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On estime aujourd’hui à plus de 700 millions le nombre de blogues dans le cyberespace.

En une
dizaine d’année, ils ont colonisé le WWW et on contribué à sa métamorphose. Ces blogues sont les
nouveaux terrains vagues des adolescents qui y trouvent des interstices et des débarras.

Histoire

Les blogues sont un des effets de la multitude. A la fin des années 1990, le nombre d’internautes
croît dramatiquement et beaucoup ont le désir de pouvoir publier des contenus en ligne mais n’ont
pas les connaissances techniques nécessaires. Pour mettre à jour une page sur le web, il faut en effet
maitriser le fonctionnement de plusieurs logiciels et apprendre le langage HTML. Le blogue permet
de faire l’économie de ces pré-requis. Jon Barger appelle ces sites « web log » c'est-à-dire « carnet de
web ». Peter Merholz en fera un verbe deux années plus tards « We blog » dit l’en-tête de son site.
Le terme restera. On appelle aujourd’hui « blog » tout dispositif de publication ordonné autour de
trois invariants : 1. la publication antéchronologique des contenus ; 2. Les commentaires des
contenus ; 3. La liaison avec d’autres blogues via des liens hypertextes ou des rétroliens. 1 De
quelques dizaines en 1990, les blogues atteignent le chiffre vertigineux de plusieurs centaines de
million d’unités.

Types de blogues

Le blogue est un dispositif de médiation et de communication. Comme tel, il couvre tous les
domaines possibles et imaginables. Ils peuvent être au service de la politique de communication
d’une société, d’une association ou d’une organisation non gouvernementale ; ils peuvent être le lieu
où traiter de sujets aussi divers que la politique, la musique, le voyage, la législation ou la famille…  ;
ils peuvent utiliser comme principal média l’écriture, la vidéo, la photographie ou un mélange des
trois.. Enfin, chaque type de blogue s’inscrit dans une blogosphère particulière qui est l’écosystème
dans lequel se déroulent les conversations du sujet que traite le blogue.

Les blogues personnels sont des blogues qui traitent essentiellement de soi. Ils prennent les
différents contours de l’autobiographie. Certains sont des journaux intimes et font la recension aussi
exhaustive et précise que possible des événements d’une vie : rencontre, émotion, pensées… tout
est collecté sur le blogue. D’autres sont des souvenirs et sont une information données sur certains
événements. Contrairement au journal dont l’ascèse commande l’exhaustivité, les souvenirs font
l’objet d’une sélection. Ce peut être une période donnée, ou un certain type d’événements :
souvenirs de vacances, par exemple. Les blogues peuvent aussi être le lieu de Mémoires c'est-à-dire
d’un espace ou l’histoire personnelle rencontre l’Histoire. Enfin, les blogues peuvent prendre la
forme de l’essai, c'est-à-dire de délivrer un enseignement à partir d’une expérience personnelle.

1
Les rétroliens sont des liens inter blogues semi-automatisés. Ils permettent de relier des billets de différents
blogues parlant du m est « un système de liens inter-blogs semi-automatisé. Il permet aux auteurs de relier des
billets de blogs différents et parlant du même sujet, ou se faisant référence 
La confluence de l’Internet et de la téléphonie mobile fait de l’enregistrement (life logging) quelque
chose de presque banal. Des systèmes de micro-blogging comme Twitter ou les réseaux sociaux
comme Facebook permettent partager des traces des événements vécus presque au moment ou ils
sont vécus.

Usages de l’Internet par les adolescents

Les adolescents se servent principalement d’internet pour échanger avec d’autres adolescents, jouer
aux jeux vidéo et télécharger des contenus 2 Ils sont peu nombreux sur Twitter et Facebook parce
que ces dispositifs ne leur offrent pas l’espace suffisant pour discuter et parce qu’ils sont trop
exposés dans l’espace public. Ils utilisent préférentiellement les messageries instantanées type MSN,
les plateformes de partage de vidéo comme Dailymotion ou Youtube. Ils sont de grands producteurs
de contenus par leurs commentaires et par les documents (textes, vidéo, images) qu’ils mettent en
ligne. On les trouve en masse sur des jeux comme Habbo Hotel qui annonce 135 millions de 10-15
ans inscrits. A noter, les demandes d’aide qui se faisaient par téléphone sur Fil Santé Jeune basculent
maintenant sur le réseau : Fil Santé Jeune a vu une explosion des visites sur son site (+313%) et une
diminution des appels téléphoniques (- 43%) 3 Enfin, beaucoup bloguent. La plateforme Skyblog
compte plus de 10 millions de blogues ce qui en fait l’amas de blogues francophone le plus important
de la blogosphère.4 L’attraction qu’exercent les blogues sur les adolescents s’explique en partie par la
pression sociale et par leur besoin d’espaces de communication propres et leur facilité d’utilisation.
En effet, les adolescents ouvrent un blogue pour rejoindre d’autres adolescents qui s’y trouvent déjà.
A ce besoin de conformité s’ajoute celui de posséder un espace qui soit relativement à l’abri du
regard des adultes. Les adolescents cherchent toujours dans les espaces sociaux des interstices et
des débarras pour s’exprimer et aujourd’hui ils les trouvent dans le cyberespace.

