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Résumé
Le but de cette recherche est d'étudier la présence féminine dans la
danse, aussi bien dans la société grecque traditionnelle que moderne, afin de
noter les changements survenus dans la danse des femmes grecques
modernes. Dans ce but, nous avons consulté la bibliographie relative au thème
traité, et nous nous sommes appuyés sur un entretien avec des interlocuteurs
représentant trois générations différentes, ainsi que sur l'observation participative
sur le terrain des occasions de danser dans nos jours. Enfin on peut noter: a) La
place de la femme dans la danse traditionnelle grecque ainsi que sa manière de
danser reflètent sa position dans la société grecque traditionnelle. b) Pour les
femmes, la danse n'était pas une simple question de divertissement, de plaisir et
de joie mais des règles d’un comportement, des obligations et un contrôle social.
c) La danse de la femme grecque moderne dépend des données sociales
actuelles.
1. Méthodologie de la recherche
Pour réaliser cette étude, nous avons consulté la littérature relative au
thème traité, et nous nous sommes appuyés sur un entretien avec des acteurs
représentant trois générations différentes, ainsi que sur une observation
participative sur le terrain à l'occasion de séance de danse.
Dans la société traditionnelle grecque, la danse constitue un élément
essentiel du comportement social. De nombreuses occasions de danser sont
offertes tout au long de l’année durant lesquelles les membres de la
communauté sont littéralement «contraints» de danser. Parmi ces occasions,
nous citons la fête locale, les fêtes religieuses, les mariages et les réunions de
famille.
La communauté grecque constitue une référence de l’acte dansé et ses
membres partagent le même espace, les mêmes traditions, les mêmes
institutions, les mêmes us et coutumes. La communauté ne se limite pas dans
ses étroites frontières géographiques et administratives mais se réfère
également à ce sentiment d’appartenance commune. (Nitsiakos 1991). Chaque
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Aridéa (Filippou 1993), certaines femmes âgées dansent alors que d'autres
pétrissent la pâte pour préparer le pain pour le mariage. Pendant que l'on habille
la jeune mariée, ses jeunes amies (bratimisses3) dansent en son honneur
puisqu’elle a encore le même statut social qu'elles. Etant donné le caractère du
mariage dans les régions précitées, la futur épouse était obligée de danser avec
tous les hommes de la famille de son futur époux avant que son beau-père ne
l'introduise à la maison.
Par contre, à Kastoria, à Kozani et à Edessa (Macédoine), les femmes ne
participaient aux cérémonies de Noël et du Nouvel An (24/12-5/1, Dodekaimero)
car les hommes proféraient des injures. A Volissos, à Chios (Genti 2002), les
femmes n'avaient pas le droit d'aller à la foire et moins encore de danser, si elles
n'y étaient pas conviées par leur époux ou par un parent proche.
Le plus important toutefois, c'est la façon de danser des femmes. Elles
n'avaient pas le droit de se mettre en valeur à travers la danse. Elles devaient
danser la tête baissée, ayant une position du corps contrôlée, comme elles le
faisaient d'ailleurs dans les lieux publics. Dans les villages d'Alexandrie, les
femmes n'avaient même pas le droit de faire un tour en dansant puisqu'elles « ne
peuvent pas faire de tours en sagia4 ». Les hommes par contre avaient non
seulement ce droit mais ils devaient se mettre en valeur à travers la danse. Ils
devaient danser de manière, à faire preuve de leur bravoure et de leur virilité,
tout en respectant le style local de la danse.
Et tout cela se réalise avec la participation active des femmes qui
soutiennent et reproduisent leur position non seulement dans la danse mais
également dans la société. Ceci est dû au fait que la femme, dans sa fonction de
mère, apprend au fils et à la fille la façon de danser et plus encore, celle de se
comporter dans la société (Filippou 1993 ; Lazarou 2002). C'est elle qui impose
et reproduit les institutions de la société patriarcale, confirmant ainsi l'approche
analytique de Cowan (1990) sur l'hégémonie du sexe mâle en suscitant
l'étonnement des féministes ; ces dernières se demandent « comment et
pourquoi », les femmes participent à la perpétuation de ces institutions sans se
soumettre passivement.
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Quand elles déclarent qu’une danse était leur danse préférée ou celle de leurs
parents, cela aide à son placement chronologique et constitue une indication
historique (Spiliotopoulou 1992). Elles ont appris à danser à travers leur
participation à différentes cérémonies où l'on pratique la danse, en prenant part
soit au milieu de leurs amis soit à côté de leurs parents (Iliadis 1992). Elles
connaissent des danses, exclusivement, de leur group culturel. Aujourd’hui, elles
vont danser seulement quand un petit enfant se marie et elles préfèrent des
danses lentes qui exigent de capacités de danse particulières.
