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La femme et la danse dans la société grecque traditionnelle


et contemporaine

Filippou Filippos, Mavrides George, Rokka Stella, Harahoussou Ivoni,


Harahoussou Theodossia
Université Démocrite de Thrace, Département de l’éducation physique et des
Sciences du sport, Komotini, Grèce

Résumé
Le but de cette recherche est d'étudier la présence féminine dans la
danse, aussi bien dans la société grecque traditionnelle que moderne, afin de
noter les changements survenus dans la danse des femmes grecques
modernes. Dans ce but, nous avons consulté la bibliographie relative au thème
traité, et nous nous sommes appuyés sur un entretien avec des interlocuteurs
représentant trois générations différentes, ainsi que sur l'observation participative
sur le terrain des occasions de danser dans nos jours. Enfin on peut noter: a) La
place de la femme dans la danse traditionnelle grecque ainsi que sa manière de
danser reflètent sa position dans la société grecque traditionnelle. b) Pour les
femmes, la danse n'était pas une simple question de divertissement, de plaisir et
de joie mais des règles d’un comportement, des obligations et un contrôle social.
c) La danse de la femme grecque moderne dépend des données sociales
actuelles.

La danse, en dépit des changements de la société grecque depuis les


années 1950 et jusqu'à nos jours, tient toujours une place importante tant dans la
vie quotidienne que dans les occasions de fêtes des Grecs. La danse demeure
la composante principale de plusieurs fêtes (Carnaval, Noël, Pâques), rites de
passage (fiançailles, noces) et réunions officielles et officieuses. Au cours des
diverses occasions de danser, nommés par Cowan (1990) entant que «faits
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dansés», les individus se projettent, se mettent en avant à travers des pratiques


festives et ils se laissent évaluer par les autres.

Le but de cet article est d'étudier la présence féminine dans la danse,


aussi bien dans la société grecque traditionnelle que moderne, afin de tirer des
conclusions sur les changements qui seraient survenus dans la danse des
femmes grecques modernes. Et ce, car la danse est le reflet de symboles
éloquents de catégories idéologiques portant sur la classe sociale, le sexe,
l'appartenance ethnique. La danse nous fournit un outil méthodologique efficace
notamment lorsque nous avons affaire à des problèmes de recherche bien
particuliers, tels les stéréotypes sur les sexes. Mais celle-ci intègre également
des concepts riches en significations qui ne peuvent se limiter à leur expression
verbale. On pourrait avancer que la participation des femmes aux traditions
rituelles laisse apparaître leur mode d'expression dans une société patriarcale
(Arderener 1978, Spiliotopoulou 1992).

1. Méthodologie de la recherche
Pour réaliser cette étude, nous avons consulté la littérature relative au
thème traité, et nous nous sommes appuyés sur un entretien avec des acteurs
représentant trois générations différentes, ainsi que sur une observation
participative sur le terrain à l'occasion de séance de danse.
Dans la société traditionnelle grecque, la danse constitue un élément
essentiel du comportement social. De nombreuses occasions de danser sont
offertes tout au long de l’année durant lesquelles les membres de la
communauté sont littéralement «contraints» de danser. Parmi ces occasions,
nous citons la fête locale, les fêtes religieuses, les mariages et les réunions de
famille.
La communauté grecque constitue une référence de l’acte dansé et ses
membres partagent le même espace, les mêmes traditions, les mêmes
institutions, les mêmes us et coutumes. La communauté ne se limite pas dans
ses étroites frontières géographiques et administratives mais se réfère
également à ce sentiment d’appartenance commune. (Nitsiakos 1991). Chaque
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communauté a sa propre identité constituée par l’habitation (architecture, décor),


le costume, le parler local, la nourriture, la musique, le chant et enfin, la danse.
C’est à travers cette identité qu’elle se différencie des autres communautés.

