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A paraître
Quelques aspects des politiques
culturelles en Inde
La politique culturelle en Egypte
a Cuba
par Lisandro Otero, avec le concours de
Francisco Martïnez Hinojosa
Publié en 1972
par l'Organisation des Nations Unies pour
l'éducation, la science et la culture
place de Fontenoy, 75 Paris-7e
Imprimé par
Presses Universitaires de France, Vendôme
1972 Année
internationale
du livre
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© Unesco 1972
SHC.71/XIX.11/F
Préface
Le but de cette collection est de montrer comment les divers États membres
planifient et appliquent leur politique culturelle. Pas plus que les cultures
elles-mêmes, les conceptions de la culture ne sont identiques ; il appartient
à chaque État membre de déterminer sa politique culturelle et ses méthodes
en ce domaine en fonction de sa propre conception de la culture, de son sys-
tème socio-économique, de son idéologie politique et de son développement
technologique. Cependant, les méthodes employées en matière de politique
culturelle (comme en matière de politique du développement général) sou-
lèvent certains problèmes communs ; ceux-ci sont essentiellement d'ordre
institutionnel, administratif ou financier et l'on insiste de plus en plus sur
la nécessité d'un échange d'expériences et d'informations sur ces méthodes.
La collection, dont chaque numéro suit autant que possible un plan uni-
forme pour faciliter les comparaisons, est consacrée surtout à ces aspects
techniques de la politique culturelle.
Les études traitent généralement des principes et des méthodes de la
politique culturelle, de l'évaluation des besoins culturels, des structures
administratives et de la gestion, de la planification et du financement, de
l'organisation des ressources, de la législation, du budget à prévoir, des insti-
tutions publiques et privées, du contenu culturel de l'éducation, de l'auto-
nomie et de la décentralisation culturelles, de la formation du personnel, des
infrastructures institutionnelles permettant de répondre à des besoins cultu-
rels déterminés, de la sauvegarde du patrimoine culturel, des institutions
assurant la diffusion des arts, de la coopération culturelle internationale et
d'autres sujets connexes.
Les études, qui portent sur des pays différant par le système social et
économique, la situation géographique et le niveau de développement, pré -
sentent donc une grande diversité d'approches et de méthodes en matière
de politique culturelle. Dans leur ensemble, elles peuvent fournir d'utiles
indications aux pays qui n'ont pas encore fixé leur politique culturelle ; mais
tous les pays, notamment ceux qui cherchent à redéfinir cette politiques
peuvent tirer profit de l'expérience déjà acquise. La présente étude a été
rédigée pour l'Unesco par le Consejo Nacional de Cultura sous la direction
de Lisandro Otero, son vice-président, avec le concours de Francisco Mar-
tinez Hinojosa.
Les opinions qui y sont exprimées sont celles des auteurs et ne sauraient
engager l'Unesco.
Les désignations employées et la présentation adoptée ici ne sauraient
être interprétées comme exprimant une prise de position du Secrétariat de
l'Unesco sur le statut légal ou le régime d'un pays ou d'un territoire quel-
conque, non plus que sur le tracé de ses frontières.
Table des matières
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Antécédents et origines de la culture cubaine
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Antécédents et origines de la culture cubaine
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Antécédents et origines de la culture cubaine
groupe de jeunes gens marque le début de l'étape finale. Les idéaux de 1868
et de 1933 sont exaltés sous l'impulsion de Fidel Castro et, avec la victoire
de janvier 1959, entrent dans une phase concrète.
H est indispensable de connaître tous ces antécédents et tous ces faits
pour comprendre la période de cristallisation de notre culture. La révo-
lution triomphante hérite d'un fardeau de valeurs déformées. Les années
de république avaient favorisé, surtout dans la dernière période, la culture
dite de masse qui se fonde sur le commerce des biens culturels et sur sa
capacité d'accumuler des profits. Toutes les ressources étaient utilisées pour
dissiper les valeurs culturelles de notre pays. L'histoire était falsifiée, les
meilleures traditions nationales étaient réduites à néant ou défigurées, les
échanges culturels avec le reste du monde étaient entravés, et cette culture
dégradée était transformée en un instrument supplémentaire d'exploitation.
