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'1 ROMANS .,RANÇAIS Jean Pierre Faye Les Troyens par Marc Saporta
• Denys Viat Le cœur en bandoulière par Alain Clerval
18 HISTOIRE Dirigée par Claude Pichois Littérature française par Claude Bonnefoy
LITTERAIRE
14 Stéphane Mallarmé Correspondance III, 1886-1889 par Michel Décaudin
LA QUINZAINB
Laforgue en poche
le livre de poche, dans une parfois attacher plus d'importan- par Claude Piohois
culture de masse, porte une ce à la préface dont il pense qu'un
responsabilité grandissante. peu snob elle rajeunira un vieux·
Etudiants et lecteurs, ensei- texte. Mais la préface de A est in-
gnants parfois, ne voient pas terchangeable avec la préface de
toujours la nécessité d'ac- B et, de toute manière, C pourrait
quérir le même texte à un l'écrire, et D et E. Points de vue
prix plus élevé. D'autant que ou guides..ânes.
sa présentation matérielle
permet de l'utiliser dans des A l'autre extrémité du large
circonstances où, naguère, éventail dont se composent les
on aurait eu scrupule à ou- collections de livres de poche, il
vrir un volume : aux Essais est des auteurs qu'on ne peut
publiés dans la « Bibliothè- lire, qu'on ne doit lire que sous
que de la Pléiade -, Thibau- cette forme : le texte est pur, il
det appliquait le mot de Cicé- est exhaustif. Ainsi du Tout Ubu
ron : nobiscum rusticantur. procuré par Maurice Saillet. Et
Combien plus vrai, mainte- aujourd'hui des Poésies complètes
nant, de ces petits livres ! de Laforgue dues à Pascal Pia
( c: le livre de poche classique »,
n° 2109, 672 pages!).
1
prise de destruction, elle fait de
La folie en tête voir, Jean Genet, ou Jacques - symétriques... le pont. Lointains
ses rapports avec les autres des
Gallimard éd., 412 p. l'impossible amant - est toujours
théâtralisations intérieures (très
raffinés, lumières d'orient entre les
inaccessible parce que son désir est
sarrautiennes d'ailleurs) au sein
branches ciselées. Notre·Dame est
( ailleurs». On sait, d'entrée de voilée de sris, enivrement» (243).
desquelles, imaginaire et surréel
Le « mal d'être », l'inadaptation jeu, qu'il vise un autre être, un Les « cantiques » que sont pour
président à la tétanisation dGulou-
profonde au monde et à autrui qui autre objet que la narratrice. Saisis reuse des contraires: ou bien l'ab·
.l'auteur les romans de Genet, trans-
pouvaient aisément trouver leur jus- un instant comme possibilités pro- sence d'autrui la confirme dans sa
paraissent ainsi dans la poésie d'un
tification dans la guerre, la lutte videntielles de coïncidence avec paysage, ou dans le sordide-sublime
non-existence, ou bien ~lle tremble
contre la faim et le désespoir pré- soi et avec le monde, les autres ne à l'idée d'oser exister devant lui.
d'une scène de prison, très Marat-
sentés dans la Bâtarde ne peuvent tardent pas à se transformer en (De Genet elle dit: ( Je disparais
Sade par ailleurs.
plus servir d'explication dans la obstacles. Ils ne cessent alors de quand il arrive », et elle ajoute
Simone de Beauvoir est aussi une
Folie en tête. Les ponts sont pour renvoyer, par leur seule existence, un peu plus loin : « C'est terrible...
trêve.. Violette Leduc lui doit l'exi-
ainsi dire coupés, qui mènent aux à un don impossible d'eux-mêmes, il m'accorde trop d'importance ».) .
geance sécurisante d'une amitié
solutions pseudo - rationnelles, et à une disponibilité dont l'absence sûre, vécue à une distance consen-
force nous est maintenant de com- ne peut que désespérer celle qui Le monde de « l'autre » est donc tie et conquise sur le désir, et qui
prendre que le déracinement et la fixe sur eux son désir. vécu ainsi, sous le signe' d'une en fait, la rassure en dépit des
déréliction de l'être sont en fait Ce livre sera donc aussi une tra- contradiction irréductible : il est tourments qu'elle a pu provoquer
toujours antérieurs à la présence géd~e : celle du désir et du, manque en même temps l'objet d'un désir chez un être qui ne cesse de trop
des situations traumatisantes elles- qui confirment l'impossibilité du infini, et il est subi comme une demander à autrui. La sereine
mêmes. Tout incline en fait à croire' bonheur et l'impuissance de vivre. menace perpétuelle et obstacle per- « exemplarité » de cette amie qui
que l'ensemble des activités mercan- Pour l'auteur, l'activité littéraire manent à la réalisation du désir. lui demande toujours si « elle a
tiles par exemple, auxquelles se li- est à la fois le seul refuge qui de- Violette Leduc nous donne dans travaillé», oriente chaque fois les
vrait avec tant de passion l'héroïne, meure devant l'échec dans le mon- ce livre un tableau des plus saisis- tumultueuses gravitations de la
servaient seulement d'écran à une de, et l'assurance tragique que l'on sants de la solitude à laquelle sont narratrice vers un centre d'apaise-
difficulté d'être plus générale, et est toujours seul et abandonné de~ condamnés la femme, l'écrivain, ment qu'elle s'acharnait à oublier
qui se manifeste de manière déci- autres. L'écriture c'est donc al1S!Ü solitude à laquelle ils se condam- et dont la présence fait que, sou-
sive dans les rapports avec autrui l'échec devant la vie, comme le nent aussi eux-mêmes. Mais cette dain, les maléfices de la création
comme horizon essentiel de toute remarquait Sartre, quand il écri- ( aventure » est toute vibrante des chan.gent de signes,' et se transfor-
expérience vécue par la narratrice vait : paroles, des émois, des séismes qui ment en grâces. Par elle, le côté
de la Folie en tête. Pourtant, les « Il n'y a pas de don d'affabu- font de ce destin difficile la ma- positif de la création se fait jour
pentes névrotiques sur lesquelles ce lation : il y a la nécessité de dé- tière du livre. Dieu qui semble dans le sens que Gracq lui donne
bouleversant voyage intérieur nous truire virtuellement le monde par· avoir donné à l'auteur « la per- quand il écrit : « Servir avec intel-
invite à glisser, sont aussi le luxe ce qu'anse trouve dans l'impossi- miSsion de tout détruire » lui a ligence les fatalités de sa propre
particulier qui s'attache à 'la réus- bilité d'y vivre. Il n'y a pas de aussi donné celle de tout faire nature, là réside le seul génie ».
site littéraire - réussite dans la- don verbal : il y a l'amour des renaître sous sa plume, dans un Mais écrire, pour Violette Leduc,
quelle cet autre lU:ll;e qu'est le suc- mots qui est un besoin, un vide, désordre qui est celui de la vitalité c'est aussi « prendre dans ses bras
cès lui-même a toujours pour en- une misère, une attention inquiète même de l'esprit et du cœur. un absent »; c'est étreindre la
vers une transfiguration tragique qu'on leur porte parce qu'ils pa- « tendre indifférence » du monde,
C'est dans la contradiction et
du destin humain. raissent recéler le secret de la l'aimer à fonds perdu et se perdre
l'ambivalence i n t i mes de ce
en lui, pour rien.. Il s'agit aussi
Considérés dans cette perspec- vie... (1). « vécu » que réside la « vérité »
du récit. L'amour y apparaît com- d'accomplir par la lettre et ( avant
tive., les récidives mercantiles (vé- Violette Leduc ne dit pas autre
me la simultanéité déchirante du la lettr~ » sa propre fin, et d'ac-
cues ou imaginées, peu importe) chose quand, à propos de l'activi-
don et du refus de soi et de l'autre: quiescer par l'écriture à la double
mais certes. incompréhensibles en té littéraire, elle conclut :
« C'est mon 'enfant, nous dit-elle orgie de la vie et de la mort dont
face du « chemin» parcouru par ( Ecrire, c'est tremper sa plume
de celui qu'elle aime. Je le couve. l'être du monde nous propose le
l'auteur, son amour panique des dans l'eau de mer le premier jour
C'est en le couvant que je suis le modèle.
objets et sa perpétuelle terreur du des vacances. Le reste est combi-
plus vipérine. Je sors mon venin Anne Fabre-Luce
« besoin », s'expliquent ocmme ten- naisons... tout le monde est écri-
tatives désespérées d'ancrage dans vain, après, ce sont des jeux de au moment où j'embrasserais le 1. ~. Cantat, M. Rybalka : w Ecrits
le réel et non pas en tant que glaces... Courir d'une certaine fa- dessus de sa main... Je le vomis, de Sartre, «la Vocation d'écrivain:o,
conduites d'aliénation. çon pour attraper un papillon, c'est ensuite je l'enveloppe de tulle. Gall. 1970, p. 696.
1 Coll. te Le Chemin ».
Gallimard éd., 173 p.
de 170 pages constitue un extraor·
dinaire répertoire de sujets de
Science·fiction. Sa force réside dans
Inutile d'insister sur le fait que
cette « économie générale» dont
parle Pousseur, est précisément l'ob-
jectif visé par Fourier. Remarqua-
le fait que chaque sujet s'inscrit
dans une vision globale, au lieu de ble anticipation de ce structuraliste
On connaît la doubl.e prédi·
frapper d'impuissance l'imagina. avant la lettre, de ce structuraliste
lection de Michel Butor pour
tion, en lui proposant des thèmes visionnaire.
le rêve et la science. Elle
.trouve l'.occasion de s'accom· de recherche divergents, fragmen. On imagine tout le parti que Bu·
plir, par exemple. dans l'évo- taires, contradictoires. Bien au con· tor pouvait tirer d'une telle struc·
cation de villes imaginaires. traire, une nécessité organique ture génétique, qui recoupe, à cha·
La ville est à la fois le lieu semble devoir présider ici aux des· que intersection du rêve et de la
de ,mille techniques et un tinées de l'ensemble. En montrant science, ses propres recherches.
produit de l'imagination. En que les périodes futures peuvent Fourier avait conçu cette pile géné.
ce sens toutes les villes sont être déduites des périodes décrites, ratrice de rêves; Butor fait passer
imaginaires: nous avons bâti Butor souligne que le système de le courant. De l'hypothèse grandio-
nos rêves. Fourier fonctionne. se (tout ce qui dure est assimilable
à une onde) se déduisent indéfini·
A ceux qu'une lecture trop hâ· ment de nouveaux mondes. Le poè.
Dès 1953, Butor consacrait quel. tive abuserait et qui se refuseraient te sans cesse à l'affût de nouvelles
ques pages pénétrantes à la science· à voir dans le fruit de la complicité
fleurs, de nouveaux astres, de nou-
fiction. Il y était question de villes de Fourier et de Butor autre chose
veaux sens, trouve ici l'occasion
futures, de villes prédites, et Butor qu'un tissu d'élucubrations gratui.
d'ébaucher une véritable Petite En-
estimait qu'un système qui serait tes, nous ne saurions trop conseil·
cyclopédie des Envies de vivre in·
assez fort pour intégrer les mythes 1er de se reporter à un autre ouvra·
connues. Les dernières pages du li·
fondamentaux dans le corpus scien· ge qui vient de paraître et mérite·
vre sont d'une émouvante beauté.
tifique contemporain., nous permet. rait un long commentaire; il s'a·
L'essayiste, de son côté, instaure
trait (nous obligerait) de construire git des excellents Fragments théo·
une nouvelle pratique très complexe
ces villes rêvées. Mais un tel systè. riques l, de Henri Pousseur essai
et fructueuse de la lecture. Lectures
me fait défaut et toujours selon sur la musique expérimentale, pu-
multiples : lecture de Fourier par
Butor, la science·fiction tourne à blié par les Editions de l'Institut
Fourier, impliquée dans le principe
vide. Ainsi Les récits de S·F tirent de Sociologie de l'Université Libre
même de l'extrapolation; lecture de
leur puissance d'un grand rêve de Bruxelles. Le titre de la Conclu·
Butor par Butor à travers Fourier.
commun que nous avons, mais ils sion est à lui seul tout un program·
~'fichcl But"r, par \ '"CO Ainsi lorsque Butor écrit : « Si la
sont incapables pour l'instant de me fouriériste : Pour une périodi.
pensée de Fourier nous apparaît
lui donner une forme unifiée. C'est cité généralisée. On peut y lire ces
dèle d'organisation c'est, pour Foù· toujours à travers un brouillard, s'il
une mythologie en poussière, im· lignes significatives :
rier, la série de 32 termes, gamme fLOUS faut perpétuellement ln re·
puissante, incapable d'orienter no· du nouveau monde harmonieux. constituer ce n'est nullement là un
tre action de façon précise. « Il semble possible de proposer
L'aspect scientifique précùrseur de hasard; il convient que le· lecteur
maintenant, comme développement
cette géniale rêverie à moins trait de la pensée sérielle, une méthode languisse vers une harm.onie en-
Il n'y a donc rien d'étonnant à tr'aperçue », ne suggère-t-il pas une
à l'astrophysique ou aux sciences « périodique» généralisée, capable
ce que Butor ait été fasciné par naturelles (encore qu'il soit ici relecture de ses propres harmonies
l'œuvre de Charles Fourier qui of· de donner à tout, au plus simple
abondamment question de Pluri- déguisées, étant entendu qu'un es·
fre un modèle de structures d'une comme au plus complexe, au connu
vers ou d'antibaleines et que la né· sayiste commente toujours l'œuvre
incomparable richesse. Le Traité comme à l'inconnu, au tout nou·
cessité d'une Encxclopédie natura· de son auteur en des termes qu'il
de l'Harmonie Universelle, le Nou- veau comme au très ancien (et par
logique enluminée constamment exemple aussi aux formulations souhaiterait voir appliquer à la
veau Monde Amoureux, le Nou- sienne propre ?
mise à jour, soit clairement établie) théoriques antérieures) un commun
veau Monde Industriel, Analogie et qu'aux principes combinatoires sur
Cosmogonie, la Fausse Industrie, dénominateur très proche de la réa· Ici Butor ne s'est pas contenté de
lesquels se fonde cette philosophie lité, parce que répondant à la fois
etc., constituent une somme de vè. traverser le texte de Fourier d'une
sérielle. aux propriétés synthétiques, concrè-
ritable cosmologie.fiction. lumière nouvelle; il s'est arrangé
tes et qualitatives de l'objet et aux pour que la théorie de Fourier tra·
Charles Fourier a imaginé un La théorie de Fourier exigences rationnelles de notre es· verse d'une nouvelle lumière ses
modèle d'organisation de ses écrits, oomme maohine à rêver prit, une méthode capable d'ouvrir propres écrits. Le résultat est sin·
destiné il régir en même temps que à tous ces domaines la voie d'un gulier : les deux œuvres se traver·
ses livres, « aussi bien la suite des Selon Fourier, l'histoire de l'hu·. fonctionnement coordonné, d'une sent mutuellement. En un sens Bu-
âges de l'individu que celle des pé. manité comptera donc 32 périodes. coopération fructueuse. Je trouve tor s'est approprié l'œuvre de Fou·
riodes de l'histoire humaine ». Ce Il ne nous décrit que les neuf pre· cela d'autant plus utile que nous rier. On pourrait dire que désor·
propos fait évidemment penser à la mières, mais la grille qu'il propose avons justement besoin, pour réa· mais le Traité de l'Harmonie Uni-
démarche de savants (tout près de est conçue en fonction d'une struc· liser les intentions formelles et ex- verselle fait partie de son œuvre.
nous : Einstein) partis à la recher· ture assez forte, et Butor est assez pressives très vastes développées Mais ce n'est pas tout: la Rose des
che d'une formule unitaire, d'une rompu à ces sortes de rêveries sys· par la musique sérielle de trouver vents, de Michel Butor, doréna-
équation en tout cas d'une des plus tématiques, pour que ce dernier, les moyens de réintégrer autant vant fait partie des œuvres complè.
saisissantes tentatives jamais décri· extrapolant, ait pu entreprendre de que possible le simple et le défini, tes de Charles Fourier.
tes, de charpenter une mythologie compléter le tableau, se servant de de les mettre, par le truchement
de notre temps. La base de ce mo- la théorie de Fourier comme d'Une d'une économie générale, au servi· Roger Borderie
6
ROMANS
FRANÇAIS
Lire autrelDent
Jean Pierre Faye sont impliquées les jeunes fem- la bonne foi de J.P. Faye dont les
Les Troyens mes. Troyens révèlent ainsi un certain
1 hexagramme ou roman
Coll. Change Le Seuil, éd. 368 p.