Le deuxième groupe comprend celles qui sont nées avant la deuxième
guerre mondiale, lorsque la danse possédait encore une grande partie de ses
caractéristiques traditionnelles (Meraklis 1986). Tout comme les femmes du
premier groupe, elles voient d'un mauvais oeil les changements apportés par les
plus jeunes et leur façon de danser. Elles ont appris à danser, elles aussi, à
travers leur participation aux fêtes et aux mariages et il leur semble bizarre
quand on leur parle de l’enseignement de la danse traditionnelle : « la danse, on
l’apprend en voyant et an dansant à côté de l’autre. Si on me dit un, deux, trois,
je ne comprends rient. Mais si je te vois danser, je l’apprends tout de suite », se
sont le paroles caractéristiques d’une personne qui montre l’importance de la
participation active à l’apprentissage d’une danse. On peut les voir danser dans
circonstances, comme celles du mariage ou de la fête d’un saint et c’est à elles
que les chercheurs et les professeurs de danse s’adressent pour obtenir des
informations sur la danse traditionnelle, comme les auteurs de cet exposé ont
fait. Même aujourd’hui, elles refusent de danser tenues par des personnes
qu’elles ne connaissent pas et surtout par des hommes qui n’appartiennent pas
au milieu familial.
Le troisième groupe est constitué de femmes nées après 1960. Elles ont
vécu leur adolescence lorsque les clubs de danse connaissaient des moments
de gloire et la danse traditionnelle commençait à avoir une nouvelle dimension
(Filippou 2002). Elles n'ont pas une image claire de la structure d'une danse
traditionnelle typique puisque les femmes des cités et des villages ont appris à
danser dans les clubs de danse à l’aide des professeurs de danse (Serbezis
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1995). On leur enseigne la danse, en moyenne, deux heures par semaine et leur
répertoire est constitué des danses de différentes régions ou groupes culturels
et, pas exclusivement, comme à la société traditionnelle, des danses de leur
groupe culturel (Zografou 1999). A l’exception de la cérémonie du mariage, que
nous abordons ci-après, leur danse n'est pas régie par des règles et des
interdits. Elles participent à toutes les danses, y compris celles des hommes, en
affichant une préférence aux danses syrto5 et sta tria6, sans s'embarrasser sur la
façon de tenir l'autre ou de la disposition spatiale dans le cercle, étant donné que
leur emplacement n'est soumis à aucune règle. Elles dansent en famille, avec
des amis hommes et femmes ainsi qu’avec des parents. Lorsqu'elles mènent la
danse, elles ont tendance à improviser et à faire des mouvements inconnus des
générations précédentes et non consacrées par la tradition. Elles commandent
les chansons et les danses qui leur plaisent ; cette initiative était inadmissible
pour les femmes de la société traditionnelle grecque. Fanitsios, un écrivain de
Zagori à Epire, critique la façon de danser des Grecques aujourd'hui en notant:
«lorsque l'on parle de la danse féminine, on ne fait pas allusion à ce que les
groupes de danse nous montrent à Athènes ou dans d'autres villes. C'est-à-dire
ces femmes qui lèvent les pieds jusque là-haut. Dans la danse féminine, le pied
ne s'élève pas plus que cinq centimètres environ du sol » (Spiliotopoulou 1992).
Par contre, pendant la cérémonie du mariage, qui est perçue aujourd'hui
encore par la grande majorité des Grecs comme un rituel, il n'y a que très peu de
changements quant à la façon de danser des femmes et ce, par rapport à la
société traditionnelle. Les amies de la mariée se chargent de l'habiller, elles
chantent et dansent pour elle. La musique et les danses sont lentes et tristes et il
y a une hiérarchisation des places occupées par les danseurs.
3. Conclusion
Au terme de cet exposé, nous pouvons dire que la femme grecque
moderne danse selon les données sociales actuelles. Les occasions et les
libertés offertes par la société grecque se reflètent également dans sa manière
de danser. Ce n'est qu’au cours de la cérémonie du mariage que la femme
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Notes
1. chorostassi : L’endroit où on dansait, d’habitude la place du village
2. kourbani : mot qui en turc « Kurban » signifie l’offre et sacrifice sacré
3. bratimissa : la copine de même âge
4. sagias : la robe locale
5. syrtos : la danse grecque la plus répandue. Le mot vient du verbe « syro »
qui veut dire « entraîner »
6. danse sta tria : danse à trois pas ou à trois temps