La culture devenait aussi un moyen de domination et d'oppression. Les
moyens de grande information, soumis aux lois de l'offre et de la demande
ainsi que de la propagande qui stimule l'accroissement de la consommation
à certains niveaux, touchaient un public faiblement scolarisé, victime de
l'analphabétisme, du chômage et de la misère.
La prétendue culture de masse crée ses monstres bâtards en recherchant
le sensationnel et le divertissement facile et favorise un art d'évasion où
l'homme ne reconnaît pas ses problèmes.
Par la révolution, les grandes masses font définitivement irruption dans
notre histoire, réclamant leur droit au travail, à la culture et à la pleine
dignité de l'homme. Nos moyens de grande information se sont alors trans-
formés en auxiliaires de l'éducation. La presse, la radio et la télévision ont
dû consacrer une partie de leurs ressources à l'alphabétisation, à l'affirma-
tion des valeurs nationales, au placement professionnel, à l'orientation et à
l'unification de tout un peuple.
L'apparition d'un nouveau type de consommateur de culture, qui était
en même temps producteur de culture mais qui n'avait pas eu l'avantage
de recevoir une formation scolaire, faisait qu'il était nécessaire de s'adresser
à ce public d'adultes par l'image et la parole, en l'informant et en recher-
chant sa participation active.
Mais la révolution doit faire face à d'autres formes de sous-dévelop-
pement : la pénurie de techniciens et de ressources matérielles, le très bas
niveau d'instruction et le déséquilibre entre les villes et les campagnes. Si
l'on ajoute à cela des difficultés politiques — agressions, blocus — on
comprendra l'ampleur de la tâche à accomplir. Dans les premières années de
la révolution, il a fallu rejeter les tentatives de contrainte et préparer la
conscience populaire à relever un défi historique : franchir les obstacles
hérités du passé et transformer la vie qui nous entoure.
Les mécanismes destinés à accélérer le développement et à obtenir
rapidement un décollage économique furent mis en place dès le début. Mais
la révolution a l'habitude d'accomplir des tâches parallèles. En même temps
qu'elle se préoccupait de la défense et de l'infrastructure économique, elle ne
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Formation
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plan de la création comme sur celui du spectacle, à la vie artistique, qui leur
était restée si étrangère avant le triomphe de la révolution, nous a amenés à
créer ce nouvel agent culturel qu'est le moniteur artistique, dont il n'exis-
tait autrefois aucun exemple.
Le moniteur ne reçoit pas une formation destinée à faire de lui un
artiste ; mais il apprend à déceler, orienter, susciter et stimuler l'activité
artistique dans les divers secteurs de la population.
Aidés par les divers organismes sociaux, les moniteurs artistiques ont
accompli ces dernières années une tâche considérable, favorisant la forma-
tion de groupes d'amateurs de théâtre, de musique et d'arts plastiques, qui
ont largement contribué à l'épanouissement des aptitudes artistiques du
peuple et à l'amnement de son sens esthétique.
Les écoles de moniteurs artistiques ont subi une évolution qui a affecté
tant le contenu de leur programme que sa mise en œuvre, la formule à
laquelle on a abouti étant la suivante : cinq années d'études, dont trois en
internat et deux d'application pratique au cours desquelles le moniteur se
spécialise. Il existe actuellement des écoles de moniteurs artistiques spé-
cialisés dans les domaines suivants : théâtre pour enfants, théâtre pour
adultes, arts plastiques, musique, récits pour enfants, soit au total
243 élèves-moniteurs.
La pénurie de personnel qualifié pour mener à bien les grandes tâches
que nous nous étions assignées dans le domaine culturel ne se limitait pas
aux artistes proprement dits. Dans l'état de sous-développement où se
trouvait Cuba, elle était également sensible en ce qui concerne les fonction-
naires chargés de diriger, de coordonner et d'organiser les activités cultu-
relles, surtout à partir du moment où ces activités débordaient le cadre
étroit de l'initiative privée commerciale et où il fallait leur donner une
nouvelle dimension sociale. Il n'était pas possible de détourner de la créa-
tion au profit de tâches administratives nos trop rares artistes créateurs et
interprètes ; nous en avions de toute façon besoin comme conseillers tech-
niques ; il fallait cependant veiller à ce que les cadres responsables de l'admi-
nistration aient un niveau minimal de spécialisation et de connaissances.