Lorsque l'émeute éclate, en vil-
le, à la fin du livre, le lecteur est
incité, malgré qu'il en ait, à cher-
don inattendu de voyant.
Une obsourité
cher le rapport caché entre l'évé- diftloile à peroer
Si le lecteur des Troyens fait nement politique et l'intrigue
preuve de patience, ou se pique aIJ;loureuse. Mais en cours de rou·
au jeu des déductions que lui pro- Reste que, pour le lecteur inat-
te, la menace, réelle ou supposée
po~ l'auteur, un certain nombre que fait planer la présence des
tentif, le texte tient du rébus, et
de faits se dégagent bientôt du li· que chaque passage revêt une ob-
comploteurs ajoute au mystère
vre où tout semble, à première scurité difficile à percer. Peut-on
ambiant.
vue, hypothétique, et se regrou- prendre plaisir à cet exercice
pent en certitudes. Ainsi, il appa- Pourtant, rien de tout cela n'est d'exégèse pe'rpéiuelle que consti-
raît de façon rassurante que, mal- vraiment apparent dans les pages tue la lecture' de l'hexagramme ?
gré l'enchevêtrement initial des de Faye, ni même aisément com- Certes, mais l'on peut se deman-
notations éparses, l'on a affaire à préhensible. Au contraire, le tex- der aussi pourquoi l'écrivain a
un début d'intrigue : le narra· te, par ses implications incessan- pris ce détour pour raconter une
teur, livré à des recherches bi- tes et ses sous-entendus, revêt une histoire. Autant s'interroger sur
bliographiques se trouve à Troyes. telle obscurité que l'on ne parvient les raisons qui portent un auteur
Jean.Pierre Faye
Par sa fenêtre, il observe une à discerner ces faits qu'à force d'at- de la Série noire à entourer un
jeune femme qu'il finit par ren· tention. meurtre de mystère. C'est là tout
roman ne convient plus à un mo-
contrer et avec qui il échange des L'un des aspects les plus intéres· le problème du choix d'un genre.
de de narration de plus en plus
propos téléphoniques. Bien que sants de l'exposé tient, notam- éloigné du discours romanesque Mais encore, pourquoi introduî·
son nom varie parfois, elle répond ment, au fait que tous les héros traditionnel. A son tour, cette in- re dans un roman intellectuel de
au diminutif de El. sont, de près ou de loin, affiliés à dication est lourde de sens. D'une haut vol, des procédés empruntés
des groupes rivaux' de linguistes part, elle fait allusion aux cinq à un genre mineur? Sans doute
De même, l'on apprend, sans qui se livrent à des recherches
l'ombre d'un doute, que le biblio- récits antérieurs de l'auteur, aux- parce que les procédés narratifs
sur des dialectes divers, tandis quels le nouveau livre s'articule et audio-visuels remplissent le rôle
graphe a rencontré, pour son tra- qu'une sorte de personnage supé-
vail, une jolie documentaliste eu- emprunte nombre de personnages. dévolu traditionnellement au ré-
rieur et lointain, connu de 'tous, D'autre part, ses six chapitres cit. Pour éviter que celui-ci, sup-
rasienne, du nom de Lé. Il entre- respecté, craint, même par ceux
tient aussi des rapports épistolai- permettent de dessiner entre les planté par l'image, ne tombe en
qui semblent s'opposer à lui, ten· protagonistes une série d'interpel- désuétude, il faut que le public
res avec une Vanna qu'il n'a ja- te de mettre au point l'appareil
mais vue. lations dont la géométrie se révè· apprenne à lire autrement.
de synthèse, la machine à traduire le lorsque des calligrammes, en fin La peinture est devenue abstrai·
Bien que ses relations avec les tous les parlers. d'ouvrage, font apparaître sur les te quand la photo a relevé l'art
trois jeunes femmes ne soient ja- pages l'hexagramme de Pascal, de ses fonctions de copiste. Le ro-
mais claires, nombre de notations Une indioation dessiné par des mots. man devient abstrait depuis que
érotiques, de mystérieuses anecdo- lourde de sens la narration crève l'écran. Ce
tes induisent à se demander sans Le lecteur est enfin incité à re-
n'est pas la première fois que des
cesse comment se dénoueront ces chercher des correspondances
écrivains - peu nombreux enco-
liens ambigus et pour quelles nou- Ces écoles de lexicologues sym- souterraines à chaque carrefour :
re, il est vrai - utilisent la page
velles liaisons. Tel est le suspense. bolisent-elles dans la pensée de c'est l'usage de tournures emprun- comme un espace scénique à orga-
Faye l'émiettement des groupus- tées au vieux-français qui s'har- niser et intègrent au texte des cal-
Comme le parler de J.P. Faye cules de gauche? Plus précisé- monise discrètement avec les pré-
est aussi compliqué que possible, ligrammes, non pas comme ceux
ment, veut-il dire que les éléments occupations des philologues ;
et néo-médiéval en diable, ce sus- d'Apollinaire qui étaient des fins
divers du mouvement révolution· c'est la reversibilité des deux pré-
pense' est entretenu par la dé- en eux·mêmes, mais à titre d'élé-
naire international diffèrent sur- noms El et Lé, dont chacun est
marche imposée au lecteur : celui- ments inhérents à l'intrigue.
tout par le langage et qu'il leur l'envers de l'autre, mais qui, ac-
ci doit déduire, détecter sans re- faut avant tout chercher un dia- colés renvoient à l'éternel Fémi·
lâche, comme si le roman était po- lecte commun? Leurs études nin, Elle : c'est même, dans la La page oomme
licier, où tout l'intérêt consiste à théoriques signifient-elles que mesure où les comploteurs sup· espaoe soénique
déjouer les ruses d'un auteur ap- toute révolution est, avant tout, posés s'abritent derrière des re-
pliqué à brouiller les pistes. A une question de vocabulaire ? Ou cherches sémantiques~ l'allusion à Au demeurant, il n'est pas im-
llette particularité près, que les bien ne. faut-il pas aller chercher tel ou tel groupe de littérature possible que J.P. Faye et une poi-
indices sont dans les mots et l'ex- si loin l'explication d'une fantai- qui a cru ou voulu participer aux gnée d'autres ne soient, en la ma-
pression, non dans les faits. sie allégorique ? événements de 68, sinon à ceux tière, destinés à faire subir au
Car l'auteur a pris soin de lais- qui ont suivi. roman une mutation aussi sensi-
A cette première intrigue sen-
timentale, et qui se dessine assez ser dans le vague la relation qui Tout cela, qui donne une idée ble que celle survenue dans la
,-îte, dans l'entrelacs des lignes de pourrait exister entre l'activité de de la richesse intrinsèque de cet- sculpture contemporaine - mobi·
force, s'ajoute une dimension qui ces diverses organisations et les te splendide expérience littéraire, les et fers à souder - par rapport
ressortit plus ouvertement aux ro- troubles qlli ensanglantent la Cité. est couronné par la meilleure des- à la rondebosse. A moins, tout
mans de mystère. Tout donne à Après tout, il pourrait s'agir d'évé- cription que l'on ait encore faite simplement, que contesté par la
penser que les personnages obs- nements séparés. des émeutes de mai 68... à ceci télévision, le conteur ne soit en
curs, désignés sous le nom de «Té- Pourtant, si J.P. Faye a pris près que le livre était terminé (en passe de prendre la place laissée
moins », pour être apparus lors soin de qualifier son œuvre toutes ses parties, précise l'auteur vacante par le poète.
d'un minime accident de circula- d' « hexagramme », ce n'est pas dans une note) en février 68. Le
tion, font partie d'~n complot où seulement parce que le nom de croira qui voudra 'et qui connaît Marc Saporta
1
tourner et le retourner, de tenter
Gallimard, éd., 144 p. Trad. du brésilien de se punir - inopinément l'amour de l'explorer jusqu'au fond, avec la
Enfin un jeune écrivain qui ne
s'est pas cru obligé de défaire le
langage, de céder au vertige de
1 par Violante do Canto
Gallimard éd., 327 p.
« Monter la colline, s'arrêter au
pour le monde était né. Et le danger
est que s'il n'y prenait garde, il re-
noncerait à aller plus avant ». En-
cruauté de projecteurs braqués, la
lumière trop crue a mangé le re-
lief, le vertige du mystère et la dou·
l'espace en l'emplissant d'idéo- fin, au terme des renonciations, il ceur des ombres. Les discours 'et les
grammes subtils, ni de prendre le sommet et, sans regarder, deviner, trouve avec extase le nom de sa mots se succèdent sans jamais se
Livre pour un tabernacle. Denys au·delà de l'étendue conquise, la
quête laborieuse : le salut. C'est à confondre, sans ces retours et dé·
Viat s'abandonne au seul bonheur ferme, au loin... ». Ce rêve d'éva-
ce moment. que surgit la punition, tours, fils impalpables, imprévisi-
d'écrire, de voir fuser en gerbes de sion de Joana, l'héroïne adolescen-
la censure du vieux monde : l'in- bles associations, caprices du mot,
feu une imagination et une sensi- te du premier roman de Clarice
tervention ridicule du tribunal dé- touches successives, jaillissements
bilité flamboyantes. Son premier et Lispector, Près du cœur sauvage
risoire et bavard - le professeur, que l'on trouve chez Virginia
bref roman frappe par un accent (Plon, 1954), Martin, l'homme, le
le maire, les inspecteurs - qui lui Woolf, par exemple et qui sont la
lyrique, une superbe faite d'inso- réalise dans le Bâtisseur de ruines :
révèle que même son crime n'a pas Vle.
lence et de désinvolture que brise il a su, à partir d'un geste de co~ abouti.
1ère, d'un geste qui a tué, gravir Michel Albrand
soudain un sanglot ou un sarcasme
blessé, une démarche incisive et d'un (c grand bond» la colline pour A la fin de son voyage, c'est donc
baroque tout en ruptures, en vol· embrasser d'un regard neuf sur l'éblouissement de l'échec, mais
tes et en retraits. l'autre versant la vallée où tout en « l'histoire d'un homme ne serait·
C'est dans la lignée de Morand, bas, dernière étape, la ferme, la elle pas toujours l'histoire de son
LES REVUES
Larbaud, Nimier et Fitzgerald qu'il cc fazenda » et deux femmes sont là échec? ».
faut placer un récit imprégné d'in- pour abriter mais aussi le livrer -
refuge et guet.apens. Histoire de la solitude et du si·
fluences littéraires qui orchestre lence ; atmosphère lourde des nou-
avec une somptuosité désespérée La trame policière, le Crime et velles de D.H. Lawrence transplan-
des variations sur le thème roman· son Châtiment, la piste perdue puis tée dans les plaines du Brésil où Les Temps Modernes
tique de l'adieu à l'adolescence, ce retrouvée du meurtrier traqué qui, l'homme, importun et désiré, re-
calamiteux passage de l'enfance à après un long temps se laisse arrê- nard rôdeur, inquiète et tourmen-
l'âge d'homme. Théobald, son hé- ter, n'est évidemment ici que pré. te, réveille les élans du sang, les (N° 284). - Si l'on excepte les
ros, est frère de Barnabooth par texte à la poursuite de cette allé- pulsations sourdes, les envies notes de cInéma, de musique et de
l'exigence et l'humilité éperdue. gorie en trois parties, de ce voyage d'amour sans amour, vite calmées théâtre, ce numéro de mars des T.M.