En tant qu’événement social, la danse concerne toutes les parties d’une


communauté, danseurs ou non-danseurs, en mettant en évidence les valeurs
fondamentales et la structure du groupe. La participation des membres de la
communauté dépasse le cadre de l’individualité et acquiert une dimension
sociale. Eveillant l’émoi, la danse, symbole d’intégration sociale de l’individu et
de cohésion du groupe, dissimule ainsi les contrastes qui existent entre les
membres de la communauté et reproduit la réalité sociale. Le « chorostassi1 »,
principalement la place du village, devient le théâtre où se reflètent la structure
de la société, ses valeurs et ses croyances (Raftis 1985). C’est là que s’étalent
les contradictions et que s’atténuent les conflits entre les sexes, les riches et les
pauvres, les autochtones et les étrangers. La place que les danseurs sont
appelés à prendre dans le cercle selon la cérémonie, dépend souvent du sexe,
de l’âge, du statut social et familial du danseur. La place toutefois que celui-ci va
choisir dans le cercle, sa manière de danser et de s’exprimer tout comme la
durée de la danse sont souvent prétexte à la discrimination, à la concurrence,
aux rivalités et aux disputes entre danseurs (Loutzaki 1992).
Dans la plupart des régions de la Grèce traditionnelle, le chorostassi était
un lieu pour hommes. De nombreux anthropologues ont étudié la dichotomie
entre le domaine publique (masculin) et le domaine domestique (féminin) de la
vie rurale en Grèce (Dubisch 1986 ; Loizos et Papataxiarxis 1991). La femme est
surveillée chaque fois qu'elle apparaît en public, lors d'une fête ou au
chorostassi. On constate par contre la dominance des femmes lors des
cérémonies traditionnelles dansées qui sont associées au cadre familial, comme
la cérémonie de mariage ou la préparation d'un repas pour le kourbani2.
Dans plusieurs régions de Grèce (Macédoine, Thrace, Thessalie, Epire), il
était inadmissible de voir des femmes et des hommes danser côte à côte. Les
femmes dansaient dans un cercle à part, formé exclusivement par elles
(Macédoine, Epire) ou dans un cercle unique dans lequel les hommes
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précédaient et les femmes suivaient (Thrace). Dans ce cas, le dernier homme et


la première femme devaient avoir un certain âge ou bien être de la même famille
et se tenir par un mouchoir. Dans certaines régions, il était permis aux hommes
et aux femmes d'être dans le même cercle mais ces dernières devaient être
obligatoirement accompagnées des hommes de leur famille (Zagori-Epire,
Karpathos, Florina, Volissos à Chios). Dans ce cas, la femme pouvait tenir la
première place dans le cercle (Lazarou 2002), uniquement si elle était
accompagnée par l'homme.

Le code éthique interdisait aux jeunes filles de participer aux cérémonies


dansées en public. A Zagori et chez les Arvanites en Attique, lorsqu’une jeune
fille dansait pour la première fois, elle déclarait de cette façon qu'elle était prête à
se marier et que sa famille acceptait tout arrangement (Liapis 1987 ;
Spiliotopoulou 1992; Dimas 1999). La famille préparait d'ailleurs avec une
attention particulière la robe que la jeune fille allait porter et sur laquelle elle
affichait tous les bijoux qui lui seraient donnés en dot. On constate que la robe
et les parures jouaient le rôle d'indices du statut social de la femme. Dans ces
groupes ethniques, les femmes provenant des couches sociales les moins
aisées ne pouvaient prendre part aux danses publiques. Par contre, dans
d'autres régions (Macédoine, Thrace), toutes les femmes participaient aux
danses publiques, probablement car la stratification sociale du village était assez
homogène (Dimitropoulos 1987 ; Filippou 1993 ; Lazarou 2002). Cependant,
l'état civil (mariée – célibataire) d'une femme est le facteur qui déterminera si elle
peut danser en public. A Karpathos (Kritsioti 1987) et à Aridéa (Filippou 1993),
les femmes mariées ne dansent pas puisque comme elles le disent, «nous, nous
sommes mariées, alors nous ne pouvons pas danser puisque nous avons des
filles en âge d'être mariées ».
A cause du contrôle public auquel étaient soumises les femmes et du
code de conduite imposé par la société traditionnelle, elles ne pouvaient
participer à toutes les occasions de danser. Ce sont les femmes pourtant qui ont
une place dominante dans les traditions de mariage et qui apparaissent dans le
foyer de la mariée. A Zagori (Spiliotopoulou 1992), à Florina (Lazarou 2002) et à
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Aridéa (Filippou 1993), certaines femmes âgées dansent alors que d'autres
pétrissent la pâte pour préparer le pain pour le mariage. Pendant que l'on habille
la jeune mariée, ses jeunes amies (bratimisses3) dansent en son honneur
puisqu’elle a encore le même statut social qu'elles. Etant donné le caractère du
mariage dans les régions précitées, la futur épouse était obligée de danser avec
tous les hommes de la famille de son futur époux avant que son beau-père ne
l'introduise à la maison.
Par contre, à Kastoria, à Kozani et à Edessa (Macédoine), les femmes ne
participaient aux cérémonies de Noël et du Nouvel An (24/12-5/1, Dodekaimero)
car les hommes proféraient des injures. A Volissos, à Chios (Genti 2002), les
femmes n'avaient pas le droit d'aller à la foire et moins encore de danser, si elles
n'y étaient pas conviées par leur époux ou par un parent proche.
Le plus important toutefois, c'est la façon de danser des femmes. Elles
n'avaient pas le droit de se mettre en valeur à travers la danse. Elles devaient
danser la tête baissée, ayant une position du corps contrôlée, comme elles le
faisaient d'ailleurs dans les lieux publics. Dans les villages d'Alexandrie, les
femmes n'avaient même pas le droit de faire un tour en dansant puisqu'elles « ne
peuvent pas faire de tours en sagia4 ». Les hommes par contre avaient non
seulement ce droit mais ils devaient se mettre en valeur à travers la danse. Ils
devaient danser de manière, à faire preuve de leur bravoure et de leur virilité,
tout en respectant le style local de la danse.
Et tout cela se réalise avec la participation active des femmes qui
soutiennent et reproduisent leur position non seulement dans la danse mais
également dans la société. Ceci est dû au fait que la femme, dans sa fonction de
mère, apprend au fils et à la fille la façon de danser et plus encore, celle de se
comporter dans la société (Filippou 1993 ; Lazarou 2002). C'est elle qui impose
et reproduit les institutions de la société patriarcale, confirmant ainsi l'approche
analytique de Cowan (1990) sur l'hégémonie du sexe mâle en suscitant
l'étonnement des féministes ; ces dernières se demandent « comment et
pourquoi », les femmes participent à la perpétuation de ces institutions sans se
soumettre passivement.
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En fin, nous pouvons dire que : premièrement la place de la femme dans


