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FORCES POLITIQUES COMPAREES

par Daniel-Louis Seiler (Notes du cours en IEP d’Aix-en-Provence)

Par « force politique » on entend Parti Politique.

Le terme de « force politique » renvoie aux débuts de la science politique. Un autre terme
était également employé : « groupe politique ».

1ère définition de ce qu’est une force politique : James BRYCE (de Nyce)

Dans la métaphore organiciste, où le droit et les institutions sont le squelette, les nerfs et les
muscles sont les partis politiques, les forces politiques.

A l’époque de la genèse de la science politique, c’est l’approche US qui domine. Pour Bentley
(prof US, fondateur de l’école du pluralisme) ce qui compte c’est la décision politique,
comme résultat d’un processus, mettant en scène une série d’acteurs, les groupes. Ils ont des
intérêts différents, visent à faire élire qu’un, ou à faire pression.

Rappel : l’Etat US est un Etat faible. Les compétences sont réparties entre Etat fédéral et Etats
fédérés, avec de plus l’intervention d’acteurs privés. La seule chose qui marche, c’est l’armée.

Se souvenir de Tocqueville, De la démocratie en Amérique ; le système. US est différent du


nôtre, il comporte une grosse tendance à l’autogestion.

Pour Bentley, ce qui compte c’est l’interaction entre les groupes. Par exemple les lobbies, qui
en tant que groupes de pressions efficaces contribuent à ce que les votes législatifs aux Etats-
Unis ne soient pas des votes partisans. La vie politique aux USA peut se résumer à un jeu de
groupes.

C’est le contraire en Europe, la vie po est un jeu de forces, dans le but d’accéder au pouvoir.

Ex : France, Allemagne, Grande Bretagne : le niveau parlementaire est primordial.

Le cours portera donc sur les partis politiques. Pourquoi ? Parce que Daniel-Louis Seiler aime
ça. C’est dans son tempérament.

Question primordiale : qu’est-ce que la démocratie ? Elle n’existe pas sans les partis
politiques. Aujourd’hui il n’y a pas de démocratie dans le monde sans parti politique.
Inversement, la première des préoccupations des régimes autoritaires est de supprimer les
partis. Un pays en transition démocratique voit réapparaître des partis po. Ex : Espagne,
PECO.

L’image donnée par Bryce est donc exacte. (Analyse en termes de groupes)

Pour un autre auteur, J.C. Colliard, l’étude des constitutions ne permet pas de comprendre un
régime. D’où l’intérêt pour les partis politique.

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Ex : l’Allemagne et l’Italie ont tenté de s’inspirer pour leur constitution post-1945, du modèle
anglais (du modèle seulement, rappelons que la Grande-Bretagne n’a pas de constitution
écrite, attention, question Grand O). Quels résultats ? En Allemagne, très bon fonctionnement,
alors qu’en Italie, la situation ainsi créée était instable, ce fut un échec. Pourquoi ?

En Allemagne, deux grands partis disciplinés dominent la vie politique, alors qu’en Italie les
partis sont très nombreux. On pourrait prendre également l’exemple des IIIème et IVème
républiques françaises.

Pour faire fonctionner une vie politique, la constitution n’est donc pas l’élément le plus
important, il faut agir sur les partis, donc sur le mode de scrutin.

Aujourd’hui l’heure est à l’intégration de l’Europe : intégration politique et intégration


parlementaire. Il s’agit donc d’établir des correspondances entre les parlementaires de chaque
pays et les parlementaires de l’UE. Mais il n’y a pas d’évidences dans les rapprochements qui
sont faits.

Ex : SPD = PS ? bof bof. En fait, on remarque plus d’affinités entre l’UMP et le SPD, surtout
si on compare les hommes : Chirac et Schröder. A côté, Tony Blair incarne la droite
européenne.

Il n’y a pas, au niveau européen, de correspondance parti à parti, de spectre à spectre.

D’où l’utilité d’une grille générale pour connaître et comprendre les correspondances
politiques entre les pays.

Le parlement de Strasbourg est en effet un bordel énorme, on n’y retrouve pas de


correspondance entre les partis européens et des enjeux politiques réels.

Deux exemples :

-1973 : Royaume –Uni, Irlande, Danemark. Les conservateurs danois et anglais créent
un groupe. Les deux partis irlandais correspondent à deux tronçons du même parti, le Sin
Fein. C’est la même idéologie, mais les deux partis sont des frères ennemis, donc ne veulent
pas siéger dans le même groupe parlementaire. Leur appartenance à un groupe parlementaire
européen fut le fruit du hasard, dans l’attribution des salles.

-1986 : Espagne. Plusieurs partis, lors de l’entrée du pays dans l’UE (PSOE, UCD, PP)

Eh bien que croyez-vous qu’il arrivât ? L’UCD se divisa en deux, à cause de la pression
exercée sur lui par une fondation allemande (en Allemagne des fondations sont rattachées à
chaque parti politique). La tension entre deux fondations allemandes à l’origine a entraîné la
scission d’un parti espagnol lors de l’entrée des eurodéputés à Strasbourg.

On analysera donc les partis politiques:


En fonction de leur identité
En fonction de leur organisation
En termes de groupe de partis.

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Le cours sera orienté aux niveaux théorique et paradigmatique. Ici la neutralité axiologique
est impossible, n’en déplaise à Weber.

1) ORIENTATION PARADIGMATIQUE ET THEORIQUE DU


COURS

1) Qu’est-ce qu’un parti politique?

Se dire parti n’est pas suffisant. Les législations sont variantes selon les pays. Doit-on
considérer comme parti ceux qui ne peuvent pas se présenter aux élections pour faire élire des
candidats ?

Le seul parti européen qui soit organisé, c’est Les Verts. Pour les autres, c’est un mixte entre
internationale idéologique et une agence de voyage.

Les définitions d’un parti po sont nombreuses. Jean CHARBOT en a fait une recension : le
parti po est le terme le plus défini, les définitions varient entre plusieurs éléments :
-l’idéologie, les idées autour desquelles on se rassemble
-les élections
-la qualité d’organisation

Les définitions peuvent être très anciennes : Hume, dans ses Essais, aborde la question des
partis. Pour lui l’opposition entre des partis se fait sur des principes. Il distingue parti de pays
et parti de la cour. Depuis le XVIIème siècle, des partis existaient en Angleterre.

Pour Burke, les partis sont les « porteurs d’une vision particulière de l’intérêt général ».
Pour Benjamin CONSTANT, c’est une « réunion d’hommes qui professent la même doctrine
politique ».

Pour KELSEN, ce sont des « formations qui groupent des hommes de même opinion pour
effectuer une action réelle sur la vie publique ».

Que font les partis ?

Pour CONSTANT, BURKE, ce sont des communautés idéologiques.

Deuxième élément : ils participent aux pouvoir. La question des moyens dont disposent les
partis dépend du système. L’invariant, c’est la revendication d’une conception particulière de
l’intérêt général.

A quoi servent les partis ?

C’est la question de la FONCTION des partis.

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Quelle est la contribution des partis au fonctionnement d’un système ?

En France par exemple, cette fonction est limitée, car les partis ne sont pas très forts. C’est
l’inverse en Belgique et dans le Benelux : les partis sont très forts. Les membres du PS belge
sont aussi nombreux que ceux du PS français. La raison en est qu’en Belgique le mouvement
coopératif a toujours été très fort, et cette vie associative était liée aux partis politiques.

Dans l’analyse des partis po, ne pas perdre de vue que le but est d’arriver au pouvoir.

On peut réduire les partis politiques à une seule fonction: la médiation.

Deux exemples :
-en raisonnant par l’absurde : que se passerait-il sans partis politique?

CONDORCET était député à la Législative et à la Convention ; il était Girondin. A ses


administrés qui venaient se plaindre devant lui, il a répondu « je fais ma volonté et non la
vôtre ».

L’absence de parti, c’est à dire la représentation seule, empêche la médiation entre élus et
électeurs. Or cette médiation est indispensable.

Les USA à l’époque du président MONROE : il était du parti démocrate, qui était anti-
anglais, pro-français, de doctrine continentale. A l’inverse, le parti républicain était
centralisateur, de tendance monarchiste, et pro-anglaise : de doctrine atlantiste.

En 1812, lors de la guerre USA/GB, le prestige du parti républicain diminue


considérablement. Le président MADISON (démocrate) est réélu, le président MONROE lui
succède en 1816. Comme il n’aime pas les partis, il veut les supprimer. Or dans le système
US, le Secrétaire d’Etat est un personnage-clé. L’idée de MONROE, c’est de prendre un
fédéraliste comme secrétaire d’Etat. C’est John P. ADAMS (cette période a été baptisée “era
of good feelings » en fait ce fut un gros bordel).

Aux élections de 1824, John P. ADAMS est candidat. Mais c’est le général JACKSON qui
arrive en tête avec 25% des voix. C’est donc la chambre des représentants qui décide. Adams
est élu, Jackson qui a été évincé reconstitue alors le système de partis po. US.

Conclusion sur ce cas de figure (Condorcet et les USA, hypothèse de l’absence de partis) : les
partis canalisent et globalisent l’opinion. Ils servent à assurer la réciprocité, la coopération, la
solidarité dans le champ du politique, et assurent la cohérence de la décision politique.

-Cas des pays issus de l’ex-Empire Britannique des Indes : Inde, Pakistan, Bengale
(Bengladesh). Culturellement, il n’y avait pas de différence entre ces deux pays (qui sont
devenus trois quand le Pakistan a été divisé en deux, et que sa partie orientale est devenue le
Bengladesh). Gandhi et Neru voulaient d’ailleurs maintenir l’unité politique de la Grande
Inde.

