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Titre : La mobilité résidentielle des étudiants étrangers à Paris1

Auteur : Carolina PINTO, doctorante en deuxième année de thèse au LVMT, Université Parsi
Est.

I. Introduction
Se loger dans la capitale est une tache difficile pour les étudiants que ce soit parce que les
places proposées par le CROUS sont insuffisantes, ou parce que les alternatives du parc privé se
caractérisent par des prix élevés et par la méfiance des propriétaires. Environ quarante mille étudiants
de nationalité étrangère qui s’inscrivent dans un établissement d'enseignement supérieur chaque année
dans la capitale sont confrontés à ce défi. Ainsi, leurs trajectoires résidentielles apportent des
éclairages simultanés sur les stratégies d’apprentissage et de socialisation progressive des étudiants
dans la société d'accueil, ainsi que sur la mobilisation de ressources variées à partir des réseaux
sociaux de la société d'origine. Ces deux perspectives imbriquées, entre autres, expliquent
l’observation de trajectoires ascendantes et l’amélioration des conditions de logement au fur et mesure
que le séjour d'études se déroule.

II. Le contexte résidentiel parisien pour les étudiants étrangers

Chaque année, Paris attire une population étudiante d’environ cent soixante-dix mille
personnes, dont presque quarante mille de nationalité étrangère. Selon l’enquête de l’Observatoire de
la vie étudiante, les étudiants étrangers, et plus particulièrement les non communautaires, rencontrent
beaucoup plus de difficultés que leurs homologues français pour trouver un logement2. Quelles sont
les caractéristiques du contexte résidentiel qui les reçoit ? à quel contexte résidentiel ces derniers sont-
ils confrontés ?

Le scénario résidentiel parisien présente certaines particularités pour les étudiants étrangers.
Tout d’abord, l’insuffisance des logements pour les étudiants qui touche la plupart des villes
étudiantes françaises et oblige la grande majorité des étudiants à trouver un logement dans le marché
locatif privé. L’offre publique administrée par le CROUS de Paris compte 3 363 places en ville3, et est
réservée prioritairement aux étudiants étrangers boursiers du gouvernement français. De ce fait, les
résidences universitaires sont une manière de se loger plus répandue parmi les étudiants étrangers non
communautaires4, mais il s’avère également déficitaire.

En outre, Paris en tant que capitale se caractérise par l’accueil de nombreuses populations en
situation de mobilité. Cependant, l’offre de locations privées mises en œuvre à cet effet se révèle peu
accessible pour les étudiants. L'atlas des Franciliens remarque que Paris répond à la logique d’un lieu
de passage, ce qui explique son offre spécifique autour des locations de courte durée. « Avec ses petits
logements et son parc locatif privé, Paris attire fortement les étudiants et les jeunes adultes »5. Ainsi,
Bonvalet et Brun affirment que la banlieue apparaît comme un espace où l’on s’installe, tandis que
1
Cette communication s’inscrit dans la préparation d’une thèse doctorale à l’Université Paris Est dirigée par
Frédéric de CONINCK et encadrée par Serge WEBER.
2
L’Observatoire de la Vie Etudiante (OVE) souligne qu’« on observe des variations selon l’origine
géographique des étudiants puisque 60,2% des non Européens ont trouvé un logement difficilement ou très
difficilement contre 49,1% des Européens. Quant aux étudiants français, ils sont 31,7%. ». Cette étude
correspond à une enquête réalisée en 2005 sur les étudiants étrangers (n=1 715) de dix universités françaises
dont six étaient situées dans la région parisienne. (OVE Infos n° 12, juin 2005).
3
Chiffre pour le mois du septembre 2009. Voir le site d’Internet du CROUS Paris http://www.crous-
paris.fr/article.asp?idcat=AAD
4
Le même rapport de l’OVE indique par rapport au logement des étudiants que le 6,8% des français, le 8,8%
européens et le 17,9% des étudiants no communautaires habitent dans une résidence universitaire gérée par el
CROUS (OVE Infos n° 12, juin 2005).
Paris reste un lieu de passage idéal pour les populations qui échappent à ce modèle résidentiel6. De ce
fait, la ville propose des appartements meublés, des nombreuses résidences et auberges, ou des baux
de courte durée. Toutefois, en raison des prix chaque fois plus élevés des loyers 7 et des nombreuses
garanties à fournir pour accéder à une location, les étudiants en général ont beaucoup de difficultés
pour accéder à une location. En particulier, la requête d’un garant de nationalité française pour la
signature d'un bail demandée par la majorité des propriétaires et d'agences de location, devient une
entrave pour les étudiants étrangers car ceux-ci n’ont pas de contacts sur place. Une alternative pour
surmonter cette difficulté serait d'obtenir une garantie institutionnelle de la part d'une banque privée ou
d'un organisme reconnu par l'état. Néanmoins, obtenir ce type de garanties est soumis également à
plusieurs conditions économiques, et souvent, ces dispositifs eux-mêmes ne sont pas acceptées par les
propriétaires.