La conscience de cette nécessité nous a amenés, dans les premières
années, à prendre de nombreuses initiatives : organisation de stages et de
cercles d'études, de cours de brève durée, de conférences ou participation à
des cours réguliers dans ce domaine ; par la suite, la systématisation de ces
efforts a abouti à la création de l'École de promoteurs de la culture (Escuela
de Activistas de Cultura), qui dépend de la Direction nationale de la
diffusion culturelle. Cette école ne vise pas à former des artistes ou des
spécialistes dans tel ou tel domaine artistique. Son but est de conférer aux
fonctionnaires ayant une quelconque responsabilité dans le domaine culturel
une meilleure connaissance de tout ce qui a trait à l'art et à la culture, tant
nationale qu'universelle. Compte tenu de la dynamique de notre dévelop-
pement, l'école organise aussi des cours spéciaux destinés à former le per-
sonnel nécessaire pour des activités ou plans culturels déterminés.
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nouveau, complet ; les résultats obtenus jusqu'à ce jour ouvrent à cet égard
des perspectives et des possibilités très larges.
Ce plan consiste à appliquer systématiquement des techniques pédago-
giques spécialisées dans cinq domaines d'études artistiques : musique, danse,
tliéâtre pour enfants, récits pour enfants et arts plastiques, intégrés à
l'ensemble de l'enseignement polytechnique conçu comme un véritable tout,
où il est fréquent que les matières d'enseignement général tirent profit de
l'enseignement des arts.
Selon ce principe, le plan fait ressortir les rapports étroits qui existent
entre la musique et la danse en utilisant les mêmes airs pour les cours de
chant et pour les cours de danse. Des thèmes identiques sont choisis pour
les récits et pour le théâtre pour enfants. Les arts plastiques fournissent une
aide importante pour la confection de marionnettes et l'illustration des
récits par les enfants.
D'un autre côté, le tracé des cartes, l'illustration des thèmes abordés en
mathématiques modernes et toutes les activités graphiques liées à l'étude
des diverses matières techniques profitent largement de la pratique des
arts plastiques. De même, les activités d'expression orale ne peuvent que
bénéficier des connaissances acquises en liaison avec les récits et le théâtre
pour enfants.
Pour la musique, on a recours à la radio, ce qui permet de remédier
au manque de personnel spécialisé pour toutes les écoles. La leçon de
musique revêt la forme d'une émission d'une demi-heure diffusée trois fois
par semaine et basée sur le principe de la répétition systématique ; elle
comprend les éléments suivants : technique du chant, appréciation et
histoire de la musique, à partir de morceaux interprétés par des artistes
de tout premier plan, la musique étant complétée par des illustrations
montrées en classe et réalisées par les meilleurs représentants des arts
plastiques. Les maîtres disposent en outre d'une méthode qui leur est
fournie par écrit.
Le cours de danse rythmique est assuré de façon analogue par une
émission d'une demi-heure diffusée deux fois par semaine, avec images
appropriées pour que les enfants improvisent sur elles des rythmes naturels
de leur propre invention.
Le théâtre pour enfants revêt trois formes : le théâtre avec acteurs, le
théâtre de marionnettes et la pantomime. Dans les écoles, ces activités sont
assurées par les maîtres, qui bénéficient du concours technique de moniteurs
de théâtre, de même que pour les récits pour enfants.
Les principes et éléments du dessin constituent la base de l'enseignement
des arts plastiques. Les points fondamentaux du plan sont exposés dans un
ouvrage qui met en rapport étroit les exercices sur les principes et éléments
du dessin et les grands thèmes de l'enseignement primaire.
Ainsi, les matières d'études qui ne font pas l'objet d'un enseignement
radiodiffusé, c'est-à-dire le théâtre et les récits pour enfants ainsi que les
arts plastiques, exigent que des moniteurs artistiques apportent leur
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concours direct aux maîtres qui n'ont pas été initiés, pendant leur for-
mation, au contenu et aux méthodes des matières d'études artistiques.
C'est cependant le maître qui, à tous points de vue, constitue le centre
de la classe et il ne semble pas souhaitable d'introduire dans celle-ci de
nouvelles personnalités qui risqueraient de rompre l'unité assurée par celui
qu'un contact permanent avec les élèves a mis en mesure de connaître
toutes les incidences du processus d'apprentissage et d'éducation et qui en
tient tous les fils dans sa main. Dans le domaine musical, toujours pour ne
pas introduire un nouveau personnage dans la classe, on préfère la radio
à la télévision.