la danse traditionnelle grecque et sa façon de danser reflètent sa position dans
la société grecque traditionnelle ; et deuxièmement les femmes dans la société
traditionnelle grecque n'avaient pas les mêmes chances que les hommes pour
participer aux occasions de danser et pour s'exprimer à travers la danse. Pour
elles, la danse n'était pas une simple question de divertissement, de plaisir et de
joie mais des règles de comportement, des obligations et un contrôle social.

2. La femme et la danse dans la société grecque contemporaine


Les années ’50 sont une étape charnière pour la société grecque
puisqu'un long processus de transformation de la société traditionnelle grecque,
débute avec la constitution de l'état grec en 1832 (Tsaoussis 1991 ; Dimas 1999)
et s'achève au cours de cette période. L'émigration et la migration interne
contribuent principalement à provoquer une rupture dans le mode de vie
traditionnelle (Meraklis 1986). Les fondements sur lesquels est bâtie la société
traditionnelle pour se reproduire, à savoir l'homogénéité sociale et idéologique,
sont bouleversés. L'urbanisation accélérée de la population et l'industrialisation
des moyens de production entraînent un changement de comportement des
individus et de leur culture qui résulte de l'avènement d'un nouveau mode de vie.
La danse traditionnelle est une institution (Tsaoussis 1991 ; Dimas 1999)
qui reflète et impose des modes de comportement précis, régis par des règles
qui visent à satisfaire des buts et des besoins tout en étant un mécanisme de
reproduction de ceux-ci. Accepter ce qui précède, c'est accepter à la fois que
tout changement social entraîne des mutations dans la danse populaire.
Jusqu'à la fin des années ’50, l'acte dansé reste pratiquement intact
malgré les changements constatés dans la société grecque traditionnelle. Ceci
s'explique par le fait que les modèles de danse venus de l'occident dans les
grandes villes, pendant l'entre-deux-guerres n'affectent que très peu le monde
rural (Zografou 1999). Si on admet que les changements de civilisation et de
mentalités ne s'opèrent que très lentement par rapport à ceux des structures
sociales et économiques (Meraklis 1984).
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Les grandes restructurations de l'acte dansé en Grèce surviennent avec la


