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La mobilité sociale est un concept relativement récent qui concerne uniquement les sociétés modernes qui sont des sociétés
fluides, où le statut social est acquis et non donné à la naissance.
Une vidéo d’éco dico de BNP Paribas présentant le concept et les analyses théoriques : ici
De manière générale, la mob ilité soc ia le c’est le changement de position sociale d’un
individu ou d’un ensemble d’individus (mobilité individuelle ou collective), au cours de sa vie
ou par rapport aux générations précédentes ; dans le cas d’immobilité on parle de
reproduction ou d’hérédité sociale. (http://www.lyc-arsonval-brive.ac-limoges.fr/jp-simonnet/spip.php?article225)
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• les causes économiques (la mobilité structurelle résulte du changement de la structure
sociale , c’est-à-dire l’évolution de la répartition des professions ) ,
• des causes sociales (la mobilité nette s’explique par une plus grande fluidité de la
société) .
• A.Touraine différencie alors la mobilité dont : « l’initiative n’est pas venue de l’individu
lui-même, mais résulte d’une contrainte externe ( mobilité structurelle) , (…) de la
mobilité où l’individu qui quitte son milieu social d’origine , est dirigée par une volonté ou
une perspective d’ascension »
Cette distinction est importante pour l’évaluation qu’on peut faire des flux de mobilité :
• En effet, si la distribution sociale des positions ne changeait pas, il n’y aurait pas de
mobilité structurelle ; toute la mobilité observée serait nette. Dans ce cas et seulement
dans ce cas, une immobilité totale est possible.
• La mobilité nette suppose que les flux s’équilibrent : si quelqu’un connaît une mobilité
sociale ascendante, un autre connaît une mobilité sociale descendante
• Tandis que, si la distribution des catégories a changé, il est nécessaire qu’une quantité
minimale de mobilité, dite structurelle, se soit produite.
• Dans la mobilité structurelle, il n’ y a pas forcément de compensation : tous peuvent
avoir une mobilité sociale ascendante ou descendante .
Un diaporama de P.Bailly définissant la mobilité sociale et montrant l’intérêt de cette notion : Diaporama « La
mobilité sociale ».
Sur le site SES de Paris, une vidéo et un diaporama de G.Braun : 1 Tables de mobilité en Vidéos : les défintions
- La plupart du temps, les tables de mobilité sont des tables intergénérationnelles, concernant uniquement
les hommes actifs
de 40 à 59 ans. Ce choix s’explique par plusieurs raisons :
Les hommes sont plus souvent actifs que les femmes
Entre 40 et 59 ans, leur statut social est maximum
- A chaque intersection d’une ligne et d’une colonne, on obtient le nombre d’individus appartenant à une
CSP x dont le père appartenait à une CSP y
Pour opérer des comparaisons pertinentes, on va passer des nombres aux pourcentages
- A la fin de chaque ligne, on a alors le nombre d’individus de la génération des fils appartenant à chaque
CSP
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- En divisant chaque ligne par le total, on obtient le pourcentage d’individus d’une CSP dont le père avait
telle ou telle CSP
- C’est la table de recrutement qui donne l’origine sociale des individus de chaque CSP
Un diaporam de P.Bailly partant des données brutes pour arriver à la table de destinée et de recrutement :
Diaporama « La mesure de la mobilité sociale »
Sur le site SES de Paris, une vidéo et un diaporama de G.Braun : 2 Tables de mobilité en vidéos : destinée-
recrutement
Un diaporama de l’académie de Reims présentant la lecture des tables de mobilité et leurs limites :
Diaporama
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Fiche 2 - Analyse de la mobilité sociale
Partie 1 – Constat
Constat : On peut mesurer la mobilité sociale en étudiant les tables de destinées et de recrutement: la mobilité sociale
sera faible si les fils des différentes CSP exercent la même profession que leurs pères, c’est-à-dire si la diagonales est
forte :
• L’ immobilité sociale est mesurée , dans une table de destinée , par une diagonale composée uniquement de
100 % , le reste du tableau étant composé uniquement de 0 .
• En revanche, une mobilité forte sera caractérisée par des chiffres sur la diagonale faibles.