Gela explique qu'on en soit venu directement à l'initiation artistique des
élèves-maîtres. Aux maîtres en exercice qu'on initie, par des stages d'études,
aux principes de base du plan d'éducation artistique viendront s'ajouter
peu à peu les maîtres qui, à la fin du prochain cours, posséderont déjà une
formation complète dans ce domaine. Des équipes spécialisées dans chaque
matière d'étude figurant au plan ont élaboré à leur intention un programme
d'éducation artistique et de formation pédagogique correspondante pour
les écoles normales.
Ce programme prévoit que deux cours portant sur le contenu de toutes
les formes de l'enseignement artistique et deux cours portant sur les
méthodes et la pratique de cet enseignement seront intégrés aux plans
généraux d'études des établissements de formation pédagogique.
Notre objectif est d'assurer l'intégration des nouvelles générations à la
culture de masse dès les premières années d'études, en affermissant les
racines de notre culture nationale et en assimilant le meilleur de la culture
universelle. Dans les écoles où le plan est en application, on a déjà noté une
amélioration de la discipline et un changement d'attitude des enfants à
l'égard de l'école dans la mesure où il.y a participation de la totalité des
élèves et où l'on ne se borne pas à distinguer quelques talents isolés. On a
constaté aussi un développement de l'imagination des enfants et de leurs
aptitudes manuelles.
Un bilan total de l'application du plan ne pourra toutefois être établi
avant six ans, lorsque les élèves qui commencent actuellement le cycle
d'études primaires conforme au plan l'auront achevé.
Il n'y a pas d'école spécialisée pour la formation des écrivains, encore
que les facultés des lettres des trois universités du pays forment aussi bien
des professeurs de littérature que des chercheurs et des créateurs.
Les étudiants qui se préparent à devenir écrivains assistent aux « ate-
liers » Littéraires. Il s'agit de réunions périodiques des jeunes d'une collec-
tivité ou d'un quartier qui s'intéressent à la création littéraire et qui
analysent en commun leurs œuvres. Des écrivains professionnels ou des
conseillers de la Direction de Literatura participent à ces réunions, appré-
cient les œuvres soumises par les membres de l'atelier, font des critiques,
des commentaires, des suggestions, etc. Les meilleures œuvres sont publiées
dans des revues périodiques ou dans des anthologies de nouveaux écrivains.
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Production
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même après avoir satisfait leur curiosité initiale. Au cours de son séjour
dans les villages et dans les hameaux, la troupe participe durant une partie
de la journée aux travaux de la population, de façon à éliminer le mythe
de l'acteur et à effacer la distance entre artistes et hommes du peuple. De
son côté, la communauté contribue à résoudre les problèmes matériels de
la troupe.
Dans le cadre de ses projets, la troupe a fait dans la région d'utiles
recherches socio-culturelles, qui ont du reste servi aux autorités locales.
Outre les treize troupes théâtrales, il existe six troupes de danse de
diverses sortes, parmi lesquelles il faut mentionner tout d'abord le Ballet
national de Cuba, qui s'est affirmé au cours de cette décennie en se déve-
loppant peu à peu, en créant de nouvelles chorégraphies et en enrichissant
son répertoire qui, à l'heure actuelle, comprend des ballets classiques et
modernes et des ballets sur des thèmes folkloriques stylisés. L'Ensemble
national de danse moderne, créé dans le cadre de la politique culturelle de
l'État révolutionnaire, s'est lui aussi développé, remportant de nombreux
succès à l'étranger. Enfin, l'Ensemble folklorique national a accompli,
jusqu'à présent, un travail fructueux à partir des sources africaines de notre
folklore en assimilant les éléments musicaux et chorégraphiques avec une
fidélité absolue à la forme et en les stylisant pour les présenter sur scène.
Dans le domaine littéraire, ces dernières années ont vu se produire des
transformations radicales. D'abord, l'État révolutionnaire a développé les
moyens matériels d'édition des œuvres littéraires par l'intermédiaire de
l'Institut du livre. Cet institut dispose de douze maisons d'édition qui ont
publié au cours des deux dernières années le chiffre considérable de vingt-
trois millions de livres.
