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R É F É R E N C E M É D I C A L E

Christophe BROUX, Julien BRUN, Frédéric THONY, Jean-François PAYEN, Claude JACQUOT

Apport de l’imagerie chez le traumatisé grave


Les traumatismes graves représentent un problème majeur de santé publique, au plan national et international.
Avec 48 000 décès par an en France, ils sont la troisième cause de décès tous âges confondus et la première cause
de décès des sujets de moins de 40 ans [1].

L’impact socio-économique de cette pathologie patient traumatisé grave se définit en pré hospitalier
est très important. Aux Etats-unis, on dénombre et dans la phase d’accueil hospitalière avant la réa-
150 000 décès annuels, 10 millions de patients lisation du bilan exhaustif des lésions traumatiques.
porteurs d’un handicap temporaire qui sera dé- On considère qu’un patient est traumatisé grave si
finitif pour 500 000 d’entre eux. Le coût quotidien on observe une lésion mettant en jeu son pronos-
estimé est de 500 millions de dollars [1]. La prise tic vital ou fonctionnel ou si le mécanisme ou la
en charge de ces patients est multidisciplinaire, violence du traumatisme laisse envisager que de
impliquant les médecins anesthésistes réanima- telles lésions sont présentes. D’une façon pratique,
teurs, urgentistes, radiologues et les chirurgiens de des critères ont été proposés afin d’orienter ces
toutes les spécialités. Les études nord américaines patients vers les structures hospitalières adaptées
ont montré que les décès de ces patients sont en et de définir les patients qui doivent bénéficier
rapport avec le choc hémorragique et le trauma- le plus rapidement possible d’un bilan lésionnel
Christophe BROUX tisme crânien. Une part non négligeable de ces complet. Ces critères, les critères de Vittel, sont
décès post-traumatiques peut être évitée grâce à rappelés ci-dessous [3] :
une réflexion organisationnelle. Cette organisa-
tion est formalisée aux Etats-Unis sous la forme Gravité des paramètres physiologiques :
d’un « trauma system » dont l’intérêt en terme de • Score de Glasgow inférieur à 13
morbidité et de mortalité est démontré [2]. L’objectif • Pression artérielle systolique inférieure à
de la prise en charge est la réalisation d’un bilan 90 mmHg
lésionnel permettant l’arrêt le plus rapide possible • Saturation capillaire en oxygène inférieure à
de l’hémorragie et l’inventaire complet des lésions 90%
traumatiques tout en corrigeant les altérations phy- Gravité liée à la cinétique élevée du trauma-
Mots clés siologiques induites par le traumatisme. L’imagerie tisme :
est le moyen incontournable à la réalisation de ce • Ejection, projection, écrasement de la victime
cahier des charges. Les techniques • Blast
Traumatisme grave ; prise en charge ini- d’imagerie sont en constante évolu- • Passager décédé dans l’accident
tiale ; imagerie initiale ; tomodensitomé- tion. Elles permettent le diagnostic  • Chute de plus de 6 mètres
trie corps entier  des lésions, mais aussi le traitement • Appréciation de l’équipe pré hos-
de nombreuses lésions hémorragi- «  l’imagerie pitalière
Severe trauma ; initial management ; initial
radiological examination ; whole body ques de façon combinée ou non avec permet le diagnostic Gravité liée aux lésions anatomi-
computed tomography les techniques d’hémostase chirurgi- de l’hémorragie et   ques :
cale. Certaines techniques permettent le bilan exhaustif   • Traumatisme pénétrant de la tête,
le monitorage et l’évaluation de para- du cou, du thorax, de l’abdomen et
Résumé mètres physiopathologiques d’autres des lésions » des membres au-dessus des genoux
pourraient aider au conditionnement  et/ou des coudes
La mortalité initiale des patients traumati- des patients. Enfin, des acteurs de la • Brûlure grave
sés graves est liée au choc hémorragique prise en charge de ces patients se sont • Volet thoracique
et au traumatisme crânien. La prise en approprié certaines techniques d’imagerie bien • Traumatisme grave du bassin