Dedipix

Les dedipix apparaissent comme tendance à partir de 2009. Le mot est formé à partir de la
contraction de dedicace et de picture (photo). Il s’agit d’un phénomène touchant les adolescents et
jeunes adultes francophones5. Il s’agit de dédicaces en images. Elles peuvent être données en
échange de commentaires et peuvent avoir un caractère érotique. Le dedipic répond à une logique
d’audience. En ce sens, les adolescents sont totalement conformes aux idéaux de la société organisée
autour des idéaux du néolibéralisme. Si tout est une marchandise, si tout peut faire l’objet d’un
échange, pourquoi est ce que l’on ne pourrait pas utiliser l’image d’une partie de soi ?

L’invention première du dedipic tient surtout à deux désirs assez banaux. Le premier est un désir
d’interactivité. Un dedipic est beaucoup plus riche qu’un commentaire. Il donne une mesure de
l’engament de la personne dans la relation puisqu’il faut d’abord prendre une image dont on aura
soigné la composition et ensuite la téléverser sur le site distant. Un dedipic engage en personne : on

2
Mais que font les ados sur Internet ? (sans date). Retrouvé Mai 1, 2010, de
http://fr.trendmicro.com/fr/about/news/pr/article/20090409165221.html
3
Sciences Humaines n° 17 Janvier – Février 2010
4
Le dernier relevé de Technorati recencait en 2008 plus de 112 millions de blogues.
5
L’Urban dictionnary [http://www.urbandictionary.com/]ne connait pas le terme
donne de son image et donc de soi. Le dedipic bénéficie de toute la sensualité de l’image et de ses
pouvoirs6.

Le second désir satisfait par le dédipic est l’authenticité. Le dedipic est la preuve en image que l’on
est en lien en ligne avec de vraies personnes. Les adolescents qui sont en plein changements ont eu
soif d’authenticité a peu près inextinguible. Les frontières entre ce qui est possible et ce qui ne l’est
pas se déplacent et suscite un intense travail psychique autour de ce qui est réel et ce dont on ne
peut que rêver.

Dans les pratiques adolescentes les choses commencent à déraper lorsque le dedipic entre dans un
système de gratification narcissique. Le risque de dérapage est d’autant plus grand que la personne
dispose de peu d’occasions de gratifications narcissiques dans son environnement. Le risque est
d’entrer dans un jeu de dupes : offrir à un autre un plaisir sexuel contre une gratification narcissique.
Le dedipic n’est plus alors quelque chose qui ouvre sur une interactivité avec une personne. C’est le
cache misère d’une relation perverse. Ce qui intéresse n’est pas en effet la dédicace mais le sexuel
qui est à proximité ou derrière le texte : bout de cuisse, sein, pubis… Les dynamiques du web 2.0
accélèrent encore le processus en mettant chacun en position de rivalité imaginaire avec les autres :
il est toujours possible d’aller plus loin, de faire des images de plus en plus « rémunératrices »

Ces pratiques, pour dérangeantes puissent-elles être, participent du processus d’individuation. Elles
sont un questionnement sur le corps, sur le désir de l’autre, sur l’effet que l’on peut avoir sur les
autres. Elles sont également un jeu autour de l’emprise et de la possession : avec le dédipic, avoir
l’autre dans la peau n’est plus une métaphore.

Travailleurs sociaux en ligne

Il est curieux de constater qu’alors que les adolescents passent de plus en plus de temps sur le
réseau Internet, on n’y trouve aucune présence éducative. Internet est un lieu de socialisation, et
c’est prendre des risques que de le laisser se transformer en un espace qui serait déserté de la
présence des adultes. Nous avons besoin de travailleurs sociaux là ou se trouvent les adolescents
c'est-à-dire jusque que dans la blogosphère, les jeux vidéo, ou sur les sites sociaux comme Facebook
ou YouTube.

Des actions éducatives pourraient facilement toucher les adolescents, en rendant disponibles en
ligne la présence d’un adulte accessible en cas de besoin. Les adolescents créeront toujours des
espaces en bordure immédiate de l’espace social, mais ils ont besoin que quelqu’un soit présent
lorsqu’ils souhaitent participer davantage au monde des adultes

Une présence éducative pourrait être une médiation efficace auprès des administrateurs d’un
réseau social dans les cas de harcèlement. Comme dans le monde hors ligne, son travail serait basé
sur la libre adhésion et le respect de l’anonymat. C’est un travail qui est à distinguer du travail de
modérateur qui existe sur les forums et les réseaux sociaux. L’éducateur n’a pas ici techniquement de
pouvoirs de modération. Il peut être un tiers dans une dispute enflammée, mais aussi tout
simplement un autre a qui parler. La tenue d’un blog « Educateur de rue » sur des sujets intéressant
les adolescents, la présence régulière dans les réseaux sociaux d’éducateurs repérés comme tels –
6
Tisseron, S. (2005). Psychanalyse de l'Image : Des premiers traits au virtuel (3 éd.). Dunod.
avec une encre ou un badge spécifique, par exemple – et l’existence de liens permettant de faire
connaître à un éducateur ou à une structure éducative un contenu posant problème sont sans doute
des pistes à explorer.

L’Internet a tout bouleversé. Il bouleverse aussi nos métiers. Psychologues, éducateurs, assistants
sociaux ont à faire avec le réseau des réseaux. Nous avons à inventer de nouvelles pratiques tenant
compte de la nouvelle donne numérique.

Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons.

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