Divers prix littéraires importants ont été créés ; ils ont permis de faire
connaître des auteurs de talent. Il y a le prix Casa de las Américas, l'un
des plus prestigieux de la littérature de langue espagnole dans le monde
actuel, le prix de l'Union des écrivains et des artistes cubains, le prix David
pour les jeunes auteurs, le Prix du 26-juillet des forces armées révolu-
tionnaires, etc. Outre le nombre croissant de livres édités, il existe de vastes
possibilités de publication dans nos nombreuses revues littéraires : la revue
Casa de las Américas, la revue Union, la Gaceta de Cuba, le Caïman Barbudo,
Taller literario, Révolution y cultura, Pensamiento crîtico, etc.
A Cuba, on a aboli les droits d'auteur parce qu'on estime que l'œuvre
d'art ne saurait être assujettie à des mécanismes mercantiles, qui ne sub-
sistent d'ailleurs nulle part dans notre pays, parce qu'on considère que le
produit de l'intelligence humaine est la propriété et le patrimoine de l'huma-
nité tout entière, enfin parce que dans une société comme la nôtre l'acte
de création et la possibilité d'en livrer le produit'au public constituent pour
le créateur un stimulant suffisant. Cependant, l'écrivain doit, comme tout
autre travailleur, percevoir un revenu fixe qui le mette en permanence à
l'abri du besoin.
Comme dans la plupart des pays du monde, à Cuba les écrivains tra-
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Distribution
Le travail que font tous nos créateurs et interprètes dans les conditions
que nous venons d'exposer prend la forme d'une production culturelle
abondante qui doit naturellement parvenir au peuple de la façon la plus
appropriée.
L'hypertrophie de la production artistique a donc exercé une pression
sur les mécanismes de distribution, entraînant un renforcement propor-
tionnel de ceux-ci.
Examinons quelques exemples significatifs.
Au premier janvier 1959, il n'y avait dans tout le pays que six musées,
où régnaient sur les plans technique, artistique et financier en général des
conditions précaires. Le plus important, le Musée national, installé dans le
Palais des beaux-arts, était le plus favorisé, et pourtant l'édifice et l'orga-
nisation présentaient de grandes insuffisances du point de vue de l'aména-
gement et des services rendus au public, insuffisances qui transformaient en
une masse inutile l'énorme architecture du Palais des beaux-arts ; il n'y
avait pas assez d'espace pour les réserves et pour l'atelier de restauration.
A cet égard, la première tâche de l'État révolutionnaire a consisté à
réaménager les locaux et à améliorer les services assurés par le Musée
national et à restaurer et réinstaller les musées de l'intérieur du pays : le
Musée Bacardi de Santiago de Cuba, le Musée Agramonte de Camagiiey, le
Musée de Remedios, le Musée de Cardenas, et le musée qu'abrité la maison
natale de l'apôtre de notre indépendance, José Martî.
La deuxième étape a consisté à installer onze nouveaux musées qui
fonctionnent déjà, et il doit encore en être créé sept qui seront prochaine-
ment inaugurés.
Les onze musées inaugurés par l'Etat révolutionnaire sont les suivants :
le Musée des arts décoratifs, le Musée napoléonien, le Miisée Hemingway, le
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années, 53 musiciens étrangers se sont rendus à Cuba soit pour jouer avec
l'orchestre symphoni<jue national soit pour donner des concerts en solistes.
Pour appliquer une politique cohérente de diffusion de la musique
cubaine, on a créé le Centre de développement, de programmation et de
diffusion de la musique, organisme chargé d'assurer la coordination des
activités de toutes les institutions du pays qui s'occupent de musique.
Ce centre suit et contrôle le travail des arrangeurs et des spécialistes de
l'orchestration musicale en vue de faire bénéficier de leurs services les
divers groupes de musique populaire dont les membres, du fait de leur
formation d'autodidactes, n'ont pas les connaissances nécessaires pour
réaliser leur propre orchestration.
Le Centre de développement de la musique se charge aussi de choisir
entièrement le répertoire des interprètes désignés pour faire des tournées
à l'étranger, en tenant compte de tous les aspects de la représentation :
danse, interprétation, jeu, musique et chant.