Le Pakistan fut créé comme pays sur des critères STRICTEMENT confessionnels (pays
musulman) : il n’a donc jamais été une démocratie, son histoire est parsemée de coups d’Etat
militaire. L’Inde a connu une histoire inverse : une violence sociale existe, dans la

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cohabitation difficile entre les communautés, mais au niveau global, au sommet, un ensemble
cohérent existe, par la négociation.

En Inde le droit personnel est lié à la communauté, à la religion : muslim act, hindu act,
catholic act… mais les partis ne sont pas les reflets de ces tensions, car l’Inde connaît le
pluralisme, donc la pluralité d’association, il y a donc une société civile.

Autre exemple : la fonction du PCF dans le système politique français. Le PCF était un très
gros parti, mais n’a jamais été au gouvernement avant Mitterrand. Il canalisait les
mécontentements : fonction tribunicienne (rappel : le tribun de la plèbe avait pour fonction à
Rome de représenter les doléances des pauvres.)

Le PCF a été la soupape de sécurité du mécontentement social. Aujourd’hui il semble que ce


soit le FN qui joue ce rôle.

Dans le cas du PCF, on voit que son importance électorale diminue dès que Mitterrand le fait
participer au gouvernement : il ne peut plus jouer son rôle traditionnel de parti de mécontents,
puisqu’il est au pouvoir, donc il décline.

Point théorique, trois notions à ne pas confondre : société/société civile/société politique.

-La société, c’est l’ensemble de la population, des classes sociales…

-La « société politique » implique que dans la société un pouvoir politique soit
différencié. Ce qui fait l’émergence du politique, c’est l’association d’individus.

-La société civile, ce sont les associations d’individus. La famille n’en fait pas partie,
car elle est une structure sociale de base. Dans l’associatif, des individus choisissent librement
de s’associer. La première réalité historique de ce phénomène fut l’apparition des grandes
religions : un Dieu différent de celui de la famille ou du clan (donc choix librement consenti,
en théorie). La société civile est donc un système, à l’origine religieux, fondé sur l’associatif.
Mais il n’y a société civile que s’il y a pluralisme. Donc, si le droit est religieux, il n’y a pas
de société civile.

La constitution d’une société civile est difficile, mais elle présente des atouts.

La société civile est entièrement construite.

L’équilibre en étatisme et société civile est difficile à gérer : par exemple au Liban, il y eut
une guerre entre autres raisons parce que l’Etat était trop faible. La société civile était en qq
sorte « livrée à elle même ».

Inversement, si l’Etat est trop fort, il n’y a pas société civile.

Or les partis po n’existent que si une véritable différenciation existe entre Etat et société
civile.

Pour Badie, dans les pays musulmans on est en présence de communautés, pas de partis po.

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La fonction essentielle des partis politique est donc la MEDIATION entre société civile et
Etat.

Les partis transforment les demandes issues de la société civile. Ils


GLOBALISENT
Ils représentent des intérêts. Pour Weber, deux formes d’intérêts : les intérêts matériels et
idéels.

Quand les partis choisissent leur camp, ils choisissent les intérêts qu’ils veulent médiatiser.
Pour Rokkan, on est en présence d’une « constellation d’intérêts ».

Exemple de parti défendant des intérêts idéels : Les Verts (défendent une idée), les
Démocrates-Chrétiens allemands, l’AKP turc (deux partis religieux)

Mais ce ne sont pas des reflets directs de l’idée, car là où il y a parti po, il y a classe politique.
Le danger, c’est quand l’ouverture de la classe politique ne se fait plus, car les partis sont
notamment des instruments de mobilité sociale ascendante.

Les partis assurent la médiation et la gestion des conflits

Rokkan : les partis sont des agents des conflits et des instruments de son intégration. Le
pluralisme, condition sine qua non de l’existence d’une société civile, entraîne des
différences, qui se manifestent parfois sous la forme de conflits. Les partis politiques
permettent de les surmonter. C’est leur fonction tribunicienne, qui est leur rôle primordial.

Y compris pour les partis racistes : l’engagement politique détourne de la violence physique
par l’illusion du pouvoir.

C’est un point ambigu : il n’y a pas de parti politique sans conflits. Mais en même temps ils
en canalisent la violence.

D’où l’impopularité des partis politiques, depuis qu’ils existent.

Le terme-même de parti divise. Il vient du français, du verbe partir, faire des parts. Il y a
donc parti là où il y a conflit qui divise. L’expression « parti unique » est une contradiction
dans les termes, par définition un parti correspond à une division. Mais il peut y avoir des
« partis monopolistes » (Raymond Aron) : ils visent à arriver au pouvoir et éliminer les autres
partis. Plutôt que de parti unique il faudrait alors parler de parti-Etat.

Un parti est le résultat d’une prise de position dans un conflit de la société civile. Donc il est
forcément impopulaire. Il est à la fois agent du conflit et de son intégration, par des
discussions, et pour le règlement d’une certaine violence. Exemple en Irlande : deux partis
principaux, tous deux centristes politiquement, se vouant l’un-l’autre une haine féroce :
résultat du conflit armé.

Inversement les collusions au sommet sont inévitables. Les partis au sommet


institutionnalisent le conflit, qui dès lors devient un clivage.

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D’où l’intérêt d’étudier les conflits.

2) Comment les étudier?

Pour Marcel Mauss, les partis po sont des « faits sociaux totaux », et intègrent donc plusieurs
dimensions

Il faut se faire sociologue, historien, économiste, stratège, juriste…

Des études ethnologiques sont également possibles. Voir Au Front de Flora Tristan

Le principe des primaires pour les élections vient des USA, de la « progressive era »
(Primaire : élection interne au parti, à laquelle ne participent que des militants, pour désigner
le candidat du parti à une élection ; d’où l’expression « être candidat à la candidature » pour
annoncer sa candidature dans une primaire)

Les partis po étaient détestés. Les états fédéraux ont pris la décision de soumettre aux
militants le choix des candidats, dans des bureaux de vote normaux.

On distingue trois traditions d’étude :

-Approche historique : considérer les partis po comme des vecteurs d’idées. Cf. Burke.
D’ailleurs l’histoire des idées est apparue en même temps que les grands partis, et les grands
courants de pensée structurés. Les partis incarnent des idéologies, ou des subdivisions. Ex : la
pensée économique du parti radical français, proche du solidarisme de Léon Bourgeois.

-Approche organisationnelle. Date du début du XXème siècle. L’intérêt est ici porté
non pas sur le débat d’idées, mais sur la structure. Intérêt pour le parti comme organisation
tendue vers la conquête du pouvoir.

Pour R.Michels, il peut y avoir contradiction totale entre organisation et idées d’un même
parti. Exemple des partis Sociaux-démocrates. Ils sont des démocrates. Mais leurs modes
d’organisation sont TOUS OLIGARCHIQUES.

Le vieux SPD allemand et le PCF français ont un « secrétaire général » : l’appellation de chef
est niée, mais la réalité est différente.

C’est encore pire avec le PS français : le chef est un « 1er secrétaire »

Or tous ces partis sacrifient au culte du chef. Le leadership est énorme, mais ce n’est pas celui
du chef statutaire du parti. Ex : Blum était le chef de la gauche, mais pas le chef de la SFIO,
c’était Faure (étude continuée par Maurice Duverger : partis de masse/ de cadres).

-Le parti dans l’opinion : c’est l’approche d’André Siegried. Dans cette approche un
parti n’existe que par la volonté de ses électeurs.

Transition vers la deuxième partie : ces trois approches seront les trois axes d’étude des partis
politique.

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Les partis sont déterminés par trois logiques :
-logique du « projet d’abord »
-logique organisationnelle
-les hommes et les femmes qui prennent parti.

Correspondant à ces trois logiques, Fernand Braudel a distingué trois temporalités :


-le temps long, celui des structures, des invariants
-le temps moyen, celui de la conjoncture, de l’organisation
-le temps court, le temps du factuel, de l’événementiel : le temps de l’élection, de
L’électorat, des militants.

Pour la suite du cours, on retiendra comme définition d’un parti politique :

Les partis sont des acteurs sociaux qui s’engagent dans une action collective organisée
tendue vers le pouvoir, au nom d’une certaine conception de l’intérêt général.

2) LA LOGIQUE DU PROJET
Un projet, c’est une certaine conception, particulière, de l’intérêt général.
Il faut distinguer le projet des idées.

Ex en France : PS. Qu’est-ce que le socialisme ? Un système économique pour la


collectivisation des moyens de production et d’échange. Est-ce la position du PS ??

Définition : un projet politique, c’est ce qui demeure dans les ambitions/ les productions
intellectuelles d’un parti, à travers tous ses reniements.

Exemple du SPD en Allemagne :


Sa création est le résultat de la fusion entre deux partis. De ce fait depuis sa création le SPD a
dû gérer une position entre modèle marxiste et modèle social-démocrate. (Fin XIXème on a
parlé de révisionnisme : relire et réinterpréter les thèses de Marx, dans une acception
différente de celle qui était admise)

Le SPD a donc toujours été coincé entre un discours très révolutionnaire, et une pratique du
pouvoir tièdement réformiste. Après la 2ème guerre mondiale, même la CDU (chrétiens-
démocrates all, parti de droite) était plus ambitieuse que le SPD au niveau social.