Enfin une dernière caractéristique du contexte résidentiel parisien pour des étudiants étrangers,
est la présence de populations étrangères qui influence les manières de chercher un logement et la
configuration même du marché immobilier. De nombreuses études dans la ligne de l’École de Chicago
ont remarqué la portée des dynamiques socio-ethniques dans la configuration des villes où le
rapprochement géographique des populations étrangères reflète un tissu social vigoureux. La diversité
des nationalités habitant Paris met à disposition un réseau d’informations et de contacts différencié
selon l’origine. Ce réseau peut être disponible pour les étudiants étrangers au moment de chercher un
logement.

Notre démarche qualitative nous a amenée à définir quatre types de logement à Paris
disponibles pour les étudiants. Le premier s’adresse au nombre limité d'étudiants étrangers qui
comptent un membre de sa famille habitant à Paris, il s’agit donc d’un hébergement, mais cette
situation semble être temporaire et précaire, car la personne ne dispose qu’exceptionnellement d’un
espace privatif. Le deuxième type est le logement en résidence étudiante qui, comme on l'a déjà
remarqué, reste réservé en priorité aux étudiants boursiers du gouvernement français. Ainsi, se
procurer une place dans une résidence s’avère compliqué, voire impossible pendant la période de la
rentrée académique, et, le renouvellement n’est pas assuré pour l’année suivante. Le Cité
Internationale Universitaire de Paris est la résidence la plus grande de la région Ile de France avec
5 600 places ; elle est gérée simultanément par le CROUS et des partenaires privés, et accueille
davantage des étudiants de troisième cycle, des boursiers ou des chercheurs en mobilité. Le troisième
type concerne la location d’un logement individuel, un appartement ou studio, difficilement accessible
en raison des prix, des surfaces et des garanties demandées, mais qui semble l’une des alternatives les
plus stables du point de vu des locataires. Enfin, le quatrième type est le partage d’un appartement à
plusieurs, soit en colocation, soit en occupant une chambre chez l'habitant. Loger chez l’habitant peut
signifier le paiement d’un loyer ou la contribution aux tâches domestiques, comme surveiller les
enfants (c’est le cas des filles au pair) ou donner des cours de soutien scolaire. Partager un
appartement semble être un système beaucoup plus accessible pour les étudiants en termes de prix et
de garanties demandées, en revanche, cette flexibilité peut signifier l’absence de bail pour les
locataires exposés au risque de perdre leur caution ou de tomber dans l’illégalité. Un cas particulier de
ce type est la sous-location, bien que souvent proposée, mais en principe interdite, elle implique
l’absence de bail et de quittances de loyer et ainsi ne permet pas de bénéficier d’aucune aide au
logement.

Face aux difficultés associées à la recherche d’un logement à Paris, il est possible de se
demander pourquoi il est tellement important de rester à Paris. En effet, une alternative moins chère,
plus spacieuse et moins sollicitée serait d'habiter en banlieue. Les trajectoires étudiées montrent
5
ATLAS DES FRANCILIENS, tome 3, chapitre 4, synthèses du chapitre 4 : Migrations résidentielles.
Disponible en ligne http://www.insee.fr/fr/insee_regions/idf/publi/atlas3ch4.htm
6
BONVALET, C., & BRUN, J., (2002), « État de lieux des recherches sur la mobilité résidentielle » in LEVY,
J.-P, & DUREAU, F., L’accès à la ville : les mobilités spatiales en questions, L’Harmattan, p. 42
7
Paris est l’une des villes françaises montrant depuis plusieurs années une augmentation soutenue des loyers :
+29% au total entre 1998 et 2002, soit +6,6% par an. Le loyer pour les studios et les appartement d’une pièce
atteint 23€/M2 en 2007. Source : www.clameur.fr
parfois des périodes en banlieue, mais brèves, en témoignent les efforts des étudiants pour revenir à
Paris. Ils arguent que rester en la ville signifie un meilleur accès aux opportunités pour étudier,
travailler et s’amuser. De plus, habiter à Paris semble être le cœur de l’imaginaire d’un séjour d’étude
en France. Peut-être le simple fait de rester un temps dans l’une des villes les plus belles du monde est
une raison pour éviter la banlieue, particulièrement au début du séjour. Cependant, on a observé que
cette condition devient moins importante au fil du temps.