Pour se guérir du deuil de Sibylle, est entièrement politique : il est
intérieur du Nouveau Pélerin qui et ne laissant que regrets ou ran- comme le dit Jacques Derrida dans
noyée en mer, sa cousine et sa pourrait avoir nom Chrétien, à. la cune, où trois êtres se côtoient, se une polémique avec le poète Jacques.
maîtresse, le narrateur que l'ar- recherche de sa vérité, par-delà le guettent et s'affrontent, impuis- Garelll qui l'avait pris à partie • pres-
gent, la fatigue des sens et des sen- bien, purifié par l'acte du Mal sants à partager joie ou angoisse Que exclusivement consacré à la révo-
timents vouent à l'exil intérieur, lution, en cours ou à venir, à ses guer-
irrémédiable et nécessaire qui l'ar· « parce qu'on ne peut pas dire je res et à ses guérillas à travers le
fait le tour du monde pour fuir rache à la banalité, la contrainte du t'aime ». Un monde immense et clos monde ". En l'occurrence: le marxisme
un baillement précoce. De Saint- quotidien et le délivre : (c Jusque où la terre, la nature apporte son de Mao et la gauche européenne, le
Tropez aux Baléares, à la Nouvelle là. ce qu'il avait vu, il avait évité écho : sèche, tourmentée et avide Brésil, la Méditerranée des Polices,
Orléans où, parmi les magnolias sur le Mexique et, pour la France, une
de le voir, tout ce qu'il avait fait, de pluie ; décor de Chirico : désert analyse sévère du Parti Communiste
le seuil des portiques à blanches il ne l'avait pas fait vraiment, et de pierres, arbre isolé, soleil énor- Français et des commentaires sur le
colonnades des demeures coloniales tout ce qu'il avait senti, il l'avait me, à portée de main et qui rend sort des travailleurs émigrés.
se dresse l'ombre de Faulkner, ou senti de travers ». fou. Pour accuser mieux la profon-
bien en Arabie sur les traces de deur de la désespérance, le vol de
Nizan, Théobald se dissipe en aven· A partir de ce moment, il se re-
trouve et se découvre comme il dé- l'oiseau, pérdu et retrouvé, toujours Cahiers des amis
tures et en fêtes galantes. présent, plumes chaudes et sang,
Comme Patrick Modiano avec couvre, les yeux ouverts, la gran· de Valery Larbaud
deur du monde- et le langage des essor et chant, symbole de liberté
qui il mÎmifeste une parenté cer- et de mort.
taine par l'humour et les pirouet- pierres. Comme si l'acte de mort
tes, Denys Viat éprouve un plaisir lui transfusait la vie. Clarice Lis- Histoire inquiétante, lente, en- (N° 5). - Pour ouvrir le numéro,
provocant à s'exhiber en des tra- pector l'avait déjà écrit : « N'est-ce voûtante, difficile, dense, parfois un texte très émouvant de Claude Roy,
pas dans le mal que l'on peut res- lauréat du prix V.L. - Des lettres
vestissements qui lui servent à se trop dense. Dans la mesure où l'in- inédites de Larbaud à Léon·Paul Far-
perdre ou à ressaisir sa fuyante iden- pirer sans crainte, ouvrir à l'air trigue n'est que prétexte, où le dé· gue et à J.G. Aubry sont, en outre,
tité. L'enfance, l'amour et la mort ses poumons ? » et Martin se sent détail concret n'apparaît que pour publiées en bonnes feuilles avant leur
s'entrelacent en de savantes figu- plus caline quand il voit dans sa renforcer le battement des conscien- parution chez Gallimard.
res que gâte, parfois, uI!e excessive main l'oiseau qu'il vient d'y écra· ces, les monologues intérieurs enva-
sophistication. Mais, nous retient ser... hissent tout le champ : même si un
toujours un accent personnel qui De là, il reconstruit, prudem- geste, un regard, un moment de la Aménophis
balance de la dérision glacée à ment, sans cesse sur ses gardes, nature viennent les éclairer, tous,
l'exaltation, de l'enjouement aux pierre à pierre, son univers. Il va à la fin, étirés sur la longueur d'un
crispations du défi, de la gouaille vers un but encore confus, infor· roman, finissent par se ressembler (N° 5). - Revue belge Qui se veut
aristocratique à l'humilité infinie, mulé, par le labeur imposé et ac- et c'est là peut-être le défaut de ce expression d'une • littérature parai·
lèle ", c'est-à-dire une littérature Qui,
où s'affirme la marque d'un écri- cepté, l'héhétude, la lutte contre les livre, de pêcher par excès, dans cet • en rupture avec la tradition cultu·
vain de tempérament. Sans doute, tentations, notamment la plus insi- a- priorisme d'incommunicabilité relie, propose une nouvelle explora-
ce premier livre aura-t-il permis à dieuse, celle du bonheur : c( A pré· des êtres, ce vouloir systématique. tion de l'espace verbal et graphique,
Denys Viat de jeter sa gourme, de sent qu'il avait créé de ses propres ment poussé à l'excès de tout inté· et une intégration directe et révolu-
tionnaire des notions de temps, de
se délivrer des boutons de fièvre qui mains la possibilité de ne plus être rioriser, on aboutit à une forme de structure et d'énergie. Une littérature,
abîment son style. victime ni bourreau, d'être en de- paralysie. A force de ne voir que le en somme, redevenue action ".
Alain Clerval hors du monde et de ne plus être « dedans» des choses, de vouloir J.W.
8
Un grand rOlllan albanais
De ce pays lointain et pres- Dans les débuts, la mISSIon du comme le serupule n'est pas son On a pu comparer ce roman au
que imaginaire qu'est l'Alba- général se déroule assez bien. Com- fort, elle n'hésite pas à chaparder Désert des Tatares, de Dino Buz·
nie, un roman nous parvient me l'armée italienne est parfaite- les cadavres italiens et à les faire zati et il est vrai que certains
aujourd'hui et il étonne : il ment administrée, les fossoyeurs se passer pour siens. Quel sacrilège ! accents sont communs aux deux
ne sacrifie ni au réalisme so- guident sur des plans précis. Ils Tant de vilenie jette le général livres mais le récit d'Ismail Kadaré
cialiste, ni à la propagande creusent la terre à coup sûr et italien dans l'indignation : « Les n'est pas un récit fantastique. Ka-
maoïste. 1\ est profondément trouvent tous les cadavres qu'ils restes de nos soldats vont être di.~ daré n'a jamais besoin de recourir
incarné dans la réalité alba- cherchent. Le général en tire va- tribués à des familles étrangères. à l'imaginaire pour nous donner
naise mais il est pur de tout nité: «Nous sommes les fossoyeurs Ils nous chipent les nôtres ». Les à voir ou à partager le ballet funè·
folklore et de tout régiona- les plus modernes du monde ». Il fossoyeurs s'acharnent mais rien ne bre de ses fossoyeurs, leur ronde
lisme. En vérité, cet écrivain serait presque gai, ce général cro· va plus. On creuse la terre et l'on dans les cercles interminables de
inconnu d'un pays dont la lit- que-mort. En même temps, il est ne découvre pas le moindre cada- la mémoire, de la mort ou de la
térature écrite est inexis- ému à l?idée de tous les orphelins, vre parce que l'autre mission a détresse. En ce sens, il est plus
tante ou ignorée nous pro- de toutes les veuves pour lesquels il raflé auparavant toute la récolte proche d'un écrivain visionnaire
pose d'emblée un livre. Re- est en train de gratter les boues de d'ossements. Tout cela est bien comme Faulkner que d'écrivains
marquable. l'Albanie. Le groupe accomplit di- décourageant. Les deux missions se fantastiques comme Buzzati, Kafka
gnement son devoir : il déterre, il surveillent, se disputent les dépouil- ou Gracq. Au vrai, il n'est pas
contrôle, il vérifie, il établit des les comme deux troupeaux de hyè- necessaire de lui chercher des pa·
listes. Il forme d'impeccables pe- nes. Le devoir sacré du général rentages : ce livre se suffit à lui
Ismai! Kadaré
1
lotons de cadavres. s'achève dans une sorte de déban- même. Tour à tour cocasse et cruel,
Le général de l'armée morte dade qui répond, peut-être, à la sarcastique et jamais méchant, ten·
Albin Michel éd., 288 p. débandade de jadis, comme si les dre et désespéré, plein de verve
La guerre parle fossoyeurs ne formaient que le du- et grave cependant, ce livre annon·
plicata grotesque, sinistre et spec- ce la naissance d'un grand talent.
Il raconte une histoire de guerre tral des adolescents de jadis. Gilles Lapouge
et c'est que la guerre est la grande Mais le bonheur des commence·
affaire de cette nation. On prétend ments ne dure pas. Une guerre a
que chaque nourrisson y reçoit beau être achevée depuis vingt am.
un fusil dans son berceau. Devenus elle commet encore des méfaits. Les
grands, les Albanais brûlent d'uti· signes inquiétants se multiplient.
liser ce fusil. Que cette anecdote Une vieille Albanaise mélange les
""4VRIL
soit légende ou vérité, le sûr est années et maudit les envahisseurs
que les Albanais forment un peuple étrangers. On dirait que la compa·
de guerriers tout à fait redoutables. gnie des fossoyeurs a pouvoir de
Accrochés dans leurs montagnes
de début du monde, inaccessibles à
remettre en marche le temps qui
s'était pétrifié depuis vingt ans. La
1970
la peur, féroces et intraitables, ils guerre parle, elle envoie des mes- IIIICII ILlIDE
se battent comme des fauves, de· sages. Des bouts de passé sont arra- De Ialmons à lengis-Khan
puis le début des temps, contre tous chés en même temps que les cada- 6tudu compuaUvu sur lu reUgioDS et le folklore de la Dacie et
les conquérants qui ont tenté de vres : les papiers que l'on trouve de l'Europe orientale 29,70 F
les soumettre. Le sol albanais est sur les morts, un médaillon autour
plein de soldats tués. Parmi ces d'un ossement, le journal intime SIIIIIL!
peuples conquérants, il en est un d'un jeune soldat fasciste, tout cela De la proleetton
dont les souvenirs sont particuliè. ranime les braises de l'ancien com· une 6tude PSJchaDalJ1ique 24,80F
rement amers : l'Italie qui se lance bat, de l'ancienne misère. Un fos-
glorieusement contre la minuscule soyeur se blesse en maniant les dé- PETITE BIBLIOTBEQUE PAYOT
Albanie, en 1938, et dont les lé· pouilles, il meurt, comme si une
gions sont décimées. balle tirée vingt ans plus tôt attei- RICHIRD IVUS
gnait enfin sa cible. Le général Entretiens avec C.G. Jung
Cette guerre italo-albanaise fait assiste, médusé, à ces malheurs. Il avec des commentaires d'Ernest .Jones
le thème du roman d'Ismai! Ka· entre dans l'horreur. P.P.B.I'166 4,35F
daré. Nous sommes en 1958, vingt
ans après les hostilités. Une mis- B. IIILmOWSII 1
sion italienne est envoyée en Alba- La brume, le froid, La vie semeDe des sauvages
nie pour arracher à la terre étran- l'épouvante, l'horreur du nord-ouest de la 1161aD6sie
gère les restes des soldats morts P.P.8... 168 8,65F
et les rapatrier. Ce devoir sacré
est confié à un général et à un La pluie ne cesse guère de tom·
ILBIRT ORIIIIR
prêtre. Les deux hommes débar- ber, tout au long de la mission. Les8aulols
quent à Tirana par une neigeuse Dans la brume et le froid, l'équipe P.P.B."167 8,65F
journée d'automne. Un groupe de poursuit son inventaire. L'épouvan-
cinq fossoyeurs leur est adjoint et te augmente et la dérision. Une LI"'E
voici la funèbre petite équipe occu- autre nation, qui a eu maille à par- La révolution bolcheviste
pée à fouiller les montagnes afin de tir, elle aussi, avec les Albanais, P.P.8."u 5,80F
recomposer, sous forme d'ossements a dépêché dans le pays une mis·
enveloppés dans des sacs en nylon, sion identique mais cette mission Catalogue sur simple demande à la Librairie Payot
la brillante armée qui s'y décom· n'a pas des plans aussi remarqua- service QL : 106, boulevard Saint·Germain - Paris 6·
posa vingt années auparavant. bles que ceux des Italiens. Et
Ce grand d'Espagne est un Sancho, trop lourd pour lui, deux yeux perçants. Il a l'air en riant que comme le Roi
tout petit homme, net com- que don Quichotte, trop d'un clown bien vêtu, céré- Midas le Roi Franco a des
me un merle bien lissé, grand, de jouer le personna- monieux, catholique et nar- oreilles d'âne. Ecrire l'his-
juste plissé autour des yeux ge du moulin à vent, le mou- quois; d'une balle de ping- toire de Bergamin, ce serait
noirs d'oiseau vif, les plis de lin moqueur qui moud le pong noire sur un jet d'eau écrire l'histoire de l'Espagne
l'attention, de la malice ai- grain volant de la dérision. désinvolte; d'un merle (déjà quotidienne depuis trente
guë, du chagrin tout de suite Derrière la grâce des maniè- nommé) qui siffle en persi- ans, qui meurt souvent et ne
déguisé en sourire. res, et le sarcasme gai aux fiant; du maître des comé- se rend jamais. Mais ce se-
On ne sait pas du tout s'il lèvres, comme un œillet de dies du Siècle d'Or, quand rait écrire aussi une histoire
est si léger que le vent va poète, rouge sang, ce mou- il se déguise en valet, et plus ancienne, pareille à
l'emporter d'un coup de vent lin est un moulin rural. A la que ce seigneur se montre celle des journées du drame
amical, ou s'il est si ailé sagesse des nations de l'Es- plus agile à jouer des tours espagnol, où l'action se joue
qu'il va se jouer du vent, de pagne paysanne, Bergamin a aux grands que les Farceurs dans cent lieux et sur plu-
nous, de lui-même. Se jouer? fait don d'une moisson de eux-mêmes. Mais tout cela sieurs plans, le Ciel. la
Est-ce que c'est bien le mot? proverbes qui ont l'air immé- n'est que l'apparence, la po- Terre, l'Enfer. Où se' rejoi-
Il a l'air de s'amuser mais moriaux, et de p 0 ème s litesse des apparences. A gnent le sacré et le burles-
c'est très gravement. Il fart qui ont l'air d'écho de vieilles lire José Bergamin, à écou- que, la théologie et la farce,
chavirer la barque des lo- chansons populaires. Quand ter don Pepe, on sait que le la politique et le jeu. Poète,
cutions toutes faites, il met on y regarde d'un peu plus rire ou le sourire aigu ne dramaturge, essayiste, José
un bonnet d'âne aux idées près, ces proverbes sont lé- sont en lui que les étoiles fi- Bergamin est un orchestre
reçues, il bouscule les puis- gèrement sournois, déran- lantes d'une nuit admirable, où don Pepe fait semblant
sants, les pesants (c'est geants, de bien inquiétants de cette noire, somptueuse parfois, malicieux, de n'être
comme un pick-pocket, pour dictons. Et ce folklore imagi- et fourmillante étoffe dont on que le joueur de flûte, là-bas,
mieux leur faire les poches naire, à mi-chemin de la pré- tisse les rêves. Toujours en entre la timbale et le bas-
et prouver qu'elles étaient ciosité et du bon sens rail- porte-à-faux entre exil et son. Mais quand on s'appro-
vides), il lance des saillies leur, est tissé d'arrière- absence, entre tragique vrai che, on s'aperçoit que tous
comme on lance des fléchet- pensées. Non : ce n'est pas et feinte frivolité, entre la les musiciens, le chef et le
tes en papier, il birliboque la sagesse des nations, foi et l'humour critique, entre compositeur ont son visage,
et fait mouche de toute étin- c'est la folie des nations le courage et l'ironie, José celui d'un petit homme qui
celle. A première vue, on qu'on aurait mal examinées, Bergamin est un porte-à-faux est un grand d'Espagne -
croirait que dans le Qui- que Bergamin révèle. qui parle juste. Roseau qui un grand écrivain de l'Espa-
chotte il a choisi, plutôt que Bergamin, c'est avant tout ne plie ni ne rompt, il répète gne.