diffusion progressive de l'enseignement des danses traditionnelles dans les
écoles et les associations culturelles à partir des années 60 et ensuite, comme la
conséquence du développement du mouvement folklorique en Grèce (Bruckner
1966). Le commencement est devenu avec la fondation du théâtre « Danses
grecques : Dora Stratou » sur le modèle du groupe yougoslave « KOLO » et ont
suivi beaucoup d'autres associations de danse tant à Athènes qu’ au reste de la
Grèce (Stratou 1973). La participation du monde était massive, notamment en
ville. Alors, la danse traditionnelle a commencé à être enseignée dans les salles
des associations. Une nouvelle profession fait son apparition, celle du professeur
de danse (Loutzaki 1992). Au début, l’enseignement était en charge des
professeurs d’éducation physique, mais peu après, les besoins des associations
en personnel enseignant ont poussé quelques danseurs à commencer à
enseigner la danse grecque sans avoir reçu d’avance une formation. Il n’y avait
aucune approche éducative de la danse traditionnelle, de la part de ces
enseignants. Les élèves imitaient ce que le professeur faisait. Celle-ci justifiait
cette façon d'enseigner, par le fait qu’il n’y avait pas de professeurs dans la
société traditionnelle et que l’enfant apprenait à danser en imitant les plus âgés.
En suivant cette pratique, la danse grecque ne risquait pas seulement d’être
contrefaite mais, plus important, d’être mal transmise aux générations suivantes.
En effet, les salles des associations était, à partir de cette période-là, le seul
endroit de reproduction et de transmission de la danse grecque (Serbezis 1999).
De plus, pendant cette période-là, la danse traditionnelle constituait une
grande part de la matière enseignée aux écoles primaires et aux écoles
secondaires. Son enseignement même visait, en plus, à la tonification des
convictions des habitants (Dimitropoulos 1987) des régions, comme celle de
Macédoine, d’Epire et de Thrace. Dans ces régions, des danses comme
Tsamikos, Syrtos, Karagouna et beaucoup d’autres, sont demeuré dans la
conscience du monde comme des danses scolaires, puisqu’elles étaient
inconnues à ces régions et on les a apprises à l’école (Dimitropoulos 1987 ;
Filippou 1993).
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L’enseignement de la danse grecque, tant aux associations de danses