III. Les trajectoires résidentielles ascendantes

La notion de trajectoire nous permet d’étudier la relation entre mobilité résidentielle et la


mobilité sociale des étudiants étrangers. La trajectoire résidentielle serait l’ensemble des logements
consécutifs qu’occupe l’étudiant au cours de son séjour de manière que chaque lieu de résidence garde
un rapport étroit avec la situation sociale et matérielle des étudiants.

Quand on parle de trajectoires ascendantes, on n’entend pas signaler une amélioration absolue
d'un certain nombre de critères fixes caractérisant les logements occupés par l'étudiant. Au lieu de se
focaliser uniquement dans la comparaison de paramètres objectifs associés au logement comme la
surface, le prix du loyer ou les conditions du quartier, on a privilégié l'observation du rapport entre les
attentes et les besoins des acteurs et les conditions du logement auxquelles il accède dans une période
déterminée. A cet égard, l'approche biographique des entretiens a été fondamentale pour identifier les
enjeux pertinents à chaque moment et comprendre leurs enchaînements au fil du temps. Dans ce sens,
on a remarqué un raccourcissement graduel de la distance entre les attentes ou les besoins et le
logement finalement obtenu, ce qui coïncide fréquemment avec l'amélioration des conditions
socioéconomiques du séjour.

Ainsi, les trajectoires de mobilité résidentielle font partie du processus global d'apprentissage
social que l'étudiant vit pendant la réalisation de ses études à l'étranger, et elles reflètent ses différentes
étapes. Au cours de notre recherche, nous avons constaté que l'insertion résidentielle se fait en
fonction du réseau social, des sources de financement, des conditions institutionnelles des études, et
des conditions juridiques du séjour. L'ensemble de ces facteurs vont évoluer en interagissant les uns
avec les autres, en ouvrant de nouvelles possibilités de logement et en fermant d'autres pendant la
durée des études.

Comme étude de cas, nous examinerons ici la trajectoire résidentielle de deux étudiants
étrangers habitant Paris entre les années 2005 et 2009. Ceux-ci ont été choisis parmi les 27 personnes
interviewées jusqu'à maintenant. Le premier illustre le cas des étudiants qui ont bénéficié de plusieurs
sources différentes de financements pendant leurs années d'études : l'observation des déménagements
successifs et de l'insertion sociale et professionnelle de l'étudiant coïncident avec une amélioration
progressive des conditions du logement du point vue de l'acteur. La deuxième trajectoire exposée
illustre le cas des étudiants boursiers du gouvernement français qui sont logés pendant leur séjour dans
des résidences étudiantes gérés par le CROUS.

Assem. Étudiant marocain en master professionnel de sciences économiques. A la fin de son