Fils de Dieu et du Diable qui, A peine une brise avait-elle famille ? - se pose dans les cc J'attends plus pour mon
en Espagne, prennent souvent rafraîchi l'Espagne et lui per- universités pour que les étu- Eglise de ce qui se passe main-
le masque l'un de l'autre, José mettait-on de rentrer, en 1958, diants le fassent vieillir, publie tenant ici, et même des sanc-
Bergamin a, aujourd'hui, soixan- qu'il faisait une conférence sur des revues, des articles, des tuaires brûlés de Catalogne,
te-quatorze ans. Cela a peu la censure et signait un mani- livres. Il collaborera quinze ans que des cent dernières années
d'importance puisqu'il se dit feste en faveur des mineurs en au Nacional de Caracas, jus- de la catholique Espagne, Gar-
mort et devenu fantôme. Image grève aux Asturies. Il fallut qu'en mai 68, où l'on jugea son cia. »
qui est un concept. Si l'allégo- regagner Paris. Maintenant, on enthousiasme irrationnel et dé- Les années qui précédèrent
rie dit une chose et en signifie se méfie. finitivement impubliable. là guerre civile avaient été
une autre, Bergamin dit bien Ses œuvres, durant le plus Il avait quitté l'Espagne en d'une grande activité Intellec-
des choses qui en signifient long exil qui dura deux décen- 1938. Premier écrivain catholi- tuelle. Cruz y Raya que Berga-
d'autres. nies, 1939-1958, portent le nom que à se ranger aux côtés de min fonda en 1933, + et - ,
Ses mains ont manié l'écri- des pays qu'il a occupés: Mexi- la République, il avait créé avec revue d'affirmation et de néga-
ture comme une arme car il a que, Venezuela, Uruguay, Fran- Machado, Baeza, Alberti et Her- tion, complétait la Revista de
accompli le vœu de Machado et ce. Sa solitude morale et poli- nandez, l'Alliance des intellec- Occidente d'Ortega y Gasset:
d'Hernandez : .que la plume tique est telle que les infor- tuels antifascistes dont l'acti- tandis que cette dernière ou-
vaille un pistolet! Il vit pauvre- mations les plus absurdes vité incessante au front comme vrait l'Espagne, l'autre l'enraci-
ment, comme un étudiant, dans courent sur lui. Le peintre Diego à l'arrière-garde allait organiser nait dans une terre qui était sa
une chambre. En exil, comme Rivera va jusqu'à le dénoncer un congrès international des tradition. La pure poésie espa-
un politique. Dans une cham- comme agent bolchévique de- écrivains à Madrid, pendant gnole s'êst toujours allié le ré-
bre dans l'espace, comme le vant la commission sénatoriale l'été 37, et, plus tard, un autre cit, a toujours chanté en racon·
poète. Et sa mince silhouette américaine Dies. En fait, ce pas- à Valence. Dans la bouche de tant, comme l'a exprimé,à tra-
toujours en marche, telle une sager sans autres bagages que Guernico, personnage de l'Es- vers une allitération qui est
sculpture de Giacometti, sem- sa famille - n'était-il pas hé- poir, s'expriment certaines de presque un jeu de mots, Ma-
ble avoir le temps avec sol. roïque d' a v 0 i r alors une ses prises de position d'alors: chado : • la poesia canta y
1.
Bergalllin
cuenta •. Il s'agissait donc de et Médée. La télévision vient de
mettre au présent le récit lui consacrer un film de deux
essentiel de l'Espagne, en le heures • Masques et Bergamas-
répétant de le découvrir. ques ou reportage sur un sque-
Il veut délinéer l'objet des lette " tourné par Michel Mi-
systèmes de pensée qui occu- trani. Mais l'édition complète
pent le présent, défaire les faux de son théâtre, de ses essais,
alliages entre activité intellec- de ses poèmes, reste à faire.
tuelle et étiquette confession- Alors Bergamin a pris un
nelle, dégager la structure de la crayon. Il a dessiné un arbre
quête de ses finalités, bref, en qui s'enracinait dans l'enfance,
donnant des frontières claires à la poésie, et dont le tronc,
la pensée retrouver celles de sa mince comme celui d'un peu-
vérité et défendre l'authenticité plier, s'appelait aphorisme. De
du combat pour les frontières. ce tronc s'évasaient deux bran-
En fait il s'agit plus d'une dé- ches principales : le théâtre et
marche formelle que d'un enga- l'essai. Les dernières frondai-
gement. Pourtant ceux qui l'en- sons se perdaient à nouveau
treprendraient se verraient vite dans le poème. Tel lui apparais-
compromis dans une bataille sait l'arbre de son œuvre.
d'hommes. L'essayiste et le dramaturge
Singulière démarche que commencèrent, en effet, par
celle de ce jeune homme, fils être aphoristiques. Que sa pro-
d'un ministre d'Alphonse XIII, se réfracte ou réfléchisse les
qui avait étudié le droit pour auteurs qu'il interroge, qu'il
préserver les lettres et préfé- anime dans de brefs dialogues
rait au bureau de son père dont leurs idées et les siennes, il masque qui se dévêt se sui- mes yeux furent toujours p0-
il fut secrétaire les cafés litté- va toujours à toute allure. Mais cide D. Sur la fantasmagorie sés. Parce que d:ms ces neuf
raires où explosa, en 1924, en compliquant son parcours. bergamasque, quand les per- je sens vraiment une vie éter-
l'Etoile et la Fusée, son premier Car les personnages connus sonnages cessent de se prou- nelle. D C'est à chacun d'entre
livre de • doutes aphoristi- qu'il met en scène, Hamlet, ver leur existence et se retrou- eLix - pré-chrétien ou antichré-
ques ". Nous pouvons remon- Faust, Sigismond ou don Juan vent seuls, plane la menace de tien - qu'il demande : où est
ter jusqu'à la grande maison et don Quichotte (qui dialo- la disparition. Tel est le sens l'Enfer, en-deçà ou au-delà de la
pleine de frères et de sœurs où loguent aux portes de l'enfer, du monologue inquiet de Mélu- mort? La véhémence du ques-
il fut élevé par des servantes l'un voulant le quitter pour l'af- sine qui se mire: cc Qui deman- tionneur semble prouver que
andalouses « qui heureusement firmer éternellement. l'autre y de au miroir son avis? l'enfer n'est pas pour lui une
étaient encore analphabètes, entrer pour l'anéantir) doivent Si son savoir est connais- illusion mythique mais bien une
c'est-à-dire conservaient une répondre au sphinx espagnol sance ou pure intelligence? lt réalité v ive que l'homme
fraîcheur d'imagination et de qui pose l'énigme du paradoxe. Si l'aphorisme, ce • court- contemporain élude en le limi-
langage qui correspondaient à Les voici projetés hors de leur circuit de la pensée ", est resté tant à ('infernale expérience hu-
l'enfance, à mon enfance ou à décor (l'œuvre d'où ils vien- l'expression favorite de l'au- maine, en niant la possibilité de
l'enfance de mon squelette D. nent) et entraînés par un mou- teur, c'est qu'il est un relai où son prolongement au-delà de la
Ainsi arrivons-nous à ce pre- vement de spirale vertigineux pensée et poésie se déchar- vie. Partant de Sénèque qui
mier souvenir, ce jour où, en à tourner autour d'un autre axe gent. A peine cet éclair a-t-il affirme • pire que la mort est
tombant, il fit connaissance que le leur.• La paradoxe est troublé l'atmosphère, à peine sa tanière ", Bergamin décou-
avec la douleur et où il prit un parachute de la pensée. Je a-t-il été formulé, qu'il disparaît. vre que dans l'homme est la
conscience que ce n'était pas fais des paradoxes pour ne pas A nous les suites de l'orage. tanière. C'est l'affirmation tra-
la terre qui était si dure mais me casser la tête ". En d'autres La prose de Bergamin n'a, gique qu'il poursuit dans ce
quelque chose en lui d'encore mots, pour survivre. Dans une elle, rien d'aérien. Terre mor- songe de la vie qu'est la litté-
plus dur qu'elle. • J'ai l'âme de ses Trois scènes à angle celée en fragments de couleurs rature. En retrouvant l'hispani-
dans les os ", dira son don Qui- droit, un profane, un bourgeois, différentes, compliquée d'une té de Sénèque, que Nietzsche
chotte. Et dans « l'invisible pré- interroge anxieusement un moi- multitude de sédiments divers, appelait toréador de la vertu,
sence vive de la mort qui naît ne dont la robe de bure s'en- éventée et irriguée de partout, le sénéquisme de Shakespeare,
avec le squelette» il allait cher- trouvre sur un costume d'Arle- on ne découvre qu'à vol d'oi- le stoïcisme maudit de Sade
cher son âme. quin. Le paradoxe est ami du seau, enfin la lecture achevée, (cc ne pas rire, ne pas pleurer:
L'œuvre de Bergamin est dif- masque. Et si le masque a ici la clarté géométrique de son comprendre D) ou la surhu-
ficile à trouver, elle existe par une telle importance c'est qu'à ordonnance. Ses essais - et maine libération morale de
fragments que republient timi- travers lui, comme à travers le particulièrement "admirable Nietzsche, Bergamin découvre
dement les éditeurs de Madrid paradoxe, s'exprime une vérité Frontières infernales de la poé- l'action dramatique d'affronter
et de Barcelone ou des maisons dissimulée par ce second mas- sie - sont écrits dans une d'éviter à la fois la philosophie
d'édition latino-américaines. On que qu'est le visage ou la pen- langue concise, difficile, où et la religion. Pour cet Espagnol
peut trouver traduits dans • les sée droite. Dans Mélusine et l'œuvre interrogée et la répon- dont on ignore ce qu'il regarde
Lettres Nouvelles " de mars 59 le miroir la thématique baroque se donnée, les citations et les sans sourire, l'art du torero. cc ce
quelques-uns de ses Aphoris- de l'apparence et du reflet, de découvertes, les échos et la jeu de pure intelligence où le
mes, dans la N.R.F. d'août 65 l'envers et de l'endroit, du dé- voix, se mêlent inexorablement. joueur risque sa vie If symbo-
son Art de Birliboque. La ra- menti. trouve son plus long dé- « Sur Sénèque, Dante, Rojas, lise l'attitude exmplaire
diodiffusion a monté deux de veloppement. « J'ai toujours Shakespeare, Cervantes, Que-
ses drames, Echo où est-tu? pensé, écrit Bergamin, qu'un vedo, Sade, Byron, Nietzsche... Florence Delay
Novornesky
Laco Novomesky grisés de tant de découvertes, convictions communistes restées
Villa T éréza et autres poèmes cependant qu'au-dessus de nos intactes après avoir tant souffert;
Trad. du slovaque têtes et sur Prague dans r ombre un homme grand qui parle «A
par H. Deluy et F. Kérel la bannière et le vent battaient voix haute ~ :
Suivi d'un entretien des mains dans le ciel de
avec A. Liehm novembre. - Ça faisait mal?
Postface de J. Felix - Ça faisait mal, et comment
Novembre. Octobre était donc Et aujourd'hui je ne sais plus
P.J. Oswald éd., 142 p. déjà passé. En filigrane du poème ce qui faisait le plus mal ;
a toujours couru l'histoire person- Le dégradant va-et-vient dans la
Dans une collection qui, la pre-
nelle du poète. Le lecteur est en- crasse et les ruisseaux,
mière, nous a donné un choix de
traîné par le mouvement de Villa Les montagnes d'humiliations,
poèmes de Khlebnikov et de Vla-
Téréza, mais certaines allusions r offense et la faim,
dimir Holan, un Russe et un lui échappent. Les poèmes les
Tchèque, parait aujourd'hui une Ou le regret de tout ce que jadis
plus courts de la seconde partie j'aimai...
anthologie de textes du plus du recueil le touchent, le frap-
grand poète slovaque contempo- Je recommencerais par là
pent, le heurtent davantage (et le où nous avons commencé.
rain, Laco Novomesky. changement de traducteur, peut-
Villa Téréza, le long poème qui Avec plaisir. Comme un savant
être, n'y est pas pour rien). Le étudie les microbes
ouvre le recueil est la preoùère
plus bouleversant dans l'œuvre de Qui le tuent.
œuvre que Novomesky donna au
cet homme emprisonné, bâillonné,
public lorsqu'il eut de nouveau est sa confiance en l'avenir, ses Serge Fauchereau
l'autorisation de publier, qui lui
avait été retirée douze ans plus l'éducation, poste qu'il occupera
tôt. Avec un détail aussi tragique, jusqu'à son arrestation en 1951.
il faut bien en venir à quelques Accusés de trahison, Novomesky,
éléments biographiques puisque, Clementis et quelques autres sont
outre la vie de l'homme qui ap- condamnés. Le poète échappe aux
partient à l'Histoire - à la pou- potences staliniennes mais passe-
tre horizontale de ce grand H,
Staline fit pendre Clementis et
Slansky - , l'œuvre du poète nous
y invite.
ra plusieurs années en prison.
Grâcié mais gardé à vue, il en
sort à Noël 1955 (Sortir de la gri-
saille des années avec un petit pa-
Qui est-ce?
Novomesky n'avait pas vingt- quet sous le bras, aller et passer
trois ans lorsqu'il publia Diman-
che, son premier rècueil, en 1927.
devant la sentinelle...). Il devra
attendre 1963 pour être réhabilité
Voici les lauréats:
C'est l'heureuse période de la vie et autorisé à publier. Retiré des
du jeune écrivain slovaque évo- affaires publiques, Novomesky Comme nous J'avons dit dans notre dernjer numéro, aucun
quée dans Villa Téréza. continue cependant à suivre at- des participants au jeu Imaginé par Pierre Bourgeade n'a ré-
Installé à Prague, il est mêlé à tentivement la vie sociale de son pondu aux douze questions posées. JI nous a semblé, toute-
toutes les recherches de l'avant- pays : à la fin de ce volume, dans fois, qu'un grand nombre d'entre eux, avaient des qualités de
garde sans s'engager dans aucun un entretien avec Antonin Liehm, limiers littéraires qui méritent d'être récompensées.
mouvement littéraire : une pho- on le voit analyser avec intransi-
tographie de l'époque montre un A. M ,-M, André Angoujard à Rennes et Yves Mathez à Bon-
geance l'antagonisme Tchèques- court (Jura Suisse) qui ont fourni six réponses justes, nous
jeune homme souriant en compa- Slovaques et les dangers qu'il re-
gnie d'un petit groupe au bord offrons un volume à choisir dans la Bibliothèque de la Pléiade.
présente puisque toute interven-
d'un lac où l'on reconnaît IIya tion étrangère (1938 ou 1968) en MM. Hubert Brlcaud à Cholet, Jean-François Marquet à
Ehrenbourg, Roman Jakobson et a toujours profité. Tours, Tiar Malek à Paris (14') qui ont fourni cinq réponses
Vladioùr Clementis. C'est désor- Dans la Villa Téréza habitait exactes ont droit à un volume de leur choix dont le prix n'ex-
mais un écrivain connu et un où- dans les années vingt, Antonov- cède pas 30 F.
litant communiste actif que l'on Ovséenko, «Chef de la mission
verra dans des conférences à Mos- diplomatique de l'URSS en Tché- MM. Henri Gautreau à La Baule, qui avait pris un brillant
cou, à Paris ou à Madrid. Après coslovaquie ~; c'est à cet hom- départ et Jean-Patrick Imbert à Toulouse (4 réponses justes)
l'invasion nazie, Novomesky parti- me «injustement rayé de r his- verront leur abonnement à La Quinzaine littéraire prolongé
cipe à la résistance et à la forma- toire de la révolution d'Octobre de six mois.
tion du gouvernement tchécoslo- et des premières années de
vaque en exil. Il écrit alors les Abonnement prolongé de trois mois pour Albert Bensous·
rUnion Soviétique~ que le poème san à Rennes, Pierre Berthon à Bellerive-sur-Allier, Nicole Gil-
poèmes de D'un crayon de contre- est dédié. Intéressé par toutes les
bande : bert à Paris-1S", Line Hémery à Paris-Se, Pierre Lepère à Paris-
recherches artistiques, Ovséenko 15", Isabelle Micha à Bruxelles, Alain Montandon à Paris-12"
Cimetières immenses, angoisse recevait volontiers les écrivains de O. Denys à St-Etienne, Bernard Plouzennec à Quimper, Jean
sans limites, l'époque. Et ce sont leurs discus- Quéguiner à Melun, Gyula Sipos à Paris-14· qui ont fourni
Age de crânes fracassés sions d'alors que Novomesky se trois réponses exactes.
et de rêves fusillés remémore, entre ceux qui vou-
laient une littérature prolétarien- Pierre Bourgeade et La Quinzaine littéraire s'en voudraient
Tant de raisons
ne et ceux qui suivaient Nezval et de ne pas remercier également les malchanceux qui, par
de se poser la question
les théories poétistes. Discussions leur nombre et leur empressement, ont contribué à l'intérêt
Etre ou ne pas être...
passionnées et fraternelles, heu- du jeu.
