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Le statut du président
§1 : LE MANDAT DU PRESIDENT
A. Durée du mandat
Avant 2000 : septennat, et rééligibilité sans limite (depuis 1873).
Sous la 4ème République, le septennat ne posait pas de problèmes (le Président n
’a que peu de pouvoirs, et appréciable car il incarne la continuité de l’Etat. C
ette durée n’était elle pas excessive ?
Aux EU, les chefs de Gouvernements ont un mandat de 4 ans.
Au RU, le Premier ministre a un mandat pour 5 ans.
Cette question se pose en politique et pour les Constitutions.
Dès les années 1970, 1er projet de révision dans le sens du quinquennat, en 1973
, avec Pompidou, mais division et échec face au Sénat.
Points positifs : Le Président sera soumis à un contrôle populaire plus fréquent
, d’avantage adapté à l’importance des fonctions exercées par le Président. « Re
spiration démocratique ».
La durée du mandat sera alignée sur la législature (députés),
donc cela permet d’éviter une susceptible cohabitation entre le Président et l’A
ssemblée Nationale (parti différent) dans les deux dernières années du mandat pr
ésidentiel. Le Président n’est pas cantonné à un simple rôle d’arbitre.
Points négatifs : Un mandat de 5 ans dénature les institutions (contraire à l’es
prit de la 5ème République). Le Président est un arbitre au dessus des contingen
ces partisanes (Parlement). Une même durée de mandat avec le Parlement l’empêche
rait d’avoir un recul par rapport aux chambres.
Cela accentuerait la présidentialisation du régime du côté de
l’exécutif (des pouvoirs du Président renforcés au détriment du Premier ministr
e, dont la fonction serait menacée).
Mais ces critiques adressées au quinquennat n’ont pas empêché son adoption...
2) Le quinquennat, depuis la révision de 2000
Il a été adopté sous la cohabitation Chirac/Jospin (1997-2002).
Jacques Chirac n’était pas vraiment favorable à l’adoption d’un quinquennat, mai
s le PS, majoritaire à l’AN était plutôt favorable, car cela irait dans le sens
d’une « plus grande respiration démocratique ».
VGE (UDF, ancien Président de la République) rouvre le débat en déposant une pro
position de loi constitutionnelle, visant à introduire le quinquennat. Le Gouver
nement est favorable, et le Président de la République prend conscience que la r
éforme risque de lui être imposée. Il décide alors de la proposer lui-même. Sur
proposition de son premier ministre Lionel Jospin, Chirac dépose un projet de lo
i constitutionnelle (cf. Article 89). Un référendum est organisé le 24 septembre
(taux d’abstention particulièrement élevé, qui frise les 70%) dont 73,15% des v
otants votent « oui ».
La loi constitutionnelle du 2 octobre 2000 est promulguée, et modifie l’article
6 de la Constitution.
La question qui s’est posée est celle de savoir si le calendrier des élections l
égislatives et présidentielles devrait être maintenu, en particulier pour 2002,
la prochaine échéance ?
La dissolution de l’AN d’avril 1997, a eu pour conséquence d’imposer l’organisat
ion des élections législatives suivantes en février/mars, donc juste avant l’éle
ction présidentielle qui devait avoir lieu en avril/mai.
La logique des institutions voulait qu’on inverse le calendrier, l’élection prés
identielle avant les élections législatives, et donner aux élections présidentie
lles aient un rôle déterminant. Cela permettrait aussi que les cohabitations soi
ent moins fréquentes. En effet, l’élection présidentielle est d’avantage suscept
ible de créer une dynamique en faveur e la majorité à laquelle appartient le can
didat élu. Jacques Chirac en a d’ailleurs bénéficié car l’UMP a gagné les électi
ons alors même que Jacques Chirac avait obtenu 20% au premier tour.
Cette inversion (présidentielles puis législatives) a joué en 2002 et s’est prol
ongée en 2007, avec Nicolas Sarkozy.
Cette inversion sera votée par une loi organique du 15 mai 2001.
La révision du 23 juillet 2008 a par ailleurs limité le nombre de mandats succes
sifs à deux.
B. L’interruption du mandat
Un intérim est organisé dans deux hypothèses :
- en cas de vacance de la présidence, ou de démission, décès ou destitution du P
résident.
- en cas d’empêchement définitif du Président. Il est constaté par le Conseil Co
nstitutionnel qui doit être saisi par le Gouvernement et le Conseil Constitution
nel doit statuer à la majorité absolue de ses membres (maladie grave, enlèvement
, disparition du Président).
L’intérim est confié au Président du Sénat et si celui-ci est à son tour empêché
, il est confié au Gouvernement.