• Pour la table de destinée, la mobilité sociale parait relativement forte puisque les chiffres sur la diagonale
sont faibles (inférieurs à 35 %) excepté pour les catégories cadres (52%) et ouvriers (46 %). On constate
néanmoins que les les chiffres situés sur les chiffres proches de la diagonale sont relativement plus élevés que
ceux qui en sont éloignés (ex : sur 100 fils de professions intermédiaires : 33 deviennent cadres, 33 professions
intermédiaires et seulement 17 ouvriers, et 9 employés).
• Pour la table de recrutement , les chiffres de la diagonale sont forts pour les catégories agriculteurs (88 % des
agriculteurs ont un père agriculteur) et pour les ouvriers (58 % des ouvriers ont un père ouvrier) mais faibles
pour les employés (14 % des employés ont un père employé) ou pour les professions intermédiaires ( 16 % des
professions intermédiaires ont un père profession intermédiaire), les cadres occupent une position médiane
(24% des cadres sont fils de cadres) .
Conclusion : La mobilité sociale est non négligeable, néanmoins la viscosité sociale demeure réelle.
Constat : (7 et 8 p 128)
• Si on compare les tables de 2003 avec celles de 70, on se rend compte que la mobilité sociale .a globalement
augmenté, puisque les chiffres qui mesurent l’immobilité sociale (ceux de la diagonale) ont diminué.
• On peut aussi étudier l’évolution de la mobilité sur une plus grande période. On peut construire un tableau
différent des autres, composée seulement de 3 catégories : au lieu des 6 CSP, on divise la population étudiée
en 3 classes : supérieures, moyennes et populaires . On peut alors étudier l’évolution de la mobilité entre 53 à
77 : la mobilité sociale a faiblement augmenté, les chiffres les plus forts sont toujours sur la diagonale, même
s’ils diminuent faiblement pour les classes supérieures : En 53, 51% des fils appartenant à la classe dirigeante
restent dans cette classe ; en 77, 51%. Pour les classes moyennes, le pourcentage d’individus restant dans sa
classe d’origine passe de 56% à 45 %.
On remarque que la mobilité nette a diminué depuis 1977. A quoi cela peut-il être dû ? Stéphanie Dupays ("En un
quart de siècle, la mobilité sociale a peu évolué", dans Données Sociales, 2006) explique cette évolution par une
diminution de la mobilité professionnelle (intragénérationelle). Par exemple, 40% des employés interrogés en 2003
sont dans la même position professionnelle que lorsqu’ils ont débuté (contre 30% en 1993). Cette moindre mobilité
professionnelle est due à un contexte économique moins favorable.
C’est alors toute la question du verre à moitié vide ou à moitié plein qui est posé :
• selon certains, comme L.A.Vallet : « on détecte pour la société française une érosion lente et statistiquement
très significative du niveau général de l’inégalité des chances sociales . Cette évolution paraît si régulière
qu’elle peut même être résumée par un paramètre unique qui décrit alors une tendance linéaire . Cela conduit à
dire que le niveau général de la fluidité sociale s’est accru au rythme de 0,5 % par an durant 40 ans . ( … )
Parmi les quelques 12 millions de français âgés de 35 à 59 ans et qui ont un emploi en 93 , près d’un demi-
million , c’est-à-dire à peu près 4 % occupent des positions sociales qui n’auraient pas été les leurs en l’absence
de cette augmentation de la fluidité sociale en 40 ans » . On peut aussi constater qu’en 1953 les chances
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relatives de devenir cadre supérieur qu’ouvrier sont 1333 fois plus fortes chez les fils de cadres que chez les fils
d’ouvriers . La dernière enquêtre de 1993 montre que les chances relatives ne sont plus que 20,7 fois plus
grandes chez les fils de cadres que chez les fils d’ouvriers . L’inégalité des destins sociaux mesurée par cet
indicateur reste importante , mais fait apparaître une diminution marquée .
• Mais, comme le note D.Merllié « globalement , au rythme constaté sur 40 ans , il faudrait 2 siècles pour qu’on
arrive à une société où les destins sociaux ne dépendraient plus des origines » .Pour une société démocratique
basée sur l’égalité des chances , cela est surprenant .Les chances d’arriver à ce résultat sont d’ailleurs d’autant
moins certaines que depuis la crise , l’ascenseur social semble en panne .