charge de ces patients est multidisciplinaire que n’étant pas radiologues de formation. Dans • Suspicion de traumatisme vertébro-médullaire
et le recours à l’imagerie est incontourna- ce travail, nous ferons le point sur les différentes • Amputation au-dessus des chevilles et/ou des
ble. Le principe fondamental de la prise techniques d’imagerie actuellement disponible poignets
en charge de ces patients est l’hémostase pour la prise en charge des patients traumatisés • Ischémie aigue de membre
chirurgicale ou radio-interventionnelle graves et nous proposerons un algorithme pour Gravité liée à l’intensité de la réanimation pré
sans délai suivi d’un bilan exhaustif rapide la prise en charge diagnostique et thérapeutique hospitalière :
des lésions. Le bilan initial comprend une de ces patients. • Recours à la ventilation mécanique
radiographie du thorax et du bassin de • Remplissage vasculaire supérieur à 1000 ml
face et une échographie abdominale DÉFINITION DU PATIENT TRAUMATISÉ • Utilisation des catécholamines
incluant une exploration du péricarde. GRAVE, IMPLICATIONS POUR LE RECOURS Gravité liée au terrain de la victime :
Le doppler transcrânien et l’échogra- A L’IMAGERIE : • Age supérieur à 65 ans et inférieur à 5 ans
phie pleuro-pulmonaire réalisés en salle Le recours et la hiérarchisation des techniques • Grossesse au deuxième et troisième trimestre
de déchocage semblent prometteurs. d’imagerie au cours d’un traumatisme grave est • Coronaropathie, insuffisance cardiaque
Après une intervention urgente ou un fonction du type de traumatisme pénétrant ou • Troubles innés ou acquis de la crase sanguine
bilan initial négatif, le bilan secondaire par fermé et des conséquences physiologiques, no- Un grand nombre de patients sont concernés par
tamment hémodynamiques de ce traumatisme. Le cette définition. La catégorisation de ces patients en

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niveau de gravité en fonction lésions découvertes en TDM alors que la radiogra-


du retentissement physiolo- phie est normale (figure 1 et 2) [5]. Elle ne permet
gique du traumatisme paraît jamais un bilan lésionnel exhaustif. Son interpré-
logique. L’objectif est d’une tation est parfois difficile. La confusion entre une
part de préparer l’accueil de atélectasie complète, une rupture diaphragmatique
ces patients et d’autre part droite et un hémothorax est possible exposant à
de hiérarchiser les examens des complications graves du drainage thoracique.
d’imagerie diagnostique. L’in- On imagine l’intérêt potentiel de l’échographie
térêt de cette catégorisation pleuro-pulmonaire dans ce contexte. Certains
n’est pas évalué, mais cette auteurs proposent de ne pas avoir recours à la
pratique est très répandue radiographie si l’examen clinique du thorax est
dans les centres français de normal, la trachée du patient n’est pas intubée et
traumatologie. Différentes que son état hémodynamique est stable dès lors
techniques d’imagerie dia- qu’une TDM hélicoïdale injectée du thorax sera
gnostiques seront proposées réalisée [5].
en fonction de cette catégo-
risation et des spécificités de Echographie abdominale, FAST :
chaque centre : localisation L’objectif de l’échographie abdominale selon la
Figure 1 : Cliché thoracique de face initial des outils d’imagerie non mobiles (tomodensitomé- technique FAST est la recherche d’une lésion hé-
normal en salle d’accueil des urgences vitales
d’un patient traumatisé du thorax. trie (TDM), angiographie, imagerie par résonance morragique chirurgicale. Il s’agit d’une évaluation
magnétique (IRM)) par rapport à la salle d’accueil limitée de la cavité péritonéale. Sa pertinence dia-
des urgences vitales (SAUV) et gnostique a été évaluée pour la recherche d’un
au bloc opératoire. hémopéritoine et pour la recherche de lésions des
organes intra abdominaux (figure 3) [6]. Ces évalua-
L’IMAGERIE COMME AIDE tions ont été réalisées chez des traumatisés sans
AU DIAGNOSTIC :
Bilan initial en salle d’ac-
cueil des urgences vitales :
Objectifs du bilan initial :
Le bilan initial est réalisé en
SAUV sans déplacer le patient.