Leur rôle est d’organiser les élections présidentielles dans les délais prévus p
ar la Constitution et certaines règles prévues par la Constitution ne sont pas a
pplicables durant cet intérim :
- Le Gouvernement ne peut pas être renversé par l’AN
- Le Président intérimaire ne peut pas recourir au référendum, ni dissoudre l’AN
.
- Aucune révision de la Constitution ne peut avoir lieu durant cette période.
Cela s’est passé en 1969 (démission du Général de Gaulle) et en 1974 (décès du P
résident Pompidou). Alan Poher, MRP et Président du Sénat, a assuré ces deux int
érims.
§ 2 : L’IRRESPONSABILITE POLITIQUE DE PRINCIPE DU PRESIDENT
A. Analyse textuelle
- Droit antérieur à la révision de 2007 :
Article 68 de la Constitution dispose « le Président n’est responsable des actes
accomplis dans l’exercice de ses fonctions qu’en cas de haute trahison ».
En dehors du cas de la haute trahison, il n’est responsable ni pénalement, ni ci
vilement, ni politiquement des actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions.
Il bénéficie d’une « immunité » qui le protège dans l’exercice de ses fonctions.
La haute trahison n’est pas définie dans la Constitution, ni dans un autre texte
, et il n’y a aucun précédent.
La doctrine a considéré que le Président se rendrait coupable de haute trahison
s’il commettait une infraction pénale grave (trahison des devoirs de sa charge),
ou s’il violait de façon particulièrement grave la Constitution. Non seulement
pourraient être concernés des comportements consécutifs d’une infraction pénale,
mais aussi de type politique.
Article 67 : Cette responsabilité pour haute trahison peut être mise en œuvre pa
r la Haute Cour de Justice (HCJ) est composée uniquement de Parlementaires élus
par les deux chambres et statuant à la majorité de ses membres.
La procédure de saisine se fait en plusieurs étapes :
1 : Proposition de résolution visant à saisir la Haute Cour doit être signée par
1/10 des membres de chaque Assemblée.
2 : La mise en accusation du Président peut être votée par les deux Chambres à l
a majorité absolue des membres qui les composent (scrutin public).
A ce stade, la procédure est de type judiciaire, mais la composition de la Cour
est politique et ses modalités de saisine également.
3 : La Haute Cour peut prononcer la destitution du Président, mais également le
condamner à toute autre peine (la Constitution a laissé à la Haute Cour un pouvo
ir souverain, pour qualifier les actes de haute trahison, et pour la sanction).
Avant 2007, le problème qui se pose est d’avantage celui des actes commis en deh
ors de l’exercice des fonctions par le Chef de l’Etat, notamment avant leur entr
ée en fonction. Selon la rédaction initiale, ces actes ne sont pas couverts par
l’irresponsabilité posée dans l’article 68 et la Constitution ne dit rien à leur
sujet.
Ex : l’ancien Président de la République Jacques Chirac, soupçonné d’avoir joué
un rôle dans un système de mise en place d’emplois fictifs à la mairie de Paris,
qui aurait permis de faire financer le fonctionnement du RPR par le contribuabl
e parisien.
Problème : toutes les juridictions amenées à statuer sur ce point (CC et juridic
tions pénales) ont considéré que durant l’exercice du mandat, les juridictions
de droit commun sont incompétentes.
Quel juge compétent pour juger ces actes ?
La Constitution est muette sur ce point, il a donc fallu interpréter, mais il y
a eu une divergence des points de vue :
- Le Conseil Constitutionnel, le 5 janvier 1999, a rendu une décision à propos d
u traité instituant la Cour Pénale Internationale : il a estimé que la HCJ est é
galement compétente (lecture de façon séparée les dispositions de l’article 68,
et la phrase « il est jugé par la HCJ » valait dans tous les cas. Cette jurispru
dence a entrainé le dépôt d’une proposition de résolution visant Chirac, par un
député socialiste de l’AN, mais n’a pas obtenu assez de voix.
Cette interprétation présente un inconvénient majeur : la justice rendue est une
justice politique alors que les actes répréhensibles peuvent être des actes de
pur droit commun.
- La Cour de cassation a été saisie sur la question de savoir si le Président po
uvait être auditionné en tant que témoin : dans un arrêt d’octobre 2001, elle a
considéré que ce n’est pas la Haute Cour compétente pour juger ces actes, mais l
es juridictions de droit commun, pas lors du mandat, mais à l’expiration de celu
i-ci, le délai de prescription des poursuites étant dans ce cas suspendu.
C. A l’égard du CC
Article 56 : pouvoir de nommer 3 membres du CC, dont le Président.
Le Président peut aussi saisir le CC, afin de vérifier la conformité d’un texte
à la Constitution : soit une loi (article 61), soit un traité international (art
icle 54)