A la libération, il est nommé reuse époque dont un poète garde
Commissaire à la culture et à la nostalgie :
12
Nos lettres
leur juste place. Mais c'est au
seuil de l'ouvrage de Jean·Char-
les Payen que, dans une intro-
duction générale à la collection, Vient de paraître
Claude Pichois qui la dirige pré-
cise les intentions et la structure
de celle-ci. Roland Barthes
Littérature Fra n ç ais e est
d'abord une histoire de notre lit-
térature, les origines à 1960. Elle
L'empire
doit être un instrument de travail
- dont l'absence se faisait sentir,
les histoires littéraires existantes
des signes
42 ILLUSTRATIONS
Mme DI LA FAYETTE étant soit trop brèves, soit partiel-
les ou partiales, soit écrites de Dans toutes librairies 11 a été tiré à part
seconde main, soit trop marquées Volume broché 16.5 x 21.5 cm 1000 exemplaires numérotés
Littérature Française par l'influence classique - pour couverture acétatée. F 35.- reliés pleine peau
1 Coll. dirigée
par Claude Pichois
Arthaud éd.
les étudiants et les chercheurs.
D'où la présence en fin de volu-
me de dictionnaires et de ta-
bleaux. D'où la rédaction de cha-
cune des parties par un spécia.
lean Charles Payen
I
liste de l'époque concernée. En
Le Moyen Age 1 même temps, elle se veut d'une
de~ origines à 1300 lecture agréable pour le profane
Tome 1, 360 n. qui se réjouira de certaines for·
Antoine Adam
L'âge classique 1
mules aussi vives qu'heureuseSl
de Raymond Pouilliart, qui sui·
vra avec plaisir Jean Charles
Payen dans ce monde médiéval
Les Lettres
1 1624-1660 où « la nature collabore avec la
Nouvelles
Tome 6, 312 p. grâce ».
1 .1660.1680
Tome 7, 328 p.
si longtemps - que celle·ci domi·
nait l'enseignement et la critique
Raymond Pouilliart
universitaires. Depuis, la « noua
velle critique » influencée par les
sciences humaines a proposé d'au·
tres méthodes d'approche des
BertoIt
Le Romantisme III
1 1869-1896
Tome 14, 340 p.
œuvres littéraires. Sans doute,
ces méthodes ne sont pas appli.
cables telles quelles dans un ou·
vrage aussi vaste et dont le but
Brecht
est d'être une « encyclopédie de
« Le Moyen Age des ongmes la littérature française ». Toute·
Souvenirs de Max Frisch
à 1300 ~ est le quatrième volume fois, elles ne sont pas ignorées, Karl Korsch et Brecht
paru, mais selon l'ordre logique et au passage, J. C. Payen montre
et chronologique, le premier des bien comment la littérature mé· Hanns Eisler
seize tomes de la collection Lit- diévale « se prête à r analyse et le "Manifeste communiste"
térature Française. Depuis la pa· structurale ». Surtout, Claude Pi·
rution, il y a deux ans, de l'étude chois, dans son introduction, pré.
remarquable d'Antoine Adam sur cise qu'une encyclopédie, au sens
Nick Ra11lson . - - - Jean Chesneaux:
les débuts de r Age classique, on du XVIIIe siècle ne peut se borner
connaissait le style de la collec· à un ensemble de constatations, L'or et l'argent chez Jules Verne - - - Charles
tion, on appréciait que chaque ou- mais suppose une interprétation, Juliet: Propos de Bram Van Veld~----
vrage fût complété par un tableau des choix et des refus. Pour don- Poèmes d'André Chédid- - - - Serge
synoptique, une bibliographie et ner une unité à sa collection, il ~~~ M~D~
surtout un très précieux diction· a procédé à un découpage en vo-
Marcei Jean-- José Pierre Domini'l"e Nores
naire des auteurs et des œuvres lumes se référant non plus à l'his-
où les « minores » eux·mêmes, les toire événementielle (1610, géné-
« laissés.pour.compte » des ordi· ralement adopté par les manuels
naires histoires littéraires qui ne comme date charnière entre le
s'embarrassent guère des victimes XVIe siècle et le pré.classicisme
de Malherbe ou de Boileau, sont « ne met en évidence qu'un cou·
traités avec précision et remis à teau et une vell.ve : ce ne sont
16
Un Calif'ornien à Amsterdam
cements de dents. Entrez, Mes-
sieurs et Mesdames, entrez.
Vous y verrez une vieille fem-
me sans amis et sans parents,
seule avec ses souvenirs (soi-
gneusement mis en conserve
dans des bocaux), qui attend la
mort: vous y verrez, grandeur
nature, le rêve d'un vieil homme
incurable condamné à vivre. En-
trez Monsieur, venez faire
l'amour a v e c Mademoiselle
Cockeyed Jonny au bordel Roxy;
une poubelle (marquée • Love •
sur le couvercle pour éviter tou-
te confusion) recueillera votre
précieuse semence de bon ci-
toyen et/ou de bon père de fa-
mille. Voyeur, vous préférez
peut-être revivre la première ex-
périence sexuelle de milliers de
jeunes Américains en pénétrant
dans une Dodge 38 où un hom-
me en treillis (pas un militaire;
du treillis de cage à lapin) cul-
bute des morceaux d'une fem-
me après des libations dont té-
moignent les bouteilles de bière
vides qui jonchent le sol... Quel
mauvais goût! Vous trouveriez
sans doute de meilleur ton une
pure description d'opération iIIé·
gale (1962) : au premier plan,
des cotons tachés de sang et,
Edward Kieoholz : L'hôpital d'état, concept tableau 64.
dans des récipients en émail,
des instruments chirurgicaux
rouillés et également tachés;
un tabouret en bois rouge (trois Ce tableau est relatif à un vieillard lit, il y a sa réplique exacte, y com- plaque de brol')ze, portant le titre
interné dans un hôpital psychiatrique pris le lit (les lits sont superposés,
pieds contournés) devant un d'Etat. Il est sur un lit, les bras atta- comme des couchettes). Le person- de l'œuvre et, au verso, la des-
siège à roulettes d'infirme. Une chés, dans une chambre nue (l'œuvre nage supérieur aura aussi la tête·aqua- cription de celle-ci. L'acquéreur
lampe (pied en cuivre, abat-jour sera constituée d'une chambre réelle rium, deux poissons noirs, etc. Mais du concept-tableau (pour un
défraîchi tombé en arrière) avec des murs, un plafond, un plan- de surcroît, il sera entouré d'une sorte
cher, une porte verrouillée, "etc.). Il de bulle de plastique transparent prix fort sérieux...) signe avec
éclaire ce qui se trouve posé y aura seulement un bassin et une (peut-être semblable à un ballon de l'artiste un contrat (d'une iro-
sur un drap souillé recouvrant le table d'hôpital (hors d'atteinte). bande dessinée) représentant les nique minutie bien digne de
siège: un sac avachi, de forme L'homme est nu. Il souffre. On l'a bat· pensées du vieil homme.
indécise, fendu sur le devant; tu sur l'estomac avec une barre de Sa pensée ne peut pas le situer en Keinholz) qui lui accorde la pro-
savon enveloppée dans une serviette dehors de l'instant présent. Il est priété potentielle de l'œuvre. Si
par cette fente s'échappe ce qui (pour ne pas faire d'ecchymoses). Sa condamné à rester là pour le restant
reste (une poignée d'une matiè- tête est un bocal éclaird contenant de de sa vie. le bailleur le souhaite, il peut
re meuble, de couleur cendre). l'eau et deux poissons noirs vivants. PRIX : première partie : 15.000 dol- faire exécuter par l'artiste,
Il n'y a pas dans l'art contem- Il est couché immobile sur le côté. lars; deuxième partie : 1.000 dol- moyennant une petite somme
lars; troisième partie : les frais plus
porain d'œuvre qui exprime une Au-dessus du vieil homme dans le les gages de l'artiste. supplémentaire, un dessin. En-
telle agonie. fin, dans un troisième temps, il
peut faire réaliser l'œuvre à ses
Les sujets sont variés, tou- frais. Le seul concept-tableau
jours perturbants. « White Vi- existant sous les trois formes
sions of Sugar Plume Danced in est l'hôpital d'Etat (1966), qui
their Heads» (1964), dont le ti- têtes, démesurément gonflées de l'absurdité de la guerre qui appartient encore à l'artiste (en
tre se réfère à un poème enfan- par les images érotiques aux- a fait accuser son auteur d'in- 1948 Kienholz avait travaillé
tin, traite des phantasmes quelles l'autre n'a point de part sulte à l'Amérique...
sexuels nécessaires aux rap- dans un hôpital psychiatrique et
(on peut apercevoir ces images Les difficultés de réalisation
ports d'un homme et d'une fem- par l'intermédiaire de deux len- et de transport de tels • ta- avait été horrifié des traite-
me qui s'ennuient mutuellement. tilles). Le Mémorial de guerre bleaux. (il y a aussi un coup ments que subissaient les mala-
L'œuvre se situe sur plusieurs transportable (1968), où des sol· de patte aux collectionneurs qui des) .
plans temporels : l'image du dats sans visage piquent le dra- achètent l'art contemporain pour Jean-Luc Verley
couple se déshabillant est figée peau américain au centre d'une spéculer) ont conduit l'auteur à
dans le miroir; dans le lit les table de jardin, à côté d'une bu- réaliser virtuellement une partie 1. L'exposition vient du musée d'art
deux corps s'étreignent sous les vette et d'un distributeur auto- de son œuvre sous forme de moderne de Stockholm; après Amster·
draps tandis que s'écartent les matique, est un violent constat concepts-tableaux. Il s'agit d'une dam, elle Ira à Düsseldorf.
Martchenko
Après six années de dépor- rait sous le pus; cela n'exige au- On voit que le témoignage de té de camp stalinien devait être
tation (1961-1966) dans un cun soin, décrète ]e médecin Martchenko ne doit d'être connu d'environ douze mois, selon les esti-
camp de Mordavle - qu'il du camp; comme Daniel tient qu'à un miraculeux concours de mations des différents témoins, et
décrit dans son livre qui le coup, l'administration lui circonstances; en quoi, il s'appa- notamment de Martchenko; elle
vient de paraître en français inflige, sous le prétexte toujours rente aux témoignages .du même n'était guère que de trois à quatre
sous le titre mon Témoignage disponible de c non-exécution type, à ces œuvres exceptionnelles, mois dans les camps nazis (7).
- Anatoli Martchenko est des normes ~, quinze jours singulières, redoutables, qui par-
arrêté à nouveau le 29 juil- de cachot, suivis de dix jours sup- viennent, par la voix d'un individu Le déporté de camp stalinien ne
let 1968 pour avoir publique- plémentaires. « Il faut simplement devenu pour nous unique, irrem- dispose pas seulement d'un peu
ment affirmé sa solidarité lui faire la peau~, constate Mart- plaçable, à nous faire entendre les plus de temps ; l'hypocrisie du sys-
avec le parti communiste cbenko. pulsations même de l'histoire : tème - « l'homme est le capital le
tchécoslovaque; sous pré- Lui-même a failli crever de cette l'Accusé, d'Alexandre Weissberg plus précieux» disait Staline -
texte d'une infraction • au façon : le 17 mars 1966, décharge- (1), ouvrage disparu de la circula- lui accorde un peu de Il matière
règlement sur les passe- ment - à la main - de trois wa- tion, et que, curieusement, aucun humaine», il a un peu plus de
ports -, il est condamné à un gons pleins de rondins de bouleaux éditeur ne cherche à re-publier; chair, un peu plus de sang, un peu
an de déportation; le jour d'un mètre et demi. recouverts le Pain amer, de J ozsef Lengyel plus de parole disponibles - et il
même de sa libération, le d'une mélasse de neige et d'eau; (2), le Vertige, d'Evguénia Guinz- s'en sert, en tournant presque tou-
20 août 1969, il se voit en- ce travail exténuant terminé, atten- bourg 3) ; Récits de Kolyma, de jours contre lui-même la maigre
core condamné à deux ans de te de l'escorte dans le vent glacial, VarIam Chalamov (4) , et les énergie qui lui reste. I( TOI~s les
déportation supplémentaires pendant une heure. Brûlant de fiè- livres de Soljenitsyne (5)... Mon déportés de Mordavie connaissent »
en raison de son attitude au vre, saisi de vomissements, Mart- Témoignage d'Anatoli Martchen- l'histoire de Nicolas Chtcherbakov,
camp. chenko est transporté à l'infirme- ko met une nouvelle fois à dit Martchenko qui lui avait remis
rie ; il reste six ou sept jours sans nu les procédés caractéristiques une lame de rasoir. Il Nicolas s'était
soin, attendant la visite d'un oto- de tout camp de concentration, qu'il d'abord fait tatouer sur l'oreille,
Martchenko rhino qui prescrit des piqûres soit nazi ou stalinien, ou relevant avant de se la trancher (sinon le
Mon témoignage inefficaces; pendant vingt jours, de tout autre système répressif : sang se serait écoulé complètement
Les camps en U.R.S.S. aprè& avec une température proche de le travail et la famine brisent les avant qu'il n'y parvînt) ; e Don
Staline 40°, il est soigné par un voisin, forces de l'individu ; les maladie~ le pour le XXII" congrès du PCUS ».