Le bilan initial est recomman-
dé par l’ « American College
of Surgeons » dans le cadre
de l’ « Advanced Trauma Life
Figure 2 : Tomodensitométrie thoracique du
Support » [4]. Ce bilan initial en
même patient mettant en évidence un pneumo- SAUV ou déchocage n’a qu’un but : rechercher une
thorax antérieur drainé après le scanner intervention urgente. Les interventions urgentes Figure 3 : Epanchement liquidien libre dans l’espace inter hépato-
n’ont qu’un but : corriger l’instabilité hémodynami- rénal de Morison chez un patient traumatisé de l’abdomen en choc
que et/ou respiratoire. Ces interventions urgentes hémorragique (contusion hépatique).
Résumés (suite) sont le drainage d’un épanchement compressif
intra-thoracique, une laparotomie ou une thora- prise en compte de leur état hémodynamique et
tomodensitométrie corps entier injectée cotomie d’hémostase et une contention externe chez des traumatisés hypotendus [7]. Les sensibilités
est toujours réalisé. Une organisation de d’une fracture hémorragique du bassin, associée et spécificités des différentes études sont de 79%
tous les acteurs de la prise en charge est ou non à une embolisation des artè- (intervalle de confiance à 95% de 75
nécessaire au niveau de l’établissement et res pelviennes. Ce bilan initial com-  à 83%) et 99% (intervalle de confiance
de la région sanitaire. prend une radiographie du thorax et à 95% de 99 à 99,4%) respectivement
du bassin de face et une échographie « imagerie   chez l’adulte, et de 58% (intervalle de
Mortality of severe trauma is related to abdominale d’évaluation rapide ou initiale : confiance à 95% de 45 à 71%) et 94%
severe head injury and hemorrhage. Ini- FAST pour « Focused Assessment (intervalle de confiance à 95% de 90 à
with Sonography for Trauma ». Ces
radiographies du 99%) respectivement chez l’enfant [6].
tial management is a multidisciplinary ap-
proach in which imaging techniques have examens doivent êtres réalisés dans thorax, du bassin Les sensibilités et spécificités sont
a central role. This initial management les trente minutes qui suivent l’admis- et FAST, en trente encore meilleures en cas d’hypoten-
aim at a rapid control of bleeding and sion du patient. Nous allons détailler minutes » sion [7]. La pertinence diagnostique
accurate diagnosis of all traumatic lesions. ces différents examens. de cet examen est bonne lorsqu’elle
Radiographie du thorax de face :  est réalisée par des non radiologues,
First, chest X-ray, pelvic X-ray and focused
assessment with sonography for trauma Il s’agit d’un cliché de face avec une chirurgiens, urgentistes et anesthésis-
are performed in the trauma room. We incidence antéropostérieure, le plus souvent en tes réanimateurs. Les faux positifs sont en rapport
believe that transcranial doppler and tho- décubitus dorsal strict ou dans la position tolérée avec des ascites pré-existantes au traumatisme,
racic ultrasonography should be added to par le patient en cas de détresse respiratoire aiguë, des épanchements pelviens de faible abondance
these tests. After emergency treatment soit en position assise. La sensibilité de cet examen chez la femme en âge de procréer et des uropé-
if needed or if these tests are negative, chez le traumatisé grave est mauvaise [5]. Elle est ritoines et/ou des hémopéritoines par suffusion
the patient is transferred to computed améliorée en cas d’examen clinique du thorax d’un hémorétropéritoine lors de fractures graves
tomography for whole body examination anormal, de recours à l’intubation trachéale et en du bassin [8]. Le risque d’opérer à tort ces patients
to rule out any traumatic lesion. cas d’hémodynamique instable [5]. La spécificité de est alors important [9]. Dans ce contexte, certains
cet examen est également faible avec 10 à 20% de auteurs proposent le recours à la ponction lavage

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du péritoine dans ce contexte ce qui ne résout pas thorax et en réanimation pour le diagnostic de
le problème de la suffusion intra péritonéale d’un syndrome alvéolaire et d’épanchement pleural
hématome rétro péritonéal [9]. liquidien [13, 14]. Cet examen permet une évaluation
plus sensible et plus spécifique que la radiographie
Radiographie du bassin de face : de thorax des plèvres et du poumon rapidement
Il s’agit d’un cliché de face avec une incidence an- et sans transporter le patient. Nous avons montré
téropostérieure en décubitus dorsal strict. La sensi- que la performance diagnostique de cet examen
bilité de cet examen est mauvaise comme pour la en traumatologie était supérieure à l’examen cli-
radiographie de thorax [10]. De même, cette sensibi- nique et à la radiographie pour le diagnostic de
lité augmente lorsque l’examen clinique pelvien est pneumothorax et d’hémothorax [15]. Son impact
pathologique ou que l’hémodynamique du patient clinique dans la prise en charge des patients reste
est instable [10]. La spécificité de cet examen est a évaluer.