master professionnel suivi à Lille, il trouve un stage payant à Paris pour six mois. Sans aucun contact
en ville, il prévoit son arrivée dans une auberge de jeunesse dans le onzième arrondissement le temps
de chercher un logement plus définitif. Assem se rend au CROUS pour s'informer en obtenant une
liste avec les cordonnées des résidences étudiantes. A ce moment, le plus important pour lui était de
sortir au plus tôt de l'auberge et de rester préférablement à Paris car l'entreprise se trouvait à la
Défense. Après un mois il reçoit des réponses affirmatives de la part de trois résidences en banlieue
parisienne et il choisit la plus pratique pour se rendre à Paris. En habitant toute la durée du stage dans
la résidence, y habiter lui semble avantageux en termes de loyer, mais très inconfortable car il s'agit
d'une chambre de 10 mètres carrés. A la fin de cette période, Assem est embauché par son entreprise et
il doit quitter la résidence en raison de la perte de son statut d'étudiant. Au même moment il ressent
l'envie croissante de vivre avec un confort plus important et le début de sa vie active est l'opportunité
pour le faire. Il cherche des propositions de studios sur le site de « particulier à particulier » pour
contacter les propriétaires, mais il est rejeté plusieurs fois, parfois du fait de sa condition d'étranger,
d'autres fois pour n’être pas en mesure de présenter un garant de nationalité française (la prise en
charge de ses parents n'a été acceptée par aucun propriétaire), et également, du fait de l'absence de
fiches de paie. Après environ un mois de recherches infructueuses, il prend la place d'un ami espagnol
qui quittait Paris, cet ami l’ayant présenté à la propriétaire de telle sorte qu'il n'ait pas à présenter de
garanties financières. Cette amitié est née grâce à l'engagement d'Assem dans une association d'accueil
des étudiants étrangers à Paris. Le logement était une sous-location d'une chambre chez l'habitant
placée dans un grand appartement dans le 7e. Au début, l'étudiant était très satisfait car l’endroit était
beau, spacieux et bon marché, en outre, la propriétaire n'était jamais à la maison. Après un an, les
conditions changent parce que la propriétaire décide de quitter l'appartement et de sous-louer d'autres
chambres à ses propres amis. Face à une cohabitation difficile, l'étudiant décide de se mettre à la
recherche d'un nouveau logement. Cette fois-ci, Assem a un dossier plus solide, il possède le statut de
salarié et il bénéfice d'un CDI. Son entreprise propose des aides au logement qui semblent
intéressantes, mais à ce moment il n'y avait que des propositions en banlieue, de telle façon qu'il
décide d'attendre une offre à Paris. Après six mois, l'entreprise lui propose un deux pièces dans le 13e
et elle se porte comme garant pour la signature du bail. « C'est une façon de fidéliser les employés,
j'aime bien mon travail, mais si demain je le quitte, ils peuvent me demander l'appartement »

Rocio, étudiante chilienne, master professionnel en sciences de la santé. En tant que boursière
d'un programme soutenu par la région Ile de France, elle habite pendant trois ans en Cité Universitaire
dans la maison de la Fondation Deutsch de la Meurthe. Même si son logement a été le même pendant
presque toute sa formation, ses attentes et ses besoins ont beaucoup évolué durant cette période. La
première année, le lieu semble parfait pour rencontrer des gens, dépenser le minimum avec un loyer
correct pour une chambre de 18 mètres carrés tout en restant à Paris, et profiter des endroits privilégiés
comme les bibliothèques ouvertes jusqu'à 22 heures ou des infrastructures pour faire du sport.
L'ambiance humaine apparait festive et accueillante, caractéristique remarquée comme l'un des bons
cotés de la Cité Universitaire. Cependant, dans les périodes de vacances la résidence reste vide et
chaque année les gens qu'elle rencontre sont toujours étrangers, et ils partent inexorablement. Il existe
un rythme social qui n'aide pas à une socialisation durable. Dans la deuxième année, son calendrier
scolaire devient très chargé et elle vit mal l'ambiance festive et bruyante de sa résidence. De plus, le
fait de partager la cuisine, la salle d'eau et les toilettes signifie que la plupart du temps elles ne sont pas
propres, de sorte qu'elle ressent le besoin croissant de déménager pour se sentir chez elle. Toutefois,
elle est obligée de rester à cause du contrat de la bourse. A la fin de la deuxième année son
financement se termine, mais sa formation compte 4 ans, elle se met donc à la recherche d'un travail à
mi-temps et d'un logement. Même si Rocio ne souhaite pas vraiment rester là, elle dépose sa
candidature pour renouveler sa place à Cité Universitaire si jamais elle ne trouve pas autre chose. Face
à la diminution de ses revenus et l'impossibilité de montrer des garanties financières, la recherche d'un
logement s'avère infructueuse pendant l'été, mais sa candidature est retenue pour passer une troisième
année à la cité U. Dans un forum de l'emploi de la même résidence, elle trouve un job étudiant en tant
qu’animatrice pendant quelques mois dans une école en banlieue proche. Cette troisième année se
révèle très dure du fait du manque d'un financement stable, de la recherche constante de petits boulots
et d'autres possibilités de logement, parallèlement à la poursuite des études. Lentement, elle
commence à travailler en tant que thérapeute grâce aux contacts des professeurs et des amis de la
faculté. En acceptant les demandes rejetées par d'autres collègues « Personne veut les prendre car il
s'agit d'offres très éloignées et mal rémunérées », Rocio finit l'année scolaire avec succès mais au prix
d’une routine épuisante et précaire. Au début de sa quatrième et dernière année de formation, elle
travaille toujours plus en tant que thérapeute, mais parfois elle doit prendre aussi des jobs étudiants car
les opportunités professionnelles sont sporadiques. En septembre Rocio quitte définitivement la cité
universitaire pour habiter dans une colocation en banlieue sud. Satisfaite de cette opportunité très
avantageuse par rapport au prix et aux espaces, elle se sent très à l'aise avec ses colocataires d'origine
chilienne qui appartiennent à une communauté d'exilés politiques. Elle n'a pas dû présenter de garantie
pour s'installer, par contre, en absence du bail, elle ne peut pas toucher d’aide au logement.
Quels sont les éléments qui expliquent ces deux trajectoires ascendantes ? Après l'analyse des
entretiens, on a distingué trois ensembles d'éléments explicatifs, les deux premiers concernent les
stratégies des acteurs, et le troisième, concerne les spécificités du contexte résidentiel parisien.