En 1959, survint un changement total. Une nouvelle ligne fut fixée par un congrès, pour faire
du SPD le parti du peuple tout entier, avec un programme réformiste. Tout cela notamment
par l’action de Willy Brandt. Donc le discours du SPD changea, et se conforma à la pratique
réelle du pouvoir qui était celle du parti.

Aujourd’hui, maintenant que le discours ET la pratique du pouvoir du SPD sont réformistes,


le SPD n’a plus rien de socialiste. C’est le SPD de Schröder.

Pour autant, y a-t-il eu changement de projet ? Non, sur le long terme il n’y a pas eu de
changement, le projet du SPD reste fondamentalement la médiatisation des intérêts des
ouvriers.

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Mais n’est-ce pas un projet contradictoire avec un discours et une pratique du pouvoir social-
démocrate ? Non, encore une fois, car un parti n’est jamais le reflet (dans son discours aussi
bien que dans sa pratique du pouvoir) des intérêts qu’il défend. Un parti qui dure conserve un
projet, mais dans des programmes qui évoluent.

Ne pas confondre, à ce propos, projet, programme électoral, et doctrine.

Ici on parle bien du projet, c’est-à-dire ce qui fait l’adhésion des électeurs. Cf. définition du
Projet, plus haut.

1) Les approches de sens commun.


Le sens commun, c’est reprendre ce que les partis disent d’eux-mêmes. Ce sens commun n’est
pas fiable. Pour Bachelard, il n’y a de science que s’il y a rupture épistémologique.

Considérer les partis en fonction de leur nom

Les partis libéraux. En France, c’est Madelin qui symbolise le libéralisme. On peut y
ajouter Mariton, Claude Goasguen… c’est l’aile droite de l’UMP.

Au Danemark, c’est Rasmussen qui est le chef de file des libéraux. Il est premier ministre. Il
est au centre de l’échiquier politique.

En Allemagne les libéraux sont ultralibéraux. Ils étaient au centre de l’échiquier po,
maintenant c’est plus flou.

En Suède, les libéraux sont au centre.

En Grande-Bretagne, les libéraux sont au centre-gauche. En Autriche, ils sont à l’extrême-


droite. Aux USA, être libéral c’est être de gauche (Cf. Kerry), en Australie c’est la droite dure
de John Howard, au Canada c’est le centre.

-Les radicaux.
Aux USA, c’est la pire insulte possible, ce sont des trublions assimilés à l’extrême gauche. En
France, il y avait un « Parti Radical et radical-socialiste », qui était la gauche historique.
Edouard Herriot en était membre : il avait « le cœur à gauche, mais le portefeuille à droite »
(traduire par : il était de gauche dans ses idées et son discours, mais en fait il gouvernait en
faisant alliance avec la droite)

Le problème du Parti Radical, c’est que depuis 1905, et les lois sur la laïcité (qui était leur
grand cheval de bataille), ils n’ont plus de programme. Aujourd’hui, ils sont perdus entre
l’UMP, l’UDF, et la gauche avec le PRG (de Christiane Taubira)

En Grèce, il y avait un parti radical, au temps de la monarchie, c’était un parti de droite.

En Suisse, les radicaux font partie de la droite classique.

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-Les socialistes. En général ils sont à gauche. Mais le socialisme est-il différent de la
social-démocratie ?

Cf. le bouquin de Michel Rocard, Qu’est-ce que la social-démocratie ?

Le SPD allemand n’est pas socialiste, il n’est pas très à gauche non plus, mais il est membre
du Parti socialiste européen.

-Les travaillistes. C’este le nom du parti de la gauche anglaise, mais qui est dans la
droite européenne. En France, Blum voulait créer un parti travailliste après la guerre, avec la
SFIO, et ce qui est devenu le MRP (centre-gauche chrétiens-démocrates et pro-européens).
Mêmes tentatives en Belgique et aux Pays-Bas.

-Les conservateurs. En gros aujourd’hui, ce sont tous ceux veulent l’instauration d’une
flat tax (un impôt unique : le même pourcentage du revenu pour tout le monde, riches et
pauvres) Cf. les élections allemandes et polonaises.

Mais l’appellation « conservateur » pose problème. Exemple: Margaret Thatcher: « what a


hell did she conserve? » Elle n’a rien conservé, bien au contraire elle a tout bazardé : sécu,
syndicats… en fait elle est plus proche de Gengis Khan.

Et que dire de l’expression « révolution conservatrice » ? Il y a contradiction dans les termes.


Il faudrait en fait parler de contre-révolution.

Conclusion sur ce point : utiliser le nom des partis pour les étudier est une stupidité, ça ne
marche jamais. Mais les exemples utilisés sont instructifs. D’où l’intérêt d’y passer une page.

Considérer les partis selon un axe droite/gauche


Cela marche en France, en Allemagne aussi, mais cela ne correspond pas à la même chose.
Exemple : Villepin/ Schröder : l’un est à droite, l’autre à gauche, en théorie.

Mais en fait, ils ont les mêmes positions. Et même, Villepin semble parfois plus à gauche que
Schröder.

Sur les grands enjeux, ils sont d’accord, par exemple l’Europe sociale, la PAC. Et Tony Blair
est contre.

Au niveau de l’Europe toute entière, les fractures ne recoupent pas non plus l’axe droite-
gauche. Cas de la crise irakienne. Blair et Berlusconi ont regroupé derrière eux les pros-US.
Chirac, Schröder, et le premier ministre belge se sont opposés à l’entrée en guerre.

Même au niveau mondial, Chirac fait partie de la gauche, avec Lula, Kirschner…

2) Les approches unidimensionnelles


Elles consistent à se référer à une axe droite/ gauche, ou à des solutions alternatives.

-Pour François Goguel, il existe un clivage entre progrès et conservation. La gauche,


c’est le changement, et la droite c’est la résistance au changement.

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Mais ce critère n’est pas valable : aujourd’hui le changement est utilisé par la droite. Avant
c’était la gauche quis’en servait.

Exemples : en France, en 1969. Georges Pompidou est élu, Jacques Chaban-Delmas est
premier ministre. Le slogan d’alors, c’est « le changement dans la continuité ».

Cinq ans plus tard, élections présidentielles anticipées. Valéry Giscard d’Estaing d’Europe
d’Auvergne de Vulcania (VGEEAV) a pour slogan « le changement sans le risque ».

Ce slogan de Giscard est clair : lui, c’est le bon changement, Mitterrand, c’est le changement
risqué, et Chaban, c’est le statu quo.

En 1981, Chichi est candidat pour la première fois. Son slogan est « le changement dans la
sécurité »

Que reste-t-il à la gauche ?

En 1985, Chevènement avance l’idée du « changement dans le changement » pour le PS.


Exemple en Espagne : en 1982, le slogan du PSOE, c’est « por el cambio con Felipe »
(Gonzales)

Le changement est-il donc une valeur ensoi, un critère pertinent pour analyser les partis po ?

Non, car le changement dépend toujours d’un projet, d’une direction, donc un contexte
particulier, et une volonté de rupture avec un statu quo dans le cadre de ce contexte.

Le critère du changement n’est pas pertinent.

-Le critère des politiques publiques peut-il être un axe d’étude pertinent ?

Un problème se pose d’entrée : Schmidt (PSD : gauche all) et VGE avaient la même
politique, c’est ce qui a permis l’élaboration de la politique monétaire commune. Même chose
entre Mitterrand (PS) et Kohl (CDU, droite all). On remarque par contre que Jospin et
Schröder ne s’entendaient pas sur des questions de politique publique. Même chose entre
Jospin et Blair.
Pour Franck Castle, le critère pour comprendre les politiques publiques, c’est le pays, et rien
d’autre, donc pas le parti.

Cela pose problème pas simplement au niveau des partis, mais jusque dans les écoles de
pensée. Keynes a inspiré la gauche mondiale, et Beveridge avec lui. Mais ils étaient tous deux
libéraux, pour l’économie de marché.

Les Tories (conservateurs britanniques) d’avant Thatcher étaient keynésiens.

Bérégovoy était fier de se dire « le Pinay de gauche », par sa préoccupation pour l’équilibre
budgétaire.

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C’est à se demander si la question des politiques publiques a encore une importance en
Europe, au niveau interne des états. Les politiques publiques dépendants essentiellement de
Bruxelles, ne sont donc pas un bon instrument pour l’étude des partis politiques.

Mais c’est ce que l’on appelle une « variable de contrôle ».

-Maurice Duverger a développé l’idée de l’axe droite/ gauche comme barrière


fondamentale, dichotomie fondamentale.

Ou se situerait alors un parti ne rentrant pas dans ce clivage ? Au centre ?

Exemple des dernières élections polonaises :

Remarque préliminaire : le syndicat Solidarnosk (qui a lutté contre le régime coco pendant la
Guerre Froide) a été la matrice de deux partis politiques : la Plate-forme Civique, et le PIS.
Tous deux sont donc classés « à droite » dans le nouvel échiquier politique de la Pologne
postcommuniste. Mais ils ont des positions différentes.

La gauche en Pologne, c’est le SLD, qui pourtant soutient des politiques libérales, et qui est le
parti du patronnât.

La « Plate-forme civique », elle, n’est pas libérale, elle est un parti Ultralibéral.

Le PIS, lui, est un parti dit de droite car il est conservateur sur les questions de sociétés, mais
en matières sociales, il est plus ambitieux que le SLD.

D’où GROS problème pour classer les partis selon un seul axe Droite/ Gauche, puisque le
libéralisme comme critère ne peut pas faire la différence entre D et G.