bonne [10]. La prédiction d’une hémorragie artérielle L’échographie du péricarde par voie sous xiphoï-
nécessitant une embolisation est mauvaise [11]. Une dienne en complément de l’examen de l’écho-
fois le diagnostic de fracture du bassin obtenu, une graphie abdominale est proposée. Cette techni-
contention externe doit immédiatement être mis que est rapide (moins d’une minute) et fiable [16].
en place chez les patients hémodynamiquement Sa performance diagnostique est diminuée lors
Bibliographie
instables ou stabilisés en cas de déplacement im- d’épanchement pleural liquidien gauche associé.
portant du bassin (figure 4). Certains auteurs proposent sa réalisation après 1. - Carrico CJ. 1993 presidential address,
drainage thoracique lors d’hémothorax associé. American Association for the Surgery of
L’emphysème sous-cutané est un autre facteur Trauma: it’s time to drain the swamp. J
diminuant la pertinence de cet examen. Trauma 1994;37(4):532-7.
L’échographie trans-oesophagienne n’a qu’une pla- 2. - MacKenzie EJ, Rivara FP, Jurkovich GJ,
ce marginale au déchocage. Cet examen impose et al. A national evaluation of the effect of
l’intubation trachéale. Le risque de complications trauma-center care on mortality. N Engl J
est potentiellement important en l’absence d’un Med 2006;354(4):366-78.
bilan lésionnel exhaustif éliminant notamment 3. - Riou B. Le traumatisme grave. Vittel;
une fracture luxation du rachis cervical et/ou une 2002.
lésion oesophagienne traumatique. Il paraît rai- 4. - American College of Surgeons.
sonnable de proposer cet examen en cas de choc Advanced Trauma Life Support for Doc-
ou d’hypoxie non corrigée en l’absence d’étiologie tors. Student Course Manual. 7th Edition
retrouvée au bilan initial. On recherchera alors une ; 2004.
contusion myocardique, une embolie gazeuse et 5. - Wisbach GG, Sise MJ, Sack DI, et al.
Figure 4 : Cliché du bassin de face d’un patient traumatisé grave en
choc hémorragique : fracture du bassin avec atteinte antéroposté- une tamponnade. What is the role of chest X-ray in the initial
rieure et ascension de l’hémibassin. La recherche d’une asymétrie des vitesses des assessment of stable trauma patients? J
artères cérébrales moyennes à l’aide du doppler Trauma 2007;62(1):74-8; discussion 8-9.
Evaluation du bilan initial : transcrânien (DTC) permet d’orienter l’examen 6. - Stengel D, Bauwens K, Rademacher
Une seule étude monocentrique, française, évalue TDM à la recherche d’une dissection carotidienne G, et al. Association between compliance
la pertinence clinique de l’association de ces trois ou d’une lésion focale neurochirurgicale (héma- with methodological standards of diagnostic
examens dans les trente minutes suivant l’admis- tome sous ou extra dural aigu) [17]. research and reported test accuracy: meta-
sion des patients traumatisés graves[12]. Le bilan Bilan secondaire : la tomodensitométrie corps analysis of focused assessment of US for
initial se solde par un traitement urgent dans 27% entier : trauma. Radiology 2005;236(1):102-11.
des cas. La pertinence clinique de ces trois exa- Le bilan secondaire permet le bilan lésionnel com- 7. - Farahmand N, Sirlin CB, Brown MA,
mens est excellente : la décision de réaliser ou plet. Ce bilan secondaire est une urgence. En effet, et al. Hypotensive patients with blunt ab-
non un traitement urgent à partir de de nombreux traitements sont entre- dominal trauma: performance of screening
la radiographie de thorax était ap- pris à l’issue de ce bilan secondaire : US. Radiology 2005;235(2):436-43.