1) La mobilisation de ressources variées à partir des réseaux sociaux dans la société


d'origine. Face aux contraintes qui entravent la mobilité résidentielle des étudiants, les acteurs
s'appuient sur les réseaux d'origine pour surmonter ces difficultés. De ce point de vue, on a pu
remarquer l'appel aux liens faibles décrits par Granovetter8 qui se révèlent extrêmement puissants, par
exemple, dans la recherche d'un garant, ou, dans la recherche d'un logement de bouche à oreille. « Un
ami a trouvé un appartement, depuis un mois d'habiter dans un auberge, mais il n'avait pas de garant.
Il a appelé son père, qui a appelé quelqu’un d'autre, celui ci a appelé quelqu’un d'autre, jusque
finalement ils ont trouvé quelqu’un turc qui habitait à Paris et qui avait la nationalité française. Cette
personne travaillait comme ingénieur et il a accepté d'être le garant, même s'ils ne se connaissent
pas ». Les types de réseaux auxquels l'étudiant étranger peut accéder sont très divers, et ils renvoient
simultanément aux rapports existants entre la société d'origine et la société d'accueil, et à la position
sociale de l'étudiant dans la société d'origine. Un réseau très sollicité par certains étudiants est celui
des anciens élèves des écoles francophones dans le pays d'origine car une partie importante de ces
élèves vient après en France. Un autre est formé d’exilés politiques. Ce dernier type de réseau opère
souvent dans une logique communautaire où l'étudiant a une place ambiguë car il partage la même
nationalité, mais il n'affronte pas les mêmes conditions du séjour en France. En tout cas, ces réseaux
d'origine disposent d'un ensemble de ressources hétérogènes et informelles qui favorisent la mobilité
résidentielle de l'étudiant, comme par exemple, des offres de logement préférentielles pour les
nationaux, des prêts sans intérêt pour payer la caution solidaire, des membres disposant de la double
nationalité et s’offrant à signer en tant que garant, des hébergements chez l'habitant en cas d'urgence,
des prêts de voitures pour le déménagement, etc.

2) L'apprentissage et la socialisation progressive des étudiants étrangers dans la


société d'accueil. Les trajectoires de mobilité résidentielle des étudiants traduisent un apprentissage
rapide des stratégies les plus efficaces pour se procurer un logement plus adapté à leurs besoins et dans
une période de temps chaque fois plus courte. « Maintenant je réalise combien du temps on a perdu la
première fois qu'on a cherché un appartement pour ne pas savoir quoi faire. On cherchait partout à
Paris quand il existe des quartiers super chers qu'on va jamais trouver une offre pour nous. Cette
dernière fois, on a cherché avec des agences pendant deux semaines et on a trouvé facilement ».
Après un premier déménagement, qui peut se révéler très difficile, voire traumatisant, les suivants
apparaissent toujours beaucoup moins compliqués tout en sachant dans quels quartiers de Paris
chercher et à quelle période de l'année il y a le plus de logements disponibles. Très vite les étudiants
apprennent qu'il faut contacter les propriétaires le plus vite possible et qu'il ne vaut pas la peine de
visiter un appartement sans avoir un dossier déjà préparé. Ces savoir-faire se constituent comme des
compétences acquises aidant à la mobilité9 résidentielle des étudiants. Toutefois, même si
l'apprentissage des astuces est nécessaire, se loger met en valeur un processus de socialisation
beaucoup plus profond qui change les conditions sous lesquelles ils ont dû agir dans les premiers
temps. Très vite, les étudiants étrangers cultivent de nouvelles amitiés et font partie des réseaux
sociaux locaux plus ou moins utiles au sujet du logement (l'université, des associations, le lieu de
travail, etc.). Ainsi, cette socialisation croissante peut agir soit d'une manière directe (par exemple,
trouver un logement par une nouvelle amitié), soit indirecte, par exemple, quand un nouveau
financement améliore le dossier de locataire.

