtri la population haïtienne. Page 15, le Président de
Caritas Haïti témoigne de l’efficacité de nos démarches. Parmi les multiples actions
menées sur place, soulignons un fort engagement aux côtés des orphelins de Port-au-Prince
et la reconstruction déjà entamée de plusieurs écoles. Cette priorité donnée aux enfants
manifeste notre volonté de rester aussi longtemps qu’il le faudra auprès des haïtiens,
pour les aider à reconstruire durablement l’Espérance dont ils ont tant besoin.

Le 25 avril sera la Journée Mondiale de lutte contre le paludisme. Celui-ci tue un million de
personnes chaque année dans les pays pauvres. Un enfant en meurt toutes les 30 secondes.
Vous lirez page 15 qu’avec un partenaire pharmaceutique, le Secours Catholique finance
un programme de plus de 3 millions d’euros sur 3 ans qui concerne 12 pays d’Afrique.
Là-bas, quelques euros permettent de sauver des vies.
D’avance, merci de votre générosité renouvelée.

Pierre Levené,
Secrétaire Général
du Secours Catholique

P.S. : Comme vous le voyez, il nous faut sans cesse pouvoir répondre aux urgences dans le
monde comme en France. Retournez vite votre Bon de Solidarité. Ce numéro de Messages
montre aussi que nous devons continuer d’agir dans la durée. Nous remercions toutes celles
et ceux qui nous ont accordé leur Don Régulier. De tout cœur, encore merci de votre présence
active à nos côtés, auprès des plus défavorisés.