 8. - Sirlin CB, Brown MA, Andrade-Bar-
propriée ou non dans 100% et 99% évacuation d’un hématome sous ou
des cas respectivement, dans 98 et « après stabilisation, extra-dural, traitement d’hémostase reto OA, et al. Blunt abdominal trauma:
99% des cas respectivement pour clinical value of negative screening US scans.
le scanner corps chirurgicale ou radio-intervention- Radiology 2004;230(3):661-8.
l’échographie abdominale et dans nel, drainage d’épanchements tho-
62 et 100% des cas respectivement entier injecté raciques significatifs sans retentis- 9. - Tayal VS, Nielsen A, Jones AE, et al.
pour la radiographie de bassin. Cer- permettant le bilan sement physiologique initial, prise en Accuracy of trauma ultrasound in major
tains critères cliniques à l’admission lésionnel complet est charge de lésions traumatiques de pelvic injury. J Trauma 2006;61(6):1453-7.
des patients sont associés à un trai- l’aorte, d’une rupture d’organe creux 10. - Duane TM, Tan BB, Golay D, et
systématique » al. Blunt trauma and the role of routine
tement urgent (Tachycardie > 105 intra abdominal… L’examen débute
battements par minutes, pression  par une acquisition sans injection de pelvic radiographs: a prospective analysis.
artérielle systolique < 105 mmHg, produit de contraste au niveau céré- J Trauma 2002;53(3):463-8.
score de glasgow < 13) mais en leur absence un bral et cervical. Cet examen est répété avec injec- 11. - Sarin EL, Moore JB, Moore EE, et
traitement urgent était nécessaire chez 16% des tion de produit de contraste en cas de suspicion al. Pelvic fracture pattern does not always
patients. Les auteurs concluaient que le bilan ini- de lésion carotidienne traumatique (clinique et predict the need for urgent embolization. J
tial doit être réalisé à l’accueil de tous les patients doppler trans-crânien). Puis une acquisition, sans Trauma 2005;58(5):973-7.
traumatisés graves [12]. et avec injection de produit de contraste à l’étage 12. - Peytel E, Menegaux F, Cluzel P,
thoracique, abdominal et pelvien est réalisée au et al. Initial imaging assessment of se-
Nouvelles approches : temps artériel et veineux [18]. Outre la réalisation vere blunt trauma. Intensive Care Med
L’échographie pleuro pulmonaire a été évaluée du bilan lésionnel, la TDM injectée permet de 2001;27(11):1756-61.
en traumatologie pour le diagnostic de pneumo- mettre en évidence des fuites actives de produit

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de contraste (figure 5). rage lorsque le patient est admis au bloc opératoire
Cette constatation doit ou en salle d’angiographie avant la réalisation du
conduire à un traitement bilan secondaire. En effet, nous avons déjà évoqué
d’hémostase chirurgicale son intérêt dans le diagnostic des lésions trauma-
obligatoire pour les hémor- tiques de l’aorte, de contusion myocardique, des
ragies du mésentère. Les lésions valvulaires, de l’embolie gazeuse. L’ETO
autres localisations d’hé- permet le diagnostic étiologique d’un état de choc
morragies actives sont po- et d’une hypoxie. Elle permet enfin de guider les
tentiellement accessibles à traitements du choc, d’évaluer le retentissement
l’embolisation. Les lésions cardiaque des traitements de l’hypoxie.
rétropéritonéales sont d’ex- Evaluation cérébrale :
cellentes indications de ces L’intérêt du doppler transcrânien (DTC) paraît
techniques (traumatismes majeur à l’admission des patients traumatisés
hémorragiques du rein et crâniens. Chez les patients victimes d’un trauma-
du bassin) de même que tisme crânien de gravité intermédiaire, il permet
Figure 5 : Fuites actives multiples de produit
les lésions hépatiques [19]. de distinguer les patients susceptibles de présenter
de contraste au sein d’une volumineuse L’embolisation des traumatismes splénique est une aggravation neurologique. En effet nous avons
contusion hépatique chez une patiente en choc débattue avec des résultats controversés dans la montré qu’un index de pulsatilité supérieur à 1,5
hémorragique dans les suites d’une chute de
grande hauteur. littérature [20]. Les progrès techniques des appareils et des vitesses diastoliques inférieures à 20 cm/s
d’imagerie sont considérables grâce à l’utilisation sont corrélés à une aggravation neurologique [23].