En matière économique et sociale d’une part, et en matière de mœurs d’autre part, les libéraux
ne sont pas dans le même camp politique.

Exemple en France : le droit est libéral économiquement, et sur les mœurs elle est plus
autoritaire. La gauche, c’est l’inverse : libérale sur les questions de mœurs, mais dirigiste
économiquement. Or en Pologne, le cas du PIS ne correspond pas à ce clivage : il est
conservateur en matière de mœurs ET en matière économique.

Maurice Duverger s’appuyait sur une observation : tous les grands conflits de l’histoire ont
été dualistes.

Le problème ici est que le seul cas qui est considéré est le cas du conflit. Or un conflit est très
souvent dualiste. En situation de paix sociale, la dichotomie droite/ gauche n’est pas
fondamentale, les partis ont dans ce cas plutôt l’obsession du centre.

Mais pour Duverger, le centre n’existe pas vraiment, c’est « un éternel marais » (cf. Rév. fra) :
c’est à dire qu’il y a un centre-droit et un centre-gauche, et cet effet pervers doit être corrigé
par le mode de scrutin. Une union entre centre-D et centre-G est en effet antinaturelle.

Le mode de scrutin qui permet le mieux d’éviter cette éventualité, c’est le scrutin uninominal
à un seul tour. C’est la bombe H pour les petits partis. Une victoire est en effet pratiquement

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assurée avec 20% des voix. Si on ajoute à cela le « réflexe de vote utile » (voter pour le parti
de sa sensibilité qui a le plus de chances d’être élu, c’est comme au tiercé), les conséquences
pour les petits partis sont affreuses.

Margaret Thatcher a toujours gouverné avec 40% des voix, pas plus. Un bipartisme existe bel
et bien en Angleterre, mais pas au Royaume-Uni : l’Ecosse, le Pays de Galles, sont des cas
différents.

-Georges Lavau, dans Partis politiques et réalité sociale, fait une analyse en termes de
frontières culturelles et sociales.

Le système de vote à la proportionnelle a été inventé en Belgique, lors de l’arrivée au pouvoir


du PSB. Avant, le parti catholique et le parti libéral se partageaient le pouvoir. Pourquoi donc
le PSB a-t-il introduit le suffrage à la proportionnelle ? Pour sauver le parti libéral ?

Non : dès l’introduction du suffrage universel en Belgique, le parti catho a remporté tous les
sièges en Flandre, le PSB la moitié des sièges de la Wallonie, et le parti libéral a remporté les
sièges à Bruxelles. La géographie électorale de la Belgique correspond donc à la frontière
linguistique entre flamands et wallons.

Pour éviter une partition pure et simple de la Belgique, il fallait donc faire élire des socialistes
et des libéraux en Flandre, des libéraux et des catholiques en Wallonie. La logique du scrutin
à la proportionnelle a permis de rétablir les équilibres.

La justesse de l’analyse de Duverger réside dans l’idée de la dualité, du conflit. Le problème,


c’est que ces conflits sont multiples, divers, et ne se superposent pas forcément.
En France, on peut quand même voir une superposition : conflits économiques et sociaux,
conflits Eglise-Etat…

Est-ce à dire qu’en France au moins, l’analyse de Duverger est juste ? Ce serait à nuancer.
Surtout, même en admettant que ce soit le cas, l’analyse de Duverger ne vaudrait que dans le
contexte franco-français. C’est d’ailleurs ce qui lui a été reproché. Duverger ne raisonne que
dans un contexte français. Et encore, ses analyses sont à nuancer…

Dans son ouvrage devenu un classique, Les droites en France, René Rémond analyse les
évolutions historiques du concept de droite, et les groupements politiques de droite.

La distinction droite/ gauche est un concept franco-français, né pendant la Révolution


française. Pendant la Révolution, la droite était formée par les absolutistes. Puis ceux-ci sont
réapparus pendant la monarchie de Juillet.

A cette époque, la droite et l’extrême-droite étaient donc formées par les monarchistes
absolutistes, la gauche était formée par les constitutionnalistes ouverts, et déjà un centre
apparaissait avec les monarchistes modérés.

En 1830, une Droite nouvelle apparaît, une polarisation s’effectue : l’ancien centre se retrouve
à l’extrême-droite, une nouvelle gauche apparaît avec les déçus de la révolution de 1830.
L’ancienne gauche devient le centre.

13
Sous le Second Empire, la droite est formée par les monarchistes, la gauche par les
républicains. Mais ces républicains sont plus ou moins radicaux. Le critère de distinction,
c’est le rapport entre l’Eglise et l’Etat. Les vrais républicains sont anticléricaux, les cléricaux
sont donc renvoyés à droite.

En plus de la question religieuse, la question sociale émerge, et voit apparaître une nouvelle
extrême-gauche, à partir d’un nouveau critère : l’intervention de l’Etat dans l’économie.

Or tous ces changements sont intervenus sans que personne ne s’en aperçoive trop.

Mais pour résumer, sous la Troisième république, le critère primordial de distinction droite/
gauche a été la question religieuse, les rapports entre Eglise et Etat.

Mais la définition de ce qu’est la droite a bcp évolué, les rapports politiques étant très
mouvants. La question de l’opposition émerge, car il n’y a plus de clivages bipolaire :
l’opposition se complexifie et devient plurielle.

Ceci par un phénomène que Duverger a appelé le « sinistrisme » (de l’italien sinistra,
gauche) ; le glissement à gauche. Des nouvelles gauches apparaissent, du coup les anciennes
gauches glissent au centre, puis se retrouvent à droite.

Deux exemples :
-le cas des « républicains de gauche » de Jules Siegried (un des héritiers de Ferry). Le
journal New York Herald avait couvert les élections françaises. Le journaliste s’attendait à
trouver les similitudes entre les références US et fra : il existe un parti républicains aux USA,
et à l’époque il comportait une aile gauche. Mais le journaliste, finalement, ne comprenait pas
bien les discours des républicains de gauche français, et demanda donc des explications à
Siegried sur leurs positions. Siegried lui répondit : « les républicains de gauche sont des
hommes du centre que les malheurs du temps forcent à rester à droite ».

-Lionel Jospin, à l’Assemblée, avait lié la droite anti-dreyfusarde à la droite actuelle,


comme une provocation lancée à la droite d’aujourd’hui. Le problème, c’est que toutes les
droites de France sont une ancienne gauche, à l’exception de De Villiers.

En 1978 un débat opposât Duverger à Rémond. Aux élections législatives on pensait que le
PS pouvait gagner. Duverger avait écrit : « pour la première fois la gauche peut gagner ».
Rémond n’était pas d’accord, pour lui il y avait déjà eu des gouvernements de gauche. Il avait
raison, si on se situe synchroniquement dans chaque période : depuis que la distinction droite/
gauche existe, il y a déjà eu des gouvernements de gauche.

Mais en fait de son point de vue Duverger à raison aussi : si on considère la gauche de 1981
(PS et PCF), jamais cette gauche n’a été au pouvoir en France : jamais le mouvement ouvrier
n’a été au pouvoir en France. Même durant la « république des Jules » (troisième république.)
le programme et la vision sociale de la gauche au pouvoir n’étaient pas ceux d’un mouvement
ouvrier. Quant au « cartel des gauches », il était de sensibilité radicale. Le Front Populaire, en
1936, était de centre-gauche.

Toutes les anciennes gauches sont à droite aujourd’hui. De Villier est réellement la seule
exception, et encore il n’est pas ouvertement monarchiste. Quant à Le Pen, il vient du
bonapartisme de gauche, il est inspiré par des gens comme Déroulède, Drumont… cette

14
gauche activiste a basculé à droite dès la fin du XIXème. De fait les passages entre extrême
gauche et extrême droite sont assez fréquents.

Par exemple Jacques Doriot était le seul député fasciste sous la troisième république. Il était
pourtant parti du communisme. Sa logique a été circulaire.

Aujourd’hui, le cas de José-Manuel Barroso est intéressant : il était gauchiste, puis de


tendance socialisante, puis est passé par le PSD, et aujourd’hui est un conservateur libéral
classique.

Ces passages d’un bord à l’autre sont un véritable sujet d’étude, car les changements d’échelle
sont permanents.

Donc la dualité droite/ gauche n’est pas un critère suffisant pour analyser les partis politiques.

Giovanni Sartori a appelé cette distinction D/G un concept « élastique ».

Toute approche unidimensionnelle est forcément mauvaise, car très peu de pays comptent
deux ou trois partis : le Luxembourg, Malte, les USA

3) Les approches multidimensionnelles

L’école du choix rationnel a analysé les forces politiques en termes de consommation :


l’électeur consommerait un programme politique comme il consommerait le bien acheté à une
entreprise. Un problème se pose : celui de l’offre, trop abondante. Mais pourtant les électeurs
s’y retrouvent.

On a vu que pour Duverger pour conflit aboutit à un dualisme. Mais on a vu aussi que
plusieurs types de dualisme se superposent.

Ex en Pologne, où le syndicat Solidarnosk a donné naissance à deux partis po, l’un ultra
libéral et prônant un système d’impôts dit de « flat tax » (plate-forme civique, parti de Donald
Tusk), l’autre se réclamant d’un conservatisme religieux, avec aussi un programme social
(droit et justice, parti de Kaczynski) qui le rapprocherait de la gauche française, par exemple.

Le problème, c’est l’identification de ces différents courants. Il faut passer par la notion de
projet, en vue d’établir un schéma explicatif. Le choix est simple :

-on considère chaque pays individuellement, pour analyser ses enjeux structurants,
auquel cas on n’obtiendra pas de critères autres que nationaux.