Sur le site SES de Paris, une vidéo et un diaporama de G.Braun : 3 Tables de mobilité en vidéos : l’analyse
Un diaporama de l’académie de Caen donnant les outils pour étudier la mobilité sociale : Lien vers le
scénario pédagogique TIC
Les données sociales de l’INSEE : En un quart de siecle, la mobilite sociale a peu evolue
Et structurelle ( 6 p 128)
Constat : La différence des résultats entre table de destinée et de recrutement trouve son origine dans le fait que la
mobilité sociale est avant tout structurelle .
Exemple de compréhension :
- La mobilité structurelle explique aussi les différences de résultats pour les cadres :
• 52 % des fils de cadres sont devenus cadres (destinée)
• et 24 % des cadres sont fils de cadres.
• L’augmentation du nombre de postes de cadres (en particulier pendant les 30 glorieuses) a donc permis à la
fois aux fils de cadres de devenir cadres mais a aussi créé un appel d’offre pour d’autres catégories.
Conséquence : Ce qui explique donc d’abord la mobilité sociale, c’est principalement la transformation de la nature
des emplois qui résulte de 4 effets
il y a eu une translation vers le haut de la structure des emplois : une baisse de la part des agriculteurs et des ouvriers
et une augmentation de la part des cadres, employés, professions intermédiaires. Les fils ne peuvent donc plus
occuper la même position sociale que leur père ; et les emplois offerts sont à un niveau hiérarchique supérieur, ce qui
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permet une mobilité sociale ascendante .Selon L.Chauvel : « au cours de la période de très forte croissance
économique des 30 Glorieuses, il s’est produit une véritable révolution de la structure sociale. D’où un appel d’air
extraordinaire pour les enfants nés dans les années 40 (…) Pour ces générations, l’escalator social a connu une
prodigieuse accélération. Mais pour les suivantes, il s’est arrêté, voire inversé. C’est cette panne qu’ont connu dans
les années 80, les jeunes nés entre 1955 et 1965. Résultat, on commence à voir des accidents de parcours chez les
enfants de cadres et de plus en plus de jeunes en situation plus difficile que leurs parents »
2 - la fécondité différentielle
le développement de l’emploi féminin a permis la mobilité masculine .En occupant massivement des postes
d’employés, les femmes laissent aux hommes la possibilité d’avoir des postes plus élevés dans la hiérarchie sociale.
Pour voir l’exemple de la Suède : ici
Mais, à terme, en raison de l’égalisation des conditions féminines et masculines, on peut envisager (et on doit
souhaiter) une ouverture de l’éventail des professions féminines , qui se rapprocheraient de celles des hommes . Mais
alors, les femmes concurrenceraient les hommes dont la mobilité sociale serait forcément plus réduite.
4 - l’apport de l’immigration
La mobilité sociale des jeunes français a été d’autant plus facilité pendant les trente glorieuses que les immigrés
prenaient la place (laissée libre par des jeunes qui s’élevaient dans la société) en occupant les emplois les plus mal
payés et les moins valorisants
Mais depuis les années 70 , pour lutter contre le chômage , la France a fermé ses frontières à l’immigration . Dès lors ,
il faut bien que quelqu’un occupe les emplois que ne peuvent plus prendre les immigrés , d’où une mobilité
descendante pour une partie des jeunes français .
Conclusion :
En résumé on peut dire que la mobilité sociale a certes progressé mais que cette mobilité :
• s’effectue par trajets courts,
• qu’elle est horizontale
• mais qu’elle résulte essentiellement des changements de structure plutôt que d’une plus grande fluidité de la
population et d’une réduction des inégalités,
• que cette mobilité structurelle dépend énormément du contexte économique et social, et que depuis 20 ans , elle
est beaucoup moins forte qu’elle ne l’était par le passé
Pour en savoir plus : un article de D.Merllié dans les cahiers français : ici
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- 2 agents, essentiellement, interviennent dans le processus de la mobilité sociale : la famille et l’école, dans les
sociétés qui ont généralisé un système de formation extérieur à la famille.