Coll. Combats, qui réussit à faire tomber la mettent à la merci de la mort ; le Puis il s'amputa, cogna à la porte
Seuil, éd., 332 p. fièvre; envoyé par ses amis cachot, les coups, parfois les armes et, lorsqtle le surveillant se présen-
de baraquement, un déporté l'achèvent; l'extermination - de ta et ouvrit la porte massive de
médecin diagnostique une mé- l'opposition d'abord, puis de toutes l'extérieur, Nicolas lui jeta à tra-
L'objectif poursuivi par les auto- ningite purulente; mais cela n'em- les oppositions possibles et imagi- vers la grille son oreille avec cette
rités soviétiques et leurs exécutants, pêche pas le médecin du camp de nables, puis de tout ce qui porte la dédicace ». Encore ce geste a·t-il
les administrations judiciaire et pé- renvoyer Martchenko dans une plus infime marque d'altérité, (et un charme à la Van Gogh! La
nitentiaire, est clair : elles veulent équipe d'urgence - celle qui exé- qui. n'en porte pas ? jusqu'au bour- réalité est souvent beaucoup plus
]a peau de Martchenko - elle veu- cute les travaux les plus durs ; sur- reau lui-même qui finit par avoir horrible. eParfois, écrit Martchen-
lent, par l'action conjuguée de la. vient, quelques jours après, une peur de son ombre) - se poursuit ko, dans des moments de désespoir
famine, de l'épuisement et de la commission de Santé : «deux in- à un rythme relativement régulier, impuissant, je me suis surpris
maladie, le faure crever dans un connus en civil, trois femmes, n0- menée danS certains cas jusqu'à moi-même à penser : « Ah, faire
camp, de « mort naturelle » - seu- tre chirurgien aux bras tatoués son terme, comme ce fut le cas pour quelque chose! Jeter à la face des
le .façon de le faire taire, comme comme un pilier de prison. Tous toute la génération bolchevique dé- tortionnaires un morceau de mon
c'est aussi la seule façon d'en finir bien habillés, bien nourris, bien truite par Staline, ou pour l'ethnie corps!» Des déportés se livraient
avec les Soljenitsyne, les Daniel, propres. Des médecins!» Mart- tzigane détruite par Hitler. à des actes d'auto-cannibalisme :
les Siniavski... Aussi, ces quelques chenko expose son cas - et la com- « Dans une cellule, rapporte Mart-
lignes consacrées au témoignage de mission le classe - elle est venue Certaines gens, généralement pro- chenko, des déportés s'étaient pro-
Martchenko ne peuvent avoir d'ob- pour cela - travailleur de 1re gres.'listes, s'amusent à distinguer curé une lame et, depuis quelques
jectif plus impérieux que de faire catégorie, c'est-à-dire apte à tous les camp nazi et camp stalinien; un jours, entassaient du papier. Lors-
savoir qu'à cet instant même Mart- travaux, et dépose le rapport sui- ancien déporté des camps nazis ré- que tout fut prêt, chacun découpa
chenko est en train d'être assassiné. vant : «Le service médical du tablit l'identité fondamentale des un morceau de sa propre chair, cer-
camp nO Il atteste que le détenu systèmes lorsqu'il écrit: « Des hom- tains du ventre, d'autres de la jam-
Assassiné selon la méthode qu'il Martchenko A.T. n'a pas besoin de mes qui ont vécu à Auschwitz et à be. Ils recueillirent tout le sang
décrit dans son livre lorsqu'il évo- soins. Signé : le chef de la commis- Buchenwald vont entendre des dans une assiette, firent du feu de
que l'arrivée et le séjour de Iouli sion médicale du Doubrovlag, ma· hommes qui ont vécu à Kolyma et papier et de livres, y jetèrent la
Daniel dans le camp de Mordavie. jor du service médical, Petrouchev- Magadan». (6). L'identité fonda- chair et se mirent à faire cuire leur
Premier contact avec l'écrivain, ski D. Martchenko réussit à survi- mentale réside dans l'administra- rôti. Lorsque les gardiens s'aper-
dans un éclat d'humour: « Nous vre pendant quatre mois, jusqu'à tion systématique et massive de la çurent du désordre, la cuisson
nous serrons la main... En parlant, sa libération ; il se rend alors chez mort; si différence il y a, elle n'était pas terminée et les dépor-
il tend l'oreille droite et me deman- le Dr. G.V. Skourevitch, agrégé de tient dans le « style», lui-même tés, se bousculant et se brûlant, at-
de de hausser la voix. En lui répon- médecine, qui l'opère d'urgence de déterminé par les conditions spéci- trapaient les morceaux dans ras-
dant, je tends aussi vers lui l'oreille l'oreille gauche, puis de l'oreille fiques de « travail»; les nazis siette et se les fourraient dans la
droite et mets ma main en cornet. droite. « Après quoi, raconte Mart- étaient pressés par le temps et limi- bouche... ~ Un personnage remar-
Nous sommes collègues, aussi chenko, il me déclara qu'il lui arri- tés par l'espace, d'où leurs métho- quable dans ce domaine était Iouri
sourds l'un que l'autre D. Daniel est vait rarement de recevoir des mala- des d'extermination «intensive», Panov, qui était dans la cellule où
a.ffecté aux travaux les plus durs : des dans un état aussi grave et me- si l'on peut dire; le système sta- eurent lieu ces agapes : Il Panov...
décharger de lourdes pièces de bois, naçant... Il me dit que lorsqu'il linien disposait de plus de temps et avait déjà plusieurs fois découpé
alors qu'il souffre d'une blessure perça mon tympan, le pus jaillit de plus d'espace, d'où son style des morceaux de son propre corps
de guerre au bras; la blessure comme un liquide à haute pres- d'extermination « ex t e n s ive» ; pour les jeter à la face des gardiens
suppure, un fragment d'os appa· sion. ~ «l'espérance de vie» d'un dépor- à travers le guichet; il s'était éven-
18
tré plus d'une fois et avait sorti
ses intestins; il s'était ouvert les
ESPRIT
veines, avait mené de longues grè-
ves de la faim, avalé toutes sorte~
de choses et on lui avait ouvert le
ventre et l'estomac à l'hôpital...
Pourtant, il sortit de Vladimir vi-
vant, puis on l'envoya au camp
11,0 7 et au camp 11,0 Il ».
20
Lénine Le gaullisme
Jean Charlot, qui a donné, il performances de l'UDR. Sile parti
y a trois ans la première étu- réussit et si son succès renforce le
de scientifique de l'UNR (1), régime, c'est que .l'interprétation
reprend, aujourd'hui, son su- a bien mis en lumière une « loi »
jet en l'élargissant à l'ensem- du développement de la y. Répu-
ble du gaullisme et en le re- blique. Le raisonnement théorique
plaçant dans la vie politique avait permis à l'auteur d'affirmer
française. Intéressant parce que le gaullisme devait normale-
qu'il s'attache à un phénomè- ment survivre à son fondateur, non
ne qui nous concerne tous, grâce à l'inertie des comportements,
son livre l'est plus encore mais parce que l'intervention du
comme témoignage des tra- général avait entraîné une transfoI:-
vaux de la nouvelle généra- mation du système politique. Dans
tion des politistes français. la mesure où l'UNR (puis UDR).
en appliquait les règles du jeu, le
parti gaulliste devenait un élément
Jean Charlot nécessaire du nouveau régime et
1 Le phénomène gaulliste
Fayard, 204 p.
tendait ainsi à acquérir une exis-
tence autonome, objective par rap-.
port à son leader.
Shaw socialiste?
Bernard Shaw d'Undershaft; mais à peine s'y
1 Major Barbara
Théâtre de l'Est parisien
est-il rallié qu'aussitôt il lui sau-
te aux yeux que cette logique,
c'est celle d'Ubu : un sophisme
s'ouvrant sur la monstruosité;
Bernard Shaw, qui avait le la logique capitaliste est irréfu-
goût du paradoxe, doit bien rire table, soit; il n'y a pas d'autre
dans sa barbe et sa tombe : il solution que de se rallier à son
aura fait grimper sur la scène ordre, soit: mais comme on ne
du TEP, Pierre Dux et lise Dela- se rallie pas à Ubu, c'est donc
mare, figures mythologiques du qu'il faut l'abattre; il Y a donc
Boulevard et de la Comédie une solution : changer radicale·
Française, assurant du même ment le monde; la logique de
coup le triomphe d'un vieux Krupp n'avait oublié qu'une cho-,
théâtre sur une scène habituel- se : la possibilité, pour la -lutte
lement ouverte à d'autres exer- de classes, de se faire révolu-
cices; et il aura d'autre part, tion; la logique ubuesque y ra-
avec une pièce grinçante et so- mène le spectateur.
cialiste sur l'Armée du Salut et Brecht, dans un texte de 1926,
les marchands de canons, en- rendant hommage à Shaw, de
thousiasmé la critique bourgeoi- faire, dans ses œuvres, « hardi·
se. Voilà, du coup, - en appa- ment appel à l'entendement - et
rence du moins, - deux para- de « prendre plaisir à semer le
doxes. trouble dans le système de nos
Cela dit, pourquoi pas ? Pour- associations d'idées -, ajoutait
quoi ne pas jouet cette pièce au que Shaw «est convaincu qu'il
TEP ? Major Barbara, qui date n'y a rien à retarder en ce mon-
de 1905 était une œuvre inédi- de hormis le regard tranquille
te en France. Rétoré a eu raison et incorruptible de l'homme du
de la présenter, Il aurait pu seu- commun -. Ce regard-là déman-
lement la faire plus méchante, tèle immédiatement la logique
et moins équivoque qu'il ne l'a d'Undershaft.
faite : Il est vrai qu'elle aurait Mais tous n'ont pas nécessai-
moins plu. rement le regard tranquille et
La pièce, en son temps, avait incorruptible de l'homme du
de quoi provoquer. Elle a pour Arlette Tépbany et Pierre Dux. commun. Ils peuvent donc à leur
héros une sorte de Krupp - Il aise • récupérer. la pièce, et
s'appelle Undershaft - cyni- du monde; ses principes seuls s'incline. Après tout, il ne serait s'ébrouer là-dedans comme ils
que, sans complexes et sans sont adaptés à la nature des pas le seul. Cette logique, un feraient dans de l'Anouilh; la
masque, et d'une logique imper- choses, pas d'autre solution que peu moins cyniquement exhibée chose leur est d'autant plus fa-
turbable. l'argent n'a pas de se rallier à lui; (au J- acte fait aujourd'hui fortune ; c'est cile que, pour ce qui est de la
d'odeur (c'était le titre de la on a visité l'usine de mort, usi- un langage qu'on parle volon- forme dramatique, il n'y a pas
première pièce de Shaw, nou- ne - modèle évidemment avec tiers, du côté des maîtres et grande différence entre les
vellement acquis au socialis- dispensaire, log e men t s ou- qu'on sera assez enclin à écou- deux: un Anouilh socialiste (1)
me) : ce milliatdaire a une -usi- vriers, gros salaires et tutti ter, de l'autre côté, • tant que, aurait écrit cette pièce grinçan-
ne de mort • pOur faire des mil- quanti) , et en effet tout cède de- - pour citer Sartre - le Parti te. le tort de Rétoré est d'avoir
liards et fonder sa puisssance. vant cette démonstration : Communiste français restera le facilité la confusion. Shaw n'est
A sa fille, qui s'était engagée l'aristocratique rombière, - sa plus grand parti conservateur pas Brecht, certes; mais puis-
dans -l'Armée du Salut (- Major femme - , qui méprisait en lui de France-. que l'un retrouvait dans l'autre
Barbara .) Il va prouver en sor- le self-made man, est retournée Mais, en fait, entendre ainsi quelque chose de sa propre dé-
tant son carnet de chèques, que de fond en comble, sa fille cla- la pièce, admettre que l'auteur, marche, Rétoré aurait pu es-
cette - usine de rédemption • que la porte de l'Armée du Sa- lui aussi, se rallie à l'idée de la sayer de nous faire songer à
fonctionne avec les chèques lut; il n'est pas jusqu'au petit fatalité du capitalisme, c'est fai- Brecht au lieu d'accuser la res-
des fabricants de whisky et des prof de grec, ami de la fille et re bon marché de l'humour de semblance avec Anouilh. Une
marchants de canons, et qu'au salutiste lui aussi, - ironique, Shaw, de ce même G. B. Shaw autre mise en scène moins uni-
demeurant cette pieuse engean- pacifiste et vaguement sociali- qui, d'ailleurs, après la lecture ment boulevardière, et d'autres
ce, ôtant des cœurs des pau- sant - qui ne soit conquis : du Capital, disait que ce livre acteurs moins imperturbable-
vres la haine et la colère, leur après tout, ce capitalisme intel- • constituait contre la société ment boulevardiers, auraient pu
ôte du même coup l'idée de se ligent et dynamique est une es- bourgeoise le plus inexorable nous faire oublier la facture
révolter ou la tentation de se pèce d'humanisme; avec de réquisitoire qui ait jamais été conventionnelle de la pièce et,
faire socialistes (. vous avez meilleurs salaires, que diable, écrit -. Il est déjà plaisant d'en- par delà cette forme discrète,
les remerciements de la grande on apprend à se mieux respec- tendre un marchand de canons faire éclater - , et sans équivo-
industrie -) ; à son fils, honnête ter (et à respecter l'ordre éta- reprendre cyniquement à son que, ce qui n'est pas le cas ici
jeune homme qui veut faire de bli) ; bref, • tourner le dos à compte l'analyse marxiste : - , le sens d'une pièce qui peut
la politique. il démontre où est Undershaft, c'est tourner le dos mais l'humour de Shaw pousse être singulièrement percutante.
le vrai siège du pouvoir: .Je suis à la vie.; tout le monde s'in- plus loin le paradoxe, puisqu'il Mais cela aurait fait grincer
le gouvernement de ton pays-. cline. conduit le spectateur à ce point trop de dents. Il était plus ten-
(Marx ne dit rien d'autre). Tout Et pour un peu, il semblerait extrême où Il est presque con· tant de les faire sourire.
cède à sa logique: il est l'ordre que Bernard Shaw, lui aussi, traint de se rallier à la logique Gilles Sandier
CINEMA INFORMATIONS
Objectif' : Vérité
le jeune cinéma américain DeUZième l'estival
explose. Nous avons eu droit, du Livre à Niee
depuis quelques mois, à une
bonne dizaine de films turbu- Le deuxième Festtval International
lents, passionnants, authenti- du Livre se déroulera à Nice du 26
qUes, sortant des studios car· mal au 1er juin 1970. Un certain nom-
tonnés pour courir les rues, se bre de manifestations ont été préwes
répandre dans la vie quotidien- par ses organisateurs pour illustrer le
but premier de ce Festival, qui est de
ne américaine, interroger les re- réunir, autour de cet élément commun
présentants du Black Power, les qu'est le livre, les spécialistes les
manifestants contre la guerre plus divers, depuis les librairies Jus-
du Vietnam, rencontrant des qu'aux représentants des associations
populaires, en passant par les auteurs,
hippies, interrogeant des flics, les bibliothécaires, la presse, les re-
bref un cinéma documentaire présentants des lecteurs, etc.