D’ailleurs, nos partis traduisent-ils vraiment les enjeux ? Les acteurs changent et les partis
évoluent. A l’origine de chaque parti, il y a un enjeu, mais il faut parfois remonter loin dans le
passé pour le découvrir. Le problème est alors historique : on découvre des lignes de fracture
anciennes et permanentes.

-on considère les partis aujourd’hui, et on remonte à leur fondation. Pourquoi des
acteurs ont-ils créé des partis politiques ? Et pourquoi les acteurs se sont-ils engagés ?
Pourquoi les électeurs ont-ils voté pour le parti ?

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Aujourd’hui en Europe des clivages existent, qui ne correspondent plus aux partis.

Un modèle explicatif a été proposé en 1967. Il permet de rendre compte de la genèse et de


l’évolution des partis politiques en Europe de l’ouest seulement.

Ce modèle est celui de Stein Rokkan.

Son équivalent de l’opposition droite/ gauche est l’opposition périphérie/ centre.

Les partis politiques ne sont pas spontanés, ils sont le produit d’une histoire. Les enjeux
constitutifs des partis sont aussi le produit d’une histoire.

Pour résumer, l’origine des partis politiques, c’est le clivage.

Clivage est un mot français, qui vient du jargon technique des diamantaires. Ils doivent
effectuer une taille douce, en suivant les failles. Les clivages sont les cassures qui reposent sur
des conflits sous-jacents. Ils sont permanents, il faut donc remonter très loin pour les
identifier. Ce sont les produits des révolutions, révolution industrielle, révolution nationale
(qui aboutit à la naissance de l’Etat-nation). Les partis sont nés de ces effets conflictuels.
Rokkan a établi deux axes : axe fonctionnel et axe territorial-culturel.

Axe fonctionnel : tout système politique se développe dans une histoire. Il fonctionne. Les
dysfonctionnements sont les conflits.

Axe territorial-culturel : le système étudié est la politique. Depuis Weber, on sait que le
système politique est territorial. (Idée de la contrainte physique légitime sur un territoire
donné) Ce n’est pas uniquement la question de l’espace, c’est aussi la question des
populations, des cultures, donc le fruit du hasard des conquêtes.

Rokkan croise ces deux dimensions : fonctionnelle (le temps), et territoriale-culturelle


(l’espace), avec les révolutions modernes et aboutit à un tableau de quatre cases,
correspondantes à quatre clivages fondamentaux.

Ce tableau n’est pas généralisable partout, l’enchaînement des révolutions obéit à des
temporalités particulières.

L’origine de l’Europe, c’est le christianisme. L’unité était fondée sur la religion. Puis il y eut
la Réforme, et la Contre-réforme. Les pays européens ont bifurqué dans leur style politique.
Dans les pays de la Contre-réforme, l’Eglise catholique est restée prépondérante. Dans les
pays de la Réforme, le roi a nationalisé l’Eglise. Ce fut le berceau de la révolution nationale.
La deuxième vague fut la révolution démocratique (en France notamment) : la bourgeoisie
pris le pouvoir.

Révolution Nationale Industrielle


Axe

Fonctionnel Eglise/Etat Possédants/travailleurs


(Temps)

T-C centre/périphérie monde urbain/rural

16
(Espace)

Dans les pays de la Réforme, aucun problème de séparation entre l’Eglise et l’Etat : l’école,
par exemple, était gérée par l’Eglise, et le roi était le chef de l’Eglise, donc pas de conflits.

Les pays catholiques, de la Contre-réforme, par contre, eurent à dépasser un conflit, à propos
de l’appropriation de l’école par l’Etat. Dans ces états-nations à construire, il était vital pour
l’Etat de s’approprier l’appareil scolaire, pour façonner l’identité nationale. La question de
l’identité nationale était fondamentale.

Une fois le conflit dépassé, l’école put fonctionner. La révolution nationale consommée, un
nouveau conflit apparaît, entre le centre et la périphérie.

Au niveau économique, le clivage se réalisa entre ceux qui firent la révolution industrielle et
ceux qui vendaient leur force de travail.

Dans La grande transformation, Polany analyse la question des clivages et leurs traductions
dans les partis : les partis reflètent ces clivages, pas uniquement en terme de projet.

L’organisation du parti peut survivre au clivage ; en clair, un clivage qui n’a plus lieu d’être
peut conserver une influence sur la vie politique, sur les partis.

Ex en Irlande : lors de l’accès à l’indépendance, les modérés, partisans du compromis avec le


Royaume-Uni, se retrouvèrent plus tard dans le Fine Gael. La périphérie, partisane de la
rupture et de la violence, se retrouva dans le Fine Fail.

Aujourd’hui les deux partis ont la même ligne politique, l’indépendance est ancienne, mais ils
continuent de se haïr.

Si on suit ce tableau, et qu’on tire la conclusion logique de ces quatre clivages fondamentaux,
on doit donc logiquement s’attendre à trouver dans les pays de l’Europe Occidentale huit
familles de partis potentielles.

Mais les partis se trouvent divisés en eux-mêmes par les clivages qui ne les ont pas engendrés.

Ex en Allemagne : le clivage possédants/travailleurs est responsable de l’apparition des partis


de gauche, mais il a des répercussions sur l’action de tous les partis : le linkspartei, la
CDU/CSU, le SPD, l’extrême-droite.

Ex en Espagne (au Pays basque, l’Euskadi), avec le clivage centre/périphérie : le centre c’est
le PC ; les partis pro-espagnol sont le PP (droite) et le PSOE (gauche). Mais les partis qui
défendent la périphérie sont trois : le parti nationaliste basque, l’EA, et Batasuna. Donc même
avec un très fort clivage centre/périphérie, la défense de la périphérie n’est pas assurée par un
seul parti.

Il y a deux erreurs à éviter :


-confondre enjeu et parti. Le schéma de Rokkan n’explique pas les idées, mais la
raison d’être des partis.
-croire qu’on peut étendre le modèle.

17
Mais on peut quand même généraliser, si on reste conforme au schéma initial de Rokkan : il
ne vaut que pour les pays ayant vécu la division Réforme/Contre-réforme, et la révolution
industrielle.

Par exemple les pays d’Europe centrale ne sont pas traités.

Les pays d’Europe de l’est auraient par contre très bien pu être traités par le schéma de
Rokkan, avant le communisme. En fait dans leur cas c’est assez simple : plus les russes sont
« restés », moins leur système de partis est clair.

Les partis d’avant la Guerre Froide ont été détruits par le temps et par la guerre froide, pour
une raison très simple : le clivage possédants/travailleurs n’eut plus du tout les mêmes
implications dans la vie politique.
Ce clivage n’avait de sens que dans une situation de social-démocratie, c’est à dire de
cohabitation entre marché et planification. Or les cocos ont détruit la social-démocratie dans
tous les pays où ils sont restés.

Mais des partis sont réapparus, qui existaient déjà avant la guerre froide. 3 cas en Europe
centrale :
-En Pologne, le PSL (parti paysan) : les cocos ne l’ont pas détruit, mais domestiqué. Il
leur était utile. Du coup il a repris de l’importance pendant le Printemps de Prague ; puis les
cocos l’ont re-domestiqué. Ce parti a survécu car il dépendait du clivage Eglise/Etat, et ce
clivage a survécu.

-En République. Tchèque, le ČSL (parti populaire thèque, démocrate-chrétien). Les


1ères élections législatives après la chute du Mur ont amené la victoire du forum civil
(formation de Vaclav Havel), mais le gouvernement n’a pas tenu. Les communistes sont
revenus en force dans le jeu politique. Donc le clivage à partir-duquel s’était formé le forum
civil n’a pas tenu.
D’où des problèmes lors de la transition post-coco. En république Tchèque, le clivage ancien
sur lequel s’était construit le ČSL est mort.

La République. Thèque est cependant le seul exemple dans lequel il y ait eu un retour en force
des cocos. Dans tous les autres ex-pays de l’Est, les partis post-cocos se disaient sociaux-
démocrates. La Pologne illustre à merveille ce nouveau clivage s’étant opéré pendant la
transition, après la chute du bloc de l’Est :

Le mouvement syndicaliste polonais a ses appuis dans le patronnât, puisque historiquement le


syndicalisme polonais est libéral et pro-occidental. Or aujourd’hui, d’où vient le patronnât ?
C’est l’ancienne nomenklatura, qui après une séance de nettoyage à sec rapido (privatisations,
prêts depuis l’étranger, libre circulation des capitaux), constitue désormais la nouvelle classe
dirigeante capitaliste. La gauche en Pologne a donc l’appui du patronnât, et elle est très
libérale.

Les partis issus du syndicat Solidarnosk, eux, sont à droite. Le PC, lui, est resté à gauche.
Mais en réalité la situation politique polonaise est beaucoup plus compliquée que cela, car un
nouveau clivage est apparu, qui divise toute la classe politique : le clivage entre minimalistes
et maximalistes.

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Ce qui montre bien que plus il y a de partis, plus l’histoire du pays est riche en conflits. Seul
des pays jeunes et homogènes peuvent connaître le bipartisme.

Dans le cas de la Pologne, on peut reprendre et même élargir le tableau de Rokkan :

Révolution Nationale Industrielle Internationale


Axe

Fonctionnel Eglise/Etat Possédants/travailleurs maximalistes /


(temps) minimalistes

T-C centre/périphérie monde urbain/rural Post-PC/démocrates


(espace)

A chaque clivage du tableau correspond une famille politique. Mais attention : chaque parti à
une position « centriste » sur le conflit qui ne lui a pas donné naissance.