- On remarque que le diplôme influence la position sociale :
les diplômés de l’enseignement supérieurs sont massivement cadres supérieurs,
ceux qui n’ont aucun diplôme ouvriers ou agriculteurs.
en effet nous nous trouvons dans une société où « l’école attribue des qualifications scolaires possédant une certaine
utilité sociale dans la mesure où certains emplois, positions ou statuts sont réservés aux diplômés »
Pour une analyse critique d’une théorie très controversée sur l’origine naturelle de l’intelligence : ici
Une étude de l’INSEE : Les inégalités sociales d'accès aux grandes écoles
Cette analyse est très critique envers l’analyse déterministe et en particulier les théories
développées par Bourdieu qui considère que « l’acteur est une pâte molle sur laquelle
viendraient s’inscrire les données de son environnement, lesquelles lui dicteraient ensuite son
comportement dans telle ou telle situation » ( ( R.Boudon ) :
• Selon Boudon les théoriciens culturalistes font de l’héritage culturel,
inégalement réparti dans la population, le facteur discriminant essentiel de la
réussite scolaire.
• Mais cette analyse est très contestable, car selon Boudon et plus largement
selon les actionnalistes, le facteur primordial est la position social de l’individu
qui exerce des effets exponentiels
• L’erreur des culturalistes s’explique par le type d’analyse qu’ils mettent en
œuvre : une analyse synchronique qui conduit à surestimes le rôle de l’héritage.
Alors qu’il faudrait mettre en œuvre une analyse diachronique qui conduit à
relativiser l’influence de l’héritage, certes importante en début de cursus
scolaire, mais dont les effets se dissipent au fur et à mesure de la scolarité.
• La meilleure preuve en est, selon Boudon, que les réformes visant à éliminer
l’influence de l’héritage social ont échoué à réduire les inégalités de réussite
scolaire.
Postulat de base : Ces théories ont pour point commun de s’appuyer sur une vision
individualiste : la société étant étudié comme le résultat de l’agrégation des comportements
individuels.
• Les actionnalistes ne reprennent pas toutes les hypothèses qui caractérisent
l’homo oeconomicus. En particulier ils contestent l’idée que l’individu soit un
être parfaitement rationnel qui ne subisse pas l’influence du contexte
institutionnel et social dans lequel il vit.
• Par contre les actionnalistes rejettent le modèle de l’homo sociologicus passif tel
qu’il est défini (selon eux) par les théoriciens déterministes et culturalistes :
c’est à dire un individu hyper socialisé, qui agit sans comprendre les raisons qui
le poussent à agir, qui lui sont imposée par sa culture, son milieu social : en un
mot une pate à modeler ne disposant d’aucun libre arbitre.
• Les actionnalistes vont alors définir le modèle de l’homo sociologicus actif :
un individu dont la rationalité est réelle mais limitée qui va définir librement des
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objectifs à atteindre, en fonction des contraintes qui pèsent sur lui en mobilisant
les ressources dont il dispose
• Il est donc nécessaire, selon les actionnalistes , afin de comprendre quelles sont
les raisons qui ont motivé l’action de l’individu, de l’interroger, et non d’opérer
une analyse objectiviste visant à prendre en compte de pseudo structures
sociales qui l’aurait déterminé.
Constat : Jusqu’à la fin du XIX° siècle , en Europe , l’éducation reproduisait fidèlement la stratification sociale :
• d’une part des écoles privées et payantes réservées aux classes supérieures,
• d’autre part des écoles publiques financées par l’Etat ou par les collectivités et destinées aux classes populaires.
• Il ne peut donc y avoir de mobilité sociale car au départ il y a inégalité des chances.
Déf in itio n : La conception méritocratique considère que le statut d’arrivée ne doit pas
dépendre de son statut d’origine mais de ses propres capacités; l’école doit donc être neutre
et unique. Cela signifie :
• une éducation gratuite et universelle jusqu’à un certain niveau minimal .
• une distribution à tous d’un savoir identique.
• une égalité des ressources scolaires : même matériel, même enseignant .
• composition sociale et ethnique identique.
Selon R.Boudon, le système éducatif peut se comparer à un réseau complexe de voies ferrées
reliées par des aiguillages A chaque bifurcation, un choix est effectué par l’élève et sa famille.
3 variables influencent ce choix :
• la réussite scolaire qui dépend des dons, mérites et capacités de travail de l’individu.
• le risque, c’est-à-dire le coût de cette scolarité supplémentaire. Plus les coûts seront
forts, plus l’hésitation sera grande. Or les coûts ont toutes chances d’être plus lourds
dans les milieux défavorisés. Il existe donc une première raison pour qu’un individu de
classe sociale défavorisée ait un parcours scolaire moins long qu’un individu de classe
supérieure.
• les bénéfices attendus : or ces bénéfices seront différents selon le milieu social.