Le manque d'arrangeurs et la forte demande dont leurs services sont
l'objet favorisaient l'établissement de relations de type commercial dans la
production musicale, en contradiction avec le principe de création artistique
défendu par l'État révolutionnaire. L'engagement de ce personnel dans le
cadre d'un système de salaires équitable a permis d'offrir un service
rationnel et gratuit à tous les ensembles musicaux. Malgré l'aide des arran-
geurs sous contrat et d'autres arrangeurs qui ont proposé leur collaboration,
le service est encore insuffisant, et c'est pourquoi on s'est orienté vers la
formation de nouveaux arrangeurs grâce à un plan d'études intensives qui
a déjà donné des résultats satisfaisants.
De plus, le centre a poux rôle de fournir une information appropriée sur
le mouvement musical du monde entier à nos créateurs et interprètes, grâce
à un centre de documentation spécialisé qui dispose des services d'une
bibliothèque et d'un département de périodiques.
En 1968, 50 interprètes cubains de musique populaire se sont rendus à
l'étranger pour y participer à des manifestations internationales, en appli-
cation d'accords culturels ou pour remplir des engagements dans divers
pays. En 1969, ce chiffre s'est élevé à 55, et il a atteint 90 en 1970.
Le domaine littéraire a vu se développer un nouveau mouvement,
apparu dans les « ateliers » littéraires, qui se propose d'apporter la littérature
au peuple non seulement par l'intermédiaire des publications périodiques
et des livres, mais aussi grâce à des équipes de poètes et de narrateurs qui
organisent des soirées dans les lieux de travail et dans les lieux publics pour
lire leurs œuvres. Dans de nombreux cas, ces lectures sont associées à de
la musique et on a vu apparaître des poètes troubadours qui disent leurs
poèmes en s'accompagnant d'instruments de musique. Ainsi, la littérature
acquiert une nouvelle dimension par le contact entre le créateur et son
œuvre et le public.
Autre mode d'expression nouveau : les poèmes illustrés qui sont exposés
dans des salles et des galeries ; c'est ainsi qu'il existe dans la ville de
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Activités Utilisateurs
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L'Union des écrivains et des artistes cubains (UNEAC) a été fondée lors
du Congrès des écrivains et des artistes qui s'est tenu à La Havane, dn
18 au 22 août 1961.
Le Congrès constitutif de l'union a défini ainsi les buts de cet organisme :
favoriser la création d'œuvres littéraires et artistiques ; créer des conditions
propices au travail intellectuel de ses membres ; lier les œuvres des écrivains
et des artistes aux grandes tâches de la révolution cubaine en sorte que ces
œuvres la reflètent et la stimulent ; organiser de libres débats sur les
problèmes de la création littéraire et artistique ; favoriser les travaux
tendant à approfondir l'étude de nos traditions et tout ce qui vise à définir
les caractéristiques de la personnalité cubaine en analysant de façon critique
notre patrimoine culturel et en l'incorporant à l'ensemble de la culture
nationale ; renforcer les liens avec la littérature et l'art des nations sœurs
d'Amérique ; accroître les relations culturelles avec tous les pays du monde
et surtout avec ceux dont l'expérience socialiste peut fournir de précieux
enseignements ; favoriser la formation de nouveaux talents littéraires et
artistiques en orientant leurs efforts et en contribuant à la diffusion de
leurs œuvres.
Pour être admis à l'Union des écrivains et des artistes cubains, il faut
créer des œuvres littéraires ou artistiques ou participer à des activités de
cette nature et avoir fait preuve dans ces activités d'un certain niveau de
compétence technique, de qualité et d'originalité créatrice.
Les membres de l'Union des écrivains et des artistes sont groupés selon
leurs spécialités. La littérature, les arts plastiques, la musique, le théâtre,
le cinéma, le ballet et la danse forment autant de sections, bien que dans
le cas des sections du théâtre, du cinéma et du ballet et de la danse il n'y
ait pas en fait de plans de travail particuliers puisque ceux-ci relèvent de
l'Institut cubain de l'art et de l'industrie cinématographiques, dans le cas
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tenu des ressources qui lui avaient été affectées, un plan de construction,
de reconstruction et de rénovation des salles de cinéma.
Il y a actuellement 19 chantiers en cours, dont 14 nouvelles constructions
et 5 rénovations on reconstructions. La quasi-totalité de ces salles s'ou-
vrira dans les trois ou quatre mois qui viennent. Parallèlement aux chantiers
en cours, on a entrepris récemment des travaux d'entretien et de rénovation
dans 17 salles.