 Le clivage le plus structurant est le clivage possédants/ travailleurs, car il structure la


Gauche et la Droite. La D c’est le parti de ceux qui ont du patrimoine, donc qq chose à
perdre. La G défend les travailleurs.

 Le deuxième clivage, entre centralistes et périphériques, est celui qui contribue à faire
voler en éclat les états-nations, par exemple en Espagne.

 Le clivage Eglise/ Etat est notable en France, en Italie, en Belgique. Souvent il a


précédé le clivage possédants/travailleurs. L’enjeu-clé était le contrôle de l’éducation.

Ex de positionnement des partis po en Belgique (d’avant les années 60, et qui peut aussi être
utilisé pour l’Italie de la 1ère république) :

Eglise
DEMOCRATES
CHRETIENS

Possédants Travailleurs
LIBERAUX SOCIALISTES

Etat

Pour Mabille (un auteur), la gauche du parti catholique était beaucoup plus proche des
socialistes que des libéraux, mais les socialistes étant anti-curés, le parti catholique en est
venu à s’allier souvent avec le parti libéral. En revanche, sauf pour des questions de société en
rapport avec la religion, les socialistes ont fait peu d’alliances avec les libéraux : le clivage
possédants/travailleurs demeurait.

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En France par contre, le clivage possédants/travailleurs restant prédominant par rapport au
clivage Eglise/ Etat, le parti radical (très très laïc) a pu jouer un rôle d’arbitrage,
d’intermédiaire pendant la troisième république.

 Clivage entre productivistes et défenseurs du monde rural. Apparaît au XIXème siècle,


dans certains pays protestants n’ayant pas connu la féodalité : la Finlande, la Norvège,
l’Islande, la Suède. Les petits agrariens se sont mobilisés contre l’abaissement des
barrières douanières. La deuxième famille de ces partis est apparue en Europe
centrale : Lituanie, Pologne, càd des pays qui ont connu le « second servage », une
féodalité tardive. Ces partis reflètent le populisme des agriculteurs contre les
propriétaires.

 Dans les pays ex-cocos, le clivage ne se fait pas uniquement entre maximalistes et
minimalistes.

D’une manière générale, les partis qui s’approchent du pouvoir ont tendance à
s’institutionnaliser. De plus, des nouveaux enjeux apparaissent, donnant naissance par
exemple aux partis agrariens et aux partis verts. Chez nous, c’est Chasse Pêche Nature et
Tradition (CPNT, voir le bouquin de Christophe Traïni, les braconniers de la république).

Conclusion (très) provisoire sur ces familles politiques : à droite on trouve les partisans du
modèle anglo-saxon, à gauche les partisans d’une économie sociale de marché. Dans tous les
pays d’Europe ce sont des tendances lourdes, mais il existe aussi des subtilités dans les
familles, qui peuvent être d’origine locale, culturelle, par exemple sous l’influence de la
religion. Néanmoins les divisions conservent certaines constantes.

Dans les pages qui suivent on analysera précisément les deux traditions politiques
principales que sont la droite et la gauche (les partis de défense du patrimoine et les partis de
défense des travailleurs), en survolant une analyse des partis de droite, et en s’intéressant
plus longuement aux traditions des partis de gauche.

 Les partis de défense du patrimoine :


Ils sont issus du rapprochement de deux classes sociales ennemies : les propriétaires fonciers
et les bourgeois.

C’est Adam Smith qui a inventé le terme de classe sociale, qu’il définit comme les classes de
propriété. Il en distingue trois :
-les propriétaires fonciers (possèdent la nature, la terre)
-les bourgeois (possèdent le capital, ce sont les capitalistes)
-les travailleurs (n’ont que leur force de travail)

Le revenu des proprios, c’est la rente ; le revenu des bourgeois, c’est le profit ; le revenu des
travailleurs, c’est le salaire. Aujourd’hui il apparaît que Smith a oublié les classes moyennes
(attention à la confusion, classe moyenne n’implique pas un revenu moyen, en général il est
plus élevé) mais on lui pardonne vu qu’il écrivait ses théories il y a longtemps, alors que
Bataille et Fontaine n’en étaient même pas à leurs premiers balbutiements. Les classes
moyennes possèdent leur instrument de travail et en vivent, ils sont indépendants. Ce sont les
artisans et les commerçants.

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Quand Marx parlait de paupérisation, il avait raison : le prolétariat s’est étendu énormément,
les classes moyennes sont peu nombreuses ; mais le prolétariat est protéiforme (de forme
changeante, variable).

Deux classes se sont donc opposées : les bourgeois et les propriétaires fonciers. L’opposition
portait sur le contrôle du pouvoir, au nom d’intérêts économiques.

Historiquement la première opposition se fit entre conservateurs et libéraux. Ce sont les


libéraux qui ont gagné, puis, après la révolution industrielle, des partis ouvriers contestataires
sont apparus. Vers le milieu du XIXème siècle, selon les pays et les rythmes
d’industrialisation, les libéraux et les conservateurs se sont finalement unis, même si les
libéraux ont essayé de maintenir leur autonomie (rappelons que les partis po existent en soi,
ils ne sont pas réduisibles au projet).

Le dilemme des libéraux était le suivant : « quel est notre ennemi principal ? » De deux
choses l’une : soit l’ennemi était le socialisme, auquel cas des alliances ont été faites avec les
conservateurs, soit l’ennemi était le conservatisme, auquel cas des alliances ont été passées
avec les socialistes.

Dans ces situations de regroupement de partis, c’est d’abord la conjoncture qui importe : les
partis s’adaptent et recrutent de nouveaux membres grâce à la conjoncture. C’est la raison de
la survivance du parti conservateur anglais, par exemple.

Cas des regroupements de partis en France, à l’extrême droite :

Il y a eu une extrême-droite historique en France, entre 1815 et 1830 : les ultras. Ils ont joué
un rôle important. Après 1830 on parlait de légitimistes, puis ils se sont regroupés dans
l’Action Française. La vraie extrême-droite est royaliste et anti-démocratique.

Dans le cas de la gauche c’est plus compliqué : l’opposition s’est faite sur la radicalité. De ce
fait la complexité des différents courants de gauche tient aux expériences historiques. Trois
modèles s’opposent, contenant les mêmes ingrédients mais dosés différemment.
-le mouvement syndical
-le jacobinisme
-le mouvement social-religieux, très actif.

Ces modèles ont donné naissance à trois traditions politiques différentes :


-la tradition chartiste on travailliste (Royaume-Uni)
-la tradition sociale-démocrate de type allemand (c’est le
modèle principal)
-le modèle démocrate-socialiste. Cf. la révolution française de
1848 (catholicisme social, le clergé soutenait les
ouvriers)

Détail des trois composantes de ces traditions :

-le jacobinisme est issu de la Révolution française. Il n’a pas eu d’application économique, il
a plutôt consisté en une démocratie avancée et anticléricale. Le jacobinisme a été un
mouvement international, y-compris en Angleterre (à noter : le rôle d’un intellectuel, Thomas

21
PAINE, dans l’origine du jacobinisme anglais) et aux USA (il y eu deux corresponding
societies aux USA, à Charleston et à Boston), ainsi que dans tous les pays européens. Après la
Révolution française, c’est par BABOEUF notamment que le jacobinisme a perduré et s’est
encore étendu, par exemple en Italie avec BLANQUI.

Pour l’Allemagne, on a déjà parlé de LASALLE, dont la devise était liberté égalité fraternité.

-La deuxième composante est la plus religieuse, c’est le mouvement chrétien social. Ce
mouvement a dénoncé les abus du capitalisme, mais il a été contrôlé par la hiérarchie
catholique, parfois condamné. Dans les pays protestants, ce mouvement s’est continué, grâce
à l’absence de magistère officiel.

-la troisième composante est le mouvement syndical classique : il vient du mouvement


ouvrier, donc il a été organisé « sur le tas », puis réorganisé par la suite avec l’apport de la
théorie.
La tradition chartiste :

Le chartisme est une initiative venue de la base, de pétitions réclamant une charte. Les
revendications étaient matérielles, mais le suffrage universel était également demandé. Ce
mouvement est parti de la base, en regroupant des écoles de pensée et des mouvements
syndicaux encore archaïques. Le gouvernement britannique a conduit une répression
extrêmement violente, pendant la guerre contre la France (sous Napoléon, donc) qui a amené
le massacre de Waterloo par Wellington (le Saint patron de la bourgade où a eu lieu le
massacre était Saint Peter, et le massacre a été perpétré par Wellington, vainqueur de
Napoléon à Waterloo, d’où Waterloo…). Ce mouvement a duré près de quarante ans, et
finalement la bourgeoisie anglaise a gagné. Lors de la manifestation de 1848, le million de
manifestants n’a pas marché sur Westminster. Le mouvement s’est replié sur l’associatif et le
syndical. A la fin du XIXème siècle, création d’un parti, le Parti Travailliste, sur une base
pluraliste et pragmatique. C’est la composante syndicale qui est prioritaire.

La tradition sociale-démocrate :
Cette tradition est devenue un modèle, et elle a inventé l’Internationale. Mais qu’est-ce que la
social-démocratie ? Quelles différences par rapport au travaillisme ?

La composante jacobine domine largement, et elle fait se combiner deux choses : le marxisme
et le culte de l’Etat. Les tenants de cette tradition ont pour priorité l’action sur la législation.