8
GRANOVETTER (1973) a constaté qu’une majorité de personnes ont trouvé leur emploi grâce à des liens
faibles, c’est-à-dire aux relations hors de la famille et des amis très proches. Ce fait lui a permis de mettre en
valeur ces liens dans la mesure où ils agissent comme ponts entre différents cercles sociaux en laissant circuler
l’information.
9
KAUFMANN (2005) suggère qu’une partie importante de la mobilité est reliée aux compétences des acteurs,
c'est-à-dire leur savoir-faire. Les compétences acquises sont comprises par l'auteur comme l'apprentissage issus
des expériences personnelles.
3) L'effet des dispositifs institutionnels pour aider à la mobilité résidentielle dans la
société d'accueil. On a observé comment l'action du CROUS a été fondamentale pour loger les
étudiants étrangers. Dans certains cas, les boursiers notamment, ont bénéficié d'une place dans les
résidences étudiantes ce qui a signifié un loyer très inférieur aux prix du marché privé pour des
conditions de logement acceptables. Pour le reste des étudiants, cette institution joue parfois également
un rôle en tant que responsable institutionnel de l'accueil des étudiants étrangers à Paris et elle oriente
sa recherche. Parfois ce rôle est joué aussi par les établissements d'éducation qui ont leurs propres
bureaux d'accueil de l'étudiant étranger et où le logement est le plus sollicité. Sur un autre plan,
l'existence des aides financières pour le logement, plus particulièrement de la CAF, est perçue comme
un avantage par rapport à l'accueil dans d'autres pays. Dans une même ligne, certains étudiants ont
utilisé des dispositifs pour surmonter la contrainte du garant en prenant une caution solidaire
institutionnelle, le LOCAPAS. Ces dispositifs ne sont pas exclusifs pour les étudiants étrangers, ils
sont des mécanismes d'aide au logement dirigés vers les populations à faible revenu qui font face aux
contraintes du logement à Paris.

Pour finir, remarquons que c’est l’ensemble de ces conditions qui peuvent expliquer les
trajectoires ascendantes de mobilité résidentielle. Cette ascension ne se produit pas sous la forme d'un
processus d'acculturation chez l'étudiant étranger, avec par exemple un abandon progressif des réseaux
d'origine. Tout au contraire, on découvre que la conservation des liens sociaux avec la société
d'origine, en même temps que le développement d'autres liens nouveaux dans la société d'accueil, ont
un impact positif sur ces trajectoires de mobilité résidentielle.

IV. Conclusion

Se loger est au centre des préoccupations matérielles des étudiants étrangers. Le choix
résidentiel semble être réévalué d’une façon régulière, même si parfois cette révision ne se traduit pas
dans des déplacements effectifs. Une fois que les étudiants trouvent un lieu plus ou moins stable où
habiter, l’envie d’en trouver un autre meilleur persiste. A mesure que le séjour avance, plus qu’un
problème occasionnel, la mobilité résidentielle devient une préoccupation constante.
On assiste à un indéniable processus d'apprentissage, de socialisation et d'intégration sociale
chez les étudiants étrangers dans la mesure où ils restent de plus en plus longtemps dans la société
d'accueil. Ils gagnent des nouvelles ressources comme une meilleure maîtrise de la langue ou un
réseau d'amitiés plus vaste et varié. Cependant, ceci ne signifie pas la perte d'autres ressources
obtenues antérieurement dans la société d'origine : le processus de socialisation n'implique pas une
rupture avec les liens sociaux précédents.
La précarité est une menace constante chez l’étudiant étranger parce qu’il existe une instabilité
structurelle dans sa double condition. D'abord, la condition d'étudiant suit le rythme de l'année scolaire
ce qui implique des financements et des aides avec une durée variable, voire insuffisante, selon la
période de l'année, comme la distribution des places du CROUS. En outre, la condition d'étranger
signifie être soumis au renouvellement annuel du titre de séjour ce qui limite l'obtention d'un travail en
CDI ou la signature d'un bail. Même si cette instabilité est surmontée progressivement par les
étudiants étrangers, la limite d'une mobilité résidentielle et sociale réussie se trouve dans ces
conditions intrinsèques à la figure de l'étudiant étranger.

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