Suivant la théorie des groupes de référence, on peut faire l’hypothèse que lorsque la
famille définit plus ou moins confusément le statut qu’elle considère que le jeune peut
légitiment chercher à obtenir, elle le définit dans une large mesure par rapport à son
propre statut .Un instituteur sera satisfait si son fils devient professeur du secondaire ,
un professeur de faculté sera déçu .
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• Pour 2 enfants de réussite scolaire identique médiocre , il est rationnel pour l’enfant de
classe supérieure de continuer des études longues ; et pour un enfant de classe
populaire , de faire des études courtes .
La démocratisation, comme l’indiquait A de Tocqueville résulte du fait que « les idéaux démocratiques dont était
porteuse la révolution de 1789 ne pouvaient s’arrêter à l’exercice formel d’une égalité politique (…) ainsi à l’égalité
politique du citoyen devait pouvoir correspondre une égalité sociale, non pas des situations elles-mêmes, mais des
conditions de leur accès ».
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• le nombre de personnes scolarisés augmente ; la croissance est d’autant plus rapide que le niveau
d’enseignement est élevé.
• Mais celle ci n’a pas véritablement permis d’assurer un égalité des chances , on peut , plus sûrement parler de
translation vers le haut des inégalités.
Le paradoxe d’Anderson
Conclusion : L’inflation des diplômes est donc un effet pervers de l’action rationnelle des
individus :
• il est rationnel pour les individus de continuer leurs études ;
• mais de ce fait, ils réduisent la valeur de leur diplôme.
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• on observe un effet d’agrégation des comportements individuels qui génère un
résultat non attendu et non souhaité de la part d’individus pourtant rationnels : on parle
alors d’effets pervers ou contra-productifs.
Sur Melchior, un texte de R.Boudon sur les effets pervers de la démocratisation de l’enseignement : ici
Sur le site de l’Université du Québec, des extraits de R.Boudon : Fichier Acrobat (.pdf): 96 K.
Constat : Bernstein a mis en évidence 2 types de langage utilisés par deux catégories de
population :
• le langage formel, utilisé par la classe bourgeoise : riche en qualifications personnelles
et individuelles ; sa forme implique des ensembles d’opérations logiques ; l’intensité et
le ton sont secondaires. Il y a une élaboration grammaticale complexe due à l’utilisation
de subordonnées, de conjonctions et de prépositions qui permet de traduire les relations
logiques
• le langage public, propre à la classe populaire : l’accent est mis sur les termes
émotifs ; il emploie un symbolisme concret, descriptif, et visuel dont la nature tend à
limiter l’expression verbale du sentiment dans la mesure où l’expression de celui-ci est
opérée par des moyens non verbaux : gestes, expressions corporelles. Les phrases sont
courtes, pauvres en adjectifs et en adverbes.
Conclusion : Les enfants des classes populaires sont donc désavantagés car ils ne disposent
pas du langage utilisé par l’école (le langage formel) : pour réussir, il faut qu’ils en
apprennent un nouveau
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• les professeurs ne disposent que du capital culturel. Les artisans essentiellement du
capital économique.
• Selon P Bourdieu c’est le capital culturel qui explique principalement l’inégale réussite
scolaire.
• P. Clerc a ainsi montré que, à diplôme égal, le revenu n’exerce aucune influence propre
sur la réussite scolaire. A revenu égal, la réussite dépend d’abord des diplômes du père
et de la mère.
• Le capital culturel a donc un rôle plus important que le capital économique : c’est le
niveau culturel global de la famille qui est important.
La vision méritocratique et neutre de l’école fait que ceux qui réussissent scolairement le
doivent à leurs seuls mérites.
Conséquences : Il y a donc une grande légitimité accordée à ceux qui détiennent les postes
clés : ils sont seuls responsables de leurs résultats. Cette approche est partagée par toute la
population : des exemples de déchéance sociale ou au contraire d’ascension sociale sont
toujours mis en exergue pour montrer la neutralité de l’école.
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• « le privilège suprême de ne pas s’apparaître comme privilégié »
• et de « convaincre les déshérités qu’ils doivent leur destin scolaire et social à
leurs défauts de dons ou de mérites »
Ainsi, le système scolaire est, comme l’indique le dessin, « l’outil de légitimation sociale et de
transmission héréditaire des privilèges » dans nos sociétés démocratiques : ou comment , en
démocratie , l’aristocratie prend le visage de la méritocratie
Conclusion : Le rôle de l’école est donc de transformer selon P.Bourdieu « ceux qui héritent
en ceux qui méritent » : « les tires scolaires sont de nouveaux titres de noblesse ». Cela
s’explique par la différence de culture : l école développe la culture de la bourgeoisie.