Les nouveaux cinémas remplacent pour la plupart des salles fermées ou
qui risquaient la fermeture du fait de leur vétusté.
Cependant, il reste à accomplir une tâche immense dans ce domaine : de
nombreuses localités n'ont pas encore de cinéma et, dans d'autres, l'état des
salles est réellement déplorable par suite d'un long abandon. L'entreprise
privée ne s'intéressait qu'au profit et les bâtiments et le matériel ont très
rarement fait l'objet de travaux d'entretien indispensables. De 1965 à 1968,
44 nouvelles salles de projection ont été construites et 59 ont été rénovées
ou reconstruites, soit au total 103 salles.
Par la publication régulière de la revue Ciné cubano, qui a débuté
en 1960 et dont 51 numéros ont déjà paru, par l'édition de 13 livres de
caractère théorique ou d'information et de 10 numéros du bulletin du
Service d'information et de traduction, s'ajoutant à 29 livres et brochures
techniques à usage interne, la politique d'édition de l'ICAIC, aujourd'hui
intégrée aux plans de l'Institut du livre, s'est proposée de répondre aux
besoins d'information et d'encourager l'intérêt porté aux divers secteurs de
cette activité culturelle complexe.
La Cinémathèque cubaine a été créée vers le milieu de 1960 ; département
culturel de l'ICAIC, elle a pour fonction d'acquérir, de conserver et de
classer tout le matériel utile à la connaissance et à l'étude de l'histoire
du cinéma depuis ses origines (films, livres, revues, catalogues, matériel
publicitaire, appareils curieux, etc.), en accordant une attention parti-
culière à tout ce qui touche le cinéma national ; elle est également chargée
d'assurer la présentation de ce matériel au grand public et aux étudiants
et spécialistes, à l'intention desquels sont organisés des programmes.
La Cinémathèque cubaine a été admise en 1961 comme membre provi-
soire et, peu après, comme membre permanent de la FIAF (Fédéra-
tion internationale des archives du film). Elle a également été admise
comme membre permanent de l'Union des cinémathèques d'Amérique
latine (UCAL) à l'occasion de son assemblée constitutive qui s'est tenue
à Vina del Mar (Chili) en 1967.
La Casa de las Américas, qui a été fondée en avril 1959, répond à une
double nécessité : réunir une équipe de spécialistes qui puissent faire
connaître dans notre pays les œuvres et les auteurs de toute l'Amérique
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Autres institutions culturelles
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Autres institutions culturelles
Institut du livre
Une des difficultés les plus graves auxquelles se heurte l'industrie du livre
dans nos pays réside précisément dans le faible nombre des lecteurs en
raison, notamment, de l'analphabétisme et de l'insuffisance de la scolari-
sation ; le développement de la lecture n'a trouvé en Amérique latine des
conditions favorables que dans les grands centres, où se trouvent non
seulement presque toutes les librairies et bibliothèques et presque tous les
centres de lecture, mais aussi les personnes qui peuvent investir en livres
une partie de leur revenu.
De plus, en Amérique latine, le livre est généralement un article cher :
les tirages limités, précisément en raison du petit nombre de lecteurs, ne
permettent pas de réduire le prix de revient des éditions.
Ce qui accroît aussi le coût de la production des livres dans la région,
c'est le prix du papier et parfois le caractère périmé des méthodes de
production « qui n'ont pas toujours la rapidité, la souplesse et la mobilité
qu'exigé le livre dans le monde moderne ». Que la lecture se soit peu déve-
loppée en Amérique latine, c'est ce que prouve le fait que de 1961 à 1966 la
production de livres a présenté dans cette région des signes d'affaiblis-
sement ; qu'à l'époque du livre de diffusion de niasse, du livre de poche,
rares sont dans nos pays les éditions qui atteignent les 100 000 exemplaires ;
que cette région, qui représente 7,4 % de la population mondiale, ne produit
que 3,8 % des livres publiés dans le monde ; et que, dans nos pays, le tirage
moyen d'un livre n'est que de 7 000 exemplaires, chiffre inférieur à la
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Autres institutions culturelles
c'est parce que nous sommes sûrs et de cet usage et de sa grande valeur qu'il
t'est remis gratuitement. »
En 1967 est créé l'Institut du livre, qui s'inspire dès le début de l'expé-
rience des Éditions révolutionnaires et fait la synthèse de tous les facteurs
qui intervenaient dans la politique du livre à Cuba. Il est en fait devenu
un grand combinat où le livre parcourt tout le processus complexe qui
précède sa livraison au lecteur, ce qui a permis de formuler une politique
cohérente et homogène de production et de distribution.