de scanner hélicoïdal multibarettes. La durée des Lorsqu’on observe des vitesses asymétriques, le
examens est très courte avec une acquisition infé- DTC peut orienter vers des lésions neurochirurgi-
rieure à 15 minutes. Certains auteurs disposants cales ou vasculaires [17]. Chez les patients victimes
d’une TDM située dans la SAUV proposent de ne de traumatisme crânien grave, le DTC permet de
plus réaliser que la TDM corps entier sans bilan détecter les patients les plus graves présentant une
initial préalable avec un gain de temps important diminution précoce du débit sanguin cérébral (in-
[21]
. Avec ces appareils, des reconstructions dans les dex de pulsatilité > 1,5 ; vitesse moyenne < 30 cm/s
différents plans de l’espace et en trois dimensions et vitesse diastolique < 20 cm/s) et de guider le trai-
permettent une exploration plus fine et notamment tement [24]. L’évaluation échographique du diamètre
Bibliographie (suite) des reconstructions au niveau du rachis [18]. Peu de la papille en échographie oculaire bidimen-
de lésions traumatiques sont mal explorées par sionnelle est corrélée à la pression intracrânienne
13. - Blaivas M, Lyon M,Duggal S. A la TDM. On signalera les sensibilités avec une valeur seuil de diamètre
prospective comparison of supine chest plus faibles de cet examen pour le  supérieur à 5,8 mm pour une pres-
radiography and bedside ultrasound for the diagnostic de la rupture diaphrag- sion intracrânienne supérieure à 20
diagnosis of traumatic pneumothorax. Acad « traumatisme
matique droite et des lésions du tube mmHg. Cette technique permettrait
Emerg Med 2005;12(9):844-9. digestif [18]. L’angiographie diagnosti-
pénétrant de repérer de façon rapide, précoce
14. - Lichtenstein D, Goldstein I, Mour- que n’a pas de place dans le bilan responsable de et non invasive l’hypertension intra-
geon E, et al. Comparative diagnostic lésionnel en traumatologie. choc hémorragique, crânienne en SAUV [25].
performances of auscultation, chest radi- Bilan tertiaire :
ography, and lung ultrasonography in acute transfert au bloc Aide au conditionnement :
Les clichés centrés sur les suspicions L’impact d’un repérage échographi-
respiratory distress syndrome. Anesthesio- cliniques de lésions des membres sont opératoire sans que avant l’équipement fémoral de
logy 2004;100(1):9-15. réalisés à l’issue du bilan secondaire. imagerie » patients traumatisés graves a été éva-
15. - Hyacinthe A, Broux C, Francony G, Il n’y a pas de place pour l’IRM dans le lué dans un centre. Les résultats sem-
et al. Performance diagnostique de l’écho- 
bilan lésionnel avant la TDM. L’IRM est blent en défaveur de ce repérage.