• les enfants des classes supérieures disposent de la culture classique, celle qui est
valorisée à l’école. Il y a donc totale adaptation entre culture scolaire et culture
d’origine. La culture scolaire renforce donc la culture d’origine.
• En revanche, pour les enfants des classes populaires, le mode de pensée, les centres
d’intérêt , le type de langage sont différents de ceux valorisés à l’école : pour réussir , ils
doivent donc abandonner leur propre culture pour en adopter une autre ; c’est un
processus d’acculturation (cf A Ernaux).
L’influence du groupe familial sur l’individu est développée par P.Bourdieu à travers son
concept d’habitus.
Définition :
• Il désigne un système de dispositions durables et transposables à beaucoup de
situations qui fonctionne comme une guide de perceptions, d’appréciations ou d’actions.
• L’habitus montre donc, que contrairement aux visions déterministes de type marxistes
et durkheimienne, l’individu n’est pas totalement passif, qu’il contribue par sa liberté
d’action, à la construction de son histoire ;
• Mais le rôle du milieu social et familial reste essentiel : l’habitus est en effet élaboré
dans le cadre de la famille et surtout lors de la prime enfance (socialisation primaire)
• Il est variable selon la classe d’appartenance (populaire, moyenne ou supérieure)
• et trouve sa source dans l’expérience passée des générations.
• L’individu agit mais il n’est pas libre de ses actions : elles sont influencées par son
habitus et par sa socialisation au sein d’une classe sociale qui sont largement
intériorisés donc inconscient
Bourdieu peur alors en conclure que l’individu n’est pas un acteur rationnel qui décide de la
poursuite d’études en fonction d’une analyse coût-bénéfice opérée sous contraintes. En effet,
il écrit : « Les attitudes à l’égard de l’école, de la culture scolaire et de l’avenir proposé par
les études sont pour une grande part l’expression du système de valeurs implicite ou explicite
qu’ils doivent à leur appartenance sociale. En fait, tout se passe comme si les attitudes des
parents ( … ) étaient avant tout l’intériorisation du destin objectivement assignée à
l’ensemble de la catégorie sociale à laquelle ils appartiennent » .
• Les enfants des classes populaires ont donc des difficultés pour réussir leur scolarité : ils
doivent opérer une déculturation (abandonner leur culture d’origine) pour réussir leur
acculturation (apprentissage d’une autre culture). les familles ouvrières ont, selon
Bourdieu, intériorisé même si elles ne les connaissent pas, les forts risques d’échec de
leurs enfants qui cherchent à accéder à l’enseignement supérieur ( seulement 2 %
réussissent ) . Les parents ne sont pas alors incités à valoriser une poursuite longue
d’études, craignant les déceptions futures.
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• En revanche, pour les enfants des classes supérieures, la scolarité est facilitée par un
processus d’enculturation (renforcement de leur propre culture). Les enfants issus des
classes moyennes ont des probabilités d’accès aux études supérieures beaucoup plus
importantes. Ils vont donc développer un ethos de classe, basé sur l’ascension sociale et
l’aspiration à la réussite à l’école par l’école. Ils vont donc pousser leurs enfants à réussir
leurs études.
• Sur le même principe , le groupe des pairs joue un rôle essentiel : les jeunes , du fait de
l’homogénéité sociale assez importante des collèges et lycées , ont une forte probabilité
de se retrouver avec des enfants issus de leur groupe social d’origine qui vont redoubler
l’influence du milieu familial , en incitant leurs membres à développer par rapport à
l’école des espérances raisonnables : « c’est-à-dire , bien souvent , au renoncement
espéré » .
Remarque : Les enfants des classes populaires qui réussissent scolairement sont confrontés à
une dualité culturelle. Comme le dit R.Hoggart dans « La culture du pauvre », le boursier
appartient à deux mondes à la fois :
• il subit, plus que tout autre élève, l’influence de l’école et des valeurs scolaires,
• mais il n’en reste pas moins attaché à la vie du groupe familial et à ses valeurs.