L'Institut devait se proposer comme objectif vital la production massive
de manuels pour tous les niveaux de l'enseignement, de livres techniques et
de livres scientifiques.
En 1967, sur une production totale de 8 722 000 livres, 5 685 140 ont
été des manuels scolaires. L'augmentation très rapide du nombre des étu-
diants et la production incessante des livres de milliers de nouveaux lecteurs
chaque année font qu'en 1968 l'Institut a porté sa production totale à
13 066 417 livres, soit près de deux par habitant et par an.
Sur ce total impressionnant pour un pays de 7 millions d'habitants,
8 221 068 exemplaires ont été des manuels d'enseignement de tous les
niveaux.
Le plan pour 1969 prévoyait la production de 15 millions de livres
(chiffre total), dont 9 006 500 concernant directement l'éducation.
D'un peu plus d'un million de livres par an avant 1959, la production de
livres à Cuba est passée à 13 066 417 en 1968 et était prévue à 15 millions
en 1969.
Enfin, si l'on songe que plus de 70 % de ces 13 066 417 livres ont été
remis gratuitement à la population, on comprend bien que nous nous trou-
vons à Cuba en présence d'un fait culturel qui aura une portée insoupçonnée.
L'Institut du livre comprend les maisons d'édition suivantes, qui
publient différentes collections :
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Gente nueva. Édite des livres destinés aux enfants âgés de cinq; à neuf ans
et aux adolescents. L'an prochain, la série se subdivisera en plusieurs
collections (auteurs classiques, ouvrages d'enseignement, auteurs cubains).
A Santiago de Cuba s'ouvrira bientôt une librairie pour enfants, la
première de ce genre dans le pays.
Ciencias sociales :
Ediciones polîticas. Matériaux historiques, documents, témoignages.
Ciencias polîticas. Études politiques de niveau supérieur.
Filosofia. La pensée philosophique, des Grecs à nos jours.
Historia. Histoire.
Centenario 1868. Témoignages sur l'épopée de notre indépendance.
Guairas. Sur le développement de la pensée révolutionnaire et anti-
impérialiste en Amérique latine.
Viêt-nam. Témoignages, reportages sur la guerre du peuple vietnamien.
Teoria econômica. Textes de niveau supérieur sur l'économie.
Biblioteca El oficial. Textes et mémoires militaires.
Triângulo. Récits vécus d'espionnage.
Polémica. Discours et œuvres discutées.
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Émissions quotidiennes
« Por el ancho camino » présente sous forme de feuilletons les grandes
œuvres de la littérature universelle.
« Gente de nuestra America » présente les romans latino-américains.
« Un cuento » présente chaque jour, sous forme dramatique, une œuvre de
ce genre.
« Tierras y nombres » raconte la vie des grands hommes qui, dans le monde
entier, ont contribué au progrès de l'humanité.
« Su novela inolvidable », romans du monde entier.
« Tu, la palabra y la noche », commentaires littéraires qui donnent lieu à
la diffusion de fragments d'œuvres de tous les genres et de commentaires
sur les auteurs, en vue d'éveiller l'intérêt pour la lecture grâce à des
fragments de diverses œuvres présentés sous forme dramatique.
« Aventuras », en brefs feuilletons, une sélection des meilleurs romans
d'aventures du monde entier.
« La gran aventura de la humanidad » présente à l'auditeur, sous forme
dramatique, les grands moments de l'histoire universelle.
« La novela de las dos » présente sous forme dramatique les œuvres les plus
célèbres dans la littérature romanesque universelle.
« Una novela para Usted », sélection de romans à contenu social marqué,
reconnus par la littérature universelle.
« Hombres de Cuba », émission biographique qui présente les personnalités
les plus marquantes de Cuba dans les domaines de l'action, des arts, des
lettres et des sciences.
« Aquî comenzo la accion », sélection des meilleures œuvres de la littérature
universelle dans les genres policier et science-fiction.
Émissions du dimanche
« De la cuentistica », émission consacrée à la diffusion des meilleurs contes
et récits.
« Teatro », les grandes œuvres du théâtre universel présentées à la radio.
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