Cette particularité a été reprise par les marxistes, jusqu’au SPD aujourd’hui. La tradition
sociale-démocrate a des composantes jacobines, intellectuelle, chrétienne-sociale. Le lien est
fort avec le mouvement syndical, mais ce lien est inverse de celui qui s’est développé dans la
tradition anglo-saxonne : le jacobinisme a précédé le mouvement syndical, par le rôle du
leader charismatique (Lasalle). Ajoutons la dimension internationale : fidèles en cela à l’appel
de Marx (« prolétaires de tous les pays, unissez-vous »), les prolétaires allemand n’ont pas de
patrie.

Les partis communistes se sont créés comme scissions de la social-démocratie (ou l’inverse,
mais retenons qu’il y a eu séparation), il s’ensuit donc que les traits constitutifs des partis
social-démocrate sont également ceux des partis communistes.

22
Ce modèle s’est diffusé largement dans les pays de tradition luthérienne (ex. : Suède) et les
pays de langue allemande (non, pas la France, la guerre est finie, encore que…), même si ces
pays sont de tradition catholique, dans le cas de l’Autriche par exemple (même si en Autriche
on se heurte au fait qu’il n’y a jamais eu de social-démocratie à l’échelle de l’ancien empire
Austro-hongrois). En République. Tchèque ce modèle fonctionne également.

Le modèle démocrate-socialiste.

C’est un socialisme de type français-1848. Il combine les mêmes éléments que la social-
démocratie, mais avec un mouvement ouvrier plus faible, et un rôle plus important dévolu aux
intellectuels. Ledru-Rollin, par exemple (qui aujourd’hui a sa station de métro à Paris,
consécration ultime) était candidat social-démocrate aux élections en 48, et il s’est allié aux
chrétiens-sociaux. Les jacobins de ce mouvement ne parvinrent pas à contrôler les syndicats.

Rappelons que le syndicalisme français de cette époque avait deux composantes :

-une composantes anarcho-syndicaliste, qui ne croit ni dans les partis, ni dans l’Etat.
-une composante chrétienne-sociale, consistant en un repli sur le social, donc ne
faisant pas de politique.

Le syndicalisme français a donc depuis ses origines une double aversion pour l’action
politique. Les démocrates-socialistes sont de ce fait restés un parti d’intellectuels, coupé dès
l’origine du mouvement ouvrier. Le clivage Eglise/ Etat les a donc fragilisés (le clivage
possédants/ travailleurs ayant un faible impact puisque l’on parle d’un parti d’intellectuels
coupé des masses).

Cette tradition démocrate-socialiste a rapidement reconnu la supériorité de la tradition social-


démocrate.

En France au 19ème siècle, il y avait quatre partis socialistes : un parti marxiste, un parti
démocrate-socialiste, un parti alémaniste (syndicaliste protestataire), et un parti anarchiste.

Ces partis ont fusionné deux par deux, pour donner naissance au PSDF (parti socialiste de
France), socialiste, et le PSF (parti socialiste français), marxiste. Sous l’influence du SPD (via
l’Internationale socialiste), la SFIO fut créée par fusion de ces deux partis, qui se séparèrent
de nouveau en 1920 au congrès de Tours.

On va maintenant aborder les partis issus du clivage Eglise/ Etat. Ce sont également des partis
idéels. Ils sont spécifiques aux pays catholiques : dans les pays de tradition protestante,
l’Eglise est acquise à la cause de l’Etat. Dans les pays catholiques, l’Etat se constitue par
confrontation avec un centre extérieur à la périphérie. Dès le XVIIème siècle, la phase des
réformes fut entamée (concile de Trente), entraînant des négociations diplomatiques.

L’Eglise « composa » avec les Etats, se compromettant ainsi avec les « futurs anciens
régimes ». La Révolution a essayé de détacher l’Eglise de France de Rome, en la réformant,
en voulant former les curés…provoquant une cassure entre Eglise constitutionnelle et Eglise
réfractaire. Napoléon résolut le conflit avec le Concordat, mais entre-temps (entre 1790 et

23
Napo), le Directoire, lui, s’était montré parfaitement neutre en matière religieuse : c’est l’un
des seules exemples de réelle séparation entre politique et religion en France.

Deux cas de figure en ce qui concerne les rapports entre catholicisme et politique :

-dans la situation d’un catholicisme d’Etat (où c’est la religion du Roy, avec un Y s’il vous
plaît, comme royal canin, ou royal rabbin), le clivage est TRES net, mais il est occulté : les
cléricaux sont monarchistes, et inversement (précisons toutefois que catholique et clérical ne
sont pas synonymes, le cléricalisme est une position politique sur la place que doit occuper la
religion dans la société, le catholicisme est affaire de foi personnelle, historiquement tous les
catholiques n’ont pas été cléricaux, certains ont même été anticléricaux, par contre tous les
cléricaux étaient bien monarchistes).

En France, au Portugal, en Italie, l’opposition entre républicains et monarchistes a


correspondu à l’opposition droite/ gauche.

D’où la situation délicate des intellectuels catholiques, ne se reconnaissant pas dans les
positions du haut-clergé, et étant de plus en plus mal-à-l’aise dans les partis républicains.

Ces partis républicains étaient laïcs et anticléricaux par principe, même s’ils n’étaient pas
pour la Séparation. Ils n’étaient pas libéraux, ni en matière économique, ni en matière de
libertés.

Après la mort de Pie IX (qui fut Pape de 1848 à 1878), Léon XIII fut élu et son attitude fut
beaucoup plus conciliante à l’égard des laïcs. Il fit paraître notamment l’encyclique Rerum
Novarum, qui aborda la question des droits des travailleurs. L’Eglise sort du champ du
politique.

-cas des minorités catholiques dans des pays protestants. Ex. : la Belgique. La révolution
bourgeoise de 1830 institua une monarchie bourgeoise, avec une classe dominante homogène,
une monarchie à la Louis-Philipparde. La Belgique fut le premier pays du continent à faire sa
révolution industrielle (donc après la G.B.), d’où apparition du clivage possédants/
travailleurs.

Le clivage Eglise/ Etat, ne concernant qu’une minorité de la population, est resté plus ou
moins à l’arrière-plan. Les catholiques et les franc-maçonnes ont de plus joué un rôle
important dans l’industrialisation. Un parti laïque et un parti libéral apparaissent bien, mais il
y a dissociation entre l’idée laïque et l’idée républicaine. Ce modèle se retrouve en Autriche,
en Bavière… des partis spécifiquement catholiques se heurtent à des partis laïcs. Ces partis
catholiques sont interclassistes : ils ne tiennent que par la volonté des évêques, mais ils ont
aussi la capacité de casser l’axe droite/ gauche. Voir le tableau de positionnement des partis
po en Belgique, plus haut.

Si on étend le modèle de Rokkan, on obtient une carte conceptuelle de l’Europe, mais qui ne
fonctionne que si l’appartenance à plusieurs ensembles est respectée. On peut les résumer par
la chrétienté occidentale.

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Conclusion de la deuxième partie du cours, à travers l’étude du cas de la CSU/CDU
allemande :

Bien avant le nazisme, et à partir du milieu du XIX siècle, un parti catholique existait déjà en
Allemagne ; il fut unifié en 1870 au niveau impérial. C’était le « centrum », le parti du centre.

Il gouverna plusieurs fois.

Après le nazisme, il fut discrédité pour cause de proximité avec le national socialisme. La
CDU fut créée, avec des catholiques de gauche, en vue de bâtir un projet de « socialisme
chrétien ». C’était l’époque où les ricains craignaient une victoire du SPD en Allemagne (le
SPD était à l’époque dirigé par un marxiste). Nos amis anglo-saxons ont donc voulu soutenir
un parti modéré ; or la CDU était le plus modéré de tous les partis. Konrad Adenauer s’est fait
débaucher par les anglo-américains pour en prendre la tête. C’est à ce moment précis que la
CDU a changé de clivage constitutif : elle était auparavant le produit de la défense des intérêts
catholiques (donc vouée à un long déclin, comme celui du MRP en France) et elle est passée
au clivage possédants/ travailleurs.

Derrière ce revirement il y a l’analyse d’un leader politique, Adenauer : « notre projet n’a plus
d’avenir » (il pensait déjà à la réunification, et à l’apport subséquent de protestants et de
déchristianisés dans la population de l’Allemagne). Il y avait donc contradiction évidente
entre logique du projet (catholique) et logique de l’organisation (gagner les élections). On voit
que changer de clivage est possible pour un parti, mais à condition d’avoir une bonne
organisation.

En France le Parti Radical n’en a jamais été capable, il est resté bloqué sur le clivage Eglise/
Etat, donc dès 1905 il n’avait plus de programme).
Les partis peuvent au choix :

-se réaligner (changer de projet, avec un électorat qui suit) : c’est ce


que fit la CDU.
-se refonder (maintien du projet, mais changement d’organisation) si
l’éloignement est devenu trop grand avec le projet initial, et que le parti
souhaite faire revenir à lui des gens proches. Exemple-type : l’UMP
qui vient de DL, du RPR, d’une partie de l’UDF.

3) LA LOGIQUE DE L’ORGANISATION
Pour Maurice Duverger, il existe deux types de partis :
 Les partis de cadres (leur origine est parlementaire, ce sont des partis d’élus)
 Les partis de masse (créés à l’extérieur du monde politique).