Cette dualité culturelle aboutit souvent à des difficultés d’intégration dans un groupe
social : il est difficile de rester dans son milieu d’origine et l’insertion franche dans le milieu
social d’accueil est à la fois perçue comme impossible et délibérément refusée (cf.
l’exemple d’A Ernaux)
Cette conception méritocratique débouche sur le racisme de l’intelligence, qui est critiqué par P.Bourdieu : ici
L’observatoire des inégalités : Dénaturaliser l’intelligence L’inégal accès au bac des catégories sociales
Un article des Cahiers français : > La culture générale introuvable [PDF, 95.5 ko]
L’objet de la démocratisation
Pour démocratiser le système scolaire, les instruments employés sont la réduction des
inégalités de revenu : c’est le système de bourses qui permet de compenser la faiblesse des
revenus des classes populaires.
• On pourrait alors, avec plus de justifications que jamais, imputer à l’inégalité des dons
ou à l’aspiration inégale de la culture les résultats scolaires inégaux selon l’origine
sociale.
Les solutions préconisées par P.Bourdieu
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• de traiter inégalement des enfants inégaux.
• Donner à tous des chances égales devant l’enseignement consiste à prendre en compte
l’origine sociale. Il faut prendre conscience que l’échec scolaire provient en grande partie
d’éléments culturels ;
• l’école doit donc compenser, de la maternelle à l’Université ce handicap culturel,
autrement dit l’enseignement doit être différencié selon les apports personnels des
élèves.
Constat : La dévaluation des diplômes ne touche pas uniformément tous les types de
diplômes :
• les plus rares sont mieux protégés mais aussi les diplômes nouveaux, peu connus qui
répondent à une demande du marché du travail.
• Pour se protéger de cette dévaluation, il faut donc connaître parfaitement le système
scolaire et ses différentes orientations.
Conclusion :
- Les enfants des classes populaires sont donc désorientés face à cet univers
brouillé de filières multipliées :
• ils sont donc contraints à s’abandonner aux conseils de conseillers d'orientation
professionnels ou bénévoles qui ne font , le plus souvent , que renforcer leurs
inclinations (socialement constituées) à choisir les voies les plus sûres à leurs yeux ,
c’est-à-dire les plus courtes et les plus scolaires .
• Or ce choix ne les laisse pas à l’abri d’une dévaluation de leur diplôme pour un
investissement scolaire souvent fort
- En revanche, les enfants des classes La stratégie des enfants des classes
supérieures est différente car ils disposent d’une meilleure connaissance du
système :
• soit ils disposent des compétences scolaires nécessaires pour faire des études « nobles »
et donc rares : on constate qu’entre 1981 et 1991 :
- les fils de cadres supérieurs et assimilés représntent80% des admis au concours
externe (la voie royale ) et seulement 16 % des jeunes.
- Les fils d’ouvriers au contraire représentent 38% des jeunes et seulement 1.5 %
des reçus.
• soit ils vont contourner l’obstacle scolaire pour un résultat nettement plus efficace que
celui des enfants des classes moyennes et inférieures :
- Ils vont s’orienter vers les formations les moins autonomes et les moins contrôlés
scolairement de l’espace scolaire, c’est-à-dire vers les écoles refuges qui se sont
multipliées au cours des 20 dernières années, surtout dans le domaine de la
gestion (où simultanément la pression de la demande se faisait aussi sentir )
Pour en savoir plus sur les voies détournées et les écoles refuges : ici
Les inégalités de réussite scolaire sont renforcées par le rôle du capital social
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Constat : l’obtention d’un diplôme élevé est une condition nécessaire mais insuffisante pour
participer à l’élite : un fils d’instituteur qui accède à Polytechnique n’en tirera pas le même
profit que le polytechnicien, fils de pdg .
Conséquences :
• Ainsi, la démocratisation de l’enseignement a plus servi aux mauvais élèves des classes
supérieures ( qui peuvent maintenant obtenir un diplôme et le convertir en position
sociale grâce à leurs relations )
• qu’aux bons élèves des classes moyennes et populaires (qui ont fait des
investissements scolaires , qui ne se traduisent pas forcément par de la mobilité
sociale ) .
L’observatoire des inégalités : Des grandes écoles pour enfants fortunés
Pas de diversité sociale à l’ENA
Pour en savoir plus sur les théories culturalistes : ici
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