qui change le présent en Histoi-
re et qui fait de l'Histoire un ré- On pourra -ainsi assister à un collo-
que dont le thème est • Le livre et
cit cinématographique. Alors ses publics - et qui sera animé par
que le cinéma français s'accro- des conférences de personnalités di-
che au divertissement psycholo- verses (dont Alain Robbe-Grillet, le
gique (signe évident d'on sait samedi 30 mai à 15 heures). un carre-
four sur la circulation du livre au-
quoi !) ou au divertissement dit quel prendront part divers spécialis-
• du samedi soir ., alors que les tes (le mardi 26 mai), un carrefour
auteurs les plus turbulents (Go- intitulé • Création et public de mas-
se. au cours duquel les porte-parole
dard, mais aussi beaucoup de de différents groupes confronteront
jeunes inconnus) pratiquent un leurs wes ~t fixeront leurs positions
cinéma muet, un cinéma enfer- chenbach par-là. Quelques miet- le dialogue est impossible. le à propos du divorce de plus en plus
mé dans les bobines de fer marqué entre ce qu'il est convenu
tes de Jean-Pierre Mocky. Pour reporter s'aperçoit qu'il est la littérature d'avant-garde et les be-
blanc, un cinéma qui ne peut le reste allez voir Objectif floué. Ses belles idées de blanc soins du grand public (le 29 mal).
pas se montrer parce que les Vérité? de Haskell Wexler. bien propre, sûr de tenir la Vé-
Etats généraux du cinéma sont rité dans son objectif de caméra Sous les auspices du ministère des
relégués à l'époque héroïque Affaires Culturelles, un autre collo-
Qu'est-ce donc qu'Objectif fichera le camp. l'objectivité est que réunira un 'certaln nombre de spé-
des révolutions manquées, Vérité? C'est un film d'une ba- un luxe de reporter blanc. Mais claljstes de l'enfance aftn d'étudier
alors qu'au niveau de la censure nalité décourageante. le héros ce n'est pas la Vérité. Ici il faut les rapports de la poésie et de l'en-
inconsciente les cinéastes de est reportèr pour une chaîne de s'arrêter, le film devient très fant. Un essai d'anthologie poétique
renom pratiquent une politique idéale sera réalisé en fin de journée,
télévision. Il se promène, camé- beau. Il y a quelques secondes tandis qu'une autre équipe, patronnée
de refuge (dans l'Histoire, la ra sur l'épaule et court les ac- où on sent physiquement que le par le Secrétariat d'Etat à la Jeunesse
psychiatrie, le policier ou le dé- cidents de voiture, les réunions personnage doute de sa mission, et aux Sports, montera- dans le théA-
sespoir métaphysique), alors politiques, les manifs, les crimi- de ses bons sentiments. \1 fait tre de Gabriel Monnet • L'histoire du
qu'il n'est donc plus possible de Soldat -, avec des enfants des éco-
nels à la petite semaine. Il cou- même plus. On a l'impression les de Nice.
parler de cinéma français docu- che avec une infirmière. Il a un qu'JI n'aura plus de bons senti-
mentaire, le cinéma américain poster de Jean-Paul Belmondo ments, mais des mauvais senti- Comme en 1969, • L'Aigle d'Or du'
travaille sur le vif, le présent, dans sa chambre et surtout il a ments. \1 ne fera plus des ima- Meilleur Livre - désignera le livre le
les secousses d'une société em- des idées généreuses, humanis- ges. \1 filmera l'événement se-
mieux fait sur le plan techntque, tan-
pêtrée dans ses contradictions; dis que • L'Aigle d'Or de la Poésie-
tes. Il donne dans le style. p'tit lon une certaine dialectique, se- attlrel'll l'attention sur un poète
le cinéma américain parle, lui, gars courageux., honnête, qui lon une certaine sensibilité, se- contemporain. Trois nouveautés ont
fait parler, et dresse procès-ver- n'hésite pas à dénoncer la vio- lon ses croyances, ses convic- été cependant prévues pour 1970 : • Le
baux et procès-images avec des lence de la police et la démago- tions, mais inversées, c'est-à-
Grand Prix Littéraire du Festival-,
coups de zoom, avec des inter- créé pour remplacer • L'Aigle d'Or du
gie des politiciens locaux. Ce dire marquées par le sceau de Roman - et dont le Jury sera composé
views cU'eillies au vol dans une reporter fait donc du cinéma po- la révolte, de l'inquiétude. le exclusivement de directeurs littéraires
rue de Chicago ou dans une ra- litique et son objectif, c'est la mérite de ce film est d'avoir fil- de maisons d'édition, lesquels seront
me du métro aérien. Bref: c'est vérité. Mais tout ceci ne tient mé l'Amérique et montré com-
Invités, au premier tour, à voter pour
l'actualité saisie au vol. la poli- un auteur de leur maison et, au
pas le coup quand les choses se ment on passe du 24 images se- second tour, pour un auteur d'une
tique redécouverte à l'indicatif gâtent. Par exemple, au cours conde à un cinéma vraiment po- maison concurrente; • L'Aigle d'Or
présent. Bref, c'est l'Amérique des émeutes à Chicago en 1968, Ii.tique : de la recherche au mou- de la Bibliophilie -, dont le jury
les choses se sont gâtées. les sera présidé par Julien Cain et
vue - par les cinéastes améri- vement, de l'inquiétude à une qui est destiné à attirer l'attention
cains. Imaginez la Frànce des flics ont tapé trop dur. Et les ma- attention qui n'est plus un atten- du Wblic sur cette spécialité essen-
commerçants contestataires fil- nifestants pacifistes ont essayé tisme. Beau travail. Chapeau. tlellernent française; le • Prix Charles
mée par Chabrol. Imaginez le de tenir bon. lé fait-divers s'é- Cinéma de prise de conscience Perrault -, dont le jury sera com·
crase dans des images chahu- posé des membres non-éditeurs de
problème de l'Université filmé politique qui laisse loin derriè- la section française de l'Union in-
tées de sang, de têtes labou- re lui le travail honnête des ci- ternationale du Livre pour la Jeunes-
par Truffaut. Imaginez la grève rée.s, de corps emmenés dans néastes engagés dans leurs cer- se et qui couronnera un ouvrage
des cheminots vue par Jean- des ambulances aux sirènes d'imagination pour la jeunesse paru
titudes politiques et, à l'autre
Pierre Melville. Eh bien' non, hurlantes. Mais la bonne cons- extrémité, les tenants d'une ob- l'année -précédente chez un éditeur
n'est-ce pas, vous n'arrivez pas français. Enfin, le • Prix du Grand
cience du reporter en prendra jectÏ\{ité qui n'est qu'une forme Aigle d'Or de la ville de Nice'-, dé-
à imaginer ça et vous avez ral- encore un coup. En mieux et en de désinvolture appliquée aux cerné par un jury composé des mem-
son. C'est pas demain qu'on plus -fort. Au- cours d'un entre- événements. bres du Comité d'honneur et du Co-
mité International du Festival, sera
verra ça. Nous restent un petit tien, plutôt d'une tentative d'en- attribué à un auteur français ou étran·
Eustache par-ci, un petit Rei- tretien, avec le Black Power. Ici Jacques-Pierre Amette ger pour l'ensemble de son œuvre,
Soienoes seorètes tres titres, la Mandragore, du même gelen : l'Attente sous les armes 1939- "Trésors inoonnus "
auteur; le Repaire du grand ver blanc, 1940 (la «drôle de guerre. vue du
par Bram Stocker, le père de Dracula; côté de la politique). Autres titres :
Après «Les énigmes de l'univers", Nouvelles d'Arthur Machen. Histoire et philosophie d'une guerre
chez Laffont, «En marge", à Edition 1870-1871), par Emile Olivier, épuisé A l'heure où nos sociétés en voie
Spéciale, et «Les chemins de l'im- depuis longtemps; le Mémorial des de surdéveloppement et en mal de
possible", récemment Inaugurée chez plébiscites, par François Piétri; les frissons sacrés s'imaginent de bonne
Albin Michel, Pierre Belfond lance Dunod aotualités Grandes heures du cabinet Clemen- foi découvrir l'érotisme, et où les mo-
à son tour une nouvelle série consa- ceau, par André Tardieu. ralistes de tout poil se penchent avec
crée aux «Sciences secrètes.~ dont anxiété sur un phénomène que le
les premiers titres seront : le Dic- mercantilisme international s'est pour-
tionnaire Initiatique d'Hervé Masson; Dunod lance ce mois-ci une vaste " Perspectivcs tant chargé avant eux de désamorcer,
les Admirables secrets de la magie campagne de publicité autour de sa il est bon de prendre du recul, de faire
nouvelle collection : «Dunod actua- éoonomiques"
naturelle et cabalistique du grand et des confrontations, de revenir aux
du petit Albert; Erotique de l'alchimie, lités •. Au rythme de trois volumes sources. C'est ce à quoi nous invite
par Elle Charles Flamand. par mois, « Dunod actualités. présen- Deux nouveaux titres dans la collec- la série intitulée les «Trésors incon-
tera, à l'intention du grand public, des tion «Perspectives économiques. de nus. de Nagel et ce n'est pas le
ouvrages destinés à répondre à l'en· Cal mann-Lévy : le Modèle suédois, moindre mérite de cette collection
Dans le même ordre d'Idée, «La semble des problèmes qui, dans le par Jean Parent, dans la série «Eco-
Blbllotheca hermetica., chez SGPP consacrée aux représentations éroti-
domaine social, politique ou économi- nomie contemporaine., et Cou r s ques dans l'art des différents p~ys et
(diffusion Denoël) , reprendra d'an- que déterminent notre vie quotidienne. d'économie politique, par Jean-Baptis-
ciens textes comme Le Livre des qui nous montre que la symbiose de
Vendus au prix de 9 F, les livres se- te Say, avec une préface de Georges l'érotisme et du sacré est présente
figures hiéroglyphiques de Nicolas ront différenciés par la couleur de leur Tapinos, dans la série « Fondateurs de
Flamel ou l'Alchimie et les alchimistes dans toutes les civilisations hormis la
couverture qui sera rouge pour la l'économie '. nôtre, que l'érotisme sous toutes ses
de Louis Figuier. série politique, jaune pour la série formes a toujours fait partie, sous
économique et orange pour la série tous les climats et en tous temps, du
Signalons également, chez Fayard, sociale. Les trois premiers titres vien- "Les chemins de
matériel même de la création artistl·
une collection dirigée par Jacques nent de sortir : Qui dirige Israël, l'impossible" que.
Brosse et qui sera composée d'ouvra- par Simon Ben David; Pourquoi les
ges appuyés sur des expériences vé- prix -montent-Ils ? par Bernard Ber- Dans la nouvelle collection d'Albin
cues et consacrés aux récentes inves- nier; La Vie sexuelle du couple, par Michel, «Les chemins de l'impossi- Collection de prestige, somptueuse-
tigations dans le domaine métapsychi- Pierre Vellay. ble., paraît une histoire de la sor- ment illustrée, rédigée par des spé-
que : «L'expérience psychique •. Pre- cellerie et de la magie à partir de cialistes internationaux et publiée si-
mier titre : Les Lamas du Tibet, par l'assassinat de Sharon Tate : les Es- multanément en français, allemand,
Paul Arnold, spécialiste de la littéra- claves du diable, par Georges J. De- anglais et italien, • Trésors Inconnus·
ture et de la pensée orientales. La 3 e République maix. Signalons également, dans la apporte une contribution importante à
collection «Lettre ouverte " une l'histoire de l'art en ce qu'elle jette
Chez Christian Bourgols sera Inau- Lettre ouverte aux juifs, par Roger un éclairage nouveau sur un sujet vul-
gurée sous peu une collection consa- Sous le titre de «Souvenirs et do- Ikor et, dans la collection • Présence garisé par l'expression populaire et
crée à la littérature d'épouvante et cuments sur la III' République., Jé- du judaïsme., une anthologie bilin· nous donne à découvrir, sans fards
du surnaturel et qui tire son titre d'un rôme Martineau lance ce mois-cl une gue de textes talmudiques réunis et mais sans complaisances, des œuvres
des premiers ouvrages li paraître : nouvelle collection. Elle sera Inau- commentés par Abraham Epstein sous qui, jusqu:ici, étaient obstinément oc-
Dans l'épouvante, par Hans Ewers. Au- gurée par un ouvrage de M.-E. Nae- le titre d'Etincelles. cultées ou défigurées par les tabous
26
INFORMATIONS
Par ailleurs, les Spartakiades rassemblent 1 056 athlètes, alors il a de noms), plus le handicap qu'il concède est lourd. Ainsi, si le
qu'il n'yen a que 264 pour les Olympiades et l'ampleur de la par- Jones de Humphrey d'Arlington Von-Kramer-Casanova) on recon-
ticipation garantit souvent une combativité exceptionnelle qui, naît sous ces noms le second sprinter de 100 m de Nord-Ouest
des éliminatoires aux finales, donne aux courses et aux concours W, vainqueur olympique, etc.) défie Smolett jr (vainqueur du
une vigueur peu ordinaire et à toute la rencontre une ambiance 100 maux Spartakiades) Smolett jr partira avec 30 m d'avance, ce
passablement survoltée; les récompenses sont d'ailleurs souvent qui, sur une si faible distance, constituera vraisemblablement un
à la hauteur de ce climat et la victoire de ces sans-grade est handicap décisif. Si le Jones parvient quand même à triompher,
fêtée avec une chaleur et un enthousiasme que les vainqueurs il bénéficiera immédiatement de la victoire de l'autre et s'empa-
des Olympiades ne connaissent pas toujours. Les vainqueurs des rera, non seulement de son nom (Smolett jr) mais de ceux du
Spartakiades, pendant tout le trimestre qui suit l-eur triomphe, second (Anthony) et du troisième (Gunther) de la course, ce
jouiront pleinement de leur nom et des prérogatives qui y sont qui, en principe, lui assurera des avantages considérables. S'il
attachées; ils auront droit, en particulier, à un handicap favorable perd, par contre, c'est son titre le ~Ius prestigieux qu'il perdra,
dans les championnats de classement et il est presque de règle celui du Jones, celui de Vainqueur Olympique, et que portera dé-
qu'un vainqueur de Spartakiade (un Newman, un Taylor ou un sormais, avec toutes les prérogatives afférentes, le Smolett jr
Lama pour le 200 m par exemple) gagne aussi dans le champion- qu'il aura imprudemment défié.
nat de classement qui suit et soit dès lors admis à part entière Le système des Défis est, par excellence, une arme à double tran-
dans toutes les autres rencontres. chant. Car, de même que le Spartakiste ne peut refuser le défi,
Les athlètes classés n'ont évidemment que mépris pour les Spar- aucun athlète nommé ne peut refuser de le lui lancer, pour peu
takiades et pour leurs vainqueurs. L'idée est venue assez vite aux que la foule ou qu'un officiel lui en fasse la demande. L'humeur
officiels d'utiliser ce mépris et d'en faire le moteur d'une mani- des officiels, en fixant le handicap que le défiant concède au
festation originale; de là est né le Système des Défis. Le principe défié, déterminera à elle seule le résultat de l'épreuve: ou bien
du défi est assez simple : un athlète classé et qui, par consé- elle privera le Spartakiste de la seule victoire qu'il pouvait espérer
quent, n'a pas participé à la Spartakiade, s'approche du vainqueur remporter, ou bien elle détrônera en un instant un athlète que ses
dans la minute qui suit sa victoire et le défie de recommencer victoires auraient pu rendre impudent. Ce n'est pas tellement que
son exploit. On dit, en argot de stade, qu'il le « coinche - ou en- les officiels soient opposés à l'impudence; au contraire, ils l'en-
core qu'il le « contre -. Le Spartakiste n'a pas le droit de se déro- couragent souvent, ils s'en amusent. Ils aiment que leurs vain·
ber; tout au plus peut-il espérer triompher de son adversaire queurs soient les dieux du stade; mais il ne leur déplaît pas non
grâce au handicap, parfois considérable, que les juges lui laisse- plus, précipitant d'un coup dans l'Enfer des Innommables ceux
ront et qui sera déterminé par le directeur de courses en fonction qui croyaient, un instant plus tôt, en être sortis à jamais, rappeler
non pas tant de l'état 'de fatigue du vainqueur que de la qualité à tous que le sport est une école de modestie.
du « coincheur ,. ; en principe, plus le coincheur est célèbre (plus (A suivre)
j""~W(;P"~":ti~lik'
-'~.'