Dans les partis de masse, la légitimité est fondée sur les membres, alors que dans les partis de
cadres, c’est l’opinion qui fonde la légitimité. Le congrès du PS au Mans a montré que
Ségolène Royal, Jack Lang ou Laurent Fabius ne pouvaient pas prendre la tête du parti en vue
des élections, bien que populaires dans l’opinion : le PS est un parti de masses. Dans les partis
de cadre, la légitimité est strictement électorale : les perdants ne sont jamais légitimes, même
s’ils sont populaires.

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Cette dichotomie historique a été contestée très tôt, notamment par des universitaires
britanniques, sur la question du nombre de membres du parti. Mais ce faisant, ils faisaient une
confusion, entre nombre de membres et place des membres dans le parti.

Ex. : la LCR est un parti de masse, pourtant elle n’a que très peu de membres.

Les partis de masse ont en fait deux caractéristiques principales :

-Leur volonté d’encadrer les masses


-Les membres sont l’Δ et l’Ω du parti.

Ex. des Tories britanniques: pour en être membre la cotisation est faible (dans les partis de
masse les cotisations sont élevées) car les ressources du parti ne sont pas les militants, ni le
bénévolat.

La grande question à se poser pour distinguer les partis de cadre des partis de masse est donc
celle des ressources, et non pas celle du nombre.

La deuxième critique de la dichotomie de Duverger portait sur l’analyse de partis plus vieux :
elle le rend pas compte de l’analyse des partis US.

Sam ELDERSVELD a montré que ces partis US étaient d’un type tout-à fait différent : ce
sont des partis stratarchiques : chaque niveau de pouvoir est autonome et s’organise comme
bon lui semble. Les partis US diffèrent donc des partis de masse européens (très hiérarchisés)
mais aussi des partis de cadre, où le pouvoir est plutôt dilué entre des notables.

En ajoutant à ces trois types de parti le critère du temps, on peut donc rendre compte de
l’évolution de tous les partis.

Aujourd’hui on assiste, ce depuis trois décennies, à un phénomène global de déclin des


mouvements sociaux, se traduisant en politique par une crise du militantisme.

Pour Otto KIRCHHEIMER les partis de masse sont voués à la disparition, le nouveau modèle
est le parti « attrape-tout » : seule importe la victoire électorale et donc la réactivité de
l’organisation, face aux changements d’humeur de l’électorat ou les modifications de stratégie
des partis concurrents.

Le problème de cette approche est qu’on ne dispose pas de données précises sur les
motivations des électeurs avant la seconde guerre mondiale, toute analyse en profondeur et
sur le long terme est donc exclue.

Retour à la définition initiale : une organisation de parti est une action collective organisée
tendue vers la conquête du pouvoir. Cette organisation dépend des modalités de l’accès au
pouvoir.

Pour une théorie médiologique des organisations de parti.

En croisant deux axes, l’axe médiologique et l’axe téléologique, on obtient une matrice des
organisations partisanes.

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 L’axe téléologique, c’est l’objectif des partis. On les observe donc et on en déduit qui
les gouvernes. On établit les conditions de rapport de force d’un groupe.

On se trouve en présence de plusieurs cas de figure. Une première dichotomie a été établie par
Duverger, entre :

-une conception intérieure du parti (parti organisé par des notables appartenant au
monde politique)
-une conception extérieure du parti (l’organisation regroupe des gens extérieurs aux
cercles du pouvoir).

Mais en réalité les organisations de partis ciblent leurs objectifs de façon beaucoup plus fine
que ça, et dans ce cas précis Duverger n’a observé que le cas anglais, à une époque où les
partis n’étaient que des partis de cadres, des, partis de groupes parlementaires.

Aux USA la situation était différente lors de la genèse des deux grands partis : des hommes du
pouvoir en sont bien les fondateurs, mais ce ne sont pas des partis issus de groupes
parlementaires. Le clivage originel date du premier gouvernement des USA, de Georges
Washington. Jefferson, le Secrétaire d’Etat, était opposé à Hamilton. Ils se sont organisés dans
chacun dans un seul but : la conquête de la présidence, car c’est là le siège du vrai pouvoir
aux USA (alors qu’au R.U., c’est le Parlement le siège du pouvoir). La dimension
présidentielle est donc primordiale dans l’organisation des partis US. Comme au Royaume-
Uni la création des partis est « intérieure » au sens de Duverger, mais leur organisation est
tendue vers un but très différent.

Aux USA lez nombre de grands électeurs par état est le nombre de sénateurs (deux par état)
ajouté au nombre de députés. Pour les petits états, ça fait donc 2+1=3.

Hamilton représentait un nationalisme américain, présent sur tout le territoire. Jefferson, lui,
n’avait l’appui que de l’aristocratie sudiste. Il s’est donc allié à des caciques locaux.

Autre cas de figure : lorsque l’on est extérieur au système. Il s’agit alors de faire nombre, par
la communication politique. Ces partis sont donc tributaires des moyens techniques. Ce qui
nous amène à l’axe médiologique.

 L’axe médiologique (la médiologie regroupe les travaux sur les médias qui prennent
en compte les aspects matériels).

On étudiera ici les travaux de Régis Debray, qui avant de devenir un intellectuel médiatique, a
fait des vrais travaux sur la médiologie. Il identifie trois époques, ou médiasphères :

-l ‘époque de l’oral et de l’écrit coûteux, l’âge du discours : la LOGOSPHERE.


-l’âge du texte (du téléphone et de la radio aussi) : la GRAPHOSPHERE.
-l’âge de la télé, de l’électronique, la prédominance de l’image : la VIDEOSPHERE.

Cela correspond aux âges des partis. Mais les partis sont nés très tard : la logosphère ne les
connaissait pas. En fait pour l’étude des partis, on ne s’intéressera qu’à la graphosphère et la
vidéosphère.

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La graphosphère était l’âge des journaux, des livres. Mais les conditions de diffusions
varièrent énormément entre 1830 et plus tard. On va donc la diviser en deux, entre :

-la logographosphère (lenteur de diffusion)


-la technographosphère (vitesse de diffusion des écrits)

Gardons en mémoire qu’après ces deux phases, vient la vidéosphère.

Il semble évident qu’en terme d’organisations, tous les types de partis ne présentent pas les
mêmes avantages à des époques différentes.

Pendant la LOGOGRAPHOSPHERE, les partis de cadres étaient dominants :

Les partis de parlementaires sont confrontés à l’élargissement du corps électoral. Ce sont les
partis libéraux qui ont réagi le plus vite, en créant des comités de soutien à leurs candidats, qui
sont l’origine des partis de cadres. Les partis se créent par diffusion, de la périphérie au
centre, pour rassembler des moyens, donc de l’argent. De cette organisation il résulte que l’élu
parlementaire occupe une place prépondérante.

En 1860 une concurrence nouvelle apparaît : celle des partis de masse. Des assemblées
publiques apparaissent, mais elles ont peu efficaces. Puis la révolution industrielle (et donc
l’entrée dans la technographosphère) rend les grands meetings possibles, c’est alors l’apogée
des partis de masse. C’est également la grande époque des journaux, notamment des journaux
d’opinion.

En Angleterre des partis disciplinés apparaissent, supplantant les partis indépendants.


L’organisation centrale devient dominante, la pénétration prend le pas sur la diffusion. Le
mouvement va désormais du centre vers la périphérie, c’est la centralisation.

De plus des vrais chefs prennent les partis en main, le leadership s’impose. Les partis de
cadres s’organisent, mais restent des partis de cadres. Ils résistent à la concurrence des partis
de masse.

Durant la technographosphère, deux types de partis de cadres apparaissent :


-des partis de notables, qui sont des fédérations de brillantes individualités. Ce sont
des partis de cadres souples.
-les partis d’électeurs sont des partis de cadres rigides, leur organisation a été réussie.

C’est la même chose dans les partis de masses :


-les partis de masse rigides sont ceux dont l’organisation a été réussie. Ce sont des
partis d’intégration.
-les partis de masses souples sont des partis de militants, l’organisation a été moins
réussie.

Dans les partis de masses rigides, l’organisation est visible, au niveau central (PCF : le siège
du parti place du Colonel Fabien à Paris) et aussi au niveau local (cellules cocos).

Depuis les années 70, la télévision a modifié les comportements, on est entrés dans la
vidéosphère.

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C’est le journal de 20 heures qui détermine l’organisation des meetings. La télé change
également les discours, le nouveau critère est celui de la rapidité. Les leaders prennent de
l’importance par rapport à l’organisation du parti. La télé renforce la personnalisation du
pouvoir.

Les partis ayant un leader charismatique se trouvent renforcés, la télé ayant modifié les
comportements, notamment les conditions de l’attention (elle est d’un quart d’heure en
moyenne, c’est la même durée que les émissions de télé US, coupées par la pub tous les quarts
d’heure).

Ex. : cas du débat Kennedy/ Nixon. Les gens ayant entendu le débat à la radio votaient dans
les mêmes proportions pour les deux candidats. En revanche ceux qui ont vu le débat à la télé
ont majoritairement voté pour Kennedy.

Le problème posé par ces débats est que l’on ne retient en général que les petites phrases : par
exemple le coup du « monopole du cœur » de VGE en 1974.

La conséquence de cette évolution des mœurs politiques est une dinosaurisation des partis de
masse, et une augmentation énorme du prix des campagnes électorales. Or l’argent doit bien
venir de quelque part (par exemple de la mairie de Paris).

Depuis quelques années on assiste à une moralisation de la vie politique (d’où le nombre
impressionnant de procès politico-financiers ces dernières années) ayant abouti à des
financements publics des campagnes. Peut-on encore parler de partis de masses dans ces
conditions ?

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