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Armes parlantes :

la lucarne de Louvois

Édouard Fournier [1819-1880],


Énigmes des rues de Paris (1860),
XXIII, pp. 305-310.

Les Invalides, un des plus beaux monuments du règne de Louis XIV, sont bien moins, on
le sait, l’œuvre du roi que celle de Louvois, son ministre. C’est grâce à son activité, qui
fut l’aiguillon du génie de Mansard, que l’immense édifice put sortir en peu de mois
du sol aride de la plaine de Grenelle. […]

Louvois, qui, pour l’orgueil, ne le cédait qu’à son maître, et dont l’admiration
pour ses propres travaux prenait souvent l’avance sur l’admiration des autres, vou-
lut se décerner sans retard la récompense qui lui semblait due dans cette grande
entreprise.
Il fit, en plusieurs endroits de l’hôtel, sculpter ses armes auprès de celles du roi ;
l’écusson de sa noblesse bourgeoise, doré par une richesse de fraîche date, auprès
du vieil écusson de France ! Louis XIV le fit effacer. Il ordonna bien un jour d’enle-
ver les armoiries de Turenne du monument élevé à ce grand capitaine dans une des
chapelles de Saint-Eustache ! L’écusson de France devait seul briller partout.
L’altier ministre enragea, se mordit les doigts, mais se soumit ; il comptait bien
que tôt ou tard, ne fût-ce, au besoin, qu’après sa mort, il aurait revanche et satisfac-
tion. Un article secret de son testament porta que sa sépulture devrait être placée
aux Invalides. Il fut obéi : son corps fut placé dans l’un des caveaux de l’hôtel, par
les soins du curé, M. de Mauroy, sa créature. Le roi l’apprit, et, lisons-nous dans une
des notes de Saint-Simon sur le Journal de Dangeau :
« Il l’en fit oster peu de jours après qu’il y eut esté mis, tant sa jalousie fut peu capable de
se contraindre. »
Louvois, comme s’il avait eu encore le pressentiment de cette déconvenue d’ou-
tre-tombe, avait pris ses mesures d’une autre manière, pour fixer, aux Invalides, son
souvenir d’une manière immuable et parlante ; et cette fois il avait su être si adroit que
le roi ne vit rien ou qu’ayant vu, il ne voulut rien faire paraître.
Entrez dans la cour d’honneur de l’hôtel, regardez les mansardes qui couron-
nent les façades du monumental quadrilatère ; quand vous en serez à la cinquième
de celles qui s’alignent au sommet de la travée orientale auprès de l’église, exami-
nez-la bien. L’ornementation en est toute particulière. Un loup s’y trouve sculpté, à
mi-corps : les pattes s’abattent sur l’ouverture de l’œil-de-bœuf, qu’elles entourent ;
la tête est à moitié cachée sous une touffe de palmes, et les yeux sont ardemment
fixés sur le sol de la cour.

Il y a là, sans que vous vous en doutiez, un calembour monumental, comme on en


faisait si souvent pour les armes parlantes, et dans ce calembour de pierre, se trou-
ve la revanche, la satisfaction du vaniteux ministre. Ce loup regarde, ce loup voit ;
c’est son emblème !
Pour qu’on n’en puisse pas douter, il a fait sculpter sur la mansarde qui est au-
près, à droite, un baril de poudre faisant explosion, symbole de la guerre dont il fut
l’impétueux ministre ; sur la mansarde de gauche, un panache de plumes d’autruche,
attribut d’un haut et puissant seigneur, comme il prétendait l’être ; et encore sur les
deux mansardes de la même travée, un hibou et une chauve-souris, oiseaux de la
vigilance, sa grande vertu.
Quelques-uns ont dit que le secret de cette petite combinaison de vanité fut révélé
à Louis XIV, et qu’il se contenta de dire en haussant les épaules :
« Le pauvre homme ! je le reconnais bien là ! »

Les armes parlantes (en anglais : ‘canting arms’) reposent sur des rébus, le plus souvent
des à-peu-près, qui dépendent des réalités langagières et matérielles de l’époque de leur
création, ce qui ne contribue pas à en rendre la compréhension plus aisée. Exemples :

● Racine avait pris comme armes « d’azur, au rat et au cygne d’argent », la pronon-
ciation du nom du volatile étant alors /sin/.
● Achille Peigné-Delacourt soulignait, en 1861, que le blason d’Agnès Sorel était l’arbre
dit surel ou « sureau », alors qu’à l’origine sorel est un adjectif voulant dire « roux, fauve ».
● La famille des Créquy a dans ses armes un créquier représenté par un arbre à sept
branches nues terminées par une feuille plate et par des racines à sa tige ; le créquier
s’appelle aussi prunellier hâtif, épine noire, belossay, buisson noir, épinier, fourdinier,
pelossier, mère-du-bois (d’après la Grande flore illustrée des Pyrénées, de Marcel Saule).
Note d’Aubin-Louis Millin, Antiquités nationales, I (1790), à ce sujet :

On comprend la devise des Créquy : « Nul ne s’y frotte ».

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