graphie pleur-pulmonaire en traumatologie indiquée en urgence lors de troubles neurologiques
grave [résumé]. Ann Fr Anesth Reanim évocateurs de lésion médullaire alors que la TDM est ALGORITHME DE PRISE EN CHARGE :
2007;26:S222. normale. Cet examen permet de rechercher une lé- Traumatisme pénétrant :
16. - Patel AN, Brennig C, Cotner J, et al. sion neurochirurgicale : hématome péri médullaire, La seule situation au cours de laquelle un patient
Successful diagnosis of penetrating cardiac hernie discale compressive. Elle ne sera réalisée traumatisé grave ne doit pas avoir d’exploration
injury using surgeon-performed sonography. que si une intervention chirurgicale est possible, d’imagerie avant traitement est le cas d’un trau-
Ann Thorac Surg 2003;76(6):2043-6; dis- c’est-à-dire chez un patient stable [22]. Outre l’examen matisme pénétrant non stabilisé sur le plan hémo-
cussion 6-7. clinique complet, la relecture du bilan d’imagerie dynamique. Le transfert pour laparotomie et/ou
17. - Terminassian A, Bonnet F, Guerrini P, initiale est importante dans les 24 premières heures thoracotomie d’hémostase est immédiat dans cette
et al. [Carotid artery injury: value of Doppler suivant le traumatisme. De nouvelles lésions sont circonstance. Lorsque le patient est stabilisé, no-
screening in head injured patients]. Ann Fr décrites dans de nombreux cas. Une échographie tamment en cas de traumatisme thoraco-abdomi-
Anesth Reanim 1992;11(5):598-600. trans-oesophagienne est proposée par certains nal, un bilan initial comprenant une radiographie
18. - Poletti PA, Wintermark M, Schnyder auteurs pour le diagnostic de lésion intimale de de thorax, une échographie cardiaque trans-tho-
P, et al. Traumatic injuries: role of imaging l’aorte thoracique, de contusion myocardique et de racique et une échographie abdominale selon la
in the management of the polytrauma vic- lésions valvulaires traumatiques. technique du FAST sera réalisé. Chez le patient
tim (conservative expectation). Eur Radiol stable, une TDM sera réalisée, surtout si une lésion
2002;12(5):969-78. L’IMAGERIE COMME AIDE A LA PRISE EN CHAR- thoracique est suspectée après le bilan initial pré
19. - Monnin V, Sengel C, Thony F, et GE THÉRAPEUTIQUE : cité. La figure 6 propose une présentation graphi-
al. Place of Arterial Embolization in Severe Evaluation hémodynamique : que de cet algorithme.
Blunt Hepatic Trauma: A Multidisciplinary L’échographie trans-oesophagienne paraît théori- Traumatisme fermé :
Approach. Cardiovasc Intervent Radiol quement intéressante pour le bilan lésionnel, mais On distingue trois cas de figure :
2008. aussi pour le diagnostic étiologique et de monito- 1. Chez les patients les plus graves présentant une

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Oui Patient instable Patient stabilisé Patient stable


Patient
instable ?
Chirurgie urgente
Non ETO per opératoire
EPP per opératoire ?
Bilan initial :
Rx Thorax
FAST + Echo péricardique
Rx Bassin Patient stabilisé
Bilan initial :
Rx Thorax DTC
FAST + Echo péricardique EPP ?
Rx Bassin
EPP ?
Patient instable
Bilan secondaire :
TDM corps entier injectée

Chirurgie urgente et/ou Embolisation


Bilan tertiaire : ETO per opératoire
Relecture des examens EPP per opératoire Bilan secondaire :
DTC per opératoire TDM corps entier injectée
Figure 6 : Algorithme de prise en charge diagnostique et thérapeuti-
que des patients victimes d’un traumatisme grave pénétrant.
Patient instable : hypoxie < 90% et/ou hypotension < 90 mmHg
non corrigée. Bilan tertiaire :
En gras les interventions thérapeutiques, en italiques, les techniques IRM
d’imagerie. ETO : échographie cardiaque trans-œsophagienne ;
EPP : échographie pleuro-pulmonaire ; Rx Thorax : radiographie du ETO
thorax ; FAST : échographie abdominale selon la technique FAST ; Relecture des examens
TDM : tomodensitométrie. DTC : doppler trans-crânien ; IRM :
imagerie par résonance magnétique nucléaire.
Figure 7 : Algorithme de prise en charge diagnostique et thérapeutique des patients victimes d’un traumatisme grave
hypotension et/ou une hypoxie à l’admission le fermé. Patient instable : hypoxie < 90% et/ou hypotension < 90 mmHg non corrigée ; Patient stabilisé : patient instable
à un moment de la prise en charge avec correction de cette instabilité ; patient stable : jamais d’instabilité au cours de la
bilan initial comprenant une échographie du pé- prise en charge.