•
et salles spécialisées
9 1 PIscine
. ~ - .'.' h 1 Installations sponives de plein air
~"",'.,p i 1 Formation professionnelle
:~' 'li et promotion socia le
j 1 Bibliothèque. discothèque
'iÎ' k 1 Centre d'action sociale.
ri garderie d'enfants; conseils sociaux.
1: accueil des anciens
1 1 Maison des jeunes
,m 1 Centre d'action culturelle:
.'~ théâtre. galerie d'exposition, musêe.
':,,; centre (j'enseignement artistique
n 1 Foyer des Jeunes Travailleurs
28
réalisation g.P L·Abbaye. Yerres -·91. Essonne - 925.39.80
Réédition du premier de Faulkner La vie des frères est abordé dans toute la
roman de l'auteur, et de Dos Passos. Goncourt, diversité de ses faits et
paru en 1948 leurs rapports de ses problèmes.
chez Plon. et leur influence
• Basil L1ddel Hart sur la littérature
Daniel Blanchard
Mémoire. contemporaine. • Pierre Bourdieu
.John Barth Cartes Guy de Pourtalès Fayard, 560 p., 50 F
Mercure de France, Jean-Claude Passeron
L'enfant bouc La piche miraculeuse 50 ans de notre passé La reproduction
72 p., 12 F.
Trad. de l'anglais Préface de F. Nourlssle. récent, vus par celui Lanza dei Vasto Eléments d'une théorie
et préfacé par Gallimard, 556 p., 35 F que Montgomery Enfances d'une pensée du système
Maurice Rambaud Réédition d'un roman appelait • l'écrivain Denoël, 128 p., 12 F. d'ense.lgnement
Alain Rais qui obtint le Grand Prb militaire britannique Premier volume
Gallimard, 448 et La nuit manque 3 graphiques et 10
360 p., 54 Fies 2 vol. du Roman de le plus Important d'une série Intitulée tableaux in texte,
de mallMi'œuvre de notre époque •. • Le Viatique •. 1 graphique hors texte
Par l'auteur de Coll . • J'exige l'Académie Française
• L'Opéra flottant •. en 1937. et un index
la parole. Ed. de Minuit, 288 p.,
Plerre-Jean Oswald, 20 F.
136 p., 13,50 F. • Prince de Joinville
Dom Ph. Rouillard Vieux souvenirs CRITIQUE Un ouvrage de synthèse
• G. Cabrera Infante Le dictionnaire Edition présentée HISTOIRE théorique, appuyé
Trois triste.> tigre.
des saints et annotée par LITTERAIRE sur des travaux
Trad.> du cubain par R. Morel, 426 p., 25 f. D. Meyer empiriques, et qui fait
Albert Bensoussan, REEDITIONS Coll. • Le temps suite aux • Héritiers -.
avec la collaboration CLASSIQUES retrouvé •
de l'auteur Chaucer
Mercure de France, Troile et Crisède
Gallimard, 468 p., BIOGRAPHIES 328 p., 21 F • Changer l'école
30,75 F (Extraits) Ed. de l'Epi,
Joseph Delteil CORRES· Les mémoires du fils Présentation,
Un roman qui a pour Choléra PONDANCBS de Louis-Philippe, qui 256 p., 20 F.
traduction et notes Un ouvrage étayé
cadre La Havane R. Morel, 194 p., 25 F fut commandant de par J.R. Simon
de la Révolution Voir le n° 58 la flotte française sur des expériences
Aubier-Montaigne, concrètes
mals dont le de la Quinzaine. en Algérie. 16,50 F.
véritable sujet est Victor Alexandrov et où la parole a été
la littérature et les Charles Dickens Roulette russe • Violette Leduc donnée aussi bien
Œuvres • Tome VI Table Ronde, 320 p., La folle en tête a~ enseignants
avatars du langage.
La petite Dorrlt 19 F Gallimard, 416 p., qu'aux enseignés.
Un conte de deux villes Le roman des dernières 28,50 F
• Rosario Castellanos Publié sous la direction décades, vu à travers Voir ce numéro
Le Christ de. ténèbres de Pierre Leyrls une vie d'homme. de la Quinzaine. • Jean Duvignaud
Introduction et notes ' . Pol Ernest Anthologie des
Trad. da l'espagnol par Approches sociologues français
A. et J.-C. Andro de Pierre Leyrls Ignace Lepp pascaliennes
Trad. de l'anglais • Brendan Behan Lettres posthumes contemporains
Gallimard, 364 p., Encore un verre Duculot, Gembloux P.U.F., 256 p., 18 F.
25,50 F par Jeanne Métlfeu- à mes lecteurs (Belgique), 712 p.,
Béjeau avant de partir 1 Préface dli Un ouvrage critique
Une farce sanglante 650 FB. à travers lequel
Bibliothèque de la Trad. de "anglais Dr Chauchard
qui a pour cadre par P.-H. Claudel L'unité se constitue
Pléiade Aubier-Montaigne, 15 F et le mouvement,
le Mexique et, pour Gaillmard, 1.392 p., 52 F. Gallimard, 208 p., 17 F un discours objectif
protagonistes, les Recueil de notes le sens et la fonction de la sociologie
Chroniques sur la vie et de lettres trouvées de chacune
Indiens exploités par quotidienne en Irlande contemporaine.
les propriétaires blancs parmi les papiers des 27 liasses
Jean Douassot parues dans l' • Irish de ce marxiste laissées par Pascal.
La Gana Tlme. de 1954 à 1956 converti resté
Préface de • Charles Ford
• Hugo von Hoffmannstahl un authentique Caméra et mus media
Maurice Nadeau progressiste. L'érotisme
Andréas et autre. Illustrations Lucien Bodard Mame, 158 p., 11,55 F.
récits dans le roman
de l'auteur Mao Tsé-toung contemporain Du bon usage des masCJ
TriKl. de l'allemand par Losfeld, 744 p. • Rosa Luxemburg media.
360 illustrations Lettres à Karl et Choix et présentation
e:
Badoux et M. Michel Voir le n° 71 de 15 cartes Luise Kautsky par René Varrln
Préface d'Henri Thomas la Quinzaine. Gallimard, 256 p., 64 F Trad. de l'allemand Ed. de la Pensée
Gallimard, 264 p., Moderne, 320 p., 20 F. Salvador Giner
L'épopée de Mao miSE par N. Stchoupak Initiation
21,25 F en textes et en images et A.·M. Bracke- Une anthologie
Euripide de textes érotiques. à l'Intelligence
Nouvelles Inédites du Desrousseaux sociologique
grand écrivain allemand. Médée Présentation par
Edition, Introduction Trad. de "espagnol
• François Caradec Dominique Desanti par T. Jerphagnon
et commentaire de Isidore Ducasse, P.U.F., 212 p., 24 F André Thérive
Robert Flacellère Procès de littérature Ed. Privat, 208 p.,
• Ling Mong-tch'ou comte de Lautréamont Une correspondance 18,50 F.
L'amour de la renarde P.U.F., 128 p., 15 F. 8 p. de hors-texte La Renaissance
étalée sur
Marchands et lettrés Table Ronde, 248 p., vingt-deux ans du livre éd.,
de la vieille Chine 23 F 276 p., 28,95 F. Une vue d'ensemble
Joseph Kessel et qui éclaire d'un Un ouvrage posthume objective et très
Traduit, préfacé et Les rois aveugles Une biographie très jour nouveau
complète de ce grand de l'auteur actuelle.
annoté par A. Lévy Plon, 320 p., 22,50 F les conceptions de la de • Clotilde de Vaux.,
Gallimard, 296 p., Réédition, entièrement poète mystérieux. fondatrice disparu en juin 1967.
29,75 F remaniée par l'auteur, du parti communiste La sociologie
Douze contes chinois d'un ouvrage sur allemand. Ouvrage collectif
du XVII' siècle. les derniers jours de • Malcolm Cowley sous la direction
Wlliam FauJkner
la Grande Russie. SOCIOLOGIE de J. Cazeneuve
Correspondance Lec Mellor et D. Vlctoroff
Trad. de l'anglais Lord Chesterfield PSYCHOLOGIE
• B. Perez Galdos Denoël, 548 p., 47,50 F.
Gaston Leroux par R. Hilleret Mame, 340 p., 29 F. Collection
fortunata et Jacinte Gallimard, 216 p.,
Histoire de deux La poupée sanglante Une grande figure • Dictionnaires
La machine 15,75 F du XVIII' siècle. P. Bertrand, V. Lapie, du savoir moderne -.
femmes marl'es
à assassiner Un recueil de lettres J.-C. Pelle
Trad. de "espagnol L()sfeld, 336 p., 24 F. et souvenirs de 1944 Dictionnaire
par Robert Marrast à 1962, d'information sexuelle
Rencontre, 500 p., Marcel Sauvage Odile Levassort
Jean Lorbais commentés par J. et E. de Goncourt, E. Privat, 280 p., 25,60 F. Garçon. et filles
17,60 F
Sans armure l'historien et critique précurseurs Une étude très ou le bonheur d'aimer
L'œuvre maîtresse Gallimard, 144 p., Malcolm Cowley, Mercure de France, complète où le vaste Nombr. photos
du Balzac espagnol. 11,75 F qui fut aU8s1 l'ami 208 p., 19 F. domaine de la sexualité Mame, 368 p., 12,50 F.
30
de René Huyghe du plus célèbre livre Garnier/Flammarion Bilingue Aubier- P.U.F.jSUP R. Pinon et Ph. Soupault
et de Jean Rudel érotique de tous Flammarion. Les fondements Seghers/P.S.
2.500 Illustrations les temps. historiques Un panorama
Larousse, 2 vol. 784 p., Henry James et philosophiques de ce folklore enfantin,
278 F (prix Maud-Evelyn Michel Vachey de cette esthétique essence
de souscription) Les cures La mort du lion Amulettes maigres et l'opposition entre de tout langage,
Toutes les tendances Denoël, 256 p., 19 F. Introduction Pierre Jean Oswald/ l'art révolutionnaire de tout rythme,
et toutes les formes Un nouveau par T. Todorov Contes et poèmes. et le réalisme de toute poésie
de l'art dans tous • Guide pratique Traduit de l'anglais socialiste
les pays, de 1800 de la vie quotidienne-. par L. Servlcen
à nos jours. Aubler-Flammarion/ Paul Valéry Jean-Jacques Marle
Collection bilingue. Eupalinos Jean-Louis Bédouin Le Trotskysme
Fernand Lequenne L'âme et la danse La poésie surréaliste Flammarion/Questions
La Renaissance Le livre des boissons Dialogue de l'arbre Seghers/P.S. d'histoire
en Italie 31 Illustrations Jules Vallès Gallimard/Poésie Un panorama du plus Le trotskysme
Texte et photos R. Morel, 400 p., 40 F. L'insurgé riche courant de la aujourd'hui
de H. Decker Une encyclopédie fort Garnier/Flammarion. poésie moderne
4 hors-texte couleur vivante sur l'histoire
295 III. en héliogravure des boissons et l'art Juan MarlneUo
27 plans et croquis de boire à travers Marle-Thérèse Bodart José Marti
Braun éd., 352 p., 75 F. les âges. I:SSAIS Marcel Lecomte Seghers/Poètea
Seghers/Poètes d'aujourd'hui
Belgique romane THÉATRB d'aujourd'huI. La vie et l'œuvre
Texte de A. Courtens Pierre Lleutaghi Une étude, Illustrée de ce poète cubain,
Illustrations Le livre des arbres Colette Audry de nombreux Inédits, héros de la lutte
de Jean Roubler 75 pl. Illustrées Léon Blum sur ce grand poète contre les Espagnols
30 hors-texte couleur R. Morel, 1.392 p. en ou la politique du Juste surréaliste belgé,
André Benedetto découvert par Paulhan
125 III. en héliogravure 2 vol., 90 F. Rosa Lux Gonthier/Médiations.
24 plans et croquis Un ouvrage sans et disparu en 1966 Alexander Mitscherlich
Braun éd., 224 p." 89 F. équivalent, Théâtre en France L'Idée de paix
qui répond Aimé Césàire et l'agressivité humaine
à toutes les questions Discours Paul Chauchard par S. Bricianer
Merveilles que l'on peut se poser Connaissance Gallimard/Idées
Bertolt Brecht sur le colonialisme
des châteaux à propos des arbres et maîtrise Une étude
L'achat du cuivre Présence Africaine. de la mémoire
de Bretagne Trad. de l'allemand psychanalytique
et de Vendée Marabout Service capitale sur la sexualité,
par E. Perregaux, Comment mettre
Préface de L. Guilloux J. Poujol J. Jourd'heuil, Le Corbusier l'agression
300 photographies M.Oriano Sur les quatre routes la mémoire en condition et les difficultés
Initiation J. Tailleur et l'exercer de l'effort humain
dont 55 en couleurs L'Arche/Travaux Gonthier/Médlations
Hachette, 308 p., à la civilisation Entretiens Réédition d'un ouvrage d'adaptation
96,60 F. américaine paru en 1940 et devenu à la civilisation
150 illustrations sur une nouvelle Marcel David
manière de faire introuvable. La neurochirurgie
Masson éd., 384 p., 25 F
du théâtre. Que sais-je? Jean-Jacques Nattiez
Un livre où se trouvent
HUMOUR rassemblée, Pierre Jean Oswald Lucien Goldmann « Che. Guevara
VOYAGES sous une forme vivante Georg Büchner Racine Seghers/Destins
et condensée, Jacques Fontaine politiques
DIVERS Théâtre complet L'Arche/Travaux. La littérature latine
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de base nécessaires et M. Robert Montesquieu par un choix de textes,
Joies de la gastronomie à qui veut De l'esprit des lois pour la plupart
L'Arche/Travaux
La cuisine aux étoiles comprendre Les grands thèmes inédits
Nombr. illustrations les Etats-Unis. Claude Guillot
Introduction et notes Les Institutions
en noir et en couleurs par J.-P. Mayer
Hachette, 340 p., 75 F. Courteline britanniques
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Un panorama Jean Riverain Que sais-je ? Cervante.
de la France les ronds de cuir Gallimard/Idées.
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