que dans les écoles primaires et secondaires, a évolué avec son insertion des
départements de l’Education Physique et Sciences des sports à l’université avec
la formation qu’ont acquis les futurs professeurs de l’éducation physique en
danse grecque traditionnelle (Loutzaki 1992). Les enseignants de danse
diplômés ont désormais le niveau des connaissances nécessaires en ce qui
concerne le niveau d’éducation et d’instruction jugé indispensable aujourd’hui
pour l’enseignement de la danse traditionnelle. Ils sont à même de prendre en
compte comment fonctionne la danse dans la société grecque contemporaine
(Serbezis 1998, 1999).
Ainsi, la danse se détache de son milieu naturel, à savoir la place du
village, pour être transférer dans les boîtes de nuit, les salles de cours de danse,
les clubs et sur la scène théâtrale sous forme de spectacle. La danse grecque
traditionnelle perd en grande partie sa fonctionnalité et acquiert un caractère
ludique (Tirovola 1994). En outre, un nouveau style de danse naît. C'est celle
des clubs de danse, au du folklore, qui s'installe dans la pratique quotidienne des
Grecs et dans leur conscience. « Nous nous sommes désormais engagés dans
l'ère de la culture des clubs » (Serbezis 1999).
Aujourd'hui nous constatons donc que l'attitude des Grecs face à la danse
est mitigée. La façon d'envisager la danse est directement liée à l'âge et à
l'événement dansé. Nous pouvons distinguer trois groupes de danseuses en
fonction de leur âge.
Le premier groupe est constitué de celles qui sont nées au début du
20ème siècle, à une époque où le sentiment d'appartenance à un cercle familial,
à une communauté, à un groupe d'âge ou de sexe était fortement ancré. Ces
femmes gardent des liens très forts avec les traditions de la danse et continuent
à danser ; elles dansent moins qu’autrefois en ayant un regard critique envers
les plus jeunes pour les innovations qu'elles introduisent. Quelques-unes gardent
encore l’habillement luxueux de leur mariage. Elles se souviennent de la vie de
leurs grands-mères et des fêtes célèbres du passé, quand la danse constituait
une des rares occasions pour qu’elles s’échappent de leurs tâches ménagères.
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Quand elles déclarent qu’une danse était leur danse préférée ou celle de leurs
parents, cela aide à son placement chronologique et constitue une indication
historique (Spiliotopoulou 1992). Elles ont appris à danser à travers leur
participation à différentes cérémonies où l'on pratique la danse, en prenant part
soit au milieu de leurs amis soit à côté de leurs parents (Iliadis 1992). Elles
connaissent des danses, exclusivement, de leur group culturel. Aujourd’hui, elles
vont danser seulement quand un petit enfant se marie et elles préfèrent des
danses lentes qui exigent de capacités de danse particulières.
Le deuxième groupe comprend celles qui sont nées avant la deuxième
guerre mondiale, lorsque la danse possédait encore une grande partie de ses
caractéristiques traditionnelles (Meraklis 1986). Tout comme les femmes du
premier groupe, elles voient d'un mauvais oeil les changements apportés par les
plus jeunes et leur façon de danser. Elles ont appris à danser, elles aussi, à
travers leur participation aux fêtes et aux mariages et il leur semble bizarre
quand on leur parle de l’enseignement de la danse traditionnelle : « la danse, on
l’apprend en voyant et an dansant à côté de l’autre. Si on me dit un, deux, trois,
je ne comprends rient. Mais si je te vois danser, je l’apprends tout de suite », se
sont le paroles caractéristiques d’une personne qui montre l’importance de la
participation active à l’apprentissage d’une danse. On peut les voir danser dans
circonstances, comme celles du mariage ou de la fête d’un saint et c’est à elles
que les chercheurs et les professeurs de danse s’adressent pour obtenir des
informations sur la danse traditionnelle, comme les auteurs de cet exposé ont
fait. Même aujourd’hui, elles refusent de danser tenues par des personnes
qu’elles ne connaissent pas et surtout par des hommes qui n’appartiennent pas
au milieu familial.
Le troisième groupe est constitué de femmes nées après 1960. Elles ont
vécu leur adolescence lorsque les clubs de danse connaissaient des moments
de gloire et la danse traditionnelle commençait à avoir une nouvelle dimension
(Filippou 2002). Elles n'ont pas une image claire de la structure d'une danse
traditionnelle typique puisque les femmes des cités et des villages ont appris à
danser dans les clubs de danse à l’aide des professeurs de danse (Serbezis
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1995). On leur enseigne la danse, en moyenne, deux heures par semaine et leur
répertoire est constitué des danses de différentes régions ou groupes culturels
et, pas exclusivement, comme à la société traditionnelle, des danses de leur
groupe culturel (Zografou 1999). A l’exception de la cérémonie du mariage, que
nous abordons ci-après, leur danse n'est pas régie par des règles et des
interdits. Elles participent à toutes les danses, y compris celles des hommes, en
affichant une préférence aux danses syrto5 et sta tria6, sans s'embarrasser sur la
façon de tenir l'autre ou de la disposition spatiale dans le cercle, étant donné que
leur emplacement n'est soumis à aucune règle. Elles dansent en famille, avec
des amis hommes et femmes ainsi qu’avec des parents. Lorsqu'elles mènent la
danse, elles ont tendance à improviser et à faire des mouvements inconnus des
générations précédentes et non consacrées par la tradition. Elles commandent
les chansons et les danses qui leur plaisent ; cette initiative était inadmissible
pour les femmes de la société traditionnelle grecque. Fanitsios, un écrivain de
Zagori à Epire, critique la façon de danser des Grecques aujourd'hui en notant:
«lorsque l'on parle de la danse féminine, on ne fait pas allusion à ce que les
groupes de danse nous montrent à Athènes ou dans d'autres villes. C'est-à-dire
ces femmes qui lèvent les pieds jusque là-haut. Dans la danse féminine, le pied
ne s'élève pas plus que cinq centimètres environ du sol » (Spiliotopoulou 1992).
Par contre, pendant la cérémonie du mariage, qui est perçue aujourd'hui
encore par la grande majorité des Grecs comme un rituel, il n'y a que très peu de
changements quant à la façon de danser des femmes et ce, par rapport à la
société traditionnelle. Les amies de la mariée se chargent de l'habiller, elles
chantent et dansent pour elle. La musique et les danses sont lentes et tristes et il
y a une hiérarchisation des places occupées par les danseurs.

3. Conclusion
Au terme de cet exposé, nous pouvons dire que la femme grecque
moderne danse selon les données sociales actuelles. Les occasions et les
libertés offertes par la société grecque se reflètent également dans sa manière
de danser. Ce n'est qu’au cours de la cérémonie du mariage que la femme
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grecque danse en respectant les règles de la société traditionnelle, peut-être


parce que le rituel, dans un sens sociologique plus large, pousse les individus à
danser aujourd'hui encore de manière traditionnelle (Lamet 1990).

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Notes
1. chorostassi : L’endroit où on dansait, d’habitude la place du village
2. kourbani : mot qui en turc « Kurban » signifie l’offre et sacrifice sacré
3. bratimissa : la copine de même âge
4. sagias : la robe locale
5. syrtos : la danse grecque la plus répandue. Le mot vient du verbe « syro »
qui veut dire « entraîner »
6. danse sta tria : danse à trois pas ou à trois temps

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