ricarde par voie sous xiphoïdienne sera réalisé
pendant le conditionnement du patient avant la pidement possible. Cette démarche associe un
réalisation d’une intervention urgente. bilan initial en salle de déchocage qui permet une Bibliographie (suite)
2. Chez les patients présentant une détresse respi- intervention d’hémostase (chirurgicale ou radio
ratoire ou hémodynamique stabilisée, une détresse interventionnelle) ou la levée d’une compression 20. - Gaarder C, Dormagen JB, Eken T,
neurologique ou des lésions anatomiques graves le intra-thoracique : pneumothorax ou hémothorax et al. Nonoperative management of splenic
même bilan initial sera réalisé suivi rapidement du compressif, tamponnade. Le bilan lésionnel ex- injuries: improved results with angioemboli-
bilan secondaire. Ce bilan initial permet d’orienter haustif est obtenu par la TDM corps entier avec zation. J Trauma 2006;61(1):192-8.
le patient vers la technique d’hémostase et le trai- injection de produit de contraste qu’il faudra sys- 21. Hilbert P, zur Nieden K, Hofmann
tement le plus approprié en cas de dégradation tématiquement relire dans les 24 premières heures GO, et al. New aspects in the emergency
pendant le transport et la TDM. de la prise en charge. La seule situation ne néces- room management of critically injured pa-
Il est probable que l’échographie pleuro pulmo- sitant pas d’imagerie avant un traitement urgent tients: a multi-slice CT-oriented care algo-
naire soit une aide dans les deux premières situa- est l’instabilité hémodynamique chez un patient rithm. Injury 2007;38(5):552-8.
tions décrites. Pour les rares équipes disposant de victime d’un traumatisme pénétrant. L’évaluation 22. - Kaji A,Hockberger R. Imaging of spi-
la TDM géographiquement située dans la SAUV, le de l’hémodynamique cérébrale par doppler trans- nal cord injuries. Emerg Med Clin North
bilan initial pourrait être évité. crânien permet de dépister les patients traumatisés Am 2007;25(3):735-50, ix.
3. Lors de traumatisme grave suspecté sur des crâniens les plus graves, d’orienter les examens 23. - Bouzat P, Jaffres P, Francony G, et
arguments de cinétique chez les patients stables diagnostiques et de traiter un bas débit sanguin al. Le doppler transcrânien comme aide
tout au long de leur prise en charge pré hospita- cérébral. Le recours à ces techniques et les mé- au dépistage de l’aggravation neurologi-
lière, le bilan initial n’a pas d’impact thérapeutique decins des différentes spécialités susceptibles de que après traumatisme crânien mineur et
immédiat et la majorité des équipes proposent les réaliser, doit tenir compte des spécificités du modéré [résumé]. Ann Fr Anesth Reanim
une exploration TDM d’emblée. Cette démarche centre accueillant ces patients et s’intégrer dans 2007;26:S4.
mérite d’être évaluée de même que l’impact cli- une réflexion organisationnelle au niveau de l’éta- 24. - Ract C, Le Moigno S, Bruder N, et
nique de cet examen dans ce groupe de patients. blissement et de la région sanitaire.  n al. Transcranial Doppler ultrasound goal-
La figure 7 propose une présentation graphique directed therapy for the early management
de cet algorithme. Christophe BROUX*, J. BRUN*, F. THONY§, of severe traumatic brain injury. Intensive
JF. PAYEN*, C. JACQUOT* Care Med 2007;33(4):645-51.
* Réanimation Polyvalente et Chirurgicale - Déchocage - Bloc des Urgences,
CONCLUSION Pôle Anesthésie Réanimation, Hôpital A. Michallon, BP 217, 38043 Grenoble 25. - Geeraerts T, Launey Y, Martin L, et
§ Service Central de Radiologie et d’Imagerie Médicale, Pôle Imagerie, al. Ultrasonography of the optic nerve sheath
L’’imagerie est incontournable dans la prise en Hôpital A. Michallon, BP 217, 38043 Grenoble may be useful for detecting raised intracranial
charge des patients traumatisés graves. Le recours Réanimation Polyvalente et Chirurgicale - Déchocage - Bloc des Urgences, pressure after severe brain injury. Intensive
aux différents examens doit être hiérarchisé pour Pôle Anesthésie Réanimation, Hôpital A. Michallon, BP 217, 38043 Grenoble
Care Med 2007;33(10):1704-11.
permettre le contrôle de l’hémorragie le plus ra- Courriel : cbroux@chu-grenoble.fr


URGENCE PRATIQUE - 2009 No95

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